André Breton, Dada soulève tout, tract contre la conférence sur le tactilisme prévue d'être donnée par le chef de tête du futurisme italien Filippo Tommaso Marinetti le 15 janvier suivant[1]. Le tract est reproduit à New York dans le numéro 4 de la revue américaine d'avant-garde The Little Review.
Les dadaïstesLouis Aragon, Breton, Benjamin Péret, Georges Ribemont-Dessaignes, Jacques Rigaut et Tristan Tzara perturbent la conférence de Marinetti au théâtre de l'Œuvre. L'incident est relaté par la presse, le lendemain : « ce fut, dans la salle, un chahut monstre, et des mots pornographiques furent hurlés par nos plus distinguées femmes de lettres. »[2] Dans une lettre à Jacques Doucet, Breton juge la théorie très rudimentaire et reproche à Marinetti de « se satisfaire de l'hyperbole la plus vulgaire. »[3]
Paul Eluard, Les Nécessités de la vie et les conséquences des rêves[4].
Clément Pansaers, Bar Nicanor, avec un portrait de Crotte de Bique et de Couillandouille par eux-mêmes, aux éditions Alde, à Bruxelles : une cinquantaine de pages manuscrites imprimées en caractères sépia sur papier orange[5].
Littérature publie sous le titre Liquidation un tableau où sont notées de - 25 à + 20 une cinquantaine de personnalités comme : Charles Baudelaire (Aragon : 17, Breton : 18, Eluard : 12, Tzara : - 25), Lénine (A. : 13, B. : 12, É. : - 25, T. : - 2), Picasso (A. : 19, B. : 15, É. : - 2, T. : - 3) Rimbaud (A., B. et É. : 18, T. : - 1)[8].
À l'initiative d'André Breton, visite de l'église St-Julien-le-Pauvre dans le cadre d'une série d'excursions et visites à travers Paris de lieux volontairement dérisoires auxquelles est convié le public[10] : « Les dadaïstes de passage à Paris voulant remédier à l'incompétence de guides et de cicerones suspects, ont décidé d'entreprendre une série de visites à des endroits choisis, en particulier à ceux qui ont vraiment pas de raison d'exister, - C'est à tort qu'on insiste sur le pittoresque (Lycée Janson de Sailly), l'intérêt historique (Mont Blanc) et la valeur sentimentale (La Morgue). - La partie n'est pas perdue mais il faut agir vite. - Prendre part à cette première visite c'est se rendre compte du progrès humain, des destructions possibles et de la nécessité de poursuivre notre action que vous tiendrez à encourager par tous les moyens. »[11] À cette occasion, Théodore Fraenkel réalise un dessin dans lequel il représente Breton en pape[12]. Roger Vitrac et Jacques Baron y rencontrent Aragon[13].
Lettre de Christian Schad à Picabia dans laquelle il conteste à Tristan Tzara la paternité de Dada, le mouvement comme le mot et prétend qu'en Allemagne on se réclame non pas de Tzara (« usurpateur et trompeur ») mais de Walter Serner[16]
Publication du premier numéro[17] de New York Dada, composé par Marcel Duchamp et Man Ray. Il contient, selon les mots de ce dernier, « une caricature d'autorisation officielle » envoyée par Tristan Tzara, après que Gabrielle Buffet-Picabia a sollicité de Tzara « l'autorisation d'ouvrir une branche Dada à New York »[18].
Vernissage de l'exposition Max Ernst à la librairie Au Sans Pareil[19]. Y sont exposés : 42 peintopeintures dont Dada Degas[20], 8 dessins, 4 Fatagaga dont trois créés en commun avec Jean Arp et un avec Johannes Theodor Baargeld et une sculpture. Le catalogue de six pages reproduit le dessin intitulé Relief tricoté. La préface est de Breton : « Parce que, résolu à en finir avec un mysticisme-escroquerie à la nature morte, [Max Ernst] projette sous nos yeux le film le plus captivant du monde et qu'il ne perd pas la grâce de sourire tout en éclairant au plus profond, d'un jour sans égal, notre vie intérieure, nous n'hésitons pas à voir en [lui] l'homme de ces possibilités infinies. »[21]Ernst ne peut assister au vernissage : de nationalité allemande, son visa d'entrée en France lui est refusé.[réf. nécessaire]
Réagissant aux préparatifs du procès Barrès, initié par Aragon et Breton, Francis Picabia annonce sa rupture dans un article publié dans Comœdia[10] : « Maintenant Dada a un tribunal, des avocats, bientôt probablement des gendarmes et un préposé à la guillotine ! »[23]
Breton préside le Procès Barrès : « Mise en accusation et jugement de Maurice Barrès pour crime contre la sûreté de l'esprit »[24], organisé contre l'avis de Tzara[25]. L'acte d'accusation proclame « qu'il est temps pour Dada de mettre au service de son esprit négateur un pouvoir exécutif et décidé avant tout à l'exercer contre ceux qui risquent d'empêcher sa dictature, prend dès aujourd'hui des mesures pour abattre leur résistance. »[26]Benjamin Péret y incarne le Soldat inconnu revêtu d'un uniforme allemand, marchant au pas de l'oie, le visage dissimulé par un masque à gaz[27]. Philippe Soupault et Louis Aragon se chargent de la défense de l'écrivain[28].
Dans une lettre adressée à Jacques Doucet, depuis Lorient, Breton évoque le projet d'écrire un article d'adieux à Dada[30].
Tristan Tzara organise un salon Dada à la Galerie Montaigne[31] : des cravates suspendues à une ficelle, des pipes, un violoncelle ceint d'une écharpe blanche, des tableaux peints par des poètes et des poèmes écrits par des peintres.
Théodore Fraenkel, Procédé à fil, sculpture composée d'une pelote de ficelle surmontée d'une éponge[30].
Sans explication, la direction de la galerie Montaigne clôt, sans préavis, le « Salon Dada ». Philippe Soupault : « Nous étions en colère. Je fus chargé, parce que j'étais bachelier en droit, d'aller requérir un huissier pour constater la rupture du contrat [...] mais nous avons pensé que Dada ne pouvait invoquer les lois, [on] se serait moqué de nous[35]. »
Parution de Pilhaou-Thibaou, supplément de la revue 391, intégralement écrit par Francis Picabia, sous le pseudonyme de Funny Guy. Très critique envers les « jeunes dadaïstes qui ont trahi l'esprit Dada lors du Procès Barrès en s'instituant juges. »[36] La revue publie un texte de Clément Pansaers qui annonce sa rupture avec André Breton (conséquence de l'affaire dite du portefeuille garni d'argent et trouvé dans un café et qui a divisé les Dadas parisiens sur la conduite à tenir : le rendre à son propriétaire ou le garder)[33].
Antonin Artaud rencontre Max Jacob qui lui suggère d'aller voir Charles Dullin, directeur du Théâtre de l'Atelier. Peu après il écrit à Max Jacob : « On a l'impression en écoutant l'enseignement de Dullin qu'on retrouve de vieux secrets et toute une mystique oubliée de la mise en scène. »[44]
Dans la revue De Stijl, parution du manifeste Pour un art élémentaire signé par Hans Arp, Raoul Hausmann, László Moholy-Nagy et Ivan Pougny. Ce manifeste énonce un axe théorique commun aux artistes Dadas et constructivistes : « Artistes, proclamez-vous solidaires de l'art. Détournez-vous des styles. Nous réclamons l'abolition des styles pour atteindre au style ! »[45]
Ouverture au Grand Palais à Paris du Salon d'Automne à l'occasion duquel Francis Picabia distribue un tract-manifeste qui dit que : « FRANCIS PICABIA est un imbécile, un idiot, un pickpocket !!! MAIS il a sauvé ARP de la constipation ! »[42]
Dans une lettre à Jacques Doucet, Breton lui déconseille l'achat d'un « petit » tableau de Picasso : « Vous savez que je déplore légèrement […] que vous n'ayiez pas fait l'acquisition d'une des œuvres maîtresses de Picasso (je veux dire d'une chose dont l'importance historique soit absolument indéniable), comme ces Demoiselles d'Avignon qui marquent l'origine du cubisme et qu'il serait si fâcheux de voir partir à l'étranger. »[47]
Première exposition parisienne de Man Ray à la librairie Six achetée par Philippe Soupault. Présentation des objets impossibles créés à New York[48].
Les dadaïstes parisiens font publier dans Paris-Midi puis dans Le Siècle et Action une lettre collective dans laquelle ils démentent la mort de Dada : « Dites à vos lecteurs que les dadaïstes sont tous morts, mais qu'ils fassent attention à tous ces jeunes gens un peu niais. Dada est éphémère, mais il est immortel. »[49]
Anicet ou le panorama, roman : « Une fois qu'on apercevait en lui un autre homme que ce passant incolore, on était pendant un certain temps arrêté par sa mimique : une moue, le clignement prolongé des paupières ; dans l'attention, le rapprochement des poings serrés ; un certain sourire errant dans lequel les dents inférieures mordaient les autres ; un rire assez convulsif bien plus aigu que sa voix, d'ordinaire grave avec de brusques cassures ; une intonation pour le mot crétin, une autre pour l'expression cher ami ; une façon de se frotter les mains, et diverses emphases imprévues. On pouvait encore commettre l'erreur de prendre Baptiste pour le héros amoureux d'une grande dame que Ponson du Terrail appelle immanquablement Raoul. Pour peu que l'on vécût avec lui, cette illusion tombait de soi-même quand on savait le respect dans lequel il tenait l'amour et la place que cette passion occupait dans sa vie. »[51]
Why not sneeze Rrose Selavy ?, boîte surréaliste : métal peint, 152 morceaux de marbre blanc taillés comme des cubes de sucre contenus dans une cage à oiseaux d'où sortent un os de seiche et un thermomètre[59]
Hourra ! Hourra ! Hourra ! : « Contradiction remarquable, les Allemands sont ignobles par idéalisme ! Dans cette mesure, ils ont encore un immense avenir. »
Le Beau charcutier, huile, et collage de peignes en corne, sur toile[70]
L'Œil cacodylate, huile sur toile avec collage de photographies et de cartes postales : tableau recouvert de graffiti et de signature d'artistes Dadas et surréalistes[71]
↑Pierre Daix, La Vie quotidienne des surréalistes (1917-1932), éditions Hachette, Paris, 1993, p. 131 et Laurent Le Bon (sous la direction de), Dada, Éditions du Centre Pompidou, Paris, 2005, p. 84.
↑Il évoquera ce drame dans son récit Nadja.André Breton : la beauté convulsive, éditions du Centre Pompidou, Paris 1991 (ISBN2-85850-567-5), p. 106.
↑Daix, p. 150. Une photographie reproduite dans Surréalisme de René Passeron, éd. Terrail, 2005, p. 32 indique la date de 1920 (sic!) et montre le groupe composé d'Aragon, Breton, Crotti, Paul Eluard, Fraenkel, Benjamin Péret, Georges Ribemont-Dessaignes, Jacques Rigaud, Philippe Soupault et Tristan Tzara. Mais aucune mention de l'auteur du cliché. Cette photographie appartient à la bibliothèque Jacques Doucet. L'avis de la visite est reproduit dans Adam Biro et René Passeron, Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs, Office du livre/Presses universitaires de France, (ISBN2-13-037280-5), p. 112. La chronologie dans Louis Aragon, Œuvres poétiques complètes, tome I, Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade, Paris, 2007 (ISBN978-2-07-011327-9), p. LVII indique comme date le 14 avril.
↑Marc Dachy, Dada, La révolte de l'art, Paris, Gallimard / Centre Pompidou, (ISBN2-07-031488-X), p. 45.
↑Hanne Bergius, Tendenzen der Zwanziger Jahre. 15. Europäische Kunstausstellung Berlin 1977, Berlin, Dietrich Reimer Verlag Berlin, , catalogue, « Dada Berlin », p. 3/72.
↑Daix, p. 126. Quatre mois plus tôt, dans Liquidation, les notes données à Barrès était : Aragon + 14, Breton + 13, Eluard - 1, Soupault + 12, Tzara (qui ne l'avait jamais lu) - 25. Daix, p. 125.
↑Dans une salle des Sociétés savantes, rue Danton, Paris 6e. Breton, OC1, p. XLIII.
↑Henri Béhar, dans la revue Europe no 769 de mai 1983 consacrée à Philippe Soupault, dément que le Plaidoyer pour Maurice Barrès fut écrit par Soupault. Pour lui, le style et les expressions sont plutôt de Louis Aragon : p. 14 note 14.
↑Sprengel Museum, Hanovre. Citation et Reproduction dans Federico Poletti, L'Art au XXe siècle. I. Les Avant-gardes, éditions Hazan, Paris, 2006, p. 63.
↑18 × 14 cm. Aichi Prefectural Museum of Art, Nagoya. Reproduction dans Dachy 2005, p. 207.