Auteur

personne qui fait une création originale manifestant sa personnalité

De manière générale, un auteur[a], une auteure ou une autrice[b], est une personne qui est à l'origine de quelque chose. On peut être l'auteur d'une découverte, d'un acte ou d'une œuvre.

Définitions selon le contexte

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Dans le domaine des arts et de la littérature

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Dans le domaine de la création littéraire et artistique, un auteur est une personne qui a fait une création originale manifestant sa personnalité, qu'il s'agisse de lettres, de sciences humaines ou d'art.

En littérature, l'auteur est un écrivain. Selon la nature des œuvres littéraires concernées — roman, pièce de théâtre, poésie, essai… —, on parlera de romancière ou romancier, de dramaturge, de poète, d'essayiste

En musique, l'auteur est le parolier. Par extension, un auteur-compositeur-interprète (ACI) est une personne qui rédige les paroles et compose la musique de chansons qu'il interprète. Un auteur-compositeur est une personne qui effectue un travail de parolier et de compositeur, mais qui n'interprète pas lui-même les chansons dont il est l'auteur.

Au cinéma et à la télévision, on désigne abusivement le réalisateur comme seul « auteur » de l'œuvre (« un film de » est « un film réalisé par »). Le terme d'« auteur » recoupe ainsi une conception particulière du réalisateur et de sa production, héritée de la politique des auteurs propre à la Nouvelle Vague. Mais la loi française est formelle à ce chapitre :

« Ont la qualité d'auteur d'une œuvre audiovisuelle la ou les personnes physiques qui réalisent la création intellectuelle de cette œuvre. Sont présumés, sauf preuve contraire, coauteurs d'une œuvre audiovisuelle réalisée en collaboration :
1º L'auteur du scénario ;
2º L'auteur de l'adaptation ;
3º L'auteur du texte parlé ;
4º L'auteur des compositions musicales avec ou sans paroles spécialement réalisées pour l'œuvre ;
5º Le réalisateur.
Lorsque l'œuvre audiovisuelle est tirée d'une œuvre ou d'un scénario préexistants encore protégés, les auteurs de l'œuvre originaire sont assimilés aux auteurs de l'œuvre nouvelle. »

— Article L113-7 du Code la propriété intellectuelle[2]

En radio, l'auteur d'une émission est la personne qui intervient en amont, à sa conception. L'émission peut alors être créée par un producteur de radio.

En bande dessinée, l'auteur de bande dessinée. On parle d'« auteur complet » lorsqu'une seule personne assure la création de l'œuvre[3]. Si le scénario et les dessins sont réalisés par deux personnes différentes, l'une est scénariste, l'autre, dessinateur.

Dans les sciences et techniques

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Dans le domaine des sciences, l'auteur original (éventuellement avec des coauteurs) utilise des codes et méthodes dits académiques (hypothèse, théorisation, démonstration, conclusion, bibliographie, etc.) pour présenter ses travaux ou d'autres données ou notions scientifiques[4],[5]. Dans les domaines de la recherche et l'enseignement supérieur, l'auteur écrit des articles de revue scientifique et des ouvrages, notamment des ouvrages universitaires.

Le vulgarisateur dispose de plus de liberté pour mettre les contenus et découvertes scientifiques à portée d'un public de non-spécialistes.

Dans le domaine de l'innovation, l'auteur peut aussi être un inventeur.

Dans le domaine de l'informatique, l'auteur d'un logiciel est un développeur ou un concepteur de jeux.

Dans le domaine des techniques, l'auteur expose des processus techniques, produit des guides techniques.

Dans le domaine de l'éducation, l'auteur écrit des manuels scolaires

Un auteur de jeux de société est celui qui invente les règles d'un nouveau jeu.

Dans le droit

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En droit civil, l'auteur est celui de qui une personne (l'ayant cause) tient un droit.

En droit de la propriété intellectuelle, le droit d'auteur est le droit exclusif reconnu à cette personne sur sa part de création.

En droit pénal, il existe deux types d'auteurs : l'auteur matériel et l'auteur intellectuel d'une infraction.

  • L'auteur matériel d'une infraction[6] est la personne qui, soit commet une infraction, soit tente de commettre un crime ou un délit[7]. De plus, la notion de coauteurs est utilisée pour désigner plusieurs personnes qui ont participé à la commission d'une même infraction[8].
  • L'auteur intellectuel d'une infraction est la personne qui, sans avoir participé directement à la commission d'une infraction, a organisé ou ordonné cette infraction en faisant accomplir les actes par un tiers (appelé alors auteur matériel)[9].

Dans le contexte numérique

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Sur le Web, avec l'apparition de nouveaux genres éditoriaux tels que les blogs et la multiplication des formes de collaboration telles que les réseaux sociaux, les plateformes collaboratives, la notion d'auteur s'élargit : chaque usager est un producteur potentiel de contenu.

Évelyne Broudoux, maître de conférences en Sciences de l'information et de la communication, travaille sur le « devenir auteur » en contexte numérique[10].

Forme féminine et forme épicène

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La forme « autrice », dérivée du féminin latin auctrix[11], est en vigueur jusqu'au XVIIIe siècle, puis progressivement abandonnée et tombée en désuétude en France à la suite d'une longue querelle entre praticiens et grammairiens. Aurore Évain, chercheuse en sémiologie travaillant sur le sujet de la « parité linguistique » expose comment la réfutation de l'usage de ce mot, s'appuie à l'époque non seulement sur des débats sur sa formation grammaticale, mais surtout sur la remise en cause de la légitimité même des femmes à écrire[12],[13].

La forme « auteure » féminise directement le masculin latin auctor (à la manière de l'espagnol autora ou d'autres féminins comme docteure ou ingénieure). En 2002, l'Académie française range le mot « auteure » parmi les « néologismes » et les « aberrations lexicales »[14], position qu'elle modifie nettement dans son rapport de sur la féminisation des noms de métiers[15].

Dans son rapport de , l'Académie française valide également « autrice », qui « a la préférence de l'université » d'après l'académicienne Dominique Bona[16],[17] Le mot est davantage utilisé en Suisse et en Afrique francophone[12].

Le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes, qui recommandait en 2015 dans la première édition de son Guide pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe les féminins en « -eure »[18], recommande dans la deuxième édition de 2016 le mot « autrice »[19].

La forme épicène « une auteur » est préconisée en 1984 par la commission de féminisation des noms instituée par Yvette Roudy[20] et par la Chancellerie fédérale suisse en 2000 dans son Guide de formulation non sexiste des textes administratifs et législatifs de la Confédération[21]. En 2018, l'écrivain et académicien Frédéric Vitoux suggère d'attribuer au mot « auteur » un genre grammatical féminin si l'usage général va dans ce sens, et d'oublier alors les autres formes[22].

Usage en Belgique

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En Belgique, le décret de 1993, étudié par le Conseil supérieur de la langue française impose la féminisation des noms dans les actes administratifs et offres et demandes d'emplois. La forme « auteure » alors en usage est mise en note, car elle ne respecte pas les règles traditionnelles[23]. Lors de la mise à jour de 2005, « une auteure » et la forme épicène « une auteur » sont mises en avant, les autres formes étant mises en notes avec la mention « Auteuse, aut(h)oresse et autrice, qui est la forme régulière, non néologique, sont rares »[23]. En 2019, le quotidien Le Soir annonce que « parce que le mot sonne clair, affirme sa féminité, s’appuie sur l'histoire et la proximité d'actrice, les Livres du Soir diront, dorénavant, autrice »[24].

Usage au Canada

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Au Canada francophone, le mot « auteure » est préconisé dès la fin des années 1970, lors de la féminisation des noms de métiers en français. Bien qu'il soit reconnu d'une formation irrégulière, au contraire d'« autrice », c'est cette forme qui est retenue dans le Guide de féminisation des titres et des fonctions en 1986 au Québec, en raison de la prépondérance de son usage[25]. En 2005 la linguiste canadienne Louise-L. Larivière constate l'apparition de recommandations divergentes au sein des différentes communautés francophones européennes et canadiennes, et l'adoption de la féminisation au sein du Petit Robert à partir de 2000. Pour éviter cette divergence linguistique et s'accorder avec les règles de formation du genre grammatical calquées sur des structures existantes, la nouvelle mouture du Guide de féminisation des noms communs de personnes recommande l'utilisation du mot « autrice »[26]. Toutefois, en 2008, « auteure » reste la forme courante[27],[25], même si « autrice » progresse depuis[28],[29].

Usage en France

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En France, la forme « auteure » est également employée. L'Académie française — qui, dans sa recommandation de 2002, soulignait que « les seuls féminins français en -eure (prieure, supérieure…) sont ceux qui proviennent de comparatifs latins en -or », et citait « auteure » parmi les néologismes à « éviter absolument »[14] — adopte, le , un rapport « préconisant de valider l'usage des noms de métiers féminisés »[16],[30]: « l’Académie considère que toutes les évolutions visant à faire reconnaître dans la langue la place aujourd’hui reconnue aux femmes dans la société peuvent être envisagées, pour peu qu’elles ne contreviennent pas aux règles élémentaires et fondamentales de la langue, en particulier aux règles morphologiques qui président à la création des formes féminines dérivées des substantifs masculins »[31]. Elle juge toutefois qu'autrice est le féminin d'auteur « dont la formation est plus satisfaisante »[15].

Notes et références

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  1. « Auteur » est aussi épicène et peut s'utiliser pour désigner une femme. Cf. 9e édition du dictionnaire de l'Académie française : « les formes féminines autrice, auteur ou, moins bien, auteure se rencontrent également » ; édition de du Grand Robert : « Un auteur (homme ou femme) », « Elle nie être l'auteur du crime », « Elle est l'auteur d'un traité de... » ; et Vitrine linguistique de l'Office québécois de la langue française : « On rencontre aussi parfois les formes épicènes une auteur et une écrivain »[1].
  2. Le mot n'a pas de forme féminine commune à tous les pays francophones, voir la section « Forme féminine ». Deux formes féminines du mot existent : « autrice », la forme classique par sa construction et son ancienneté mais longtemps inusitée, et la féminisation directe « auteure », proposée par l'administration québécoise et reprise en Belgique et en France. Les deux formes figurent dans Le Petit Robert et Le Petit Larousse. Il existe aussi les formes tombées en désuétude « autoresse » qui est un anglicisme et également « auteuse ».

Références

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  1. Office québécois de la langue française, « Féminin de auteur : autrice ou auteure », sur vitrinelinguistique.oqlf.gouv.qc.ca, (consulté le )
  2. Article L113-7 du Code la propriété intellectuelle, sur Légifrance
  3. Benoît Peeters, Case, planche, récit : Comment lire une bande dessinée, Casterman, , 119 p. (ISBN 978-2-203-32604-0), p. 123-128.
  4. David Pontille, La signature scientifique : Une sociologie pragmatique de l'attribution, Paris, CNRS, , 200 p. (ISBN 978-2-271-06221-5).
  5. David Pontille, « Qu'est-ce qu'un auteur scientifique ? », Sciences de la Société, no 67,‎ , p. 76-93 (lire en ligne).
  6. « Auteurs de l'infraction », sur Cabinet ACI, (consulté le )
  7. Code pénal : Chapitre Ier : Dispositions générales
  8. « COAUTEUR : Définition de COAUTEUR », sur www.cnrtl.fr (consulté le )
  9. COULLET Camille et DI TELLA Camille, « La responsabilité pénale », sur encyclopedie.wikiterritorial.cnfpt.fr (consulté le )
  10. « Évelyne Broudoux », sur Dicen IDF (consulté le ).
  11. « Autrice », sur CNRTL.
  12. a et b Evain 2008.
  13. Évain 2019.
  14. a et b « Féminisation des noms de métiers, fonctions, grades et titre », sur Académie française, .
  15. a et b « La féminisation des noms de métiers et de fonctions », sur Académie française,
  16. a et b Guillaume Lecaplain, « “Auteure” ou “autrice” ? “On ne trouve plus ces termes choquants comme dans les années 80” », Libération,‎ (lire en ligne).
  17. Sandra Lorenzo, « Autrice, le féminin qui gênait tant l'Académie française est tout sauf un néologisme », Le HuffPost,‎ (lire en ligne).
  18. « Guide pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe », sur Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes, .
  19. Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes, Pour une communication publique sans stéréotype de sexe. Guide pratique, Paris, DILA, , 62 p. (ISBN 978-2-11-145137-7, lire en ligne).
  20. Camille Renard, « "Autrice" : la très vieille histoire d'un mot controversé », sur France Culture, (consulté le )
  21. Céline Labrosse, « Une auteure ou une autrice ? », Le Devoir, (consulté le )
  22. Alice Develey, « « Auteure », « autrice », « écrivaine » : quelle orthographe employer ? », sur Le Figaro, (consulté le )
  23. a et b « Mettre au féminin (première édition de 1994) »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  24. Jean-Claude Vantroyen, « Auteur, auteure ou autrice? «Le Soir» choisit autrice », Le Soir,‎ (lire en ligne).
  25. a et b Michèle Lenoble-Pinson, « Mettre au féminin les noms de métier : résistances culturelles et sociolinguistiques », Le français aujourd'hui, vol. 163, no 4,‎ , p. 73-79 (DOI 10.3917/lfa.163.0073).
  26. Louise-L. Larivière, Guide de féminisation des noms communs de personnes, Fides, , 217 p. (ISBN 978-2-7621-2621-1, présentation en ligne), p. 9-10 et 44.
  27. « Oui à la féminisation, non à administrateure, directeure, chroniqueure… ! »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Office québécois de la langue française, .
  28. Silvia Galipeau, « Autrices et fières de l’être », La Presse,‎ (lire en ligne).
  29. Martine Delvaux et Benoit Melançon, « Pour ou contre le mot « autrice »? », Radio-Canada,‎ (lire en ligne).
  30. Raphaëlle Rérolle, « L’Académie française se résout à la féminisation des noms de métiers », Le Monde,‎ 2019-02-29 (lire en ligne).
  31. Académie française, « Rapport sur la féminisation des noms de métier et des fonctions »  

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Aurore Évain, « Histoire d’autrice, de l’époque latine à nos jours », Sêméion : travaux de sémiologie, no 6,‎ (lire en ligne)
  • Aurore Évain, En compagnie. Histoire d'autrice de l'époque latine à nos jours, Donnemarie-Dontilly, iXe, , 118 p. (ISBN 979-10-90062-47-4)
  • Audrey Lasserre, « La disparition : enquête sur la « féminisation » des termes auteur et écrivain », dans Johan Faerber, Mathilde Barraband, Aurélien Pigeat, Le mot juste : des mots à l’essai aux mots à l’œuvre, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, (ISBN 978-2-87854-347-6, lire en ligne), p. 51-68
  • Marie-Louise Moreau et Anne Dister, Mettre au féminin – Guide de féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre, Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles, , 3e éd. (1re éd. 1994) (lire en ligne)
  • Fanny Rinck, L'article de recherche en Sciences du Langage et en Lettres : Figure de l’auteur et approche disciplinaire du genre (Thèse de doctorat), Université de Grenoble III, (lire en ligne [PDF])
  • Andrea Valentini, « Autrice ou auteure ? L'heure d'-eure »,

Articles connexes

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