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31536000 Présentation du Président de la 79e session de l'Assemblée générale

Président de la 79e session de l'Assemblée générale

Le thème de la 79e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, qui s'est ouvert le mardi 10 septembre 2024, est « L’unité dans la diversité, pour l’avancement de la paix, du développement durable et de la dignité humaine partout et pour tous ».

Philémon Yang au micro
Son Excellence Philémon Yang s'adresse aux journalistes après son élection à la présidence de la 79e session de l'Assemblée générale. Photo ONU

Élection du Président de la 79e session de l'Assemblée générale

Son Excellence Philémon Yang, ancien Premier Ministre du Cameroun, a été élu Président de la 79ème session de l'Assemblée générale. L'élection a eu lieu au Siège des Nations Unies, à New York, le 6 juin 2024.

Dans sa résolution « Revitalisation des travaux de l'Assemblée générale » (A/RES/71/323), l'Assemblée a décidé que les candidats à la présidence de l'Assemblée générale présenteraient leur vision et mèneraient des dialogues interactifs informels avec les États Membres, afin de contribuer à la transparence et à l'inclusivité du processus.

Au cours d'un dialogue interactif informel, qui s'est tenu le 8 mai 2024, le candidat à la présidence de la 79e Assemblée générale a présenté sa vision et a répondu aux questions des États Membres, des représentants de la société civile et de diverses parties prenantes.

  • Communiqué de presse : L’Assemblée générale élit cinq membres non permanents du Conseil de sécurité et forme les bureaux de sa soixante-dix-neuvième session qui sera présidée par le Camerounais Philémon Yang [AG/12605]
  • Vidéos :

    Dialogue interactif informel (8 mai 2024, durée : 2 heures et 24 minutes)

    Élection de S.E. M. Philémon Yang (6 juin 2024, durée : 16 minutes)

Son Excellence Philémon Yang
Président de la 79e Session de l'Assemblée générale des Nations Unies

Portrait de Philémon Yang
Photo ONU/Evan Schneider

L’Ambassadeur Philemon Yang est un diplomate doté d’une riche expérience.

Au plan national, il a été Premier Ministre et chef du Gouvernement, entre 2009 et 2019. En cette qualité, il a notamment représenté le Chef de l’État à d’importantes rencontres de haut niveau aussi bien à l’échelle régionale qu’internationale.

Il a exercé d’autres responsabilités importantes au sein du Gouvernement, à savoir Vice-Ministre de l’administration territoriale (1975-1979), Ministre des mines et de l’énergie (1979-1984) et Ministre, Secrétaire général adjoint à la présidence de la République (2004-2009). Depuis 2020, il assure les fonctions de Grand Chancelier des ordres nationaux à la présidence de la République.

Au plan international, M. Yang a été Haut-Commissaire du Cameroun au Canada (1984-2004), où il a été doyen du corps diplomatique pendant 14 années. Il a conduit des délégations camerounaises aux sommets économiques de haut niveau à Washington, Londres, New Delhi et dans plusieurs autres capitales.

Au niveau africain, il a participé à diverses sessions de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine, dont le Sommet extraordinaire sur la réforme institutionnelle de l’Union africaine.

Il est Président du Panel d’éminentes personnalités africaines de l’Union Africaine depuis février 2020. Ce groupe de sages est, entre autres, chargé d’examiner les candidatures aux postes importants de l’Union africaine, comme ceux des Commissaires de l’Union.

Dans le cadre des activités de l’ONU, M. Yang a été Président du Comité intergouvernemental pour le Protocole de Cartagena sur la prévention des risques biotechnologiques.

Il est par ailleurs très intéressé par les questions humanitaires, le respect de la dignité humaine, l’état de droit, le respect de la nature et de l’environnement, la lutte contre les changements climatiques, la réforme et le renouveau de l’ONU.

Sa vision et son engagement se fondent sur les idéaux, objectifs et principes consacrés dans la Charte des Nations Unies en matière de paix, de sécurité, de développement économique et social, de respect des droits humains, y compris la promotion des femmes, des enfants et des personnes handicapées.

Né le 14 juin 1947 à Jikejem-Oku (Cameroun) dans la région du Nord-Ouest, M. Yang est un homme politique camerounais et magistrat de formation. Après sa licence en droit à l’Université de Yaoundé (Cameroun), il est diplômé de l’École nationale d’administration et de magistrature, puis obtient un master’s degree en droit international à l’Université d’Ottawa (Canada) et un Master of Business Administration à la Century University (États-Unis d’Amérique).

Il est marié à Linda Yang et est père de trois enfants.

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Philémon Yang
Photo ONU

Vision stratégique

Une fois élu, je serai appelé à exercer les fonctions de Président de l’Assemblée générale des Nations Unies pour une durée d’un an, de septembre 2024 à septembre 2025.

Quelle est ma vision, mon programme, mon devoir, mon style ? Telles sont les toutes premières questions autour desquelles les États Membres et même le grand public attendent une clarté certaine de ma part, conformément aux prescriptions de l’Assemblée.

Ma vision

Je placerai mon mandat sous le thème de « L’unité dans la diversité, pour l’avancement de la paix, du développement durable et de la dignité humaine partout et pour tous ». Ceci couvre, il me semble, les trois piliers de l’action des Nations Unies.

En effet, ma lecture du contexte international de l’heure et de sa probable évolution est qu’en ce XXIe siècle du numérique, marqué par le prodigieux essor de la science, de la technique et de la technologie, en particulier des technologies de l’information et des communications, les défis deviennent de plus en plus complexes et mondialisés.

Ces défis découlent de l’activité de l’homme ou de catastrophes naturelles ; ils s’illustrent, entre autres, par des conflits ouverts ou larvés dans diverses régions du monde, des tensions géopolitiques, le terrorisme international sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, les turbulences et incertitudes économiques, les inégalités, les épidémies, les pandémies, les réfugiés et personnes déplacées, les flux migratoires, les changements climatiques qui menacent la survie et l’existence même de certains États, la déforestation, la désertification, la faim, le fossé numérique et une course effrénée aux armements, y compris dans l’espace.

Face à toutes ces problématiques, il me semble que nous possédons les outils nécessaires pour y faire face, ainsi que l’ont affirmé les chefs d’État et de gouvernement dans la déclaration faite à l’occasion de la célébration du soixante-quinzième anniversaire de l’Organisation des Nations Unies. Il ne nous manque que la volonté politique d’agir, de nous servir de ces outils pour le bien-être de chacun et de tous. À l’heure actuelle persiste une certaine méfiance, la politique du deux poids, deux mesures, et un repli sur soi des États. De plus en plus de positions sont prises et de choses faites non pas « à la Charte » mais plutôt « à la Carte », c’est-à-dire à géométrie variable, suivant des intérêts partisans.

Pourtant aucun pays, aussi puissant soit-il, ne peut à lui tout seul faire face aux défis actuels de la mondialisation et de l’interdépendance. J’observe avec intérêt l’existence, l’affirmation et même la création de divers regroupements et pôles dans le monde. Cependant, cette dynamique me semble en-deçà du potentiel, voire des possibilités réelles d’action, qu’offrent les Nations Unies.

L’Assemblée générale, seul organe délibérant le plus élevé et le plus représentatif à l’échelle mondiale, devient ainsi l’unique endroit où, sur la base de l’égalité souveraine, les États, dans la diversité de leurs opinions, se retrouvent pour rechercher ensemble les solutions à ces problèmes. Elle est la tribune par excellence où s’exprime librement cette diversité de convictions, d’opinions, d’intérêts, d’approches, de solutions et leurs voies et moyens de mise en œuvre.

C’est le lieu où, dans le cadre du débat général, résonne la voix des peuples et des nations à travers leurs représentants, dans toutes leurs particularités, sur toutes les questions qui préoccupent l’humanité, qu’il s’agisse de la paix, de la sécurité, du désarmement, des questions économiques, financières, sociales et humanitaires, des questions administratives et budgétaires, des droits de l’homme, de l’état de droit, de l’élaboration et de la diffusion du droit international, de la décolonisation, de l’espace, des mers et des océans, des opérations de maintien ou de consolidation de la paix, et des réformes qui engagent l’avenir même de l’humanité. L’Assemblée générale est un reflet de la richesse des peuples et des nations du monde.

Elle est aussi un haut lieu de dialogue et de concertation où les nations, grandes ou petites, harmonisent leurs vues à des fins communes, sur toutes ces questions ; d’où l’appel à l’unité, au rassemblement, à la solidarité, pour tout dire, au consensus, dans les délibérations et échanges au sein de ses diverses instances, au-delà des querelles, de la diversité et de l’ondoyance des opinions.

En somme, c’est cette vision de l’auguste chambre que j’ai, telle que conçue par les pères fondateurs, en tant que tribune de libre opinion, grand tam-tam mondial où résonne la voix des nations et des peuples dans toutes leurs diversités, en tant aussi que grand baobab sous lequel s’opère, après moult palabres, l’harmonisation des vues à des fins communes. C’est sous ce prisme que je voudrais situer mon action au cours de mon mandat.

Mon programme et mon devoir

À cet effet, et comme balises, il est à souligner que les États Membres ont eux-mêmes défini les huit grands domaines ou priorités dont doit s’occuper l’Assemblée générale ; promotion d’une croissance économique soutenable et d’un développement durable, suivant les résolutions pertinentes de l’Assemblée et des conférences des Nations Unies ; maintien de la paix et de la sécurité internationales ; développement de l’Afrique ; promotion des droits de l’homme ; coordination effective des efforts d’assistance humanitaire ; promotion de la justice et du droit international ; désarmement et contrôle des drogues ; prévention du crime et lutte contre le terrorisme international sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations.

Les États Membres ont également arrêté des plans d’action incitateurs, dont le plus récent est le Programme de développement durable à l’horizon 2030, assorti de mesures d’évaluation de sa mise en œuvre. Les chefs d’État et de gouvernement ont déclaré dans la déclaration des 75 ans de l’ONU que ce programme était leur « plan d’action et sa réalisation, une question de survie ». Il est à souligner que les mots d’ordre opératoires de ce programme, s’appliquant à tous et partout dans le monde, sont centrés sur la sauvegarde de la planète, la survie de l’homme, l’élimination de la pauvreté, la prospérité partagée et le principe consistant à ne laisser personne de côté.

Les États Membres ont aussi défini des programmes et des cadres spécifiques pour des pays en situation particulière, comme les pays les moins avancés (avec le Programme d’action de Doha en faveur des pays les moins avancés et le renforcement des ressources et des fonctions du Bureau de la Haute-Représentante pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, ainsi que la relance du Comité consultatif à leur sujet), les pays en développement sans littoral (avec le nouveau programme de Kigali prévu en juin 2024), les petits États insulaires en développement dont certains jouent à présent leur survie physique (avec les Orientations de Samoa, révisées en mai 2024 lors de la quatrième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement, tenue à Antigua-et-Barbuda), les pays à revenu intermédiaire (avec un suivi coordonné et renforcé des mesures envisagées par l’Assemblée générale par l’ensemble du système des Nations Unies pour le développement). Tous ces programmes visent à atteindre le développement durable, dont l’indicateur le plus marquant est l’élimination de la pauvreté.

Pour ce qui est spécialement de l’Afrique, l’une des huit priorités de l’Organisation des Nations Unies, l’Assemblée générale a soutenu l’Agenda 2063 élaboré par l’Afrique elle-même, assorti de programmes et de projets prioritaires, puissant outil pour le développement du continent dans le cadre de la zone de libre-échange continentale africaine. À ce sujet, il existe un partenariat stratégique entre le continent et l’Organisation des Nations Unies, et un Bureau de la Conseillère spéciale du Secrétaire général pour l’Afrique, qui est chargé de suivre la mise en œuvre des engagements pris par les partenaires de l’Afrique.

Il est de l’intérêt de la communauté internationale, pour la préservation de la paix, de la promotion du développement durable et de la sauvegarde de la planète, de veiller à ce que les objectifs relatifs à tous ces programmes, qui ont été fixés en commun par les États Membres, soient atteints.

Pendant mon mandat, je mettrai l’accent sur la nécessité pour l’Assemblée générale d’accélérer la prise de mesures aux fins de l’application effective des engagements mutuellement souscrits. Les moyens de mise en œuvre, en particulier le financement, la science et la technologie, revêtent par conséquent un caractère d’extrême urgence.

En dehors des programmes précités, il convient de souligner qu’un certain nombre d’activités et de processus ont commencé au cours des mandats de mes prédécesseurs et se poursuivront sous ma présidence, tantôt pour la poursuite de leur examen, tantôt pour la prise des mesures de mise en œuvre. À cet égard, je voudrais mentionner, entre autres, la réforme du Conseil de sécurité, la revitalisation de l’Assemblée générale, le Sommet social mondial de 2025, la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, la Conférence des Nations Unies visant à appuyer la réalisation de l’objectif de développement durable no 14 et la quatrième réunion de haut niveau sur la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles. Il y aurait également lieu de mentionner le projet de déclaration et les préparatifs en vue de la célébration du quatre-vingtième anniversaire de l’Organisation des Nations Unies et surtout les mesures de suivi d’Un Pacte pour l’avenir qui auront été adoptées au cours de la soixante-dix-neuvième session lors du Sommet de l’avenir, qui sont susceptibles d’avoir un impact sur notre avenir commun. Je m’engage à suivre attentivement ces questions pour les mener à bien, notamment en désignant les cofacilitateurs appropriés.

Sur un tout autre plan, des foyers de tension et des conflits ouverts ou larvés sont actifs dans diverses régions du monde. Dans ce contexte particulier, l’Assemblée générale se doit de jouer pleinement le rôle qui lui revient, en faisant les efforts nécessaires pour la prévention, l’apaisement, l’adoption de mesures de confiance, la prise de résolutions ou de décisions tournées vers l’action et la poursuite du renforcement de la Commission de consolidation de la paix, du Bureau d’appui à la consolidation de la paix et du Fonds pour la consolidation de la paix.

S’agissant de la revitalisation de l’Assemblée elle-même, en vue de renforcer son autorité, je poursuivrai le travail de mes prédécesseurs, en veillant à ce que les cofacilitateurs et le groupe de travail désignés à ce sujet approfondissent et accélèrent la réflexion sur les idées novatrices proposées par les États Membres. Je veillerai à ce que la voix de l’Assemblée soit portée, en tant que de besoin, auprès des États Membres ou au cours de certaines rencontres internationales sur des sujets de grande préoccupation.

Pendant mon mandat, je veillerai aussi à ce que l’Assemblée reste constamment à l’écoute du monde, en exerçant son rôle, suivant les procédures requises, soit parce qu’elle reprend pour son compte certaines questions qui ont fait l’objet d’un veto au Conseil de sécurité, soit parce qu’une situation ayant trait à un conflit, à une catastrophe naturelle ou à une épidémie mérite son attention.

Tout au long de mon mandat, j’engagerai des consultations et j’aurai des contacts réguliers avec les différents groupes régionaux ou groupes fonctionnels afin d’examiner avec eux leurs préoccupations ou des intérêts qui leur sont propres, ainsi que les mesures éventuelles que l’Assemblée pourrait prendre.

Pendant mon mandat, la composition de mon bureau, de même que la désignation des cofacilitateurs seront plurinationales, en respectant la parité femmes-hommes, les équilibres géographiques équitables usuels, ainsi que la compétence et l’intégrité.

J’accorderai toute la priorité voulue aux programmes pour l’avancement des peuples autochtones, des peuples d’ascendance africaine, des personnes vivant avec un handicap et de toutes les personnes vulnérables.

Pour ce qui est des jeunes, je maintiendrai la priorité qui leur a été accordée par la création d’un Bureau en leur faveur au Secrétariat et auquel l’Assemblée a accordé les ressources pour son fonctionnement effectif au cours de l’exercice budgétaire 2024. À leur sujet, je reprendrai le programme de bourses de stages, initié par mes prédécesseurs.

Sur un autre plan, j’attacherai du prix à la coopération prescrite par l’Assemblée avec les hauts dirigeants des organes principaux tels que le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social ainsi que le Secrétaire général, en respectant le programme fixé de nos rencontres pour un fonctionnement harmonieux de notre « Maison commune ».

J’insisterai sur le multilinguisme et le multiculturalisme, socles de la diversité culturelle, qui reflètent la richesse des peuples et des nations du monde.

Je porterai une attention particulière au dialogue interconfessionnel et interculturel, et au combat contre les extrémismes et les discours de haine.

À propos du partenariat, j’insisterai sur la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales dans les efforts de promotion de la paix, du développement durable et de la dignité humaine. Je veillerai aussi, suivant les règles établies, ou à améliorer, par les États Membres, au renforcement du partenariat avec la société civile, les organisations non gouvernementales et les milieux académiques, à leur consultation, à leur participation, et à leur contribution aux travaux de l’Assemblée, en tant que de besoin.

En tant que de besoin aussi et suivant les thèmes choisis d’accord-parties, je pourrais animer, dans la deuxième partie de mon mandat, avec les États Membres ou les partenaires précités, des conversations interactives informelles sur des sujets d’intérêt ou de préoccupation, suivant la tradition africaine bien connue de la palabre « sous le baobab ».

Mon style et mon appel

Pendant tout l’exercice de mon mandat, je serai guidé par les principes et considérations suivants :

  • Strict respect des termes du serment que je prêterai devant l’Assemblée générale avant mon entrée effective en fonctions ;
  • Grande disponibilité et écoute au service de l’ensemble des États Membres et d’autres partenaires ;
  • Entière transparence, probité intellectuelle et morale, impartialité, objectivité et ponctualité dans l’exercice de mes fonctions ;
  • Conformité au Règlement intérieur dans la conduite des travaux ;
  • Fermeté, mais aussi flexibilité et souplesse, en tant que de besoin, dans le leadership nécessaire aux consultations en vue de l’atteinte des objectifs fixés.

En conclusion et s’il m’était demandé de résumer en quelques mots ma présidence, je dirais ceci : au-delà de nos diversités et de nos divergences, agissons et œuvrons ensemble, pour l’avancement de la paix, l’absence de guerre, la concorde des cœurs et des esprits ; ensemble, agissons, œuvrons pour l’accélération du développement durable, la prospérité partagée, l’harmonie avec la nature, l’environnement, dont les ressources doivent d’être consommées avec modération, sobriété et sagesse, en tenant dûment compte des mesures correctrices et transitionnelles pour les générations présentes et futures ; ensemble, agissons, œuvrons pour la promotion de la dignité humaine partout et pour tous.

Agissons, œuvrons pour le renforcement d’un multilatéralisme dont la solidité repose sur un socle granitique ancré dans les buts, les principes et les objectifs de la Charte des Nations Unies.

Ensemble, écoutons le vibrant appel d’humanisme que l’Histoire nous lance de ses hauteurs sublimes. Un de ses appels qu’elle ne lance que rarement à une génération, source de l’avenir, au cours d’un siècle !

Si les États Membres m’accordaient le privilège d’être élu Président de la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale, ce serait un grand salut à l’unité et à la solidarité du groupe des États d’Afrique à qui revenait ce tour de présidence et qui n’a épargné aucun effort pour aboutir au choix d’un candidat continental unique. Ce serait aussi un grand honneur pour mon pays, le Cameroun, pupille des Nations Unies, pour la maturité de sa diplomatie sur la scène internationale. Ce serait surtout un grand hommage au Président, Paul Biya, pour la sagesse de ses vues régulièrement exprimées à la tribune de l’Assemblée générale. Ce serait enfin, pour moi-même, un honneur, mieux une obligation, de servir humblement et honnêtement toute la communauté internationale, dans le sillage de cette exhortation.

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Discours de remerciement de l’Ambassadeur Philémon Yang
à la suite de son élection à la présidence de la 79e session de l'Assemblée générale

Créée par les pères fondateurs, l’Organisation des Nations Unies est née il y a 79 ans, et l’Assemblée générale, l’un de ses six organes principaux, élit chaque année à sa tête une personne chargée de diriger ses travaux.

En cette occasion solennelle, je me tourne d’abord vers mes prédécesseurs, et tout spécialement vers celui auquel je succède directement, Son Excellence Monsieur Dennis Francis, Ambassadeur de la Trinité-et-Tobago. Je les remercie toutes et tous et je les félicite pour le talent, l’art et la science qu’ils ont mis au service de l’Assemblée durant leur mandat, nous permettant ainsi de mener à bien nos délibérations sur les questions de plus en plus nombreuses, de plus en plus diverses et de plus en plus complexes qui sont examinées à chaque session.

Je me tourne ensuite vers tous les États Membres, à qui j’exprime ma sincère gratitude pour le soutien qu’ils ont apporté à mon élection.

Je tiens à remercier tout particulièrement le Groupe des États d’Afrique qui, conformément au principe du roulement régional, doit assurer la présidence de la soixante-dix-neuvième session et a eu l’amabilité de présenter ma candidature. Pour moi, cette élection est un hommage à l’unité et à la solidarité de notre groupe, et de l’Union africaine en particulier, qui n’a ménagé aucun effort pour parvenir à choisir un seul candidat représentant l’ensemble du continent, confirmant ainsi sa légendaire discipline en matière de candidatures.

Je considère également que cette élection est un signe de reconnaissance pour les pays d’Afrique centrale qui ont très tôt soutenu le Cameroun au Sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, tenu à Kintele, en République du Congo, le 19 janvier 2022.

En outre, comme je l’ai souligné dans ma lettre d’intention et d’engagement, mon élection est également un insigne honneur pour mon pays, le Cameroun, pupille de l’Organisation des Nations Unies : elle témoigne de la maturité de sa diplomatie de présence et de sa participation active sur la scène internationale.

Par ailleurs, cette élection est assurément un fervent hommage au Président Paul Biya, dont les vues à la fois sages et judicieuses sont régulièrement exprimées à la tribune de notre Assemblée.

J’estime enfin que cette élection est un honneur, mais surtout un devoir pour moi, celui qui consiste à servir en toute humilité et avec droiture l’ensemble de la communauté internationale tout au long de mon mandat.

À vous tous, je suis infiniment reconnaissant.

Nous vivons des temps extrêmement difficiles, marqués par de saisissants contrastes. En effet, le prodigieux développement de la science et de la technologie a mis entre nos mains une formidable panoplie de connaissances et de savoir-faire devant permettre d’apporter des solutions aux besoins des générations présentes et futures, dans les domaines de la paix et de la sécurité et du bien-être économique, social et culturel de tous les êtres humains.

À l’ère du numérique, caractérisée par des mutations constantes, l’intelligence artificielle multiplie les possibilités, mais aussi les difficultés, et ce à une vitesse telle que même les plus convaincus, se fondant sur des évaluations selon lesquelles la moindre erreur pourrait être fatale, demandent que les activités soient strictement réglementées pour éviter que notre destin ne soit aux mains de robots.

Malgré tous ces progrès, ces possibilités et ce potentiel, notre époque est marquée, hélas, par des inégalités flagrantes, l’égoïsme et la compétition pour le pouvoir et divers intérêts, ainsi que par la présence de puissantes forces centrifuges qui menacent la cohésion de la société et la solidarité.

Les tensions géopolitiques et géostratégiques continuent d’alimenter la méfiance entre les États et intensifient une course aux armements irrépressible, y compris dans l’espace. L’augmentation exponentielle des budgets militaires, la grande sophistication des doctrines militaires et des règles d’engagement sur le terrain, y compris la possibilité ou la menace de l’utilisation d’armes nucléaires, sont les réalités effrayantes du monde dans lequel nous vivons.

Les conflits ouverts ou latents se multiplient dans diverses régions du monde, avec leur cortège de souffrances, et pour les civils, les réfugiés et les populations déplacées à l’intérieur de leur propre pays, désormais en nombre vertigineux, le tribut est insupportable. Ce qui se passe à Gaza et en Ukraine n’illustre que trop bien l’horreur de la situation.

Le dérèglement climatique, véritable question de survie, qui est dû à l’activité humaine ou aux caprices de la nature elle-même, entraîne des catastrophes : inondations, glissements de terrain, ouragans ou incendies, pour ne citer que quelques-unes des calamités que doivent affronter de nombreux pays presque partout dans le monde.

Dans ce contexte, les pays en situation particulière, tels que les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral, les petits États insulaires en développement, les pays à revenu intermédiaire, les pays d’Afrique et les pays en conflit, sont les plus durement touchés. C’est pourquoi les projets et programmes que l’Assemblée leur consacre doivent faire l’objet en priorité d’un suivi attentif et s’accompagner de mesures d’exécution.

Les réformes entreprises jusqu’à présent pour faire face aux réalités de notre temps – qu’il s’agisse de la revitalisation de l’Assemblée générale, du renforcement du Conseil économique et social ou de la réforme du Conseil de sécurité ou de l’architecture financière internationale – sont souvent au point mort ou progressent lentement, et l’on est bien loin d’obtenir les résultats escomptés.

Ces réformes, qui ont abouti à un consensus mondial appréciable, notamment sur l’Accord de Paris et le Programme de développement durable à l’horizon 2030, et qui suscitaient tant d’espoir, s’essoufflent dangereusement faute de ressources qui permettraient de les mettre en œuvre, surtout pour ce qui concerne la finance et la de technologie. L’action et la volonté politique d’aller de l’avant ne sont que timidement au rendez-vous, voire carrément absentes.

En bref, les moyens dont nous disposons pour promouvoir le bien-être des générations présentes et futures sont sous-utilisés, tandis que ceux qui sont orientés vers la guerre sont surexploités, dans un monde désuni où diverses forces ne cessent de s’affronter.

Nous devons donc redoubler d’efforts et stimuler la volonté politique, afin d’agir plus énergiquement pour changer cette situation.

Monsieur le Président,
Monsieur le Secrétaire général,
Excellences, Mesdames et Messieurs,

Pour toutes ces raisons, j’ai placé mon mandat sous le thème de l’unité dans la diversité pour l’avancement de la paix, du développement durable et de la dignité humaine partout et pour tous. En d’autres termes, s’affranchir de la peur « freedom from fear », s’affranchir du besoin « freedom from want », sont des conditions sine qua non, des facteurs catalysants pour la pleine jouissance des droits de l’homme, et en définitive de la dignité humaine.

J’ai également souligné que l’Assemblée générale est l’instance la plus indiquée où les États Membres, dans toute leur diversité, sont appelés à exprimer en toute liberté et sérénité, les préoccupations, les propositions, les opportunités, en d’autres termes, les défis et l’espoir des différents peuples et nations du monde. En cela, l’Assemblée est la plus haute chambre de représentation et de délibération où les États se doivent de débattre et non de combattre. En somme, c’est le grand tam-tam, pour reprendre une image africaine, qui résonne de la voix des peuples et des nations.

Mais aussi, l’Assemblée est le lieu le plus indiqué, le grand baobab sous lequel les nations grandes ou petites, riches ou pauvres, harmonisent leurs vues à des fins communes, recherchent activement un consensus, une moyenne de vues partagées représentant la médiane permettant à chacun de donner et de recevoir, consolidant ainsi le vivre ensemble et la jouissance partagée des dividendes de la paix, du développement et de la dignité humaine.

Cette dynamique doit en permanence nous guider dans la formulation du Pacte pour l’avenir en cours de négociation, ainsi que la Déclaration sur les générations futures et le pacte numérique mondial.

Ce qu’il convient de rechercher ardemment au-delà de nos délibérations et de nos consensus, c’est l’action décisive, grâce à la mise à disposition des voies et moyens de mise en œuvre des solutions auxquelles nous aurons abouti.

En cela, je voudrais répéter volontiers les propos conclusifs de ma lettre d’intention et d’engagement qui constituent un leitmotiv sous-tendant en permanence mon mandat : au-delà de nos diversités, de nos divergences, ensemble agissons, œuvrons pour l’avancement de la paix, l’absence de guerre, la prévention, la concorde des cœurs et des esprits ; ensemble agissons, œuvrons pour l’accélération du développement durable, la prospérité partagée, l’harmonie avec la nature, l’environnement dont les ressources, abondantes certes mais pas illimitées, se doivent d’être consommées avec modération, sobriété et sagesse, tenant dûment compte des mesures correctives et transitionnelles pour les générations présentes et futures ; ensemble agissons, œuvrons pour la promotion de la dignité humaine partout et pour tous et dont chacun de nous porte en lui la forme entière, dans une liberté plus grande.

Pour tout dire, agissons, œuvrons pour le renforcement d’un multilatéralisme dont la solidité repose sur un socle granitique ancré dans les buts, les principes et les objectifs de la Charte des Nations Unies.

Pendant tout l’exercice de mon mandat, je m’engage à servir dans cette voie, dans le strict respect des termes du serment que j’aurai à prêter, dans la grande disponibilité et l’écoute, au service de l’ensemble des États Membres et d’autres partenaires ; je travaillerai étroitement avec le Secrétaire général de notre Organisation, Monsieur António Guterres, qui œuvre quotidiennement et sans relâche dans divers domaines d’activités dont s’occupent les Nations Unies et où il a fait de nombreuses propositions concrètes qui méritent d’être prises en considération dans nos délibérations ; je coopérerai également avec les chefs des autres organes principaux, notamment le Président du Conseil de sécurité, le Président du Conseil économique et social, suivant les prescriptions faites par l’Assemblée générale ; j’agirai avec transparence, probité intellectuelle et morale, impartialité et objectivité, conformément au règlement intérieur de l’Assemblée, avec fermeté, mais aussi avec la flexibilité et la souplesse nécessaires aux consultations et à la recherche active du consensus.

Je vous remercie de votre bien aimable attention.

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