CAC3991
CAC3991
CAC3991
Pys d Biarn
PAU
G. CAZAUX, IMPRIMEUR,
PLACE DE LA
LIBRAIRL-,
HALLE,
EDITEUR
24,
24
M(CCXC
COUNDES BIARNS
Il n'a t tir de cet ouvrage que deux cent dix exemplaires tous numrots. 200 sur papier teint. io sur papier de Hollande. 210
Coundes Biarns
Couilhuts as Parsas miytads
dou
Pys d Biarn
U.Q.Q.
BZIERS
PAU
G. CAZAUX, IMPRIMEUR, LIBRAIRE, 24, PLACE DE LA HALLE, 24 MCCCXC
PONS MIQUU CAMELAT
DITEUR
. CAC
399 1
A Monsieur
EUGNE
LARROQUE
AVANT-PROPOS
COUNDES BIARNS
synthtise cette multiplicit de contes enfantins, piquants, moraux et souvent, aussi, assez... libres pour tonner aujourd'hui, alors qu'ils n'effarouchaient autrefois personne. Ceux qui nous ont prcds sur le sol barnais nous en ont laiss l'hritage : ils viennent d'tre enfin, pour la premire fois, recueillis et publis en volume avec un souci du got que les bibliophiles apprcieront. Certains de ces contes ont assurment veill, dans leur navet charmante, bien des imaginations d'enfant : Lou Loup et las Crabttes, Yan Capou, Loti Salbe, etc.; tandis que d'autres, au contraire, tmoignent de la finesse des habitants de notre pays privilgi et de leur culture intellectuelle des poques o le peuple franais vivait dans une ignorance que l'on a peine concevoir. Vouloir assigner une date prcise l'origine de chacun des rcits qui composent ce volume, serait une entreprise tout au moins prilleuse ; notre cadre troit ne nous permet pas de nous livrer ici l'tude approfondie quelle demanderait. Il est ais d'ailleurs de reconnatre, leur simple lecture, l'ge de certains contes. Quelques-uns sont, n'en pas douter, de la bonne poque, c'est-dire du commencement du XVIe sicle ; d'autres, sans parler de la si pimpante
AVANT-PROPOS
posie de M. Hatoulet, laquelle ne date que de 1825, trahissent leur jeunesse relative par leur allure et les particularits du rcit. Mais ce qui n'est ni douteux ni contestable, c'est que la plupart des contes barnais nous viennent en droite ligne du moyen-ge. Et ceux qui appartiennent cette poque de crdulit superstitieuse et de frayeurs naves ne sont pas les moins intressants. Satan, sous ses mille mtamorphoses, en fait le plus souvent les frais qu'il paye du reste invariablement. Au demeurant assez bon diable, il trouve toujours qui parler. Rarement le paysan barnais, cousu de finasserie, riche de mfiance et d'ingniosit, rsiste ses offres magnifiques ; il a seulement le soin de s'arranger pour tirer un agrable profit de l'infernal contrat, sauf n'en pas subir aprs les clauses synallagraatiques. Aussi le malin comme 011 l'appelait autrefois, taitil sans cesse roul, comme on dit aujourd'hui, par un plus malin que lui. Conus durant les longues veilles autour de l'tre et transmis d'ge en
ge, par la mmoire et les conteurs populaires, ces contes sont arrivs jusqu' nous aprs avoir emprunt aux diverses poques qu'ils ont traverses quelque chose de l'originalit qui en fait le charme. Les uns, fantastiques et merveilleux ; les autres piments au got du temps ou simplement ptris de malice et de jovialit, mais toujours avec une pointe de moralit ou d'observation naturelle; tous doivent au genre individuel, de mme qu'au genre national, leur forme arrte et dfinitive. C'est avec raison que La Fontaine a dit : jamais ce qu'on appelle un bon conte ne passe d'une main l'autre sans recevoir quelque embellissement . Ce ne sont pas seulement les qualits de l'esthtique littraire que l'on doit demander aux Contes Barnais, bien que ces qualits s'y dcouvrent trs souvent et trs relles, notre sens, mais aussi et surtout l'ensemble des ides dominantes et le curieux des dtails. Si Peau-d'Ane m'tait cont, J'y prendrais un plaisir extrme, a dit encore le fabuliste. A part le plaisir facile et certain que procurera la lecture des contes, les esprits inductifs y puiseront de prcieuses indications documentaires sur les usages, les murs et coutumes, les croyances et le ca-
AVANT - PROPOS
ractre des Barnais d'autrefois. Nous devons regretter que le chercheur qui les a recueillis se drobe nos remerciements ; mais tandis qu'il nous tait modestement son nom, son savoir de linguiste apparat au bas de chaque page sous forme de notes d'une relle rudition. Ce livre, nous pouvons le dire sans tmrit, a sa place marque dans la bibliothque de tous les amis des lettres barnaises, de tous ceux qui, sans cesser d'aimer la France, ont conserv un culte pour la petite patrie barnaise. B.
PREMIRE
PARTIE
Perqu sarcla ?
Mayrane qu'en ba ta sarcla, Paybou que la dits d s'esta, Tout o qui y aii roumn qu'y sta pla : Lou gouilh d'asith Qu'y y bith ; Lou jrjit
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2. Jrjril. Varit de la petite vesce; Lembeye, bssarit. 3. Agabra. Laisser le froment tendu sur le champ jusqu' ce qu'une pluie abondante ait amolli l'enveloppe du grain. Le battage, aprs l'vaporation de l'eau, s'opre avec facilit. Depuis 1830, on a renonc cette coutume. Une grle extraordinaire dtruisit alors toute la rcolte au moment oan agabraben (o la gerbe tait tendue~sur le champ.) Les machines dont on dispose aujourd'hui ont d'ailleurs
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PREMIRE
PARTIE
L'ura
Qu'y esta pla ; L'irague 2 Que l'mbriague ; Lou traque camy Qu'o rn fy ; Lou mndras 4 Qu'o rn gras ; L'alicoude 5 Qu'o saboure ;
Lou trou 6 Qu'y nta'ou bouou ; Lou cardou, Ta l'asou qu'y bou ; Tourne-t-n, may boune, Say bbe lou pintou.
rendu inutile tout lavage pralable de l'pi. On ne comprend pas en quoi la ronce peut favoriser un tel lavage. Il faudrait peut-tre qiiou catsre, (entoure le pied pour donner la plante plus de rsistance). Engarbra. Mettre en gerbes (arrondissement de Pau). Garbra. Mettre en gerbes (H.-G.). 1. Ura. Folle avoine.
2. Irague. Ivraie.
Orthez, sndgne. A
Sauveterre,
menthe. Pousse dans les terres grasses, s'il faut en Terre d mendi as Gonarde-la-t quoan Vas. Terre d pugut Bnt^-l si poudt.
croire ce proverbe :
Terre de menthe, garde-la-toi, quand tu l'as ; terre de renoue du teinturier vendez-la si vous pouvez. A Lembeye, pugul se dit pugdch. 5. Alicoude. Gramine du genre agrostis. 6. Trou, Trfle blanc.
II
Qu'y a myat la padre ; Manch, Peyhau, La sa ; Pardou, Lou capou; Tiroy, Lou pouloy ; Harie, La garie ; Bernt, Lou poulet ; Pdmous, Las sabous
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Lou grch ;
;
de Salies. Voiries
1. Dabt. (Quartier de la commune de Lahontan, canton contes : Lou Castra d Baylocq et La Yen d Lahounta.
2. Brys. Verger.
3. Badre de padre. Pole. 4. Manch. Terme de mpris, petit. 5. Las sabous. On dsigne sous ce terme gnrique les plantes odorifrantes qui servent relever le got de la garbure. Ainsi, le poireau, le persil, le thym, branou, etc.
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PREMIRE
PARTIE
Yan d Laga, Lou pga ; Moussu Dibat, 1 Qu'y mya u gran coumbat ; Lstbne, Quoan stou tout couyt qu s'at ana bne. En passan per dban Latou, 2 Qu'o hn hre d pou. Sntin 3 d Paris, Qu'at a tout bis ; Qu s'n ana ta dhn Coum u homi hre baln ; Qu-s bouta lou dit au eu, Coum u hre gran moussu.
1.
Latou. La tour. Nom qui est rest la maison du seigneur de Lahontan; 3. Sntin. Septime. Prnom donn au septime garon. Le dixime est appel :
Dtzitt.
III
Yan Capou
You qu sy u counde : Lou pt d la bourroungle, Las aguilhades dou bou, Lous sprous dou cabali. Lous cagnots d Bourdtte Qu-m courrn au darr. Qu-n gahi u per la coude, Qu'o myi nta Toulouse ; D Toulouse ntho Bourdou, T'ana trouba Yan Capou. Yan Capou qu dits la gouye : Gouye, gouye, bn tira by. N hr certes, Sgn Marty ! Yan Caporj qu prn u coutith, Qu-n la passe per la pith, Per la pith et per lous os, Qu la h ha quouate cabiros.
1. Bourroungle. Fronde. 2. Qu-n la passe per la pith. Il lui enfonce le couteau dans le ventre. Littralement Il l'en passe par la peau.
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IV
Msounyes
E boultz sab u histoure Toute plgne d msounyes, S'y a nat mout d brtat, Qu bouy sta scapitat. You m'n bail ta'ou cam, Ana laiira. Quoan arriby a'ou cam, N'attrapy pas pou d terre. Qu-m hiquy lous bouous darr'ou coith Et l'art' dbaith l'schre '. M'n tourny per u snd, Qu'attrapy u cassou d pres ; Qu'y foutouy u cop d barrot, Qu hy cade naii prus. La dane sourti ta'ou cassourra, Crida : A la crise ! M'nguicha 4 lou gat et lou ca, La crabe qu-m moussca 5. Qu-m moussca lou dit dou pe, L'ailhre qu-m sannabe. La dane s'en ana ta la cour dou porc, Et la trouye ta'ou lhyt malade,
r. Arl. Charrue primitive, sans avanutrain. Arns. Charrue (H.-G.). 2. Eschre. Aisselle. 3. Cassou d pres. Chne charg de poires. 4. Ensjuicha. Exciter mordre. 5. Moussca. Mordre, On dit aussi gmcq,
3
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PREMIRE
PARTIE
Lou mste n're l'arroustli, Et lou chiba la cousine. Las poures qu srnn ', Las guittes qu prstiben, L'asou qu'abitabe
2
lou hour
Et lou gat my habille, n're au miy dou soou, S'en pichabe d'arride. Bous3, nou pas you !
1. Sertie. Tamiser. 2. Abita. Donner la vie, allumer. 3. Bous, nou pas you. C'est--dire, c'est vous et non moi qui avez dit ce conte : dernier mensonge.
VI
Lou Salbe
Lou Salbe, lou Salbe, quign y plasn ! Qui dap attntiou l'scoute, d bou co qu l'apprn. Quoan l'amne s sor dou cos, s'n sor n gran pnsmn ', Trobe Sgn Miquou qui dbare, pla plat Sus u pyre d marbre, lou cap au sou lhbat. Qu'o dits : Qu hs doun tu aquiou, praube amne ? Qu'as hyt pndn toun tms ? As hyt amouynes as praubes ? As rbstit lous nuts, En crdn Diou, lou Pay, et n toutes sas brtuts ? Nenni, Nouste Sgn ;!, n m'a pas soubincut, Mes s you tournabi ta'ou pys doun souy bincut, Hri amouynes aus prabes, rbstiri lous nuts, Crdri n Diou lou Pay et n toutes sas brtuts. Nou hras, nou, doun tu, prabe amne, N'y tourneras plus. Bouriras dhn aquste cautre d'oli, Dap sept gouttes d ploum. D sept ans et sept dies, N touquras n a soum
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n a houns.
S'abs dit lou Salbe, Lou Salbe t'ar nsgnat, Paradis t'ars gagnt.
t. Lou Salbe. Le Salve Regina. 2. Gran pnsmn. Grande pense, grande grain te. 3. NousteSgn. Notre Seigneur, On dirait aujourd'hui : Nouste Sgnou. 4. Soum. Sommet. Dans ls environs d'Orthcz, on dit a bc.
r.
~~.
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PREMIRE
PARTIE
Lou qui ntn aquste prire Et qui n l'apprn, Qu'y u maii disn. Lou qui la sap et qui n la dits, Qu'y u maudit. Lou qui trs cops per die la disra, U amne d l'spurgatori qui tirra.
VII
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PREMIRE
PARTIE
Per aquith poun calera passa ; Lous pous dou cap qu-p trmblran. Lous qui pla hran, Qu'y passran, Lous qui ma hran, Qu'y cadran.
IX
Litanies d Marque-Souqure
Kyrie eleyson, Christe eleyson, Kyrie eleyson ! Madamiselle Franouse d Bourdiou, Espagnoou Cuyou
3 2
d Lagahe,
d Lanot,
Santou4 d Caiisslire, Espargate3 d Pussignoou, Pay dous asous d Hourcades, Porte-Lttre d Lourta, Courdouli d Cazou, Miye-biste d Casanabe, Yntilhsse d Cursnte, Noublsse d Jungas, Cossou6 d Yan-Paul, Troumptte d Puchou, Banitats d Cuyamndous,
1. Dans ces litanies, chaque nom de maison est prcd d'un sobriquet qui, d'un mot, rappelle un dfaut moral ou physique, rarement une qualit, ce qui semblerait indiquer que la raillerie tait chre au cur de nos aeux. Marque-Souqure. Littralement, section de la souche, Je la racine. Dans les cantons de Salies et d'Orthez, seciion se dit serre. 2. Espagnoou. Espagnol. Se prend toujours en mauvaise part. 3. Cuyou. Littralement gourde. Au figur, imbcile. 4. Santou. Hypocrite dans les choses de la religion. On dit proverbialement : Cadu qui prcheper sou santou. Chacun prche pour son saint, pour ses intrts. 5. Espargate. Savate. 6. Cossou. Conseiller municipal. 2
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PREMIRE
PARTIE
Chicane d Flournce, Passrou d Jouan, Patrasse 1 dCantou, Grnadi d Haret, Saryan d Laplace, Estaftte d Sarrailh, Bireloup d Casadaban, Tringuelu, tringuelaiit, D Flamt dinquo Pouylaut, Bouneporte Mounylous, Cudyuilhe 2 d Lsps, Capplat d Miramoun, Tartailhot 3 d Bordenabe, Brasouqu 4 d Castaings. Oremus. Petreigne tire-lgne; Lagouardat qu l'y courdye 5, Cabane, dab la canne, Cauloungue, dab la coungue 6, Maste, dap lou cabstre. Larroud, dap lou pith ; Barrre, dap la cautre, Et Laborde dap la corde. Amen !
1. Patrasse. Lourd d'esprit et de corps.
2. Cudyuilhe. Cul de courroie; injure.
attache le joug la corne du buf. Cugulle. Homme pusillanime; petit comme le chas d'une aiguille (Pau). 3. Tartailhot. Papillon; volage, faiseur d'embarras. 4. Brasouqu. De brase, cendre. Se dit d'une personiu malpropre. 5. Courdya. Lier avec une corde un second attelage l'attelage principal, pour franchir un obstacle, monter une cte. 6. Coungue. Mesure de capacit d'une contenance de dix litres. A Oloron, on dit : goungue ou goungalt.
Margalidt
dou marcat,
Quoan la saume, bou grat, mau grat, Ou s'scape per la carrre 3 ; Margot d courre. U moussult Qu l'stanca p'ou capult Et qu'o disou : B courrtz hre ? Hy, gouyatotte, ts d Bilhre ? O b o, Moussu, per p srbi. B counchtz doun Yanntte, Hilhe d Yan d Poupeby
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Coum lous qui-p bau you ha bous. Escusatz-m per la bgade, S dits la drolle, et qu houyou : Moussu qu souy bith drin prssade, Qu p'n demandi bin prdou,
1. Ce conte parut en 1825 dans le Mmorial des Pyrnes, sous le pseudonyme de Sophie. Sophie n'tait autre que M. Hatoulet, auteur de plusieurs ouvrages barnais fort estims. 2. S'applga. Se retirer. 3. Carrre. Rue. Dans le vieux patois, une petite rue s'appelait pustelle. 4. Poupeby. Tette-vin. 5. Crouchi. Rsonner.
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PREMIRE
PARTIE
Ms ta pla ha, courrtz dtire Ha'ous la saume. qui-s rtire, Qu'arribra purm qu you.
XI
DEUXIME PARTIE
d la mdiche mstiou. Qu'ren d la mdiche payre, autan broys, autan gouailhars l'u coum Faute. Malhurousmn la fumelle3 qu l'y ab badut u broc 4 au miy dous trabatiths ! 5. Dsmpuch labts qu crquabe d'arrouyt fi aii sou homi tout
1. Mntabe. Rappeler, mentionner, dire, nommer. 2. Qu disen tab. On dit aussi. Le collectif, en barnais, veut le verbe au pluriel. 3. La purmre jumelle. La premire femme. Fumelle ne s'emploie que dans le langage familier ; on dit plus souvent hmne. 4. Broc. Epine. Le fminin est broqtte, instrument taill en pointe de crayon, de la longueur d'un dcimtre et servant dpouiller le mas. 5. Lous trabatiths. Le cerveau. Au propre, charpente d'une maison, et au singulier, poutrelle. 6. Arrouyt, Querelle, bruit.
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DEUXIME
PARTIE
bire-coudt
gahabe aii cop d pugn, au cop d pe, gnacs et dap las yarpes garraches.
Praiibe Adam, quign re braboulas ! Qu s'na toutu plagne n plouran aii castith dou boun Diou. Lou Mste qu'o digou : Ben-t laba lou mousty3 la houn qui-s trobe au houns dou casaii, la barbe qu-t ba poussa et lou cote rassou4 qu s-t ba doubla . Atari qu h. Quoan la fumelle bi5 lou cambimn d la figure dou sou homi, qu'stou bith drin stounade, et qu boulou sab quign s're hyt aquith miracle. P'ou purm cop d la soue bite, Adam qu la h teste qu tincou bourdou 6. N la malici, n las dsoundres, n'ou poudoun pas ourbi lous pots. ha
Ah ! quio, s digou Ebe, qu'y ataii ! Attn ! attn ! et qu s'ana coupa au bec d'u cassourre7 u branque d l'spssou dou pugnt. Ms quoan s'n boulou srbi, Adam qu l'y pana et qu'n la bailha u mandilhade ! 8 Quign re illat lou prabc homi dqure braboure ; toute l'stoupe dou pys n l'ar pas boussat la pus9 : Tourn-t-y, toum-t-y,
Yarpes. Griffes. Mot nergique, exprimant une ide de frocit. Se dit surtout
des oiseaux. Les griffes du chat se nomment urpes. C'est ainsi que le proverbe a pu dire : Lou gai n h pas sourli las urpes sounque quoan hi bsougn. Le chat ne fait sortir les griffes que quand cela fait besoin. 3. Mousti, vient de mus, museau. 4. Courassou. De courait, cur de chne, force, courage. 5. Quoan la fumelle-bi. Quand la femme vit, Le qu se change en la suite d'un mot finissant par une voyelle. 6. Tine bourdou. Tenir bon. Bourdou, bton termin par un gros nud. 7. Cassourre. Fminin, jeune chne produisant des glands en quantit. masculin, chne fait. Cassourra, paisse foret de chnes. 8. Mandilhade. Vole de coups. 9. Pus. Partie infrieure du rectum. Cassou,
pus. Toute l'toupe du pays ne lui aurait pas bouch le rectum. On dit de quelqu'un
PERQ.U
LAS
FUMELLES
N'AN
PAS
LA
BARBE
AU
MENTOU
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qu t'en baillry bourrades. Las calttes, goure, qu baden caiilts. Praubine d tu, qu sauras qu souy lou mste dinquo qu portis moustache ! Ebe qu coumprnou qu cal bcha l'aie et qu h misse bche. Ms aqure cranc1 d moustache qu la biroulyabe, per dhns lou crbith E you tab qu'en ary s-s dis nter lns...! 2 Lou lndouma qu-s pnsa qu la hyte d la bilhe qu're desbroumbade. Qu s'approucha d l'homi dap l'arisoult as pots. Carsses n'y manqua pas, n poutins, n baylines ; bllou qu pallan d la barbe ! E-m bas amucha quign eau ha ta-n ab d parire ? Oh ! toque lou nas s-t sude !
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La moustarde qu coummnabe d puyata'ou cap dla fumelle, ms qu-s rapplabe dons trucs ; qu s'y gaha per la douou, qu'attourmra l'homi d tau fayssou, qu l'mbriaga d tan d poutous, qu'o h tan de baylades
4
d tn-
Ebe qu cluchabe
lous gouilhs, Adam qu'ous barrabe tout--fyt : yutyatz drinou d l'sbat ; qu'ren au Paradis et lou scrt qu s l'scapa ! Praubes homis, l'ourdi n s'y pas prgut, et quoan de hilhs n'a pas dchat Adam, hrts d qures fblsses. Ebe n'n boul pas sab my, qu gaha lou gallop dcap nta la hoan dou casaii ; qu'y trmpa las mas et qu s'n anabe frtta las machres quoan u mousque-caysque (las chibalires n'n hn yamy
qui a peur : Quair la pas bonne ta smia milh. Il aurait le rectum bon pour semer du millet.
1. Cranc. Intraduisible. Diable, dmon, drle.
2. Enlcr lns. Doucement. Littralement entre l'inspiration et l'expiration. 3. Toque loti nas srt sitd. Touche le nez s'il te sue. Proverbe ironique, quivaut : Non tu ne le sauras pas. 4. Baylades. Caresses que l'on fait en passant la main sur le visage de la personne aime. Au masculin, baylals, coups de poing. 5. Estrttes. Etreintes. Action de serrer. Ne s'emploie gure que pour exprimer la caresse de l'enfant qui presse sa d'affection. mre sur son coeur n bgayant des paroles
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DEUXIME
PARTIE
d'aiites),
Acassa la
mousque, frtta la plague, Ebe qu'estou dtire occupade dquro, et frtteTy-frtte ! Adam, pgnicat d rmors, qu s'n ana l'ntertan, n ta ha bara u lose 2 de cinq quintas sus lou gouilh d la houn qui ab brtut n ta la barbe. Dsmpuch labts, arrs nou Fan poudude mauta et pramou dquro las fumelles n'an pas la barbe aii mntou. Praiibes homis ! n-p lchitzyamy pourta las culottes. Las fumelles qu'an habillsse ta-p tira lous bermis dou nas et ta-p ngalina. Qu las ca soubn amucha cachaii, et dap lou courau, qui Diou p'a bailhat n balrtz pas for my qu'res s la boste lncou barryabe u scrt coum lou claquith dou mouly lou gra.
1. Houilhe d la psqure. Feuille du pcher. Expression proverbiale et faon polie de dsigner les parties sexuelles de la femme. 2. Lose. Pierre de schiste. Dans les environs d'Oloron, on dit lobasse : pierre laver. A Navarrenx, et Pau, lose signifie ardoise.
II
sec n trousse ! Qu'y ab Balansu u paysa d grane maysou et J boune rputatiou. Qu Pitnabe lou rnoum d'sta lou my riche dous ntours : bith by d case 3, detz ou doutze mtries, maysous
la bille! Qu're cousut d'scuts d chys lioures, qu'ous hs tringla n caminan, qu cal drin bd quign las biilhottes dou bilatye ou hsn srbnte ! Ah ! Diou mdaii, mous
4
Qu'ts u brabe homi, mous d Balansu ; lou boun Diou p gouardi d maii ! La Sgnte boune Birye Marie p bailhi boune bite ; srbnte, srbnte mous d Balansu ! Et mous d Balansu, illat de tan d laudous et d bndictions, qu tirabe atout pas lou sacoutot et qu bailhabe chts counda, ta qu poudoussin mntabe pertout lou coussud
5
d mous d Balansu.
Ouncoure s n'ab hyt d'ates houlies n'y ar abut qu miy maii ! Ms lou, ata qu'at boul lou mste, qu'ren dous qui tailhuquaben pas lou pa la lioure 6; la padre qu chisclabe7 d'arroun
1. Balansu. Balansun, village de l'arrondissement et du canton d'Orthez. 2. Arrpou ou Arrpourr. Proverbe.
3. By d case.
ainsi celle qui entoure son habitation et qu'il cultive personnellement. 4. Mous. Gros personnage, noble. 5. Coussud, de Coussut, cossu. 6. Nou pas tailhuca lou pa la lioure. Ne pas morceler le pain la liv.re. Pro-
verbe : prodiguer, ne pas mesurer la dpense. 7. Chiscla, bruire. Se dit du bruit que produit la graisse en chauffant dans la pole,
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DEUXIME
PARTIE 1
s'y passabe pas u marcat la bille qu n'arrousgasse en coude-l'y-sgue u bande d gourmands dbrouchou n brouchou . Entertan quign anaben las rcoltes? Qui sougnabe lou mayram4? Qui dabe tour las bstiotes ? Qui rglabe lous ahas d case ? Tout qu'anabe la bambolle 5; u ta bite n poud mya lougn : Mesure qu dure, galop qu nou pot. Per bith die doun, n'y abou pas my dins la tirette ; tout qu're arrscat ! Lou prabe paysa n sab my d quign cap tira, nta sourti dquiou : qu're coum u scarbailh tab, qu're ma. S Couht digou ith. Couht qu biencou, dap u hourquotte d boys la ma, biilhot et crouchit coum u prabt qui s'n dmande. Qu hn marcat per dtz ans. Dsmpuch labts lou nouste homi qu bougua my hort qu
7 6
as usurs, n'y cal pas pnsa, pramou dou dscrit. Ta tribailha la terre hre bche et qu l'y ab badut u gran pou la n-m da ayude d'aquste hore qu souy foutut s
travers. Trabouill. Celui qui embrouille toutes choses. Flamand. La plus grave injure qu'on puisse faire au menteur. Ce mot aurait-il une origine historique? Mais les relations des Barnais avec les Flamands furent toujours rares. Flamand s'emploie encore pour dsigner le flatteur. 3. Brouchou. Bouchon. Bouquet de houx suspendu au bout d'une barre contre la faade principale des auberges. Le bouchon, qui sert boucher une bouteille, se nomme boussou. 4. Lou mayram. Dans un sens gnral, tous les bestiaux d'une table. 5. Ana la bambolle. Marcher au hasard, sans ordre ni conomie. 6. Coum u scarbailh hn l'iionpe. Comme un hanneton dans l'toupe. Proverbe : Emptr dans ses affaires comme un hanneton dans l'toupe. On dit aussi : poisson au milieu d'un terrain couvert d'ajonc pineux. 7. Couht, Au propre, bonnet d'enfant. Au figur, le diable. coum u limite, comme un limaon. Et eticore,>!/ u pch au miey d'u louya. Comme un
LOU
BOSC
DE
BALANSU
37
h Mes n ta
tout qu'y a u fy ; lou termi qu're bllou scadut et lous luis d'or n bailhen pas l'arris n l'apptit quoan lou co n'y pas countn. Lou paysa qu badou triste, qu houyou d las coumpagnies ,coum lou Diable de l'aygue bndite, et dap pne s l'estoumac lou dmandabe d tms n quoan u coupichot d piquepouith. La hmne smabude d'u tau cambimn qu'o tira per la fy lous bermis dou nas, et qu la digou n plouran o qui-s passabe : Clu'y hyt u pactou dap lou Diable ! T ! n'y a pas qu'aquro, s rspounou re ? Oh ! ms n'y pas my qu dus quoans hores et s douma maty n sy pas dise quoan y a d snds et d sndrous hn lou bosc d Balansu, qu'y coumbincut qu Couht qu s m'n porte ! Ah ! inorme, b's-tu inorme ! Qu t'n das d tan petite cause ? Dchm-tu ha you; qu bas bde s'y malayse d couyouna lou Diable ! Dtire aprs qu-s hiqua toute curte ; qu s'ana unta hns u barrique d mou
2
et tournya-s dhns u
counne
d plumes. E
bdtz dciou nla la btroye mine qui hs n sourtin dquiou ? Bstide coum aquro qu s'n ana aii traslay dcap ta'ou bosc et qu s'ayaca aii pe d'u cassou. Satan qu passa bllou. Qu s'arrsta smudit : la fumelle n-s mata pas. Quoan l'abou pla guignade dou cap as pes qu digou : Bsty, hilhe d bsty, quigne diable d bsty s doun tu ? Plumes qu'as, cap qu'as, cames qu'as, coude n'as pas ! Qu'y a dtz et naii cns ans qu rolli lou bosc d Balansu, qu'y counchy na cns snds, sndrous et u, n'y ouncoure yamy troubat' nade bsty coum tu ! Et lou Diable qu tira lou sou camy n daban. Biste, per las truberses, la hmne qu s'n ana abrti l'homi. Prou lou aprs, Couht
1. Coum la lyt la cautre. Comme le lait
de tout ce qui crot ou embellit avec rapidit. 2. Unta hns u barrique d mou. Enduire dans une barrique de miel. On rencontrera cette barrique dans plusieurs autres contes.
DEUXIME
PARTIE
qu'arribe et moun paysa qu'o digou, dap la trmbltte aiis pots : Qu'y a na cns snds, sndrous et u aii bosc d Balansu ! Ey ata lou counde ? B'as doun tu my qu lous cinq cns diables au cos, rspounou Satan n arngan1. Et qu'o bin scoune-s aii miy d'u nlambrc, n han u bramt 2 qui rtrni d Paii dinquo Bayoune.
1. Arnga. Blasphmer, jurer, pester. Arnguii. Juron. 2. Bramt. Beuglement, l'action de bramer.
III
DEUXIME
PARTIE
Entratz, ntratz, amies; s la cabane per nouste y drin strtte, la ma qu'y toustm larye et lou guffet n manque pas soubn d lyt, d msture, n d mou. La tabailhe qu'stou lou tnude et lou brsp biste prs. U moumn, n s'y ntnou pas sounque lou batailh gaiiyousdou pastourlt qui dbisabe d las soues bnalyes Pierre ? Si b, Moussu, la nouste dane qu'y dbotte et pramou dquro, arrbouhique2. Qu'm sr prou malayse d-p dise toutes las qui s'n h bd au mste et you. Arribi d dore ? Qu souy u pan dard, u bau-arry, u bandouli qui n-s gagne pas lou mioussat
4 3 1
et las pela-
des . S dmouri drin tard, aii countrari, ta fni u tribailh prssat ou ta arroumra u fagot d scailhs,
7 5
d barru et d tout o qui pot passa per la lncou d'u fumelle ndiablade. Ah ! s'ri la place dou mste ! Jsus qui n'ab pas ouncoure dit nat mout, qu prncou la parale; et, dap la soue bouts autan clare et autan douce coum la my bre musique dou Cou : U tan brabe maynatye coum tu qu mrite d'sta hurous. H trs souhts, amie ; lou my poud qu'y gran ; you qu-t proumtti qu sran accoumplits. Dmande la santat, la fourtune et u place aii Cou, ou disou tout chouaus Sgn Pierre. Ya ! qu'as prdut lou cap, brabe homi; santat, qu'n y autan coum s'n y pot dsira ; fourtune, boul ana ta gnaute par.
1. Bnalye. Aventure. 2. Arrbouhic. Hargneux.
qu d bibe
oun soun baduts ; badoun, qu souy trop pla sus la terre ta m'n
3. Mioussat. Pain de mas miett, dtremp avec du potage, puis ptri au moyen d'une cuiller. Prend le nom d'airibanes lorsque l'on emploie du vin au lieu de bouillon. 4. Pelade. Chtaigne dont on a enlev la peau aprs cuison. Plat. Soufflet. 5. Scailh. Branche sche d'un arbre. 6. 'Dsstruc. Maladroit. 7. Barru. Vagabond. 8. Maye. Plus grand.
LOUS TRS
SOUHTS
DOU
PASTOU
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1
tout
cop qui tousschi ; d ha dansa lou mounde tout cop qui chiouli ; et d liga dap aqure corde tout o qui-m passi p'ou cap : lgnes ou bstis ou homis. Accourdat, s digou Jsus. Et qu s'n ana dap lous sous camrades. Lou dissatde brspe, la daiine n manqua pas d'ana ta la counfesse, dise lous pcats dous aiits ; et, bahide tab, lous sous. Lou pastourt qu la sgui per darr et qu s'ana ayuilha au houns d la Glyzi, hn u cor pla scu. A dare, tu et you, prabine, qu m'at bas paga tout n u cop, H-hm ! Ladaiine qu foutou u pt qui rsouna per toute la maysou d Diou. Las pnitntes qu lhban lou cap stounades et qu s'spian l'e Faute. Moussu Cur qu parchou n mdich tms et la ptassre qui-s crdou sabade qu-s hiqua biste hn lou counfssiounal. Moun pre, qu m'accusi H-hm ! Poum ! N'y pas coumprs, la mie hilhe, s dits lou cur. H, hm, hm, hm, hm ! Poup, poup, patapoum, poum ! Ouf! qu coumnci d coumprne trop. Qu'abtz loubnte drin nlouch p'ou moumn, ms tournatz-p'n ta case, qu-p ba ana counfssa boste. Hountouse, qu parti lou cap stuyat dbaith lacapuledou mantlet. Lou counfssou qu'arriba lou et lou pastourt qu roundalya tan et tan autour d l'oustau, qu' la fy lou marit qui tribailhabe p'ou ras, qu'o dichou : Ah ! et qu lou diable tournyes aquiou aii loc d'ana gouarda l'aiilhade ? Approuchatz-p tout chouas 2, mste, ntratz n ta dhn,
1. Daiine. Matresse de maison. 2. Tout chouans. Doucement, sans bruit.
3
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DEUXIME
PARTIE
qu'y batz bde cacarry qui-p ba stouna : la daiine et Moussu Cur n try d dansa lous Gibandris '. Arraiyous, smudit, lou mste qu'n ana au gallop, u barrot la ma, dscidat ha u malhur. Mes n'n abou pas lou tms ; u chioult qu-s h aiidi et atalou lou mste d dansa, lou cur d sauta, la daiine d pinnta
2,
coun manqua. Lou lndouma, lous trs dansdous, aprs ab toute la nouyt arroumgat3 sus aq'ure dansre, qu dbinan chts pne quouaii hre lou coupable. Qu'o hn gaha et aprs coundamna sta pnut. Au moumn d passa'ou lou las4 aii coith, lous yandarmes qu'o dmandan, siban la coustume, s'ab arry dise. Nou, d sgu, s rspounou lou pastourt. Soulmn qu'n boulri, boste coumande, da u petit r aban d mouri. Qu chiouli doun, crida tout lou puble, stounat d tan d gaiiyou aii pe d la poutnci. Dmandatz Moussu Cur s'y d quith abis ? Estacatz-m, stacatz-m, ymibe lou prabe homi, sinou qu-m ba tourna ha dansa. L'arris ats pots, lou pastourt qu s'approucha : Puchqu'y ataii
lou boste plas, Moussu Cur, qu ba fourni la corde ; et qu l'y yta as pes. Ms appne ab toucat terre, cur, yandarmes, homis et hmnes, touts qu cadoun l'u per dssus l'at ; et, n u clignt d gouilh, qu'stoun atourmrats, ligats etficlats. Lou pastou qu quitta lou pys n chioulan ; et, d sgu, qu'y dbou dcha hre d countntmen puchqu la parropi sancre re n try d dansa. Lou boste partatye sus la terre, fumelles, qu dou sta la bountat, l'amou, la caritat. N p'at dsbroumbitz pas yamy, per dbottes qui syitz, pramou qu'au loc dou bounhur, qu smirtz l'ntour d bous aiits, malhur sus malhur.
1. Gibandris. Nom d'un saut basque. 2. Pinnta. Faire de petits sauts; fringuer. 3. Arroumga. Ruminer, rflchir. 4. Las. Lacet.
IV
Las na brtats
U cop qu'y ab u paysa qui sbrousabe 1 tristmn lou sou bitatye. Dsmpuch lountms las anyes2 qu'ren mchantes, l'arrsim n coulabe pas, lou milhoc qu're chts gra et lou roumn qu lhbabe orguilhousmn lou cap. Dap aquro qu cal ha intrs et a cap d l'an n'y soubrabe 3 pas qu doutes. Ouncoure s're stat soul nta pti 4, n sr pas stat qu "miy malhur. Ms qu cal nouri u mouilh tuyoou la bit.
6 3
cinq maynadots chts counda lou chyza qui re ouncoure l'set qui anabe sourti aban lou die proche oun calr amarra
Mounde qu'y a n'an pas fourtune. Ta bad riche, lou nouste paysa qu'ar hyt tout : u pactou dap lou diable n l'aur pas sparit 8. Yustmn d'aquith moumn qu'y passabe u moussu, broy appilhat 9, dap bre bague aii dit et u cadgne d'or per dssus lou ylt.
1. Esbrousa. Dtacher du sarment les feuilles qui empchent les rayons du soleil d'arriver jusqu'aux grappes de raisin. 2. Anye. Anne. Ne s'emploie qu'en parlant des rcoltes. 3. Soubra. Rester, conomiser. On dit proverbialement : o qui soubre que. h anou. Ce qui reste fait honneur. Si petite que soit l'pargne, elle honore. 4. Pti, Ptir, souffrir, peiner. 5. Mouilh. Epouse. Ne s'emploie gure aujourd'hui que dans cette expression proverbiale ; Marit et mouilh, ce qui ne signifie pas ncessairement le mari et la femme, mais bien deux personnes unies par une tendre affection. 6. Estuyoou. Cachette. 7. Amarra. Lier au tuteur les sarments qui gnent la circulation. 8. Esparit. Effray. 9. Appilhat. Vtu.
44
DEUXIME
PARTIE
Qu'o dbisa lgrmn : Qu o qui as paysa, n smbles pas countn. Et lou paysa qu'o counda la soue pne chts s ha tira lous bermis dou nas '. N'y a pas aquiou oygue quo'ou cabilha2. S n-t manque pas qu richsse qu-t poutch, you, bailhat u barrique d luis d'or. Ah ! Sgnou, qu pouyri marida las gouyates et croumpa sncles mtries
3
ta'ous gouyats.
5
ou lou my
bith mayram d la cour . Nou, n'n bouy pas autan. La toue hmne qu'y mbarrassade 1.) brtat ? O, b o, Moussu. Qu-m bailhras lou frut et qu sram quits. Lou frut, Moussu, nouste n'y counsntiran pas. Lou frut, ou na brtats qui-m disras. Et lou Diable car qu're ith qu-s pnsabe : Yamy aquste pellc-higu
8
D'accord, Moussu. D'are nla qu's riche, tourne-t'n ta case, prn-t quouate baylts, broyes gouyes, bith chiba l'scudrie, h boune bite et tho las purmres. La richsse, qu'an bith ha et bith dise, n bailhe pas lou bounhur. Lou paysa qu pnsabe aii sou pactou et qu-s dis d nouyts et d dies : Quign hry, you, ta trouba las na brtats ? La mouilh qu're
1. Tira lous bermis dou nas. Tirer les vers du nez. 2. Cabilha. Chevilles du pied.
3. Sncles mtries. Chacune une mtairie. 4. Bnsibe. Revanche. 5. La mie bite s ca. Ma vie s'il le faut. Certains paysans estiment moins leur vie que leurs bestiaux. Voir le conte : Praiibe Marty. 6. Cour. Etable. 7. Embarrassade. Enceinte. 8. Pelk-higu. Ple-figuier, imbcile, idiot.
LAS
NA
BRTATS
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ouncoure mnch tranquille. Qu boul mlou mouri qu d bailha aii diable la carn d la soue carn, et lous os dous sous os. Bllou qu'arriba lou moumn tarrible. Qu'y badou u maynatye broy et bithxoumlou sourilh et la lue. Dtire qui-s h ntne lou purm plagnt dou praube sacrifit, la may qu h ayuilha
1
tndrsse qu parti tout drt ta'ou Cou : Sgnou, Jsus, maynadin dou boun Diou, sabitz la nouste ayude. Estntz sus nous las bostes manttes pitadoures et staubiatz2 qui dou paga las pgusses dou sou pay ! Lou boun Diou qu-s dcha touca per tan d f et tan d larmes et qu'mbia Sgn Pierre pourta counsoulatiou et ayude d'aquiths prabes afflyats. D bou co qu'n ana lou brabe Pierre, hurous d poud ha ayaca
4
l'amne d l'inoucn,
scarni3 l'atou d touts lous flous qui mpousouen la terre. Dtire qu h aii lhyt d la my bre crampe lou marit et la mouilh dap lous chys maynatyes. Eith qu-s sdou sus la cantre 5. Mouriqut n-s h pas attnde hre. Qu'arriba tout appilhat d rouy, u pa d cors au cap, u tihourc la ma. Lou houc qu sourtibe dous sous gouilhs et la soue lne qu pudibe lou soufre et lou bitum trubs las murailhes et las trncades 6. Qu dbisa et la maysou qu'n stou sgoutide dou soou aus
cabirous. Lou qui t'a hyt riche, paysa, Satan n persoune, qu-s bin couilhe lou frut qui y anouyt badut.
1. Ayuilha. Agenouiller. 2. Estabia. Epargner, conomiser. Proverbe : Lou purm stabiat,lou purm gagnt,
le premier conomis, le premier gagn. 3. Escarni. Singer, niche, affront. 4. Ayaca. Coucher. 5. Cantre. Bord. 6. Trcade. Cloison.
46
DEUXIME
PARTIE
Touts, qu trmblaben coum la bit tailbade, ms Sgn Pierre qu respouhou dap couratye : N soun pas aqures las counditious. Lou frut d'agan
1
qu'y
ta'ou Sgnou Jsus. Crque n daban. Aciou n'y aura yamy nat tisou nta l'iher. Lou frut ou nati brtats dise ! Ms las na brtats n las troubras pas. Dilhou, esprabe ! Dits-m'n doun u ? Lou sourilh qu lusch my qu la lu. Brtat ! Dits-m'n dus ? U homi qui a dus gouilhs sa tste Qu pot bde qui passe dbaith sa fernste. Brtat ! Dits-m'n trs ? U chiba trs ans, S n passye pas lou sou mste p'ous cams N balra pas yamy gran cause. Brtat ! Ditz-m'n quouate ? U car
2
d quouate arrodes
Yamy las d darr N'attgnran Las d dban Per tan qui courrin ! Brtat ! Dits-m'n cinq ? Lou qui a cinq porcs d pnuts Capbaith lou soul N'y pas hre spantat
3
LAS
NAU
BRTATS
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Lou qui a chys hilhes marida Qu'a d qu pnsa. Brtat ! Dits-m'n sept ? Sept pas d bouous Estacats dap u corde S n ptte pas Qu eau qu syi bin horte. Brtat ! Dits-m'n gouyt ? Si u maynatye d gouyt ans N'n ba pas p'ous bancs N balra yam Arr ! Brtat ! Dits-m'n na ? Qu'm na hns aquste lhyt. S nat bos pas crde, Say-z-c bde ! Brtat ouncoure ! Et lou diable qu parti n han u bramt qui s'ntnou d la mountagne au houns d la plane. Dsmpuch labts qu saben sus la terre et l'iher qu lou Diable n'a pas yamy troubat moule au nouste pys dou Biarn.
U bilatye maudit
Qu'abm toustm ntnut mntabe lous Bascous per d brabe yn, lou co sus la ma et la ma soubn uberte. Aquiou pourtan coum prtout qu'n y a d touts, yutyatz-n drin. U die, la Sgnte Birye, dap la permissiou dou sou hilh Jsus qu binou da u tour d proumnade ta dssus la terre. Lou hasard qu l'acamina dcap ta'ou billatye d'Ahurhutxa, au miy d'u pys sabatye, ms ply d sape
1
et lou roumn dap u force qui n'y pas habituade per lous parsas que trotte 5, qu'ana truca la porte d'u oustalt6 plasn
d la mountagne. Arrbrade , aprs cinq ou chys hores d'u lounet gayous oun y db ab broye aysince. Ta nou pas s ha counche, qu-s appilha coum u fumelle qui s'n dmande et qu l'ntnoun dise d'u bouts, doulnte : La caritat s-p platz, pramou d Diou ! Pater noster, qui es in ccelis... Qu're die d dissatde, n bascou, die d la Birye ; lou smman
7
qu're acabat,
et yustmn la
daiine n try d'nhourna ; qu la rspounou : N'y a pas arry d'aquste hore, amigue, ms rpausatz-p u moumntot, qu-p baii ha cose u msturou et aprs p'sta arrgoulade 8, qu tirratz lou boste camy n daban. Aii mdich moumn, qu prnou u pugnade d paste, qu l'stnou sus quouate houilhes d castagn, aii miy d
1. Sape. Sve. 2. Yountut. Jeunesse. 3. Parsa. Contre, quartier. 4. Arrbrat. Fatigu. 5. Trotte, Trotte, course. 6. Oustalet, d'ousta, maisonnette. 7. Smman. Provision de pain, de mas pour une semaine. 8. Arrgoulal. Rassasi. Hartat, se dit de quelqu'un qui mange avec gloutonnerie.
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DEUXIME
PARTIE
la sole brullante dou hour. Ms, miracle, la paste qu'nla, qu'nla, et qu badou grane coum u msture d dus bouchiths : Qu'y trop ta u mandiante, -s pnsa la fumelle et qu'nhourna u sigoun tros d paste my ptitqu lou purm. My grane ncoure qu badou la msture. Estounade d qure crchude straourdinari, la nouste dane qu h place ntte et per la trsaii rprse, qu'stnou d qu ha u nabith msturou. A gouilhs bistes, la paste qu s'allounca, qu s'arroundi et qu puya tho quoan place n'y abou my. Labts, las pilhes sprissades 1 d la mandiante qu cadoun ta terre, la soue figure qu cambia coum h lou cou u maty d printms, au moumn qui lou sourilh s'mbie lous sous arrays gayous et d'u bouts smalide
3 2,
qu disou :
Diou! Esbarride
ta rcbe la caritat ; ms puchqu'abtz pnsat qu're trop d'u msture ta la praiibtte, dare nla, las bignes qu-s squran per la coulline, lous cams n lhbran pas my qu milhouqutte, las ayguttes qui brioulyen au miy dous prats qu ban perde force et bite, et pramou d bous, las terres d quste pys yamy n sran ngrgnades
4
Dsmpuch labts, lou billatye d'Ahurhutxa qu'y u billatye maudit. En baganat5 qu l'an arrousat d sudous et d larmes, ata qu dmourra, tho quoan u nabre hade, la hade d la sapince, bini, du cop d bagutte, ha-y coula las arrious et tourna la terre la brtut d'approubagna
1. Esprissat. Dchir. 2. Esmalit. Colre. 6
6.
Approubagna. Multiplier.
VI
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DEUXIME
PARTIE
qu h u fas pas et qu'ana bbe u cop la grane tasse. Lou Diable qu courrou a gallop countn d s'n pourta u nabith coumpagnou d souffrnce. Ms my biste qu'ith l'Anyou, gouardin qu s're approuchat et n stnn la ma sus lou prabe mourt : En darr, n'y pas aquste u yibi d l'iher. Oh ! qu si, qu're s'ou snd d l'amou dfendut. N sr pas arribat au cap, la graci dou Sgnou qu l'ar ubert lous gouilhs. Ta'ou pcadou chts rpntnci, n'y a pas prdou, h-m place, aqure amne qu'y la mie. Yamy, ms puchqu'y a countste, tournam-lou la bite. S'n ba n dban qu t'en lou portes, s rcule, la soue amne qu'anra canta las louanyes dou Sgnou. Tau hyt, tau dit. Lou Moune, plat au miy dou poun, aprs ab rflchit u ptit moumn, qu h arrp1. Labts, l'Anyou qu s'approucha, qu dsplga las soues aies et, dap u gran countntmn, qu'ana pourta l'amue binhurouse quo las hatous dou Cou.
i. Arrp. Pied en arrire, action de rebrousser chemin.
VII
D Mouli Absque
Lou Rey dou Biarn qu s're u die sbarrit la casse. A bouque d nouyt, qu-s trouba lougn d Pau, au miy d'u pys saubatye oun n s'y bd qu cou et lgne1 et hous'2 et touye3. U arriou qu brounibe p'ou miy d la brouchague 4. Qu la sgui coum poudou, n s'schiqutan las sgues et qu'arriba au ras d'u grane bastissi oun n'y manquabe arry : oustau larye et plasn, glyse croutzade 5 ta'ous mstes ; cases ta'ous baylts ; mouly engragnat, trouilh mbinatat ta'ou pratibe mounde. Aqure aygue qu're lou La, aqure bastissi qu're l'Abadie d Sabalade. Au loc d s'n ana per la nouytade, ayatza no d l'Abat oun aur d sgu troubat masqudure d chous et aiimnance gayouse, lou Rey, coum u praubt qui s'n dmande, qu s'apoutya ta'ou Prbytoure. Lous Capras d Sabalade, cadu qu'at sap, qu soun stats d toustm yamy mntabuts per la bountat et la caritat. Aquiou la tabailhe5 qu're soubn tnude et la porte dou guffet7 toustm uberte. Lou biatydou n hsou doun qu sdes au cap d la taule et
1. Ligne. Branche d'arbre, copeau. Proverbe : AU cassou cadut, tout lou mounde qu'y h lgne. Au chne tomb, tout le monde fait copeau. 2. Hous. Fougre. 3. Touye. Ajonc pineux, 4. Brouchague. Broussaille. 5. Glyse, ouglysi, crouiiae. Eglise en forme de croix. Ce monument, de l'poque romane, compte parmi les curiosits de l'arrondissement d'Orthez. 6. Tabailhe. Nappe. 7. Guffet. Buffet. Armoire servant serrer le pain et les provisions de bouche.
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DEUXIME
PARTIE
la gouye
dou pailht
Lago, moultte d lardous. Quoan las tarrisses stoun bouytes, las qu s'y dbisa drin lgrmen et lou Rey qu s'aprcbou qu'ab ahas dap u bou maynatye qui soul mlou d lhba lou cout et chuca lou dit pos qu d dise youtipris 5. Per you, qu'aymi prou lous capras d quith trm ; ms lou Rey qui nou droumibe pas tout cop qui s'ou cluchaben las prpres, qu're d'u gnaiite abis. Qu'spraba d ha coumprne moun Cur "qu lou db d tout homi pla badut qu'y d mubla toustm lou sou sprit d'u nabre sapince ; nou russi qu'-s ha trufFa d'ith. La bite d quste mounde qu'y hre bre, dis lou Capra ; n sabm pas quign sram cra hore ; proufiytam doun tan qui poudm ; dbrtim-s pla ; minyam-n d bou ; bbm-n d cla et dcham lous libis ta d'aquiths pcs qui soulen d'ana crqua miy die quatourze hores. Qu srs, ma f, trop hurous s-t dchabi ata yangla. Qu ba drin cal cambia d gatous 6 et d'are nla, dise toute hore lou brbiari dsmpuch l'A dinquo l'Iste. Ha, ha, ha ! Quoan srs tout natre Mounsgnou qu t'n mbiri ta planta arrabes et calts. You qu dbisi et Mounsgnou qu'scoute. Qu souy lou Rey d Nabarre, Soubiran dou Biarn. Lou Rey! Dbisatz, Sgnou, lou boste baylt qu'adch
1
1.
Lagouye. La domestique. Les servantes des curs ont une rputation d'gosme On appelle ainsi un mlange de bouillon et de vin que les indignes
et de duret.
2. Goudale.
boivent dans l'assiette o ils viennent de manger la soupe. 3. Pailht. Vin Pailht. Mlange de vin blanc et de vin rouge. 4.,, Escarre. Gratter, ramasser avec une cuiller ce qui reste dans un rcipient o l'on a fait cuire des aliments, surtout de la pte ou de la bouillie. 5. Youtipris. Prires. Se prend toujours en mauvaise part. 6. Cambia d gatous. Changer de coutumes ; gatou, au propre, petit chat. 7. Audi. Ecouter, entendre.
DE
MOULI
ABSQ.UE
55
En u ms d gouy, qu-t troubras au my palays et qu-m sauras dise : En quoan de tms u cabali hr lou tour d la terre ; Quoan y a dciou quo'ou sourilh dou cou ; Oun y lou cntre dou mounde ; D quoan y la prgountou d la ma ; Quoan d bros calr ta carrya 1 tout lou sable d la ma ; o qui you bali ; Et ta fni, u cause qui n'aiiry yamy pnsade. Adiou, Capra, lou boun Diou qu t'ayudi' et moumbr-t qu'y a ouncoure u poun s'ou Gabe d'Orthez2, s'ou poun u tou, au be d la tou, u ferneste t'oun n puyen pas qu'u cop lous qu'an gouilhs ta nou pas bde, arilhes ta nou pas aiidi. Prabe Capra ! Dspuch aquith moumn la tarrible fernste n'ou sourti pas yamy d daban lous gouilhs, et, toute hore, qu-s hs ntne l'aygue brioulnte qui frtabe dap grane brousside, las arroques ngres d quith poun oun an coult tan d sang et tan d larmes. En loc nou poud trouba n paiis n cesse. Lou droumi qu s'n re anat dap l'arris et lou plas ; las bres coulous qu'abn fanit, et lou cap, tout pnn, qu smblabe, lou purm, boul parti nta la hosse. Lou Mouli qu s'n aprcbou. H, Moussu Cur, qu lou diable abtz-bous dspuch na ? E sr bouyte la barrique ? E srn fnits lous sos d l'Espurgatori ? Ah ! Mouli, b sr aquro u petit malhur ! U ptit malhur ? Qu s-p y aiira crouchit u cabirou d lasrimane. Coundatz-m drin o qui-p chgrine. Coum at poudtz pnsa, lou Capra qu-s dsboutoua d'ayse. Ah ! Diou mda ! Ey yamy lou poussible qu syatz bous u
1. Carrya. Charrier. 2. Lou poun biilh d'Orihe^. 3
au ras
faisaient monter les prtres au sommet de la tour pour les prcipiter dans le Gave par une fentre qui existe encore. 3. Cabirou. Chevron.
>6
DEUXIME
PARTIE
homi d plume, mbarrassat d tan thic d cause ? Qu-p baii, you, tira d quith hanga ', b"! Oh ! s hss aqure ! A d'ayse ! Lou Rey n p;a pas bis qu la nouyt, brtat? 0_u'm tous dus hyts la mdiche payre. Qu trouquram la chamarre 2 Manque countre la soutane ngre et qu'n lou disry tan qui bouilhi dou cap qui-n bo ntne. Au tms dit, lou Mouli, apilhat d ngre dou cap as pes, qu parchou au castith d Pau, dban lou Rey, ai miy dous Gntious et dous mayes sapins dou Royaume. Et doun, Capra, qu-m smble qu'as drin cambiat d pou et d coulou. Es doun prs rspoune ? O b o, Mounsgnou ! Bam doun. En quoan d tms u cabali hr lou tour d la terre. . En binte-quouate hores, s lou chiba courr prou biste. Quoan y a quo'ou sourilh dou cou ? U cop d gouilh. Oun y lou cntre dou mounde ? Aciou, dbaith lou my talou et s'n y a nat qui disi lou countrari qu m'at probi dtire. H ! n t'n tires coum u dmoun ! D quoan y la prgountou d la ma ? D'u yt d pyre. Quoan d ma ? bros calr ta carrya tout lou sable d la
U soul s're prou gran. , Pla dit, ms n's pas ouncoure Santus. Dits-m o qui you bali. Qu p'y bouy ha boune pugnre : qu baltz trnte-u dins. Sounque aquro ? Nouste Sgnou, Jsus, lou Rey dou cou et d la^terre, qu're
1. Hanga. De Hangue. Boue, lieu couvert d'une boue profonde. 2. Chamarre. Synonyme dechartse, longue blouse.
DE
MOULI
ABSQ.UE
57
estt bnut per trnte ; qu-m pnsi doun qu s p'stimi u din d my qu-p hy hre d'anou. Anm ! qu by qu dap tu n'y a pas hre moule. My qu nou pnsatz, Mounsgnou. Aciou, qu t'ayarpi. Dits-m la cause qui n'y pas yamy pnsade. Lou qui bo guilha Guilhot, Guilhot qu'o guilhe. A qui crdtz d dbisa, s-p platz ? Au Capra d Saiibalade. Ah! b-p troumpatz hre : qu dbisatz aii sou Mouli. E l'artz yamy pnsade, aqure ? Nou, la f, hoou ! Tab d'are nla, qu sras tu, lou Capra d Sabalade. Merci, Mounsgnou, Capra ou Mouli, tout aquro n ba pas u din. Qu sras doun Absque. Es countn, aquste cop ? O b, d sgu, Mounsgnou. Et qu'y ataii qui, Saiibalade, d'u Mouli hn u Absque.
VIII
Et toutu force d sougn et d tribailh, u d quiths misrables, qu'ab poudut ha drin d cabau 4, nouri u mayram la cour, et dus doutznes d'aouilhes au cldat 5. Grane ylousie qu'ab, pramou dquro, yrmiat au co dou Sgnou. Lous sous mstes d'ahas n'abn pas .poudut n dspiyt d mantrus rcrques, dshrni
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6o
DEUXIME
PARTIE
garie nta Madame qui ab drin d ma l'stoumac, tantos u aque arpastade 1 ta figura la taule dou mste. Et n s'y prd pas yamy u occusiou d sanna lou prabe diable toutes las bgnes. U die dou ms d'abriou, lou nouste paysa, miyes d'scanta
2
la terre, qu'adi u plagnt dou coustat d la plchade, et qu'n abou touts smabuts lou co et las ntrailhes. La my bre ansqutte dou troupith qu bin d hiqua bach u agnrtte qui proumtt d'agouilha 3 drinou la causse d l'stuyoou. Tab quign stoun sougnades la may et sustout la hilhe ! Lou paysa qu-s tira lou tricot d dssus, ta troussa l'agnre coum s're stade u maynadine et aprs qu l'ana stuya dbaith lou carrioith 4, l'ndost 5 d la bise ncoure frsque dou printms. Lou Sgnou qu passabe tout yus d'aquith moumn. Qu'ntni lou be, be, d'u agnrt tout frsc badut. Brtat qu'y, Mounsgnou. Qu bas carca'ou darr l'squie6 et pourta'ou dtire ta'ou
castith. Mounsgnou, chts p dsplase, aqure bstiotte qu'y la mie ; spiatz acra hore la may qui pch n lhban d tms n quoan lou cap dou nouste coustat. Qu-t troumpes, paysa ; n'y pas hilhe d'aouilhe aqure agnre, rr.s dou carrioith aciou prsn qui m'appartin toutu coum l'art, lou coutre, lou bros et tab l'arrascle 1. Qu bal milhe arroumga qu dbisa. Lou paysa doun, dap la mour au co, qu-s plgua la coummande dou Sgnou. Ms lou dimnye d'aprs, quoan la misse stou dite, qu s'ana sde aii cor dou porye, u ligne la ma, et aquiou qu psquabe dap
1. Arpaslat. Engraiss. Engrcha (H.-G.). 2. Escanta. Herser. ^Arrascla (H.-G.).
4. Carrioith. Brouette. <;. A l'ndost. A l'abri. 6. Esquit. Les reins. ANavarrenx et Oloron, on dit la rie. 7. Arrascle. Herse.
LOU
SGNOU
ET
LOU
PAYSAA
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l'attntiou d'u homi qui spie nada lou sou dinna au my prgoun dou Gabe. Tout lou mounde qu s'arrstan, lou Sgnou dap lous ats. Lou paysa chts ha nade attntiou las couyounades qui'ou brouniben las ailhres, qu lhbabe la ligne, qu la tournabe pausa et qu hs smblans d garni d pchs lou sacoutt qui'ou pn dbaith l'spalle. Ms qu'as prgut lou cap, ou disou lou Sgnou ? Prqu doun, mste ? Pramou qu ta psca, qu eau ana nta i'aygue. Ah ! b-p troumpatz hre ! Qu m'y aiitan aysit you d gaha aciou u doutzne d troguens1 coum aii boste carrioith d ha bre agnrtte. Innoucnte bnynce ! Hurousmn la ly, coum lou sourilh, qu'arraye gouy ta tout lou mounde et lou Sgnou, s'n a dou sou, qu'n a dou bou 2.
1. Troguens. Goujons. 2. S'en a dou sou, qu'n a dou bou. S'il en a du sien, il en a du bon. Proverbe:
Celui qui a du bien, est aussi son aise que le joueur qui a des atouts.
sas. Quoan n'y abou pas my aii castith n u quoartau3 d milhoc, n u bouchith4 d roumn, n tan soulmn u galaby3, qu calou pnsa bne lou fiaii : las Ahittes, Bordes, Sgues
6
et u partide
d Moungn, tout qu'y passa. Lou croumpdou, Sgnou d Dognen et d'aiistes locs, my amie dous dibrtissmns qu dou pla-ha, n sab pas o qui caritat boul dise. Paysa et ca qu're tout u nta d'ith. B s'y h labts hre d courbades d las Ahittes Dognen !. Et quoan lou Sgnou re d lu ? Qu cal parti d la couline nta la plane, ana srbi as plass d tout ourdi qui binn au gous dou mste. Tan pis s lou roumn -s bntabe7, tan pis s'y ab presse as prats ou per la bigne ! Aii nouste pys, qu'y a toustm abut u homi ou gnaiit ta lhba lou cap au moumn qui touts la couaben8 douce.
1. Luc. Voir la note i du conte Lous graouilhs d Luc n 5 de la 8 partie. 2. Encaithide. Arrt de la croissance ; arrucat, entcat (H.-G.). 3. Quoartau. Deux mesures, c'est--dire quarante litres. 4. Bouchith. Boisseau, cinq litres. 5. Galby. Piailhou. Chagou. Dcime. 6. Ahittes. Section des bornes. Bordes. Section des granges. Sgues. Section
des ronces. 7. Bnta. Venter ; dans ce cas spcial, dtacher le grain de l'pi sous la pousse du vent. 8. Coua. Couver. Coim-l-douce. Courber la tte.
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DEUXIME
PARTIE
U paysa doun, my hardit qu lous ats, qu'abou l'ide d dsbarassa la countrade d la tyrannie et dou tyran. Lou castith d Dognen qu-s trobe quouate pas dou Gabe. Lou Sgnou qu'ab plantt au miy dou briou 1 u pa d piquts, et au mouyn d quiths piquts, stablit u yumpe2, oun hs yumpa lous sous sutycs, au risque d'ous ha bbe u cop d my, s la corde ptabe, ou s lou bari' ous mbiabe lou cap n daban ta quoouque hounimn4. Lou Paysa d las Ahittes, youn, lste, sbrit5, qu hs mille tours d hardisse et qu dbrtibe per dssus touts, lou mste et la noublsse dous ntours qui courrn ta youi d quith spctacle. U die qui l'assistnci re my bre qu d coustume, lou paysa qu s'amucha ardn et ply d broye graci, coum yamy n'n ab pas hyt autan. Aprs ab rcbut lous coumplimns d las dames, qu s-p bire dcap ta'ou Sgnou et dap u paraltte autan daurade coum las aies dou parpailhou qui boule au miy d las flourttes, qu'o h coumprne tout lou plas qui prn d'aquith sbat et qu l'appourta tasta-y u ptit drin ta s'n rnde coundes. S'ou purm moumn, lou Sgnou n'ntnou pas d qure ailhre. Dbrtissmns d quith ourdi qu soun bous tan soulmn nta la canailhe. Ms aprs qu'abou poou d passa per paiiruc la biste d las fumelles et qu puya ta la yumpe. Au paysa d las Ahittes qu rbin d drt l'anou d balana lou mste. Dou coummncmen, la yumpre qu marcha prou pla, ms bllou, las poussades d my n my hortes qu'o hn Ihba lous gambilts 6. Touts, noubles et baylts, qu courroun l'ayude. En mdich tms, lou paysa qu s'squiouba coum bre lbe qui a lous
1. Briou. Courant.
2. Yumpe. Balanoire.
1 3. Baril. Vertige. 4. Hounimn. Trou profond d'une rivire.
5. Esbrit. Eveill, hardi. 6. Gambill. Vrille. Lhba lous gambilts. Expression proverbiale, tomber les jambes en l'air. Vrille. Biroun (H-G.).
FRQ.U
BALANCE
DE
LUC
AT A
MKT.VBUT
65
lbrs las trousses. Quoan pnsan a'ou prsgui, n're pas my tms qu'ab hourat dou pe lou soou d Luc, oun lou Sgnou, gran amie d mous d Lapuyade ou h arcouilhnce amistouse. Qu'y h souque d brabe yn ; et lou petit puble, ta hounoura l'adrsse qui ab hiquade balana lou Sgnou d Dognen, qu'o mntaboun Balance.
aqure bountat qui l'a rndut tan amistous ta touts lous publes d la
Coarraze Paraulttes tout aquro. A Paris qu'y a tan d tribailh et d plass ! N pnsras pas my ais tous amios d la mountagne. Ah ! glori d malhur ! E pot doun sta la Frsnce my bre, my aymadoure, my grane qu lou Biarn et la Nabarre ?
1. Coum bre Madlne. Comme belle Madeleine, comme Madeleine la pcheresse :
expression proverbiale.
2. Pau, capitale du Barn, chef-lieu du dpartement des Basses-Pyrnes.
3. Ribre. Plaine. Rivire (H-G.). 4. Coarraze, commune du canton de Nay, dans l'arrondissement de Pau, o s'est passe l'enfance de Henri IV. Possde une glise dans le style ogival et une maison carre d'une architecture remarquable.
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1
DEUXIME
PARTIE
qu-m biyratz ha bsite au my palays dou Loubre. Cinq, chys, gouyt, dtz ans qu s'ren passats et per aciou n'abn pas arrbis lou plumt blanc. Lou tms qui gouarcb tout, qu'ab amourtit la doulou et hyt sca las larmes. Soul, lou pay nouriss n poud nas dsbroumba. U die d l'hibcr, arrgoulat d'attnde, n u moumn qui lou tribailh chimabe, qu s'acamina dcap nta Paris, las biasses1 capbaith lou coith2, u yambou d l'an passt, dap u roumatye d la balle, hn las biasses nta'ou ptit Henricou. Tout, la grane bille, qu'o smbla stranye : lou brut, lou moubmn, las maysous et las pilhes, tab lous homis. Arribat au Loubre, u gouarde dou cos qu l'arrsta et qu'o dmanda o qui boul : Bde Henricou, lou my hilh Henricou ! Aqure rspounse soulmn qu'o poudoun tira d la bouque. Lous sourdats qui abn courrut, crdn d bde u hoou, qu'o bouln foura d sgui u gnate bie.
3
Ms ith qu s'sbatt, n cridan biahore 4, coum soul d ha au miy dou bosc : Qu souy arribat d Coarraze, mbitat per Henricou, lou my nourigat5 qui y Rey d France; et, a gran Diou bibant, n m'en tournry pas aban cap d'an ! Qu fnin per lou coumprne et qu'o hn ntra la crampe d'attnde, pramou qu're die d'aiidince, et aquiou coum aiis moulys d per nouste, lou purm arribat, lou purm pugnrat7. Hre mpaithat8 qu're, lou prabe paysa, aii miy dous courtisas truffands9. Toute la soue persoune qu-s mandabe railhries, la figure nngride p'ou sourilh dou Miydic, l'ana, la biasse et lou
3. Bie. Voie, chemin, 4. Biahore. Cri d'alarme. 5. Nourigat. Nourrisson. 6. Diou biban. Dieu vivant, juron barnais. 7. Pugnrat. De pugure, poigne de grain que prlve le meunier pour son salaire. 8. Empaithat. Embarrass. 9. Truffand. Moqueur.
LOU
PAY
NOURISS
D'ENRICOU
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yambou,
la chartse1
marrou. Que s'n l'arridn et lou sou biilh sang biarns qu'arrbouribe : n poud pas my pith abasta2. A Coarraze n hn pas tan d fayous ta arcouilhe u amie ; hter dns qu maudibe aqure catabe
3
qui l'stuyaben Henricou. Tout d'u cop qu l'aprcbou per u porte ntruberte. Qu poussa labts lou my bith anilht4 qui-s syi hyt ntne dbaith la srimane5 dou Loubre et dap la force d'u youn homi, cops d pugn, cops d pe, qu traqua6 u snd, qu'ourbi la porte dus battans et qu sauta au coith dou Rey n l'appran : Henricou, lou my Henricou! Lous courtisas stabanits d tan d'aiidaci, qu-s crdoun la fy dou mounde, quoan bin lou Rey tourna carsses per poutines : Aqures canailhes, qu m'an hyt attnde trs hores d cap nsus ' et qu-m bouln mpcha d-t bde, lou my hilh, dis lou paysa n amuchan lou pugn. S'as atati tous lous baylts, bailhm u hourque trs pus8 ta qu'ous acassi dtire, qu'mpchrn d'arriba nquo tu lous tous milhes amies . Cpndn, tout d'aquste mounde qu'a u fy, las merques d'amistat et d tndrsse coum lou reste. Bllou doun, lou Rey qu passya lou pay nouriss per las crampes dou Loubre. Lou paysa qu'at troubabe tout hre bith, ms d richsses et d mubles daiirats, au Biarn qu'n an payrance9 et qu dmanda d'ana ha u tour ta la cousine. Dtire qu'y stou, qu lhba lous gouilhs nta'ou soul et qu-s hiqua rmuda tristmn lou cap : Oh !
1.
Chartse. Blouse qui descendait au-dessous du genou, et presque compltement N poud pas my pith abasta. Il tait bout de patience. Sa peau ne pouvait
en contenir davantage. 3. Catabe. Gens de rien. 4. Anilht. Sorte de cri trs fort et trs allong qui ressemble au hennissement d'un cheval :. onomatope exprimant la joie. 5. Srimane. Fatage. 6. Traqua. Trouer. 7. D cap n sus. De tte en haut. Debout. 8. Pu. Pointe. 9. Ab payrance. Intraduisible. Se passer facilement de quelque chose.
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DEUXIME
PARTIE
carnau
caii tab minya et aciou n s'y bt pas tan soulmn u perne2 d lard. Quign hs doun nta bibe ? Dap quign arpast3 ngrches lous gourmans qui-s gratten las uncles per dhn lou tou palays ? Lou Rey, n baganaut, qu l'spliqua qu n s'y tu pas nat porc au Loubre d France. Qu dous ab soubn hamy, Henricou, amie ! E t'n soubins quign res hurous, au cor dou nouste houe, quoan may boune t' bailhabe msture4 toste dap bre masqudure5? Qu'as boulut sta Rey d Paris. Tout o qui by aciou n-m probe pas qu'ayis gagnt au chanye. Crt-m, dche aquiou la grane bille et lous mssatyes scarnious, tourne-t-n ta Coarraze; arr n t'y manqura, n lou lytatye frsc, n lou roumatye gras, n la rble6 d msture au chue d la tranchtte ! o qui rspounou, Henric, l'histoure n'at dits pas. Soulmn lou brabe Rey qu dbou mantru cop, n dspiyt dou sou rnoum et d la soue grandou, rgrtta lou pla-sta qui s'n ab pourtat nta Coarraze lou pay nouriss dbaith la sole dous pes.
..i
Lou bounhur qu'ayme l'oumprtte et qu houy lous soumts oun s'y bt trop soubn l'nlame d l'nlambrc, oun s'y ntn trop d'arroun l'arrouyt d la prigglade1.
1. Cama. Viande neuve. Porc engraiss que l'on tue pour la provision de l'anne. 2. Perne. Pice de lard.
3. Arpast. Bouillie paisse de farine de mas dont on engraisse le porc. 4. Msture toste. Pain de mas grill. 5. Masqudure. En gnral, toutes les provisions de bouche autres que la msture ; dans un sens plus restreint, tranche de lard ou de jambon. Ce qu'on mange avec le pain au goter. 6. Rble. Tranche de msture. 7. Prigglade. Bruit du tonnerre, de la tempte.
XI
u die, d coumpagnie, lou purm crqua fourtune, lou sigoun pourta u cdule. Qu s'ntnn n camy coum las cordes dou bioulou et qu-s coundaben las loues bnalyes. Bllou qu hn rncountre d'u paysa qui labourabe las terres. Lous bouous qu'n anaben d tort ou n tiraben pas prou biste, d manire qu lou labourdou qu cridabe, qu'arngabe et qu dis las praubes bstis : porti ! T ! aquiou qu'as u prse, disou l'ussi. Nou, pas nou, rspounou satan, aquith souht qu'y hyt dou cap dous pots. Et qu tiran n daban. Arribat la maysou dou plytyiste 2, lou mssaty d la chicane, dap lou my broy arrisoult, qu bailha lou pap timbrt la daiine. Ms dtire qui coumprnou la cause, la fumelle qu-s hiqua crida : Ah ! qu lou diable qu s p'n porti, bous et las bostes cdules ! Aquste cop lou souht qu bin dou co, disou lou diable, et qu s'n pourta l'ussi.
1. Malin. Mchant. 2. Plytyiste. Plaideur. Playdjayr (H.-G.).
XII
nter Brnx2 et Salles-d-Bare3 s'ou bord gayhasn dou Aquith diable, atau qu
Gabe d Pau. Gouy lou die, qu s'y bt ncoure, s'ou cuccurucqut4 la place oun re bastit lou sou castith. disen ou mn Brnx, n're pas brigue smalit; et, l'ntour dou touroun, n'y hs pas maii bibe. D sgu, n db pas sta d la mdiche souque qu lou d i'banyili qui soul d smia maies obres pertout oun pasabe lou pe, pertout oun hs oumpre d las soues aies maudites. En u mout coum n mille, qu're u bou diable aquith diable, per sta diable. Arribat l'atye oun psen s'ou cap las bioulttes madures, oun l'squie, force d plga et d quilha, a cssat d singla d'ayse, lou diable qu pnsa prne drin d rpaiis et qu-s hiqua n cerques d'u bourd5 d rnoum : n'y pas o qui manque au pys dou Biarn. Qu h rncountre d'u d quiths lurous d Brnx qui an accoustumat d boutya6 autan soubn per lous marcats coum d'oubra per lous cams ou las aiitys7. Qu poulician sus parchmy : la rcolte, miyes ; tout o qui
I.
3. Salles-d-Bare. L'appellation officielle est Salles-Mongiscard, (canton de Salies)Battre, nom d'un quartier longeant le gave de Pau, o se trouve un tablissement de bains qui fut autrefois trs frquent. 4. Cuccurucqut. Point culminant. 5. Bourd. Mtayer. 6. "Boutya. Faire le commerce des bufs. 7. Atys. Vignes hautes. 5
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DEUXIME
PARTIE
parch per dessus terre nta'ou mste; o d dbaith nta'ou bourd. Maquiguou et malin, aquste qu h prtout poume d terre. Au cap d l'an, lou diable qu s'aprcbou qu s're troumpat et qu dmanda u cambimn d counditious. A l'ndaban, las arrditz qu s'ou rbinn et lou reste qu're ta'ou bourd. Lou bourd qu're d boune countnte et n rbatou pas u mout ; soulmn n smia pas sounque roumn. Lou mste qu'n pnsa perde lou cap et, ta nou pas troumpa-s, qu-s rstba nta d'ith, la trsaii anade, las arrditz et la belle1 et n dcha pas au mssatye sounque lou miy d la rcolte. Lou bourd n'en boul pas d milhes et lous bious n'an pas yamy bis u milhouca2 coum lou qui badou labts au touroun d Sgn-Picq. Tan pla qu lou bourd, la fy d la trine3 qu-s trouba riche et lou mste praube. Aquro n poud pas ana. Lou diable, dap u truc d la soue bagutte, qu cambia, per u bith die, la sole d la terre. Pnsatz s'stoun stounats, Brnx, quoan bin broys bouscatyes et brdes pradries oun n'y ab quo labts abut qu terres labourdisses. Qu'stou ncoure u cop arrhyte la poulici. Qu croumpan, gazailhes4, u troupith d cn chibas, coumbincut soulidmn d parti
5
que bsita labts l'scudrie et lou bourd, toutes gouytnes, qu'anabe dise au mste : Qu m'a calut nclouta u chibaii, u cabale, u pourie. Lou diable qu-s mschida qu' l'scounut, chibaus, cabales et pouries qui prnn la bie dou marcat, ta augmnta aprs lou caba dou maquignou.
1. La belle. Cime de certaines plantes, dsigne plus particulirement
la cime du
mas.
2. Milhouca. Rcolte du mas, le terrain lui-mme o se trouve cette rcolte.
3. Trine. Espace de trois ans. Dsigne aussi dans un sens plus gnral une poque quelconque fixe d'avance entre parties contractantes. 4. Gasailhe. Cheptel. Gasailha. Preneur du cheptel. 5. Parti. Partager, partir. On dit proverbialement : Quoan la psqure flourch, lou die p'ou bith miy qu-s partlch. Quand le pcher fleurit, la journe, par le beau milieu se partage.
LOU
BOURDRATYE
DOU
DIABLE
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P'ou darr cop qu'arrpoulicia d nabres counditious. Qu'stou arrstat qu lou purm qui dbisassi d bsti mourte qu db perde la bite. Aquro n're pas hyt ta ha gran puchou au bourd. U die qu'ana truca l'ousta dou Sgnou : Mste, u gran malhur ! Ta you, n'y pas cause stranye, dbise ! E sabtz lou bith chibau blanc, hilh d la cabale grise ? Qu l'y a arribat ? Qu nou minye, Qu nou bou, Et qu nou h o qui dou Labts qu'y doun mourt ? Bous qu'ts mourt, moussu. Homi d parale, lou diable qu parti aus quouate pes dcap ta'ou 2 Gabe et qu s'ana yta dbaith lou poun d Brnx . Yamy arrs n poudoun trouba lou sou cos. Aqures bnalyes n pourtan pas bounhur au touroun. La miytat qu dmoura couberte d lgne saubatye, d touyes et d sgues. Tan qu' Faute miytat, n'y pas gouy lou die sounque truques d sudous et d pnes qui la poden ha lhba ou milhoc ou roumn. Darr d la soue race, lou bourd qu'stou taby lou darr qui s'nrichi d'aquith charman parsa.
1. Qu nou h o qui dou. line fait pas ce qu'il doit : il ne... digre pas. 2. Lou poun d 'Brnx. Le pont de Brnx. L se trouve un gouffre renomm dans 1
la contre et qui a donn naissance ce proverbe : La counchnce, que Va dbaith lou poun d Brnx. La raison, il l'a sous le pont de Brnx, c'est--dire qu'il n'en a pas du tout.
TROISIME
PARTIE
3. Rma. Louer. 4. Soutade. Gages d'une anne. 5. Ynses. Les plus grands, les plus beaux.
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TROISIME
PARTIE
qu ca ab hyt u arras d
roumn. U arras ! Lou tribailh d dus homis gouailhards et hyts au msti.- Qu coummnabe pla, lou Bcut ! Lou baylt qu trima tan qui poudou : n s'arrsta pas u moumn n ta bouha, n ta minya, et toutu, la nouyt hns, lou tribailh n're pas hyt. Quingn cal tourna ta la counditiou ? Qu disr lou Bcut et qu hr ? Lhou ha rousti ta s l'arroude2 aprs. Aquiths homis n soun pas d la mdiche mstiou3 qu lous aiits, et ta d'iths la cam d chrstiaa qu'y sabrouse4 et sabourouse. . Qu'ana counda la soue pne au ray qui n'ab pas ncoure troubat mplc : Puchqu ba atati, ou disou lou tort, dmourt aciou, qu ba ana prne la toue place et qu byram s souy mrquat per caucarr . Qu'stou rmat las mdiches counditious. Lou maty, d grans dores5, lou Bcut qu'apra : La hourngltte qu'a gourguyat6, lou pinsa qu h : zuin, zuin ! Lhbt, baylt, U arraz gouy qu hras, Et ta'ou s qu t'n tournras . Lou tort qu'n ana. A la purmre arrque7 qu'n smia u
quoarta ; la sigounte lou reste ; aprs, qu dsyugnou lous bouous et qu s'adroumi l'oumpre d la plchade. A miy die, lou Bcut qu l'mbia la gouye ta pourta'ou lou dinna. Quoan stou tournade, qu la dmanda. Et doun, s'y a hyt dht tribailh ? H ! qu n'at sy trop, mste, qu l'y troubat ayacat dbaith u cassou.
1. Lou sou couc. Le soleil couch. 2. lArroude, Manger avec gloutonnerie.
3. Mstiou. Matire. 4. Sabrons. Qualit de ce qui n'est pas mollasse. 5. Grans dores. A bonne heure. Doure (H.-G.). 6. Gourguya. Gazouiller. 7. Arrque. Sillon. A Varrque torte, lou boun Diou qu-n y porte. Au sillon boiteux, le bon Dieu en porte. Proverbe : Se dit ironiquement du laboureur maladroit qui ne laboure pas en ligne droite. Rgne. Raie forme par le soc (H.-G.).
LOU
TORT
DOU
BCUT
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Broy baylt, s-s pnsa lou Bcut, qui s'sta quoan eau tribailha ! Dtire qui lou sourilh abou houyut darr la mountagne, lou tort qu touca lous bouous et qu s'applgua tout doucmn, coum u homi countn d la yournade. Et quingn t'n s tirt ? ou disou lou mste. Oh ! hre pla ! Qu'at as tout fnit ? Sgu ! d grans dores. Estounat, coum p'at poudtz pnsa, lou Bcut qu'ana da u tour nta las terres et qu by la couyounade. Quoan stou tournt, lou tort qu'o dbisa : Ets doun countn, mste ? Hre ! Qu's u mssatye1 chts parie. Ms, t, douma qu bas ana gouarda lou bstia au prat et qu'ous y hras ntra chts ourbi nade clde 2 et chts ha nat passd. A l'sguit dou die3, lou tort qu parti ta pastnea. bdouy, qu d'escouartra lous bouous, dhn lou prat et lou s qu s'n tourna. Au cop d qu yta lous quartis ta
As doun russit, dmanda lou Bcut ? O b o ! Qu m'abtz dit qu n cal pas ourbi nade clde, n traca nat passd. Qu'y doun spssoutat 4 las bstis et qu las y hytes passa per dssus lou plch. Ets countn, mste ? Et o ho ! N dis pas o qui arroumgabe. Ms lou lndouma qu l'embia gouarda lous porcs nta la Bcudre. La Bcudre qu're u bosc d mille yournades d'stnude oun ayatzabe lou Rey dous Bcuts, hartan5 et smalit countre la yn chrstiane.
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TROISIME
PARTIE
Lou tort qu-s mschida dou truc, ms qu'n ab d tout scantilh1 au ho uns dou sac. En caminar, qu h rncountre d'u marchand d purres 2. B'n bas pla lgre, tourtot ! O b, d sgu ! T'oun tires atau ? T ! qu ba ha u tour ta la Bcudre. Malhurous ! arrbir-t3, cors. qu'y bas trouba lou diable dap lous
N'en aiiri pas gran qu-ha s-m bouls da u purre. Prn-t-l hn la tistre et lou boun Diou qu-t gouardi. Drin my lougn qu-s tuma dap u cassdou. Toun n bas tan d maty ? Pastnca4 la Bcudre. Ah ! b-t plagni : tout o qui ntre aquiou, yamy n'n sort. You qu'n sourtiri, b, s-m bouls tan soulmn da u prdits. Ptite cause qu-t arrgole. Aquiou qu l'as. Qu-t souhti bou biatye ! A lafy, qui trouba u tisnre qui ou disou : B prns u mau camy, praiibe tort. Qu bti da u sntide ta la Bcudre. Mich ! b's tu plagne, n'n sourtiras pas. S-m bouls da u gusmith dou tou hiou, si. S n-t eau pas qu'aquro, pare lou sac et qu l'assistnci d Nouste Sgnou Jsus qu t'accoumpagni. Carcat d la purre, d la prdits et dou gusmith d hiou, lou tort qu'arriba la cantre dou bosc. Yamy n s'y a bis lgne tan brde, cassourres tan glanibes, hrbatyes my sps. Ms arr dquro
1. Escantilh. Spcimen.
2. Purre. Mlange de farine de mas et de sang de porc durcis dans l'eau graisseuse qui a servi la cuison des boudins. On dit proverbialement d'une personne qui boude : Qu h purres. 3. %Arrbir-t. Retourne sur tes pas. 4. Pastnca. Patre un troupeau.
LOU
TORT
DOU
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n toucabe lou co dou nouste homy. Qu'o tardabe d ha la rncountre dou Rey dous Bcuts. Qu s'n hiqua en cerques, qu'o trouba d'ayse. Lou Rey qu're ayacat1 tranquillmn l'oumpre et qu'spiabe lous ausiths boula hn lous rs, las nubles passya-s p'ou bc dou cou. Quoan snti la carn d chrstia, lous sous gouilhs qu s'ourbin, tout lou sou cos qu s'smabou et d'u bouts tarrible : Qui ta hyt tan hardit d gasa houra lou soou dou my royaume ? Sgnou, qu'y audit dbisa d la boste glori et qu souy binut. Grane qu'y la toue audaci. Qu-t baii arpasta et aprs minya. Qu sra lou my plas puchqu'y ata lou boste. B's pla u bou diable ! Ta pla s'ngrcha qu ca pla minya. Ta pla minya qu ca pla dbrti-s. Say dap you, ha au ytte-pyre. Tire dcap aquith cassou : s n'y hs pas ntra la pyre qu s-t minyi dtire. A touts Sgnous, toutes aiinous. A bous lou purm ! Lou Ry qu tira, ms !a pyre qu rboumba. A you adare. Qu sourti la purre dou sacoutot oun l'ab stuyade; qu l'abourri3 countre lou cassou et qu l'y sglacha3. Manche purmre, you la bre ! Ytte gnate pyre dcap tau cou et s n ba pas my haut qu la mie qu t'n passi n u boussy 4. A bous, Sgnou. Lou Rey qu tira et la pyre qu poussa tan n daban qu la perdoun d bistes, ms n ta tourna cade bllou au ras dous pes. Lou tort, au sou tour, qu largua la prdits et n la tournan pas bde. Qu l'y poussade nquo'ou cou oun s'y dmourade, disou lou tort.
1. Ayacat. Couch. 2. ^Abourri. Lancer avec force.
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TROISIME
PARTIE
Qu'as gagnt ncoure. Adare qu m'n baii ana pla cinq ou chys moutous nta dinna. Tu, bn crqua u cassou ta ha lou houc. Lou tort qu parti, ms n tournabe pas prou biste. Lou Rey qu-s dbya et qu'ana bde o qui hs. Qu'o trouba n try d dsgusmra 1 lou hiou et d'ntrmaligua u cntne d'arbous. Et qu hs ata ? Qu dous, d sgu, ab quauque gritchaiile2 per la srimane ? Qu m'y pnsat qu u cassou n're pas gran cause. Tan qu' ha, qu bouy bre proubisiou. Lou tou abismn qu-m h plas, fnch doun; you qu m'n porti aquste tau houc d gouy lou die. Dtire qui lou Rey abou birat las puntcs, lou tort qu-s pnsa qu're lou moumn d s'applgua, pramou qu lhou ta'ndore qu'y hr brousside per dhn lou bosc. En partin qu tua lous bitous, qu'ous coupa touts la coude et qu s las hiqua n u paqut dbaithlou bras. Hn lou sac, qu s'y troussa u bnte et qu touca la guihe. Qu h rncountre d'u praubt et qu'o dbisa : As yam audit mntabe lou Rey dous Bcuts ? O b ! Qu l'y las trousses, smalit et bnyatou. S m'attrape, qu m'n passe. E-m bos bailha u cop d ma ta-m saiiba la bite ? Lou praubt n pot qu prga et soupira ; ms dbise, Diou qu t'scoutra. Et doun, quoan arribi aquith mchan, s-t dmande noubelles d las mies, qu bas dis'ou qu souy passt au gran courre, coum s'abi abut lou houc n quoouque part3. Ms coum hsi ncoure trop plas qu m'y tirt las tripes dap la ganibtte
1. Dsgusmra. Dvider. 2. Gritchailc. 4
ta sta my
Sauterelle.
3. En quoouque part. Quelque part. Faon polie de dsigner la partie postrieure d'un individu. 4. Ganibtte. Long couteau dont on ne se sert que pour gorger le porc.
LOU
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latiy aprs qu souy partit autan bist coum boule la hourrngltte houytibe dban las yarpes d l'sparb ou dou milou. En disn aquro qu dstroussa lou bnte dou porc, qu paiisa au coustat u coutith d'scana, tout rouy d sang, et qu s'ana stuya cn pas au miy d la brouchague. Cpndn lou Rey-Bcut qu-s dbya d'attnde et qu'apra lou tort; ms qu s'aprcbou bllou qu lou tort qu hs coum lou ca d Yan d Libre : Bcut, lou my amie, s-s disou nter ith mdich, couyounat qu'es aquste cop ; pn-t las dns capbaith la cabilhe ou bn-n coum u homi qui-s sn lou frico au cap d las puntes. Et qu parti sus la quste dou yibi dap u grane brounitre. Lou soou dou camy qu'n trmblable, qu s'y bd d lougn, l'ntour d'ith, u nuble d proube coum la qui suslhbe u dliynce quouate chibaus p'ou tms d la squre. Hardit qu're lou tort et toutu qu sntibe la trmbltte passa'ou nter pith et carn. Lou Rey qu rneountra bllou lou praubt et qu'o dmanda s'ab bis passa u tort dap u guihe1 et la bndrade. O d sgu, ms qu dou sta hre lougn d'aquste hore. Qu'arn dit qu lou diable qu s'n lou carrussabe et toutu n s'ou hs pas qu'n anabe prou biste, pramou qu ta courre my d'ayse, dap aqure ganibtte qu s'a tirt las tripes et aprs qu'y partit d fayou ha affroun au rey Artus2 ith mdich. N s'n bantra pas doun, nou ! You tab qu-m ba tira las tripes t'attrapa'ou my d'ayse et d'u cop d ganibtte qu s'ourbi lou bnte dou bc au houns. Prabe Bcut, b'abou biste hyt ! Lou sang qu s'n l'ana pichorres 3, lous gouilhs qu s'ou cluchan et lou tort trioumphan qu s'approucha quoan n're las darrres. Tout aute
1. Guihe. Truie qui nourrit.
2. Rey Artus. Roi Arthur. Le Juif-Errant parcourt le monde avec cinq sous dans sa poche ; le roi Artus, lui, vole dans les airs, avec une meute de chiens courants. Il se trouve des gens pour croire sincrement l'avoir entendu passer pendant la nuit. 3. A pichorres. En grande quantit, comme l'eau d'un ruisseau. Ex : Se lou die d la Candlre y h bith, qu'y aura my d by qu d'aygue. Spla,sc Diou at boou; s torre, pichorres. Si le jour de la Chandeleur il fait beau, il y aura plus de vin que d'eau. S'il pleut, si Dieu le veut, s'il gje, comme l'eau d'un ruisseau.
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TROISIME
PARTIE
qu'atr abut u larme d doulou, ms lou sou co n're pas prstit d la mdiche mstiou qu lou dous atites homys. Qu's hiqua d'arride et cantourrya : Lou Rey-Bcut Qu'y foutut. Requiem ternam, Douma qu l'ntrrram. o qui-m h my d doou; Qu'y la camise et lou linoou. A l'ate adare, et gare la tranche dou yambou ! Arribat s'ou bord d'u mallre hre prgounte qu'y nfouna la trouye et qu mrqua la place dap u busqut ; aprs qu planta las coudes dous bitous per aciou et per aquiou et qu-s hiqua crida biahore : A l'ayude, mste, l'ayude, l'ayude ! Prabin d you, quign gran malhur et qu bail you dbine ! Lou Bcut qu'arriba stramoulit : Qu'y a, qu'y a, perqu crides ata ? Ah ! mste, n souy pas badut dap la calotte. Qu m'n tournabi hurous et fier d l'arcouilhnce gayouse qui m'a hyt lou Rey dous Bcuts quoan la bndrade m'a gahat la mousque1; patapim, patapam, patatric, patatrac, la guihe et lous bitous qu-s soun ytats ta dhn la mallre et qu s'y soun ncloutats. Espiatz las coudes, titz. Bous qui ts tan gouailhard gahatz-p aquiou et tiratz hort, n poden pas sta ncoure mourts. Lou Bcut qu tira tho quoan n'y parchou pas my qu u coude. B-p pnsatz o qui hs sgui ? Mste, qu hls drin trop hort. Dchatz-m spraba you et qu batz bde. Lou Tort qu gahe labts la coude qui re mrcade dap lou busqut et qu h sgui la guihe. Qu'ab ncoure lou bouht : Ta tout qu'y a rmri sounque ta la mour disou lou Bcut ; cour nta case, bn couilhe u pa d pales ; n bouytan la mallre
i. Gaha la mousque. Prendre la mouche, courir comme un bceuf que les mouches piquent.
LOU
TORT DOU
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qu saubram lous bitous. Ms lou tort qu-s truffabe broy d las pales. En arriban, qu disou la Bcude et la hilhe : Qu m'a dit, moussu, d p'n bine dtire tau lhyt dap you. Tati lhyt? Qu'as prdut lou cap ? Aquro n'y pas poussible. Qu t's troumpat. N'at crdtz pas? Escoutatz pla: Hy moussu, hy ! E m'abtz dit l'u ou las dues ? Qu t'y dit las dues, et ha biste ncoure. Qu cal ha ! Crde et nou bouha tque. Qu s'n anan doun tau lhyt et qu'y dmouran tho quoan lou Bcut s'stou dbyat d'attnde. Qu-p dchi - pnsa s h gauyouse mine n trouban tout lou sou mounde allytats. Tu, s disou labtz au baylt, qu'n saps trop d loung nta you. Aquiou qu'as la soutade d l'an et las pilhes, b-t-n crqua fourtune lougn d nouste. Merci, mste, ms srtz oumn fachat ? O qu nou ! Qu souy hre countn. Quo'ou die de gouy qu crdi d'sta lou my fy d quste pys. Qu-m souy troumpat, qu'y troubat lou pariou. Et coum dits l'arrpour biarns : Fy countre fy, n'y a pas doublure.
II
et qu'n boulou tira splyt . Dtire qui la may abou passt la birade dou snd qu s'approucha d la porte et qu-s hiqua canta au ply dou cap
3
: Ttte ! Bltte ! Ourbitz, ourbitz filhttes, You qu-p porti lyt et blttes, Blttes et lyt d mas poupttes ; Dap lous cournts au cap, Ourbitz-m s bous plats,
1. Humr. Fumier. A Salies, on dit hum. Hiam. Tas de fumier (H.-G.). 2. Esplyt. Profit. 3. Canta a ply dou cap. Chanter trs fort.
TROISIME
PARTIE
Dap la coudtte au eu, Ourbitz-m d sgu ! Las crabttes n rcounchoun pas la bouts d la may ; qu dmandan bde patte blanque. Lou loup qu s'squiouba tout counfus. A quouate pas, qu h rneountre dou rnard et qu'o dmanda counsilb. Qu'o rspounou : Bn ta'ou mouly, rmude la harie au ras d la trmouilhe 1 et qu'auras la patte blanque . Moun loup qu-s hiqua dtire l'obre. Per u carrou coupt, qu passa ta dhn lou mouly. Qu dcha drin d pou las puntes et qu s'sprissa la pith, ms n sourtin qu'ab la patte nhariade. A la porte d la crabe qu tourna ha ntne la cansou, ms las crabttes qu'aboun ncoure poou et qu'o disoun : H bde patte blanque ! Malhur ! Capbaith lou camy, la harie qu s'n hre anade nilhbade pr lou bn. Qu calou gnate cop ha arrp 2. Lou rnard, pariou d l'anyou dou mau, qu'argouytabe l'ntour d l'ousta. B'at cry broy, qu n tourbiran pas, ou disou ith ; qu sgoutch la porte n han hre d'arrouyt et dap u bouts rude qui-m rn you mdich tout stramoulit3 qu dits : Ttte, bltte, Ourbitz, ourbitz, filhttes N'y pas ataii qui t'y eau prne : truque4 tout choualines la porte et h la bouts douce et fine coum u may qui-s dbye d las soues hilhes. En disn aquro, qu l'artourmrabe la patte u srbitte blanque coum la nou. Lou loup, aquste cop, qu truqua doucmn la porte et aprs n s dsguisan la bouts :
1. Trmouilhe. Caisse ayant
le meunier dpose le grain qu'il veut moudre. A la partie infrieure se trouve une ouverture rgle par un mcanisme qui laisse couler le grain dans une sorte de sabot appel claquith et de l entre les deux meules o il est converti en farine. 2. Ha arrp. Faire pied arrire, revenir sur ses pas. 3. Estramoulit. Tremblant. 4. Truque. Frappe.
LOU
LOUP
ET
LAS
CRABTTES
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Ttte! Bltte! Ourbitz, ourbitz, filhttes, You qu-p porti lyt et blttes, Blttes et lyt d mas poupttes ; Dap lous cournts au cap, Ourbitz-m s bous plats, Dap la coudtte aii eu, Ourbitz-m d sgu. Las crabttes, rndudes prudntes per la susmate
1
d'ndore, qu
dmandan ncoure bde patte blanque. Patte blanque qu passa p'ou hourat d la porte et la porte qu s'ourbi. Lou loup labts qu'ayarpa bibmn dues crabttes et malgr lous crits et las larmes, lou sang qu coula pichorres. Quoan s las abou minyades toutes dues nitho'ou darr os, qu-s hiqua n pnes d'n ha passa las aiites. Las prabttes qu s'ren scapades ta dssus lou tyt et aquiou q'u'attndn n trmblan d touts lous rnmbres. Amuchatz-m, crabttes, oun s'y trobe u scale, dis lou malin n s lcan lous pots. N'at boulm pas dise. Labts qu s-p minyry ! Nou ! n s-s minyras pas. Bllou qu s'ntnou d lougn u bouts aymadoure qui dis : Be ! Be ! Ttte, Bltte ! Ourbitz, ourbitz, filhttes... Lou loup qu s'ana stuya hn u cor dou casa ta attnde lou moumn oun la crabe tournr parti. Ms qu coundabe chts lou co d'u may. Qu'abou biste ndbinat la crabe, lou malhur qui ab afflyat la soue case. Dtire qu h u gran houc ta ha bouri u cautre d'aygue et quoan l'aygue stou pla cate, qu'appra lou malin : Say,
1. Susmate. Epouvante. En susmate. En sursaut.
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TROISIME
PARTIE
qu t'y apparit
sourti d l'stuyoou et qu la sgui. Gouste s'y a prou d'adoups! Qu'y passa la lncou et qu-s hiqua crida :
Atch, atch, qu m'y brullat lou palada 3. Qu'at cry broy, s n'y hiques pas sounque lou mus ; ms qu'y ca trmpa las pattes tab ! Lou loup qu'y nfouna las cames d dban : my hort qu s'scata. Quoan boulou rcula, n're pas my tms. La crabe qu'o suslhbabe per darr et qu l'nfouna cap et tout. Dch-m ana, prgabe lou loup. Tourn-m doun las crabttes. Lou loup qu h dues ou trs sprmces
4
darr. Desmpuch aquith moumn, lou bounhur qu s'stabla l'ousta d la crabe et la couratyouse may qu'abou lou plas d bibe quo'ou die oun sas filhttes stoun toutes stablides.
1. xApparia. Signifie prparer. Dans les environs d'Orthez appareiller deux bufs. 2. ^A/loups. Dans ce cas mme sens que Sabous. voir note 5
ajoute la pte de mas pour rendre la mslure meilleure. 3. Palada. Palais. 4. Esprmses. Efforts douloureux.
III
U homi et u hmne, hre biilhs, qu'abn la cour u asou qui rasabe la trntne et qui n're pas tan soulmn bou ta pourta la dane nta'ou marcat. Dare nla, s disou re, n pouyry pasgouayre hiqua l'u came dban Faute, qu-m ca u bourricou gouailhard qui-m pousqui passya sre et tab la carrtte. S hsm ana lou nouste ta la hre ? Ta la hre ! rspounou l'homi, n troubrm pas tan pu a'ou bne ta las sansus ; qu souy d'abis d l'acide douma maty. Ta mouri coum ta paga qu'y a toustm tms, -s pnsa l'asou qui scoutabe darr la part2 ; et la nouyt hns qu h pta lou cabstre et chts dise adchats, qu parti per la bie d las crques. Aprs miye hore d marche, qu h rncountre d'u ca qui n hs pas qu hourga 3. L'asou qu'o dbisa lou purm : Perqu hourgues ata ? Ah ! prabin d you, pramou qu nouyt ta you qu ba souna
1. A quelques variantes prs, ce conte est en tout semblable celui que les frres Grimm ont recueilli en Flandre. On recconnatra quelquefois aux contes barnais des liens de parent avec ceux du centre ou du sud de la France. Ainsi, les contes des fes, D Mouli Absque. La raison en est bien simple. Le Barn est parsem de chteaux o les troubadours reurent souvent l'hospitalit. Quelques-unes de leurs lgendes et historiettes, o dominent la libert du langage et le bon rire d'autrefois, se sont conserves. Elles n'ont subi d'altration que dans les dtails qui varient de canton canton, de commune commune. Nous donnons plus loin, titre de spcimen, les variantes des deux contes : Lou Prdigaith et Perqu lou Gay a las plumes pigailhades . 2. Part. Synonyme de trncade, cloison. Parch. Muraille (H.-G.). 3. Hourga. Aboyer. On dit aussi habla. Layra. Aboyer (H.-G.).
TROISIME
PARTIE
la darrre hore. Lou mste qu-m dou tua douma maty et ha d la mie pith u pith d yu '. E-m bos sgui, qu m'n bti crqua fourtune ? O pla ! Et doun, gah-t la mie coude dap las dns et marche. En caminan, qu-s tuman nas nas dap u gat qui n hs pas qu gnala2. Perqu gnales atau ou dmanda l'asou ? Pramou qu souy trop biilh ta da la casse las sourits et lou mste qu m'n boou passa Fsguit dou die. Qu souy n crque d bnalyes hurouses ; -m bos sgui ? O pla ! Et doun, gahe dap las dns la coude dou ca et marche. A la fy, qu trouban u hasa qui ymibe coum bre prsoune au co hrit3. L'asou qu'o digou : Perqu ymch atau ? Pramou qu douma qu'y aura hste la maysou et qu lous mstes qu-m bolen hiqua au toupy nta ha d bou poutatye. E-m bas sgui ? O pla ! Et doun, gahe la coude dou gat dap lou pruc4 et marche. Lous biatydous arrbrats et mourts d hamy qu s'arrstan dbaith u cassou. Aprs u moumn d rpaus, l'asou qu'aprcbou trubs-d l'scurade u ptite luts. Labts qu-s tournan acamina n coude-l'ysgue, dap l'sprance d trouba u lotye l'ndost d la plouye et u bou soupa. La luts qu'ous mya dban u oustau d boulurs et d'aquith moumn qu s'y hs boustifailhe. Au coummandmn d l'asou, lou ca qu'o puya sus l'squie, lou gat sus l'squie dou ca et lou hasa sus l'squie dou gat ; aprs qu-s hiquan canta cadu d la soue manire dap u grane brousside. Lous boulurs sparitz qu s'scapan
1. Pith dyu. Peau de joug, peau dont on recouvre le joug des bufs. 2. Gnai'tla. Miauler.
L'ASOU,
LOU
CAA,
LOU
GAT
ET LOU
HASAA
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et lous noustes biatydous qu'anan rpcha dap lous restes dou frico. Quoan aboun la panse garnide, cadu qu s'ayatza dou milhe qui poudou : l'asou l'scudrie, lou ca sus u mtte 1 d pailhe darr la porte, lou gat au coustat dou lar arridn et lou hasa qu s'apoura 2 sus u branque d poum. A miye nouyt, lou capitne dous boulurs qu bolou ana bde o qui-s passabe per l'ousta. Qu tira dcap ta'ou houc ta alluca u candle. Lou gat qu'o sauta la figure n yuran : Au gran Diou biban ! et dap las urpes qu l'sgarramilha 3. Lou capitne qui pnsabe d'ab ahas dap lou diable qu-s boulou scapa, ms darr la porte, lou ca qu'o moussqua la couche et qu s'n lou pourta u tros. Chts sab o qui hs qu s'n d ta l'scudrie. L'asou qu'o payra lou m broy cop d eu qui-s poudousse bailha. Labts qu houyou per u frnstou. En passan dbaith lou poum, qu'ntnou lou hasa qui cantabe : Cac-caraca, cac-caraca ! Lou boulur qu coumprnou : Drin my, drin my, qu l'stra pla ! Ms ith qu troubabe qu're prou atau. Qu h lhba toute la bande et qu s'applgan, dap hre d poou, ta d'ates parsas slougnats. Aquiou qu biscoun loungues anades ncoure hn l'aboundance, graci au paruqu hasa.
1. Mtte. Tas. Mde. Meule de foin (H.-G.j. 2. S'apoura. Se percher. 1
3.. Esgarramillha. Griffer. Engarrapa. Griffer. (H.-G.) 4. Paruqu. Frayeur, ridicule. Paruc. Peureux.
IV
La flattte
Yan qu'ab lou rnoum d'sta drin pc
1
d'ith tire-la-ligot. Moussu qu'n hs yangles2 drin my qu l'ourdounance n porte et n manquabe pas yamy u occusiou d tira'ou quoouques plumes chts lou ha trop crida. Yan qu patibe tout aquro, ms, coum lou mllou d Larribau3, s n bouhabe tque, b sab broy o qui pnsabe ! Mschidatz-p toustm d l'homi qui n hable pas. Lous noustes pays qu souln d dise
4
A l'aygue douce n-p hidtz, A la bribnte qu-p bdtz. La may qu p'ou dits u die : Yan, hique la yutte
5
bteiths et my'ous ta'ou marcit ; ms sustout n'ous bailhis pas per mnch d cnt scuts. Sus la place, moussu qu s'approche, qu'xamine las bstis, qu las trobe hartttes, sbrides, pla appariades et Yan qu las y tire bntables 6. Ms qu'an dfaut ! Hre, moussu ? O hre !
1. Pc. Idiot, innocent. 2. Ha yangles. Se moquer.
3.
JJOU
surtout pour dsigner celui qui souffre sans se plaindre. Voir le conte qui porte ce titre. 4. Qu souln d dise. Avaient l'habitude de dire. 5. Yutte. Joug trs lger au moyen duquel on attache ensemble deux bufs pour les conduire au march. 6. Tira bntables. Entrer en pourparlers au point de vue de la vente.
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TROISIME
PARTIE
Quoan balen doun nta bous ? U so, tout doy ! Toucat d ma, lou bstia qu soun bostes. Yan qu parti, lou so la poithe, dap lou co autan lgre coum s'ab hyt fourtune. Qu're aquro d grans dores, qu'y soubrabe dht tms et Yan qu s'en ana da u tour ta'ous marchands d bricoles. Aquiou qu'y ab d toutes causes, ms quign s'n cal approucha dap u so n poithe ? Qu-s hasarda toutu ! Hoou, marchand, hoou ! Pla ! E bns hre care la doutzne d qustes flautes ? A doutze sos ! Aquro qu dits u so la pce s n'-m troumpi pas. Badmns ! 1 Tout yus lou prts d'u pa d bouous qui an hre d dfauts. N soun pas cares. Et qu croumpa la flaiite. Quoan la my apprnou la bnalye, qu'stou hre fachade t qu'o disou : Bsti ! Lou my Yan Bsti, Toustm qu sras bsti ! Et doun may, qu'at byram, Aii gran Diou biban ! Moussu qu'ab bith chibaii blanc l'scudrie, dous coum l'agnith qui bien d bane ; madame qu'o mountabe et las damiselles qu s'n dbrtiben. U die qu'o cerqua prtout, l'ntour dou bry, p'ous cams et p'ous prats, au miy dou bosc ; ms n baganat. Yan qu l'ab pant et u cop qui Tabou case, qu'o tinta dap u poutingue^ qui'ou rndou ngre coum u taiipat. Aprs, ta qu'stsse hardit coum u poury d trs ans, qu l'unta
1. Badmns. A peu prs. 2. Poutingue. Drogue. 3
3. Unta. Oindre.
LA
FLATTE
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piper rouy. B hs labts d biths pinnts, lou chibau ngre ! Moussu qu'n badou mbyous. Broy chibau qu'as aquiou, Yan amie ! O b o, moussu ! Qu-m hr lou my aha, la place dou blanc qui y partit chts dcha quste. Et doun, you qu l'y ta bne. Quoan n dmandes ? Cent scuts d boune mounde. Qu'm d'accord. Et Yan qu s'applga ta case n han tringurya lous dins. Ms la may prudnte coum u fumelle qui-n a bis d toutes hn la bite, qu'o dis : Ao qu tournra mau, Yan. N'ayatz pas poou, may, Moussu l'habille n hiqura pas neoure l'squire au gat stros1. Las dues lbrttes qu-m ban tira aquste broc dou pe. Qu batz bde arriba aquith moussu d'tscoute-plouyes
2
dtire qui-s counchi couyounat ; qu sra charman coum u porte d prsou, ms n-p dchitz pas houni. Qu-p anratz crqua au croffou, hn la borde u lbrtte et qu la disratz : Cour h ta'ou bosc, bn couilhe lou my Yan Bsti qui dailhe3 soustre et ditz-lou tourna ta case . Et Yan qu parti, lou at ab pnsat. Oun abtz aquith fripou d Yan ? Ta la soustrailhe, moussu s-p platz. Qu m'a bnut trnte pistoles lou my propi chibau, u chibau pant et tintt d ngre pr dssus lou marcat. Qu ca qu'ani pouyri n prsou aquste cop.
1. Estros. Maladroit. 2. Moussu d'scoute-plouyes.
d s'n
dragou4
s'ou coith, ms
qu-s h sgui l'aute lbrtte dbaith lou bras. Tout qu-s passa coum
plouye. Moulin d'coute la pluie, qui attend la pluie pour marcher. 3. Dailha. Faucher. 4. Dragou. Faux servant couper l'ajonc pineux. Dailh (H.-G.).
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TROISIME
PARTIE
Bre prque1, moussu! la prsou n'y pas ta'ous cas, ms sdtz-p u pas, qu'o bam mbia couilhe. La biilhe qu tira dou croffou la lbrtte et qu la disou : Lbrtte, ma lbrtte, Bn-n ma ptittte, Crqua per aquiou n daban, Lou tou mste, Ptit-Yan. Aii cap d'u pause, Yan Bsti qu'arriba, la lbe dbaith lou bras. Moussu n'n poud pas crde lous sous gouilhs; la malici qu'o passa coum houy la nuble louyre quoan y bouhade per lou bn d la mountagne. Oh ! qu-m eau aqure lbe. Aquste lbe, moussu, n'a pas parie cnt lgues la rounde : qu ba cnt scuts. N-m smble pas trop care. Aquiou qu'as l'aryn, you qu m'n porti la bstitte. S-p pnsabetz qu madame n crida pas drinou, n counchrtz pas lou fumlis. Ms moussu qu l'apatsa n coundan tout o qui sab ha. Qu la boulou dtire hiqua l'sprabe. Lbrtte, ma lbrtte, Bn-n, ma ptittte, Crqua t'a-ou nouste dinna U coque d pa. Parti qu h la lbe n drssan las ailhres et dap bres cabiroles ; ms qu h coum lou ca d Yan d Libre. Yan Bsti qui sntibe tounrrya l'auratye qu s'apprsta a'ou tine tste. Escoutatz, may, stacatz-p aquste bchigue d by rouy dbaith lou coutilhou et quoan moussu arribi smalit, hats smblans d prne lou sou partit, qu-p dry u cop d coutith hns la bchigue et aprs
I. Breprque. Intraduisible. Certes, diable, peste !
LA
FLATTT E
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dtire qui ntnitz la cansou d quste flaute qu-p lhbratz d cap n sus. Moussu qu'arriba n ffyt dap grane brousside et la may pla aducade qu crida my hort qu d'ith. D'u cop d ganibtte, Yan qu'n la passa. Aquste cop n'scapras pas d la poutnci, disou moussu. Per aquith miscat 1 ! Ha ! ha ! Qu sy rmri nta tout, mme ta la mourt. Et qu coumna, dap lou sou strumn d u so : Turulu-tu-tu dap ma flaute, Tirebin-bin-bin dap moun zin, zin ! O miracle ! la may qu-s lhba sane et lgre : Adchatz, moussu, abtz passt boune nouyt ? Yan, lou my amie, disou moussu, o d passt, passt ; ms qu bouy la flaute. Qu hn u nabith marcat per cnt scuts : lou darr d touts. Quoan moussu tourna ta case n yougan d la flaute, la dane qu h trmbla la maysou d'nyuris et d crits. Ta ha-l cara, moussu qu trouba coummode d l'sgourya. Lou sang qu'n anabe coum u arriou et lous baylts qu courroun Tayude n plouran grans sanglots. Hats mlou u roundo, ous disou lou mste et qu coummna : Turulu-tu-tu dap ma flaute Tirebin-bin-bin dap moun zin, zin ! Ms la mourte qu're pla mourte et moussu qu'ana pourta la SQue habillsse au bc d'u cassou dap u las au coith.
i. Miscat. Malheur imprvu.
Mdiche
Lous biilhs qu-s soubinen dou tms oun n cal pas croumpa lou drap d ly coum gouy lou die, pramou qu'o tchn case
2.
Qu're p'ou tms d las hades ! Tout s, n s'applgan ta'ou lhyt, la daune d case qu'ab l'abismen d hiqua u pilot3 d ly sus la la taule ; qu'alucabe u houc bambau candelle abitade
5 4
la chminye, qu dchabe la
7
hournre. Tms hurous et broy tribailh, qu're lou d las hades sdburides. Per aquste tms d fad et d'orguilh, las gouyates qu'an spudit lou hus et la filouse. Quoan las hr doou d s'assca la lnquou nta schaliba8 lou ly, l'stoupe et lou capit9! l'scadnce !
1. Mdiche.
You
3. Pilot. Masculin, petite pile, petit tas. Pile. Fminin, pile, tas. 4. Bamba. N'a pas d'quivalent en franais. Le feu est bambau quand il est grand, clair et qu'il revt un air de fte. La politesse barnaise veut qu'on fasse un beau feu quand on reoit une visite agrable, tmoin ce proverbe : Quoan u amie arribe la maysou, lou houle qu augmente d'u tison. 0_uand un ami arrive la maison, le feu augmente d'un tison. 5. Abitade. Allume. De bite, vie. 6. Barbolle. Petit cylindre de fer fix au mur pour servir de chandelier. 7. Lou dehn ou dhns. Littralement le dedans, au figur la cuisine. 8. Eschaliba. Imprgner de salive. 9. Capit. Partie ligneuse du lin trs difficile filer.
102
TROISIME
PARTIE
N s'y palle pas my tapoc d tche lou drap d case ; lou tl qu droum, la nabtte qu s'stanque, lou canr qu s'arrougne. Las hilhottes qu soun badudes aysides etbagantes '. Qu las bin milhe d-s gagna las camises, dap my d plas qu'aquro, chts hiqua n yoc las nabttes puntagudes dou tl, qui trauquen la ma : 2 qu'y my aysit d-s srbi dou dida n s'stabian lou plusou dou canr, et mantrucop taby n s'stiran lous bras. Ms ta rbine nta las prabes hades d Faute cop, qui soun mourtes, et qui n ban pas rbiscoula, qu'n y ab u au miy d la troupe qui re autan laide et pandarde, coum las autes ren balntes et broyes. Lou sou hiou, groussi coum la gabarre que ta bibals4.
3
Per sta pandarde ouncoure, passe ! Ms qu'ab tab lou diable l'spargate. Qu dmourabe toustm la darrre ta s'n tourna, et, l'scounut, qu ytabe tout s quoouque bayou, autan pla sur la yn coum sou bstia. La gouye d l'ndrt, qui s'aprabe Mdiche, qu-s hiqua au cap d bailha-l u cop moundes d las soues pces et d la tourna las pres au sac. Qu'attndou qu las brabes hades qu'stoussen partides per la chminye, et quoan la mchante las boulou sgui n s dingoulyan coum d coustume ; qu l'nfouna u coutre hns lou bnte. Autanlou, crits-biahore ! Ah ! ya-yay ! qu-m tuen; qu souy yuste mourte ! Qu o qui as ? la dmandan las ates ? Qu m'an mpounchat u pa au eu ! Et qui ?
Mdiche5. Oh ! et doun t, Mdiche t'at as hyt ! Mdiche t'at bouhis ! Qu caii toustm ha coum bolen sta hyts.
1. Bagantes. Peu presses, synonyme de paresseuses. 2. Plusou. Duvet du drap.
3. Groussi coum la gabarre. Expression proverbiale, grossier comme l'ajonc pineux. 4. Bibal. Mche de la chandelle de rsine. 5. Mdiche. Jeu de mots. Mdiche signifiant : Moi-mme, et dsignant en mme temps la domestique de la maison.
VI
L'Anyltte
U may qui ab dus hilhes, l'u hre broye rus pndarde et goumassre', l'aiite hre lde, ms balnte et pitadoure ta'ou prabe mounde : qu la mntabn Marie. La may qu'aymabe la broye. Ta d're n'y ab pas arr d ca: qu i'apilhabe coum u dame d la bille; qu la nouribe coum u rntire ; au loc qu l'alite qu're bstide d pnailhs et qu-s db countnta dous rstots qui baraben per dbaith la taule. U die, Marie qu'ana ta'ou cam, pourta lou dinna au pay. Ta nou pas sta cridade, qu passa lou camy n boulan et lou pay qui ab pscat la matyade, qu la bailha u anyltte, dap la rcoumandatiou d ha-l cose ta soupa. En passan dban u clot, l'anyltte, qui smblabe mourte, qu rbiscoula la sole adou d l'aygue : Qu souy ouncoure youne, la disou re; qu'y d lounques anades bibe, yt-m hn l'aygue douctte, aqure boune actiou qu-t pourtra fourtune. Aii risque d-s ha batana2 lou s, Marie qu'abou piytat d la bstiotte et qu la bailha la librtat. Quoan lou pay, fatigat dou tribailh dou die, stou rntrat, la nouyt-hns, qu dmanda l'anyle. Labts Marie qu dbou aboua o qui ab hyt. Qu-p dchi pnsa s'stou broy cridade. Qu s'n calou ana droumi chts ab soupat ; et, pndn u gouytne, n'ntnou pas sounque crits, nyuris et n'y soubra pas bourrades. Lou dimnye d'aprs, la may, dap la broye maynade, qu parti nta la misse s'ou truc d dtz hores. Ms aban, qu barrya u bouchith d milh dhn la crampe et qu bailha per ourdi Marie
1. Goumassre. Gourmande honteuse. 2. Hatana. Frapper une personne avec furie.
104
TROISIME
PARTIE
d'amassa tout aquro, gra per gra, d'at ana ha moule au mouly ta ha la broy d miy die et d'sta santus la glysi. Marie, toustm susmtude, qu-s hiqua dap co au tribailh, ms bllou qu coumprncou qu'y ab hre d causes ha n thic d tms. Labts qu pnsa l'anyltte et qu l'ana dmanda ayude : Tourne-t'n ta case countnte, la rspounou re, lou gra qu'y moulut, la broy couyte, lou dhn strussat1. Puyc ta'ou soul, qu'y bas trouba u bith dsabilh d sde, ournat d'or et d diamants dap u pa d soulis autan lusns coum lou sourilh dou cou. Appilh-t drin biste ! U bouture d sgnou qu-t ba prne dban la porte et qu-t ba pourta nta la misse. Ata qu sra tout dimnye tan qui syis boune maynade . A la misse, tout lou mounde qu'stoun stounats d bde u tan grane dame dap d tan broyes pilhes. Arrs n la rcounchoun pas. Lou hilh dou Rey n s'n poud pas tira lous gouiihs d dssus et qu s'n agrada. Dtire qui lou capra abou cantat : lt, tnissa est, Marie qu s'applga la purmre, ms n puyan ta la bouture qu-s dcha cad lou souli. Lou hilh dou Rey qu courrou ta l'amassa, ms Marie qu're dya partide. D tout coustat qu s'nquri d qure bre prsoune, arrs n'n poud pas bailha noubelles. Labts qu hn tabardya qu la qui atir lou pe trousst la payre dou broy souli qu sr la soue spouse ; et lous sous mssatys qu'anan, maysou per maysou, et n-s dsbroumban pas d coussira nloc. Ms toutes qu'abn lou pe trop gran. Arribats la case d Marie, aprs ab, n baganat, sprabat dap la broye hilhe, qu dmandan s n'n y ab pas nadate : Si, si, rspounou la may, ms n'y pas la pne d s'arrsta d're ; n'n boulr pas tan soulmn lou prince ta nttya'ou la brase d dban lou houc. Hts-l toustm bine, disoun lous mssatys qui bouln ha la coumissiou dap counscince. Marie qu'stou apprade et qu'apparchou dtire dap u brillant
I. Estrussat. Nettoy, rang.
L'ANYLTTE
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accutrmn. La soue figure qu're cambiade coum d la nouyt a die : touts qu'n ren smiraglats. Lou souli qu-s trouba la payre dou sou pe et lou prince qu l'spousa. La maie may ylouse et rancunouse qu dbou pourga1 las dsoundres qui la binn aiis pots. Au cap d quoouques tms, lou prince qu quitta lou sou palays t'ana ha la guerre. Talou qui stou partit, Marie qu s'accoucha d'u maynadt qui smblable tout natre2 lou sou pay. La may, my mahasnte qu yamy, qu s'n mpara et qu l'ana nga hn u clot qu'y ab hore d la bille p'ou bord dous cams. Qu s'y barrya labts hre d plous l'oustau d la sgnourie. Lou prince qu tourna bllou, aprs ab hiquat lous nmics n dsroute. La soue purmre pnsade, lou sou 'purm mout qu'stoun ta'ou maynadt, lou frut dou sou sang, l'hrt d la soue glori et d la soue fourtune. Qu s'smali hre hort quoan apprnou lou malhur qui ab afflyat lou praube innoucn ; qu'accusa la princsse d nglinei et qu la coundamna d'sta bru'.lade. Ms re qu'o demanda, dap hre d larmes, graci pr binte-quoate hores et qu proufiyta dou dlay ta imploura la proutetiou d l'anyltte. Qu l'appra d'u bouts doulnte et qu la dmanda lou hilh dap us paraulttes qui arn hyt ploura u tigrsse. Lou sou prgari qu'stou scoutat, lou maynadt, sa et lgre rtroubat. Lou prince et la princsse, hurous, qu biscoun lounques anades n bndisnla hade pla-hasnte qui s'scoun dbaith la forme d l'anyltte. Ataii qu bdm touts, lous mys amies, qu u binhyt, n'y pas yamy prdut.
1. Pourga. Digrer, cacher. 2. Tout natre. Tout fait semblable.
QUATRIME
PARTIE
dbaith u carque
d roumn et d milhoc coum lous bious n'n abn yamy bis d parire. La cabane dou prabe, qu-s gadibe2, las hores tan houytibes oun la fumelle frsqutte s'applgue mbyouse ta'ou nida amistous, autan pla per lou mnch coum lou castith dou riche. Soult, au miy d'u aboundance tan rare, lou mouli qu're triste dou prsn et nquit d l'abine. Pugnre per pugnre, lou mouly qu s l're plgnat quo'ou bc dous trabatiths, et l'aygue, aboundouse pourtan, qu poussabe trop plas l'arroudith3 mpanJardit. Ouncoure s'ab poudut ha u troque d marchandises ta dins !
1. Crouchi. Craquer sous le poids, rompre. 2. Gadi. Rjouir.
1
3. Arroudith. Roue creuse en bois ou en fonte que l'on place sous une chte d'eau pour faire mouvoir un mcanisme quelconque.
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QUATRIME
PARTIE
Alabts, tout pari coum au die d gouy, lou so qu're holi suber mau, ms n'y ab pas audince, cadu qu boul bne, arrs n boul croumpa. Qu'arm heyt bous auts et you ? Qu s'atirm d sgu, hiquat las dns n pnn capbaith la cabilhe. Lou mouli, ith, qui-n sab d plume, qu-s dscida doubla lous nouris. Qu'abou quouate porcs au sout1 et autan d trouyes, pouloys2 et acats chts counde, garies la pourailhre, gouous dbaith la clouque, guits l'arriou fausse. Quingn bnfici au cap d l'an s lou rnard n'ab ayatzat la barthe dou houns ! Hurousmn, per aquith tms, qu-s troubabe n guerre dap lous cas dou bsiat, matgns chts amou n caritat qui n'ou dchaben yamy droumi sounque dou cor dou gouilh. En habille maquignou, lou mouli qu-n sabou tira proufiyt. Rnard, s'ou dichou u die lou touqudou d bourricous, quign t ba la botte ? A proupourtiou d la culotte ! Et per boste ? A nouste, la santat qu'y boune, lous ahas qu ban miyes, ms taby, guigne aquste panse et dits-m s'as yamy abut u goula3 dqure prgountou. B's-tu, biban4, hurous! You n-m poutch maiita chts ab la cagnaugure5 las trousses, tab n'y pas lou sou6 qui-m pse. Dits o qui bouillis, lous cas qu soun d bous bsys. Eiths qu bilhen, you qu droumi. Nou t'untras pas ouncoure la ganurre aiis mys dspns. Ha, ha, b'a dies qu'y ntnut pta lpu tounerre et b-t couyounes hre s crts qu m'sta per tan ptite cause. Per qu patch doun ? Pramou qu t'aymi et nou pas drin.
1. 2.
3. 4. 5. 6.
Sout. Loge cochons. Pourcille. Loge cochons (H.-G.). Pouloy. Dindon. Perrot. Dindon (H.-G.). Goula. Pice de lard forme avec le cou du porc. Biban. Abrviation de Dion biban, Dieu vivant, juron. Cagnagure. Meute de chiens, terme de mpris. Sou. Suif.
LOU
RNARD
ET
LOU
MOULI
T ! qu'y coum you, qu'y ta tu u tndrsse !... Hm labtz milhe qu pla. Ayudm countre l'nmic et la pourailhe qu crchpra boste coum la lyt la cautre. Diou mdau ', o qui-m dits ! N saps pas doun tu qu souy l'amie dous cas ? Et d la garie farcide ? Et d la moultte dap moussrous2 ? Et dou capou la couquelle dap lou rgalt3 au bnte ? Tout aquro qu-m toque thic. Pourtan qu's tan bou maynatye... t ! toque lou canith4 et bouham d'accord. Hre broy qu'ana us quoans smmanes. Embits, carsses, oumnances, arry n'y manqua. Tan pla qu per aqure srrade qu disn d l'homi et d la bsti qu n'abn pas sounque la bachre d'aryn parti6. U matia d brume, lou rnard qu'arriba spoussat7, dap u pam d hautrc8 dbaith lou bnte. Biste, mouli, stuym hn quoouque cor, lous cas qu-m sguen dues pourtades d fsilh. Say, praiibe amie, say, saute ta dhn la trmouilhe et damoure rm
9
las proubes5
qu'm
Lous cas qu'ntran autanlou dap u brousside qui suslhba la harie per dssus las murrailhes nthoou bc dous pitras .
damne.
2. Mousseron. Mousseron.
3. Rgalt. Tierga, frotter ; crote de pain frotte d'ail. 4. Toque lou canith. Touche le tuyau, faon familire de dire : Touche-moi la main. 5. Bouha las proubes. Souffler la poussire, allusion un jeu d'enfants. Pour revenir sur un trait, il faut reconstituer sans qu'il en manque un seul grain, un tas de poussire que l'on a rpandu en soufflant dessus. 6. N'an pas qu la bachre d'aryn parti. Ils n'ont que la vaisselle d'argent partager. Expression proverbiale employe pour signaler une grande intimit. 7. Espoussat. Hors d'haleine. On dit : ab la pousse, tre poussif. &. Hautrc. Boue dont on s'est sli en marchant. 9. Rm. Tranquille.
10. Pitra. Poutre principale.
IIO
QUATRIME
PARTIE
Oun-t-y dat lou rnard ? Aquste cop qu eau qu'n lou passim. Aquith fripou, aquith hartan, pandard, guzard, bandoume1! Oh ! amies, qu dists bous auts ! Lou nard ? Ms qu'y u haunste homi. Anatz-lou mlou touca d ma, n n bbe-n u pintou dou rouy. Qu l'abtz per dhn aqure brouchague qui parch dciou aii soum d la coste. Ms en dbisan ataii, qu'ous amuchabe latrmouilhe dap lou capuith dou dit coum qui bo dise : Aquiou qu'y stuyat . Lous chas n'y bjn pas qu blu et qu partin coum ren arribats. Lou rnard qu sourti autanlou d l'stuyoou. As-tu bis, s'ou dits lou marchand d harie, s t'n y birat u bre ? O b o, garou, d broyes paralttes, ms lou diable aus ditous ! Lou lndouma qu'y ab mourtailhc la pourailhre dou mouli, et lou rnard, hart et pitart qu s'arrayabe lou mric ~ n disn : Hidatz-p doun aiis homis !
1. Bandoume. Gourmand. Ce mot vieat-il de clbre par ses drglements ? 2. Mric. Nombril. Vendme, le fils d'Henry IV, si
II
Hurousmn l'sprit d ruse et d finsse n manquabe pas yamy au nouste rnard au moumn dou bsougn et dou douny. U die, lous cassdous qu l'abn mbarrat au saliga5. N poud pas houye d nat coustat sounque trubs d Paygue prgounte et blu. La nasse dou baniou dus cns pas qu'o hs argagnes6. Ms ta d'itb, d qure part n'y ab pas moule. La corde d la na7 qu parch my lougn. Aquiou qu're lou salut. En s'arrousgan s'ou bnte, qu s'approucha et qu dbisa doucmn : Qu souy hre mpaithat d'aquste hore, amie naiil ! Coundm la toue pne.
1. Ganlou. Ganelon. Le nom de Ganelon n'est pas oubli en Barn. On dit proverbialement : Tratre coum Ganlou. Tratre comme Ganelon. 2. Ha pagues per tournes. Proverbe, payer de retour, se venger. 3. Baniou. Rservoir d'eau du moulin. 4. Nasse. Barrage. 5. Saliga. Oseraie, terrain inculte, sur le bord du Gave o l'osier crot en libert. 6. Ha argagnes. Faire des niches. Escarni. Singer (H.-G.). 7. Na. Bac.
I 12
QUATRIME
PARTIE
Figur-t, garou, qu souy attndut d Faute coustat d Gabe ta ha grane boustifailhe no dou mayre d'Enlch1. N by pas aquiou nat gran puchou. Qu m'y dchat la bousse case et n'y pas u piastre ta paga lou passatye. N hy pas ahas sounque truc sus Puncle 2. T ! s-m bouls ha crdit d dus sos qu-t disri trs brtats qui-t pouyrn pourta fourtune. La fourtune per dus sos, qu'y aquro u marcat d'or. Entre ta dhn la naii, qu dstaqui la cadgne. Dtire qui-s snti balant sus las oundttes d l'aygue : Escoute pla, nal. As yamy ntnut dise per u nouyt d'stiou, quoan lou mark et la mouilh, ntourats d la familhe, prnen la frsque " dban lou pourtal : ah ! lou broy cla d lue, qu smble die. O pla ! Et doun, moumbr-t d o qui-t disi : Per clare qui syi, yamy la nouyt n sra die. B'as pla rsou ! Qu'n y a taby qui soulen d dise quoan la msture y couyte pun, blanque et broy gouilhicade : Ah ! la boune msture, qu smble pa. B soun hre pcs ; apprn qu yamy la msture n balra lou pa. Brtat qu'y ! A d'aquith moumn, la na. qu toucabe terre. Lou rnard qu jsata ; et, dap u broye srbnte4 : Adiou, nal, hm coumplimns as cassayres d per boste et sapis qu s touts t paguen coum you, n badras pas yamy riche.
1.
SJ
dit par ironie. Enlch est une section Lou Sou-Prfet 'Orrivh et lou
de la petite ville de Habas dans les Landes, sur la frontire du Barn,qui n'a pu jamais tre rige en commune. Dans le mme sens on dit : Tribunal d Camptort. 2. Truc sus l'uncle. Au comptant. Littralement coup sur l'ongle. 3. La frsque. La fracheur de la nuit. 4. Ha srbnte. Faire servante, saluer.
LAS
TRES
BRTATS
DOU
RNARD
I'3
Pla dbisat. Adiou et bou apptit ! Lou rnard qu parti n arroumgan u darrre brtat n ta d'ith tout soul: Enter fripous, n-s ca pas yamy ha la guerre1; qu tournry amie dap lou mouli.
i. Enter fripous n-s ca pas ha la guerre. Entre fripons il ne faut pas se faire la guerre. Enter fripous, pougn d canailhe. Entre fripons, point de canaille on ne se traite pas de canaille proverbe.
III
Lou Rnard
et
lou Bmn o
Qui a dit qu lou rnard, Faute cop, qu s'n re tournt dou pe de la trilhe chts touca as arrsims, n disn, ta counsoula-s: Qu soun trop brs ? Ah ! nou counchen pas pla lou chibali
1
Qu ca qu las herbes qu siyin hre braques, si aquith catdet n'y trobe pas pche ! Broys et lusns qu'ren lous arrsims l'arrayoou
2
coum dues gouttes d'or. Sounque d bd'ous, qu'n hsen arriba las aygues la bouque. Pnsatz, cnt pas, lou rnard qu s'n lquabe lous pots; ms lou bign, mschidout, qu'ab mbrouquichat3 la bit, qu lou diable mdich qu s y sr chaquat4. Aquith maty, l'scale sus l'squie et lous cisous hns la biasse, qu s'apoutya ta sclari3 la trilhe ; miyes dou tribailh lou rnard, qui'ou guignabe d lougn, qu-s hique crida aii ply dou cap : Au houc ! au houc ! la maysou d Capult ! (' Lou bign, mntabut Capult, qu'o gahe la trmbltte, et chts counte
7
rude dcap n ta case. Nou s'y passabe arry ! La familhote et la fumelle n'ren pas dschudats, et nou y ab nloc nat nlamat d houc !
1. Lou chibali. La canaille. 2. A l'arrayoou. Expos aux rayons du soleil. 3. Embrouquichat. Entour de ronces. 4. Chaqua. Blesser, pincer. En d'autres rgions, parler sans mesure. 5. Esclari. Eclaircir, mme sens que sbrousa. enlever les feuilles qui empchent les rayons du soleil d'arriver jusqu'aux grappes. 6. Ail houc la maysou d Capult ! Au feu la maison de Capult. Les enfants poussent ce cri pour s'amuser et si quelqu'un s'informe du lieu de l'incendie, on lui rpond en riant : Capult qu'a hyl u pt qui a stup.H tout lou houc. Capult a fait un p... il a teint tout le feu. 7. Counte. Affaire, souci,
n6
QUATRIME
PARTIE
bign, qu-s couyounat et you qu-m souy hartat ! Aquro qu'o cridabe au prabe Capult, per dhns la brouchague, lou rnard truffand ; et lou bign, tout arrayous, qu s'n tournabe dap bergougne dcap la trilhe dspuilhade, n yuran, ply d malici, d castiga lou boulur. Quigne hartre, mste rnard ! la flou dous arrsims qu'n re passade ; la pith dou bnte qu'o tnilhabe
1
qu'o dbisaben ; qu-s calou nloucha la courpire sus l'herbe dou prat. Aquiou, chts poou d nat douny, qu-s frtabe lou mric n dbisan soult : Oh ! b sr plas, s dis, d ha tringurya dues doutznes d ploums sus aquste broy bnte ! Atanlou dit, autanlou hyt : lou bign qu'argouytabe, et qu t l'arrouna u cop d fsilh. Hurousmn per lou rnard, lou bign qu tira d lougn, qu'apunta n trmblan d malici, et la carque qu-s barrya n baganaut, chts lou trauca la panse ! Oh ! hilh dou diable ! s cride lou rnard, n'y a pas doun mouyn d dise arry n badinan ! Aprs aquro, qu-s harcussa las culottes et qu-s saba as quouate pes. Qu cour ncoure !
8. Tnilha. Tendre fortement. 9. Tabar. Tambour.
bialement de celui qui cache la misre sous des dehors opulents. 2. Estournga. Eternuer. 3. Esquia. Les reins. 4. Hnrcles. Fentes. Hinses (H.-G.). 5. Brigailhres. Miettes.Bricail. Un peu (H.-G.). 6. Sibade. Avoine. 7. Escout. dualit de ceiui qui coute un bon conseil. A Oloron, on dit proverbialement de quelqu'un qui ne veut agir qu' sa tte: N'y pas d'Escout, qu'y d Herrre. Il n'est pas d'Escout, il est de Herrre. Deux communes de l'arrondissement d'Oloron. Herrre de her, fer.
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QUATRIME
PARTIE
u bre pith coum p poudtz pensa : lou qu'y ab soubn couarsme. Ms quoan stou pla hart, qu-s boulou ha ana lou sou cap et qu parti n proumnade. Pap ! lou gat qui l'argouaytabe dsmpuch u bre pause, qu'o sauta dssus ta l'ayarpa. Cousy, cousy, cousy, s cridabe lou prabe arrat d glysi ! N'y a pas, perdiou, cousys ni cousyes hoou ! s'ou rspounou l'aute, s m'abs crdut, n t'ar pas galfat1 . Qu ca toustm ourbi l'ouilh et tne l'aiilhre !
i. Galjat. Mang gloutonnement.
d yigots d moutou n d courpious4 d garie. M Pmistat d la gahouailhe5 qu passe autan biste, per lou mnch, coum Paygue dou Gabe la ssou d las mayades 6. Bllou doun cadu qu boulou ha per si. Lou rnard n pati pas trop d hami ; ms lou prabe diable d loup qu bincou magre coum u cn d claus et lou coudic7 dou eu qu'o badou puch prtz autan agut coum lasyottes8 qui an hartre d tira ou d nouri. Quoan lou diable n'a pas arry ha, qu-s gratte las uncles. Lou loup my abisat qu-s pnsa qu'mplgur hre milhe lou tms n anan ta l'scole. Qui-s sap ? Dilhou y appryr quooucu d quiths tours doun coumpay lou rnard ab la trousse plgne et qui l'arpastaben d'autes cops chts douny n fatigue.
1. Pallaqua. Bouillir avec force. 2. A d'arroun. Tous les jours, souvent. 3. Croffou. Coffre. A Oloron, arque, grand coffre en bois o les paysans ferment la rcolte de froment de l'anne. Huche. Coffre (H.-G.). 4. Courpiou. Charpente du corps d'une volaille. 5. Gahouailhe. Gens de sac et de corde, sans moralit aucune. 6. Mayade. On appelle mayade les dbordements du Gave causs au mois de mai par la fonte des neiges. Ces dbordements, probablement parce qu'ils concident avec la saison des fleurs, sont marqus par des rjouissances publiques. On plante lou niay, le plus beau peuplier du village, grand renfort de musique. 7. Coudic. Vertbre qui termine la colonne vertbrale. 8. Yotte. Vieille vache maigre.
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QUATRIME 1
PARTIE
Malhurousmn la croutz
badn toustm lounques. U die qui moun loup s'n tournabe carcat d libis et louy dou bnte, qu h rncountre dou rnard. Adare, s-s pnsa lou moussu d la broye coude, n foutry pas u galaby d la mie pith. O saiiti dssus ?... En dus gnacs qu m'aura galfat. Ta sabam tab, qu m'ayarpr aban d'ab hyt bin pas ! S'ou disi dues broyes paralttes2 ? Lhou m'scoutr. Anoum ! qu-m ba risqua . Adchatz, moussu lou loup ! Adiou, rnard ! B h calou, y ! O ! qu'y la bouque pla sque. N-p poutch pas ha bbe u cop, qu m'y dchat lou cuyou case, ms qu'y a aciou ras u broy bitatye. U doutzne d cougns 3 dou tanat4, ou s'at aymatz my d l'arrfiat5, qu-p rfrsquiran lou palada. - Oh ! pla, ms per oun ca passa ? Titz, per aquith passdrt; hts dus sauts, qu'y batz sta dtire; lhou y batz trouba taby u pa d bimes6 blanquttes qui lou bign y pastncabe aqustes dies. Lou loup n s'at dcha pas dise dus cops; qu gaha la courrude d
i. La crout^. La croix. L'alphabet est ainsi dsign parce que dans les livres de lecture anciens, les vingt-cinq lettres taient prcdes d'une croix. Hors ce cas spcial croix se dit crout^. i. S'ou disi dues broyes paralttes. Si je lui disais deux jolies paroles bien aimables. Rapprocher de la conclusion du conte Lou Rnard et lou Moii : Qu'as d broyes paralttes, ms lou diable as ditous. Tu as des paroles charmantes mais le diable aux doigts. 3. Cougn. Grappe. 4. Tanat. Raisin noir. 5. Arrifiat. Varit de raisin blanc trs bon manger. On le prfre tout autre pour le service de la table parce qu'il se conserve longtemps. Est cultiv dans la rgion d'Orthez. A Garlin on trouve une varit de ce raisin sous le nom de pachrnc (de vigne grimpante soutenue par des tuteurs). 6. Bime. Gnisse. Ne pas confondre avec bimi, osier.
LOU
LOUP
ET
LOU
RNARD
121
cap tau passd. U sep1 qu'y re stuyade ; qu s'y psca p'ou coith et per la patte. Ah ! y, yey, rnard, say m ayda ; qu-m souy grispat n u las, n'n poutch pas sourti ! You aydat tu ? N'n y pas poupat d qure2. Adiou qu m'n baii. Qu by qu soun autan bourricous lous qui ban ta l'scole coum lous qui n'y ban.
1. Sep. Lacet. Dans d'autres rgions sep veut dire cpe (champignon).
2. N'en y pas poupat d qure. Proverbe : Je n'en ai pas tt de celle-l, c'est--dire,
VI
qui
l'arriba lou purm die d printms qui lou sourilh bincou carssa la terre dou sou array gayous ! Lhbade aban l'aubtte, la soue coumpagne, dspuch lountms aymade, n dspiyt d la tndrsse et d l'amou qui l'ab dat, qu're partide, nfidle et boulatye, crqua 2 lougn, lougn, bnalyes hurouses, plass nabiths et dfnduts. Prabe gay ! Mantrus dies qu'o bin, per ;bies et camys, coum u cos chts amne, dmanda au fsilh dou cassdou, las yarpes d l'sparb lou dsbroumbe d la mour. Malhurousmn la mour arrbouhique qu houy et d tout coustat qu s'ntn per la mountagne et per la plane aquste rjfrgn aymadou : Lou printms qu'y hyt ta bibe et ta youi, dche ta gnaiite ssou la doulou et. las larmes. Ms oun cal ith ana crqua la counsoulatiou ? La pigue coumpa1. Dsaguis. Malheur, dsagrment. 2. 'Bnalye. Aventure. 3. Arrbouhique. Revche.
3
124
QUATRIME
PARTIE
tissnte et boune qu trouba lou rmri : Qu biyras ta'ndore1, s'ou disou re, ayatza au my nid et aquiou tan qui bouilhis, praiibe gay, qu hram pioupiou . Lou gay n s'at dcha pas dise dus cops. Tout o qui lou sou co ndoulourit ab spargnat d bountat et d'amou, qu'at gourguya dap d broyes paralttes l'aurilhe de la pigue. Tan pla qu lou piguat qu l'y attrapa. Moun Diou ! quigne brounitre s'y h labts per dbaith la houilhade ! Cops d pruc, sgarramilhes et crits biahore ! En u moumn toute l'asrailhe qu'stoun amassats2 et lou gay, chts nade fourme d proucs, ligat, yutyat et coundamnat d'sta u cop plumt et aprs pnut. Datz-m ou mn u hore, dis lou malhurous, ta-m prpara parche dban Diou. Pas u minute, rspounoun touts d'u sole bouts. Autanlou, cade aiisrou qu'o passa per dssus n coude-l'y-sgue3 et n'ou dchan pas qu n l'aboussen dspuilhat. Yutyatz s hs bre figure ! Dya lou bourrou qu'ab stacat la corde au bc d la my haute branque et qu s'apprstabe au passa lou las au coith, quoan s h ntne d lougn lou can d'u biatydou : Coucuith ! Coucuith ! Lou ngat qu-s gahe toutes las arrames. Qu smbla au prabe gay d'adi la bouts dou Saiibadou : Arreste, bourrou, s-s hiqua crida. Qu'ntni arriba lou my sapin et lou my saye asith qui lou boun Diou ayi hiquat aii mounde. La soue yustici u-s dche pas yamy mbugli per la malici et las dsoundres4. Aquith qu sra lou nouste yutye. En mdich tms lou coucuith qu'apparchou appourat sus u cassiole. Qu'y a doun ? Perqu by, you, aciou tan d'ausiths smalits ? Perqu'y ntnut d tan lougn u batsarre^ qui a hiquat n susmate
1. Ta'ndore. Bientt, ce soir. L'asrailhe J'STOUN amassais. La gent aile furent runis. Nous faisons remar3. En coude-l'y-sgue. A la file. 4. Dsoundre. Mdisance, injure. 5. Batsarre. En gnral cris discordants, dispute bruyante.
2.
quer encore une fois qu'en barnais le nom collectif rgit toujours le pluriel.
PERQ.U
LOU
G AY
LAS
PLUMES
PIGAILHADES
125
tout o qui, pcr dhn lou bosc, y bstit d plumes ou appilhat d pou ? Praubin d you, s rspounou lou gay, spie drin, coucuith, n quign stat m'an hiquat aqustes bourrous chts ntrailhes. N'y pas my u plume. Lou my prabe cos ndoulourit, n-s pot pas tine d cap nsus. Qu snti arriba la courrude la trmbltte d la mour. E pots crde, tu qui m'as bis bade qu'ayi, you, mritt u trttmn autan cruel ? Praubin d you ! Qu m'an toustm troubat la ma uberte quoan u ray malhurous a implourat ayude. Qui pot dise d m'ab yamy bis smalit ? N'auri pas tan soulmn hyt afFroun n u mousquilh. Lous ayres qu rtrniben toute hore dou die d la mie cansou gayhasnte et qu'y pramou dquro qui m'an mntabut lou gay. Qu're plas d m'audi et my ncoure d-m bde. Praubin d you ! Eu quign stat m'an doun iths hiquat ! U die bndit nter touts, lou boun Diou qu m'ab bailhat u fumelle ournade d toutes las flous d la younesse. Lountms qu s'rem aymats et pertout, autour d nous, lou nouste amou qu hs plas ou mbye, quoan u hrumi1 sabatye bincou cambia n malhur tan d bounhur. La gaye qu parti. Adiou plass, tranquillitat, amou, proumnades n l'ayre, dbis gayous au ras d l'aygutte, poutins per la houlhade... Qu crquy la mour et la mour qu houyou. La pigue pitadoure qu-m boulou bailha drin d counsoulatiou. Aquiou qu'y lou my crime. Tu qui n'as tan bis en la toue bite, digues, coucuith, y doun la mie faute, s, Au mes d'abriou, Lou my co a hyt pioupiou ! Lou coucuith qu rflchi u pause, et, aprs ab-s grattt lou cap dap la patte drtte, qu prounouna lou yutymn dqure bouts qui m accoustumats d'ntne nter mars et abriou :
1. Hrumi. Animal sauvage carnassier qui attaque les animaux domestiques pendant la nuit.
I2
QUATRIME
PARTIE
Qu'y tan trouttat et tan courrut, N'n y pas yamy bis nat d pnut Per ab houtut Dstaque la corde, piguat : n'y pas u pcat d'ayma. Et tout dtire, cade ausith aciou prsn qu-s ba tira u plume nta appilha d nau l'innoucn nyustmn martyrist. Ata qu-s h. Lou pinca tracassi, lou cardinal boulatye, la milhroque2 amistouse lou roussignoult sabatye et touts lous ats tab qu-s dspuilhan tour tour. Qu'y dsmpuch labts qui lou gay a la pilhe pigailhade3. Aqure bnalye qu'o rndou sabatye et cridass. Gouy lou die, n'ayme pas my la soucitat d la yn mplumade. Qu'a counsrbat au houns dou co u crch4 d malici et d bnynce. Escoutatz-lou pla, p'ou tms d la crise. Lou sou my gran plas, qu'y d'scarni lous cantdous qui porten aies. Pas touts pourtan. Rcounchn dous srbicis rnduts, n l'an pas yamy ntnut dise: Coucuith, coucuith! Aqure qu'y d las toues, printms. Abise-t'y doun et h tout choualines quoan disis : Pioupiou, pioupiou, P'ou ms d'abriou5.
1. Houtut... Aim.
2. Milhroque. Linotte. 3. Pigailhat. Moucnet, bigarr. 4. Crch. Levain. Se dit Lhouame dans d'autres rgions. 5. Voir la version d'Orthez, conte xi de la ire partie.
VII
dbaith l'schre. Tan qui calou sga, n'y abou pas nade dispute : lou coucuith qu s'y hs coum chys, chts attntiouna qu la coumay qu'ab soubn bsougn d'ana ta casetantos adouba4 lou poutatye, tantos attisa lou houc, tantos manya la garbure. Ms dtire qui lou roumn stou gabrat5 lou coucuith-gourpit d l'squie, qu'aur drin boulut ha pna la pigue. La pigue batalurde n'at ntn pas d qure alirilhe. Per drt et per rsou qu l'a rbin nta d're lou tribailh lou my dous. En purm loc, qu're la daune d la campagne et qu'y foutude cause s la dane s dche -payra las causses6 p'ous oubrs ou p'ous
1. Hiqua.
2. 3. 4. 5.
Tan-pu. Seulement. Hahs. Faucille. Adouba. Mettre des pices, des plantes odorifrantes dans la soupe. Agabra. Voir la note 3 du conte 1, ire partie.
6. Payera las causses. Mesurer les bas, se laisser mener, commander. On dit dans le
mme sens d'une femmequi mne son mari : Qui porte culottes. -Elle porte des culottes.
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QUATRIME
PARTIE
bayts. Aprs aquro, u asith tan aymadou d galantrie n boulr pas ha afFroun u aiisre qui l'ab, mantru cop, dchat aloula 1 aii sou nida catt, lous dies qui bouhabe dou nour lou bn d la ylade. Per toutes fys, lou Cratou qu'ab bailhat n partatye la fumelle la boutat et la graci, et aii mascle lou co et la force. Qu sr stat u gran scarni ta'ou boun Diou, s'abn bis trima l'aiisre et rpasa-s l'aiisith. Qu cal ha ? Tira n daban et bcha l'aie. Labts doun qu-s partin lou tribailh d quste mode. Lou coucuith qucarrya2 lou.roumn darr'ou coith et la pigue qu l'arranya au bros. Ta'ous purms silhous3 la bsougne qu caminabe rountrmn4 ms msure qui s'nlougnaben, qu cal dht tms. Labts la pigue npatinte qu s'apitabe s'ou countre-cansith 5; et, n satriquyan d l'u cap Faute qu cridabe toustm : Garbe ! garbe ! garbe !
6
manire qu lou coucuith qu're fourat d courre. Sus bouque d nouyt n poud pas my bouha. Tab qu s'squiouba, hountous, l'scurade et dsmpuch n l'an pas yamy tournt bde au pys per garbe 1.
1. Aloula. Reposer au lit, roupiller, assoupi.
2. Carrya. Charrier,
3. Silhou. Sillon. Bande de terre comprise entre deux petites rigoles. 4. Rountrmn. Vite, sans peine ni obstacles. 5. Countre-cansith. Barre horizontale mobile fixe la charrette au moyen de deux montants et de deux anneaux. 6. Garbe. Gerbe. Cri de la pie. 7. Per garbe. Au temps o l'on fait la gerbe. Le coucou en effet cesse son chant ds que les chaleurs commencent se faire sentir.
CINQUIME
PARTIE
Lou Perdigailh1
U gouyattte d la campagne qu s'n anabe nta la bille, ta bne u perdigailh gahat per lou sou pay, qui re u gran cassdou. L'asith qu're madu2 et qu'ab drin d sabou 3. En passan dban la glysi d la paropi, la maynade qu-s pnsa d ha d'u pyre dus cops et qu'ntra nta-s counfssa. Qu-s hiqua n db d la counte dap moussu cur, et quoan y stoun miyes, lou capra, n sounnan4 dou nas, qu'o smbla qu la pnitnte nou sabouryabe pas coum l'arrous dou sou casa. Qu h frounci la teste et qu t la dits tout smaliciat : Qu puts5, maynade !
1. Perdigailh. Perdreau. Le lecteur saisira facilement le double sens. 2. Madu. Mr. 3. Sabou. Odeur. 4. Sounna. Se moucher : dans ce cas, sentir,
5.
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CINQUIME
PARTIE
La praube gouyatotte qui s'ab scounut l'aiiyami dbaith lou dbanta qu t'ou rspoun toute sparide : Qu'y lou perdigailh, moussu cur ! Qu t'ou eau laba lou perdigailh, s'ou disou labts moussu cur, n han lusi lous arnats2, et n cridan coum u bcut. Qu'strangla3 la praube maynade et n sdburan4 d la bailha l'absoulutiou qu la h biste dscampa. N ca pas yamy dcha pudi lou perdigailh.
HOURCADUT.
1. Dbanta. Tablier. 2. Arnai'Us. Yeux furibonds. Se dit surtout des regards du chat quand il est en colre. 3. Estrangla. Epouvanter. Ailleurs, trangler. 4. Esdbura. Se hter. Ce conte a t recueilli Orthez.
II
Lou Perdigailh1
U balnte paysane d per nouste, mntabude Marie, aprs ab strussat lou dhn, dat tour l'auyami, prstit et nhournat lou smman, qu parti u dissatde brspe t'ana bouyta lou sacoutt oun arrcatdabe lous pcats dspuch usquoans dies. Qu're p'ou ms d yuilht. Lou roumn qu're sgat, battut et lant2 et Marie qu s'n d per las mbraqures, l'oumpre d la plchade sus la cantre dou roumntry3. En caminan, qu h lhba u ahouailh d perdigailhs qui s'sproubaben quouate pas et qui s'anan pausa p'ou miy d la plane. Qu'n y ab d toute payre, d grans et d thicoys4 et tab d miancs. Oh ! pourtan, s-s disou Marie, s'abi sabut ha tout choualines, qu'n ari d sgu gahat u ou at. Et d'are oun lous ca crqua? Qu s'attapchen5 au miy d l'herbe et qu soun d la coulou d la terre. Ms la prditz qu-s dscusa toute sole : Frut couilhut! Frut couilhut ! Frut, frut couilhut Marie qu s'arrousga patines coum u ca d plume qui sn la quste. Frut couilhut, frut, frut couilhut, hs toustm la prditz. Tan et my qu Marie qu'ayarpa u perdigailh. Biste qu s l'stuya au miy d las poupines et qu tira lou sou camy n daban. A la glysi, qu'ntra d las purmres la bouyte dous trnte-chys hourats. Qu la tardabe d s'applga ta case, ha bde l'ayamiot la maynadine aymade et biciade.
1. Version recueillie Bellocq, dans le canton de Salies. 2. Lant. Lanc. Pour sparer du froment aprs le battage la poussire, les mauvaises graines et les dbris de paille on le lanait, d'un bout de la grange l'autre, au moyen d'une pelle, avnt l'invention du moulinet ventilateur. 3. Roumntry. Chaume. 4. Thicoys. Petit de thic peu. Usit seulement dans les environs de Lanontan. 5. S'attapi. Se reposer sur le sol en se faisant aussi petit que possible.
I32
CINQUIME
PARTIE
Lous pcats dou prgari, dous arnguts, dou fad lou dimnye, tout aquro qu'stou scoubat n u biroult. Qu s'ab gouardat lous dou subercou nta ndarrres. Lou capra qu dis : Abtz yamy abut d maies pnsades ? Atch ! atch ! O b d sgu, moun pre. Qu bo dise aquro : Atch ! Atch ! Arr, arr, moun pre ! Quoan d cops ts stade mbyouse ? Atch ! atch ! atch ! Qu ? Atch ! Qu-p dben bouri las mies parales coum bourchen l'iher touts lous qui n saben pas rsista au plas d'u moumn ? Nou, moun pre, nou ! Lou perdigailh, lou perdigailh. Quign diable d perdigailh ? Qu-m pgnique et tout qu-m prut. Malhurouse ! Abanhyte ! Proufana lou sacrmn d la pnitnci ! En darr ! Ta case! Anatz ploura la boste hounte et dmanda aii boun Diou dou cou la rpntnci. Marie qui n coumprn pas arr tan d dsoundres qu s'scapa et qu-s pnsabe qu moussu cur qu're badut pec. Ms ith qu sourti dou counfssiounal dap u grane brousside : En y a nadate per aciou qui s'ayi hyt sgui lou perdigailh! Toutes qu-s lhban stabanides. Fouttz-m lou cam las qui-n abtz nat. Qu-s saban, sparides. Pas toutes pourtan. Qu'y dmoura Marichtte, u biilhe d septante ans qui-n ab hyt d pludes1 dspuch l'atye dous trs chys2. Et tu, Marichtte, n'as pas doun nat perdigailh, amigue ? Oh! qu si, Moussu cur. Ms qu'a ou mn binte-cinq ans qu n pioule pas my. Bn, bn, praube Marichtte, lous pcats qu-t soun prdounats puchqu lou perdigailh n-t pioule pas.
1. D pludes. De velues, de drles. 2. Dous trs chys. Des trois six, de 18 ans,
III
Tibi! Madlou
Qu hrm, bous aiits et you s las bnalyes d la bite s'abn trsplantat au houns d la campagne, lougn dous dibrtissmns toustm nabiths d la bille ; s la fourtune, mayraste ta'ou gran noumbre ab smiat d flous lou nouste brs1, ngragnat d bounhur la bre younsse, arcussat2 l'or et l'aryn ta la tirtte dou nouste cabint ? Qu hrm ? N'y pas malayse d'ndbinac : Da drin d tour las causes d case: cassa, psca, passya-s, minya-n d bou, bbe-n d cla, mata lous malins, ayda lous brabes, et lhou tab, perdounatz aqure fblsse l'infirmitat d la carn,.... lhou hrm tab lou bounhur d'u bre Madlou. Tout pari qu hs" u capra d l'ancin tms : dbrtissan la soue hore, pitadous ta'ou praube mounde, caritatous et brabe coum dou sta tout srbitou d Nouste Sgnou Jsus. Ms tab quign re aymat dous parroupias aquith bou capra ! Et Madlou, la bre !... Dspuch dtz ans ou mn qui re aii sou srbici yamy n s'y ab audit au prbytoure lhba la bouts my hort qu nou cal. Et pourtan, bsys et bsyes sustout qu'abn argouytat d nouyts et d dies, ms n baganat. Lou cur et la goubrnante, qu'n anaben s'ou camy dou salut chts qu lou diable y abousse yamy poudut hiqua payre. U familire amistat qui n counchm pas aii die d gouy, qu rgnabe d'aquith ousta bndit. Cade brspe, aprs u bou dinna, Madlou et lou brabe homi qu'n hsn, cap et cap, pta u pintou d Yuranou. Lou capra, toustm aymable et gayhasn qu lhbabe lou sou byre et qu tringabe dap Mad1. Brs. Berceau. 2. Arcussat. Ramass,
134
CINQUIME
PARTIE
lou, n disn : Tibi, Madlou !1 Dtz ans d sguide, la goubrnante qu'ab ntnut aquith mout chts s hiqua n pnes d sab o qui boul dise. Ms lou curious dou diable qu'a toustm prgut la hmne, hilhe d la mayrane Ebe. U die, qu boulou, toutes fys, counche lou sns d quith Tibi ! S'at ab ncoure dmandat a mste ! Ms, nenni, qu l'aiir lhou troumpade. Qu'ana truqua la porte dou domin2, biilhot et pudntot qui-s sr anat stuya hn u hourat d bouhou s'abn hyt tabardya:! qu lou my habille dou pys qu db sta pnut : Qu m'abtz spliqua u cause, s'ou disou Madlou ; qu boou dise : Tibi ! Tibi! Tibi !... rspounou moussu ryn n grattan-s lou cap, Tibi, qu'y u mout grec ou lhou laty ; aquiths loungatyes qu s'm soun drin tirats d l'ide, ms tournatz douma et qu'aratz l'splicatiou. Qu eau dise qu lou domin, ylous dou rnoum dou capra, n manquabe yamy u occusiou d'o yougua la trousse. Pndn la nouyt qu'arroumga sus la combine s poud', aquste cop, ha'ou ncoure u pam d nas. Lou lndouma, Madlou qu courrou dcap ta d'ith : Et doun, abtz crquat ? O b o, et tab troubat coum disen lous banylis. Tibi qu'y u mout grec, et u hre l mout, n p'at gaiisi pas dise. Qu'at ca pourtan. Dbisatz qu p'at prgui, n sourtiry pas dciou qu n'at sapi. Ms qu'at batz dise moussu cur et aprs qu m'n boulra ? Nou, bras s-m squi ! Tibi, doun, qu boou dise dsgansoulade 4. Dsgansoulade, you, -s dis Madlou smalide quo l'arrauye !
Tibi, Madlou ! A toi, ta sant, Madelon. le matre
1.
TIBI
MADLOU
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Qu'at saiiram b, qui n'y dsgansoulade et, pndn lou dinna qu h maie care1 ; maie care ncoure quoan aboun dinnat. Lou capra, ith n'y prstabe pas attntiou. Tab coum d'habitude, aprs lou darr plat qu lhba lou sou byre ; et, dap lou my broy arrisoult qui poudou trouba : Tibi, Madlou ! A d'aqure nabre scarni, Madlou qu-s dsboutoua : Ah! quio Tibi!... Qu m'apres Tibi? Qu crts qu n sy pas o qui boou dise ? Et doun, scoute : Tibi, tutu, tu!... Tibi, lou tou pay! Tibi, la toue may! Tibi, la toue so! Tibi, la toue parntat ! Tibi, au cou ! Tibi, sus la terre, touts, touts, touts lous qui t'an crt Et aprs aquro. s you souy Tibi, qui m'n a hyte sounque tu ? S'ou purm strangle2, lou capra qu-s pnsa qu Madlou qu'ab prgut lou cap. Ms aprs qu bi chts pne qu'y ab pic ou plade3 : Praube fumelle, s la disou labts ; qu's doun, tu, prstide d la mdiche hangue qu lasautes! N-t suffibe pas d'sta hurouse, qu'as boulut tab gnaca4 aii frut d la sapince. B-t-n doun ta la serp qui t'a nstruide Ms Madlou qu ploura et qu prga. Lou capra qu'stou saye : qu la prdouna. Rsou qu'abou. Richsse et rnoumade qu ba tout aquro chts Pamou d'u bre Madlou ? Lou boun Diou p' hsi coum d'ith, sustout s-p a bailhat boutat et younsse dap !a richsse, la graci d'ayma, lous mys amies. Amen !
1. Maie care. Mauvaise grce, mauvaise figure. 2. Estrangle. Ahurissement. 3. Pic ou plade. Textuellement coup ou coupure. Dans ce cas, quelque chose de louche. 4. Gnaca. Mordre.
IV
Cric ! Crac !
U tms qui s'y passa, u capra qu partibe tout maty nter sept et gouyt hores, ta dise la misse. Per hasar ou ate cause, qu rncountrabe soubn, ta nou pas dise toustm, u charmante maynade, hilhe d'u arcard
1
la houn. Broy tailhuqut3, sus l'arrgue dous trs chys.4 Dap lous sous gouilhous lusns et amistous, l'arrisoulet d la soue bouquine mbyouse, cacarry d rdoun qui la suslhbabe la pilhe5 per dban, drin my bach qu las spalles, qu'ar smabut6 las arroques d la mountagne. Pnsatz doun u aseith qui-n minye d bou chts rmuda lou manyou coum bous et you. A Diou siatz, moussu cur, s dis la sourcirtte. Cric, mon enfant, rspoun lou capra. Arr n tribailhe coum lou crbeith d la younsse, n lou briou gayhasn dou Gabe qui brounch, d l'u atibtte Faute, chts mpaith n fatigue; n l'abilhe qui boule d flou n flou chts yamy dmanda graci. Pndn u msade7 sancre, la maynadtte qu passa doun touts lous moumns dou die et pnsi tab d la nouyt, dman-
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3. Tailhuqut. Petit morceau. 4. Sus l'arrgue dous trs chys. Sur le sillon des trois six : qui avait prs de dix-huit ans. 5. La pilhe. Les vtements en gnral. Ailleurs les jupes de la femme. 6. Esmabe. Emouvoir. 7. Msade. Mois. Msade ne s'emploie gure que pour exprimer le temps pendant lequel chaque pre de famille recevait, avant la rvolution, le matre d'cole pour le loger et le nourrir. 9
138
CINQUIME
PARTIE
da-s : Qu'y o qui bo dise moussu cur ? Ey aquro u nabre mode d la bille ! u mrque d'amistat, ou...? Qu-m gouardi ta you lou rstan d las soues pnsades, ms re n'n h pas autan. Empchatz doun u fumelle d batala! Qu s'n ana counda lou sou mbarras aii... pay ! Eith qu coumprnou et d sgu qu la h coumprne, puchqu lou lndouma attnd my d maty qu d coustume s'ou camy d la Bou die, moussu cur, s'ou digou, autanlou coum lou bi, la la lbisinte1 maynade. Cric, mon enfant! Crac, moussu cur ! Ah ! et ta quoan ? Taii s, sept hores, qu sry soultte. Taii s doun, praiibine ! La nouyt qu'arriba, et lou cur dap re. La gouyate qu'o h ntra per u porte d darr. Aiitanlou coum stou dhn, qu'ntnoun appra d dhore nla. Et qui pot sta aquiou, dmanda lou capra sparit ? Ah ! moun Diou, lou pay, lou pay ! Sabitz qu-p ba stuya. Et qu'o mia n courrn ta la borde oun s troubabe tout lou roumn d l'arcard. Aciou qu'y a u sac bouyt, arroumratz 2-p'y coum pousquitz, et Diou p gouardi d toussi ! Arroun qu s'n ana ourbi la porte. T! qu'tz bous, pay, qu bo dise qu tournitz nouyt. N-p crdi partit per dus dies. O b o, ms n camy qu'y apprys u maie noubelle et qu-m souy arrbirat. Qu doun ?
r. Lbisinte. Elgante, aptissante.
2. Arrouinra. Plier en forme de cercle une chose flexible. Arroumre. Cercle fait
avec une branche d'osier pour fixer un piquet la barrire d'un champ. Au figur : chicane.
CRIC
CRAC
139
Lou gra rount1 qu'a hyt u bche d cinquante sos per sac; bailhm u barre et la candelle ; qu'o bouy ana spia, ta sab s'y a gran douny ta la mie bousse. Qu'ntran ta la borde. L'arcard qu passabe lous sacs l'u aprs Faut, n disn quoan lous ab toucats : Sus tu, n perdry pas gran cause ; n sus tu ; sus tu tapaiic, n sus acquith ; ms sus aquste !... Et qu s'arrsta au sac oun lou capra n moul d fy2. Ms aquste qu sra la mie rouyne. Tab,qu'at bas, au Diou biban paga p'ous auts. Ah ! brigan d roumn, carcan d sac ! Et pim, pam, pt, bire-t-ls3 sus las spalles dou praube cur qui parabe chts bouha tque4. Lou dimnye arribat, moussu cur, siban la coustume, qu dbra d l'aiita ta bailha la patz5. Pax tecum ! S dis d'u bouts ndoulouride. Et cum spiritu tuo! rspounn las dbottes. Quoan lou tour d la broye arcardre arriba : Pax tecum! Crac, moussu cur. Qu'n as, prdiou, mntithoou, N per cric, n per crac, N-m tournras pas hiqua au sac.
1. Lou gra rount. Le grain ordinaire, par opposition au grain soigneusement tri pour les semailles. 2. Moul-n d fy. En moudre de fin. Avoir son cur serr comme le grain sous la meule, lorsque l'on veut obtenir de la farine trs fine. 3. Bire-t-ls. Littralement chasse-te-les. Au figur, attrape cela ! 4. Bouha tque. Ne pas souffler mot. Bouha, souffler, tque, cosse. 5. Bailha la pat%. Donner la paix. Coutume impopulaire, mais laquelle, quoi qu'en dise le conte La Pat^, nos populations ne savent pas rsister.
142
CINQUIME
PARTIE
Nou mn parlis, nbout, aquiou qu'y lou my crbe-co1. N poutch pas bde lou bounhur dous auts, chts pnsa qu m'n anry ta dbaith terre aban d'ab hyt pinnta. l'ntour d l'oustaii, la toue familhotte. S n-p manque pas qu'aquro nta sta hurous, counsoulatz-p dtire; qu-m baii marida, ms qu bouy dues hmnes. Oh ! diablas ! Ata qu'y. N'y a pas taii coum u pandard quoan s dscorde2! Et qui-t bas doun prne ? L'u qu sra s-p platz, Mariounine d Porttny3. Hre pla. N'a pas trop d rich, ms la machre qu'y rouye, et la poupe d la came4 rdoune. T ! quign at sabtz ? Aquro qu-s counch au pe : tan pe, tan came5! Et Faute ? L'aute qu'y la Toutine d Snysoubre15. H, h! Bre maynadtte, ms arrbouhique coum u broc d'aragnou7. Qu'y pari : toutu coum l'alite qu'y biyra! T'oun anra ? Qu disi qu tout qu'anra pla. Las nouces qu-s hn la fy dou carnabal. A miy couarmne lou prabe nbout gourpit8 d Fsquiau qu're hart dquith ayamiot
2. N'y a pas taii coum lou pandard quoan s dscorde. Il n'y a pas tel comme le paresseux quand il se lance. Proverbe : Le paresseux ne travaille pas souvent, mais quand il travaille, il le fait pour tout de bon. 3. Porttny, (porte-t-n-y). Portes-y-en. 4. Poupe d la came. Sein de la jambe : mollet. 5. Tan pe, tan came. Tant pied, tant jambe. Proverbe modifi. Le vritable est ordurier et ne peut s'crire. 6. Snysoubre, (f n-y-soubre). S'il en reste. Voir le contePanalori d bouque, o l'on rencontre le mme nom. 7. Broc d'aragnou. Se dit proverbialement de quelqu'un qui ne peut rien supporter, qui grogne tout propos. 8. Gourpit. Trs fatigu.
LOU
NBOUT
DOU
CUR
143
toutu coum d msture nlouride1. Sus la dsncuse d ha lou db d Pascou, qu'ana passa gouyt dies no d l'ouncle. Quoan s'n tourna, l'apptit aguzat per u gouytne d ryte, qu h la rncountre d'u troupith d crabes qui broustaben la plchade s'ou bord dou camy. Qu'n counda u bintne et n'y bi pas sounque u bouc. Qu'apra lou crab : Hoou crab ! N'as pas-tu qu'u bouc nta tan d crabes ? Nou pas nou ! - Oh ! lou praube diable, s digou n s'n arriden, bou plagni, you, s n'a pas u ouncl d cur. Clic, clac, Lou counde acabat. Clic, clic, Lou counde fnit.
i. Msture nlouride. Mture moisie. Enlouride de nlou, fleur. Quand le pain de mas commence se gter, il se couvre d'un duvet blanc qui ressemble au pollen de certaines fleurs.
VI
Tataritar !
Abtz yamy ntnut mntabe lou mayre d'Enlech ? Qu're u bith homi, nter dus atyes, bnte rdoun, gouilh abrou1, qui sab my pla lhba lou cout et chuca lou dit pos qu laiira u cam ou trytia2 u marye d tarr. N'ou counchn pas, hn lou bilatye, qu'u soul amie, lou capra, rnoumiat ith taby per ab la manye larye et per sab drinou trop d quigne stoffe ren doublades las camises d las broyes fumelles3. Coumpay et coumpagnou, qu s'ntnn taule coum las cordes dou bioulou : l'u qu boul la pinte quoan Faute dmandabe lou pintou. Aqure bre amistat qu sr stade parfyte, s, aprs la hartre, lou cur brir4 s'ab boutouat la bragutte5, tab, poulligat6, u drinou, la soue lncou dstrabade. Mlou cournards qu'abugls s dits Farrpour. Moussu lou mayre, bou bouquiou, qu-s countntabe d barra lous gouilhs. Pourbu qu lou toupy qu bourchi7 lou reste qu s'n ani ta'ou diable! Ms
1. Goueilh abrou. Vairon, se dit d'un individu qui a un il bleu, quand l'autre est noir. Proverbialement se dit de quelqu'un qui passe pour intelligent. 2. Trylia u marye. Dfricher un espace de terre inculte et couvert de broussailles. 3. D quigne stoffe ren doublades. De quelle toffe taient doubles, c'est--dire la peau. 4. 'Brir. Volage. 5. Bouloua la bragutte. Boutonner la braguette. La langue barnaise est gnralement libre. Ce qui serait prohib par la dlicatesse franaise s'accommode fort bien avec notre libert d'allures et de paroles. Honni soit qui mal y pense ! 6. Liga. Lier. Poulliga. Lier troitement. 7. Pourbu qu lou toupy qu bourchi... Pourvu que le pot bouille.... Se dit des maris complaisants.
146
CINQUIME 1
PARTIE
quabe n try d tourna'ou l'ourdari2, qu'n lou hs d prasses. Lou die d Sgn-Pourqui3, qu'y abou boustifailhe au prbytoure. Qu s'n y bbou u doutzne d fioles d my qu d coustume. Aquste qu'y lou by d l'spurgatory, dis lou cur. Bbtz, bbtz, moussu'ou mayre, qu'y abts thic ou hre d par. Ha ! lou broy mstie qu lou mstie d cur. S p'n retz hyt, b'n aurtz bous bbut d bou, et d' bou counde ! Anm! u gnaiite coupichot, nta ha passa aqure tranchtte d hitye4. Minyatz, n-p hsi pas doou, toutu qu'n y a drin d boste. o qu mark nou h, Qu h la mouilh ! Lou porc tab, hoou ; asith d cauye ! N'y pas prou d'mprounta-m la fumelle et d panam lou by ! Ms sounque lou diable s t'n porti, n t'n bantras pas d quste ! Lou cur qu s're adroumit lous cots sus la taiile. Lou mayre qu-s lhba n trbucan, qu s'ana dstaca d l'scalot5 lou porc qui re dsbndrat6 dspuch bre pause, et qu s'n lou carrussa ta case. Lou lndouma, quoan calou ha las saucisses, oun-t-re lou porc? Qu'o crquan dou soou aus trabatiths, ms n baganat. Labts lou mayre, la charpe s'ou mric, qu'ana ha mandmn d rcerque ta touts lous bsys. N trouba arry ! D sgu qu sra stat ma scanat, s dis au cur nta counsoula'ou, et qu-s sra sabat. Maii scanat ? N'abm pas nous minyat lou hitye ? Oh ! et qu'y h !... qu s'n y a hyt d my grises per ma f !
1. Mourse. Digrer.
2. L'ourdari. La pareille. Mot d'origine basquaise.
3. Sgn-Pourquy. La fte du porc, la plus vivace des ftes barnaises. On dit aussi : plre, pelle-porc, pourchinelle. Le jour o l'on tue le porc. 4. Hitye. Foie. 5. Dstaca d l'scalot. Dtacher de l'chelle. D'habitude pour dpecer le porc on le suspend la tte en bas une petite chelle appele scalot. 6. Dsbndrat. Etat d'un porc auquel on a enlev le ventre.
TATARITAR
H7
La malici dou cur qu're tarrible. Las dbottes qu'n trmblaben et n'n y abou pas u qui-s gausasse approucha ta la counfesse. Tout dimnye n s'y .dbisabe la prdicadre sounque d boulurs et dou houc qui'ous brullr l'aute mounde hn las cautres de l'iher. Aqure coumdie qu'abou pourtan u fy. U die, n s passyan sus la cantre dou cam, lou brbiary dbaith lou bras, lou nouste capra qu'ntnou lou bayltot dou mayre qui cantouryabe n gouardan las baques : Ta, tari, tar, You qu'y minyat porc d moussu cur ! Lou cur qu s'approche. Et qui t'a amuchat aqure broye cante, amie ? Lou mste, moussu. Escoute, la bourras canta ta dimnye pndn lou surmou, quoan t hsi u sinne ; qu-t dry u scut. O b o, moussu. Lou dimnye arribat, qu s'y tourna ouncoure tounrrya1 d la bsd panade. Lou boun Diou qu ba ha miracle, lous mys rays ; ynous touts ; scoutatz u anyoulin dou cou qui ba dise la brtat. Lou bayltot l.bts qu-s hiqua canta dap la soue my bre bouts : Ta, tari, tar, La gouye d moussu cur qu h bragu2 ! Coum aquro, lou qui boou guilha3 Guilhot, Guilhot qu'o guilhe.
1.
2. Ha bragu. Trs jolie expression qui n'a pas son quivalent en franais. Ne s'emploie gure qu'en parlant des animaux dont le pis enfle. 3. Guilha. Tromper le trompeur.
VII
mades. Hre lougn, hre lougn, qu l'anabe lou rnoum d'sta n toutes causes lou perrou11 dou billatye. Qui at poud trouba rnaii ? A dfndut lou boun Diou l'aygutte d brioulya12, l'agnith d houlya, l'asrou d'ayma ? 1.
Cur. Dans le patois d'aujourd'hui le prtre s'appelle cur. Autrefois capra
de chapelle. Capra ne se prend plus qu'en mauvaise part. Dans un autre sens, signifie chapon. 2. Loubing. Loubing. Commune de l'arrondissement d'Orthez, canton de Lagor. 3. L'an d la gran'pru. L'anne de la grande prune, c'est--dire jamais. 4. Bnsilh. Osier tordu pour servir de lien. 5. Bourroungle. Fronde. 6. Crouchi. Plier nn homme avec une telle force que les os craquent. 7. Estorses, de torse, tordre : la lutte. 8. Couchcouchya. Parler doucement l'oreille de telle faon qu'un indiscret ne puisse entendre qu'une sorte de bruit sourd, couch,... couch. 9. Bireplc. Tournant. 10. Arou. Coudrier. Ara. Noisetier. 11. Perrou. Au propre, mle de la perdrix ; au figur, le prfr. En d'autres rgions le chien.
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12.
CINQUIME
PARTIE
Qu s'y trouba toutu u dbotte, biilh et laide, n'y pas bsougn d'at dise, n ta brouni1 per darr : N'abn pas yamy bis cause parire, la misse tan biste scaputhade2, lou prgari tan court, la counfesse my abandounade. S'at sab Mounsgnou.... aquith qu're u homi d Diou, qui n'aiir pas d bre paiise, dchat pati la paropi, ta d'ana gasya3 dap Yantte, Martine ou Hilhote et d'astes dsgansoulades qui n baln pas cinq ardits d boune mounde4 ! Coum l'scourre douctte et perfide qui-n ba taii Gabe chts arrouyt n brousside, atau l'alp qu'arriba dinquo Bayoune, oun, bahide5, lou mste passabe nouyt et die, lougn dou garruch5, dap lou boun Diou et lous sous anyous. Praiibe cur b'stous lou dsapitat ! La galle qu s'apprn d'ayse, et u poume pouyride qu'n pouyrch mille, dis dap rsou l'absque. Houy7 d'ous qui n'an pas u cadnat aii pourta8 d la bragutte ! Ms n'y a arry d'autan pc coum u bou chts aguilhade ou u capra chts misse. Lou cur qu h doun d tripes couratye et qu s'apoutya tout aie pnn, tau casteith d l'absque. N'y trouba pas sounque lou baylt d crampe. Qu sabm qu lou nouste homi qu'ab parale n bouque ; qu'o bayoula0 tan pla : Moussu dciou, moussu dquiou, qu bllou qu'stoun amies coum u pa d rays. Lhou l'ab tab drinou frtt las bottes10!
1. Brouni. Bruit que fait le vent, mdire.
2. Escapuihade. Coupe, tte coupe par un bout.
3. Gasya, degaiis, coucou ; jaser, perdre son temps, s'amuser, en se cachant. 4. Nou pas bal cinq ardits d boune mounde. Ne pas valoir cinq liards de bonne monnaie. Proverbe des vauriens. 5. Bahide. Certainement. B'a. Il a. Hide. Foi, croyance. 6. Garruch. Commerce immoral. 7. Houy. Exclamation servant chasser le porc. Pour la poule, on dit : Ch ! Pour le chat : Ft ! Pour l'oie : Ha ! Haie ! Pour le chien : Passe ! 8. Pourta. Pice de drap du pantalon pont descuyers ; jadis tous les pantalons taient pont. 9. Bayoula. Caresser. 10. Frtta las bottes. Frotter les bottes, donner_un gros pourboire.
LOU
CUR
DE
LOUBING
Quign ca doun ha, dis lou cur, ta smabe1 lou co d Mounsgnou ? Ho ! lou boste pcat qu'y l et gran et Mounsgnou n'a pas lou cap moufle2, ms anatz-p'stuya dbaith lou lhyt; attndtz chts bouha tque Et aprs ? Aprs? N'y pas gran'poou d bous; anatz, anatz, qu sr ha affroun au gat d'o boul amucha d souriga. Lou cur qu dbou coumprne miy mout puchqu parti tout drt ta l'stuyo. Ta quauque hore, l'absque qu'arriba. Qu smblable d gouailharde humou et lou cur qui'ou guignabe nter lous ridous, qu-s. pnsa qu n troubr pas yamy u occusiou milhe n ta dmanda'ou perdou. Aii moumn d'abansa, lou co qu'o manqua. Pla qu l'st ! L'absque qu-s dspuilha la courrude, et qu dis nter lns : N'y pas toustm hste; per anouyt doun, courte prire, mounte aii cou ! Bllou qu'stou sus la camise. Labts qu s'approucha dou lhyt l'arris la bouque, l'mbye as pots et qu lhba l'aprigue et lou lino n cantourryan : Bndit qu syi lou lhyt, Et la qui droumi dap you nouyt. Amen ! s rspoun u bouts d tounerre. Qui a dit amen, dmande l'absque spaiirit? Lou cur d Loubing. Bn, bn, la cure qu t'y tournade D cent scuts amntade, Bn-n prtout, Chts dise nat mout !
1. Esmabe. Emouvoir, toucher. 2. Cabourrut, de cap, tte. Ttu.
VIII
154
CINQUIME
PARTIE
bailhaben lou signal et atanlou, gouyats d sauta, maynades d pinnta. Broy homi d trnte-cinq quarante ans, lou cur qu passabe arridnt aii miy dou sou troupith et tout cur qui ith re qu l'ntnn soubn dise : Anoum, Toutoune, lhbe drinou my dou coustat drt lou dbanta
1
drin my haiit... Dbrtitz-p pla, amies, siatz bin sayes et tournatzp'n d dore. You qu m'n baii ta passa lou brbiary. Oun soun, gouy lou die, lous capras d quith trm2 PPerqu'an ths dsaprnut aqure brtut qui baii toutes las ates et qui mntabm la toulrnce, la caritat ? Nou pas, Diou mres, qu lou d Sgnte-Graci n'abousse quoouque ptit dfaiit, pcat d subercou3 ou d'astes d mdich scantilh, car quouaii b'y, distz-m, lou cassou qui n'a pas oumpre4 ? Ms d'ith qu l'y at perdounaben d'ayse, pramou qu toute la bite qu'ab hiquat n pratique aquste coumandmn dou dfun Sgn-Yan : Aymatz-p lous us aiis aiits. Qu s'ab amasst, d'aquith ana, u taii rnoum d bountat, d sapinee et d'adrsse, qu d'arroque n arroque, n dspiyt d las galihorces sbariadibes5 d la mountagne, la noubelle qu'n re dbrade n quo'ou Sgnt-Esprit oun s troubabe d quith tms lou palays d l'absque. Anam bde aqure mrbeilhe, dichou u die lou mste as sous bicaris et s la rnoumiade n'a pas mntit qu hram caiicarry d quith brabe homi ! Mounsgnou qu parti doun. Arriba6 qu h quoan poudou, dap
1. Dbanta. Tablier. 2. Oun soun, gouy lou die, lous capras d quith trm. O sont, aujourd'hui les curs de cette trempe. 3. Pcat d subercou. Pch du palais. Expression double sens signifiant la fois les plaisirs de la table et ceux de la chair. 4. Cade arbou qu'a la soue oumpre. Chaque arbre a son ombre. Proverbe : Chacun a son dfaut o toujours il revient. 5. Esbariadibe. Vertigineuse. 6. <Arriba, qu h quoan poudou. Arriver il fit quand il put, probablement parce qu'il voyageait pdestrement.
LOU
CAPRAA
DE
SNGTE - GKACI
155
hatrc quo'ou bc d la cinte, la soutane sprissade, lous pous coulats sus la couroune, las dns agusades per u lounque trotte. Tout Sgnte-Graci qu l'ana arcouilhe1 quo la termire dou billatye. Aii sou d la campane2, aii miy d l'arrouyt d la fsilhade, d las ritournelles dou tmboury, dou can d las litanies et dous siames l'absque qu passabe n bndisn lous parroupias, ms lou cur qui sntibe prudi lou moult3 qu'n anabe aii dban acassa las biilhes dbottes qui barraben lou passatye : En darr, putes, anatz p'n dinna, garces! E crdtz qu s'n fachaben ? Ha, ha, b counchtz thic aqure catabe. Qu baysaben la terre my qu yam n disn : Prabe moussu cur, b'y bin brtat d dise qu bnte bouyt n'a n co n ailhres. Lou courttye qu'arriba la fy au prbytoure. Aquiou qu'y ab beith rmudmn : dues ou trs gouyes, et nou pas laides la cousine, autan per dhn las crampes. Sus la taiile, grane boustifailhe, garies dap lou farcit aii eu, capous darats, pch d ma toucas4 d gabe, by d Bourdou, d Yuranou5 et dPortet6; pastis d tout ourdi, crousquilhes, crouquans et cabilhttes ; crme d trs coulous, cailhade, bruilh, liquous d tout scantilh. Au lar gran houe, broye nlame, et aii cor7, u maynadin qui barabe lou pau oun roustibe u moutou tout sanc. Diou biban! s'y ri stat you, doun la poulacrc dou ylt croutse tan d'ayse, doun lou pourtaii d la culotte flouche, flouche qu h
1. Arcouilhe. Aller au-devant, accueillir. 2. Campane. Cloche. 3. Lou moulit. L'estomac. Cet organe porte une foule de noms. Esloumac ou spouna chez l'homme; hirou, dans le langage familier; sac, chez le buf; glan, chez le porc; moult, chez les oiseaux. Ailleurs lou moult, le mollet. 4. Toucha. Truite saumone. 5. Yuranou. Juranon, cteaux clbres par la qualit de leur vin, prs de Pau. 6. Porlet. Commune du canton de Garlin, qui produit d'excellent vin. 7. Aii cor. Au coin. Le coin du feu revient souvent dans nos contes parce que c'est la place prfre, celle qu'on rserve pour les vieillards et les malades.
I$6
CINQUIME
PARTIE
hounte. B l'ari broy plgnat lou budeith ! B l'aurm pla chucat lou dit pos! Ah! qu n-m syi you hyt cur ou absque1 ! Aprs ab admirt toutes aqures causes sabourouses, Mounsgnou qu-s pnsa qu lou cur d Sgnte-Graci qu db sta u homi chts parie. Et doun, capra, qu dits d quste pys ? H, h, Mounsgnou, n by n ma. B t'y dous hre dbya ? Atau, ataii, nter dus. Ms qu lou diable hs doun u cop la misse dite ? T ! quoan souy hart d grata-m las uncles qu hy tourne-broches. U tribailh coum u gnate! Et aquste maynadt, d'oun l'as tirt? Aquith maynatye! Qu'y lou nbout dou my ray ! Qu'as sprit quo la sole dous pes. E bos sta capra d cantou ? Oh ! qu nou, Mounsgnou, lou pla sta n'y pas amie dou milhe. Qu-m dmouri aciou, ta tourna-y ha o qu'y y toustm hyt. Anoum, la toue boulountat qu syi plasude et anam-s hiqua taule. Ms saps, s cambies d'ide, say ta nouste. Lou dinna qu'stou loung et gayous. Lou lndouma, l'absque qu-s troubabe s'ou camy d Maiilou, lou cap psan, la lncou mpastade. Aprs abi passt dues hores chts mout dise, qu sourti tout d'u cop. Hoou, gran bicari, hoou ! Pla2, Mounsgnou ! Ms enfegn qu'a boulut dise y lou capra d Sgnte-Graci : qu hy tourne-broches ; aquste maynatye qu'y lou nbout dou my ray ? N eau pas sta sourcis ta ndbinac : lou nbout dou sou ray qu'y lou sou hilh et...
1.
J%JLts<ixz, :
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JU*;*. - K
Ah ! qu n-m syi, you, hyt cur ou absque. Ah ! que ne me suis-je, moi, fait cur Pla. Oui. C'est l'expression ancienne. Aujourd'hui on dirait : Hy ! et, moins
poliment : Hoou !
LOU
CAPERAA
SNGTE-GRACI
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Ya, ya, ya, qu'n as prou dit, qu coumprni adare. Ah ! lou couquy, ah! lou gusard ; qu'y ata qui-s fout d you ? Escriout-lou dtire qu-m bienqui trouba chts rtar Maiilou. Qu caii qu la purgui aquste. Aprat per mandmn particuli, lou cur qu parti ptites camades, lou makila1 la ma, lou cuyou n bandoulire, lous soulis hrrats as pes. En passan qu'n anabe bouyta u boutilhotte dap cade counfray qui-s troubabe s'ou sou camy, tan pla qu'arriba Maiilou quoan l'absque re dya partit nta Tardetz. Aquiou, mdiche histoure d manire qu sgui lou mste au traslay pertout oun passa chts lou poud yamy rncountra : Alourou, Nabarrnx, Orthez, Salies, Labastide, Bidache. Enfegn qu l'attrapa aii Sgnt-Esprit. Ms moussu qu're aii lhyt fatigat, moulut, n'ou cal pas ou mn dsaranya'ou aban miy die, dis lou baylt d crampe, n s sgnan. Yan-Pirrot, dch-m passa, rspoun lou cur, qu trotti dspuch trs sminaires au darr d Mounsgnou. Dch-m, la f, ou... hm, hm! Ms, malhurous, lou mste qu'y aii lhyt ! Tab m rcoura d'ayze. Oh ! yamy. Qu nou, perdiou, attn, attn, et, p'ou eu d la culotte qu-p mbia Yan-Pierrot ana dise youtipris aii houns d l'scal ; Qu'y a, qu'y a, cridabe l'absque ? Arry, arry, Mounsgnou, n-p lhbits pas sustout, qu'arribi. Ms qui s tu ? Et, dounseban2, n'at sabtz pas qui souy ? Lou capra d Sngte-Graci. En mdich tms qu'jurbibe la porte et qu s'y h gran strusmn3 dbaith l'apprigue dou lhyt.
1. Makila. Mot basque, bton de nflier ferr par les deux bouts avec des orne-
ments en cuivre. 2. Dounseban. Intraduisible, juron diminutif de Dion biban. 3. Estrusmn. Action de cacher.
CINQUIME
PARTIE
T ! nou-m bos dise, qu's tu cur ? Et quign ba la toue hmne. Hre pla, Mounsgnou, qu m'a carcat d ha hre d'oumnances1 la boste. Tiens, est-ce qu'elle me connat ? crida u bouquine roustte et charmante qui sourti labts chts poou d dbaith lou lino. Qu'y abou u moumn d choualines. A la fy l'absque, qu prncou la parale. Qu'ri partit chts t bndise, cur, et qu t'abi mandat ta rpara lou dsbroumbe. A ynou's doun et qu la patz dou Sgnou qu syi dap tu. H toustm tourne-broches s-t biy pla ms n'at disis pas d'arrs. Couyou2 qu'y lou qui s'n bante... Tau mdich, Mounsgnou, et lou boun Didu qu p'ayudi !
1. Oumnance. Bonne rception, caresse, compliment. 2. Couyou qu'y lou qui s'n bante. Sot est celui qui s'en vante.' Proverbe. On dit galement : Tcat cacht, qu'y miy perdounat. Pch cach est demi pardonn.
La Proucssiou d Sgnte-Graci
Per u stiou d grane squre, lous parroupias arraiiyous, qu dmandaben n cridan biahore plouye ta'ous prats, aygue, aygue pertout, ta la yn et ta las bstis ! tout qu-s perd dbaith la calou d'u sou1 tarrible. Parroupias et parroupiantes2 qu tarridan tan et tan moussu cur nta ha ha u proucssiou nta'ou bith soum d la mountagne, nta ha arriba plouye, qu' la fy, n sgoutin lou pndard qui'ou tin case, l'oumprtte dous squilhouts dou casaii, lou capra qu-s dscida u die, d'aqure proucssiou tan mntabude. Qu parti doun bith maty, per u gran arrayo d sou, dap la crouts et la banire, sguit d toutes las fumelles dou billatye qui cantaben n coude-l'y-sgue. Qu'n y ab per trs hores nta arriba ta'ou soum; lou sou qu roustibe. Praubes parroupiantes, qu'ren choupes3 d sudou, qu dgoutaben d pertout, o d my schuc qu're dbaith la lnque4. Qu'arriban toutu. Aprs ab hyt touts lous prgaris et bbut u cop lou cou qu badou ngre, las nubles qu-s courroun aii darr, lou tounerre qu brouni n rtrnin d pne n pne dap u grane brousside, l'aratye qu'sclata: grsilhe ! pritgle ! et, d las hnrcles d la mountagne, plouye dsligue d cou3.
1. Sou ou sourilh. Soleil. 2. Parroupianie. Paroissienne. Se prend presque toujours en mauvaise part et dsi-
gne habituellement une tracassire, une femme qui aime se mler des affaires des autres. 3. Choabe. Trempe. Ce mot imite parfaitement le bruit que fait la goutte d'eau en tombant dans un vase. * 4. Lnque. Langue. A Salies, lncou. A Oloron, loungue. A Pau, lngue. 5. Dsligue-d-cou. Dlie de ciel, pleuvoir verse.
i6o
CINQUIME
PARTIE
La dsbandade qu-s hiqua dhhs la proucssiou; cadu qu s'scapabe coum poud, las fmelles arcussades dinquo'ou hatt qu dbaraben d roc n roc, n satan coum u troupith d crabes, capbaith las galihorces, dcap n ta case n arngan. Lou cur, la soutane et las culottes arrbirades qu-s sgoutibe la tripe en courrn taby ; qu sguibe au darr lou troupith coum poud et qu-s hiqua crida aii ply dou cap n nyurian toute la parropi : ts !
B'n
las qui
HOURCADUT.
I2
CINQUIEME
PARTIE
Jy ! jy! lou purm cop qui byi moussu cur qu-t hry dise lous banyihV. D sgu Mouriqut qu t'a hyt la camalotte2. S boultz nttes las maysous N'y hiquitz n curs n pious; Adiou, mouli, qu m'n bti tau marcat. U bou ntndou Dap miye parale Qu'n a prou. Lou diable s'n lou porti dap lous sous arrpous, et puchqu n-s bo pas ha n daban qu trotti tan qui pousqui, you qu m'n baii attala. Qu sra hre s n'ou tourni attrapa, ta tira'ou lous bermis dou nas, pramou qu m'a l'air d'n sab my qu n'n dits. Lou mouli labts qu'ntra ta dhn la crampe, qu-s prncou u hardou d sacs s'ou croffou et qu parti chts rmrqua qu lous ridous qu rmudaben dou coustat d la galre, qu lou lhyt qu're dtshytet qu la fernste qu pourtabe las mrques d'u pa d prrades3 qui d sgu n'ren pas prrades d mouli. Atanlou la moulire qu sourti d dbaith l'arcailhyt, my Manque d poou qu d harie, n disn: oh! moun Diou quigne pus n'n y you abut. Hurousmn moussu cur qu'a poudut houye miy bstit. Ms oun soun las culottes qui abi stuyades per aciou ? Sgnou, l'homi qu s m'n las a pourtades dap lous sacs; qu ba ith pnsa quoan s'n aprcbi et qu ba you dbine? La praube fumelle, las
1. Dise lous Ebanyilis. Dire les vangiles. Comment une population dont le scep-
tiscisme se rvle chaque ligne de ses contes, peut-elle tre superstitieuse ? Un enfant est-il malade, un ennemi devient-il gnant, on parle de bayous, sorts ; de misse scatibe, messe ayant la proprit de faire scher. Veut-on obtenir une satisfaction matrielle quelconque? On se rend certains sanctuaires, l'Hpital St-Blaize notamment, et l, pour quatre, six, huit ou dix sous, on se fait dire les vangiles, on touche l'tole du prtre, on baise la terre, on vnre la corde de la cloche, etc. 2. Ha la camalotte. Mettre tratreusement le pied entre les jambes de quelqu'un pour le faire tomber. 3. Pcrrade. Trace laisse par le pied.
LAS
CULOTTES
DOU
CUR
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brtes1 dtshytes et lou co clabat, qu s'n ana counda la soue pne la bsie, la hmne dou cantdou d'arrpous. Brigailhes tout aquro, amigue, s la rspounou re, tourn-t-n tranquille ta case, qu-t bti bira la tounrrade : nter yn d msti qu-s eau bailha ayude. Dtire qu-s pnou las cames darr'ou coith et qu fila ta'ou marcat oun s hiqua n crques dou mouli. Qu'o trouba dbaith la halle lous gouill s dcap terre, chts pnsa n croumpa n bne. L'nquit qu l'ab ayarpat d bonnes quoan s'ab troubat ati miy d la carrte u pa d culottes ngres, culottes d cur. La bsie qu s'approucha. B-m hs aquiou u triste mine pratibe mouli, lou coumerce n ba pas ou qu? Say, say, qu'n pagui u pintou dou rouy au brouchou dou cor. Lou mouli qu'n ana coum u cos chts amne, et quoan aboun bouytat la fiole, n homi pla badut, qu-s tira trs piailhous d la bousse et qu'ous yta sus la tatile. Oh! nou, hoou, nou! N-m hras pas aquith affroun : n t'y pas mbitat nta qu paguis, s'ou disou la bsie. Entrtan, chts brigue d brgougne, qu lhba lou harpilh2 et qu s'ana crqua la mounde au houns d la poithe d'u pa d culottes ngres qui pourtabe per dbaith. Hoou, garcie3 et aqures culottes? N'as pas tu bis las parires la moulire. Qu las tiram dou mdich marchan, ms qu paryi qu'y stade prou bsti ta nou pas gasatc dise. Et saps, n'n la ca pas boul, qu'y hs hre d rt au coumncmn d l'hiber. Ah! moun Diou, b-m tires u gran ps d dssus l'stoumac. Ms qu batalabe doun lou tou homi aquste maty? Lou my homi et tu qu pouyrtz sta yugnuts amasses. Adiou, mouli, qu'o las purmres, ms sustout n disis pas la moulire qu you qu'y bnut lou scrt.
1. Las brtes. Les bandeaux.
2. Lhba lou harpilh. Lever les jupes, se dit en mauvaise part.
3. Garcie. Ce mot vient de garce. Mais tandis que celui-ci est une grave injure, garcie se dit beaucoup sans que personne songe s'en froisser,
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CINQUIME
PARTIE
Tout qu-s passa ataii et cadu qu'stou countn. Lou qui bouilhi sta my fy qu fumelles qu'y a, qu-s dou Ihba d dore.
XI
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CINQUIME
PARTIE
A toutes fys, lou cur qu-s h broy dimnyes dou sou baylt et qu droumi rm sus la catsre d plumes. Qu s'y minyabe hre d poults la taille dou prbytoure et moun capra qu'ab rmerquat qu'ous manquabe toustm u couche d la part qui nadabe hn lou chue. U die qu s'n dsboutoua dap lou baylt. Ah ! moussu cur, s'ou respounou ith,- n ca pas qu p'stouni aquro. Lous poults d quste pys qu baden dap u came. Qu soun my fys qu lous d dus. N'at bouy pas crde. Et doun sabitz-c bde. Et qu s'n anan ta la pourailhre. Espiatz et coundatz. O pla, ms... U ms qu soun quouate smmanes. Et lous poults n soun pas d dus cames. Ch ! s crida lou cur. La pourailhe spaiirits, qu lhban lou cap et qu s'apitan coum hn quoan l'sparb roundlye l'ntour d la parguie1. At bts s'n an dus, trabouilh. Qu'at by et n'at dngui pas. Ms abtz yamy dit ch! as qui-p srbi sus la taule ? Qu'y brtat. Qu ca apprne touts lous atyes. Ta bous aiits qu'y aquste counde, mschidouts. N sabtz pas prdouna arr aus mssatyes aunstes et qu-p dchatz couyouna p'ous qui plumen la garie chts ha-l crida. Pla qu p'sta!
i. Parguie. Cour.
XII
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CINQUIME
PARTIE
Ms n h pas counde d l'abis. Las truffandises qu plabn coum qui las dstourne aii cop d cautre. A la fy lou paysa, arrgoulat qu l'scouta n arridn. Ets maridat, bous l'homi ? O pla, moussu cur, et la mie mouilh taby. Et quoan abtz d hilhs? Qu'n y trs, aii boste srbici, s'n ri capable. Et qu'n boultz ha ? Lou purm qu'a hre d cap, qu-s dmourra, s-p plats, case ta ngragna las terres, publa las stalbes, et ryoui l'oustaii dap bre fumelle d boune maysou et d rputatiou. Hre pla! Et lou sigoun? Lou sigoun, qu'y hablur coum u arrat borni, qu l'y hyt
aboucat. Ah! Et qu saluda lou pay d l'aboucat. Et lou trsaii ? Titz! Pertout qu'y a u lgue d maii camy : qu'spie d biscor1, qu'y tort, qu'y boussut et tout cop qui dbise qu dits u bstisse. Prabe d bous! B plagni lou sou sort! A d'aquith qu'o batz ha gouarda l'auilhade et soustra la parguie ? Oh! qu nou moussu cur, qu'n bouy ha u capra.
i. Espia d biscor. Loucher.
XIII
Panatori d bouque1
Alourou! Qu l'y biste u cop tan soulmn aqure bille charmante qui puye l'acapsus tout pari coum u quiraiile qui coudye Maysous-Nabes2 et qui hissye3 Sgnte-Croutz ? Qu m'n moumbri ouncoure coum d o [qui y hyt ndore; ms labts qu're lou broy tms ; qu'abi bint ans, qu cry. P'ous sndsstuyats, n s'y bd qu flourttes aiilourntes. Hn cade brouchou u ahouailh4 d'ausrous qu gourguyaben musiquttes et amou- : rttes. Lou bounhur qu're pertout, au cam, aii bosc, aii houns dou my co. Qu m'arrstabi drin touts lous cors, curions d'adi, mbyous d bde. Aciou, las Pouquttes5 qu passaben patintes et gouailhardes sus d granes carrioules. Acra, lou Gabe briouln qu brounibe, aii miy dousprats arrbrdits, la soue cansou. My haut, s'ou bor d la Miell6 et dou coustat dous Oustalots7, las biarnses las my plasntes qu passyaben machres rouyes, gouilhs sbrits, cames ardounes. N m'stouni pas s ariban8 lous absques abn per aquiou acasat lou lou palays.
1. Panatori. Action de voler. 2. Maysous-Nabes et Sgnte-Croutz. Maisons neuves et Sainte-Croix, quartiers d'Oloron. 3. Hissya. Darder. Une croyance populaire attribue au dard du serpent la proprit de percer les chairs et d'y introduire un venin mortel. Le dard se dit hissou, d'o le verbe hissya. 4. Ahouailh. Grande quantit d'oiseaux qui volent ensemble. 5. Pouqutte. Femme de la valle d'Aspe. 6. Miell. La Miell, ruisseau qui traverse le sommet de la ville. 7. Lous Oustalots. Les maisonnettes, quartier de la ville Sainte-Croix. 8. Ariban. Autrefois, il y a longtemps.
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CINQUIME
PARTIE 1
Srbnte, moussu, s-m dits u biilhtte qui s'arrounsabe you n trmoulan. Adchatz, amigue !
ta
Aii boste srbici, s'n ri capable, qu souy la Yanotte d Snisoubre. Aquro qu-m h plas. D'Agnos n quo Brdts, nade fumelle coum you n'y mntabude d'aunou et d rputatiou. Qu'at cry d'ayse. Ta'ou broy dbis, Yanotte, d sgu, n'a pas parie dtz lgues l'ntour. La marioulre2 n're pas stade care d cinq sos. Ah! moussu, b're lgre Yjnotte l'atye dous trs chys, trs ou quouate bint ans a! Lou darr Mounsgnou, dap lou boun Diou syi, n l'ab yamy poudude smudi n aii prgari, n la misse, n au catrchime. Badoun qu'n sab d plume lou brabehomi. U dimnye d hste la catdrale qu're cougnide d mounde dspuch lou porye quo'ou balustre. Au miy dou surmou, qu s-p bire dcap nta you, miy arridn : Ey brtat, Yanotte, qu syi dfndut d pana? O b o, Mounsgnou. Et qu mrite lou pandou? La prsou Sgnte-Croutz, las cautres d l'iher Faute mounde. N'y a pas doun prdou ta d'aquith pcat? Si pla, Mounsgnou, per la counfesse et la rstitutiou. Ms s n'abn pant qu bint sos ! Pari ! Sounque u galaby? Tab! Et s n poden tourna ? Oun n'y a arr lou rey qu perd lous drts.
1. Arrounsa. Dans l'arrondissement d'Oloron et le canton de Navarrenx (Orthez), arrounsa signifie ramasser, rentrer. Dans le reste du Barn, le mme mot veut dire jeter bien loin, repousser avec force. 2. Marioulre. Sage-femme.
PANATORI
BOUCLUE
Lou rey, pas lou boun Diou. Ha, ha! Aciou qu-t hy la cameligue. E counch au ras dou my palays u broy casau, hn aquith casati, u psqure l'arrayoou dou sou ; sus la psqure dus doutznes d psques rousses coum l'or ? Oh ! pla, ms las psques, s'n y soubre2, Mounsgnou. S Yanotte m'ab pant aqures psques quing hr ta las tourna ? H ! Mounsgnou, Panatori d bouque Tournatori d eu... Chou! Bouque barrade, Yanotte! Psques n'y ntre, Mounsgnou ! Tout lou mounde qu-s hiqua d'arride, l'absque lou purm. Aquiou qu dchy ma Yanotte. Et qu m'n tourny amourous d quiths parsas, oun l'hiber y gauyous, oun las biilhes soun toustm younes !
2. Las psques s'n y soubre. Les pches s'il en reste. Jeu de mots qui ne manque pas de piquant dans la bouche de Yanotte d Snysoubre qui avait mang les pches de l'vque. Dans les environs de Pau on dit la presque.
XIV
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CINQUIME
PARTIE
qu'n y poou, lou my pcat n'y pas d'ous qui bous poudtz mourse. La f qu rmude las mountagnes. Crdtz et qu sratz sabade. Ms, qu're tan gran ! Aquro n'y h arry. Tan l ! Per l qui syi. Et sustout tan ngre. Quoan sr ngre coum la souye. Ms quing caudoun qu p'at disi, et aprs,qu pnsratz d you? Qu souy autan carat1 coum la hosse. E boultz qu p'ayudi u drin ? Qu-m hratz serbici. Lou co d la fumelle qu'y tndre, la soue carn fble... Qu'n y a prou d dit, per aquro qu-m dsboutouri d'ayse2. Abtz drinou trop lhbat lou cout3 et chucat lou dit pos+, Bah ! aquith miscat b'arribe tout lou mounde, lhou bous lou purm. Malhurouse, qu'abtz doun pant? H, h, s-p platz, moussu cur, qu souy d'aiinste maysou5! Labtz qu-m pni las dns capbaith la cabilhe. Ah! quby qu ca qu-m dscordi soultte; ms ouncoure u cop n cry pas qu'o pouyratz yamy mourse. A la fy, qu coumnatz d m'n harta.
1. Carat. Tu, participe pass de cara, taire. 2. Per aquro qu-m dsboutouri d'ayse. Pour cela je me dboutonnerais l'aise, je parlerais sans rpugnance. Rponse qui prouve combien taient faciles les murs de nos pres. 3. Abl^ lhbat lou cout. Avez-vous lev le coude? Il tait plus honteux pour une femme de s'enivrer que de faire trafic de son corps. 4. Chuca hu dit pos. Sucer le pouce. Voir les notes du conte VII, 2e partie. 5. Que souy d'anste maysou. Je suis d'honnte maison. Le vol fut toujours chose abominable en Bcarn. Le voleur ne peut jamais se rhabiliter dans l'opinion publiqueLorsque quelqu'un sort de prison, il trouve facilement indulgence auprs de ses compatriotes, pourvu qu'il puisse dire : N'y pas pant arry. Je n'ai rien vol. C'est dans ce sens qu'il faut entendre ce proverbe : La prsou n'y pasta'ous chas. La prison n'est pas pour les chiens.
LOU
PCAT
QUI
LOU
CUR
POTJD
MOURSE
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Et doun, lou my pay, ms approuchatz-p d you, ourbitz pla las ailhres, qu'at bouy dise bin choualines et n bouy pas qu las pyres qu m'at sapin1 qu m'accusi d'ab hyt, darr la porte d la glyzi, et l, et ngre, et scuragnous, u yuste autan gran coum u quouartaii. Ouf! qu'abs, la f, rsou, hoou, aquith n'ou pouch pas mourse!
1. N bouy pas qu las pyres qu m'at sapin. Je ne veux pas que les pierres me le sachent. Proverbe qui s'applique toutes choses honteuses.
XV
La Patz
Per aquith tms, la bioque1 qu're care, et las dbottes qu sarraben lou brouqut2. Aquro n hs pas l'aha dou cur. U dimnye, la misse cantade, qu puya ta la cadyre d brtat; br coum u houilhe d po. Aprs ab tounrryat countre lous aganits3 qui hsn cabati qu digou aus sous parroupias sparits : Bous auts, lous d sarre-la-piastre, qu'anratz brulla hn l'nlame d l'iher. N'y pas aquro u hounte? Dimnye la patz, qu'amassy tout doy u ardit, et ouncoure qu're faus ! Qu baii dbara d la prdicadre. Arribatz touts ta dban lou balustre, et s n htz pas tringurya galabys, qu-p hratz dise brspes au pourqu: you, n bouy pas my sta lou boste cur. Labts la hmnotes qu s'accaminan ta rcbe la patz n s'stuyan lou nas hn la capule dou mantlt. Lou capra qu las attnd drt coum u i, dap lou sacristia qui tin lou plat aus dits per coustat. Pax tecum ! s dis lou cur. Nat so n'y cat, s rpoun lou srban. Trnte cops qu h la dmande, trnte cops qu'adi la mdiche rspounse. Quoan s bi lou plat bouyt, moun capra arrayous qu lhbe lou crucifie n l'air et n lous y amuchan qu'ous digou :
1. Bioque. Mangeaille. Ce terme a quelque chose de bas qui rappelle les instincts de la brute. Dans un sens plus restreint, bioque signifie la mture ou les aliments de peu de valeur la porte des bourses modestes. 2. 'Brouqut. Tuyau de plume servant de robinet. Ailleurs, fausset. Sarre-brouqut, expression proverbiale signifiant avare. 3. lAganit, Avare et ambitieux,
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CINQUIME
PARTIE
Et doun, perdiou, puchqu ba coum aquro, gouy qu'abtz baysat aquith ! En ta dimnye, qu baysratz
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CINQUIME
PARTIE
cause parire. B dou sta hre pla dit o qui you disi. Mam ! mam ! Cridam drinou my hort ! My hort tab la fumelle qu ymi. Lou cur n-s tin pas d plas. Aprs la misse qu la h bine ta la sacristie. Et doun la mie so, la graci dou Sgnou qu p'a toucade per la mie bouque? Ho... ho... s sabtz, s sabtz!... Qu'abtz quoouque ps sus l'stoumac, y brtat ? Ah! ha... aha... i... hi... hi, hi, hi, hi, hi!... Anm, n plouritz pas my. Qu souy aciou lou rprsntan dou boun Diou, ourbitz-m lou co, qu sratz counsoulade. Ah! monssu cur, lou prabe Marty,... qu s m'y monrt.,. En p'ntnn prcha tan hort... qu m'a... smblat... d l'ntne canta... Ha, ha... hi, hi, hi, hi!... Prabe Marty! Dap lou boun Diou syi! Qu're lou ray? u nbout? quooucu d'ous d boste. Qu prguram ta d'ith et ta bous et u die, qu l'anratz trouba a cou. Oh! moussu cur, u parn... ha, ha... b sr... hi-hi... ptite cause... ih... ih... ih, ih, ih! Lou praiibe Marty qu're, s-p platz, l'asou qui abi croumpat, per dtz scuts, la hyre d stme.
XVII
Lou Missiounari
Aii nouste pys qu'y l'habitude d ha d tms n quoan1 u missiou ta arrnabi la frbou rlyouse. Pndn u quinzne, lou puble, maty et s, qu cour ta la glysi, n grane presse, scouta la parale d Diou. D sab lous sbats d la younesse, trubs d l'scurade et tab quoan gagne ou perd la f d'aqures runious, n'y pas aciou l'aha. Pourbu qu'y ayi hourre2 la counfesse, qu suffch. Lous brgougnous qu-s gouarden ta d'aqure occusiou lous pcats lous my scrts et qu hn alabts counfssiou ynrale, o qui boou dise bugade ta toute la pilhe d la maysou, qu syi blanque,ngre ou pigailhade. U chrstia drin madu, d la coumpagnie habituade dou capra d l'ndrt, qu boulou, siban la mode et l'scounut dou sou counfssou, ha bachre ntte la missiou qui-s prcha pndn la quarantne. La counfssiou qu coumna. Arribat o qui apren tout simplmn lou pcat, lou pnitn qu s'accusabe d hre ldes caiises. Et lou missiounari, coum re lou sou db, qu'o bailhabe d broys counsilhs : L'usance d l'amou n pot pas ha gran ma n l'amne, n au cos; ms lou trop qu passe msure3 : qu mouriras youn et qu'anras bouri las caiitres d i'iher. Ms, moun pre, qu'y pot ab u rsou aii dsbord d la mie counduite.
1. Dithns in quoan. De temps en temps, expression vieillie. 2. Hourre. Grand empressement, runion nombreuse o se confondent tous les ges et tous les sexes. 3. Lou trop qu passe msure. Proverbe : Trop passe mesure. On dit aussi dans le mme sens : Msure qu dure, galop qu nou pot. Mesure dure, galop ne peut.
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CINQUIME
PARTIE
Nade ! o d l qu'y toustm l et lou boun Diou ith mdich n'at pouyr pas cura1. Qu-p pouyrtz troumpa, moun pre ; n'abtz pas bous counchne d quith miscat2. Qu-m souy dchat dise qu h aquro hre d by nta la biste. Pnsatz doun, s m'n ri payrat qu sri lhou badut abugle3 ! Ah! praube bourricou, b-s truffabe hre d tu lou .qui t'a hyt crde aqure cause ! S lou pcat raffinabe la biste qu'y byri, you, trubs d quith pila4!...
1. Cura. Gurir.
2. Miscat. Pch. Au propre, malheur qui arrive un animal domestique. 3. On dit proverbialement : Mlou cournard qu'abugle. Plutt c... qu'aveugle. 4. Hat\ o qui you disi et non pas o qui you b'ey. Faites ce que je dis et non pas ce que je fais. Proverbe plein d'une fine ironie, qui caractrise parfaitement la morale trop facile qui se dgage de ce conte.
XVIII
1. Lou domin. L'instituteur. 2. Lou bnit. Le sacristain. 3. Ta tout qu'y a rmri sounque ta la mourt. Proverbe. Pour tout il y a remde sauf pour la mort. 4. A l'hrb. A l'estomac. On dit proverbialement ; Lou ma dou pe, n ba pus l'hrb, Le mal du pied ne va pas l'estomac, n'empche pas de manger, ne doit pas causer un grand souci.
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CINQUIME
PARTIE
aquiths frluquts bin-t ha la gode1 : lou purm nau hores, lou sigount u rnoumn aprs, et lou trsa aban la miye. La qui" a mark qu'a sgnou. D'aiiilhous, trop hurouse qu're Marie d s'at bira autan d'ayse. Qu proumtou doun tout o qui lou boubany boulou. S'ou truc d na hores, lou flisqut2 d la porte qu h : clic, clic! clic, clic! et moussu cur my appilhat d ngre qu yamy qu'ntra ta la boulanyrie. B sabtz o qui pot dise u amourous n u broye amourouse quoan la eau ha l'amou pauses prgudes et nou pas ouncoure tout cop qui l'apptit bin aus pots? Qu'n re doun, lou capra, au my broy passatye dou sou broy srmou, quoan lou flisqut tourna ha : clic, clic! clic, clic! Lou ngre amourous qu'abou tout doy lou tms d s'stuya dhin lou hour. Lou domin qu'ntra labts et Marie qu dbou scouta d nabre prose. Ms bllou qu s'audi p'ou trsa cop, lou clic, clic d la porte. Moussu ryn qu s'strussa dap grane presse ta dbaith la cautre et lou bnit qu'ntra. Aquste n sab pas trop dbisa, ms per bnsibe, qu soul d pla oubra. Malgr aquro, n poudou pas tan soulmn ourbi la porte dou cou pramou qu lou clic, clic d malhur qu'ab rsounat per tout d bou aquste cop. Lou boulany qu'apparchou tout yus au moumn qui lou bnit ab tnit d s'scoune hn la pastire3. La soue bouts qu rsouna tarrible las aurilhes dous trs coumpays : Marie, apprst-t dtire, qu-m ca la hournade couyte douma maty aii pun dou die. Et lou boulany qu tira dcap ta'ou hour dap double carque d lgne. Dban la bouque, qu tuma4 lou nas dou capra. Ey yamy lou poussible, qu syatz bous aquiou, moussu cur, n aquith stat et d'aquste hore? Car-t, amie, car-t : qu'y l'squie carcade d rhumatismes ; et d'aprs l'ourdounance dou suryn, qu'ri binut boste crqua, dap u sudou aboundouse, la santat prgude.
1. Ha la gode. Faire la roue. 2. Flisqut. Loquet.
LOU
CAPRAA,
LOU
DOMIN
ET
LOU
BNIT
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Ho, ho, la sautt qu'y cause care au die d gouy et Marie qui p'spie d biscor1, qu'y sgu dou my abis. Tab qu souy prs paga o qui bsougn hra. Sdtz-p doun dban la taille et sinnatz-m, s-p platz, u bilhtot d mille scuts. Mille scuts ! Ms saps-tu qu. mille scuts qu hn trs cns pistoles ? O pla, moussu cur ! Qu sy tab qu'y a gnate mouyn d prcanta lou rhumatisme. Approche drin la ganibtte, Marie la mie ! Nou, nou! Qu'y payrance d quith rmri. Enta tu, Marie, nta'ou tou mark qu hri, dou co nla, dtz sinnts mlou qu u. Ms n-p dsbroumbitz pas qu la punte dou die qu'arribe d maty n aquste ssou : tribailhatz dban you et n'ayatz pas nade yne. Merci, moussu cur ; qu'ts lou moudle dous capras. Sus aqures parales, lou boulany qu tira ta d'ith la cautre per la Hache . Lou domin qu parchou trmblan d la sole dous pes l'arrdits dous pous. T! Ars ou mn tu tab drinou d rhumatisme? Nou, pas nou! You qu souy sa et lgre et qu hsi la barrepanade. A la barre-panade dap Marie ! E saps-tu qu'u dibrtissmn d quith scantilh, p'ou tms qui court, qu'y hore d prtz ? E quoan bail doun .ita tu? Quinze cnslioures! Qu souy rsounable ! Qu'y drin ca toutu b, lou plas d la barre-panade ; ms syam d bous amies, you qu-t bailhi lou sinnt. Anm, Marie, disou la mouilh lou boulany, n eau pas perde lou pche p'ou bla , stn per dhn la myt l'u d quiths sacs d harie.
3 : 2
1. T) biscor. De travers, la drobe. 2. Liache. Anse. 3. N cai pas perde lou pche p'ou bla. Il ne faut pas perdre le patre pour le bler. Proverbe. Ne pas lcher la proie pour l'ombre.
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CINQUIME
PARTIE
Lou bnit n'attndou pas d'sta nhariat; qu-s lhba dap u fier toupt : You qu t'n prbini, boulany, sinnts qu t'n bailhry tan qui-n pousquis souhta; ms scuts et dins n t'n spris pas: u bnit qu'y plat et gus coum u arrat d glysi. Tab m countntry d my ptite caiise. Labts, n dbisan aus trs coumpagnous d'infourtune: Qu'attndi la boste bsite nouyt, amies, et ta-p ha drin d'oumnance, qu'y hyt apparia u hre broy soupa. Sabitz-p sde doun! Bous, moussu cur, la purmre place; bous, domin, la sigounte; tan qu' tu, bnit, hiqu-t ynous au ras d la taule, lou cap terre, la lue n l'air, qu bas u pause rmplaa la barbolle. S'stou loung ou gayous lou rpch, lou counde n'at dits pas. Soulmn lou dimnye d'aprs, la misse d dts hores, tout lou mounde qu rmrquan qu lou capra n'ab pas my las bres coulous qui atirn hyt affroun la boutat d la rose. La soue pnsade qu roullabe soubn per la boulanyrie et n poud pas pourga la nouytade tarrible oun s'y ab hyt tan d sinnts. Au lhyt qu'y rbabe ; d cap nsus qu'n dbisabe tout soul, dhn ou ' dhore qu'aiidibe toustm u bouts qui alltabe la soue arilhe : mille scuts, mille scuts! Tab quoan arriba lou can d la prface, trs bouts ndoulourides qu-s rspounoun coum u cho d'u malhur coumu. Lou capra: Ah! b'y hre poulide, gouy, la nouste Marie! Lou domin : As dspns d la toue bousse et d la mie. Lou bnit : Et you, prabin d you, qui n'abi n u so, n u din, Qu m'an hyt srbi lou eu d candl !
XIX
La Counfssiou sincre
U pnitn qu sourtibe d la glysi, la bouque arridnte, u air d countntmn capbaith toute,la figure. D sgu, la graci dou S0nou, d las hatous dou cou, qu'ab dbrat sus la soue prsoune et abugadat1 la soue amne pcadoure. U amie, stounat d tau d gaye, qu'n lou dmanda la rsou : Garou, s t'ou rspoun ith, qu sorti d la counfesse. Qu by qu t'a pla arcouilhut, moussu cur ? Hre pla ! Qu'a abut la manye larye ? Tab ! Et n t'a pas bailhat pnitnei trop dure ? Ah! lou praube d'ith, n'n y pas capable ! Ms, l'at as tout dit? Bahide quio : tout o qui m'a dmandat ! E t'y a toucat d prs aii pcat dou subercou ? Bah! N'y pas d quiou qui-m doli2 ; ms sus lou panatori qu m'a broy scarbutat3. Qu t'a doun dit? o qui m'a dit? Abtz pant dins? You qu l'y rspounut: Nou, pas nou, moun pre ! Et pourailhe ? D mn et mnch ! Et nade aque?
/I. Abugada. Lessiver.
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CINQUIME
PARTIE
Tapoc! Et u acat ? Nenni ! S per malhur, m'ab dmandat: as panai lou guirot? qu'ri, au Diou biban, foutut. Coum dits l'arrpour: N'y a pas chance qu ta la canailhe. My habille ncoure la Basqutte d Faute cop. U Biarns qu la dmanda : Quign t'n a doun anat? Moussu cur qu'n y y drin curieuse. Ms qu n'y y broy attrapt. Que m'n y a tout dmandat, you qu n'y y tout dngat4.
4. Le Basque d'habitude estropie le barnais, plaant des y tort et travers et faisant des fautes d'accord qui prtent rire.
CINQUIME
PARTIE
d ngre, soulis ngres, soutane ngre, chapou trs cors ngre, s'ous disou ith, dap la figure arridnte, et qu-p proumtti d ha founde l'aiiratye coum found la blanque nbade l'array dou sourilh gatiyous d hour1. Hurous dqure ayudc cn cops bndite, qu'o bstin n apprntis-cur et qu hn labts tste Mounsgnou dap u tranquille couratye. Per boune fourtune, la Grandou bayounse qu'absudat n camy, et u cop d'air qu l'ab boussat lous passatyes d la ln. Dap pne s poudou, n arraquilhan2 dht, prounouna aqustes paraiiles: Qu m'an dit dou coulltye u gran dou-ma, qu-p bini passa lou batsimoun3 n rgle; ms la bouts qu-m h affroun et qu bam ha per sinnes. Lou my hardit qu s'abanci. Lou yarsin qu h trs pas et qu'attndou firmn. L'absque labts qu lhba u dit n l'air. Lou yarsin dus. L'absque trs. Lou yarsin, lou pugn sanc4. Lous gouilhs dou mste qu'spriman n u cop hre d plas et u gran stounmn. L'sprabe qu're fnide. Lou coulltye d'Alourou qu're stat dnintat5, et sus u darr sinnt qu s'acaminan touts nta la taule. Bith dinna qu'ous attnd: qu'y hn anou. Per u miratgle stounan, dou moumn qui stou tranquille d la counscince6, l'absque qu tourna dbisa: B soun doun malins lou mounde d quste pys, s dis ith ! H trmbla tout o qui n m'abn pas dit countre lou coulltye d'Alourou, ms qu souy bincut et lous caloumniatous qu soun counfounduts. Counfounduts n gran! N Bayoune, n Paris, n'arn pas hyt milhe.
I. Allusion au proverbe : La nou d hour, la garie qu s'en
neige de fvrier, la poule l'emporte son pied. La nou d hour nou dimoure ait pailh. La neige de fvrier ne sjourne pas sur la meule de paille (H.-G.). 2 Arraquilha. Parler d'une voix rauque. 3. Passa lou batsimoun. Expression vieillie, passer un examen svre. _ 4. Sanc. Entier. 5. Dnintat. Calomni. 6. Qu'a la counscince tranquille. Il a la conscience tranquille, expression proverbiale signifiant il a bien dn et peut consquemment bien reposer ou bien parler.
L'ABSQUE
ET
LOU
YARSIN
COULLETYE
D'AOULOUROU
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Qu lhbi u dit ta ha coumprne: N'y a pas qu'u Diou. L'scouli qu-m rspoun : Ms aquith Diou qu'a dues natures. You qu countinui: Dues natures, hre pla, ms trs prsounes dsparires1. Eith, lou pugn n l'air: Tout aquro n h pas qu'u soul Diou. Lous counbibes qui n'y abn pas bist qu brume, qu'adiben, spantats d tan d sapince. Lou lndouma, quoan l'absque s'stou applgt ta case, qu hn bre amnanc aii yarsin. Lou supriou qu dmanda labts aii hros d la hste : Ms, b'as tu lou diable aii cos, ta poud coumprne per sinnes aqures causes tan bres qui s'a dit y brspe l'absque ? Qu'ab l'air d dus airs, aquith absque d turelures. Dap lou dit mrd2 qu-m h sinnes: Qu-t hiqui u dit aii eu ! You la moustarde qu-m puye ta la srimane et qu p'ou rspouni: Et you, dus ! Et you, trs ! Et you lou pugn, coucard3! Pnsatz s'ous h arride mste yarsin ! Qu'stou hstat qu'o ate hore d nouyt lou byre la m. Et l'absque n-s mschida pasyamy d'ab poudut, dap u sole bsite, ha, n u cop, autan d poou, aiitan d gay.
1. Dsparires. Diffrentes, distinctes. 2. Lou dit mrd. Le doigt indicateur. 3. Coucard. N'a pas de correspondant en franais. Homme de rien.
XXI
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CINQUIME
PARTIE
A toutes fys, qu prnoun la rsoulutiou d s'adrssa aii cur d la parropi. Aquste cop, qu trouban tout o qui ous manquabe. Amies, s'ous disou ith, d tout lou my co qu souy aii boste srbici. A l'ntertan qu s'ana couilhe u cabilhou tintt d trs coulous, ngre, bioult et rouy. S l'nfounam nquo quiou, qu hram u cur; s bam drin my n daban qu sourtira u absque; s'ou qu'aiiram u cardinal. plantain quo'ou cap,
Aprs ab imbouquat lou noum dou Sgnou, qu s'n anan ha la counte aii bith miy dou casaii. Aquiou qu'n abtz ta u prtre, dits moussu cur. Et lou cabilhou qu s'scounou quo la mrque bioultte. Ho! qu p'at prgui, hatz-n u absque, disou la fumelle. Qu syi cardinal, puchqu hm tan, crida lou marit. Et qu'y ataii qui aii pys dou Biarn hsn lous cardinals.
XXII
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CINQUIME
PARTIE
Abtz rflchit, lou my ray, la boste bite passade ? Abtz nat rgrt a-m counfssa? Oui, moun pre. Distz-lou doun. Qu'y lou rgrt d parti, n'n y pas nadate. Et qu crdtz qu m'abi pnsat? Qu pouyrtz prne la mie place. Tout coundat et rbatut, n'n by pas nat la rounde, autan sbagat; nat my sbrit ta nterprne u biatye d tan lounque courrude. Oh! ta d'aquro, qu s'y eau ana si-mdich. Qu m'at abi toustm pnsat qu nou balts pas tan soulmn ta ha u ptit srbici n u amie mbarrassat. Adchatz doun et chts rancune! Qu m'apoutyi1 ; qu-m binitz trouba n boune santat et qu-s byam toustm2! En aquro, qu h u biroultet qu s'n passa3.
1. Qu m'apoutyi. Je prends les devants.
2. Qu-s byam ! Que nous nous voyions. Formule de politesse : Soyons amis,
SIXIME
PARTIE
Coucuith !
U brspa dou ms d'abriou, trs camrades dou billatye d'Adyos1 ta tira splyt2 d'u broy die d printms, qu s'n ren anats passya ta'ou bosc. Quoan aboun pla countmplat lou cou, spiat bade la lgne, dbisat dou mayram et dous ahas d la coumune3, qu-s bouloun applga ta case, countns d la proumnade et dispasats a ha dht anou la goudale. Ms abtz soubn bis u bounhur parfyt sus aquste terre? Tout d'u cop qu s'y ntnou p'ou miy d la houlhade u crit qui h passa lous arissous4 nter pith et carn, aus noustes trs amies : coucuith ! coucuith ! coucuith ! D sgu qu cante nta tu, disou l'u.
1. Audjos, commune du canton d'Arthez, dans l'arrondissement d'Orthez. 2. Esplyt. Profit.
3. Lous ahas d la coumune. Expression proverbiale. Qu ha coum lous ahas d la cowi une. a va comme les affaires de la commune, c'est--dire fort mal. 4. Arissou. Au propre bogue ; au figur, frisson.
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SIXIME
PARTIE
Pas brtat, rspounou Faute, qu'y nta d'ith. Qu'n as mntit per la ganurre, s cournards y a aciou, qu'n dbtz sta bous aiits. Lou my saye dous trs qu bi qu'anabe fni ma u die tan pla coumnat pramou qu per Adyos, n'aymen pas pguya1 dap la brtut d las fumelles. Qu h doun ntne u paraule d sns et d rsou: N hsim pas au brut per u cause tan mbrouilhade et anam mlou counsulta aquiou dssus, Orthez, u aboucat ply d rsou et d sapince. Dtire qu-s hiquan lou camy dbaith lous pes. L'homi d ly n poudou pas bailha rspounse truc sus l'uncle. Qu'ab bsougn d'studya toute la nouyt, ms qu'ous ngatya tourna lou lndouma et pourta cnt scuts cadu ta paga la counsulte. Lou lndouma, l'hore dite, qu'stoun rnduts au poste et qu'abn l'air d trs amnes n pnes. Et doun, moussu l'aboucat, abtz pnsat aii nouste aha, dmandan iths d'u sole bouts. O pla ! n'n y pas barrt la prpre2 d'anouyt. Ta qui cantabe doun aquith asith d malhur? Oun abtz lous cnt scuts? Aciou, hn u pe d causse. Anatz-lous paiisa cra hn la tirtte dou cabint. Et adare approuchatz et scoutatz pla: Tournatz-p'n countns nta boste, n'y pas ta bous aiits qui cantabe lou coucuith. Et ta qui doun ? N'at batz pas dise d'arrs ? Nou, pas nou ! Qu cantabe nta you ! Prabes pecs: S lou coucuith n cante nter mars et abriou, Qu'y my mourt qu biou ? Cadu, appilhat d plume ou appilhat d pou, n cante pas yamy qu ta'ou sou plas !
1. Pguya. Dire ou faire des sottises, s'amuser. 2. Prpre, Paupire.
II
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SIXIME
PARTIE
H ! n ca pas crde qu syi autan aysit coum aquro. Qu'as d sgu hyt u bilht n rgle au tou cranci ? Nenni, moussu, lou doute n'y pas sounque d parale. Oh ! quigne chance, n'y a pas nat titre? Embi-n lou doun... passya. Merci moussu, boste coummande, Yantinot qu s'n ba tourna n disn pertout qu'ts l'aboucat lou my rouad2 d quste plat pys. Hre pla, nis you qui-m ba paga? Qu-m dous dus scuts. Abtz titres, moussu ? Et quign bos qu'n ayi titres ? Et doun, anatz-p... passya.
2. Rouad. Rou, retors. Ailleurs arrouat.
III
Tout doy. A peine. Npas, ni cesse. Expression proverbiale : Impossible de tenir en place.
CA-
3. Enter pith et cou. Entre peau et cuir, entre l'piderme et le derme. Le travail durcit tellement le corps de ces gens opinitres dont La Bruyre a fait dans ses
RACTRES
une si poignante peinture, que chez nos anctres la peau prenait le nom de
cuir, tout comme chez les animaux. Dans le sermon du cur de Bidren, on trouve la mme ide sous une forme moins nergique nter pith et carn entre peau et chair.
4.
Sape. Sve.
5. Enlouri. Fleurir. 6. Enlasci, Fltrir. Trs jolie expression de las, lacet. Former des plis ressemblant des lacets, parchemin. 7. Las margalidttes doupou rous. Allusion ce dicton des enfants: Margalidtte dou pou rous, quoan de maynatyes abt^-iotts ? Sept ta la guerre, sept td'ou poun, chts counda lous d la houn. Marguerite des cheveux roux, combien d'enfants avez-vous? Sept pour la guerre, sept pour le pont, sans compter ceux de la fontaine.
202
SIXIME
PARTIE
lous ausrous dou boun Diou hsn piou-piou n s prsguin au darr, d branque n branque, lou prabe youn paysa lou caboulot tout mounbirat, qu caminabe lous snds coum u briac. Sus la cantre d'u fourrasta oun yamy n s'y ab hyt nade smie, u cabilh d milhoc qu s l're quilhat per u matia d hste. D'oun bin u tau miratgle ? Ere u tribailh dou boun Diou ou u bayou dou diable ? Moun paysa sparit qu-s hiqua dtire lou camy dbaith lous pes nta ana counsulta u capra chts misse qui bib dou coustat d Pau, Artigueloubes pla m moumbre, n han lou mstie d dtsha o qui lou machan hs! U mdcy soul, s digou lou sourci, qu pot gouari aquith gran ma. Lou mala qu'ana la courrude pourta lou sou ma nta o d'u suryn rnoumiat la rounde, per sta sapin au sou mstie. Espiatz-m'ao, moussu, et s'y sabtz rmri qu-p pagury scuts et dins d lusnte mounde. Qu souy, au boste srbici, lou mste d la mtrie la milhe ngrgnade d per nouste. Qu p'y ba srbi, amie : lou boste ma qu sra d gouari louncadmn, ms qu'n anram n cap dap patinee et l'ayude dou boun Diou. Per gouy qu batz prne u bagn d miye hore dhns aquste aygue tourrade. Qu tournratz douma et tout die n sguin, crea-p las poutingues2 qui-p hran rgaha la santat prdude. Aiitanlou coum lou paysa abou hyt la plgue, lou mdcy, qui s're tinut boutouat dap u grane pne, qu parti d'u spatracat d'arride. Poutiou ! Poutiou, quign y pot ab yn d tan bstis ! Ms aquste cop, Diou mres, qu-s bam drin dbrti; qu'a bou pe la baque3, et lou Yan-pc qu pagura per touts! Lou lndouma, n sourtin
1. Artiguelouve, commune du canton de Lescar o vivait autrefois un sorcier clbre. 2. Poutingues. Drogues. 3. Qu'a bou pe la baque. Elle a bon pied la vache. Proverbe : Mon dbiteur est solvable, je n'ai rien craindre pour ma crance.
LOU
PAYSAA
ET
LOU
MDCY
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d'u counsulte, lou mdcy qu-s h sgui d trs ou quouate counfrays, nta'ous ha drinou arride, aus dspns dou gouyat qui srbibe tan pgumn d soulas. Aii bireplc d'u camy, qu-s tuman nas nas. T! aciou qu'abm l'homi. Et doun, amie, lou ma qu'a arroumgat, y brtat ? O, b o, moussu ! Say, arrbir-t ta nouste, qu'o bam tourna scounyuria et drin per drin, qu s-t passra. Ah! moussu, n aquste moumn qu'n y payrance! Quoan n p'y pas troubat case, qu-m souy birat dcap n ta madame. Qu m'a hyt ana ta'ou parterre qui abtz au miy dou casati. Aquiou qu'abm plantt lou cabilh d milhoc : qu s'y dsquilhat d mdich ; tout qu s'y achoualat et d sgu, lou maii qu s'n sra tournt ana nta l'iher d'oun re bahide bineut. Titz, moussu, la boste madame qu'a d bou rmri et n'n bouy pas d'aiites.
2 1
1.
Tuma. Cosser. Se rencontrer nez nez ; combattre avec la tte pour les animaux
de l'espce bovine et ovine. Despourrins a dit : Tous superbes moulons n s'approchen dons mis qui ta'ous tuma. Tes superbes moutons ne s'approchent des miens que pour cosser les heurter de la tte. 2. Escounyuria. Soigner. Au propre, pratique superstitieuse qui consiste frotter la partie malade, entre onze heures et minuit, avec un trou (trfle blanc) quatre feuilles. On prononce en mme temps ces paroles : Ma saiibatye, ma aratye, sor-m d quiou, d las pars dou boun Diou. Mal sauvage, mal sorcier, sors de l, de la part du bon Dieu. On croit surtout cette pratique souveraine dans les affections de la vue. Lou cindre tab qu s'scounyurie . Le zona aussi se conjure. Le malade se fait porter neuf fois sur une alle de jardin, attach par une ceinture rouge au dos d'un stou, ("septime d'une famille), qui a t atteint du mme mal. A chaque fois le dialogue suivant s'tablit : Qu porti, you, aciou ? Lou cindre. Cindre, cindre, sor d quiou, you qtt-t bail da la cinte.
0_ue
sors de l, moi je te vais donner la ceinture. Aprs quoi, on fait un nud au bout de la ceinture qui pend devant la poitrine du stou. suite la mme opration, le mal cde et le patient est guri ! Le plus curieux de l'affaire, cest que l'oprateur et l'opr sont de bonne foi. Cette pratique est tellement enracine dans nos moeurs, que nous pourrions citer plusieurs personnes la fois intelligentes et instruites qui, le mal tranant en longueur, ont cd aux instances de leurs amis et consenti se faire scounyuria.
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SIXIME
PARTIE
Lou mdcy n'ab pas my mbye d'arride1. Per pec qui syi u homi, n'ou hiquitz pas yamy lou dit la bou-
1. Lou mdcy n'ab pas my mbye d'arride. Le mdecin n'avait plus envie de rire. On devine la scne malgr le voile dont nous l'avons couverte. Le paysan, que n'arrte pas la crudit du langage, la peint sous des couleurs et avec des expressions que nous n'oserions pas reproduire. Mais les mdecins sont si rarement mis en cause dans les contes barnais que nous n'avons pu rsister au dsir d'arranger ce rcit qui dpasse en malice toutes les satires de Molire l'gard des mdecins de son temps. 2. Per pec qui syi u homi n'ou hiquiispas yamy lou dit a la bouque. Pour sot que soit un homme, ne lui mettez jamais le doigt dans la bouche. (Proverbe).
IV
L'Aboucat d rnoum
A d'aquith aboucat qu l'appraben soubn d lougn t'ana plytya1; qu'ab u hmne amistouse et mbyouse et u gouye dou mdich trm2; broy baylt tab qui sab ha drin d tout et qui ab sprit nta rbne. U die, moussu qu're partit n disn qu n tournr pas quo la gouytne. Grane imprudnce! Qu soulen d dise, au pys dou Biarn : Lou qui a chiba et qui ou preste, Lou qui a mouilh et qui ba ta la hste, Qu sra, au Diou biban, Aban la fy d l'an, Et cournard et chts bsti3. Moussu partit, madame qu'ntra n dbis dap lou baylt. E srs doun sbrit ? O pla, madame. Qu-t byrs bies d'nfouna la porte dou paradis? B, d sgu. Quoan d cops, n thic d tms, t carqurs d'ntra et d sourti ? Doutze cops, d dtz hores d'o s sept hores dou maty. Doutze cops, qu'yhre. Hiquatz-m l'sprabe. Qu ba. Ms s m'affrountes4 d'u cop qu perdras la soutade.
1. Plytya. Plaider. 2. Doumdich trm. De la mme trempe, del mme valeur. 3. Proverbe barnais. 4. S m'affrountes. Si tu me trompes aprs m'avoir fait esprer.
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SIXIME
PARTIE
Et s n'affrounti pas qu-m bailhratz, bous, dtz scuts ou trnte lioures. Quoan calou paga lou pari, qu la hsn doou madame lous dtz scuts. Labts qu'ana crqua rantoynes1 et qu l'accusa d'ab chicant. A l'ntertan, moussu qu tourna. T! s disou lou baylt, moussu qu'y homi d sab qu bam prn'ou ta yutye. Malhurous !.... Siatz tranquille qu ba yta'eu prou d proubes aus gouilhs ta qu n'y byi pas goutte. Et qu partin ta la counsulte. Lou baylt qu dbisa : Moussu, qu'y hyt u pari dap madame. Qu'y parit qu, dap u barre, qu hri cade doutze squilhots. La barre qu'a andat2, lous squilhots qu soun caduts, ms madame n boou pas~paga pramou qu prtn qu'n y ab gouyt d bouhrocs3. Madame qu'a tort, bouhrocs ou nou, lous squilhots qu soun caduts et tu qu'as gagnt las trnte lioures. Aprs usquoans dies, l'aboucat qu tourna parti d biatye ; madame qu boulou u bnsibe4. Paryi trnte lioures, qu n droumirs pas nouyt, pourtade dou cou chts truqua la porte. Qu ba ! rspounou l'habille baylt. Et lou s, la couscince tranquille, qu-s dispasabe cluqua lous gouilhs quoan madame d'u coustat, la gouye d l'ate, lou tarritan, lou bayoulan, lou sgoutin d taii fayou, qu la porte dou paradis s'ourbi, -s barra n sey quoan d cops. Madame qu're countnte.
1. Rantoynes. Mauvaises raisons. 2. Qu'a andat. Elle a march, elle a fonctionn avec force,
j. Houhroc, Gt, vide. 4. Bnsibe. Revanche. 5. Cluqua. Fermer les yeux. 6. Bayoula. Frotter doucement.
L'ABOUCAT
RNOUM
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Aquste cop, qu'as prdut, hoou, et qu-m bas tourna las trnte lioures. Oh ! qu nou. Qu bam counsulta moussu. Quoan moussu stou tournt, nabre counsulte. Qu'stou ncoure lou baylt qui dbisa: Moussu, qu'abm hyt u pari dap madame et dap la gouye. Qu'abi hiquat la cabale sus la cantre dou prat, nter la trfle et lou farou1; qu l'abi soulidmn stacade n u publi autan sps coum la mie came.Qu'abi parit qudmourr aquiou toute la nouyt, chts minya u boucade d'herbe. Ms madame et la gouye qu'an coupt lou cabstre2 et la cabale labts, yutyatz, moussu, s'a pla pscut! Siban bous, qui d'res ou d you, a gagnt ou prdut? Tu! n toute yustici. Pagatz doun, madame, las trnte lioures. Quign y batz, rspouu l'aboucat! A truques d trnte lioures, qu sri biste rouynat. Per aquste cop qu passe ncoure, ms dare nla, n bouy pas qu s'y yogui3 my dbaith las mies toules.
1.
'If
SEPTIME
PARTIE
210
SEPTIME
PARTIE
Ta, ta, ta! rspoun lou Toutou. Lou pay nouste qui n're pas my pec qu u gnate qu soul d dise : Pertout qu'y a u lgue d ma camy1. You qu cry doun, chts t dtzplase, qu la toue hmne qu'a lou dbaith dou dbanta2 toutu coum toutes las ates. Lou boun Dio i qu sab o qui hs quoan las hiquabe au mounde: qu boul tan soulmn ha guinna3 loushomis ta qu-s gagnassen lou cou aciou houns. Qu'a la f pla scadut. Pnse doun s n'ab pas abut l'abismn d las liga lou cap4! Aquro qu'y lou dise d touts lous qui, coum tu, an per coustume d bibe s'ou coumu5 et d nou pas ha lou my ptit poutou qu'a truques d dins. Ah! qu crts aquro? Prabe Yan-Pierre6! B's hre lougn d coundes. Brrr! qu sabm quign, per boste, s'n bn l'aune. Ms quoan toutes las fumelles d quste parsa -s prdrn la trousse7, la mie n hr yamy o qui nou ca. Qu gasri paria u pourt srat et bridt qu s nouyt mouribi d miscat, aban u ms qu la calr nterra. Lou Toutou8 qui db, d sgu, sab o qui bal labrtut dqure fumelle chts parie : - Et doun qu ba s'ou rspounou chts brigue arride. Ms qu-m ca dcha ha u sprabe coum m smbli.
1. Pertout qu'y a u lgue d ma camy. Proverbe : Partout il y a une lieue de mauvais chemin, quivalant au proverbe franais: Chaque mtier a ses disgrces. On dit encore : Pertout qu'y a u diyas la smmane. Partout il y a un jeudi la semaine. 2. Qu l'a dbaith lou dbanta. Elle l'a sous le tablier. Se dit proverbialement d'une femme que l'on vante outre mesure : rien n'est parfait de ce qui touche la terre des pieds. 3. Guinna. Donner au diable, fcher. 4. Lou boun Diou qu l'as a ligades lou cap per caquarr. Le bon Dieu leur a li la tte pour quelque chose. Proverbe. La femme n'est pas responsable de tous ses actes, soyons indulgents pour elle. 5. Bibe s'ou coumu. Vivre sur le commun. Proverbe. Se dit de ceux qui prennent les femmes des autres. 6. Prabe Yan-Pierre ! Pauvre Jean-Pierre ! Pauvre imbcile ! 7. Perde la trousse. Mme sens que dsgansoulade, de murs faciles. 8. Lou Toutou. N'a pas d'quivalent en franais. Nom d'amiti. Remarquer qu' Orthez, ville, les noms propres sont toujours prcds de l'article, ce qui n'a pas lieu dans le reste de l'arrondissement.
LA
FTJMELLE
CHTS
PARIE
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O, moun Diou, o ! Partim labts au trot cagn, t'ana soupa ta boste. Quoan-t-ayim pla gnacat et hourrupat, qu hras smblans d'ana ha cade u brasst d'arrdailh ta l'arroustli ; ms aprs ab puyat quouate ou cinq barcailhous1, qu ytras l'scale terre dap u grane brousside et qu t'ayaquras dbaith n han dou mourt. Lous dus ibrougnes qu'n anan doun. Autanlou coum parchoun, la padre qu chiscla; lou aprs, la tabailhe qu're sus la taule, la msture sus la tabailhe, et Maritte qu srbibe lstmn u couche d'aque et chys gouous n couqutte2. Lou birou ply, Hilhot qu-s lhbe, qu prn la candelle au claii et qu tire ta'ou soul dou pastnc. Tout d'u cop, qu s'y ntnou u brounitre et u plagnt qui hn passa lous arissous per dssus la pith d la praube Maritte. Esparide, qu courroubde o qu'y ab. Quoan s trouba l'houmiot stnutchts ln, qu-s hiqua poussa us ullts3, qui aurn hyt dsbilha toute la carrre s las fernestes et las portes n'ren stades cluchtades dap sougn. Hilhot, lou my amie ; lou my amie Hilhot; lou my praubin, qu's doun tu mourt! Quign malhur, qu ba you dbine? U gran malhur, qu'as rsou, Maritte ; ms counsoul-t. Hilhot qu'y partit; you qu dmouri et qu t'aydry d o qui pousqui. Ah! ta you, n h bsougn adare qu quouate planches et u linoou. Toutes las ayudes dou mounde n poden ha-m arrbiscoula lou qui tan m'aybabe. Hilhot, Hilhot, amie; qui'm anra douma tira l'aygue d ha au hour, cura la cautre, sougna la baque, et da tour las countes d case. B souy, you, plagne, Hilhot! Ta tout qu'y a rmri sounque ta la mourt. Touts lous ahas qu-s hran au tour; et s h bsougn, quacarr my ncoure. Ms quim'aymra d'are nla?
1. "Barcailhou. Echelon. 2. Gouous n couqutte. ufs sur le plat. 3. Ullts. Cris affreux. Ailleurs on dit Ilhet, mais ce cri peut exprimer la surprise, la douleur, la crainte et mme la joie.
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SEPTIME
PARTIE
Qui boulra d you, prabtte ? S n'y pas qu'aquro qui-t hique parrats n cap, lhb-t et spie-m drinou. Oh ! n bouy pas spia sounque lou qui y aciou per terre et qui n-s lhbra pas my. Anoum ! Qu by qu t'at ca dise cla et ntte; u homi qu'n ba u gnate. S-m bos, you qu-t bouy. Et truffes-tu1 ? N souy pas tan broy coum lou dfun ! Oh ! qu si ! N tan gouaillard ! Qu'y h aquro? Qu'aymi hre d'sta plasut, au loc d plase. T ! qu-m ba ! Ms n'y pas tout. Per aciou qu disen : Toutou lou riche. La brtat qu'y, qu n'y pas sounque cinq ou chys scuts au houns d la boussotte. Qu'n y nta dus. Labts qu'm yuste d'accord. Ms qu'y u gran dfaut. N t'at gasi pas dise. Dits, dits, chts poou. Qu pichi au lhyt. N'y a pas qu'aquro? Aquste ausith b'y cagabe ! Et qu'o flanqua la punte d l'sclop au houns d la chartse. Lou mourt n'n boulou pas sab my. Qu-s gaha lou manyou d l'scoube et qu s'n srbi. Hidatz-p doun las fumelles chts parie !
i.
Truffa. Se moquer.
II
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SEPTIME
PARTIE
Clabt, n-t foutis pas! Quoouque hore qu-t doublry la basane dap lou manyou d l'nlayith, qu t'ourtigury dbaith l'apprigue, qu t'ayarpry lou mus et qu-t hry rousti aprs. Tout qu'y passra, la borde et tab l'oustau : hy, pailhe et arrdailh, las bstis et lous rnubles, Clabt et toute la Clabtre. Et d tu, ma tndre Yantou, la terre qu'n sra ncoure boussude. Qu tournras youne, lous amourous qu-t hran la gode1 per doutznes : broye, aymade, riche et plasude sustout. Digues, Yantou la bre, pnsras labts au prabe Clabt ? Clabt, Clabt, pndard, banquarrouti, bandoume, flamand! Ms gouyate, b'y traynat coum u barad, dou dilus nquo'ou dissatde! B'y arribat l'hore lou smman! B'as hourrupat2 d bou poutatye miy die et chucat masqudure sabournte ! B t'y strussat3 lou dhn aban l'abtte! B t's aloulade4 gouy maty ta sta lbisinte la misse dap lou proupia d las hstes n na ? Qu ca doun qu syi Clabt, Pis qu'u baylt ? Malaye lou die qui y counchut Clabt!. Yantou, qu hrs sourti lou carpat dou hoarat5, abis-t Clabt. Qu-m fouti d Clabt toutu coum d cannelle. La ma qu-m prut et las dns qu m'n caden. N t'y pas poou, coucard, clabt, cannelle, pdouilh. Pdouilh ncoure ! Pdouilh ncoure, pdouilh toustm ! Et doun t, lou qui crque et qui trobe n'a pas lou tms mau mplgat. Et qu'n la payra u pam sus la figure.
1. Ha la gode. Faire la cour. Au propre, caresses du pigeon sa femelle. 2. Hourrupa. Ebiber. Boire par gorges en aspirant fort. 3. Estrussa. Nettoyer, mettre chaque chose sa place. 4. Aloula. Repos entre le rveil et le lever; sommeiller. 5. Ha sourti lou carpat dou hourat. Faire sortir le crapaud du trou. Proverbe: Tu ferais perdre la patience un saint.
LOU
CAP
LA
FUMBLLE
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Pdouilh! Qu m'y tourni ! Clabt et cannelle ! Labts, lou cap prdut, dap lou manyou d l'scoube, qu'n la d tho quoan lous bras n poudoun pas my rmuda. Ms cade truc, qu rspoun nyuris sus scarnis. N-t hry pas doun cara ? Pdouilh arrbstit! Attn, attn, qu t'en ba bailha, per u bou cop, clabt et cannelle, spci1 ou sau, pdouilhs et lnis. En u birat d gouilh, qu l'abou stacade, troussade hn u saque milhouqure, carcade s'ou coith et ytade au miy dou Gabe. L'aygue qu la boussabe lous snds d la ln, ms lou briou qu'arrbouribe toustm: Clabt et cannelle, pus et pdouilhs et lnis! Bllou, la praube fumelle, cabourrude et maliciouse, n dspiyt d las bourrades et d la bagnre, qu s'ahouna2 et lou malhurous Clabt qu-s crd saiibat per la bite, quoan u arrmouly scarnious, h tourna flot, lou sac qu s're dsficlat; dou bord, Yantou qu-s bd mourte ou puch prts, las dns cluchtades, las prpres barrades. N'stou pas qu'u moumn. A la fy, drin per drin qu s'nfouna, las cames las purmres, lou cos aprs et lou cap tab. Lous bras qu parchn ncoure quilhats per dssus l'aygue, et la ngade, darrre nyuri et darrre pnsade, qu frtabe l'u countre l'aiite, las uncles dous dits pos, coum s dis: Mate pdouilh, mate pdouilh ! Yantou qu'y mourte! Patz la soue amne, ms bndim lou cou, lous mys amies, s n'n a pas dchat d l'ourdi.
1. Espci. Poivre, 2. Ahouna. Enfoncer.
III
trbucs, lou hilh n'a souci qu dou bstia et d l'art; la hilhe, per bonne qui sye, qu trobe lou biilh u grane pgusse. N'y a pas qu lou canailh ta sta amistous nta d'res. Ana d gouy, b's u triste ana ! Qu'y u crature dou boun Diou, la mayrane ! Youne, broye, aymadoure, qu'n y stade ariban autan coum nous! Et d'aquste hore, spiatz-l drin d prs. La coyfe n coude; lou mouchour croutzat per dban; tabli et coutilhous tho miye came, lou filous au coustat, b'y poulidtte ! Dap l'arrhilhe, arridnte et amistouse, b'y dbrtissante ! Aditz! Srbnte, may boune ! Adiou, hilhine, qu coundes d nau ? La may qu m'a accassade. Toustm qu-m cride, toustm qu-m couhatye ! Quio brtat! Ms b t'abi dit d nou pas sta halabastrre Brabe qu'n souy toustm, may boune. D'sta balnte? Qu tribailhi toute hore dou die. D crde pla quoan t coumanden ?
1. La nore. L'pouse, qui vient habiter la maison des parents du mari. 2. Arrgagnade. Insolente de arrgagnat, patience, plante amre. 3
3. Halabastrre. Turbulente. 14
218
SEPTIME
PARTIE
Toustm qu cry may boune. T ! dcham aquro et dbrtims drin. Et o b, d sgu. Et doun, la pouriqutte. Bailhe la mantte. Per aqure carrrtte 1 Qu'y passa u pouriqutte. Aquith qu la bi, Aquith qu la gaha, Aquith qu l'sgourya, Aquith qu la hiqua aii toupy, Aquith qu'ana crqua lou by, Et qu n'n tasta boussy, Boussy, boussy, boussy. Prou ! Et s'-m hss brspya ! Et qu bos qu-t bailhi ? H-m cose u gouou la brase ! La mayrane qu prn lou gouou, qu'o crousque u drin, qu'y passe la lncou et qu'o pause dban lou houc. Ditz-m, may boune, perqu doun lques lou gouou tout cop qui ou bos ha cose ? En ta qu nou pti pas. O moun Diou, b hrs hre pla d bine lca lou bouht d la nouste may ; qu ptte toustm !
i. Per aqure carrrtte... Par cette petite rue. Jeu enfantin. On dit les deux premiers vers en faisant des ronds sur la paume de la main de l'enfant, le troisime en lui touchant le pouce, le quatrime, l'index et ainsi de suite jusqu'au petit doigt que l'on secoue vivement en disant: Boussy. boussy!... Bouchje, bouche.
IV
220
SEPTIME
PARTIE
Aquiou qu l'as t, lou broy mouchour plut, d-y u lcade ! La fumelle scandalisade, qu l'y scoupy1 dssus ; n carcan d dsoundres aquith coumis pudn, qu dbra lous scals as quouate pes et qu cour ncoure.
HOURCADUT.
i. Escoupi. Cracher.
La Pce houradade
U broye et gouailharde1 fumelle qu'ab croumpat au marcat d la bille, u dshabilh2 d fine poulitaine. Quoan stou arribade case, qu-s hiqua n db d s'ou couse dap l'ayude d la sarthsse3, ms au bith miy de l'stoffe qu s'y trouba u hourat qui at dsagradabe4 tout; n l'abpas bis quoan lou marchand ou dbitabe la marchandise, et n'abou pas arry d my prssat, lou marcat d'aprs, qu d l'ana trouba n ta-s ha rcounche lou miscat. Qu trobe lou pay dou marchand s'ou pourtal5 d la boutigue et qu l'amuche6 lou dsgouas. Et qu bos, ta gouari aquro? s tou dits lou biilh marchand. O, moussu, p'ou ptit cap, u pam p'ou hourat. T, s rspoun lou biilh, n souy pas amacat7 adare, ms bn ta'ou houns d la boutigue, qu'y y lou hilh dap la pce, et ditz-lou qu-t bailhi u pam p'ou hourat, n ta-t ha countnte ! Et ata qu-s passa l'histoure; tout qu'ana broy, lou dshabilh qu-s cousou et arrs n coungou oun re lou pdas !
HOURCADUT.
1. Gouailharde. Forte. 2. Dsabilh. Costume complet. 3. Sarthsse. Couturire. Sarthou. Tailleur. 4. Dsagrada. Gter. 5. Pourtal. Seuil de la porte. 6. <Amucha. Enseigner, faire voir. 7. Amacat. Commode, prt.
VI
224
SEPTIME
PARTIE
trine d'Adam. Bnat tab, qu'n ab boulut fayouna la purmre fumelle. Malhurousmn no qui s'appariabe, u ca, n passan, qu galfa1 la cousttte et qu s'scapa aiis quouate pes. Lou boun Diou qu'o courrou au darr et qu l'attrapa per la coude. Aprs, tire qui tire! La coude qu'o dmoura aiis dits. Et doun, puchqu n poutch pas ab la cousttte, s dits lou boun Diou, que bail oubra dap ao. Ata, la purmre hmne qu'stou hyte dap la coude d'u ca. Estounatz-p, aprs aquro, s las fumelles soun arrbouhiques !
i. Galfa. Avaler gloutonnement.
HUITIME
PARTIE
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HUITIME
PARTIE 1
l'arrayoou dou sourilh gayhasn, qu s'scoun balnte et amistouse la ptite bille d Moungn. Aquiou, n toute ssou, oun qu trobe2 la frute
3
la my chuqunte,
lous arrsims lous mydatirats, lous bachiths soubn plys, las hilhottes amoureuses, lous gouyats sbrits, qui manyen l'art et l'nlayith, coum h lou bn d la plume qui boule per lous airs. Tout qu tribailhe d toustm yamy+ per aquiths parsas aymats : lous homis, au cam, qu smien la sudou aboundouse coum lou gra; las fumelles qu s'sbaten slimaca lou casau et la bit ; lous biilhots et lous maynatyes n dchen au roumn, au milhoc, n u branc d sndgne, n u houilhe d pe d gat, n u came d bastiague. B'stou doun gran l'stounmn dous Mouninthous, quoan, per u bith die, aprcboun au soum dou cluch, u cardou gras, tgn, brancut, nlourit, qui puyabe dcap ta'ou cou arrgagnat et orguilhous ! Qui ab t'aquiou anat pourta la maie smnce ? Perqu bad tan haiit aqure herbe ahamiade qui-s poupe lou milhe chue, qui mpaithe5 la milhe place dous noustes broys cams ? Ere ta stne my adayse la soue race spudide6 p'ou pys dous ntours? Biste, biste, qu la cal trye7 d quiou. Lou puble qu rougnabe; las dbottes qu'n abn perdut la bahurlre et lou prgari; et sgn Yirouns, patrou d laparropi, qu'ab trpyatd malici au houns dou sou buya8.
1. Mustre.
aussi dans le sens d'chantillon. Embia-n u tasse d mustre. En envoyer un demi-litre de montre, comme chantillon. 2. Oun que trobe. On trouve. 3. La frute, fm. Les fruits en gnral. Lou Jrut, masc. Le fruit. 4. D toustm yamy. De toujours jamais. Depuis le commencement des temps. 5. Empaitha Embarrasser, de mpaith, embarras. Synonymes : puchou, trbuc. On dit mpaith, d'une chose qui occupe la place d'une autre. Puchou est Ympaith qui gne la circulation. Le puchou devient trbuc, ds l'instant que le pied y touche et y trbuche. 6. Espudi. Rpudier, rejeter ce que l'on avait d'abord aim. 7. Trye. Tirer, draciner. 8. Buya. Niche. Enfoncement dans un mur.
LOU
CARDOU
MOUNGN
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Ms quign cal ha ? Lous counsilhs, amassats la courrude p'ou garde-man, qu'arroumgan quarante-gouyt hores sus aqure custiou, chts poud trouba la hnrcle. A la fy, lou my habille qu bailha per abis de ha-y puya u asou. Qu-s parch qu'aquith particuli qu'y d la bsti qui bouy dise qu s'a toustm hyt dimnyes d l'herbe maudite. L'animaiit doun, u cop au bc, qu-s minyr lou cardou, et, adiou la bre Margalide, lous Mouninthous qu pouyrn droumirm1 sus la couthinre d plume. s, Dtire qu crcan pertout, la bille et per l'ahitau2, ms qui aiir crdut cause parire? N s'y trouba pas u soul bourricou : u saume tout doy, dap lou saiimot au pe. Chts perde u moumn, qu la passan u las au coith ; et p'ou mouyn d'u poulye qu la hn gradilha dinquo'ou cardou qui attnd chts dise quque. Tout Moungn qu're aquiou, spia la bouque ubrte. B s'y a gay, hs l'u ! Guigne quign brassye, cridabe l'aute! . Oh! et quign s'n arrit: qu'arrguiche lou pot3. T, t, t ! Qu tire la lncou ; praiibe cardou ! Prabe bsti mlou. Qu s'aprcboun, ms trop tar, qu l'abn scanade + ! Las amnes pitadoures n manquan pas d dise ta d're usquoans Requiems et lou mayre, lous gouilhs ngourgoustits, la trmbltte as pots, que s'approucha dou saiimt: Prabin d tu, praiibe maynatye, Moungn qu'y la cause d la mour d la toue amigue d may, ms sies tranquille, tan qui you bisqui, qu-t srbiry d pay. Et l'u d brama, et l'aute d samuca.
1. Rm. Doucement, tranquillement. 2. Ahitaii. Hameau. A Salies on dit : bil. 3. Arrguicha. Avancer la lvre infrieure. C'est ainsi qu'on a pu dire dans cette devinette populaire : U cause brdiouse-brdase : U houmiot, biilhot, biilhot, qu'arrguiche lou pot. Une chose berdiouse berdause, un petit homme, vieillot, vieillot, avance la lvre. Mot : La crmaillre. 4. Escanade.Etrangle, gorge.
228
HUITIME
PARTIE
Per aquith tms, lous d Moungn n'abn pas lou co tndre. Touts qu-s foutn doun dou mayre et dou bourricou tire-la-ligot1. Ms las mytarribles qu'ren las fumelles dou bilrau2. La coyffe d trubs, las dns l'arrat3, lou harpilh arcussat tho la bouhatre4, Diou sap o qui boumiben : L'u n ba pas my qu Faute dis la Cathountte. S la mie hilhe re prou guse ta hiqua d cap n sus dues bstis d quith scantilh, qu la hri dtire passa lou gous dou pa, rougagnabe la Pourique. Hoou mayre d Couht, cridabe gnaute, b'aiir hyt hre milhe la toue may d hila-s u hus d hiou qu d ha u tripe-hart d la toue payre ! N'n fniri pas s'arrcatdabi tout o qui-s barrya d pudn, aquith brspa d pritglade. Lou praiibe mayre qui n sab trop d quign blat cal ha smnce qu tourna d prdut perde, appra lous counsilhs. U ide chts parie qu yrmia labts au miy d l'assmblade. Qu dscidan d ha arriba touts lous gouous qui-s poudoun trouba per las parropi dous ntours. Qu'n y bincou u diable carquat, d Cuqurou, d Parbayse, d Pardies et d Cardsse. Lous grailhs5 d Luc qu'n y mian, per la loue part, binte-quouate doutznes d toumbaroous. Dou marcadiou6 ntho la glysi, n s'y bd qu tistres7, tistiths-couys, pyroous et
2. Bilrau. Bie, voie et Lra, laidement. Endroit o conduisent les laides routes, hameau. , 3. l'arrat. A la demeure des rats. Allusion une coutume des enfants qui consiste jeter sous le lit les dents de lait quand elles sont tombes, afin que la souris s'en empare, les utilise dans ses voyages et en rapporte de neuves pour les petits dents. 4. La bouhatre. Expression triviale de bouha, souffler. 5. Grailh. On trouve dans le conte de Luc, l'explication de ce mot grailh qui ne signifie pas mangeur de grenouille comme 011 pourrait le penser. 6. Marcadiou. La place du march. Littralement, march de Dieu. Ce nom n'est pas particulier la ville de Monein. La principale place de Bellocq (Salies) s'appelle aussi Marcadiou. A Tarbes, la place principale du march s'appelle Marcadieu. 7. Tistre. Corbeille, panier cylindrique sans anse.
LOU
CARDOU
MOUNGN
229
pyroles, croffous, barriques dscabades, bros, carrttes et carrioiths, et tout aquro qu're arrast d gouous, d qu ha u moultte ta usquoans bandoumes1, ta mantrus gargantuas2. D quith moumn, Moungn qu gouardra toustm mmori. Touts qu-s caraben : u aie d mousque qu-s sr aiidide. Anm, amies, s disou labts lou mayre au puble attroupt, puchqu la praiibe saiime, dap lou boun Diou syi, y partide ta Garros au moumn qui-n anabe passa aqure herbe d l'iher bachade, n'abm pas my qu'a sglanga lou cluch. U cop qui l'ayim terre, gare au cardou ! En aban touts et hats coum m byitz ha. Au noum dou Pay et dou Hilh et dou Sgn-Esprit ! Amen ! Atanlou dit, lou mayre qu s-p gahe dcap la pyrole la my proche, et pim, et pam, capbaith lou cluch qui n'n poud my. Tout Moungn qu s'y hiqua d'arrbire bras. En u hore ou dus, n'y ab pas my nat gouou, ms lou cluch qu tin bourdou3, et lou cardou, apitat my drt qu yamy, qu hs toustm argagnes. Au gran haut, chiba blanc, hilh d la cabale grise, -s hiqua crida lou mayre arraiiyous, qu t'aiiram toutu, b, sounque Mourt s t'n carrussi. Aquste cop, n'y a pas my n habes n cses4 ! Attndtz-m aquiou bous aiits, qu bam bde qui a pous au mntou. Et qu parti aiis quoate pes ta case, oun s'ana couilhe u cable autan sps coum lou pugnt qui attourmra n u biroult5 d bn, l'ntour dou malhurous cluch. Attalatz-p'y et abourrim hort. A trs qu sram lutis. Y m? Haut ! En aban ! U, dus, trs! La tirade qu'stou tarrible, ms la corde
1. Bandoume. Glouton, gourmand.
2. Gargantua. Les vieilles cits se disputent l'honneur de lui avoir donn naissance. A Bellocq, d'aprs la lgende, il posait sa tte au sommet du castra et baignait ses pieds dans le gave, sous les tours du chteau, une distance de deux kilomtres. 3. Tient bourdou. Tenir bon. 4. N habes, n cses. Ni fves, ni petits pois. Proverbe. 5. Biroult. Action de faire un tour sur soi-mme. Lame de bois cloue au moyen d'une pointe, un montant immobile, de manire faire office de loquet. Biroult d'armari. Expression proverbiale : homme d'une grande lgret.
23O
HUITIME
PARTIE
Et quoan s calou lhba? Labts, labts, qu s'n y dbisa dus mots dou poun d'Orthez2. Pierrou qu s'abprdut la came, Yantt lou pe, Toutou lou cap et las couches; et, miratgle, la Bcagude, la lncou. Aquiou qu'ren stnuts, n han u brounitre qui s'adibe lougn, per dl la mountagne d Barcus3, chts sab-s dsmscla la loue marmandise. Tho quoan srn dmouratz n aquith stat? Diou qu'at sap. Hurousmn, attirt p'ou brut, u pourcat, mntabut Lacoude, qu-s bincou, lou parasol en bandoullire et au tras-lay4 coum d'habitude, nquri-s d o qui-s passabe. Tout pourcat qui ith re, qu trouba lou lou rmri. Lste coum u sac d ploum, qu sauta ta'ou miy d la maye cruque5 d tsb, d bntes et d cames et qu s'y h tan pla au cop d manyou d hut qu, chts sab quign, lous Mouninthous qu-s boutan dtire d cap n sus. Toustm qu'abm bis las maies aiinades '' rnabi lou co, sgrama las pnsades. Lou naiil qui ba dcha la ln au miy dou ngre armouilh qu bire lous gouilhs dcap ta'ou cou, la soue darrre sprance; lou misrable prdut qui-s sn lou las au coith, qu dmande ayude d'aquith Diou, tant d cops dngat et arngat. Homis coum lous auts, mbscats8 quo las auilhres, aprs ab prdut toute hidance las causes d la terre, lous Mouninthous qus'anan ayuilha au pe dous au tas, n barryan u sal9 d larmes: May d Diou, Sgnte boune Birye Marie, s n s'ayudatz pas d'aquste hore, qu'arribra d nous ! Dsliouratz-s d l'aram qui s'mpousoue.
1. D pilles, de pile. Etendu sur le dos. 2. Que s'y dbisa dou poun d'Orihe^, d quith poun qui y hyt d pces. Il s'v parla du pont d'Orthez, de ce pont qui est fait de pices. Proverbe. Se dit ironiquement d'un peureux qui prend de grands airs. 3. Barcus. Commune basquaise de l'arrondissement de Maulon. 4. Ail tras-lay. Patiemment, au petit pas. 5. Cruque. Tas. 6. Ts. Crne. 7. Anade. Douleurs aigus au bas ventre, colique. 8. Embscat. Englu. 9. Sal. Soupire de terre grossire.
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Las maynadttes, as noustes prats, qu'amassran ta bous las my broyes flous, et lous bostes hilhs, aciou prsns, qu-s coutisran ta croumpa-p u bre candelle, la my bre qui pousquim trouba d Pau quo Alourou. Sgnte Marie, dsliouratz-s doun pramou d Diou. U candelle et toutes las flourttes d la campagne per u misrable cardou n're pas prabe marcat. Perqu doun n'stoun pas gahatz au mout ? Pramou qu sgn Yirouns ylous et arraiiyous qu'ab quittt lou sou buya et qu s'n re anat ta'ou cou bira lou cap dou Mste. Nabith crbe-co ta'ous Mouninthous. Tab qu-s hiquan dtire n crques dou lou gran sgn ta dmanda'ou perdou. La glysi qu'stou birade d pars, ms n baganaiit. Dsoulats, qu-s dplgan labts capbaith lous cams, capbaith lous hias n dmandan Diou et aus anyous d tira'ous d quith hounimn. Qu dbn sta scoutats. Lou, lou qu'aiidin la campane d las hstes n nai1, mbranlide per u gouailharde ma qui apprabe lous parroupias nta la glysi. En u biroult d gouilh, la maysou d Diou qu'stou cougnide d mounde dsmpuch lou porye tho'ou balustrat. Lou cur, u broy biilh, floucat d'u parterre d bioulttes, qu're sus l'aiita, drt coum u publi qui lous ans poden sca ms yamy crouchi. D'u boutz ndoulouride qu h ntne aqustes paraules : Lous mys rays, n p'attnditz pas d gouy n aus crits qui-p mrititz, n aus counsilhs qui lou Sgnou -p dra t'aquiou n dab?n per la mie bouque. Ca\le cause qu'arribra la soue hore. Lou cou qu-p bailhe adare u abis qui-m h trmbla d la sole dous pes quo l'arrdits dous pous. Pnsatz-y drin dbaith l'apprigue nouyt s'n ts ou mn capables. P'ou moumn qu bam ana crqua lou patrou qui abtz scandalisat force d mchanctats et d bstisses. Lou sacristia qu l'a troubat, miy camy d'Abos, cambiat n parpailloou dou boun Diou, dap d broyes alttes, pigailhades d rouy, d yane et d blu. Ta non pas qu-s pousqui tourna scapa, qu'a
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abut l'abismn d barra'ou dbaith u tmbou1. Partim touts n proucssiou, lous homis qu ban canta, las fumelles, prga. Santa Dei Gnitrix, Ora pro nobis! Bllou qu'arriben au loc dit. Lou sacristia, per l'ourdi dou cur, qu s'approche tout choualttes. Dap mille prcoutious qu suslhbe lou tmbou; et, rau! qu p'ayarpe bibmn lou sgn qui n-s matabe pas. Ah! Poutiou, qu'y ith ao, -s hique crida lou bnit2! B'y hre mouith aquste aiiyami et quign put! Ouap! Ouap! Qu'a cambiat d'abilhure. Lou diable qu s'n lou porti! Lous d prs qu-s boussaben lou nas; lous d lougn qu-s lhbaben sus la punte dous pes ta bde o qui-s passabe. Las fumelles, res, qu-s sgnaben, n dmandan perdou p'ou sacristia sacriltye. Arrs n sabn qu pnsa. Arrs ? Qu-m troumpi. Darr la plchade qu'y ab u particuli qui stouffabe d'arride. Lou fripou qu'ab courrut au dban d la proucssiou, et aprs ab largat3 lou parpailhoou qu'n ab hyt u d las soues : n'y a pas mouyn d tiran sounque d'oun y a, et Lacoude qu'n ab apprys d croustilhouses l'ntour dou sout, au miy dous agnithz d guihe4. Quoan s'abou pla nlouchat la tripe, qu s'approucha dou cur et dou mayre smudits, et aprs ab'ous saludats, coum at sap ha u habille maquignou s lou sou intrs at boou, qu'ous dichou: Amies qu-m snti lou- co tout smabut dous bostes malhurs. Sgn Yirouns qu'y prdut, aquro qu'y triste, ms p'n boultz ana tuma countre las murailhes? Nou d sgu : n'y a pas qu d la soue faute, et puch qu'a boulut tan ha dou Yanin5 qu s'ani ha toune6. Qu'n sratz quits per croumpa p'n u gnaiite la hyre d stme. Ms ta bous ats lou proc, lou gran proc, qu'y aquith cardou dou
1. Tmbou. Tamis. Ailleurs tamis se dit sdas.
2. Bnit. Littralement bnitier ; sobriquet des sacristains. 3. Larga. Lcher, mettre au large. 4. Agniths d guihe. Agneaux de truie, c'est--dire pourceaux. 5. Lou Yanin. Le sot.
6.
0_u'il
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diable qui parch d ciou nla, au capult1 d la boste glysi. Qu'y abtz boulut ha puya la same? Machan mouyn, n'ab pas las ygues prou soulides. Hiqua lou cluch per terre ? Ms qu poden lous bostes gouous, lous bostes cables countre aqure bastissi arroucude ? o qui abtz d milhe p'ou moumn qu'y d'ana couilhe Bizanos2, proche de Paii, no d'u paysa qui p'amuchry, u gouou d mule. Qu'o hratz coua dap lou my gran sougn, et atanlou qui lou mayram syi badut, qu l'habituratz per drinots, gradilha. U die qu s'n anra tout soul minya-s l'herbe maudite, pramou qu, oun recule u bourricou, qu passe lou mult. Ah ! lou gran homi aquste Lacoude, s'scridan lous Mouninthous. Biste dus coumissiouns ta Bizanos ! N-m broumbe pas d tout o qui-s passa d'aqure occusiou. L'histoure qu dits pourtan qu, per u bith die, qu bin arriba dus homis qui pourtaben sus u bayar3 u bre cuye-mroure. Au soum d la coste qui ca puya ta ntra hn la bille l'u qu trbuca, la pugnade dou bayar qu s l'scapa, la cuye qu thouriquya4 quo'ou houns et qu s'n ana tuma countre u cailhaii, hn lou plch, oun s coupa n dus. L'arrouyt qu h lhba u lbe qui ayatzabe p'ou ras. Lous Mouninthous qui la bin fila aiis quouate pes qu la courroun au darr, n appran-l: Mul, mula! mul, mula ! Ms lou mult qu h coum lou ca d Yan d Libre. Dspuch labts lous Mouninthous qu-s crdoun per sgu abandounats d Diou. A l'ntertan, lou cardou qu'ab madurat. Pourtades sus las aies dous bns, las soues smnces qu'abn approubagnat toutes las terres bsyes. Dsmpuch labts, qu'an abut bith ha et bith dbisa, cardous qu'y a et cardous qu'y aura per aquiou, tan qui Moungn syi Moungn. Lous d gouy lou die qu s'n counsolen prou d'ayse, n disn qu
1. Capult. L'extrme sommet. Ailleurs capull vtement pour les femmes, particulier au midi. 2. Bizanos, qu'y proche d Pau. A Bizanos, c'est proche de Pau. Jeu de mots proA NOS!
verbial. Ams
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chts aquro n sarn pas dap qu eau apastura lous asous d dues cames qui ban, d quoan n quoan, brusa-s1 per dhn la bille. Ms dquith tms, qu'at prnn tout au pis : tab lous innoucins, coum arribe malhurousmn trop soubn, qu'at pagan p'ous coupables. Lou mayre etl'adjougn, accusais d'ignournee, qu'stoun arrmreiats, et lou puble qu s'amassa dbaith la halle ta ha u naoith chous. Touts qu'arn boulut las places bouytes. Casi qu're doun prou malayse. Ms Moungn, n soun pas rnpaithats d tan ptite caiise. Ta hiqua-s touts d'accord, qu coumbineoun d ha mayre lou purm qui, l'sgarraptte2, gahr u poume ytade dou bc dou Marcadiou nla. Lacoude, lou gusard d Lacoude, qu'arribabe tout yus, accabilhat sus u bourricou, n toucan au dban d'ith u bande d porcs. D'u cop d gouilh qu bi o qui-s passabe. Tab, au moumn qui la poume touca terre, qu'y poussa ta dssus lou m lsc3 dous sous bitous qui-n la passa n l'air : gra d milh n gorye d'asou ! Mouriqut qu dou, d sgu, sta countre nous; bailha-s u porc nta mayre! Ms aquste cop, l'asou fouti s-s yogue la trousse. S'n ts d'abis qu bailhram la charye d'adjougn au qui cridi lou my hort. Autanlou tout lou puble d'ourbi la gule et d'ulla schourdi lous mourts. Ms Lacoude n carssan las aiirilhes dou bourricou qu'n pnsabe my qu n'n dis : A tu et you Marty, lou qui h coum bt ha n'y pas n hoou n saye. Et Marty qu cjumna u cante coum
1. Brusa-s.
Ailleurs on dit
qu-s gagne la sibade. Il gagne son avoine. 2. Esgarraplte. Le pique-hoou d'Orthez. La veille de la Nol, longtemps avant le jour, tous les enfants du village parcourent les rues en criant : Pique-hoou, hoou, hoou, pique-pailhe, pailhe, pailhe ! Dat^ l'amouyne la canailhe, s boull^, s'n abt^ plgnat^m lou sacoutt. Pique-hoou, hoou, hoou, pique-paille, paille, paille, donnez l'aumne aux petits enfants; si vous voulez, si vous en avez, remplissez-moi le sac. Les fentres s'ouvrent alors et il pleut au milieu des groupes quantit de chtaignes, pommes, noisettes et noix. Avides, tous se jettent terre et c'est le ple-mle que l'on appelle sgarraptte. Quand la rcolte est abondante, les voix joyeuses portent au ciel ce re" mercment: Drt,drt, coumu pistoulct. Droit, droit, comme un pistolet, que le nouveau-n grandisse et devienne droit comme un pistolet. 3. Lsc. Affil, mince.
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n s'n y ab yamy brounit nade sus la place d Moungn. Gagnt qu'abou. Qui ar gausat hiqua-y counteste? Pas ou mn, per ma f, you! Pla campats qu'ren toutu lous Mouninthous dap u porc nta mayre et u asou ta adjougn. Diou mdaii, quigne galre1 ! U homi saye qu parchou la fy, qui ous h adi u dbis ply d sapince et d grandou : Amies, Lous noustes parsas gayhasns qu soun mntabuts bin lgues as ntours per la purtat dous lous airs, las flous dous lous casas, la frute prndibe dous lous brys, las smiailhes dous lous cams. Pertout, oun qu counch aquith pailhtou chts parie qui perpite hn lou byre coum h au miy d la campagne l'array dou sourilh lous dies qui tire-tire-tire la cigailhe. Enloc n'y a paysas n bigns coum Moungn. Aquro qu'y hre bith ms n'y pas tout. Qu p'y dmoure ouncoure d'austes tarrs trytia, purga d cardous u gnate terre. Mublam d'are nla lou nouste sprit et la nuste amne ; ta d'aquro, anam touts nta l'scole, et qu byratz t'aquiou n daban s u nabith Lacoude biy ta nouste smia las soues truffandises quign lou diable p'ou baillram moundes d las soues pces. Lous Mouninthous que crdoun coum toustm et gouy lou die n s'y trobe pas nloc Biarns my charmans. En boultz u probe ? Qu-m souy dchat dise qu fiers de la loue sauce2 et orguilhous dou lou rnoum, lous Salis qu'abn mbiat, ariban, dus mssatys aus d Moungn ta dis'ous qu lou bermi qu s'ous hiquabe la sa et ta dmanda'ous s sabn nat rmri ta d'aquith gran ma. Qu'ous hn per rspounse qu la cal unta dap grch d limac, arrousa-l d
1. Diou medaii, quigne galre. A Dieu je me donne, quelle galre ! Premier vers d'une chanson de Navarrot, devenu proverbe. 2. Lou counde d sauce. Le compte de sauce. On dsigne ainsi Salies la part qui revient, d'aprs les anciens usages, chaque chef de famille dans les bnfices de la fontaine sale.
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PARTIE
sang d'arrabe et qu s u nabith cardou poussabe yamy au soum dou cluch, n'anrn pas crqua bourricous sounque tour dou ba}ra '. Tripis d Diou, b'sta pla l'squire au gat2 ! 1. Eaya. Nom donn par les Salisiens la place de la halle. 2. B'sta pla l'squire au gat. CLu'ellesied bien la sonnette au chat. Proverbe.
lou, pramou
II
L'Aqu d'Artix1
Per nouste, coum prtout qu pnsi, lou qui a drin d place, qu'a tab drin d prtntious. Mayres, capras, ryns, gardemans, baqus et pourqus, sarthous et sarthsses, tout aquith puble qu-s crden d ptits sgnous. Las fabous et las anous qu'ous rbinen d drt: malhur au qui disr lou countrari. L'aqu d'Artix, ith tab, qu s'n crd per u ardit. Quoan arriba lou moumn d la bote, qu boulou sta cossou2; et, coum at saben tan pla ha lous mbyous d gouy lou die, qu d u tour per la coumune. N'stou pas abare d cops d brrt, d toucades d ma, d proumsses et d'astes histoures. Las fumelles qui abn hre d bsougn dous sous srbicis, qu'o hn mille proumsses. Qu-s crdou sgu d'u bre lctiou. Tab, au die d la batailhe, n dgna pas tan soulmn bouta et qu parti nta la saligue l'hore accoustumade, la canbre3 sus l'spalle au miy dou sou troupith mplumat : guirots, aques, aquats et aquitous. P'ou miy dou brspau, quoan stou fnit tout lou coumbat, lous lctous qu s'applgan nta case et hres qu coumbinoun d'ana ha drin d hste dl'ou gabe. A d'aquith tms, n'y ab pas ncoure nat poun et qu cal passa la na. L'aqu, sgut la cabane dou nal, qu dmandabe noubelles. Ey passt cossou l'aqu d'Artix ? Et tout lou mounde qu rspoun. Nou, pas nou, n l'abm pas tan soulmn ntnut mntabe.
1. Aiiqu. Celui qui garde toutes les oies d'une commune. Artix. Commune du canton de Lagor. 2. Cossou. Conseiller municipal. 3. Canbre. Roseau.
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HUITIEME
PARTIE
Quo nouyt barrade, lou nouste persounatye qu counsrba l'sprance. A la fy, qu coumprnou qu s'ren truffats d'ith. Labts qu s'smali tout ngre : Ah ! n'y a pas abut u bouts nta you ! Ah ! n s'y pas audit mntabe l'aqu! B'n dbisran doun b, per Artix, qu p'at proumtti! Et a cop d barre qu'at tua tout, aques et guirots', aquats et aquitous. Toute la coumune qu'stou bllou n susmate2.' Las fumelles qu hn gran;brousside countre lous homis et n s'y ntn pas sounque aquste plagnt: Ah! malhurous, d nou pas ab boutt nta l'aqu; qu'aurm hiquat lous aquats a grch et qu s'y ar dmourat l'aqu nta smnce. Ms la doulou qu passa biste et l'aqu qu srbi badmn d soulas : dspuch labts qu disen a nouste pys, d'u yougudou qui perd la partide chts ha nat yoc: Qu'o bam mbia ta'ous parsas d'Artix, ana gouarda las aques.
1. Guirot. Jars. 2. En susmate. En sursaut.
III
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PARTIE
quille, qu-s passvabe n admiran la lue et las stlles dou cou qui s'stuyaben drin per drin msure qui lou luga1 dou die n mbiabe au dban d'ith lous sous purms arrays, tout cop saludats dap la mdiche gayou, arcouilhuts toustm dap u nabith plas. Tout rnard qui ith re, n manquabe pas d sntirans, et lou bounhur d dbrse2 las qu'y soubn doublt per aqure musiqutte charmante qui sor, la purmre hore d l'abtte, d tout o qui bat, qui-s mate et qui haltte. Qu'n anabe doun, mste rnard capbaith cantres et snds, lou co tout attndrit d pnsades doucttes; malhurousmn qu toucabe dous pes la terre et lou sou pla-sta qu casabe mille doumatyes, qu hs barrya u cautre d larmes. N sr pas aysit d counda quoan y abou d'ayamiots albats3 ou stripats4. La maye par n gausaben bouha d poou d sourdysD, ms lou limac qui n manque pas d bc n'ou dcha pas bou ta cabdres. Hoou affrountur, gourmand, pandard, pilhorri, n pots pas abisa-t drinou o qui hs? U can d so my n daban qu-m crouchibes l'squie. Ho, ho, garou, s'res aiitan diable coum ngre qu-m hrs, la f, ab poou. Quoan lou Rey passe, '"Goure, Tout qu dou ha place. Broy Rey, Diou biban, pdouilhous, lagagnous, pouyrit d dhn aiitan ou mn coum d dhore. Abis-t'y, La lncou n'a pas os, Ms qu'en h cousta d gros.
1. Luga. Etoile polaire et en gnral toutes les toiles qui se font remarquer par une lumire brillante. A Pau, on dit lugra. 2. Dbrse. Digrer. 3. Albal. Estropi, bless. 4. Eslripa. Etriper. 5. D poou d sourdys. De peur de pis. De peur d'un plus grand malheur.
PERQ.U
N'Y
PAS
MY
LIOUS
CASTRA
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Qu-m fouti d tu coum u bourricou d'u cop d brrt. Ms tab ta qu's tan arroumrat, dap pne s-t pots lca \ Qu cry d bal my qu tu. Tu?
You! Mam, mam, bos ha au purm qui syi miy castra ? O b ! Ha, ha, qu-t daii cn pas d'abance. N'y pas bsougn d'amouynes. Prabin, b'as broy prdut. Lhou ! En aban labts. Y s ? Qu'y souy. Lou rnard qu parti aus quouate pes; n cinq minutes qu'stou aii but. Tout fier qu s'arrbira. Oun s, oun s, you qu'y souy, hoou ! Et you purm ! Et lou limac, n disn aquro, qu-s dcha cad dou floc d la coude dou sou nmic oun s're stuyat aii moumn d parti. Figuratz-p l'stounmn dou rnard quoan s bi n suber par d'ith la bsti mouquirouse. Qu'as chicant, tros d grhous2. N'y pas brtat. Si b brtat. Q'n as mntit per la ganurre ! Labts la guerre ! La guerre, qu n m'spante! Moun rnard qu-s hiqua dtire hourga et aiitanlou qu'ntnoun dbra, aii gran trot, lous reys dou castra, toustm prs pourta ayude u bsy mbarrassat. A l'ntertan, lou limac qu s're stuyat aii miy d'u tuste d touyes oun u abilhe matyre poupabe lou chue d la flourtte saiibatye.
1. Dap pne s-t pots lca. Avec peine si tu peux te lcher, bouger. 2. Grhous. Graisseux.
toustm ynrous,
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Qu la dbisa tout choualines. Abilhine dou boun Diou -m dchras-tu n aquste mchant pas chts m bailha u cop d ma. Bn, bn sus las toues alttes lauyres, lous ptits, lous absougnats qu soun toustm rays sus aquste terre; bn prtout eth ntne la brounitre dous dies d pritglade. Appre au my scours lous ayamis et las bstiottes d la plane. Qu'arribin touts n ligne d batailhe et malhur aii malin qui trobe plas ha coula las larmes dous malhurous. Toucade aii co, la mousque-crre qu tire lou hissou et qu par n mbassade. Lou qu tourna dap u nublade d broussalous, d brspes et d'abilhes n coudeTy-sgue. Lous lious qu bramaben, las mousques qu brouniben, lou cou et la terre qu'n trmblablen. Qu-s ytan touts l'u per dssus l'alite et labts qu ,s'y aiidi, d'Orthez Peyrehourade lhba tout lou pys n susmate. Lous broussalous et las brspes qu-s hiquan per dhn lou cry, lou nas et la pus dous lious et aquiou, hisse-l'y-hisse ! Anilhts, crits biahore, courrudes d drtte et d gache, sats-prilhous, n'n y manqua pas. Tan pla qu, d bire-dbaith n bire-dssus, lous lious qu'ananhala capihoune a miy dou hounimn d Dabt2. Qu s'y ngan
1
u brousside qui h
1. Peyrehourade. Peyrehorade (pierre foule), chef-lieu de canton du dpartement des Landes. 2. Dabt. C'est l que se trouvait autrefois l'glise de Lahontan. Les ruines y sont encore, imposantes et svres : elles dominent le Gave qui s'est creus un lit profond leur pied; ct, trois fontaines o le peuple se rend en foule les nuits des 14 aot et 6 septembre, pour implorer la Vierge qui aurait fait, en ces lieux, de nombreux miracles. La lgende nous apprend qu'aprs la destruction du village de Lahontan par les protestants, les catholiques installrent la statue de la Vierge, au centre de leurs nouvelles demeures, dans l'difice que la pit des fidles y avait construit la hte. Mais la statue retourna trois fois de suite Dabt, affirmant ainsi sa volont de bnir les plerins qui s'y rendraient pour lui demander assistance. Dabt est situ mi-chemin de Lahontan et de Bellocq, en face du castra. Tandis que les Belloquais sont sinon hostiles, Hontanois en sont rests fanatiques. du moins indiffrents ce plerinage, les
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touts. Et lou rnard, n habille homi, qu s'ana, aii my hort d la batailhe, stuya hn la crampe d las hades1. Dsmpuch, lou bramet dou liou n s'y pas my adit a castra d Baylocq.
1. Crampe d las hades. Chambre des fes ; sorte de grotte o l'on a cru voir l'en-
tre d'un souterrain qui aurait autrefois reli Dabt et le Chteau de Bellocq au castra.
IV
lou bousqu. Dap pne, ou disoun, s'en abm agan6 tirt ta la coutise7 d la touye et d la glan, d la hous et d la castagne. Aquro qu'y la toue faute ; qu droums la nouyt et n bilhes pas lou die; abis-t tu et gouarde ou qu'n pourtras las foulanyres8. B sab broy lou bousqu oun prudibe la gratre! Las baques dou mayre, lous samts d l'adjougn, la cabale dou capra, lou mayram dou cossou et tab l'auyami dous parns, dous amies, dous bsys d tout aquith mounde qu souln d bibe au coumunau. Aysit qu're d'acassa ou d gaha, ms lou gouarde qu'y ar prdut la place, o qui dits dtz scuts d soutade, la busqu dou lar, la lgne d ha au hour, la soustrailhe et la pachnee d la btre. En homi saye et rsou1. 2.
Lou brbal d'Arn. Le procs-verbal d'Arn. Aren, commune du canton d'OloRoubit.Ruin, sans herbe et sans ajonc.
ron-Ouest. 3. Hougure. Fougeraie. 4. Maye-dite. Les enchres. 5. Ryistre. Registre, mairie. Maisonnette, salle o l'on conservait autrefois les archives communales. 6. Aigan. Cette anne. 7. Coutise. Collation que l'on faisait aux frais de la commune la suite d'une vente aux enchres de fougres ou de bois communaux. 8. Pourta las foulanyres. Porter les folles-enchres, supporter les consquences d'une sottise. Proverbe.
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HUITIME
PARTIE
nable qu prnou la rsoulutiou d'sta abutgle, schour et mud: per nouste lou qui-s sap cara et barra lous gouilhs qu gagne hre d proucs U die pourtan qui lou bousqu re partit aban l'aubtte, bde s poud trouba nade lbe prouse2 ta dcha-s hiqua u gra d sa dbaith la coude, qu-s tuma n ply bosc dap u baque et u btith qui n souln pas d pastnca aiis parsas d'Arn. D sgu, lou boun Diou qu'ab hyt u miratgle n mbian, dou cou nla, aquith pa d bstis ta prouba la balntie dou nouste homi. Qu'ren aqures las ahamiades qui abn drruit lous pchds et dap u gran'malici qu las touca3 ta la fourrire. Aprs aquro qu s'ana pne capbaith la corde d la cloche et qu souna granes boulades lou carrilhou et lou branlou. Lous homis as cams qu dchan lou coutre et l'art, las hmnes qu'abandounan la filouse, lous maynatyes qu-s hiquan crida au houc et touts qu s'acaminan au gallop dcap nta la glysi. Diou mda! b'stoun countns Arn quoan bin la baque et lou mayram qui abn hyt lou miscat ! Dtire qu s'y dbisa d proucdure et lou ryn dap lou mayre qu s'attalan dbaith lou porye n gran pnsmn. Lou mayre qui-n sab d loung qu dictabe et lou domin qu'scrib n han d broys cops d ma4 : Nou, l bousqu d la coumune d'Arn, abon troub faire gran dsgouas l dit bosc d la dite coumune... Et quingn s'apre, ryn, u baque n francs? U bouou qu s'apre buf, la baque labts qu dou sta une buffe ! Et lou btith ? Lou btith : un bufft ! Escriou-t doun : abon troub une buffe et un bufft et seron la dite buffe et le dit bufft bendus truc de tambour au maye-disn dimanche qui arribe et autres jours sguins5. 1. Coum lou mllou d Larriba. Comme le merle de Larribau, qui pense et ne dit
mot. 2. 3. 4. 5. Prouse. Apprivoise. Touca. Toucher, pousser, conduire. Cops d ma. Coups de mains. Lettres capitales ornes de fioritures. Qu'anra mail nta'ous Biams, quoan lous lous hilhs parlin francs. Il ira mal pour
LOU
BRBAL
D'ARN
247
Lou brbal scribut et sinnat qu'stou tabardyat per toute la balle d Josbaig1. N s'y bt pas per aquiou sounque charpants et mnuss. Lou dimnye maty qu'n y parti u cntne d Prchacq, d Gous, d Sgn-Gougn et d Yrounce. o qui ous hiquabe n gran curious qu're, nou pas lou bufft, qu s'n y h d tout scantilh per la balle, ms sustout la buffe. Qu db sta u armari d bre payre, binude d Pau ou d Bayoune ou lhou tab d France, oun, siban la rnoumiade, y ab oubrs habilles ta'ou msti coum n s'n y canyabe2 pas au pys dou Biarn. S'ou truc d miy die, lou mayre et lou counsilh dap lou bousqu n tste, qu dn u tour d rue. La buffe qu sguibe et lou bufft tab, floucats d rouy coum u bouou arpastat, lou dimars gras. Lou tabar qu brounibe coum h n tms d hste. Charpants et mnuss qu'attndn toustm lous armaris, ms n baganat. A la fy, lou mayre qu h u sinne au tmbourn, qu puya sus u cadyre et aprs ab saludat l'assistnci : A bin lioures, la buffe, qui-n boou ! Ah! praube biat d'arique3, s disou labts u bouts arridnte qu're Jos d Yrounce dbise doun lou dbisa d l'aunste mounde. Buffe ou bufft, aquith bstia qu soun d nouste, qu'ous rcounchi, qu'ous rclami, qu pagury l'ntrade tan per cap. Lous d Josbaig qu coumprnoun et qu s'applgan ta case n arridn. Dsmpuch labts, quoan u homi boou ha lou sabi dap u dbis qui n'y pas sclop dou sou pe qu disen per aquiou : Coum lou brbal d'Arn !
les Barnais, quand leurs fils parleront franais.
1. Josbaig. Valle renomme par la fertilit de
Le pote n'a fait que traduire en son sol et la beaut de ses sites,
ces deux vers un sentiment populaire encore vivace dans le Barn. qu'arrose le gave d'Oloron. 2. Caniya. Mesurer. De cane, mesure de surface valant jmq. 54. 3. Hiat d'arique. Imbcile.
250
HUITIME
PARTIE
lou d'Alourou qui, gouy lou die, hn aus Luquts tan d'argagnes ? A la place d las loues bastissis lusntes, dous moussults dap chapou etchnilhe1 d las dames appilhades d sde et poumpounades d'or qu o qu'y ab ? Luc pertout, bosc toustm ! Sanglas saubatyes, taiis et baquttes chts taque, crabttes lauyres, cassous sacrats, pyres ta'ous sacrificis Cassires2 et las Bordes. Las maysous n'ren pas qu cahutes. Et quign ren clarmn smiades! Mahourat d'Auynne3 qu're purm bsy d Lau 4 d las Bordes. Per force, lou qui-n boul d bou et d soulide, qu cal ana t'aquiou. Per force, lou qui boul ha anou d'aquith Etre maystuous qui abm mntabut Diou, qu db ha lou plrinatye d Luc. Labts, et lountms dsmpuch, lou marcat qu bouga. Malhurousmn, aprs u guerre, u boulbrsmn dou soou, lhou quoouque grane usclade, la traditiou qu s'n y prdude, las bastissis d la coulline qu disparchoun et Luc qu'stou arrbastit au houns d'u spce d hounilh oun brioulyen tristes et thic aboundouses las aygues dou Layou. Soulitari, stuyat aus gouilhs dou biatydou, ptit ptit qu prdou lasoue rnoumiade.
1. Chnilhe. Redingote. 2. S'il faut en croire la tradition, cette pierre portait autrefois la partie suprieure
de sa surface l'inscription suivante : Huions sera, qui-m birra. Heureux sera qui me tournera. Beaucoup essayrent mais en vain. A la fin vint un gant, avide de bonheur qui. d'un effort vigoureux, russit o tant d'autres avaient chou. Que trouvat-il? Simplement une seconde inscription : Ja, Val disi, qu bira qui-m bouli. Oui, je le disais, que tourner je me voulais. La dception fut grande. Un savant fit remarquer alors qu'on avait mal interprt le premier vers et qu'il fallait lire : U rous sra... Un blond sera... etc. 3. Mahourat d'Aynne. Mauvais trou d'Ogenne-Camptort, maison et commune du canton de Navarrenx. Proverbe sur cette maison : Mahourat, boune maysou, qu'a plat et qu'a bitou. Mahourat, bonne maison, elle a pel (tu le porc) et elle a porcelet. 4. La maison La est la plus ancienne du pays. Date de l'poque de la civilisation romaine. Situe au centre d'une fort autrefois magnifique o existe un souterrain auquel l'imagination populaire a prt des dimensions immenses. Ancienne habitation des fes. On prtend y avoir entendu marcher un tre invisible qui garde les ossements des fes ; ces ossements anraientla proprit de gurir tous les maux. A l'poque des assignats, elle fut vendue pour une paire de bufs valant de La est de
8,000
fr. et une
paire de poules estimes 600 fr. La distance qui spare la maison Mahourat de celle
kilomtres.
LOUS
GRAILHS
LUC
251
Cpndn, sus l'strm dou bosc, p'ou miy d la plane, qu s'y lhbabe u ribale plgne d'ardou et d younsse, la ptite et charmante bille d Nabarrns. Lou marcat qu s'applga ta d're. En baganaiit qu bastin Luc u glysi ournade d statues et d tout o qui plats aus gouilhs d l'homi rlyous. En baganat qu hn arriba ta l'abbadie u ahouailh d mounes tribailhdous1 et qui-n sabn d plume : quoan la murailhe y dsglangade et qui la pyre-clabre s dstaque dou pourtal, lou qu'y drruide la maysou. Lous d Luc n prdoun pas toutu couratye. Ahamiats d prouspritat, Nabarrns qu bouln u bille d guerre. Qu hn labts u trttat dap lous Luquts. Aqustes qu-s carquan d basti lous ramparts; n bnsibe, lous Nabarrs qu'ous cdaben la miytat dou marcat. Tout dimers per quinzne, lou puble qu prn la bie d Luc ta croumpa ou ta bne. Ms u cop bourg-na qu're impoussible d s'ntne. Dban Sahourt, au Carrrot, darr l'abbadie qu s'y troubabe d grans et prgouns marscs. Las grauilhs qu'y hsn n toute ssou tan d'arrouyt qu lous marchands n s'y poudn pas ntne. P'ou sigound cop qu'stou abandounat lou billatye d Lnc; yamy dsmpuch n'y an pas poudut ha prne lou marcat. Et, darrre truffandise, lou noum d grauilhs2 qu dmoura as Luquts.
1. Les Bndictins. 2. Grauilhs. Eleveurs de grenouilles. Terme ironique sous lequel on dsigne quelquefois les habitants de Lucq-de-Barn.
VI
La Yn d Lahounta1
Au ras d las hountanttes miraculouses d Dabt, qui coulen tristes et soulitaris, nter lou castra d Baylocq et l'aygutte brioulnte dou gabe, lous ancins qu'abn bastit la parropi d Lahounta. Yamy n s'y a bist u ndrt my charmant, aygues my publades, parsas my aboundous d yibi, my ngragnats d milhoc et d roumn. Lou bitatye qu'y bat n plane, lous pasturatyes qu'y soun gras. Aquiou, arrs n sabn o qui ryte2 boou dise; arrs tapoc n'abn yamy crquat fraya dap lous bsys. Cadu case ! N Biarns, n Franoys3, disn Lahounta: Hountanacs qu'm. Et quign ren ylous et fiers d quith bith titre! Qu-s dbrtiben, qu-s soulatyaben, qu-s maridaben nter iths. D manire qu n hsen pas qu'u sole familhe. Lou my biilh ou, siban lou cas, lou my aymat, qu srbibe d mayre, d yutye, d coumissari d poulici. Nat ryn n'ab yamy hourat lou soou d la parropi. Pougn d'scriture lou4, la parale qu suffibe. Qu lyn pourtan quoouque cop, ms qu lyn lous gouilhs dcap au cou, ta admira, per dl las nubles, las obres dou boun Diou ou trubs la campagne, ta bndise la soue proubidnci. Qu'ren hurous! Malhurousmn u Hountanac, ply d'mbitiou qu s'abisa u die d
1.
3. Franoy. Franais. Les habitants de cette partie de la frontire barnaise dsignent encore ainsi les Franais leurs voisins, surtout les Landais. Franoy, au lieu de Francs, se prend toujours en mauvaise part. 4. ,4 lott. Chez eux.
254
HUITIME
PARTIE
ha struise lou sou hilh ta-n ha mste Yan ou mste Pierre. Et quoan stou scriba n pe, quoan sabou las lys dsmpuch l'a dinquo l'izte qu s'stabli Lahounta. A parti d quith moumn, lous proucs qu coumnan, la patz qu s'n ana, la boune f qu parti houytibe dap l'amistat et la tranquillitat. Dsmpuch, au pys dou Biarn, ta fltri lou manque d paraule et l'esprit d chicane qu disoun : Noutari d Lahounta. P'ou mdich tms, u mdcy strany qu s'allina dap u Hountanaque. Frbes, rhumes, malandrs1 etaniqus2 qu'n y plabou labts pichorres sus la terre d Lahounta. Dap las soues poutingues, lou suryn qu gouaribe u ou ate mala, ms qu'n tuabe taby la maye part. Lous Hountanacs qu prdoun dou lou rnoum. En France et per Biarn qu-s truffan d'iths et quoan bouln mntabe u mdcy mau adrt qu disn : Mdcy d Lahounta. La sapince qu'y boune, ms ta tout qu eau gouber. Lou prougrs qu'y bre cause, ms qu s'n ca sab srbi.
1. Malandr. Etat de malaise.
4-
VII
Lous d'Ibos
Lous d'Ibos Qu'an lou diable au cos. Ata qu dits l'arrpour. D sgu, n'a pas tout lou tort, car l'histoure brtadre qu counde lous poudmns d cap2 qui abn abut lous ancins d'Ibos nta scounyuria u bayou qui lou dmoun ous ab hiquat nta dssus. Qu're gran, n effyt, lou lou malhur. Tout cop qui partiben ta'ou marcat d Tarbes, qu'abn lou sourilh dban lous gouilhs et lou mdich miscat qu'ous arribabe tout cop qui s'n tournaben. A d'aquith ana, la younsse qu bd arroses toutes las causes d la terre, lous parpailhous qu'ren appilhats d las my brilhantes coulous et las marguridttes d la prade qu tapissaben nitho las pyres dou camy. B hsn labts hre d pgusses3! Tan qua'ous papous, qu'n abn la biste nlugarnide4, qu'spiaben d biscor et qu prnn las bchigues per lanternes. Qu hsn my d pgusses qu lous youns ! U die, lous grans caps d l'ndrt qu'anan counsulta u sourci. Ta prcanta lou malhur, aprs ab hyt hre d sinnts d croutz, lyut trnte payes d Sgn-Cyprin5, spiat boula las nubles, pnsat et arrpnsat, qu'ous bailha per counsilh d'amassa touts lous sdas6 d la countrade et d'ana touts n proucssiou serne l'aygue d l'E1. Ibos. Commune des Hautes-Pyrnes, situe l'ouest de la ville de Tarbes. 2. Poudmns d cap. Cassements de tte, soucis. 3. Pgusses. Sottises, niaiseries, amusements du jeune ge. 4. Enlugarnide. Eblouie. 5. Sgn-Cyprin. Saint-Cyprien. Une croyance populaire attribue au livre de saint Cyprien un pouvoir surnaturel, une puissance laquelle rien ne saurait rsister. 6. Sdas. Tamis.
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HUITIME
PARTIE
chz'. N'y manquai! pas, ms lou guzard d sourilh qu lusi toustm la mdiche place. Lou sourci, counsultat u sigoun cop, qu'ous disou qu lou maii qu're d lounque gouaride et qu n-s cal pas dscouratya la purmre bgade. La lue, d'aquith moumn qu'ab quittt las haiitous dou cou et qu s're anade nclouta, la maline, au bith houns dou puts d la parropi. Qu s'y bd, Manque coum l'aryen, rdoune coum u roumatye. Sus lou counsilh dou sourci, qu dscidan d'mbia ta'ou houns dou puts lou my sbrit d'Ibos couilhe la lue, et adoural la sguide. Ms lou puts qu'ab dus ou trs cns pams d prgoun et qu're arrast2 d'aygue. U saye qu d l'abis d ha bbe purmrmn aqure aygue p'ou ynse3 bouou dous nbirous. Malhurousmn lou bouou asscat et affangalat aprs ab bbut l'aygue, qu-s minya la lue. Lou dimnye d'aprs, lou capra, homi d gran sab et d grane pitat, lou noum dou Sgnou inbouquat, qu dscoubri lou rmri. Qu'scribou u ptitiou ta'ou mste dous anyous et qu carqua lou mayre d'ana-l pourta ta'ou cou. Qu'y abou labts rmudmn n toutes las maysous d'Ibos. Qu-s hiquan n db d crqua u scale prou lounque ta touca au royaume d las stlles, ms n s'n y trouba pas nade. U ibrougne abisat qu h pnsa las barriques. Per aquith tms, lou by qu're dus sos la pinte. N s'y bd pas qu bignes, atys4 spalires5 : cade oustai qu'ab u cntne d bachiths. N hn pas malayse ta-n arcussa6 u sarrabantne. Qu'ous appitan l'u per dssus l'aiite, et, ptit ptit, qu puya perte d biste, aquith mpoun7 d'u nabre mode. Tan pla qu lou mayre qui re u homi d bre payre, qu toucabe d la ma, la murailhe dou cou. Ta poud-y ntra, n'y manquabe pas my qu'u barrique. Qu'aboun bith 1.
Sertie l'aygue d l'Ech^. Tamiser l'eau de t'Echez, petite rivire qui coule entre
Tarbes et Ibos. En Barn on dit d'un naf: Qu'o hrn serne l'aygue aGabe. 2. Arrast. Plein jusqu'au bord. 3. Ynse. Le plus grand et le plus beau. 4. Aly. Hautain (Vigne). 5. Espalire. Vigne chalasse de peu d'tendue 6. Arcussa. Ramasser soigneusement. Relever. 7. Empoun. Echafaudage.
LOUS
D'IBOS
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crqua, n la poudoun pas trouba. L'ibrougne labts qu bailha l'ide d ha srbi la d dbaith. Taii hyt, tau dit! Soulmn quoan la bouloun tira, las d dssus qu dbran Pue my biste qu Faute et lou mayre qu-s coupa lou coith. N s'n counsoulan pas yamy Ibos. Abandounats d Diou et dou diable, qu'aboun rcours la sapince d'u aboucat. L'homi d ly qu'ous consilha d parti la bilhe, bouque d nouyt ta sta au marcat d grans dores et d nou s'n tourna qu lou maty dou lnddie. Qu crdoun. D qure fayou, yamy n'aboun pas my lou sourilh hn la figure et qu'y gagnan d passa dues nouyts per gouytne la broye bille d Tarbes. Pramou d quro qu disen per nouste : Qu'an lou diable au cos, La yn d'Ibos.
NEUVIME
PARTIE
Lous Bitous
D bou maty, qu're partit Marty, dap la guihe1 et la bndrade2. Marty qu're mouli et capbaith lou camy qu'ab coundat o qui ou coustaben, d pugnres lous dts bitous qui anabe bne au marcat d Nabarrns3. Lou counde n're pas trop gran. Et quoan n tirry dis ith? Dts bitous quinze lioures qu hn cinquante scuts, d qu croumpa u samt4 d cinq ans et arrnabi la carrtte. Qu m'n y soubrra lhou tab ta appilha d naii la moulire. Ah! la moulire ncoure youne etlgre! Qu hra rampou5 mantru dane d las milhes affytades. Prabe mouli! Qu'ab coundat n baganaut. Arribat sus la place, n'y manqua pas d marchands. Ms cinquante
1. Guihe.
2. Bndrade. La progniture de la truie, la porte. 3. Nabarrns. Navarrenx, chef-lieu de canton de l'arrondissement d'Orthez.
20
NEUVIME
PARTIE
scuts n-s troben pas n poithe bouyte1 et touts qu passaben n s grattan l'auilhre. A la fy, qu s'n y arrounsa u qui n l'spantabe pas gran cause. Broyes paralttes, appilhat d pla, poulit coum u homi qui-n sap d plume. D sgu, qu're d quoouque part. A quoan lous bitous, hy l'homi? A dtz scuts lou pa, moussu, s-p platz. Et laguihe? La guihe n la tiri pas bntable2, qu eau u carnau la cahute dou mouly. Qu'y doumatye, qu m'aur hyt lou my aha. B'n tirratz cauquarr d cinquante scuts ? Pas u ardit. Qu soun ouncoure drin youns, lous bitous, ms grassoutts et lusns, qu prabran3 nouste. Toucatz d ma, qu'm d'accord. D'oun ts bous, moussu, s-p platz ? Qu souy dou bosc d Nabarrns. Et doun, moussu dou bosc d Nabarrns, anam ha lou counde au brouchou dou cor n n bben u pintou dou pailht. Aprs lou pintou, la pinte, aprs la pinte lou pith. Lou mouli qu'n abala coum u barrique dscabade4. Tab qu s'adroumi au cap d la taule. Et lou croumpdou qu s'squiouba, dap lous bitous chts dmanda moundes d las soues pces. Quoan d tms droumi lou mouli, n p'at sari pas dise. Soulmn quoan s dschuda5, lous porcs n'ren pas aquiou et la bousse qu're bouyte. Qu h rcre dou moussu dou bosc d Nabarrns. Qu'o trouba d'ayse. Ms n calou pas dbisa d pagumn. Lous cinquante scuts qu'ren stats coundats nter dues pintes. Tan pis p'ou mouli s s'ous ab prduts. Qu plytyan. Aquste homi, moussu lou yutye, qu-m croumpa dtz bitous,
1. Ns troben pas n poithe bouyte. Proverbe: Ne se trouvent pas en poche vide. 2. Tira bntable. Tirer vendable. Exposer en vente.
3. Praba. Grandir, profiter. 4. Dscabade. Ouverte par le bout suprieur, par la tte. 5. Quoan s dschuda. Quand il se rveilla.
LOUS
BITOUS
26r
dimers darr, au marcat d Nabarrns. Au moumn d ha lou counde, qu-m h bbe chts payre et qu s'n ana dap l'scut et las moundes. Aquro n'y pas brtat, moussu lou yutye, qu'y croumpat et aprs pagat. Qu sabtz qu hy hre d'ahas.... Qu'at sy ! Au marcat d Nabarrns qu s'y h hre d'ahas. Qu s'n y h d touts, d broys et d bous et tab d pigailhats. Abtz tmougns, mouli? Nenni, moussu lou yutye. Ms s boou lous dins et lous bitous qu eau qu s'ous gagni : qu'o bailhi ma lhbade. N eau pas qu yura? Bras s-m squi, moussu!... Trop biste, s disou lou yutye: N'abtz pas poou dous srmns, P'ou bosc d Nabarrns ! N'y aur pas doun nadate arrame, mouli? Nade ! Labts, bous, moussu dou bosc, qu-p bti bailha ma lhbade. U cop n la boste bitc, pnsatz o qui hts. Lou yutye d la terre, qu poudtz troumpa'ou, ms lou yuty'e dou cou qu'at bt tout, qu'at sap tout et qu bailhra u die cadu siban las soues obres. O b d sgu, moussu, ms lous bitous qu soun stats croumpats et pagats. Qu'at yuratz? La ma n l'air qu'at.yuri. Lous bitous qu soun pagats. Et bous, mouli, quoan ayitz ahas dspailha1, moumbratz-p qu N'an pas poou dous srmns Lous dou bosc d Nabarrns. Ah! misrable dannat, qu'as prdut la toue amne. Oh! et tu lous dtz bitous!
i. Dspailha. Dbrouiller, plaider.
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NEUVIME
PARTIE
Adiou l'asou d cinq ans et la carrtte nabe! La moulire qu dmoura moulire, ms lou mouli, cause miraculouse, n bbou pas my qu aygue. A d'aquith counde, qu'ab gagnt my qu prdut au marcat d Nabarrns.
II
24
NEUVIME
PARTIE
boune gahe d grche sabournte la tarrisse d burgut1 la milhe prstide. Ata qu're biciat dspuch bint ans na u pastou qui anabe toustm barra no dou mdich paysa. Ms l'hiber qu'y acabat, las hournglttes amistouses qu binen cantourrya dbaith lou soul d la borde, lous ausrous rdoulics2 qu s'stiren l'aie et l'sgay dou sourilh d'abriou, qu coumncen d boul anida las loues amous dbaith la houilhade; las flourttes prndibes et alourntes qu puntyen aii miy d l'herbe d la prade. Ailh qu eau parti ! Qu s'y a tab plourat l'ousta dou pastou ; la bryre et la familhe qu-s soun dbyats d quith hiber tan loung. Carque l'asoult, pastou, d biasses et dpgas ". La cape sus l'spalle, lou bastou la ma, h lous adious aii paysa ! Adchats doun amies, dinquo gnaiite an! S-p h plas d-m bine bde, qu'y abra drin d gaiiyou ta bous aiites la cabane dou bc d la mountagne ! Ataii qu dbisabe lou pastou n s'apoutyan ta case, ms la trotte qu sr stade lounque ta'ou paysa, car d la plane n ta'ou soum, qu'y ab u boune tirade, arr my qu chys dies d camy chts counda las nouytades. Per bith cop toutu, u counte prssade qu'apra lou paysa ta'ou pys d l'ailh. Ta ha'ou u bsite n cal pas torse4 d miye hore. Qu'n ana doun, lou pe louy et lou brrt sus l'ailhre. Ms tine et proumtte qu'ren dus nta l'ailh. Ja5! qu'stou drin stounat quoan s bi ntra hn la cabane per u maty d bise rde, lou paysa stamourrit: oumnances n'y manqua pas. L'aiiilh cour1. Burgut. Sorte de pte faite avec de la farine de mas et du bouillon que l'on
mange au lieu du mioussat. 2. Rdoulic. Frileux. 3. Pga. Cruche, vase en fer blanc. Ailleurs on appelle dourne et banre le vase en terre qui contient l'eau potable du mnage. 4. Torse. A deux acceptions diffrentes. Torse d miye hore. Se dtourner de sa route, faire un crochet qui allonge de demi-heure. Torse lou bnsilh quoan y youn. Tordre l'osier quand il est jeune. Proverbe : Corriger l'enfant de bonne heure. 5. Ja! On distingue cette exclamation l'homme de la montagne de celui de la plaine. L, on dit;'a, ici, ^a. Ja se dit aussi dans le canton de Lescar.
LOU
HOUC
QU'Y
MIYE
BITE
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ts qu'o saute aii coith et lou gouilh ngourgoustit d plas qu'o baylabe las machres et n s'stanquabe pas d dis'ou dap d broyes paralttes, quign gay ab d'o tourna bde. Qu dbisan d l'aiiilhade d las rcoltes et d las noubelles d la plane ; d rpcha n s'y pallabe pas! Lou pastou d my n my charman qu'atisabe soubn lou houc. Q'y h rt per aqures galihorces; et la causse1 la ma: caiihatz-p, caiihatz-p, s dis aii paysa, lou houc qu'y miye bite ! Ms lous coumplimns n plgnen pas lou bnte2. Lou prabe paysa, la hami as pots, las dns agusades per u lounque trotte, n'y ntn pas dqure auilhre; d tms n quoan dou cor dou gouilh, qu guignabe sus u taule3 dbaith lou tyt d la cabane las proubisious d l'aiiilh: pa, roumatye, et lou baricoutt aii ras d bres cassrolles d lyt. Ms lou diable d pastou qu'attisabe toustm lou houc: Caiihatz-p, caiihatz-p pla aban d-p tourna apoutya, qu dbtz ab rt, s tournabe dise aii paysa. Aquste, la fy qu-s lhba et qu s'applga ta case n hin lous adchats poulidmn : Dinquo las purmres! lou boun diou p gouardi d ma! qu-s byam! Stme pass .t, l'aiiilh n manqua pas d'arriba la coustume, aban lou troupith, nta mparala
4
babe soult case; lou reste d la famille qu brougnaben. Biste qu m l'arcouilh dap u gran houc dbaith ia chminye. Caiihatz-p! caiihatz-p! s digou l'aiiilh, qu parchtz drin gourpit et qu dbtz ab apptit ! Q'abtz rsou s rspoun lou pastou ; ms gouy per aciou n smble pas qu'y hsqui trop d rt. U bre sitte prgounte d pou1. La casse. Le bas. Les pasteurs utilisent les loisirs que leur laissent les soins de la bergerie en tricotant des bas de laine. 2. Lou bnie. Le ventre. Dans la langue populaire, on confond l'estomac avec le ventre, la poitrine ou le cur. Ainsi on dit : Bnte porte cames. Ventre porte jambes, ce qui veut dire que l'on ne marche jamais avec plus de plaisir qu'aprs un bon dner. Gran ps sus l'stoumac. Grand poids au cur. 3. Tale. Table, planche. 4. Emparala. Donner sa parole, traiter verbalement, faire un march. 17
266
NEUVIME
PARTIE
tatye dap u boune gahrade d habttes per dssus qu-m hr milhe l'aha! Patince ! patince ! n batz pas manqua d'arry. En mdich tms, lou paysa qu'arriba dap u hourcade1 d brouchague sque qui-s srbiben nta alluca lou hour, qu la pausa darr lou pastou et qu'y alluca lou houc. Cauhatz-p, cahatz-p, s'ou dis toustm ! Ja! Qu-m boultz bous iroula2? s cridabe lou pastou qui s'usclabe3 las culottes. No pas nou, d sgu, ms s lou houc y miye bite, houc dban et houc darr qu dou sta bite coumplte !
1. Hourcade de hourque,
sommet de la fourche. 2. Iroula de irole, marron. Rtir, griller comme un marron. Ailleurs les marrons grills s'appellent plusts. 3. Uscla. Flamber; au propre, passer une volaille sur la flamme pour brler le duvet qui adhre encore la peau, aprs que la plume a t arrache.
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PARTIE
aii my pys! Aciou qu souy per quouate dies, au darr d drin d patz et d tranquillitat. Et tu, Biarns, qu coundes d bou ? La f, you qu'y tan bou drt, qu n sy pas qu dise souy smiratglat d qures bres causes. Ms, la toue histoure? Oh ! n'n y a pas talounque pailse. A nouste, n'abn n castiths, n palays, n oustaiis, n maynes... u cabanotte tout doy, dap u quouar2 d terre magre autour. Qu'y a haiit ou bach dtz ans qu rolli, et qu'y, per dhn u pe d biilhe causse, trs scuts3 na lioures, dap bin sos, la pistole ! Lous dus batalurs d Marsilhe et d Gascougne, qui n'n abn yamy abut aiitan qu-s clignan per dbaith ma, coum qui boou dise: Aciou qu'y a u garie arpastade ; n-s sparam pas qu n l'ayim tounude. A d'ayse quhram, Diou mrcs; qu s'oubnrm la hyre, et ouncoure qu s'n tournrm lou licot n ta case. N's pas riche, coumpay, s disou lou Gascou, et s dmoures lountms per aciou, gratta-t las uncles, qu'arribras lou aii houns dou sac. O b d sgu ; ms Ihic qu-m arrgole ! T! qu-t bouy da u mouyn d soupa, ou mn nouyt, chts touca la sacole. Qu smbles d gouailharde humou; et doun, s'n s d'abis qu-s bam habla l'u l'aiit tan qui pousquim, couyouna-s tire-la-iigot, lou qui-s fachi qu pagura l'scot. v Oh bah ! nou, picouty per asou4: qu'y lou cap trop prs dou brrt. Ms lous dus coumpays qu'o sgoutin tan pla qu lou Biarns qu fni per dise quio. Alabts qu-s hiquan dcap d'ith coum u pa d labrits qui an tumat u arissou. Pne prdude, moun homi qu're bndut aiitan rt coum lou
1. You qu'y tan bou drt, qu n sy pas qu dise. Moi j'ai si bon droit que je ne sais
Qu
que dire. Phrase proverbiale pour : j'ai peu de chose rpondre, je ne sais rien.
2.
U quouar. Un quart d'arpent, soit neuf ares cinquante centiaies. 3. Trs scuts, nai lioures, etc. Trois cus neuf francs. Proverbe de ceux qui avouent
n'avoir pas de fortune. 4 Ticouty per asou. Expression proverbiale, picotin par ne, chacun pour soi.
LOU
GASCOU,
LOU
BIARNS
ET
LOU
MARSILHS
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mus d'u gat mour, aiitan mud coum u aiibour qui n piche pas dspuch gouyt dies. Qu m'n baii ta'ou lhyt, spraba d ha u bc1, s'ous disou aii cap d'u paiise. Eiths qu'o sguin n couchcouchyan : qu l'aram toutu, b sounque lou diable s'n lou porti! Aii lhyt, qu hn smblans d ha u partide las cartes. Pique, s dis l'u ! Trfle, rspoun l'alite! Pique! Trfle !Pique !Trfle ! Et cade yogue, dap la punte dous dits, qu'o hissaben nter las costes. Lou praiibe diable qu hs grimaces sus grimaces, ms yamy bouha tque. Soulmn qu l'aiidiben saya-s coum u hmne n pnes. A la fy, qu-s hiqua bouha coum u tacbou qui a russit aii sou aha. Pique!Trfle!Pique! Trfle ! s hsn toustm lous aiites. Et doun, you, COUPI et ATOUTS! Et qu flanqua s'ou mus dous yougudous lou my bith maqurou qui-s syi yamy prstit hn la maye ptisserie d Paris ou d Brsailhes. A d'aquith affroun lou Gascou qu-s drssa coum u srp hourade et qu'o sauta au pou n arngan coum u carrt. Qu'abou prdut! Ms dap qu cal paga? n'ab pas u pille. Qu s'n tira n Gascou. Qu'apra la daiine : Aban d parti qu bourrm tringla drinou la boste santat. Et doun, amies, qu p'n baii crea dtire u boutilhe dou boussat. Lou Gascou qu la sgui aii traslay, qu la claba aii chay et qu s'n ana ataii per la bie d las crques. Couratye, adrsse, boutat, dbis gayous, Diou mres, arry d quro n manque aii puble d France. Ms Lous Biarns qu soun sus l'aiite yn2, Coum l'or suber l'aryn.
1. Ha u bc. Dormir quelques instants. 2. Lous Biarns que soun sus l'aide yen... Les Barnais sont sur l'autre gent comme l'or sur l'argent. Proverbe qui prouve que la modestie n'a pas toujours t le dfaut dominant des Barnais.
IV
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NEUVIME
PARTIE
dibrtissmn aii canailh qui tournen d l'scole et qui s'stanquen dban lous pourtous. Or doun u d qustes courdounis aiisr, paproulayre,
qu-s
trouba u die sus la carrre, dssus l'scoubdure, u broy bilhtou d pap tout carrt, hre chiffrt, ply C lttres d moulle1, tout bourdyat d flous et d ptits anyoults lou bnte capsus et las cames n l'air. Qu'n abou mbye, qu s l'amassa, et tournt n ta case, qu crqua u place nta l'mpasta2 hn la boutigue. N'y damourabe my nat cout3, qu'o calou hiqua sus l'u dous dus pourtous, dbaith la cayole dou mllou. Bith tms qu s'y passa dsmpuch aqure hyte. A l'ntrtan qu s'y ab tirt Paris u grane loutrie et qu crquaben dap brousside per Sagorre et Magorre* lou lumro dou bilht qui ab gagnt cn mille lioures, chts yamy lou trouba, pertout dinquo'ou bc d Magrt5 qu'at abn hyt tabardya,
douni qui per chous, boul mlou bbe u cop qu lye las gazttes, qu tirabe toustm lou callignou, qu batt la smle dap lou martith et qu cantabe ribaut-coumpagnou n han rampou l'aiisrumy d las caiiyolles, quoan l'y bincou per bith die u moussu nta-s ha prne msure d'u pa d soulis. En ntnn gourguya lous aiisiths, lou moussu qu-s dbrtibe guigna las paprolles qui bstiben tan broy la boutigue, et tout d'u cop qu bi lou bilht d loutrie nymat sus lou pourtou. Gran hilh dou diable ! s t'ou dits aii courdouni, qu'as gagnt cn mille lioures et qu hs ncoure ana lou tirep? T! qu crquen prtout aquste bilht qui as mpastat sus lou pourtou ; courri doun biste nta Paris, ta crqua la fourtune, qu'as lou bou lumro ! Moun courdouni qu-s hique dtire lou camy dbaith lous pes et
1. Lettre d moulle. Lettre moule, d'imprimerie. 2. Empasta. Coller. 3. Cout. Coin. 4. Sagorre et Magorre et lou Mount-de-Marsa. Sagorre et Magorre et le Mont-de" Marsan. Proverbe: en tous lieux, m.ne les plus cachs. 5. Magrt. Quartier de la ville d'Orthez. Jouit d'une rputation douteuse. On dit proverbialement : La canailh d Magrt. La canaille de Magrt.
LOU
BILHT
LOUTRIE
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qu s'applgue nta Paris, aprs ab coupiat sus u paprou lou lumro dou bilht qui-s sr squissat n lou dsmpastan ; Ms n per aqures! Nou bouloun pas scouta, qu cal ab lou bilht mdich n ta touca mounde; qu cdou tourna nta case nta'ou crqua et tourna-s apoutya nta Paris nta'ou pourta. Ms lou bilht qu're ncranquat1 sus lou pourtou, n'y abou pas mouyn d'n lou tira, et labts lou courdouni qu-s carqua lou pourtou sus l'spalle, et qu'arriba n aquith squipatyea burou d la loutrie et aquiou qu touca aquith broy cabaii arribat n cantan! N disen pas o qui dbincou lou pourtou ! B'at bdtz, amies, qu'y a mouyn d gagna chtz bouta la loutrie!
HOURCADUT.
V Srmn d'Ibrougne
Yanoult qu'ab soubn st, st d by et nou pas d'aygue. Lous dies d'obre1 qu're prou saye: qu cal pna, suda, trima, lhba-s aban l'aubtte, ayaca-s dus hores aprs nouyt, ta gagna lou smman. Ms tab quoan arribabe lou dimnye, gare s'y soubrabe nat galaby2. Qu bb dap st ou chts st tan qui ab pille. Et quignes bounes rsous sab ith trouba ta rspoune as crits d la fumelle : As-tu lou couratye d t'smali pramou qu'n bau bbe u ou dus pintous dap lous amies u cop tan soulmn per smmane ? Lou by, qu'y lou boun Diou qui l'a hyt ta rnabi lou co, ta counsoula lous afflyats, ta bailha fourtune au praube diable et gayou tout lou mounde. Que hr lou tribailhdou dous cams, chts aquith chue dou cou dbrat? Et Yanoult qu bb ta nou pas ha scarni au boun Diou. U dimnye s qu'n y ab hiquat drin my qu d coustume; lou caminaii qu'o smblabe strt et qu s'n d3 p'ou miy d la campagne4. Tout qu'ana hre pla tho quoan arriba s'ou bord d l'arriou. Qu cal passa u pountrique5 : la pountrique maline qu s l're hiquade dansa dban lou nas. En aquith mbarras, l'ibrougne qu pnsa au boun Diou et qu'o h aquste prgari : Qu p'at pry, moun Diou, aydatz-m d'aquste hore. Qu p'y manqut6 d sgu gouy.
1. Lous dies d'obre. Les jours ouvrables. 2. Galaby. Pice de dix centimes, en cuivre.
3. Que's'n d. Il s'en alla. 4. La campagne. La plaine. Ailleurs on dit la lanne. 5. Pountrique. Passerelle. 6. Que p'y manqut. Je vous ai offens, ^x> t+~tstSsAj
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NEUVIME PARTIE
Qu'a hyt trop, Yanoult, et lou trop qu passe msure. Ms qu p'at yuri, au Diou biban, s-m dchatz passa aquste cop, N dou rouy, n dou blanc, n dou pailht, N'n bbra pas my Yanoult. Lou boun Diou qu h u miratgle; la briagure qu s'sbarri, la pountrique qu dmoura rm et Yanoult qu trubrsa l'aygue la courrude. Quoan stou sabat, lou srmn qu'o psabe drin sus la counscince et qu'o smblabe d'ab hyt u fichut marcat. B'n ab abut bith ma lou boun Diou d'o dcha passa ! D l'arriou nquo case qu'armuga aquiou dssus. Et au moumnd'ourbi la porte qu lhba lous gouilhs dcap nta'ou cou : N-n bbra pas my Yanoult, N dou rouy, n dou blanc, n dou pailht? En ayi ith1 !
1. Yanoult tait donc parjure. Mais selon d'autres versions, il sut tourner la difficult et rester honnte. Il avait jur au bon Dieu de ne jamais s'enivrer ni de vin blanc, ni de vin rouge. Quand il eut travers le pont, il remercia la Providence, puis il ajouta : J'ai promis de m'abstenir de vin blanc et de vin rouge et je serai fidle ma promesse, mais n'oubliez pas, mon Dieu, qu'il n' point t question du vin pailht. Grce cette omission, le buveur continua boire, justifiant ainsi le proverbe franais : Qui a bu, boira.
VI
Stme arribat, l'arrsim qu're badut rous coum la goutte d'or et u ahouailh d'aiisrous qu s'ren bailhats rndtz-bous la bigne d Larriba : qu'y hsn gran damnatye. Lou mste qu'ab sprabat d touts lous mouyns ta- d'acassa aquiths fripous. As quouate cors d la bigne qu s'y bd quouate fantmes appilhats d rouy, dap bith chapou d pailhe s'ou cap et u hourque dbaith lou bras. S'ou miy u pau d quinze pams dap u carrasque2 qui hs gran brounitre quoan lou bn bouhabe. Ms qu'ren aquro yocs d- maynatyes ta la bande ahamiade. Qu'n y ab d prou dsfrountats ta s'ana apoura3 l'oumpre dous fantmes. Larriba labts qu s'abisa d tne cinq ou chys sdades4 cade pe d bit. Bre casse qu h lou purm die: u sarrabantne3 d tours et d trides qu passan ta'ou habre-sac. U mllou, tab, n dspiyt d la soue prudnce habituade, qu s're nlaat et qu poussabe crits-biahore. Attn, attn, ou disou Larriba, qu-t baii ha crida per u bou cop ! Et qu'y bas gagna, qu souy tilhut et magre et qu'y lous osdht dus. Qu-t hry bouri au poutatye dap u yunte d farcit au eu. N crts pas doun qu sr doumatye? Espie lou my plumatye
1. Coum lou mllou d Larriba. Comme le merle de Larriba. Proverbe. S'applique aux personnes qui pensent beaucoup et parlent peu. 2. Carrasque. Crcelle. 3. Apoura. Percher. 4. Sdade. Lacet. 5. Sarrabantne. Grande quantit.
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qu lusch coum s l'abn mbrnissat. Et lou pruc? Yane, prim et allouncat ! Las mies cansous qu hn plas d'ntne quoan lou maty, aban l'abtte, hy aumnances au sourilh dou cou. Escoute la mie parale, spargne lou broy cantdou et s n-m bos pas tourna la librtat, barr-m n u cauye6, qu pourtry drin d gayou ta l'ousta d Larriba. Qu'as ou mn la lncou dsligade et la mayrilhre n're pas stade care d cinq sos. Qu baii ha milhe qu pla. Dimers qu t'anry bne au marcat d Nabarrns. Qu tinou paraule et u frater qu'o croumpa per u scut. Ms las cansous qu s l'ren dsbroumbades dou moumn qui ab prdut o qui bail my qu la richsse, la librtat. Lou dimers d'aprs, lou frater qu'argouytabe Larriba et qu'o trtta d'affrountur. Perqu doun aquro? Qu-m dises qu cantabe hre pla l'asith qui m'as bnut. Et doun, qu'y la brtat. N'a pas uber lou bc? Ah! lou fripou, s n cante pas, b sap broy o qui pnse! Dsmpuch labts qu disen per nouste d'u homi carat : Qu h coum lou mllou d Larriba.
6. Barr-m n u caye. Ferme-moi dans une cage, prfrant ainsi garder la vie, mme aux dpens de sa libert. Le proverbe exprime la mme ide en ces termes : Carpat et bibe ! Crapaud et vivre.
VII
Nabres Modes
D'astes cops n'y ab soanque lou mayram d quouate pes qui hsn pourta mouscars1: n're pas bahide per fad, ms' tan-s-pu n ta'ous bira lou mus d la mousque-hisse2. Gouy lou die, qu'y per mode qui-n porten las madames d dues cames, d brs, d blus, d ngres et d pigailhats. D sgu n'y pas pramou d las brspes3 ou d la mousque; las qui n soun pas my galicouses4, las qui an payrance d la pgniqure, qu soun las qui-n porten d mayes. Aquiou dbaith qu soun lous stuyoous dous miscats; tout qu s'y scoun. Lous gouilhs lagagnous, plys d goutres; lous pots barbuts, bourdyats dlytou5; lous nas dscaiissrats et nlourits; las fausses dns et las machres pludes, pnntes, frouncides et nhariades. Quoan s'y pane d'ans dbaith aquiths mouscars! Quoan d'affrounturies, n ta'ous biilhs roucantys d galans qui s'y binen mbsqua, et qui bolen p'ou darr houc spraba d poutiquya6 touts aquiths rstes ! Qu'y la mode qui trotte. U gnate mode qu'y tab la dous nobis qui parten aprs la nouce,
1. Mouscars ou mouscaihs. Emouchettes, et tout particulirement filet destin garantir des mouches la tte du buf. Ailleurs mousqures. 2. Mousque-hisse. Mouche des chevaux. Se dit mousque-caysque dans les environs de Salies et d'Oloron. 3. Brspe. Gupe. Au pluriel vpres. Ailleurs Vespes. Brspese dit aussi pour aprs-midi. 4. Galicouses. Chatouilleuses. 5. Lytou. Petit-lait. 6. Poutiquya. Faire des baisers, de pois, lvres.
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lou s d l'spousalisse, nta s'ana anlda ailhou, hore dou lhyt d case. D'austes cops las causes qu-s passaben aiitdmn : u pause aprs la couchade, lous mbitats, dap la musique au dban, qu fouraben, n arridn, la porte d la crampe dous nobis, et, n houlyan, qu'ous pourtaben au lhyt uroste1 et qu'ous y hsn prne. Qu're aquro u grane gayre, u gran dibrtissmn ; la nobi qu'n bad rouye et qu s'scoun lou cap dbaith l'apprigue n s'spatracan d'arride, et tout qu'anabe broy, quoan nat mbitat malicious n s'abisabe d dscougna2 l'arcalhyt. U cop qu'n y ab arribat u broye hyte n u pa d nobis, qui ren couchats hore d case, hn la crampe d'u auberye, lou s d la nouce. Aqure crampe qu're gahade dap u gnaute, oun s'ren amassais dus marchands hre amies ; n'y ab pas qu'u partimn nter-d-miy, et touts lous dbis qu s'ntnn d l'u l'ate. Aprs ab hyt hre d'adroumilhous, lous nobis, drin gourpits, qu dbisaben: qu s'y ntnou per ballou u ptit brut, coum d ptits couhats : pim ! pim ! pim ! Qu're k u nobi qui hs gasiailhes3 la nobi, n la truquan doucmn sus las machres d darr ; qu'n ren arribats aquiou dou dibrtissmn : pim ! pim ! pim ! et aprs aqures hutadttes d'amistat, qu t la dis : En ta qui lou culin? En ta Yasp ! s rspounou la nobi. Lou nobi qu s'aprabe Yaiisp coum lou dfun mark d la dfunte Marie qui s'ab troubat u gouyatot tout cur hn lous coutilhous, mbiat aquiou dhns, s dits l'histoure, per lou Sgnt-Esprit. Et lous dus marchands, qui n'abn pas mbye d ploura qu s'n arridn coum biths boussuts d quith sbat dous nobis qui ous hs soubine dou tms passt.
1. Roste. Rtie au vin.
2. Dscougna. Enlever les clous, les vis. Ailleurs, enlever les coins. 3. Gasiailhes. Caresses. Se dit le plus souvent du rire de l'enfant la mamelle.
NABRES
MODES
Bllou touts qu s'adroumin, et lou maty, n s dschudan, cadu qu tira dou sou coustat; lous nobis ta-s passya et lous marchands ta-s ha las countes ; qu-s tournan trouba amasses l'hore d dinna hns la crampe oun rpchen l'aberye. Lous marchands qu hsn,' cap et cap, taule par, et lous nobis tab, drin pr coustat. D frico n frico qu s'y pourta u poult roustit, broy, rdoun, sus la taule dous marchands, et lou my habille dous dus qu-s hiqua n db d'o tailhuqua et n mpounchan lou courpiou au cap d la fourchtte et n truquan sus l'oye dap lou coutith: pim! pim! pim! qu disou au sou coumpagnou, n lou han argagnes : En ta qui lou culin? En ta Yausp! s'ou rspounou l'ate! Lous nobis bsys qu'ntnoun, qu coumprnoun, et qu'stoun stabanits! La mouilh, qu badou rouye coum lous carbous dou houc, _ et n s'stuyan toute counfusc, lou cap hns la srbitte, qu disou au marit : N calra pas my dscoucha, n da-m flingadttes sus lou culin hore d case. N s'y tournran pas my gaha. La mode qu'y la mode. B soun doun pcs mantrus d'sta baylts d la mode ! Pim! Pim! Pim!
HOURCADUT.
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VIII
lou mounde dap la soue magnificnce. Per u bith die, qu-s boulou ana passya nta Paris. Qu-s h.basti tout sprs u broye bouture d'or, ournade d diamants et d tout o qui poudou trouba d my bith aii mounde. Tout Paris qu'stou n l'air quoan parchou la mrbilhe. L'u qu dis : Oh! s poudi ab la miytat d o qui a coustat aqure bre cause, b sri you hurous ! Et you, s dis l'aute, s'n abi soulmn lou quart, qu bibri d rnte touts lous dies d la mie bite. A d'aqures nterftes qu bin arriba u crab dap u troupith d aii pe;
apilbat dou brrt rous, d'u bste rouye, culotte courte, spargattes aus pes et la causse sus l'spalle. A purmre biste, qu rcounchoun u d quiths hilhs dou Biarn, l'humou bagamounde, autan coum gayhasnte, qui soulen d-s ha bde n toutes las countrades d la terre. Qu s'n anabe labts ta la mountagne, aii darr dous pascatyes sabourous. Quoan aprcbou tan d yns attroupais qu s'attusta1, ith tab, dap u gran ci_.rious. Touts qu'o hn place ta qu poudousse spia la cause curiouse. Toustm truffands, lous Parisins, qu-s hiquan d'arride d la soue pilhe et qu'o bouloun ha srbi d soulas. D tout coustat qu'o plabou railhries et qu'o dmandan
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s're stranglat d qure grane mrbilhe. Ms ith, dap lou sou air sa et lgre qu'ous rspounou: Ah! b'ts hre pcs, lous d la capitale! Qu'aiiri crdut qu lous Parisins qu'ren caiicarry d hre raffint! E boultz qu you qu-p disi la mie pnsade? Qu baii my u trmpagne Enter mars et abriou Qu tout lou boste carriou1. Lous Parisins qu trucan d las mas et qu-s pnsan qu per sta d la brane2, l'auilh'biarns qu'ab parale n bouque.
1. Qu bail my u trmpagne enter mars et .abriou, qu tout lou boste carriou. Il vaut mieux une onde entre mars et avril que toute votre charrette. 2. Per sta d la brane. Pour tre de la bruyre, du pays o crot la bruyre. On dit souvent pour dsigner un imbcile : Qu'y d la brane. 11 est du pays des bruyres.
IX
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PARTIE
autour d las arilhes1. La figure et la re qu'ous scousn d sgu u ptit drin touts lous mbitats; ms qu're aquro n coumparsou d l'embarras oun ab, lou malin sprit, hiquat toute la nouce ? Lou mouliqu'stou ntourat, flicitt et rmrciat; lou saiimt affloucat d touts lous bouquts qui s'ren arrcatdats u douzne d sgues2, et touts dus amasses, l'u dssus l'at, mbitats aii fsty, qu s'acaminan aii dban dou courttye. Quoan arriban case, nabith mpaith ! La nobi qu'ab s'ou cap u couroune autan haiiie coum bith cluchrt et n poud pas passa, pramou qu la porte qu're trop bche : Qu s'as dya hyt u gran srbici, disou aii mouli lou nobi; s n-s tires pas d quste, n dinnram pas d gouy. Qu caii doun dinna, b, rspounou lou mouli! Et dap u martith qui s'ana couilhe la hargou3 bsye, qu truca sus la couroune tho quoan Tabou sglachade. Labts qu'ntran touts t qu s'attalan. La nouce qu-s passa coum toutes lasnouces. Cadu qu minya, qu bbou, qu dansa, qu canta et aprs qu s'applga ta'ou lhyt. Ms lou lndouma et lous dies n sguin, lou nobi n smblabe pas lou mdich. U spce d malandr qu s l're hiquat aii cap: qu'n ab prdut l'apptit et la gaye. D'amistous qu badou arrbouhic, d ynrous abare. N'y ab pas qu lou mouli quLou poudousse ha ntne rsou. Udie qui-s plagn d la mouilh pramou qu'o dspn trop d'aguilhes, lou marchand d harie qu'o bailha per counsilh d s'n croumpa dtz sos et d las ana planta aii casaii. Lou brspe, qu'y h broy arroust, d manire qu lou lndmaty qu boulou bde s poussaben. Sus la cantre dou casa, qu-s tira lous sclops et qu-s passya
1. Cette circonstance se trouve dans le conte Lou Cardou d Moutign.
2. Signe. Ronce. Le jour d'un mariage, on a la coutume, en Barn, de tendre des ronces en certains endroits sur le passage de la noce. Les poux et les invits, successivement arrts, n'obtiennent la libert de passer qu'aprs avoir dpos un pourboire dans un plat dispos sur une table ct du chemin. En retour, ils reoivent un bouquet de fleurs et des bndictions proportionnes leur gnrosit. 3. Hargou. Forge.
LOU
MOULI
BIARNS
ET
LA
NOUCE
LIMOUSINE
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sus la terre pe dscausLas aguilhes qu'o chaquaben, ms n s'n plagn pas : probe qu yrmiaben. La sole dous pes2 qu'o badou u plague, la frbe qu'o gaha et qu s'ailhyta: n gouyt dies qu'stou cos 5. La boude qu-s counsoula d'ayse. Lou mouli qu l'spousa, qu'aboun dht familhe et qu'stoun hre hurous. Ata o qui h lou malhur dous us qu h lou bounhur dous autes!
I 1. Pe dscaus. Pied dchauss, pied-nu.
2. La sole dous pes. La plante des pieds. 3. Qu'stou cos. Il fut corps, il fut mort.
TABLE
PREMIRE PARTIE I II III IV V VI VII VIII IX X XI Perqu Sarcla ? Lou Cound d Dabt Yan Capou Mstis s'ou bord d'o Gabe Mnsounyes Lou Salbe Lou Pater Biarns Prgari d nouyt Litanies d Marque-Souqure Margalidt U gay sapours, loutyat n u nid bourys DEUXIME PARTIE I Perqu las fumelles n'an pas la barbe au mntou II Lou bosc d Balansu III Lous trs souhts dou Pastou IV Las naii brtats V U bilatye madit VI L'Amne dou Moune VII D Mouli Absque VIII Lou Sgnou et lou Paysa IX Perqu Balance d Luc ey ata mntabut X Lou Pay nouriss d'Henricou XI Lou Diable et l'Ussi XII Lou Bourdratye dou Diable aii touroun d Sgn-Picq ... 31 35 39 43 49 51 53 59 63 67 71 73 page 9
l5
J 7 19
21 2 3 25 2 7 2 9
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TABLE
TROISIME PARTIE I II III IV V VI Lou Tort dou Bcut Lou Loup et las Crabttes L'Asou, lou Ca, lou Gat et lou Hasa La flattte Mdiche L'Anyltte QUATRIME PARTIE I II III IV V VI VII Lou Rnard et lou Mouli Las trs brtats dou Rnard Lou Rnard et lou Bign L'arrat d glysi et l'arrat d paysa Lou Loup et lou Rnard Perqu lou Gay a las plumes pigailhades Lou Coucuith et la Pigue CINQUIME PARTIE I II III IV V VI VII VIII IX X XI XII XIII XIV XV XVJ XVII XVIII XIX XX XXI XXII Lou Prdigailh Lou Prdigailh (variante) Tibi! Madlou Cric ! Crac! Lou Nbout dou Cur Tataritar! Lou Cur d Loubing Lou Capra d Sgnte-Grac La Proucssiou d Sgnte-Graci Las Culottes dou Cur Lous Poulets d'u carne Lou Capera et lou Paysa Panatori d bouque ! Lou Pcat qui lou cur n poud mourse La Patz PrabeMarty! Lou Missiounari , Lou Capra, lou Domin et lou Bnit La Counfssiou sincre L'Absque et lou Yarsin au Coullty d'Aulourou Lou Cardinal biarns Lou Capra et lou Biilhard au lhyt d mourt 129 I I 3 13 3 137 141 145 H9 15 3 159 161 165 167 169 173 177 179 181 183 187 189 193 195 i9 m 5 117 ll 9 123 127 page 77 87 91 95 101 103
TABLE
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SIXIME I II III IV Coucuith!. . . L'Aboucat et lou Paysa Lou Paysa et lou Mdcy L'Aboucat d rnoum SEPTIME I II III IV V VI
La Fumelle chts parie Lou Cap d la Fumelle . .* Lou Gouou la brase ' Lou broy Mouchour La Pce houradade D quigne Mstiou lou boun Diou ab hyt la Fumelle. ... HUITIME PARTIE
I II III IV V VI VII
Lou Cardou d Moungn L'Aqu d'Artix Perqu n'y a pas my Lious au Castra d Baylocq Lou Brbal d'Arn Perqu lous grailhs d Luc n podn f as ha russi lou Marcat La Yn d Lahounta Lous d'Ibos NEUVIME PARTIE
Lous Bitous. . . . . ... Lou Houc qu'y miye Bite Lou Gascou, lou Biarns et lou Marsilhs Lou Bilht d Loutrie Srmn d'Ibrougne Lou Mllou d Larriba Nabres Modes L'Auilh biarns Paris Lou Mouli biarns et la Nouce Limousine
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ACABAT D'MPRIMA
PER