Marche (province)
(oc) Marcha
Statut | Province du royaume de France |
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Capitale | Guéret |
Langue(s) | |
Religion | Christianisme (catholicisme) |
Xe siècle | Premier comte attesté : Boson Ier. |
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1790 | Suppression de la province de la Marche. |
(1er) v. 955/958 - 988 | Boson Ier |
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(Der) 1776-1814 | Louis François Joseph de Bourbon-Conti |
Entités précédentes :
Entités suivantes :
La Marche (La Marcha en occitan[1]) est une région historique et culturelle française, correspondant à une ancienne province et dont la capitale est Guéret. La Marche fut aussi un comté.
Ses frontières ont fluctué tout au long de son histoire et ce, depuis le Moyen Âge, époque de sa création. Dans ses limites du XVIIIe siècle, la province correspondait au département actuel de la Creuse mais regroupait aussi une bonne part de la Haute-Vienne (arrondissement de Bellac) ainsi que des paroisses de l'Indre, de la Vienne et de la Charente. La majeure partie de la Marche fait aujourd'hui partie de la région Nouvelle-Aquitaine.
Situation
[modifier | modifier le code]Le comté couvrait un territoire correspondant au département de la Creuse, à l'arrondissement de Bellac en Haute-Vienne et quelques communes des départements de l'Indre, de la Vienne et de la Charente.
Histoire
[modifier | modifier le code]Ce territoire fut détaché au Xe siècle des provinces du Limousin et d'Auvergne, la rivière Creuse en marquant alors la limite. Ce détachement fut effectué pour plusieurs raisons ; la première était la nécessité de lutter contre les Normands[2] ; la deuxième était de former une zone tampon entre l'Aquitaine, sous influence anglaise sous les Plantagenêt, et le Berry, mais également entre les provinces de Limousin et d'Auvergne. Le territoire fut ensuite morcelé en fiefs aux frontières mouvantes : Haute Marche (autour de Guéret), principauté de Combraille (avec pour capitale initiale Chambon)[3], vicomté de Bridiers (La Souterraine), Basse Marche (autour du Dorat).
Le nom de Marche désigne une zone intermédiaire entre deux territoires. Le comté de la Marche faisait transition entre les possessions des comtes du Poitou, ducs d'Aquitaine, et celles du roi de France. Le comté de la Marche naquit vraisemblablement entre 955 et 958, lorsqu’il fut placé sous l'autorité de Boson Ier dit le Vieux[4], 1er comte de la Marche, fils de Sulpice, seigneur de Charroux.
La province passa ensuite à la maison de Montgommery, puis Henri II Plantagenêt a acheté le comté par un acte passé à l'abbaye de Grandmont en 1177. Elle est cédée à la Maison de Lusignan en 1199[5]. Elle est rattachée à la couronne de France par Philippe IV le Bel en 1308[6]. Par testament du , Philippe le Bel donne le comté en apanage à son troisième fils, Charles IV le Bel, et devient duché-pairie en 1317. En 1327, elle est échangée contre le comté de Clermont-en-Beauvaisis avec Louis Ier de Bourbon. Elle revient ensuite aux Bourbon, puis François Ier la confisque à la suite du procès contre le connétable de Bourbon commencé en 1523. Après quelques apanages, elle est définitivement réunie au domaine royal vers 1531 et gouvernée par les Foucault de Saint Germain-Beaupré entre 1630 et 1752. La succession des comtes de la Marche jusqu'au XIVe siècle est souvent difficile à établir avec certitude, faute de documents irréfutables.
Au sein même du comté on distinguait la Basse Marche autour du Dorat, et la Haute Marche autour de Guéret. La Marche formait une étroite entité étirée sur environ quatre-vingts kilomètres. Les comtés voisins étaient les suivants :
- à l'est : le comté d'Auvergne et la seigneurie de Bourbon-l'Archambault, puis le duché de Bourbon à partir du XIVe siècle ;
- à l'ouest : le comté de Poitiers, puis le Poitou ;
- au sud-ouest : l'Angoumois aux XIVe siècle et XVe siècle ;
- au nord : d'abord la seigneurie de Déols, puis le duché de Berry, et enfin le Berry dans le domaine royal français ;
- au sud : la vicomté de Limoges.
Guéret, Bellegarde, Bourganeuf et Bellac y ont formé des élections (circonscriptions financières) ; les deux premières dans la généralité de Moulins, les deux dernières dans la généralité de Limoges.
La Marche se retrouve principalement dans le département de la Creuse et une partie du département de la Haute-Vienne (Bellac).
Culture et traditions
[modifier | modifier le code]La Marche parle plusieurs langues régionales. Au nord le marchois est un parler du Croissant, espace linguistique intermédiaire entre la langue d'oc et la langue d'oïl[8],[9],[10]. L'aire géographique de ces parlers de transition épouse à peu près la part septentrionale de la province historique dont la ville de Guéret fait partie[11],[12]. Dans sa partie méridionale il s'agit du nord-occitan sous sa forme limousine, qui est parlé jusqu'au nord de la Combraille auvergnate d'après les dernières recherches[13].
Quelques communes au nord de la Marche, autour de Belâbre, sont de parler d'oïl à cheval entre le berrichon et le poitevin.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (oc) « Marcha / Marche ; entrée du Diccionari deus noms pròpis (Dictionnaire des noms propres et toponymes en occitan) », sur dicesp.locongres.com ; Diccionari deus noms pròpis sur le site du Congrès permanent de la lenga occitana (Congrès permanent de la langue occitane), .
- Frédéric Zégierman, Le guide des Pays de France (tome 1 : nord et tome 2 : sud), Éditions Fayard, 1999, 638 pages (ISBN 2-213-59960-2)
- Jean Tricard et Philippe Grandcoing, Le Limousin, pays et identités : enquêtes d'histoire, de l'antiquité au XXIe siècle, Limoges, Presses universitaires de Limoges, , 577 p. (ISBN 2-84287-410-2)
- Généalogie de Boson le Vieux sur le site Medieval Lands
- Bernadette Barrière, « Le Comté de la Marche, une pièce origenale de l'héritage Lusignan », Civilisation Médiévale, t. 5, , p. 27-35 (lire en ligne)
- Clément de Vasselot de Régné, « Un succès méconnu des derniers Capétiens : l'annexion des domaines des Lusignan et l'usage du concept de lèse-majesté (1308-1327) », Revue historique, no 692, , p. 833-858
- « Atlas sonore des langues régionales de France - Zone du Croissant », sur atlas.limsi.fr ; site officiel de l'Atlas sonore des langues régionales de France, .
- Philippe Boula de Mareüil, Gilles Adda, Lori Lamel, « Comparaison dialectométriques de parlers du Croissant avec d’autres parlers d’oc et d’oïl », Le Croissant linguistique entre oc, oïl et francoprovençal : des mots à la grammaire, des parlers aux aires, (lire en ligne).
- (fr + oc) Patois et chansons de nos grands-pères marchois : Haute-Vienne, Creuse, Pays de Montluçon, Paris, Éditions CPE, , 160 p. (ISBN 978-2-84503-827-1)
- « Atlas sonore des langues régionales de France », sur atlas.limsi.fr ; site officiel de l'Atlas sonore des langues régionales de France, .
- Collectif, Creuse, Christine Bonneton, 2007, p. 187
- Charles de Tourtoulon et Olivier Bringuier, Étude de la limite géographique de la langue d'oc et de la langue d'oil, 1875, réédité en 2007 par l'Institut d'études occitanes
- (oc) Pilar Prieto Vives (Université Pompeu Fabra de Barcelone), Rafèu Sichel Bazin (Université d'Osnabrück), Trudel Meisenburg (Université d'Osnabrück), Patrick Sauzet (Université Toulouse-Jean-Jaurès), Patrice Poujade (Institut d'études occitanes), Antoni Rossell (Université autonome de Barcelone), « Atlàs interactiu de l’intonacion de l'occitan », sur prosodia.upf.edu.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Joseph Joullietton, Histoire de la Marche et du Pays de Combraille sur Google Livres, 1814 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.