HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2019
Document en français, anglais, breton, galloisEn octobre 1838, une délégation bretonne, conduite ... more Document en français, anglais, breton, galloisEn octobre 1838, une délégation bretonne, conduite par Théodore Hersart de La Villemarqué, se rend à Abergavenny au Pays de Galles, officiellement invitée à participer à l’Eisteddfod, fête littéraire et musicale remise à l’honneur au début du XIXe siècle. C’est l’aboutissement des relations tissées, dès le début des années 1820, entre érudits gallois et bretons, notamment entre le révérend gallois Thomas Price (1787-1848) et le Breton Jean-François-Marie-Maurice-Agathe Le Gonidec (1775-1838). Elles se trouvent réactivées au milieu des années 1830 quand le Breton Alexis-François Rio (1797-1874) s’installe au pays de Galles et soutient l’idée d’inviter une délégation bretonne pour marquer l’événement que la Cymderthas Cymreigyddion y Fenni (Société des galloisants d’Abergavenny), créée en 1833, se propose d'organiser en 1838 pour fêter son 5e anniversaire. Le Gonidec met alors La Villemarqué en relation avec Thomas Price. Leur correspondance, même limitée à deux lettres de Price et à une réponse connue de la Villemarqué, sont d’un grand intérêt pour comprendre les tenants et les aboutissants de ce que l’on peut considérer comme les premiers échanges interceltiques. La lettre de La Villemarqué et différents documents ont été publiés en 1854-55 par Jane Williams dans ses Literary Remains. Les deux lettres de Thomas Price se trouvent dans le fonds d’archives La Villemarqué, conservé aux Archives départementales à Quimper (fonds 263 J) et sont visualisables sur la collection « Fonds La Villemarqué » de la Bibliothèque numérique du Centre de Recherche Bretonne et Celtique : bibnumcrbc.huma-num.fr
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2015
Postic, Fañch, 2015. « Le fonds d'archives La Villemarqué : une source précieuse pour l'histoire ... more Postic, Fañch, 2015. « Le fonds d'archives La Villemarqué : une source précieuse pour l'histoire de l'ethnographie et des études celtiques en France », in Bérose -Encyclopédie internationale des histoires de l'anthropologie, Paris.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2006
Apres quatre annees passees au seminaire de Sainte-Anne d'Auray, le jeune Theodore Hersart de... more Apres quatre annees passees au seminaire de Sainte-Anne d'Auray, le jeune Theodore Hersart de La Villemarque - il a alors 13 ans - entre, en octobre 1828, en classe de quatrieme au petit seminaire de Guerande. D'un an son aine, son frere Cyprien s'y trouve deja depuis l'annee precedente, ce qui contribue certainement a attenuer les effets d'un eloignement et d'un isolement encore plus sensibles a Sainte-Anne.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2019
Le chant « Troad an eginane / La Tournée de l'Aguilanneuf » De l'oral populaire des carnets manus... more Le chant « Troad an eginane / La Tournée de l'Aguilanneuf » De l'oral populaire des carnets manuscrits à l'écrit élaboré du Barzaz-Breiz Fañch POSTIC Théodore Hersart de La Villemarqué est le premier à noter (vers 1840) et à publier (édition de 1867 du Barzaz-Breiz) le chant de quête de l'« eginane » (« étrennes »), chant dialogué dont se servent des groupes qui, le 31 décembre, vont de ferme en ferme récolter de la nourriture. Dans sa publication il n'a pas retenu les vers très crus qu'il a consignés dans son carnet, provenant de deux versions recueillies à Spézet et à Cléden-Poher. René-François Le Men, l'un des principaux contradicteurs de La Villemarqué considère le chant comme totalement forgé et le mot « eginane » comme inconnu en Bretagne. Il s'agit pourtant d'une chanson bien connue surtout en Haute-Cornouaille (et en pays de Vannes) où elle a été maintes fois recueillie à la fin du XIX e siècle et au début du XX e. En 1978, avec Donatien Laurent 1 , nous en avons encore collecté une très belle version auprès d'un chanteur du Huelgoat, une version très complète, très proche de celles notés par La Villemarqué dans son carnet. Quant à l'étymologie du mot « eginane », La Villemarqué a très tôt réfuté l'interprétation séduisante, presque unanimement retenue, mais fausse, par « au gui l'an neuf ». Il avance une hypothèse d'un mot « celtique » reposant sur la racine «-eg » (« pointe », « germe » et par extension « étrennes »). C'est effectivement par une racine indoeuropéenne *ak-qu'avec Donatien Laurent nous pensons pouvoir expliquer la présence de termes de la même famille qui, sur la façade atlantique, de l'Écosse au nord jusqu'à l'Espagne au sud, désignent les étrennes ou des pratiques du changement d'année, telles les quêtes, chantées ou non. L'exemple du chant de l'eginane permet de mieux prendre conscience des qualités de La Villemarqué comme collecteur-ce dont témoignent ses carnets manuscrits-et du travail d'élaboration littéraire qui est le sien lorsqu'il s'agit de passer de l'oral populaire à l'écrit d'un recueil poétique destiné à un public cultivé. Les différents documents qui s'y rapportent se trouvent conservés dans le fonds d'archives La Villemarqué (Archives Départementales du Finistère, 263J) et sont visualisables sur la collection "Fonds La Villemarqué" de la Bibliothèque Numérique du Centre de Recherche Bretonne et Celtique : bibnumcrbc.humanum.fr. Cet article se veut un hommage au grand spécialiste de la littérature orale bretonne que fut l'ethnologue Donatien Laurent, décédé au mois de mars 2020 à qui l'on doit les transcriptions et les traductions des versions du chant de quête données en annexe 2. Une joute oratoire « Eginane » est le nom généralement utilisé dans la Bretagne bretonnante, et tout particulièrement en Haute-Cornouaille, pour désigner un tournée de quête, généralement chantée, qui avait lieu entre Noël et les jours gras selon les lieux et les époques 3. Un pauvre s'entourait d'une
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2019
La Villemarqué se montre particulièrement attaché à ce chant. Dans son éloge funèbre en 1896, son... more La Villemarqué se montre particulièrement attaché à ce chant. Dans son éloge funèbre en 1896, son ami Vincent Audren de Kerdrel 8 se souvient qu'il le chantait lors des réunions d'un petit groupe de Bretons, rue Notre-Dame-des-Victoires à Paris, à la fin des années 1830 9 . Alors qu'en 1836, il dit avoir lui-même recueilli le chant et que, dans la première édition de 1839, il ne donne aucune indication, La Villemarqué, par la suite, le lie étroitement à sa mère, Ursule Feydeau de Vaugien (1776-1847) qui, précise-t-il dans son édition de 1845, l'avait recueillie trente-cinq ans plus tôt -c'est-à-dire vers 1810 -auprès d'« une pauvre veuve de la paroisse de Melgven appelée Marie » 10 . Ce chant serait même à l'origene de la collecte de la « Bonne dame de Nizon » : Quant à l'idée du recueil lui-même, le mérite de l'avoir conçue ne me revient pas en entier, il était commencé plusieurs années avant ma naissance. Voici quelle en a été l'origene : Ma mère, qui est aussi celle des malheureux de sa paroisse, avait, il y a près de trente ans, rendu la santé à une pauvre chanteuse mendiante ; émue par les prières de la bonne paysanne, qui cherchait un moyen de lui exprimer sa reconnaissance, et l'ayant engagée à dire une chanson, elle fut si frappée de la beauté des poésies bretonnes, qu'elle ambitionna parfois, depuis cette époque, ce touchant tribut du malheur, et souvent l'obtint ; plus tard elle le sollicita, mais ce ne fut plus pour elle-même 11 . Dans l'édition de 1867 La Villemarqué ajoute même qu'il s'agit là du tout premier chant recueilli par sa mère 12 . La Peste d'Elliant figure effectivement dans les tables manuscrites des chants d'Ursule Feydeau de Vaugien avec les mentions : « la peste d'elien : marie jeanne, de melven, pauvre sans demeure » 13 et « la peste d'eliant : chanté par la veuve marie, pauvre d'une loge de melven » 14 . La légende familiale veut que Ursule Feydeau de Vaugien ait demandé, en échange des soins qu'elle prodiguait aux indigents du voisinage, à être « payée » en retour par des chansons qu'elle aurait notées sur son cahier de recettes médicinales 15 . j'ai trouvé les plus belles pièces écrites vers les premières années du siècle sur des feuilles du cahier de recettes où ma mère puisait sa science médicinale 16 . Dans sa thèse, Donatien Laurent a analysé les tables d'Ursule Feydeau et montré que, contrairement à ce qui a été parfois avancé, notamment par des amis de La Villemarqué et par son fils Pierre, elles ne correspondent pas à des collectes dont il se serait servi pour son premier Barzaz-Breiz. Il se peut même que ces tables lui soient postérieures. Par ailleurs, une seule chanson figure sur le cahier de recettes et rien ne permet d'envisager que des feuilles en aient été prélevées qui auraient contenu les chansons 17 . La gwerz figure dans le premier carnet de collecte sur lequel La Villemarqué a commencé à noter des chants à partir des années 1833-34 18 . Les nombreux « & » et les points de suspensions
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Mar 1, 2009
Des "reunions bretonnes" furent organisees chez les 3 freres de Courcy, installes a Par... more Des "reunions bretonnes" furent organisees chez les 3 freres de Courcy, installes a Paris dans les annees 1830, et ou se croiseront La Villemarque, Le Gonidec ... et les intellectuels bretons de l'epoque.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2018
En 1845, La Villemarqué fait paraître, chez Henri Delloye 1 à Paris, une seconde édition 2 , revu... more En 1845, La Villemarqué fait paraître, chez Henri Delloye 1 à Paris, une seconde édition 2 , revue et augmentée, du Barzaz-Breiz. En 1846, Delloye vend son fonds à un autre éditeur parisien, Albert Franck 3 , qui fait figurer cette date et son nom sur la couverture des 2000 exemplaires du Barzaz-Breiz non encore brochés 4 qu'il reçoit lors de la cession 5. Un exemplaire de cette « nouvelle » édition est adressé à George Sand. Est-ce une initiative de Franck ? Est-ce une demande de La Villemarqué ? Toujours est-il que l'écrivain remercie l'éditeur qui, probablement, fait parvenir la lettre à La Villemarqué 6 : Je vous remercie beaucoup de l'envoi des poësies bretonnes. C'est un excellent travail que la réunion, la classification, et l'explication de tant de chefs d'oeuvre inconnus à nos classes lettrées. Ce sont là d'inimitables modèles, bien utiles pourtant à étudier, car ils retrempent l'esprit dans des sources pures et fortes. Cette publication est un éminent service rendu à l'art et au pays. Elle jette aussi un grand jour sur l'histoire et doit compléter particulièrement celle des guerres de Vendée et de Bretagne sous la révolution. Voici une lecture qui compte parmi les plus rares et les plus vives 1 Né à Valenciennes en 1787, Henri-Louis Delloye fait d'abord une carrière militaire qui le voit major général de la Garde royale. Il donne sa démission en 1830 et crée, sans avoir de brevet, une maison d'édition qui publie les oeuvres de Chateaubriand, Balzac, Vigny et Hugo… Il continue à éditer malgré sa faillite en 1839. Il est décédé le 21 octobre 1846. Delloye est aussi, en 1845, l'éditeur des Barzaz pe Ganaouennou Breiz de La Villemarqué. 2 Elle porte la mention « troisième édition ». 3 Né en 1809 à Breslau (Basse Silésie, aujourd'hui en Pologne,) Albert Franck est d'abord médecin. En 1844, il achète à Paris la librairie internationale Avenarius & Brockhaus. Il n'a pas de formation en ce domaine, n'a pas non plus les autorisations… qu'il n'obtiendra qu'en décembre 1850. 4 Il en profite pour mentionner « quatrième édition » alors qu'il ne s'agit, dans les faits, que de la seconde. 5 Par contrat du 27 février 1846, il s'engage à régler à Delloye ce que La Villemarqué doit à ce dernier pour l'édition de l'ouvrage : Achives La Villemarqué 46.162. 6 La lettre porte une mention manuscrite au crayon gris, sans doute de la main de La Villemarqué : « A M. Franck » ou « Frank » ? Achives La Villemarqué 02.085.
Document en français et bretonThéodore Hersart de La Villemarqué (1815-1895) est le premier à rec... more Document en français et bretonThéodore Hersart de La Villemarqué (1815-1895) est le premier à recueillir (vers 1840) et à publier (1867) le chant de quête de l’« eginane » (« étrennes »). Considéré par les contradicteurs de l’auteur du Barzaz-Breiz, comme forgé par ses soins, il figure pourtant dans le second carnet manuscrit de collecte. La Villemarqué y a consigné 250 vers en deux variantes notées à Spézet et à Cléden-Poher. Au moment d’intégrer le chant dans l’édition de 1867 de son Barzaz-Breiz, il a compilé les deux versions, réagencé l’ordre des couplets et n’a pas repris les vers les plus crus. Il applique des principes d’édition, nécessaires selon lui, pour passer des matériaux bruts de la tradition populaire orale à l’écrit d’un ouvrage de poésies. Étudiant par ailleurs l’origene du mot « eginane », La Villemarqué est l’un des rares à l’époque à réfuter l’interprétation par le druidique « au gui l’an neuf ». Il a sans doute vu juste en proposant d’y voir un terme reposant s...
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2019
Document en français, anglais, breton, galloisEn octobre 1838, une délégation bretonne, conduite ... more Document en français, anglais, breton, galloisEn octobre 1838, une délégation bretonne, conduite par Théodore Hersart de La Villemarqué, se rend à Abergavenny au Pays de Galles, officiellement invitée à participer à l’Eisteddfod, fête littéraire et musicale remise à l’honneur au début du XIXe siècle. C’est l’aboutissement des relations tissées, dès le début des années 1820, entre érudits gallois et bretons, notamment entre le révérend gallois Thomas Price (1787-1848) et le Breton Jean-François-Marie-Maurice-Agathe Le Gonidec (1775-1838). Elles se trouvent réactivées au milieu des années 1830 quand le Breton Alexis-François Rio (1797-1874) s’installe au pays de Galles et soutient l’idée d’inviter une délégation bretonne pour marquer l’événement que la Cymderthas Cymreigyddion y Fenni (Société des galloisants d’Abergavenny), créée en 1833, se propose d'organiser en 1838 pour fêter son 5e anniversaire. Le Gonidec met alors La Villemarqué en relation avec Thomas Price. Leur correspondance, même limitée à deux lettres de Price et à une réponse connue de la Villemarqué, sont d’un grand intérêt pour comprendre les tenants et les aboutissants de ce que l’on peut considérer comme les premiers échanges interceltiques. La lettre de La Villemarqué et différents documents ont été publiés en 1854-55 par Jane Williams dans ses Literary Remains. Les deux lettres de Thomas Price se trouvent dans le fonds d’archives La Villemarqué, conservé aux Archives départementales à Quimper (fonds 263 J) et sont visualisables sur la collection « Fonds La Villemarqué » de la Bibliothèque numérique du Centre de Recherche Bretonne et Celtique : bibnumcrbc.huma-num.fr
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2015
Postic, Fañch, 2015. « Le fonds d'archives La Villemarqué : une source précieuse pour l'histoire ... more Postic, Fañch, 2015. « Le fonds d'archives La Villemarqué : une source précieuse pour l'histoire de l'ethnographie et des études celtiques en France », in Bérose -Encyclopédie internationale des histoires de l'anthropologie, Paris.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2006
Apres quatre annees passees au seminaire de Sainte-Anne d'Auray, le jeune Theodore Hersart de... more Apres quatre annees passees au seminaire de Sainte-Anne d'Auray, le jeune Theodore Hersart de La Villemarque - il a alors 13 ans - entre, en octobre 1828, en classe de quatrieme au petit seminaire de Guerande. D'un an son aine, son frere Cyprien s'y trouve deja depuis l'annee precedente, ce qui contribue certainement a attenuer les effets d'un eloignement et d'un isolement encore plus sensibles a Sainte-Anne.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2019
Le chant « Troad an eginane / La Tournée de l'Aguilanneuf » De l'oral populaire des carnets manus... more Le chant « Troad an eginane / La Tournée de l'Aguilanneuf » De l'oral populaire des carnets manuscrits à l'écrit élaboré du Barzaz-Breiz Fañch POSTIC Théodore Hersart de La Villemarqué est le premier à noter (vers 1840) et à publier (édition de 1867 du Barzaz-Breiz) le chant de quête de l'« eginane » (« étrennes »), chant dialogué dont se servent des groupes qui, le 31 décembre, vont de ferme en ferme récolter de la nourriture. Dans sa publication il n'a pas retenu les vers très crus qu'il a consignés dans son carnet, provenant de deux versions recueillies à Spézet et à Cléden-Poher. René-François Le Men, l'un des principaux contradicteurs de La Villemarqué considère le chant comme totalement forgé et le mot « eginane » comme inconnu en Bretagne. Il s'agit pourtant d'une chanson bien connue surtout en Haute-Cornouaille (et en pays de Vannes) où elle a été maintes fois recueillie à la fin du XIX e siècle et au début du XX e. En 1978, avec Donatien Laurent 1 , nous en avons encore collecté une très belle version auprès d'un chanteur du Huelgoat, une version très complète, très proche de celles notés par La Villemarqué dans son carnet. Quant à l'étymologie du mot « eginane », La Villemarqué a très tôt réfuté l'interprétation séduisante, presque unanimement retenue, mais fausse, par « au gui l'an neuf ». Il avance une hypothèse d'un mot « celtique » reposant sur la racine «-eg » (« pointe », « germe » et par extension « étrennes »). C'est effectivement par une racine indoeuropéenne *ak-qu'avec Donatien Laurent nous pensons pouvoir expliquer la présence de termes de la même famille qui, sur la façade atlantique, de l'Écosse au nord jusqu'à l'Espagne au sud, désignent les étrennes ou des pratiques du changement d'année, telles les quêtes, chantées ou non. L'exemple du chant de l'eginane permet de mieux prendre conscience des qualités de La Villemarqué comme collecteur-ce dont témoignent ses carnets manuscrits-et du travail d'élaboration littéraire qui est le sien lorsqu'il s'agit de passer de l'oral populaire à l'écrit d'un recueil poétique destiné à un public cultivé. Les différents documents qui s'y rapportent se trouvent conservés dans le fonds d'archives La Villemarqué (Archives Départementales du Finistère, 263J) et sont visualisables sur la collection "Fonds La Villemarqué" de la Bibliothèque Numérique du Centre de Recherche Bretonne et Celtique : bibnumcrbc.humanum.fr. Cet article se veut un hommage au grand spécialiste de la littérature orale bretonne que fut l'ethnologue Donatien Laurent, décédé au mois de mars 2020 à qui l'on doit les transcriptions et les traductions des versions du chant de quête données en annexe 2. Une joute oratoire « Eginane » est le nom généralement utilisé dans la Bretagne bretonnante, et tout particulièrement en Haute-Cornouaille, pour désigner un tournée de quête, généralement chantée, qui avait lieu entre Noël et les jours gras selon les lieux et les époques 3. Un pauvre s'entourait d'une
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2019
La Villemarqué se montre particulièrement attaché à ce chant. Dans son éloge funèbre en 1896, son... more La Villemarqué se montre particulièrement attaché à ce chant. Dans son éloge funèbre en 1896, son ami Vincent Audren de Kerdrel 8 se souvient qu'il le chantait lors des réunions d'un petit groupe de Bretons, rue Notre-Dame-des-Victoires à Paris, à la fin des années 1830 9 . Alors qu'en 1836, il dit avoir lui-même recueilli le chant et que, dans la première édition de 1839, il ne donne aucune indication, La Villemarqué, par la suite, le lie étroitement à sa mère, Ursule Feydeau de Vaugien (1776-1847) qui, précise-t-il dans son édition de 1845, l'avait recueillie trente-cinq ans plus tôt -c'est-à-dire vers 1810 -auprès d'« une pauvre veuve de la paroisse de Melgven appelée Marie » 10 . Ce chant serait même à l'origene de la collecte de la « Bonne dame de Nizon » : Quant à l'idée du recueil lui-même, le mérite de l'avoir conçue ne me revient pas en entier, il était commencé plusieurs années avant ma naissance. Voici quelle en a été l'origene : Ma mère, qui est aussi celle des malheureux de sa paroisse, avait, il y a près de trente ans, rendu la santé à une pauvre chanteuse mendiante ; émue par les prières de la bonne paysanne, qui cherchait un moyen de lui exprimer sa reconnaissance, et l'ayant engagée à dire une chanson, elle fut si frappée de la beauté des poésies bretonnes, qu'elle ambitionna parfois, depuis cette époque, ce touchant tribut du malheur, et souvent l'obtint ; plus tard elle le sollicita, mais ce ne fut plus pour elle-même 11 . Dans l'édition de 1867 La Villemarqué ajoute même qu'il s'agit là du tout premier chant recueilli par sa mère 12 . La Peste d'Elliant figure effectivement dans les tables manuscrites des chants d'Ursule Feydeau de Vaugien avec les mentions : « la peste d'elien : marie jeanne, de melven, pauvre sans demeure » 13 et « la peste d'eliant : chanté par la veuve marie, pauvre d'une loge de melven » 14 . La légende familiale veut que Ursule Feydeau de Vaugien ait demandé, en échange des soins qu'elle prodiguait aux indigents du voisinage, à être « payée » en retour par des chansons qu'elle aurait notées sur son cahier de recettes médicinales 15 . j'ai trouvé les plus belles pièces écrites vers les premières années du siècle sur des feuilles du cahier de recettes où ma mère puisait sa science médicinale 16 . Dans sa thèse, Donatien Laurent a analysé les tables d'Ursule Feydeau et montré que, contrairement à ce qui a été parfois avancé, notamment par des amis de La Villemarqué et par son fils Pierre, elles ne correspondent pas à des collectes dont il se serait servi pour son premier Barzaz-Breiz. Il se peut même que ces tables lui soient postérieures. Par ailleurs, une seule chanson figure sur le cahier de recettes et rien ne permet d'envisager que des feuilles en aient été prélevées qui auraient contenu les chansons 17 . La gwerz figure dans le premier carnet de collecte sur lequel La Villemarqué a commencé à noter des chants à partir des années 1833-34 18 . Les nombreux « & » et les points de suspensions
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Mar 1, 2009
Des "reunions bretonnes" furent organisees chez les 3 freres de Courcy, installes a Par... more Des "reunions bretonnes" furent organisees chez les 3 freres de Courcy, installes a Paris dans les annees 1830, et ou se croiseront La Villemarque, Le Gonidec ... et les intellectuels bretons de l'epoque.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2018
En 1845, La Villemarqué fait paraître, chez Henri Delloye 1 à Paris, une seconde édition 2 , revu... more En 1845, La Villemarqué fait paraître, chez Henri Delloye 1 à Paris, une seconde édition 2 , revue et augmentée, du Barzaz-Breiz. En 1846, Delloye vend son fonds à un autre éditeur parisien, Albert Franck 3 , qui fait figurer cette date et son nom sur la couverture des 2000 exemplaires du Barzaz-Breiz non encore brochés 4 qu'il reçoit lors de la cession 5. Un exemplaire de cette « nouvelle » édition est adressé à George Sand. Est-ce une initiative de Franck ? Est-ce une demande de La Villemarqué ? Toujours est-il que l'écrivain remercie l'éditeur qui, probablement, fait parvenir la lettre à La Villemarqué 6 : Je vous remercie beaucoup de l'envoi des poësies bretonnes. C'est un excellent travail que la réunion, la classification, et l'explication de tant de chefs d'oeuvre inconnus à nos classes lettrées. Ce sont là d'inimitables modèles, bien utiles pourtant à étudier, car ils retrempent l'esprit dans des sources pures et fortes. Cette publication est un éminent service rendu à l'art et au pays. Elle jette aussi un grand jour sur l'histoire et doit compléter particulièrement celle des guerres de Vendée et de Bretagne sous la révolution. Voici une lecture qui compte parmi les plus rares et les plus vives 1 Né à Valenciennes en 1787, Henri-Louis Delloye fait d'abord une carrière militaire qui le voit major général de la Garde royale. Il donne sa démission en 1830 et crée, sans avoir de brevet, une maison d'édition qui publie les oeuvres de Chateaubriand, Balzac, Vigny et Hugo… Il continue à éditer malgré sa faillite en 1839. Il est décédé le 21 octobre 1846. Delloye est aussi, en 1845, l'éditeur des Barzaz pe Ganaouennou Breiz de La Villemarqué. 2 Elle porte la mention « troisième édition ». 3 Né en 1809 à Breslau (Basse Silésie, aujourd'hui en Pologne,) Albert Franck est d'abord médecin. En 1844, il achète à Paris la librairie internationale Avenarius & Brockhaus. Il n'a pas de formation en ce domaine, n'a pas non plus les autorisations… qu'il n'obtiendra qu'en décembre 1850. 4 Il en profite pour mentionner « quatrième édition » alors qu'il ne s'agit, dans les faits, que de la seconde. 5 Par contrat du 27 février 1846, il s'engage à régler à Delloye ce que La Villemarqué doit à ce dernier pour l'édition de l'ouvrage : Achives La Villemarqué 46.162. 6 La lettre porte une mention manuscrite au crayon gris, sans doute de la main de La Villemarqué : « A M. Franck » ou « Frank » ? Achives La Villemarqué 02.085.
Document en français et bretonThéodore Hersart de La Villemarqué (1815-1895) est le premier à rec... more Document en français et bretonThéodore Hersart de La Villemarqué (1815-1895) est le premier à recueillir (vers 1840) et à publier (1867) le chant de quête de l’« eginane » (« étrennes »). Considéré par les contradicteurs de l’auteur du Barzaz-Breiz, comme forgé par ses soins, il figure pourtant dans le second carnet manuscrit de collecte. La Villemarqué y a consigné 250 vers en deux variantes notées à Spézet et à Cléden-Poher. Au moment d’intégrer le chant dans l’édition de 1867 de son Barzaz-Breiz, il a compilé les deux versions, réagencé l’ordre des couplets et n’a pas repris les vers les plus crus. Il applique des principes d’édition, nécessaires selon lui, pour passer des matériaux bruts de la tradition populaire orale à l’écrit d’un ouvrage de poésies. Étudiant par ailleurs l’origene du mot « eginane », La Villemarqué est l’un des rares à l’époque à réfuter l’interprétation par le druidique « au gui l’an neuf ». Il a sans doute vu juste en proposant d’y voir un terme reposant s...
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