Des fouilles archéologiques sous-marines au large d’Aboukir continuent de révéler des milliers d’objets datant de l’Antiquité
Dans les profondeurs, la cité antique est arrachée à son sommeil
Pêle-mêle dans les ruines de la rade d’Aboukir veillent les symboles des dieux de l’Égypte et des divinités de l’Olympe, les talismans des pharaons et ceux des Ptolémées. Nombre d’entre eux dans un parfait état de conservation, protégés qu’ils sont par des couches d’argile sédimentées. Les artefacts enfouis sont détectés grâce à du matériel électronique de pointe, qui modélise des images 3D à travers les concrétions. Les archéologues-plongeurs les dégagent ensuite précautionneusement au couteau ou au scalpel. « Nos fouilles sont comme des incisions chirurgicales », a coutume de dire Franck Goddio.
Pour ses observations, Franck Goddio dispose d’instruments dignes de James Bond : sonars, magnétomètres à résonance magnétique nucléaire…
Ce n’est pas une pierre qui émerge de l’amas de sédiments noirâtres dans les profondeurs de la Méditerranée, mais une main. Chair de marbre diaphane, si réaliste. Franck Goddio s’approche, ôte ses gants de plongée puissiècle avant Jésus-Christ. Autour d’elle gisaient les vestiges d’un sanctuaire en calcaire. » Extraits de leur linceul de boue, ces trésors engloutis témoignent d’un temps que les moins de 2 500 ans ne peuvent pas connaître. Ici, dans l’immense baie d’Aboukir, là où Nelson coula la flotte de Bonaparte, s’étendait la cité de Thônis-Héracléion, qui n’avait rien d’un cimetière marin, comme en témoignent les inépuisables merveilles que Franck Goddio et ses équipes exhument depuis vingt-trois ans.