Chut…
Par Christine Amer
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Aperçu du livre
Chut… - Christine Amer
Introduction
Maman me disait, lorsque j’étais enfant, que nous ne devons pas parler de choses que nous ne voyons pas.
Mais à qui en parler lorsque vous, vous les voyez ?
J’ai dû grandir dans le silence des vivants, en essayant d’éviter les âmes. Faire la différence entre mes émotions et les leurs. Ça m’a poursuivi partout où j’allais. À l’école, chez des amis, en vacances, chez moi.
À un moment, je pensais ne pas être comme tout le monde. Je me demandais aussi si beaucoup d’enfants et d’adultes étaient comme moi.
Maman avait bien dit de ne jamais en parler.
Peut-être pour me protéger, ne sachant pas à qui me confier, je me suis isolée.
La solitude a été mon amie, vue de l’extérieur. Mais à ma place, je n’étais jamais seule.
J’ai donc grandi ainsi, essayant de les éviter. Jusqu’au jour où j’ai décidé d’accepter ce que je suis.
Je ne pourrais le retirer, ce don a fait de moi la personne que je suis.
Mon surnom est sorcière, mais j’avoue que cela me plaît, même si les personnes ne se rendent pas compte de ce qu’est la différence entre une sorcière et moi.
Ils mettent des mots ou des avis sur des choses qu’ils ne connaissent pas, ou ont vues dans des films, ou lues dans des livres.
C’est pour cela que j’ai écrit ce livre, pour que mes enfants, quand ils seront grands, si leurs enfants à eux ont se don, qu’ils soient à leur écoute, parce que ma mère a fait en sorte que je me taise. Celle-ci en avait peur et en mettant cela sous silence, ça la rassurait sûrement.
Aujourd’hui, je suis moi-même, maman. Et j’essaie de garder l’esprit ouvert quand mes enfants me parlent de ce qui leur fait peur. Parce que petit, quand vous ne savez pas, cela peut parfois paraître effrayant.
Et aujourd’hui, je peux le dire. Je suis clairaudiente et clairvoyante.
Je ne peux pas vous convaincre que mon récit soit vrai si vous n’y croyez pas. Mais moi je sais ! Je le vis assez souvent pour vous parler d’eux et leur redonner un côté vivant.
Je parle de ceux qui ont croisé ma vie avec humanité, parce qu’ils ont été humains avant d’être des âmes. Ils ont aimé, détesté, ont eu une vie, tout comme nous avons la nôtre.
Beaucoup ont des messages à faire passer, d’autres ont envie de raconter leurs histoires, d’autres encore ont peur de ce qui pourrait les attendent parce que de leur vivant, ils étaient de mauvaises de personnes et c’est à moi, des fois, qu’ils viennent en parler.
J’essaie de les aimer, de leur pardonner, de leur apprendre le pardon, de les raisonner. Parce que beaucoup en ont besoin. Bons ou mauvais.
J’ai appris, à travers eux, ce qu’est la valeur d’une vie humaine, à savourer les moments de plaisirs, aussi petits soient-ils. J’ai appris de leurs erreurs et évite d’en faire à mon tour.
J’ai appris également à être à l’écoute des gens tout comme les âmes. J’ai appris aussi à m’entourer. Et comme maman m’a dit plus tard : « On ne peut pas en parler à tout le monde. Seuls les esprits ouverts peuvent essayer de comprendre. »
Je ne sais pas si je suis de son avis. Je pense que nous avons tous une sensibilité et il nous suffit parfois d’être un peu plus à l’écoute de ce qui nous entoure.
Je vous raconte mon histoire telle que je l’ai ressentie. Ayez l’esprit ouvert et regarder les, tels qu’ils sont. Pas seulement leur apparence.
Bonne lecture à vous.
La dame blanche
Le soleil passait à travers la porte-fenêtre de ma chambre lorsque je m’assis au bord du lit, me disant qu’un nouveau samedi commençait et que, comme d’habitude, je ne saurai pas quoi faire de ma journée en dehors de mes devoirs. Sinon, papa ne serait pas content et je me prendrai encore une de ces fessées.
Je m’assis donc quand je fus tiré de mes pensées par une dame, entrant dans ma chambre et s’approcha de mon lit.
Elle était grande, d’une taille fine, sa peau et ses vêtements étaient de couleur blanche.
Malgré tout, on pouvait distinguer les formes et les traits de son visage, ses yeux, légèrement tirés en amandes, me fixaient.
Elle portait une robe d’une époque assez lointaine. Longue, jusqu’aux chevilles, qui découvraient ses pieds déchaussés.
Nous nous sommes regardés un instant, lorsqu’elle leva le bras droit, me pointant du doigt.
Était-ce parce que je pensais à mon travail scolaire ? Quand elle me dit d’une voix claire et d’un ton sec :
— C’est comme ça que tu fais tes devoirs ?
Elle continua à me fixer, attendant peut-être une réponse de ma part, quand elle baissa son bras, se retourna, pivotant sur elle-même. Et reparti aussi lentement qu’elle était venue, par ce même couloir.
Un peu surprise, ne connaissant pas cette dame, je descendis de mon lit pour la suivre.
Je ne vis personne. Mais, en m’avançant, j’entendis ma mère parler à son frère dans la cuisine.
Pensant que la dame en blanc les avait rejoints, je fis de même.
— Bonjour, me dit ma mère.
— Bonjour maman, où est la dame ?
— Quelle dame ? me demanda mon oncle.
— La dame qui est venue me voir dans la chambre.
Ma mère me demanda à quoi ressemblait cette dame et je la lui décrivis.
Mon Dieu, qu’est-ce que je n’ai pas dit là ?!
Ça a été tout de suite, « tu as vu la vierge, tu es une sainte. On va t’inscrire au couvant », etc., etc.
Ce n’était pas la vierge, elle ne ressemblait pas à l’image que mon professeur de catéchisme nous montrait, elle n’avait pas de voile bleu.
Non, cette dame-là était vêtue de blanc, la peau blanche, et tout le reste était blanc, d’ailleurs.
Elle a été ma première apparition, et même des années plus tard, je n’ai jamais su qui elle était.
Le grenier
Avec maman, nous étions montées au grenier pour y chercher des jouets qui nous appartenais à ma grande sœur, mon petit frère et à moi-même.
Je n’ai jamais aimé cet endroit.
L’ampoule n’éclairait pas tout l’espace et il y traînait des tas de choses. Comme une penderie couverte de plastique, dans laquelle maman y mettait nos manteaux d’hiver pour l’année d’après.
On ne sait jamais, ça peut toujours encore servir.
Or, en dehors de ma sœur, nous sommes grands dans la famille. Les manteaux et autres vêtements sont donc restés là, à attendre.
Ma petite sœur grandissait en âge, et nous étions décidées à y trouver des « trucs ».
Finalement, ce sont des souvenirs que nous avions trouvés.
Des cahiers scolaires, des dessins moisis ou jaunis par le temps. Des jouets qui n’existent sûrement plus aujourd’hui.
Le téléphone fixe se mit à sonner. Maman me dit de l’attendre, le temps qu’elle aille répondre.
Je l’observais se baisser pour passer sous la poutre qui coupait la charpente. Esquiver les cartons de-ci de-là. Maman aussi était petite, elle devait enjamber pour pouvoir passer.
Faut dire qu’avec trois enfants et quelques années de vie dans cette maison, elle en avait gardé des choses.
Elle s’était séparée de mon père, je devais avoir 14 ans, et avait rencontré mon beau-père dans les mois qui ont suivi.
Ma petite sœur n’a pas pu attendre pour se mettre en route et montrer le bout de son petit nez.
En même pas deux ans, nos vies avaient complètement changé.
D’un papa pas câlin, j’en trouvais un autre qui l’était de trop, ayant grandi avec un père distant.
Mais mon beau-père était toujours à l’écoute, que ce soit dans les soucis, dans les encouragements ou le besoin matériel.
Il était donc naturel que Marie-Amélie soit ma petite sœur.
J’attendais donc le retour de maman, sans vraiment l’attendre, pour chercher des souvenirs d’école primaire ou d’autres trésors, quand j’ai retrouvé un cahier de science avec la recette du pain.
Sentant une forte présence derrière moi, je m’exclamai. Me retournant, portant mon trophée à la lueur de l’ampoule, je ne vis personne.
Pourtant, je savais que c’était là, ne bougeant pas de son emplacement, derrière la poutre de bois.
— Maman ?
Je posais la question, comme si elle allait apparaître d’un coup de magie.
— MAAMAAN !
Mais ma mère était encore au téléphone et ne pouvais donc pas être là, avec moi à l’étage.
Mais je le savais, c’était là ! derrière la poutre, accroupi, à me regarder.
Je le savais, je le sentais !
Je ne pourrais vous le