Jean II (roi de Portugal)
Jean II de Portugal, en portugais João II (surnommé le Parfait, Lisbonne, - Alvor, ) [1] est le 13e roi de Portugal. Il est le fils du roi Alphonse V de Portugal et d’Isabelle de Coimbra. Jean II succède à son père après son abdication. Cependant, en 1477, Alphonse V reprend le pouvoir et Jean ne redevient roi qu’en 1481.
Jean II Le Parfait | |
Portrait du roi Jean II. | |
Titre | |
---|---|
Roi de Portugal et des Algarves | |
– (14 ans, 1 mois et 27 jours) |
|
Prédécesseur | Alphonse V |
Successeur | Manuel Ier |
Biographie | |
Dynastie | Dynastie d'Aviz branche directe |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Lisbonne |
Date de décès | (à 40 ans) |
Lieu de décès | Alvor |
Père | Alphonse V de Portugal |
Mère | Isabelle de Coimbra |
Conjoint | Éléonore de Viseu |
Enfants | Alphonse de Portugal Jean de Portugal |
|
|
Rois de Portugal | |
modifier |
Ce roi voit à l’époque de la résurrection du droit romain et spécialement du Code de Justinien. Tous les rois sont poussés vers un renforcement de leur autorité et Jean II est ainsi un souverain de son temps.
Biographie
modifierJeunesse
modifierNé à Lisbonne le 3 mai 1455, Jean est le deuxième fils d'Alphonse V de Portugal et d'Isabelle de Coimbra [1],[note 1]. À l'âge d'un mois, le 25 juin 1455, il est déclaré héritier légitime de la couronne et reçoit un serment d'allégeance [3],[1].
En 1468, Alphonse V et Henri IV de Castille tentent d'arranger un double mariage dans lequel Jean épouserait la fille d'Henri, Jeanne, puis Alphonse épouserait la demi-sœur ainsi qu'héritière présomptive de Castille, Isabelle [4],[5]. Cependant, Isabelle refuse de consentir à l'arrangement [6]. Au lieu de cela, Jean épouse Éléonore de Viseu, sa cousine germaine et la fille aînée de Ferdinand de Portugal [7] le 22 janvier 1471 [1],[8].
Campagnes militaires
modifierComme prince, Jean accompagne son père lors des campagnes en Afrique et est fait chevalier par Alphonse V après la prise d'Assilah en 1471 [1],[10]. Les tapisseries de Pastrana ont été commandées par Alphonse V pour célébrer les succès portugais au Maroc [11].
Après la mort d'Henri IV de Castille en décembre 1474, une faction de la noblesse est hostile à l'accession au trône de sa demi-sœur Isabelle et offre la couronne à Alphonse V, sous condition d'épouser Jeanne qui est la fille du défunt roi castillan [12]. Jean exhorte son père à épouser la princesse et à envahir la Castille malgré l'opposition des principaux nobles, notamment le marquis de Vila Viçosa. Le roi portugais envoie un émissaire pour évaluer le soutien à la cause de Jeanne et après avoir reçu des « comptes rendus favorables concernant les partisans de l'infante », il ordonne que des préparatifs de guerre soient faits pour le printemps suivant [10]. Le 12 mai 1475, Alphonse V et Jean entrent en Castille avec une armée de 5 600 cavaliers et 14 000 fantassins. Le roi portugais se rend à Palencia pour rencontrer Jeanne [13], le couple se fiance le 25 mai puis ils sont proclamés souverains de Castille [14],[note 2]. Le même mois, l'épouse de Jean donne naissance à Alphonse, seul enfant du couple à avoir survécu à la petite enfance [8].
En mars 1476, à Toro, Alphonse V et Jean affrontent des forces castillanes dirigées par le mari d'Isabelle, Ferdinand II d'Aragon [16]. Lors de la bataille, Jean défait l'aile droite castillane, récupère l'étendard royal portugais et tient le terrain [17]. Cependant, la bataille de Toro est indécise [18].
En septembre 1477, le monarque portugais abdique puis s'embarque pour un pèlerinage à Jérusalem [10],[19]. Il est finalement persuadé de retourner au Portugal, où il arrive en novembre 1477 [10]. Jean a été proclamé roi quelques jours avant le retour de son père mais il renonce finalement afin que celui-ci reprenne la couronne [10],[20].
De 1477 à 1481, les deux hommes sont « pratiquement des corégents » [20]. Jean, chargé de la politique d'outre-mer en 1474, joue un rôle majeur dans la négociation du Traité d’Alcáçovas qui met fin à la guerre de Succession de Castille et assure l'hégémonie du Portugal dans l'Atlantique au sud des îles Canaries [21],[22]. Le traité prévoit également le mariage du fils de Jean, Alphonse, avec la fille aînée des Rois Catholiques, Isabelle d'Aragon [23].
Après la mort de son père le 28 août 1481 [24], Jean est proclamé roi de Portugal et couronné à Sintra le 31 août [25],[26].
Règne
modifierDéjà dans sa jeunesse, Jean est peu populaire parmi la noblesse parce qu’il ne parait pas être influencé par l’extérieur et déteste les intrigues. Les nobles puissants, spécialement Fernand II, duc de Bragance (un très riche propriétaire terrien), avaient peur de son arrivée au pouvoir et dès qu’il eut pris le pouvoir on vit qu’ils avaient raison. Après son accès au trône, Jean II prend une série de mesures dans le but de retirer du pouvoir à l’aristocratie et le concentrer dans ses mains. Notamment, il imposa l’approbation par le souverain des droits seigneuriaux terminant ainsi, par une habitude du XVe siècle, une lutte contre les traditions wisigothes maintenues durant la Reconquista et les règnes alphonsins. Ces mesures avaient aussi pour but d’empêcher les extorsions exercées par l’aristocratie sur le petit peuple. Rapidement, commencèrent les conspirations qui se terminèrent par la victoire totale du roi et la mort ou l’exil de ses opposants (1483). La tradition dit que Jean II commente ainsi le « nettoyage » du pays : « Je suis le seigneur des seigneurs et non le serf des serfs. » Après ces événements, plus personne, au Portugal, n’ose défier le roi qui n’hésite pas à régler les problèmes de ses propres mains. Le , le duc de Viseu, prétendant au trône, est poignardé à Setúbal de la main du roi [27]. Jean II est donc libre pour gouverner le pays sans plus aucune opposition.
Jean II est un grand défenseur de la politique d’exploration de l’océan Atlantique commencée par son grand-oncle l’Infant Dom Henri. Les découvertes portugaises et la recherche d’une route maritime vers les Indes sont la priorité de son gouvernement. Citons quelques événements de son règne :
- 1484-Diogo Cão découvre l’embouchure du Congo et explore la côte de la Namibie.
- 1488-Bartolomeu Dias croise le cap de Bonne-Espérance devenant le premier Européen à naviguer dans l’océan Indien venant de l’ouest.
- 1493-Álvaro de Caminha commence la colonisation des îles de Saint-Tomé et Principe; sont envoyées des expéditions par terre vers l’Éthiopie sous le commandement de Pêro da Covilhã.
Une partie des découvertes portugaises du règne de Jean II demeurent inconnues. Beaucoup d’informations sont gardées secrètes pour des raisons politiques et les archives de cette période furent détruites durant le tremblement de terre de 1755. Les historiens discutent encore sur l’ampleur réelle de ces découvertes suspectant que les navigateurs portugais soient arrivés en Amérique avant Christophe Colomb[réf. nécessaire]. À l’appui de cette hypothèse, on cite souvent les calculs précis du diamètre de la terre faits par les Portugais. Il y avait, au Portugal, à la fin du XVe siècle, depuis plus de 80 ans, une école de navigation, de cartographie et de mathématiques où travaillaient les hommes de science les plus habiles de l’époque. Alors que Christophe Colomb pensait pouvoir arriver aux Indes par la route de l’ouest, Jean II connaissait probablement déjà l’existence d’un continent entre l’Europe et l’Asie au-delà de l’Atlantique. Les voyages du mystérieux capitaine Duarte Pacheco Pereira à l’ouest du cap Vert furent probablement plus importants que ne le supposent les interprétations traditionnelles. La découverte de l'Amérique par Christophe Colomb est à l'origine des disputes sur la maîtrise des mers entre le Portugal et la Castille. Ce fut cette rivalité qui provoqua la signature du traité de Tordesillas le . Ce traité définit le méridien de Tordesillas et stipula que les terres à l’est de cette ligne seraient au Portugal et les autres à la Castille.
Mais la division du monde n’était pas le seul sujet de discussion entre les royaumes ibériques. Les Rois catholiques avaient plusieurs filles, mais seulement un fils, Jean, de santé fragile. La fille aînée, Isabelle, fut mariée avec le prince Alphonse de Portugal dès son enfance. Alphonse était le fils unique de Jean II et, si celui-ci mourait sans héritiers, Alphonse de Portugal serait le plus probablement, non seulement l’héritier du Portugal mais aussi celui de Castille et d’Aragon.
Cette menace sur la couronne espagnole est bien réelle. Les Rois catholiques tentent, en vain, toutes les voies diplomatiques pour annuler le mariage. Finalement, en 1491, le prince Alphonse meurt à la suite d'une chute de cheval durant une course au bord du Tage. La liaison des rois catholiques avec l’accident n’a jamais été prouvée mais ce sont eux qui y gagnent le plus. Durant le reste de ses jours, Jean II tente, sans succès, d’obtenir la légitimation de son fils bâtard George.
Jean II mourut sans héritier légitime le , à l'âge quarante ans.
Jean II est mort d'hydropisie mais vu la haine que la noblesse portugaise lui portait, l’hypothèse d’un empoisonnement n’a jamais été écartée. Avant de mourir, Jean avait choisi Manuel de Viseu, duc de Beja, son cousin germain, beau-frère et fils adoptif, comme successeur.
Il est enterré dans la chapelle du fondateur de style gothique flamboyant dans le monastère de Batalha.
Le surnom « le Prince parfait » est une référence au Prince de Nicolas Machiavel. Pour ses contemporains, c’était le « tyran ».
Mariage et descendance
modifierLe [28], il épouse Éléonore de Viseu, princesse de Portugal, sa cousine germaine.
De cette union naissent :
- Alphonse de Portugal (1475-), en 1490 il épouse Isabelle d'Aragon
- Jean de Portugal (1483-1483)
Il a également un enfant hors mariage :
- George de Lancastre (1481-1550), 2e duc de Coimbra et tige des Lancastre, ducs d'Aveiro
Titre complet
modifierRoi de Portugal et des Algarves, de chaque côté de la mer en Afrique et duc de Guinée par la grâce de Dieu
Ascendance
modifierNotes et références
modifier- Pereira et Rodrigues 1904, p. 1040.
- ↑ McMurdo 1889a, p. 500.
- ↑ McMurdo 1889a, p. 499.
- ↑ Stuart 1991, p. 60.
- ↑ Plunket 1915, p. 70.
- ↑ Plunket 1915, p. 71.
- ↑ McMurdo 1889a, p. 509.
- Sabugosa 1921.
- ↑ The Invention of Glory: Afonso V and the Pastrana Tapestries (lire en ligne)
- McMurdo 1889a.
- ↑ Newitt 2023, p. 127.
- ↑ Marques 1976, p. 208.
- ↑ McMurdo 1889a, p. 510.
- ↑ Stuart 1991, p. 136.
- ↑ Stuart 1991, p. 137.
- ↑ (es) José J. Esparza, ¡Santiago y cierra, España !, La Esfera de los Libros, (lire en ligne)
- ↑ Kirstin Downey, Isabelle : la reine guerrière, New York, Anchor Books, (lire en ligne), p. 145
- ↑ Bury, John B, The Cambridge Medieval History, Volume 8, Macmillan, (lire en ligne), p. 523
- ↑ Busk 1833, p. 76.
- Marques 1976, p. 209.
- ↑ Marques 1976.
- ↑ Newitt 2023, p. 126.
- ↑ Newitt 2023, p. 125.
- ↑ McMurdo 1889a, p. 528.
- ↑ Pereira et Rodrigues 1904, p. 1041.
- ↑ McMurdo 1889b, p. 1.
- ↑ L'Art de vérifier les dates, D Juan, Juan II, dit la Parfait, Vol. 12, p. 16
- ↑ (en) Éléonore de Viseu, dates et généalogie, Geneanet.
Voie aussi
modifierArticle connexe
modifierLiens externes
modifier
- Ressource relative aux beaux-arts :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
Erreur de référence : Des balises <ref>
existent pour un groupe nommé « note », mais aucune balise <references group="note"/>
correspondante n’a été trouvée