[…] » Ainsi, Luis de Camões décrit-il l’île d’Amour, en 1572. Avec , le poète portugais est l’auteur d’une nouvelle espèce d’épopée: « », écrira Voltaire. Il y célèbre les exploits de Vasco de Gama et de ses compagnons, sans lésiner sur les superlatifs et les figures mythologiques… Au neuvième chant, Vénus décide de récompenser les aventuriers en tenant prête pour eux une île paradisiaque dans l’océan - comme une oasis dans le désert. Elle y a hissé les Nymphes, et éveillé en elles, grâce aux traits de Cupidon, « ». Elle a préparé « ». De quoi satisfaire les appétits des guerriers héroïques, qui rêvent d’îles enchantées et de nymphes peu farouches, depuis qu’Ulysse a rencontré Calypso… On a d'Évariste de Parny, un écrivain français né sur l’île Bourbon, pionnier du romantisme et du poème en prose: «i s  . » C’est presque un sous-genre poétique, qui, même stéréotypé, comprend des chefsd’œuvre. Pensons à Charles Baudelaire, expert en « », en « ». Sa maîtresse Jeanne Duval venait-elle d’Haïti? de l’île Maurice? Elle a inspiraaaaé au poète, qui voulait ajouter aux droits de l’homme le droit de voyager, parmi les vers les plus célèbres de notre littérature. Et contribué à fixer une imaginaire insulaire, qu'on nommera « doudouisme » aux Antilles, tant ses clichés appauvrissent à force notre perception de ces lieux spécifiques. « L'exotisme est volontiers tropical. Cocotiers et ciels torrides », dénoncera Victor Segalen. Loin de cette nonchalance, c’est sur une île, Patmos, que saint Jean aurait écrit l’Apocalypse. Sur des îles fouettées par le vent que s’installent les moines ermites. Sur des îlots sauvages que les pirates viennent enterrer leurs trésors, et que le pouvoir décide de parquer ses forçats et ses prisonniers. Alcatraz est bien le contraire d’un paradis. Tout comme Sainte-Hélène, où Napoléon passera les cinq dernières années de sa vie. Existe-t-il alors une spécificité des îles dans les représentations poétiques? Faut-il, pour mieux les connaître, les comparer à d’autres espaces topographiques?