Maritain - Antimoderne
Maritain - Antimoderne
Maritain - Antimoderne
JACQUES MARITAIN
iiniiiiiitMi)iiMtii(i(<iiiii(itiiiiiiiiiiiiiiitii)iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiililiilillliniiiiiiiiiiiiillIlikiiiiiiiiii
.6
iS
'if
K 5
INTIMODERNE
NOUVELLE EDITION
REVUE ET AUGMENTEE
HUITIEME
MILLE
VLADIMIR GHIKA
PRINCE DANS LE SICLE
ANTIMODERNE
tudes
critiques
(Rivire).
En
rim-
Thonas ou les entretiens d'un Sage et de deux Philosophes SUR diverses matires ingalement actuelles (Nouvelle
Librairie nationale). 2 dition.
Elments de Philosophie, Fascicule I Introduction gnrale la Philosophie, 8^ dition. Fascicule II :-Petite Logique, 4 dition. (Tqui.) Saint Thomas d'Aquin Aptre des Temps Modernes (Une pla:
quette aux ditions de la Revue des Jeunes.) Rflexions sur l'Intelligence et sur sa vie propre. (Nouvelle Librairie Nationale). 4^ mille.
12^ di-
(Plon-Nourrit.)
sous
Jacques
L.\
direction
m.
OUVRAGES PARUS
G.-K. Chesterton Thonas ou les Entretiens d'un Sage et de deux Philosophes sur
J.
de Tonqudec.
J-
Maritain.
Le Thosophisme
la Gloire de la Terre
R. Guenon. P. Termier,
de V Institut.
Le Sens Commun
Histoire de la Philosophie orientale
T. Richard. R. Garrigou-Lagrange.
R- Grousset,
Le Conflit de la Morale et de la
Sociologie Rflexions sur l'Intelligence et
Mgr
J-
S.
Deploige.
L'esprit Suisse
MaRITAIN.
en
Ch. Journct.
JACQUES MARITAIN
lllllllililllliiiii;i]li<:Mlitllilliiiiilliiniiilill(iBitHllllliciUflliiilllilillliittit:iJiii)iiit)iiiiia..ilti(4'iiit(i4<4it.i
ANTIMODE
NOUVELLE EDITION
REVUE ET AUGMENTEE
RUE SAINT-SULPICE,
PARIS-Vl.
TOUS DROITS DE REPRODUCTION ET DE TRADUCTION RSERVS POUR TOUS LES PAYS. COPYRIGHT BY REVUE DES JEUNES, 1922
?ti9859
AVANT-PROPOS
ANTIMODERNE
Les tudes
Le
ton
oratoire,
sinon
la
mme
un peu
premire ne
me
gure aujourd'hui.
vrai
dire,
l'auteur,
aprs une
du bergsonisme,
et aprs
une frquen-
pens,
laisser
une
fois la lumire
de ct
les recherches
mo-
dernes reprsentants
la vanit,
lui
avaient
convenablement dmontr
et vivre
:
en
telle
dire un jour
introbo in
les phi-
potentias
Domini;
que
il
et gard
s'ini-
tier
aux travaux de
M. Hans
et 1908) fort
Mais
la
lorsqu'il crivit
il
Science moderne
et
Raison,
avait
(1) Cf. notre travail sur le NovitaHsme en Allemagne et le Darwinisme, Revue de Philosopliie, l^^ octobre 1910. Le tome premier du principal ouvrage de M. Driesch {La Philosophie de l'Organisme) a t rcemment traduit en franais (Rivire, 1921).
14
retrouv, grce
ANTIMODERNE
l'Ange de l'Ecole, dont V amplissime doctrine avait achev de le gurir du bergsonisme, et venait de lui manifester sa vocation intellectuelle (vae mihi, si non thomistizavero
!)
et
comme un nouveau
il
:
printemps philosophique,
la vrit
avanc en ge,
mon
un jour le vnrable directeur d'un tablissement d'ducation eh non! elle n'a pas pass, elle est deveecclsiastique,
il
l'espre
du moins,
l'inutile pret
de
la jeunesse et
de l'inexprience.
insiste sur
proccupent
les
c'est
qu'il
il
m'envoya de Zoug
lettre
me
commenc de
faire en lui.
* *
Ce
que j'appelle
ici
la
tradition
AVANT-PROPOS
US
en outre,
lui
mme
et
voire futu-
parat tout
de
Un
est
aussi
auxquelles
Quant
la
s'ef-
et les particularits
du hic
et
nunc
avec
qu'avec
Elle
est,
selle et perdurahle,
relle
de l'humanit,
et
rieure
l'Eglise,
consciente
de
le
lu,
par
le
docteur
doit
d'une part,
fermement
jointe et
il
membre
est
conforme notre condition humaine que nous soyons instruits dans la science par un matre
humain; mais cette doctrine a t formule par saint Thomas d'Aquin non pas comme sienne, tout au contraire comme
indpendante de lui-mme,
et
commune
comme
le
bien
commun dont Thomas n'tait que le fidle conome, comme la sagesse commune dont il n'tait que l'agent de transmission,
sagesse
qui,
16
ANTIMODERNE
et se dvelopper,
:
crotre
vrit,
vetera
novis augere
la
humain
de nos
de
la philosophie,
dont
Le caractre M. Bergson a,
doctrine thoelle
dans
la
mme,
d-
le
pass
elle
comme
du moment prsent;
modernes
comme
le
pass
V actuellement donn,
mais
les
comme
erreurs
l'viternel
les vrits
Il
enveloppes dans
rien
sot
temps venir.
le
nest
que
misonisme
tel,
{si
ce n'est la
noltre).
Le nouveau
vit
plat
comme
maine, qui
*>
> '^V^
dans
le
l'intelli-
gence
soit supra
tempus,
y a en
elle
un got naturel du
soi,
parce qu'ayant une capacit infinie, elle veut toujours possder davantage, mais aussi parce qu'tant faite pour devenir
CfcX*
il
arrive
le
facilement,
matrialisant
de
la facult ntellective.
est normal,
que l'infirmit
naturelle
de tout ce qui
AVANT-PROPOS
multiplication d'tre,
est
si
Vari.
spirituels
parmi
hommes. En
particulier,
est
connaturel
l'homme
que dans
travail
mesure o
le
per-
met
de
la continuit ncessaire
au
humain,
l'art requiert
changements, et
l
la multipli-
cit
des coles,
de
faire
l'objet,
et
alors possibles.
l
n'en va pas de
s'agit
mme,
il
est vrai,
pour
la philosophie,
il
de connatre
ne se
que
pour
la
l'esprit,
est.
en face du
mme
ce qui
core,
dans l'ordre de
:
nire
tel point
que pour
tellectuelle
humaine, pour
la science infuse
du
Christ, dont
y a
autant J'habitus
eu de Vertus de
l'objet, qu'il
savoir, autant
de modes
distincts
de toucher
faon encore,
de diversification
et
de renouvellement
En
tant
que notre
18
NTIMDERNE
de concepts
et la formulation
tion
discursive quelle
et
com-
porte, et qui
une imperfection
proprement humaines),
relle
est
que
les
le
auxquelles
mme
lorsqu'il
cole,
du dpt de
partie les
changements
et d'autres doctrines,
brille
a toujours
pris soin
de protger, selon
la
mesure de
la pru-
ait
manifeste pour
propre
(1),
de
saint
Thomas, qui
est sa doctrine
Nous savons
le
tout cela,
et
prennit est
comme
Mais une
condition, c'est
et s'ajoute,
dans lequel l'individu qui vient au monde trouve incomil faut dire que le schisme
fait,
moderne inaugur de
sants
les archa'i-
de
la
Renaissance
et
Rforme,
et plus
consciemet
est,
des
(1)
die,
29 juin 1921,
AVANT-PROPOS
19
En
particulier,
la
Et comme par
mme
elle substitue
de
fait la
Thomas
moment
lui
appliquer
nom
J'adultre spirituel
la
(1).
tre
pardonn
pense moderne,
ment
de
la
pense modernes,
il
l'ordre matriel et
(1) Cf.
lcil
Comm.
1.
5.
H.
Woroniecki, Catho:
de reproduire les lignes suivantes de cet excellent article L'immense valeur du Thomisme, aux yeux de l'glise, consiste prcisment en ce qu'il n'est pas la doctrine d'un homme, mais la synthse de la pense humaine. Il aurait rpugn saint Thomas de construire selon lui, l'uvre d'un une doctrine particulire, qui lt son inventon homme a peu de valeur en comparaison avec l'uvre des gnrations entires. Si donc la doctrine philosophique du Christianisme porte son nom, ce n'est pas du tout au mme titre que tel ou tel systme philo-
permette
sophique porte le nom de tel ou tel penseur. Ce que le Thomisme doit avant tout saint Thomas, c'est cette note de libert l'gard de tout particularisme individualiste en matire de pense philosophique. Car dire Thomisme, ne veut pas dire la docmais la doctrine du trine de tel homme qui s'appelait Thomas d'Aquin genre humain labore pendant des sicles de rflexion, et approfondie, systmatise, prcise, enfin coordonne avec les donnes de la foi, par l'intelligence gniale du grand philosophe mdival... Faut-il encore s'tonner que l'enseignement chrtien, en qute d'une doctrine philosophique, se soit arrt de prfrence celle d'entre elles qui faisait profession ouverte d'universalisme, qui ne voulait pas tre uvre individuelle d'un homme, mais rsultat du travail social des "' La mentalit moderne imbue de particularisme, avec toutes ses gnrations ?
;
20
ANTIMODERNE
un
certain
dcalage
si
je
puis
dire,
anime
le
La
pre-
mire,
si
mme
dans ce
dveloppement
manifester
ainsi
la
et
leur croissance
l
la
C'est
que
ge,
mthodes
mme, du
arts,
moins jusqu'
du XVIlf
sicle,
la
technique des
En
ce qui concerne
de montrer comment
le
consquences dans le domaine intellectuel- et moral, aura encore longtemps de la peine comprendre cette union intime de la foi avec le Thomisme. Incapable de saisir l'universalisme de ce dernier et voyant en lui un systme particulariste comme tant d'autres, elle se scandalisera du rle que l'Eglise assigne avec une persvrance de plus en plus dcide l'enseignement de saint Thomas d'Aquin. Souvent encore on dplorera que le catholicisme devienne thomiste. Erreur C'est le contraire qui est vrai. A cela nous rpondrons Ce n'est pas le Catholicisme qui est thomiste, mais c'est le Thomisme
: !
et il est catliolique parce qu'il est universaliste. qui est catholique ,Car qui dit universaliste, dit catluili(iue.
;
(1) Cf.
chap.
111.
De quelques conditions de
la
renaissance thomiste.
(2)
VNT-PROPOS
entre les prcieux accroissements matriels
21
quelle a reus
depuis
esprit,
hait
et
mprise
le
pass, et
s'il
s'agit
accumude ceux
ne souhaitons
rien
tant
que
d'tre
ultramodernes.
Et en
re-
du
no-gothique et
le pr-
cours
du temps
de
est irrver-
saint Louis,
vu
dans un monde
les principes
spirituels et les
normes
mdi-
vale ne nous prsente, ses meilleures poques, qu'une ralisation historique particulire, suprieure
en qualit, malgr
22
ANTIMODERNE
* *
Pour
deux
remarques prliminaires.
En
premier
la
philosophie scolastique,
beaucoup de
critiques l'gard
de
la
philosophie moderne,
on voudra bien se rappeler qu'en disant philosophie scolastique nous pensons l'expression
la
la
philosophie thomiste;
s'adressent
et,
de plus, qu'admiration
thomiste
et
et
et critiques
la philosophie
la philosophie
dans
la
puret de
tels
ou
tels
talent,
l'activit
travail
intellec-
perfection
technique
du
conceptuel,
beaucoup
matre, et
si
un grand esprit
sort
de
la voie,
il
ne se trompe
lieu,
le
que
les
jugements ngaet la
monde
pense mo-
AVANT-PROPOS
23
anime, sont un point
une
il
a dj t
S'il faut
tels
jugements,
et
c'est
qu'il
faut
bien
principe,
donc
dgager
d'abord
pour, du
mme
nos
propres
principes
Quelqu'un
demande-t-il
?
monde moderne
Je
nis,
les rsultats
suprmes.
On
sophique
spcifiquement modernes se
ramnent, avant
explicite
chez Kant
et
ses successeurs,
et
que
je
me
gues,
libert
signification
l'intriorit
suivante.
Principe
immanentiste
la
et
consistent
essentiellement
dans une
opposition au non-moi,
donc
tre
humain,
toute action, toute aide, toute rgle, tout magistre qui pro-
de
l'autorit
humaine, de
24
ANTIMODERNE
mme
et
rciproquement
il
n'y
et
lois,
dfinitions,
l'esprit
en nous. Telles
mais qui
me semblent
les
modes
{qui
avec
la
nuances
plus
varies,
spirituelle
et dtruisant prcism.ent
vritable
vitale
autonomie
l'autre par
est
une
intriorisation
de
le
V intelligence
dans
principe de V Indpendance
absolue de la Crature.
de
traiter
choses.
vrai dire,
il
s'agit aussi
videmment, savoir
il
maison de
la sagesse plutt
acadmies de
de ce monde, ou
(1) J'emploie ce mot transcendnnfaliste non p.ns au sfns strictement kantien, mais en un sens beaucoup plus g(^n(^ral, trs voisin de celui oij les auteurs allemands entendent de nos jours le mot tranacen-
p.
62.)
AVANT-PROPOS
25
si
bienfaits
de
la
connivence avec a
moderne
)),
ce qui
mauvais qu'on
le
dit.
Un
tel
tre fait,
il
commencer
sa
vie
intellectuelle
par
un
pch
d'esprit.
avantageuse d'avoir
tre
les puissances
nous
chrtien
monde
tait
de faon
et
ne ressemble tant
d'aborder
qu'il
la
pense moderne
et
de sympathiser avec
tout ce
y a de bon en elle avant d'avoir pris soin de discerner ses principes spirituels et la manire dont ils commandent,
chez ceux qui
lons.
s'
abandonnent eux,
une
fois
le
Au
la
contraire,
dire,
spcificit
de notre vie
intellectuelle,
alors,
mais
ment
la
tendance universaliste,
si
admirablement manifeste
(1) Cf. la
H.
WoROMECKi,
et
article
cit.
de
de saint Thomas
l impersonnalit
Revue thomiste.
26
ANTIMODERNE
les
fragments de vrit
mer plutt qu' renverser, difier plutt qu' disperser. Et certes, le travail ne manque pas aux catholiques, et il a de quoi tenter leur esprit d'initiative. Car ils doivent faire
face
une
uvre d'intgration
de
universelle,
rejeter
et,
s'ils
sont
absolument
les prin-
monde moderne
se pose et
ils
comme moderne,
le
n'ont
pas
rir
et
dtruire
le
transformer,
le
conquet
temps
du moins,
dans
la
le
le
mesure o
Juin 1922.
LA SCIENCE MODERNE
ET LA
RAISON
Chapitre Premier
Pascal.
La Raison
la facult
est la facult
du
et par laquelle
ralit vrit,
des
DiEU.
l'tre.
La Raison
est
faite
pour
la
pour
possder
Ce que
ou Intelligence. Quel
est,
en
effet,
le sens
de
?
la distinction
L'Intelligence
a pour
fin
propre
l'tre
intelligible,
la
l'vidence, ou du moins
certitude,
30
atteindre cette
elle a besoin
fin
AhmMODERNE
qu'elle use
du moyen de
la
dmonstration
elle
Mais
les
d-
mes)
en
Raison. En
distinguant
de
on ne
mais
les
distingue pas
comme deux
facults
diffrentes,
comme deux
(1).
aspects divers
d'opration diffrents
en
raison
et
de deux modes
facult hu-
d'une seule
mme
maine
l'histoire
de
Et
philosophie
ait
tement interverti
c'est sans doute
deux termes de
cette
distinction.
un signe de
et
la secrte force
de pntration
ses dispo-
du rationalisme
du kantisme
comme Blanc de
quelle
Saint-Bonet, en dpit
mme de
appel Raison
et
la facult la
par
la-
Intelligence
facult
Saint Thomas {Siim. theol, I, q. lxxix, 8). Respondeo dicenquod ratio et inlollectus in homine non possunt esse diversae polentic. Quod manifeste cognoscitur, si utriusqiie actus considcrelur inlelligore cnim est simpliciter veritatem inlelligibilem apprehcndere
(1) Cf.
dum,
ratiocinari aiitem est procedere de iino intellecto ad aliud, ad veritatem inlelligibilem cognoscendam et ideo angeli, qui perfeclc possident, secundum modum su;e naturae, cognitionem intelligibilis veritatis, non habent necesse procedere de une ad aliud sed simpliciter, et absque discursu veritatem reriim apprehendunt. Ilomines autem ad inlelligibilem veritatem cognoscendam pervcniunt procedendo de uno ad aliud et ideo rationalcs dicuntur. Palet crgo quod ratiocinari comparatur ad intclligere, sicut moveri ad quiesccre, vol acquirere ad habere, quorum
;
:
3.1,
En mme
la
temps,
les
modernes ont
ten-
dance distinguer
relle.
On
tions.
de ces innovacar
si
y a
le
de mots,
l'on
abandonne
abandonne
noble
nom
d'Intelligence,
titre
mme
en prtendant
la ralit
qu'il reprsente,
l'effet
on
l'ordre
et
intellectuel
par
duquel ce
nom
avait t
choisi,
toutes les
la
analogies que ce
nom
ont
veille dans le
monde de
du
Saint-Esprit.
C'est
que
le psalmiste,
si
dans
le
psaume 118 en
:
particulier,
merveilleuse insistance
intelledum da
donne-moi
commande-
ments, donne-moi
que
je
Un
pures.
Notre intelligence
aussi
prcieuse
DiEU que
perecti, aliud autem imperfecti. Et quia motus semper ab procedit, et ad aliquid quietuni terminatuf, inde est, quod ratiocinalio humana, secundum viam acquisitionis vel inventionis, procedit a quibusdam simpliciter intellectis, qu sunt prima principia. Et rursus iii via judicii resolvendo redit ad prima principia, ad qu inventa examint... Et sic patet, quod in homine eadem potentia est ratio et
unum
est
mmobili
ititellectus.
ipsum
ut
actum
intelectus,
qui
est
generatio ad esse.
{De
Veri-
tate,
1.)
32
notre cur, et
ANTIMODERNE
n'envoie rien de moins que sa paix, sa
la garder.
il
Et pax Dei,
in-
qua
exsuperat
omnem
me de
fin la
tout notre
En-
intel-
in
hune mundum.
et
mouvement
et les
comme
de
dis-
humain
est
la ncessit
condition de raisondistinction
une
le
fois
tablie,
mot de
Raison
et celui
deux oprations de
ratiocinari et
le
d'mvers
comme
mouvement
terme
et la possession
du terme.
intelligence
Quant
facults,
comme deux
la
comme deux
en garderons bien.
distinction
trs utile
Mais
impossible d'interprter
moderne d'une
la philosophie
les
(,1)
7.
(2)
Marc
xii,
33.
'
33
avant
ne s'occupant de
la raison
la
conqute de
la vrit, et
qu'en consquence
la
normal
et
ordonn.
La
philosophie moderne
si
est,
au contraire,
ce sera
surtout psychologique, et
elle
s'occupe de
la raison,
internes
peut distinguer de
et
et
simple puissance
de
que
la fonction
l'tat brut,
vritable, c'est--dire
distinction,
ordonne
l'tre intelligible.
Cette
fin;
Raison
on
le voit,
tion scolastique.
Dans un
Intel-
commune
premier
dont
le
est
l'intelli-
gence un il en
voit,
de
lire.
L'il qui
lit,
en tant qu'il
des mouvements
Raison.
Si
succes-
et
ordonns,
il
reprsentera la
maintenant
objet le
indpendamment de
34,
ANTIMODERNE
la
gence ou de
comme
Mais
l'il,
dans notre
lire
que
voit encore,
si
peu que ce
soit.
la raison
purement
ment raisonnable,
et
or-
donnatrice de l'Intelligence.
lors,
de
l'Intelligence,
intelligible,
elle
ne
travailler sur
visant seulement
le
n'est
pareils.
Tandis
que
l'Intelligence, tandis
que
la
Raison tend
la vrit et
spontanment au
rel,
de dcouverte
et
ne cherche que
connus de
soi,
le
relatif,
perd confiance en
les
principes
tout
La
raison
tend
n'tre
d'aspect
intellectuel
au service de
35
fonction
la
Que
con-
de se mouvoir. C'est
l'abstraction,
la
fonc-
tion
de
l'esprit
saine
ou qu'elle
s'altre.
Comment
appeler cette
fonction mentale ?
et
Le
nomme,
en vue
nomme
et
tort Intelligence.
Il
faut
donc inventer
un terme spcial,
ne
elle se
conforme
la loi
de
l'Intel-
ligence,
l'Intelligence
l'apprhension de
la ralit intelligible
par le
moyen du
et la
conformation de
pense
l'tre par le
jugement, et
les
axiomes
tanment ds que
et
l'exacte application
La
simple puissance de
discourir,
spare
sorte
de
En
fait,
il
est
puissance de discourir
isole
absolument de
l'Intelli-
)-
36
ANTIMODERNE
n'appelle-t-on pas ordinairement
parence de l'intelligence
avec
raison
les
mots
laisse elle1'
mme,
gence
nom de
pseudo-intelligence.
C'est
intelli-
des
abondamment, subde
vrit
L'analyse
quelle
prcdente revient,
occasion
en
dfinitive,
est
montrer
constante
d'erreur
oii
pour
l'intelligence
humaine
la ncessit
mme,
elle est
de raisonner
et
de
discourir.
Un
intellect intuitif,
apprhen-
mais un entena,
dement
cela
discursif,
comme
est
l'entendement humain,
par
mme
de
se tromper.
(1),
En Adam
cause de
cet
la droiture
de
un privilge de
fait,
la grce,
Aprs
la
l'homme
se
trouvant
la
fois
l'entendement humain
le vrai,
d'au-
tant plus
enchn
l'erreur
que
la
vrit lui
avait
t plus
familire.
intgre,
La
serait
parfaitement ordonne la
de
l'Intelli-
la
(1) Sutn.
theoL,
I,
q.
94,
a. 4.
37
la
de l'Intelligence
et
de
la
Raison. Et
si
peu que
Raison
nment,
vrier
comme
ferait
ne
surveillerait plus.
Cette
Raison,
qui
est
si
faible qu'elle
sur la terre,
duper par
une
escla-
ne peut, bien
souvent,
mme
ce qu'elle
ralit
sait par exprience y a-t-il, par exemple, aucune que nous voyions plus clairement que la mort, et au-
cune
de notre raison
(I).
L'abandonnerons-nous
pourtant
un
lieu
vais mourir,
Depuis quelques jours je remche la mme ide je sais que je je_ n'arrive pas me persuader que je vais mourir . disait Renouvier, trois jours avant sa mort, son disciple Prat. {Derniers
(1)
:
38
pas ?
ANTMODERNE
Ou
gurison ?
vient
Dieu
La Foi
complter et
;
achever
la raison,
comme
la
la
Foi, qui est une pleine et volontaire adhsion de l'intelligence aux vrits rvles par DiEU, vrits dont l'Eglise a
le
dpt.
La
raison,
est
la
avec ou
du mme
L'intelli-
illumine l'intelligence.
La
pupille de
l'intel-
de l'me
est la
Foi
(1)
la pense de
point parler ici
\
je
n'entends
l'me par
la
Foi
ment des
vement de
Par
la
effets
extrieurs
dans
la
Raison,
dans
du
fait qu'elle a
reu l'ach-
ment
la
tion, par la
(1)
5.
39
pour
le
raisonne-
ment
est
est celle
de
serviteur,
non de
de
les
Dans
l'tude
mme de
la nature,
le
sophiques, la Raison est restitue dans ses droits de souverainet, rgnre par la Foi.
reoit
de
la
dedans d'elle,
ire
dont elle
et
sait
en possession, affranchie
du scepticisme
et
de l'ambition de
la pseudo-intelligence,
d'ailleurs
con-
de
la vrit,
immensment accrue
aide et
et
fortifie.
Sa
au milieu de marais
commande
s'avancer sans crainte, puisqu'elle peut se tenir au gardefou qui borde la route aux endroits vraiment dangereux.
40
ANTIMODERNE
II
(1).
Parce
qu'ils ont
dans
les
croient
que
et s'imaginent
que
la vrit est
si
la
de
la
La Raison n'admet
Elle ne
lui
accorde point
cette
libert
)),
dnonce, qu'elle
soit
ou par un dogme
la raison,
de
la foi.
est
Car
c'est
un principe premier de
le
que
ce qui
incompatible avec
dit,
Si l'on
irace
rvlation
un vaste cercle
est
ce qui
d'accord avec
dogme,
duquel
on
(1) Cette clbre formule n'est certes pas acceptable purement et simplement dans le sens o saint Pierre Damien l'entendait, et qui semblait comporter une condamnation de toute science profane. (Cf. Gilson, Etudes de Philosophie mdivale, ch. II.) Mais prise en elle-mme, indpendamment de ses origines historiques, elle peut recevoir un sens trs juste elle signifie que la thologie, titre de sagesse suprieure, a droit de elle signifie aussi que la contrle sur les conclusions de la philosophie philosophie (qui en elle-mme est libre, et non servante) passe au service de la lumire thologique, comme un agent instrumental, dans l'nsage que la thologie fait des vrits philosopliiques pour tablir ses propres
:
conclusions.
41
l'intrieur
diffrentes
de ce cercle
C'est
tout
pour
la
science
la
et
pour
la
philosophie.
lui
lui
Tout
fait certain
dcouvert par
science limite,
aussi,
les
hypothses qui
sont contraires, le
champ de ce
? la vrit
le tra-
de l'homme, dans
les
pour
penseurs du
monde moderne,
drable.
Ce
c'est la
manire dont
elle
comme
ils
ce n'est pas la
n'acceptent de
vrit
lise
par exemple
la
de
vie,
on
douce assurance
ils
et
y substituent
supposer que
comme de
ciel,
les
ou qu'une substance
inorganique, solide ou liquide, on ne saurait prciser, collode de prfrence, s'est mise un beau jour respirer, se
nourrir et produire
et
l'on de-
vinera
sans
et
peine
que
les
penseurs
modernes
prfrent
priori,
l'homme une
de DiEU.
la libert
Ce
ou de
qu'ils
la
demandent, en rclamant
de
la science,
42
NTIMODERNE
vrit
comment une
parties
qu'ils
de
la
de
la foi,
deux des
?
de
la
mme
vrit et
ralit,
Ce
rai-
demandent, en
du
de se tromper comme o
ils
ils
partout
la
veulent,
sans
contrle
qu'eux-
mmes. Et
libert.
La
comptente
ptente.
et l'extrieur
duquel elle
est totalem.ent
le
lui
incom-
terrain
du
humble
s'il
faut passer
prs des
champs
mtaphysique, de se
Or,
mme
o elle
est
comptente,
la certi-
tude domine, a
priori, toute
la raison naturelle,
mais dans
Toutefois,
science,
cette
restreint,
j'entends
dans
la
science
physico-mathmatique,
dpendance
se trouve, par
nulle.
pratiquement
comme
La
en
effet,
43
qu'elle nous livre des mystres surnaturels ou qu'elle confirme des vrits accessibles
de
soi la raison,
la rv-
DiEU a
cr le
monde
sur
;
et
sur
des
ou rationnel,
exemple
et ces
vnements
de
de
la cration,
l'homme.
La
science,
la
en gnral,
science physico-mathmatique
la science rationnelle qui
en premier
lieu
une partie de
du monde matriel
en
fait,
qu'un
nombre
vrits; et
ralit essentielle,
langage ma-
thmatique, particulirement
la pratique
commode
ainsi
l'intelligence et
le
de l'homme. Et
extrmement
non seulement
mais
nombre
lesdites
encore
en tant qu'on envisage le droulement de leurs s'avancent en tournant constamment le dos ces
de les rencontrer sur leur route, tant uniquement des complications sans cesse croissanoccupes
tes les
essaient
de tendre
sur
qu'en
fait,
la science moderne
44
proprement dite,
thmatique de
ANTIMODERNE
stricto sensu,
la
connaissance physico-ma-
la nature,
de
l'histoire
de
la matire, ni
de
la nature intime
de
la
ma-
tire, ni
de
la constitution
de
l'univers,
variations accouples
de certaines grandeurs
instruits
de
profiter,
de
la
mme
la
indpendance,
et
mathmatique proprement
vient
dite,
indpendante
science physico-
comme on
de
le
voir,
si
mais
si
aucun
esprit,
born
soit-il,
elle-mme,
les
Au
contraire,
les
autres
sciences rationnelles,
biologie,
mathmatiser,
la nature
cosmologiques ou gologiques
s'il
s'agit
s'il
de
l'histoire
du
monde ou de
s'agit
la
terre,
biologiques
s'agit
troit
de
l'histoire
s'il
historiques
au sens
le
du mot,
rien,
de
l'histoire
des nations,
nom
n'y
fait
c'est
toujours
de
l'histoire,
sciences
faits
historiques,
ds qu'elles essaient
s'en vont remontant
d'expliquer
les
qu'elles tudient,
de phnomne
45
miers.
longtemps
secondaires,
de
la
soumettions. Et amsi,
si
l'on
les
distribue
depuis
philosophie,
en
vont en mme temps, l'gard du dogme, d'une dpendance presque nulle une dpendance de plus en plus
troite.
cette
dpendance, en
fait,
dans l'application,
elle
est
les
dogmes
sait
Elle
que
jamiais
l'homme ne
de
la cra-
que DiEU
uc est
vres et que
comme
nos penses
pourquoi elle
la foi, tant
que
la contraIl
diction avec le
dogme
main;
le
mme DiEU
lui
l'intelligence humaine,
la
46
mthode
et
"
ANTIMODERNE
science; l donc o cette intelligence bien
cette
la
employe,
science
vraiment
comptente arrivent
il
certitudes,
est
impossible
se
de
fait,
certaine
elle
et
de ce qu'elle avance
la doctrine rvle.
n'y a
le
moindre
conflit entre
de
de
la science,
sur les
c'est
en
'
laissant ces
hypothses
libert
;
champ
le
maximum de
est
lui
la science
ce qui
la
que
la science
la plus
d'indpen-
amre
mconnaissance entire de
l'autorit,
cette insupportable
monde moderne
en-
maintenant o
la
science,
les
diffrentes sciences
de
le
nom de
empitements
sent
nombre auxquels
les limites
de toute science,
il
faut
que
la raison,
47
et
plus
vaste est
l'tendue de
son
incomptence,
aussi, hlas!
de
ses usurpations.
Ainsi
les sciences
physico-
r)5.1,atifljis
mnes,
et
qu'elles
tablissent
par
des
lois,
c'est--dire
mathmatique qu'elles essaient d'ajuster la ralit physique, ce qui n'est possible que pour certaines parties de
cette ralit,
qui,
l
et
oij
admet tous
et
mme
non une connaissance vritable de la nature des choses tudies. Et lorsqu'elles font quelque hypothse sur la nature intime ou la constitution ou le mca-
sur l'extrieur,
nisme intrieur des choses, ce n'est point pour prendre cette hypothse au srieux, comme si elle tait un approfondisse-
ment de
la
concrets et imaginatifs,
traites qui
de
la science.
C'est
misrables au
pomt
a
de vue logique,
et c'est
pourquoi
la
science physico-mathtrois
sicles,
d abandonner dateurs. Mais ds qu'elle s'imagine que les grandeurs qu'elle asbtrait de la ralit, sont l'essence de la ralit, ou que les
hypothses qu'elle construit
la
de
ses fon-
48
des choses et sur
ANTIMODERNE
fonctionnement rel de
la
le
nature; ou
et
mme
ont
positive,
ni
main ne peut
ne
se satisfaire
;
il
veut
du
rel
et si rien
de
substantiel
nourrit,
il
fatalement,
et
il
glisse
ces
empitements de l'incomptence,
proie illusoire,
dans
les
bas-fonds de
fausse mtaphysi-
accident,
de
ques sont une protection sre, et vrai dire indispensable; mais dont la rectitude
mme
suppose de
fait,
en gnral
par
la
et
me soutenue
sim-
dogmes
la
Quand
un
qui
veut
s'affranchir
de
mtaphysique honteuse
la science,
il
s'insinue
rir
chaque
instant
dans
ne peut recou:
qu' un
moyen d'une
efficacit
et
certaine
tre
intgra-
faire l'unit
dans son
Aucune
influence ext-
et
altrer
la
parce que
l'effet
la thologie,
d'une hirarchie
re-
l'examen de
ni
la raison,
ne touche
ni
en
fait
49
la
Au
contraire,
la
DiEU
et qui
la
se
moque de
philosophie
parce que
elle
est
la
connivence inavoue,
dissimule,
illimite,
fait,
inaccessible
ni
l'examen de
la
raison,
ne touche, en
ses prin-
noisement
hypothses.
En
la
Foi purifie
lui
la scien-
de ce qui peut
donner de
lui
la vie
du mouvement,
la
dbarrasse de ce qui
est
une per-
Mais
elle
est
l'autorit
aussi,
et
de
la
foi n'est
essentiellement,
et vivante, et
fcondante
et
cratrice.
la ralit,
La
si
ralit est
une
chaque partie de
reste.
et
C'est pourquoi
principe essentiel,
le la
fond propre
plupart
fcond de chacune
grandes
de
leurs
dcou-
leur origine
de
la
un
tel,
effort
d'approfondissement
mtaphysique,
comme
diffrentes sciences,
commune. C'est
de
la
on
la
spare
mires
50
elle
ANTIMODERNE
tient par
et
va au dessche-
ment
la
comme
tte
ou
ou
le
comme
si
l'on
de
la
cimentaet
de ce qui nous
est
donn sparment;
les tentatives
de
la philo-
sont inoprantes.
que d'une vrit d'un autre ordre qui domine sans forcment
les contenir,
les vrits qui
ainsi
que
l'unit
d'une arme
cette unit,
vient
de son chef
fait
il
(1).
telle
qu'en
nous
la
mtaphysique seule
est insuffisante,
les
de
l'immense ralit;
de Dieu,
et
la thologie
l'ordre
mme
dlivrs de
(1)
Aristote, Mtaphysique,
10,
1075 a 15,
51.
dans l'unit,
la foi lui
conununique,
mme
dans
l'ordre
la philoso-
phie et
une
activit,
une
justesse,
une
la
Dieu
au temps qu'
Mais ce
facults naturelles.
Conunent oublierait-on
et
perfection lu-
mmeuse,
la
prcision
la
parvmt grce
Scolastique
Assurment
les
disciplines
infrieures et l'tude
de
du
renoutre
du
moyen
si
moderne
elle-mme, quoi-
ils
con-
fessaient tout
de
a
mme
le
nom du
Christ et
ils
furent parfois
le
pre de la philosophie
moderne
cette
fille
fait
hommage
si
Notre-Dame-de-Lorette de
si
qui devait,
j'ose dire,
mal
tourner.
Et
l'on
ne peut
lire
les travaux
pauvres fussent-elles et
remarquer quel
voisi-
52
nage avec
la
ANTIMODERNE
religion.
comme, une
fois
faite
la
dcou-
ramene
la profitable proie,
tout seuls
ou peu
prs;
taines
comme
il
de manuvres,
on a
disciples,
travail
pris l'habitude
le
de ces
par
cacher
n'y
aurait pas
de science.
III
La
raison est
donc acheve
et
rgnre par
la
foi;
et
cette raison,
ainsi
elle doit
veiller
sans
Car
dans
la
son ennemi,
d'elle.
faut,
Place par
baptme dans
((
l'ordre surnaturel,
il
lui
surtout
)),
quand
lutter
sciences
qu'elle
sur
la
terre
contre
la
La
l'envie
de
savoit
une
sorte
la reprsentent, et
chaque
instant.
Certes, la pense
53
il
dme ou un moderniste pour profrer pareil blasphme mais dans V usage que nous faisons du concept et de la pense
discursive,
veille,
si
notre
raison
ne
'^"
ttVS't
de nous
de prendre
les
du
Erreurs o la raison
erreurs
de porte immense,
la sant
et qui
comme
que
vait
la raison
abandonne
ou infidle,
qu'elle
se
chercher la vrit.
En
la
les
l'poque de
Rforme,
leur prvarication a
commenc
l'autorit
de
se
donner carrire,
ils
ont peu
ils
peu
dtruit
et la vigueur
de
la raison,
de Dieu,
plaisir
de
leurs mis-
rables demeures.
Et
ils
l'ont
maquille et travestie
les
peuples
venir adorer. Et
en vrit et l'ouvrage de
54
ANTIMODERNE
en adorant ce simulacre d'intel-
de
la foi, souille
de
l'intel-
quand
elle apostasie.
illustration
Les philosophes du
de cette
le
une bonne
vrit.
Depuis
mal cheles
fond, la rserve
commune,
avait
humain
coutume
o nous
Si
de
se
renouveler,
et
s 'talant,
l'poque
mme
bien
qu'on peut dire, parlant des temps modernes, que leur caractristique est
de
la raison.
Le monde moderne
produit et
consomme une
Il
extraordinaire quantit
de denres
intellectuelles.
n'y a
de
de
talent,
de papier. Mais de
qualit,
en
ralit, et
bien
l, et elle
En
quoi consiste le
substituer
matrielle,
55
de
la
pour les
mes,
Les
la
vraies
donnes,
La
petite
m-
arrt,
broyant,
miettant,
une
sorte
s'accommode
que
forme
et
qui
la
rsiste,
et
qui
ou non,
pouvante
sait
raison dbile.
On
ne
sait plus
choisir;
on ne
que
peut
tout
homme
est mortel,
et si
Paul
est
homme,
cela
la rigueur,
mais sans
est
certitude, et avec
mortel.
Et
l'on ne
mme
leur
foule
les
baptme a
leur
fait
d'eux
ou d'opinions vaines,
et
chercher
vie
loin
la
de
l'Eglise.
tire
Dans
de
l'activit
humaine
ma-
dborde
56
dualisme
ANTIMODERNE
et par l'idalisme
bon march de
la
contrainte
oii la tenait,
jadis,
la tradition
ou
de
la
morale,
Il
imposer
la
forme
et
comme
le
rythme de
l'esprit.
de
l'intel-
ligence et de la foi.
travail
bassies.
mcanique,
et
Et
la
terre
est dsole,
qu'il
Prive de
son contrle, la raison purement discourante, la raison bavardante, occupe, non point de la vrit, mais de monnayer
toute notion nouvelle,
tombe dans
tous
prend
et effaant
de toute chose
convenant tout et
des possibilits,
et qui
dcoup dans du
carton.
la
tombe
ses
57
bien
et
le
hottentot,
le le
que sans
La
du suprieur
et
de
l'infrieur, partout
il
s'agit
autre chose
niveau d'eau,
lirement hrditaire.
Elle aime
l'galit
par
en bas,
et
pour elle tout s'quivaut et peut indfiniment s'entre-changer; c'est pourquoi l'ide de V lection d'un peuple, ou de
la
vocation d'un
homme,
lui
La
hirarchie
hirarchie,
comme
nie,
gorie dangereusement
libert,
dnue de
G-
Le mot de
ralit
lui
est
suspect;
trs saint
celui
de vrit bien
elle le
davantage. Et quant au
place heureusement par
nom
le
de DiEU,
rem-
mot plus
ni
la
satisfaisant d'volution.
Elle ne peut
nuit, ni le
ni
l'tre,
saisir ni
l'unit,
simplicit, ni la conti-
mouvement,
une cause,
ni
une
fin.
Elle ne
sait
que
la
nier.
Elle se
rit
pauvre
veut
))
me
qui se
cette caricature
vrit,
croit
de
la raison,
le
et qui
malgr tout
la
navement que
;
vrai
se
elle
crot
que
tout
mme
n'est qu'illusion;
avec une
elle
se
livre
aux
bavards
aux sophiates;
ils
ne
la
58
l'aient
ANTIMODERNE
rendue compltement aveugle.
David.
Quid
tibi
vis
faciam?
Miserere met,
Domine
ut
Fili
videam.
Ah
Toute
qui ne
la
terre
est
et
demandent point
la
gurison.
Nos yeux ne
cette
savent
pesanteur enfivre de
atmosphre
se
dployer.
o les ailes de l'esprance peuvent peine Ces innombrables malades furent crs jadis
embrassent de leurs mains
les objets
hommes
Les uns
les pierres
ils
et les arbres.
Agripps tous
aux sens;
de
cette sorte,
existe qui
rsiste
au toucher
et
donne
le
prise
ils
si
corps et l'essence; et
leur dire
ils
le
tendre
Les
constamment
avoir
torale
brille;
la tte
amplement raisonn,
mais
DiEU
existe et
si
le
soleil
comme en attendant il faut bien vivre, ils font toujours comme si DiEU n'existait pas et comme si le soleil tait teint et n'ayant pas mme la solidit des pierres
;
et
ils
sont
encore
(1)
59
l'accs
de
leur
me
ne
comprennent
de
Mais
leur
de
tat,
se
et effeminat
dominabun-
Mais
grade,
si
c'est
principalement par
la
et des savants,
En
voulant tout
plus
que
et
les suivantes
Confusion entre
la science
proprement
dite,
illi-
la
et l'autre,
communiquant
et
la
de l'exactitude
muniquant
sous-entendus;
de
la rigueur,
pseudo-science com-
confusion de toute
la
science
en gnral, ra-
science
physico-mathma-
cas particulier, et
60
parce qu'en
fait
ANTIMODERNE
elle
de chaque
chaque
les
quelconques
auxquelles
et extension abusive
pendance de
fait
entre l'indpendance
de
fait
l'esprit
humain
est
connaissance,
et
que jamais en
elle
fait,
quand
la
science
est certaine
de quelque chose,
ne contredit
jouirait
le
dogme,
hypo-
toute
de trouver
la vrit et la libert
de
se tromper
comme
et la
les droits
de
la
vrit
qu'on devrait
la science , c'est--dire
l'esprit de
rit et la
l'homme; entre
le respect
ces
confusions
sont
renfermes
aussi
convenablement que
Libert de
la
commun
tel
que
la
pense
ou
la
Libert de la science.
reste,
d'une
Non;
elles taient
prsentes ds l'origine
mme de
la
science moderne ,
61
elles
l'ont
accompagne au
sont
parfois
la
On
sains
sait
constitutionnellement
d'ailleurs,
la
maladie qu'elle
tient
de
l'orgueil.
Le mal
grandi en
ont tous
mme
deux
qu'ils
pris
de l'ge,
si
les
symptmes du mal
sont
devenus
si
apparents, et
phno-
mnes de
rait
la vie
telle
hypothse,
mal
du vaste corps de
avec
la science,
au grand
de
celle-ci.
En
cette
analyse, cette
de
la
vraie philosophie.
Mais pour ce
si
travail
il
faut des
contemporain s'y
la partie
est
un grand philosophe
pris le parti
de dtruire
le
mal
La
ici
de beaucoup
(minralogie,
la
de travaux de
botanique,
catgorie histoire
etc.)
naturelle
entomologie,
ou
histoire,
dus
seule
62
parle pas non plus
ANTIMODERNE
de ce que l'analyse
isole et dfinit
comme
pure et
nation
vraie* science, ni
disciplines
exprimentales
torrent d'tula
du grand
de thories
et
Renais-
sophie
rationaliste,
la
et
qu'on
appelle
en
bloc
la
science
moderne;
une simple
bles
et tranquille
tude de
la nature, faite
par d'hum-
mes amoureuses de
la vrit,
vent
Dieu
de leur
savoir.
J'en-
Mais
embar-
la
qu'on peut
les
s'ils
ne s'^n sont
point aperus.
Les
les enthousiastes
du
nombre,
de
la
science moderne,
bien qu'en
la
thorie
ils
de
dsobis-
la
science humaine,
au dvergondage de
l'esprit.
Assurment
avec
ils
savaient trop
en matire de
foi
les
prtentions
que
leur
63
du dogme
leur taient
un
joug insupportable,
et
ils
en apparence
ne
les
leur
cur
non
ou athes,
comme
la
plupart
de
leurs
disciples
de possder
foi,
monde
que leur
foi.
Inerme
qu'on gardait,
cause de
la
reli-
l'esprit se nourrt
lors,
Ds
l'ennemi de
Dieu
infidlit
une mala
de David. Et
le
sicle,
quand
de vridique,
n'est
distinguait point
et la
nourrit
le
lieu
com-
mun,
de
la libert
de
les circonstances
de
sa naissance et
et
vices de
ses progniteurs,
la
l'orgueil intellectuel
la
la vanit rationaliste,
fin,
maires,
de
l'esprit
du monde, ce magasin
l'erreur se fournit cons-
de confusions
et d'ides fausses
64
tamment de munitions,
la chair qui
ANTIMODERNE
cette paisse et pesante sagesse selon
l'esprit
menace d'craser
s'tonner,
humain.
l'intelligence,
Comment
strilisant,
ds
lors,
que
prive
et livre
un individualisme
la
science
progressait
curcir,
et
La
,
mme de
a
t
la
la raison
fini
par s'obsla
l'Intelligence
remplace
par
fa-
cult critique
par
prtendue raison du
l'esprit
rationalisme.
et
Alors
il
que de dmonter
de
et
remonter l'intrieur de
un univers d'ides
claires,
conceptuels prexistant
en
lui.
Une
telle
ide,
saisit
mme,
s'ordonne
sa fin
l'tre,
humain chercher
Dieu, qui
mesurer
en
science de
matiques tant
que notre
esprit
dcouvre ou
croit
l'idalit
mathmatique
l'tre
de DiEU.
raison
raison
purement discourante.
de Dieu est son iiitellection, et Viiilellcction de Dieu est la cause de tout autre tre et de toute autre intellectioii. Sutnn iatelligere est mensura et causa omnis alterius esse. (Saint Thomas. S. th. I, q. XVI, 5.) D'o il suit que si on substitue la science de l'honiine ht science de Ditu, la science de rhomnie prtendra aussi tre la mesure au lieu de s'ordonner l'tre, elle prtendra ordonner de toute chose l'tre elle-mme, et par l dissipera toute vrit et se dissipera ellemme. Telle est, au fond, la vraie raison de l'idalisme, du subjectivisriie, du relativisme, etc., des philosophes modernes.
(l) L'tre
mesure
et la
65
lement avoue
te
seule officiel-
le
DiEU
le
n'exissait
pas,
ou
que
math-
matique.
On
avec
la raison,
comme
la
pseudo-science avec
la science,
donner
doit
la raison
pourtant,
semble
tre
moderne,
puiset
pntrant
la
soit-il,
quand
il
n'est
point nourri
protg par
doctrme thologique.
La Foi
truite
et
la
foi
vivante,
en l'enseignement ample
fort,
mesur,
li
nourrissant, pacifique,
auiait
de l'Eglise
anin:e
ntpnt de DiEU,
pu dfendre efficacement
l'Intelligence.
oii les
mme
telles
comme
ncessairement mlanges,
sordre, prenaient
imparfaites
et
un norme accroissement,
Ds
lors
foi,
il
suf-
pour endormir
et
grce
est
vrai,
que
la
66
ANTIMODERNE
mais en substituant
la
due Dieu
autre,
et
la notion
de
la
neutralit,
11
sciences de
la nature.
mieux que
les
de
la raison
dans
temps modernes; y
l'gard de
DiEUP Ou bien
la
JSUS-ChrisT
Ce-
DiEU
DiEU
n'existe pas.
faut
donc
ou
faire
comme
:
si
DiEU
existait et faire
si
comme
DiEU
si
Dieu
n'existait pas
s'il
est
inexistant
car alors,
comme dans les deux cas on ne lui doit rien, en faisant comme si DiEU n'existait pas, on fait en mme temps comme si Dieu existait; mais qui est le type mme de l'absurdit
si
Dieu
existe et
si
s'il
demande quelque
n'existait pas,
faisant
le
comme
DiEU
on
ncessairement
existe.
contraire
de ce
qu'il
faut
faire
si
DiEU
Quand
en ralit on nie
une
vrit,
une
vie,
un ordre suprieurs
la nature.
C'est
moderne,
il
le
mot de Mgr
et sont philo-
En
philosophie
comme
ailleurs,
67
vous
leur
dfaut
de
tact,
un tonnement
sincre,
de
la
vivent.
le
fait
de
la
science,
la
mais de
science.
aux ignorants
que
sont le rsultat
de
la
science impartiale
alors qu'elles
taient l, ds le principe,
comme
la
le
fruit
d'une mtaphy-
sique,
souvent
peine
consciente,
qui
n'est
que
le
plus
enfin
simple
vtement intellectuel de
vaine
gloire.
Si
on ajoute cela que cette mtaphysique n'a d'autre point d'appui avou que ces prtendus rsultats de la science, on
aura quelque
lequel tourne
ide
sans
Lon XIII
l'a dit
science
du physicien
Va de
soi
et celle
dire, puisqu'elles
Mais
:
11
que
cette proposition
s'entendre ainsi
la
Or
la
((
science
))
se
met ds
\ principe, et
en essayant de
le
dissimuler, au
Non
et
les
mes
compltement.
elle,
les
intellectuels
mo-
68
ANTIMODERNE
la nature, et
puis
en toute question,
la
user de
se
la
raison.
Ils
Ils
n'aiment
pas
la vrit,
ont le prurit
flatter
aux
oreilles,
se
La
rcompense.
esprits,
la
C'est
ainsi
Science moderne
de tnbres qui
que
est la
mort de
ance
la
dchance
originelle,
la
grce,
pour
:
il
la
vie
surnaturelle
Et maintenant,
si
la
Sans doute
atroce
le
elle prcherait
dans
le dsert,
dans
mo-
dsert
et
ridicule,
dans ce
dsert
la
parfaitement
Culture
aride
que
diable
appelle
en allemand
1910.
(1)
Saint Paul,
II
Tim.
iv,
3.
LA LIBERT INTELLECTUELLE
Chapitre
II
LA LIBERTE INTELLECTUELLE
'O 0
crocpo...
aTapotcTaxo
x,
vu).
En
et
droit,
la raison
humaine, avec
de
la
mme
le
les vrits
si
fondamentales
telles
que l'existence de
Dieu
avec
rsultent
l'ordre
de
la nature,
qu'on peut
les
comme une
est
dot de
gratifi.
nature,
dont tout
homme,
ignorant
ou savant,
La
le
parlant,
de ces
vrits primordiales,
et
vrits
mtaphysiques
la
des vrits
naturellemient
accessible,
et
qui
en
elle
comme
est ca-
comme
les miracles
cela,
la
72
ANTIMODERNE
rvle en donnant la grce (1),
le
mais l'intervention
directe
de DiEU auteur de
de
la rvlation.
Cette intgrit de
la vrit naturelle,
tous
En
ron,
fait
pourtant
il
qu'un philosophe ne se
et
l'histoire
nettement
et si uni-
versellement
raison
pour
la
philosophique,
que
et
la
doctrine
d'Aristote,
le
en gnral
de
la
Providence,
et
mme
La
et
ne conserve
n'augmente sa moisson
foison,
et
de
en
l'erreur
devant
les
signes
de
la
fait,
comme
le
Chris-
Ce
faite,
ce qu'elle a les
moyens
(2).
pas
(1) Cf. R. P. GAnRiGOU-LAGRANGE, Le Surnaturel essentiel et le Siirrwturel modal selon les Thomistes (Rev. thom., mai-juin 1915) ; La Surnaf.iruUt de la loi {Rev. thoin., janv.-fv. 1914). De Revelationc, t. 1,
cliap.
/>
XIV.
que dans do mais qu'il connatre, avec ses seules forces, ne lui est pas vwralemcitt ])ossU)lc, sans le secours d'une grce siiciale ou de la rvlation, de possder, sans y mler l'erreur, l'ensemble de - es vrits. Cf. Saint Thomas, Contra Gnies, I, iv Gonet, de Gralia, Garrigou-Lagrange, de Revelationc, t. I, pp. 411-415. disp. I, a. 1. 4
(2) l'lat
Pour employer
de
nalui'e
le
il
faut dire
dcliue.
raison
est
capable
)>l)ysi(iU.'incul
)>
LA LIBERT INTELLECTUELLE
73
et
dont
On
peut dire
fait
et
par
la
Rvlation tous
les secours
permanent
o
il
et efficace qu'il
ne nous
une
fin
surnaturelle (I).
On
naturelle
de
l'intelligence
humaine,
la
dbilit
'
et les blessures
que
le
pch
l'analyse,
il
retrouver l'action
auxquelles
la raison
viter
nos yeux,
quant
de
la re-
la raison
quant aux
moyens.
Un
la fin
de
la
recherche
l'intellifrence
humaine
l'tre
tant,
comme
intelligence,
naturel-
en gnral
et sans restriction, et
ayant
l'^ort}'
infinie,
mas
(1)
Cf.
Gard.
III,
c.
3,
iv.
q.
1^, a. 1; I-II, q. 3,
a.
8.
Compend.
theol.,
cap.
74
ANTIMODERNE
avec
les seules la
non
forces de
de
vision batifique,
dont
la
mais
la
de
voir
DiEU en
il
tant
et
Auteur de
l'tat
nature,
ture
est
de na-
o nous nous
trouvons plongs,
comme
la
fermentation et la dsharmonie
l'tre,
mais en
le
pervertissant, et le transforment
et violent
en une
sorte d'apptit
vague
de nous rendre
raison,
ici-bas parfaits
et
bienheureux,
relles, soit
et
que
la
ainsi
mme de
le
l'esprit
comme
montre bien
l'histoire
et
systmes antsocratiques, de
vertu stocienne,
etc.
sagesse platonicienne, de la
c'est
la
Et
ainsi
mesure o
il
impossible
et
la nature,
de
lui
de l'homme manque
sa fin naturelle.
la
recherche Intellectuelle
s'agit
LA LIBERT INTELLECTUELLE
non
l'objet
75
ignore tant
qui
est
devant
lui
et
dont
il
de
et faire le
monde
sa me-
Pour autant
qu'il
procde
ainsi,
humble.
Voil, croyons-nous,
lesquelles la
tre
les
mon-
entirement impuissante, en
En
mmes
qui
l'empche de
comme un
pris
brin
de
paille.
la diffi-
mme
le et
trouve
grand nombre
de
leur
consacrer
assez
d'tude
assez
de temps,
et
l'obstacle
apport par le
complte impuissance o
les seules forces
il
se trouve,
en
fait,
d'assurer par
de
la nature la rectitude
de sa connaissance
(1)
Cf.
notre
bergsonienne,
p.
465.
76
spculative et pratique
ANTIMODERNE
C'est en ce sens que le Concile
(1).
du
la raison
dans
la
le
domaine de
la vrit
naturelle, et tout en
rapportant
Dieu nous
indique que
gratuitement
la
destins
tait
une
fin
surnaturelle,
Rvlation
requise,
d'une
ncessit
tre
raison se trouve,
en
fait,
d'at-
elles-mmes
lui
proprement
parler,
de
la
libert et
de
la
la vie
loi
de
la raison.
Chaque
fois
que
celle-ci
tombe sous
de
l'erreur,
elle
s'asservit
en
ralit,
meure toujours
elle reste
libre,
ordonne
II
Le
ne
cas de la philosophie
moderne
est
tout
diffrent
II
de
la raison laisse
turelles.
s'agit
(1) (2)
Cf.
Sum. IheoL,
q. 1.
a.
Vacant, Etudes thologiques sur le Concile du Vatican, t. I, p. ,"47. Le mot mme de ncessit inoralc n'est pas dans le texte conciliaire, mais le sens ne fait pas de doute. l'our arriver cette connaissance (des vrits naturelles), avait dit Mgr Casser, rapporteur de la Dputation de la Foi, l'homme, tel qu'il est prsentement, rencontre tant et de si grands obstacles, qy'.on p4':it affirmer que la rvlation surnaturelle est moralement ncess^_ ^
Denzinger-Bannvvart, 1786.
Cf.
II-II,
q.
2.
n.
4.
LA LIBERT INTELLECTUELLE
77 de
Ele-
La
Dieu,
la foi.
secrets
cachs en
les
que
lui seul
de
la
Rvl'qui-
dans
elle
possdait intacte
s'est
la vrit
dtache,
en revendiquant l'indet
en rompant
ave(f
Un
tel rsultat
altration
profonde de
connaissante.
L'amoui
(1),
goste
de soi-mme,
dit sainte
Catherine de Sienne
la
est
comme une
teint
lumire de la raison et
en elle celle de
On
perdre l'autre.
intellectuels
exhaustive, et
parti-pris
de faonner
le
le
rel la
me-
sure
de
l'esprit
humain, tant
sparation
de
la raison
d'avec l'ordre
devaient cesser
la
connaissance,
pour devenir
la
rgle
mme
et la loi
de
la
celle-ci.
C'est
l,
rforme cartsienne.
servitude,
car
il
ds
lors,
entrait
rellement en
(1)
Dialogue,
XXI
(51) [d.
Hurtaud].
73
trouvait
ANTIMODERNE
l'erreur
se
li
par
et
il
mme
le
changement
tat
est la substance
mme
des choses
signes
(1).
:
Cet
de
servitude
plusieurs
manifestes
d'abord l'affaiblissement de
fois et la
la raison,
intuition
de
l'tre,
et
l'lan
vivant,
fin,
inclinatio
ou conaius,
la fidlit
parvient; et
qui, ainsi
triel
l'exercice mafin
sans
qui miette
et
et dissout
pain de l'intelligence,
qui ne
qui,
ayant choisi
la
Mathmatique comme
verain
du
savoir, courbe
la
uniquement
la
pense
sur le dtail
physique, proscrit
suprmes, avec
la
que
la
nomnes sensibles;
un dogme que
qu'elle se
la la
suffit et
et qui,
comme
est
science humaine
qu'elle nous
suffit
une
fin
dernire,
absolument, qu'elle
tout
ce qui
est connais-
(1) Bergson, La Perception du changement, Oilord and London. Henry frowde, l'Jll, pp. '24 et 34.
LA LIBERT INTELLECTUELLE
sable,
79
rel
ne renonce
la
et d'expliquer toutes choses avec la Science dite positive que pour arborer la prtention savante d'treindre par
des vrifications purement sensibles toul la cognoscibilit de l'objet, interdit l'esprit d'adhrer tout ce qu'il ne
croit
ainsi
soit),
(c'est--dire,
le force
en
dfinitive,
l'impossible besogne
et
par
le
menu
l'infinit
des phnomnes
la
des
perfection toute
substitue l'intelli-
d'lm.ents
mathmatiques ou de reprsentations
loi
spatiales.
Ainsi
le
mme du
vrifiable
matrialisme
cela
seul
est
intelligible
qui
est
De
l vient
que
le
premier degr,
le
mcanisme
5ant la philosophie, et toute discipline suprieure, la quantit dimensive et aux mathmatiques. Que tout se rduise
l'tendue et au
lois
mouvement,
et
que
les
fonctions
mathmatiques,
ce
n'est
la
pas
une
thse dmontrer,
voil le principe
c'est
l'exigence mm.e de
pense;
du pur scientisme mcanistique. Le second degr, le second tat du scientisme, est reprpar l'volutionnisme.
l'univers
Il
sent
ne
et
s'agit
plus
ici
d'expli-
quer
en dmontant
en
remontant rationnelle-
80
ANTIMODERNE
travail
facile,
et
ralit
effort
la
propre-
ment
scientifique
il
de toute recherche
nature
des
le
choses, et o
suffit
de constater que
les choses,
avec
soit partir
d'lments
mcaniste,
purement mathmatiques,
c'est
l'volutlonnisme
soit partir
assez
fou
le
reste
puisse
en
sortir,
l'volutlonnisme
contemporain.
les
le
Tout
volue,
tout
dogmes,
l'intelligence,
mtaphysiques,
la
le
bien et
pense,
ciales
magie devient
de
religion,
reprsentations
so-
du clan
de
M. Durkhelm
ses
disciples,
le
surhomme indcis
dans
le
monde
vgtal
faire
(1).
De
la
toute
manire l'volutlonrien,
et
nisme s'emploie
tirer
sortir
quelque chose de
seule
force
gntiquement,
par
le
du temps,
le
suprieur de l'infrieur,
ainsi,
s'il
dtermin de l'indtermin. Et
la
est
en
tat
d'chapper
il
sive
de
la
quantit mathmatique,
asservit,
Une
raison
autre
marque de servitude,
faits.
c'est
l'attitude
de
la
D'un
ct elle devient
l'esclave
du
fait
brut,
(1)
Cf.
LA LIBERT INTELLECTUELLE
former,
sorte
petits,
81
et
d'historiens,
les
faits, fait
en une
de cylindre enregistreur
viendraient
s'inscrire.
o tous
grands et
matriel,
et
En
dehors du
devient incapable
"
D<-^-i^^>
de discerner
et
de juger
(1).
Ne
notion
mme de
que
contingents
du
rel,
tels
qu'ils
appa-
raissent
tif
dans
L'asservissement au rela-
est ainsi,
comme
la
l'a
montr
le la
P. Richard
(2),
un des
de
opposition
l'absolu.
philosophie
scolastique,
de
D'un
qui
tout,
s'explique
malgr
compltement de penser,
que
le fait n'tant
pour
elle,
de
l'ide,
elle
ne peut respecter
que
si
elle
res-
ou rejette avec
un incroyable mpris
cadres.
Il
les
faits
faut voir
comment
psychoet
la-
logiques,
sociaux,
historiques,
sont
travaills,
lims
mins pour
fl) Cf.
Et hsec (quae pertinent ad l. q. 12, a. 8, ad 4 et gnera rerum, et ration^^s intellectus) snnt species, earum... Cognoscere aiitem r.l'a singularia, et cogitata, et facta eoriini. nec ad hoc ejus naturnlo d' rinon ept de perfectione intellectus creati derium tendit. (2) T. Richard, Introduction l'tude et l'enseignement de In Se lastique, III* partie, chap. 3.
Sum. theoL,
perfftctionem
82
chologle,
Il
ANTIMODERNE
la
sociologie,
l'histoire
la
dites
scientifiques.
s'est atta-
faut voir
physique
comme
la seule
alors
conception
l'explication mcanistique,
faits, et le
qu'une im-
mense multitude de
langage
le
mme
qu'ils imposent
mcanisme; du vivant
Deschales
incompatible
cart-
mme de
avec
les
7
Descartes,
le
mcanisme
sien (1)
Sitt
gner d'une
renvoie
n'est
vrit
l'instant.
le
philosophe
scientiste
le
La
!
pas scientifique
question
elle
De
ce
l'exprience
vidents
On
le sait,
1
mais
on
s'interdit
de
tirer
les
consquences,
ou bien
on n-
de
gage transformiste.
On
du moindre
PoGGENDORF. Hst. de la Physique, pp. 187 et 387. Nous parlons de toute hypothse qui, telle le lamarckisrnc ou le darvvhiisme, nie en dfinitive la spcificit des tres vivants, et prtend expliquer la structure des organismes par un pur dveloppement historique soumis lui-mme aux lois dit monde de la matire (tout en ayant en fin de compte, dans le cas surtout du darwinisme, le hasard pour principe.) Des travaux comme ceux de Dnirscu et comme ceux de ainsi transformisle rhypolhcsc compltement ruin ViAii.iTON' ont
(1) (2)
relle
(dite
philosophique
)i)
soit
vraisembhihle-
que l'espce de nos classifications (espce et mme que la multiplicit des espces actuelle taxononiique ) ment donnes puisse tre regarde comme l'panouissement d'un dveloppement historique ((lui n'expliquerait pas pour cela leur structure, et qui lui-mme dpendrait de l'influence d'agents suprieurs ioxite la nature matrielle), c'est une tout autre question, et qui n'a rien
ment beaucoup
plus
;
large
voir
avee
la
bioloj?ie
transformiste et ses
thories.
LA LIBERT INTELLECTUELLE
fragment
tient
83
qu'on
et
de
crne
prhistorique,
pour
et
dmontrer
de l'homme,
que
de ces crnes
hominiens,
un
observateur
mais
consciencieux,
et les
comme
M.
Boule,
le
reconnatra franchement,
tiendra pour
espces
de races humaines
teintes sans
descendance
et je
ne
cite
primitive
que
je
ne
songe
pas
dfendre,
mais
qu'un
humoriste
sement
sol,
et
que, d'autre
depuis
la
on
(1).
nos contemporains
On
propos
des ouvertures
artificielles
sur
les
enfants,
conscra-
crne,
si
Lucas-Chamimonnire, Trpanation prhistorique, rap(1) Docteur port lu le 23 octobre 1915 la Sance publique annuelle des cinq Acadmies, p. 51.
84
ANTIMODERNE
de cette
et
initiation prhistorique
l'on
l,
en
comme
(1),
le
D'
les
Lucas-Championnire
traces
l'indiquait
rcemment
que
silex
les
par
On
fait
sur
crises
extases
hystriques
les
travaux
les
plus
dtaills,
comportant
la vie
comme
cliniques
et
Fermement plant
sur
pied de
on
rotes
la
du cerveau,
du
afin
faillite
spiritualisme,
jusqu'
cheurs indiscrets,
vrent
M.
Pierre
Marie en
par
dcouqu'une
prcon-
n'est
invention
ues,
et
captivs
leurs
ides
les
de remarquer dans
phnomfaits
Ce
mpris des
pas
le
(1) Op. cit., pp. 27-45. L'auteur dclare qu'tant donn les ides courantes sur l'inintelligence et le fanatisme des primitifs, la trpanation prhistorique, indice d'une puissance d'observation et d'unt- sret de raisonnement remarquables, est le document le plus extraordinaire que nous ayons sur humanit . En tout cas, supposer que la trpanation prhistorique relve de la magie plus que de la mdecine, il faut avouer qu'alors nous ne savons absolument rien des buts auxquels elle rpondait.
1
LA LIBERT INTELLECTUELLE
85
Le
est
Q^j^juiXi^
gination et la sensibilit,
facile
comme
il
de
le
constater,
et
dans
la
les
procds de
l'his-
toire
pseudo-scientihque,
n'est,
dans
philosophie nouvelle,
qui
malgr
certaines
apparences,
qu'un
symptme
plus profond
de
l'esprit
Il
scientiste.
Car
le
scientisme est
plusieurs plans.
y a un scientisme sotrique, qui dclare que la science ne sait que peu de chose, ou presque rien, ou rien du tout. Ce qui importe vraiment au scientisme, en effet,
Et
il
la
mme
de
on ne
le
cdera
pas
qui
personne
pour
la
modestie
et
l'humilit;
n'a-t-on
s'affranchir
l'tre ?
Ce
importe, c'est la valeur de la science par rapport l'homme, dans l'ordre des fins (1), c'est que la science hum.aine,
la
devenue chez
tout,
ne
les
modernes
utilitaire
et
pratique avant
fin
soit
autre
pour nous
la
Fin suprme,
Rgle
que
et le Salut.
Voil
le point
Il
que
le scientisme so-
trique
ici
n'abandonne jamais.
le
est
curieux
de remarquer
en langage
mot scientisme
,
signifie
littralement,
moderne, gnosticisme
lit,
et
lacobi,
la science, disait le mathmaticien allemand l'honneur de l'esprit humain. Cit par T. Richard, Philosophie du Raisonnement dans la Science. On trouvera dans ce livre une trs forte analyse des principales fautes logiques impliques par
"
(1)
(.(
Le but unique de
c'est
le scientisme.
'
86
tiques.
ANTIMODERNE
Gnostiques de l'apparence sensible, et en cela bien
physiciens,
ils
de
l'objet
mme de
science,
rtrcir,
amincir,
amephnomne
thories,
du moment
qu'ils maintiennent
souveraine di-
de
ses
exigences.
Enfin, la pire des servitudes, le servage par excellence,
c'est l'asservissement l'esprit
du monde. Comment
?
la
phi-
Ds
l'instant
qu'elle
car
de DiEU,
elle
se
livrait
cet esprit,
l'homme
sert
toujours un matre.
la vrit, la
S'rigeant elle-mme en
juge suprme de
le surnaturel
ce qui porte le
la rai-
son
(1).
Si par force
ils
philosophes
modernes,
ne se rpandent pas
en
des illusions sur une impossible conciliation (1) Ceux qui gardent de la philosophie modcrno et de la foi catholique, feront bien de se reporler l'article o le philosophe Rauh indiquait, du point de vue moderne , les conditions d'une telle conciliation {Les condilions actuelles de la paix morale, liev. de Minph. et de jl/or., IS'Jli). Il y a, cela est sr, crivait ce moraliste dont l'Universit vnre la vertueuse et laque mmoire, des catholiques d'esprit moderne. Sur la question du miracle, par exemple, ils s'entendent pratiquement avec les penseurs libres. Ils ne croient pas aux miracles de Lourdes ils n'y songent mme pas. Ils admettent sans doute la possibilit abstraite du miracle mais ils rejettent les faits miraculeux dans un pass lointain ou les projettent dans un avenir indtermin... Cette attitude s'accorde-t-elle avec leur foi catholique ? Peut-tre non mais cela est-il essentiel ? Est-il si dsirable que tous se rendent compte de la contradiction, au risque d'y perdre la paix ? (p. 229.) Et encore :
; ; ;
LA LIBERT INTELLECTUELLE
87
tendue
et
gne, qui
les fait
un enterrement. Mais de
ils
reprennent
ils
la
besogne
ou de destruction laquelle
sont con.
M.
Delacroix, se risquent,
pn-
pu
nombre de penseurs,
ts
pour
la plupart
des rali-
de
la foi et
de
la prire,
de
sainte
saints
de
servir
de
la
la
mme
faire
comme
dire
Qui Dieu ?
ler
oserait
Ils
le
de Lui,
qu'ils interdisent,
soit
comme
faisait
M. Rauh,
enfants,
que
ils
son
nom
mm.e
sur
et
prononc
la
devant
les
qu
dissertent
contre
religion
catholique,
comme M.
l'avilissement.
88
ANTIMODERNE
qu'ils
chassent
loin
d'eux,
comme
impossible a
et
priori et indigne
mo-
rale
qui
parat,
la
comme
l'ide
de
la
cration
ou
comme
mpris
signal,
celle
I
de
Le
du
fait
et
prend
ici
et
de
la
perptuit
de
cas
sur-
s'agisse
des
faits
patents prouvant,
(1)
comme
les
ou dans
qu'il
si
oe possession,
tout des
fiables
faits
l'intervention
du diable,
frquents et
s'agisse
miraculeux,
si
aisment vriignore
et
notre
poque,
la
philosophie moderne
fait
capable de rvler un
On
se
transportera
Elberfeld
On
mind-cure,
on tudiera sans
et
fin
les
abouliques,
psychasthniques
les
aphasiques.
Mais on ne veut
de
leurs
rien savoir
Il
de
la
miracles.
sophie
racle
sa
le
mi-
hasard
(1)
et
ef
Voy. noinminent los faits rapports pnr Possessions iliiiboUques, 2 d., Paris, Bloud
Cf.
Hlot.
Barrai,
1898,
Nvroses p. 278
so.
(2)
Biillftin
(l
la
du 28 dcembre 1911).
LA LIBERT INTELLECTUELLE
de
la
89
discussion,
lettre
dment dlibre.
nous ex-
Avant de
il
y a des miracles,
et
s'en produit
lit
sentir
ce philosophe son
ignorance,
personne ne
songea
La
ae
Salette et
saints
de Lourdes,
sicle,
du XIX^
les
serviteurs
et
toutes
servantes
de
le
Dieu que
peuple
la
batifis,
mais dont
chrtien
connat
dj
les
merveilles.
ira
Le
jour
en corps se plonger
dans
de
sa
ses
infirmits
foi
on pourra croire
bonne
scientifique.
la
philosophie
philosophes grands
la
et petits
passent ce point de
il
vue
comme
de
Mais
est
remarquer
faite
:
de
la
la
la
vie
surnaturelle,
progresla
de
la
conscience chrtienne,
diminution de
vrit
dans
se,
les m.es.
Qui aujourd'hui
les
utilise
monde
pour sa con-
duite morale,
de Descartes, de Spi-
de Blount, de Tindal, de David Hume, de Wolf, de Kant, de Strauss, etc. ? Mais Descartes spare la philosophie
de
la
thologie,
Spinoza
nie
la
possibilit
des
90
miracles,
la
ANTIMODERNE
Hobbes
raison,
Hume
Tindal soutient que l'Evangile n'a rien que de nasoutient que le monothisme drive d'un poly-
thisme primitif,
les
Wolf
refuse
DiEU
le
droit
la
de rvler
morale
vrits
d'ordre
naturel,
Kant confond
C'est tout cela
de
Jsus-Christ
nit
de Notre-Seigneur
qui
n'a pas
quel-
pass.
Tous
l'air,
qu'un de vivant
vit le Christ.
La profonde
et
ignorance o le
le
monde moderne
il
est
de Dieu
mpris o
tient
les droits
de DiEU,
de vue de l'homme au point de vue de DiEU, la destrucneutralit tion de l'ordre catholique sous prtexte ce
((
et
de
libert
lac,
de penser,
le
l'instauration
ment
le
souvenir
et
mme du
l'esprit
surnaturel
effac,
attributs
la
transfert
l'homme
humain des
incommunicables,
de l'indpendance absolue, de
moderne, et dont
sou-
elle inspire
beau-
le
pressentiment et le dsir.
l'intui-
On
tion
de quelque
primitif,
vrit,
il
lui
mais
faut bien
Bacon
(\)
t. I.
Cl Vacant, Eludes
1).
thol.
sur
les
Constit.
du Crnc. du Vatican,
116.
L LIBERT INTELLECTUELLE
et
91
rompues
en
dformes,
et
dfinitive
orientes dans un
d'erreur.
mme
sens,
la
relvent
d'un
commun
cet
esprit
Osons dgager
de
l'intelligence
signification
de
la
esprit.
Au
regard
mtaphysique,
vraie direction
de
la
discerner.
Son volution
multiforme
converge
humain.
La
en
fait,
geant
dans
monde
visible
comme
si
dans
le
temple
de
Dieu, et
se montrant
comme
elle tait
DiEU lui-mme.
phophtes an-
comme
les
III
La
philosophie
scolastique,
elle,
se
reconnat
soumise
ses
au contrle de
la thologie,
prin-
Et dans
sa
besogne pro-
pre,
de
la
la raison naturelle,
philosophie de l'tre.
elle
est
En
DiEU
thologie,
tant
obit
auteur de
rvlation;
en
qu'elle
essentiellement
elle est
objective
qu'elle
rgle
soumise
l'tre.
Et parce que,
fin
et
sa propre
la philosophie thomiste
ou
la phi-
92
ANTIMODERNE
Indiquons brivement
comment
la
vrit,
vrit
naturelle
de l'intelligence, quelles
quelles en sont les ga-
sont les
ranties.
marques de cette
libert,
La
libert dont
nous parlons
ici,
de violence,
lihertas a coactione.
Cette libert
vient
elle
chose qui
et
en particulier du principe
c'est--dire,
mme
chose
est,
nature
de
cette chose.
Or
la nature
de
l'intelligence,
c'est l'apti-
le
problme de
la
comme dans
thorie
de
la
essentiellement
relative
l'tre.
Connatre,
c'est
au
fond devenir
naliter
et
tre
quantum
aliud,
fieri
intento-
aliud in
et l'intelligence,
devenir ainsi tout tre, elle est ne pour cela. Lors donc
que dans
ou se
l'acte
de perception
de
l'objet.
LA LIBERT INTELLECTUELLE
accomplit
93
elle
une opration
fruit
essentiellement
sa nature
l'objet,
vitale,
fruit
de
mme.
elle
Si l'intel-
vraie
est
conforme
l'objet.
c'est
qu'elle-mme
n'est
conforme
Dans
cet
acte
pas
pas Dieu, elle n'est pas son objet, mais reoit son objet; dans cet acte pourtant et en lui seul, elle est vraiment
libre, elle parfait son tre
en suivant son
solitude,
tre.
Ce
de
n'est pas
la
dans
dit
la
strilit
de l'absolue
l'tre,
c'est
dans
fcon-
du contact avec
qui
vrai
c'est en recevant
l'tre,
en
que
l'esprit a sa libert.
est
Ce
et
est
de l'ordre naturel
vrai
galement,
La
de
toute
chose
amene par
tout
la
puissance
qu'il
active
effet
plaira
Dieu. Cette puissance obdientielle n'est dans les choses aucune formalit dtermine, elle ne constitue en elles aucun principe d'action
(1).
mais elle
est
bien relle,
comme une
cipe
;
inpuisable
rserve
d'obissance
Prmchoses mmes,
leur
et qui,
de
les forcer,
(1)
Saint Thomas, q.
disp':
de Viriid.,
a.
10,
ad
2.
94
ANTIMODERNE
est
agir
dans
le
au plus
haut degr dont elle soit capable. C'est pourquoi le miracle n'est jamais contre nature (1), c'est pourquoi la crature
intelligente n'est jamais plus libre, et en
relle,
que lorsque
la
La
pour
l'tre
leve surnaturellement
la
vision
de
de
Vrit premire.
DiEU
en
la
lu-
mire de gloire
ainsi
et
la vision batifique.
elle
Lorsqu'elle verra
lui,
DiEU
face face,
lui
sera transforme
elle elle
adhrera
sera libre
invinciblement,
des
tre
profondeurs de sa
c'est
de son
tre,
de son
immensment
spontanit.
enrichi,
Dans
cette pl-
Ds
d'tre
ici-bas,
enfin,
elle
est
en puissance
obdientielle
amene
la grce et la foi.
la
Mais
la
vision batifique,
vrit
premire,
qu'elle adhre,
et c'est
le texte
admirable de saint
(i)
lib.
III,
cap. 100.
LA LIBERTE INTELLECTUELLE
Tihomas
la
95
(1),
Loi
et
des prophtes,
ont
leurs
successeurs,
conduit
un homme,
alors
main,
qu'il
jusqu'
l'acte
de
foi,
cet
ne
croit
de
ni
la raison naturelle, ni
cause de
la
la
prdication des
seu-
lement de
qui
lui
parle
en personne.
grce,
Sous l'impulsion de
la
volont
mue
par
la
elle,
l'intelligence
adhre
donc
En
vertu de
grce en elle,
l'in-
c'est
son tre
mme,
de grce.
dans
la
misre et dans
la solitude
du naturalisme,
dans
la fcondit et se
Il
du contact avec
que
la vrit divine,
en se rglant
donc bien
vrai
philosophie scolastique, en
la
soumise
parole de DEU,
nous donne,
de
l'esprit.
les
marques de cette
libert ?
Qu'on
montre en
(1)
In Joan,
c.
4.
lect.
5 n
-2.
ANTIMODERNE
mme
temps
la
ralit
du
mouvement
spiritualit
et
du devenir, qui
fait
de l'opration
intellectuelle,
qui
tablit
l'unit
substantielle
de
l'tre
humain en affirmant
entre l'me et le
corps une absolue distinction de nature, qui discerne l'admirable hirarchie des formes cres dans un
ntr
monde
tout p-
d'intelligence
et
de
finalit,
qui
respecte
tous
les
DiEU par
DiEU dans
montre entre
la
nature divine
nature cre l'abme d'une diffrence infinie, qui renfin sur toute notre science la lumire
et l'on
pand
Dieu,
du visage de
la vraie libert
de
l'esprit.
C'est la force
et
la sant
de
la raison,
qui se nourrit de
fidle l'exprience,
en un mot confiante en
;
l'tre,
trouve
male
et
paisible
de
l'intelligence
humaine
la
fin
sur
sa
propre
science,
qui
n'est
dernire,
mais
le
moyen de
sur la quantit
mathmatique
et sur la
faits,
cherche l'ide,
et
dont elle se
sert
pour
aller l'absolu;
LA LIBERT INTELLECTUELLE
97
de
comme
le
apprhender
le
vrai
uniquement
comme
donne
vrai, sine
la
science
de
l'unit,
l'heureuse
acceptation de tous
luniversaiit
les
aspects du
la
rel,
l'admirable peiptuit,
qui
de
tradition
philosophique,
confre
de
l'activit et
du labeur individuel,
la juste notion
du
du caractre humain
et collectif
de
la
science;
cohrence logique de
la philosophie,
l'harmonie de
la
science et du sens
commun, l'harmonie de
mtaphy-
sique et des sciences. C'est la stabilit, la fermet, la souplesse, la varit, la mesure, la hardiesse tempre
de
tout
ce qui
l'esprit
est
du monde.
la raison naturelle,
dans
la
maximum
d'tre et d'activit
due
la grce,
au don de
En mme temps
qu'elle lve
(1)
Sum
thcoL,
I-II,
q.
9,
a.
1.
Introduction
l'tude
et
renseignement de
la
98
la raison
ANTIMODERNE
la vie surnaturelle,
la
fol,
:
la
foi
vivante rtaelle
blit la raison
dans
la sant
de sa nature
non seulement
la
lui garantit
les vrits
fortifie
de
l'intrieur,
en
de
la
de
sit
de
la curio-
htive et fivreuse,
de l'ambition d'puiser
et
la
la
ralit
en
lui
donnant d'avance
raison
comme
le
got
de
la
vrit.
Ainsi
la
la servitude qui
pse sur
la raison athe,
du dsordre qui
la
tourmente, et
mme
Ainsi
la
d'accord avec
les vrits
du Chris-
les
de
son ordre
vrit.
En
un sens,
le
grce dans
la force et l'qui-
de
la nature,
sa nature bles-
Ce
pu rendre l'me,
L LIBERT INTELLECTUELLE
l'me a donc un seul moyen de
lit
|W
c'est la fid-
le conserver,
comme
l'humilit,
la
puret du
cur,
la jalousie
disposer l'me
Mais ces
fait
plan
mme de
la
dans
I
Selon
esprit
la
ce qu'elle ne se
pas elle-mme
conduire
que
si
de
la vie chrtienne.
la
philosophie scolastique ne
tre
faut philosopher
s'agit
de l'opration
mme de
requises pour que cette opration soit trs bonne et trs excellente,
il
faut philosopher
^v oXy^
t) i{/uxyi
tre
l'attitude
de
la
pense
100
ANTIMODERNE
faudrait
Il
science
et,
modans
derne
et
la
de
de
l'esprit
de
la
philosophie
moderne
il
Ego-
centriste,
idaliste,
naturaliste,
nous savons o
il
conduit.
Entre
la
pense chrtienne
et cet esprit,
y a un infran-
D'un
ct, la soumission
libert
de
l'esprit.
De
la
dpendance absolue,
de l'homme
et
de
science
humame
au-dessus de tout, et
l'invitable dissolution
de
la
La
sait
de Dieu, non
Il
sapit ea
qu Dei
sunt,
parat dur
de
rejeter ainsi
cet
immense
effort
de
trois
sicles ?
Entendons-nous bien.
Nous ne
rejetons
pas tout
ce
serait
dans tout
Mais ce qu'on
doit considrer
puissantes et
si
Nous
rejetons l'esprit
de
la
philosophie moderne, ses principes spcifiques, son orientation d'ensemble, le terme final auquel elle tend.
il
De
tout cela
La
philosophie,
LA LIBERT INTELLECTUELLE
tant la science des causes premires, est telle, en effet,
SI
101
que
un philosophe se trompe
il
se
trompe
entirement.
La
s'il
il
ou non, une
vrit.
la
Ce que
philoso(1),
M. de
Lantsheere
c'est
in-
moms
tellectuelle,
jectif...
de drame de
l'esprit,
un pome sub-
La
t'tude
qualits
un bibelot,
La
philo-
scientifique
il
pour revtir un
fait inl(2),
caractre esthtique,
Ds
lors
devient tout
faut dclarer,
avec
M. Le Roy
ou des ges diffrents d'une unique philosophie qui se dveloppe, ou encore, comme un de nos trop subtils amis le
disait
ces jours-ci
tort.
11
ne
s'agit
pas
d'avoir
raison
ou
d'avoir
p.
417).
02
ANTIMODERNE
pays-l.
s'agit
et
'^
Il
pour nous
d'apprcier
de revivre
philo-
la
comme
que
si
de
faire
ou d'ex-
et
on peut ajouter
fectionner
la
per-
indfiniment,
Et comme
11
a,
en
fait,
une
fois
in-
la
directement directement
et
et
intrinsquement
l'vidence
rationnelle,
DiEU
et
ceux de
la
vrit sont
engags dans
le
dbat.
A
derne
mo-
de
la
faon la plus
utile.
Tout d'abord,
y a pour nous
et
elle
mme de
en
mme
les
temps ne pas
scolastiques
telle
imprudemment, comme
dcadence,
ces
le
faisaient
de
la
principes
mtaphysiques
ou
telle
conception physique.
la
Elle
pen-
Thomas. Ce qui
a prpar la philosophie
mo-
scolastiques du XIV et
et
du XV
sicle,
comme Duns
Scot
Occam,
leur
LA LIBERT INTELLECTUELLE
l'originalit
103
peut se faire apprcier, leur tendance au rationalisme et au nominalisme et leur opposition saint Thomas.
tant
Avec
en
le
un recul de plus de
la
six
cents
ans,
et
aprs
d'expriences,
est.
pense
catholique
seul
discerne
mieux
ce qu'il
Saint
Thomas
par
il
apparat
aujourd'hui
comme
reprsentant
excellence
de
la
philosophie
profondeur, seul
erreurs
il
peut
la
des
auxquelles
scolastique
nul
ne
saurait
plus
fiert
remdier.
La
qu' l'imiter
trine
sa
sa
doc-
la
mode de
mode de sa doctrine, tous les problmes de notre temps. La philosophie moderne nous apprend encore, par l'histoire
de
ses succs,
!
menace, hlas
possesseurs de
comme
la
le
les
vrit,
qui
est
responsable
pour une
sicles;
trois
ajouter
qu'elle
certaine
vnration
acadmique
des
?
ides
11
humaines
l,
et
n'y a
bien
et
de formules, mais
suprieure
entre
a son importance.
glaciale,
et
philosophes,
un grand philosophe,
un jour
il
M.
Bergson en
parlant
l'ironie,
de Kant,
et
d'un ton o
drive
du
dsir,
de se conformer
aux rgles
du
04
ANTIMODERNE
du monde philosophique;
et
jeu et
elle
revient
en
la
ralit
faire et parler
comme
si
la respectabilit
de
pense
des philosophes
sur le
tait,
mme
comme
plan qu'elle, et
si
du mme coup
suffisait
faire et
parler
la
philosophie se
et
ne dpendait
Ainsi
l'on
d'aucune
rgle
et
d'aucune
fin
plus
hautes.
pens de
vrit.
la
pense,
vraie
qu'on nerve,
et
aux dpens de
la
la
La
philosophie se
scolastique,
se
moque de
la
philosophie,
est
dit
la
Pascal.
La
vraie philosophie,
moque de
tend se suffire et
versitaires,
suffire
l'homme.
Nos philosophes
pieusement,
uni-
lorsqu'ils
se
congratulent
ne
sont
dire
certes pas
Mais que
pour qui
les suffrages
coup
ne
s'agit
pas de confondre
de
faire
Il
de
la foi
un principe de dmonstraintel-
s'agit
de ne pas mutiler
et
de ne pas
dissi-
hautes
que
la
philos'TTphie
elle-
mme.
Il
s'agit
fin
la
une
dans
la
mesure o
Ici,
elle
nous rapproche de
saint
la
Vrit prele
mire.
comme
partout,
lui
Thomas
est
modle.
LA LIBERT INTELLECTUELLE
tre
05
de rigueur purement
scientifique,
et
l'isoler
en
e//e-
mme de
la foi,
de
l'objet.
Per-
me
isol la science
de
de
la prire et
de
la vie
de
la grce.
La
cesse
philosophie
est
trs
utile
la
la rfutation
force sans
prciser
les
principes,
mettre
Enfin,
l'esprit
gnral
de
la
philosophie moderne va
l'erreur,
combien de philosophes modernes, engags malsouvent au prix des conflits les plus amers,
travail,
ch de bonne
et
foi,
Si le systme
est inacceptable,
philosophe,
lui,
la
main
sur
de nouvelles
la
que profonde
et
primordiale ralit.
Alors
il
lui
sacrifiera
rel,
excessive et disproil
en
relief
de prcieuses
d'une
vrits,
que
la
philosophie
chr-
manire aussi
intense.
Nouvelles
il
vrits
partielles, vrits
de fond
ainsi retrouves,
convient la
rectifier,
de
ces
tout quilibrer,
et
de
transporter dans
la
vraie
lumire
intentions
intellectuelles
que
la
philosophie
moderne
06
ANTIMODERNE
C'est l la seule manire acceptable de sympathiser
viciait.
avec
les
philosophes modernes.
sort
Mais en
faisant
ainsi,
la
pense chrtienne ne
de
droit
(1),
comme
vrit
les
vrits
que
le
disait
saint
Augustin,
la
catholique,
comme
Hla
sommes au
Christ.
lieu,
A
de
l'gard
de
la
la
science
moderne, en dernier
position
de
Philosophie de
se continuer
dsireuse
avec
tives,
non seulement
mais en-
et
de
raliser
un jour l'union de
suffise
mtaphysique
et
d'invo(2),
de M.
Duhem
(3),
montrant
la ncessit
de revenir
la
pour
la
biologie,
le
tmoignage de
M.
Driesch
forc
d'embryognie exprimentale de
la
restaurer
psychologie,
conclusion
le
tmoignage
Principes
tra-
la
:
de
ses
de Psychologie physiologique
ni
Les
rsultats
de mes
ni
avec
(1)
iinnoriim sniit. (Saint Justin, in II Apo]., cnp. XIII.) (2) L'Evolution de la Mcanique, Poris. Joanin, 1903
Le Mixte
et
la
lt)()2,
etr.
Philosophie des
Organischen,
;
Leipzig;
Engelniann,
1009
die
or-
f^anischen
fiegnlation'pn
die
<'
LA LIBERT INTELLECTUELLE
dualisme platonicien ou cartsien; seul l'animisr.e
107
ie
aris-T rJ^<A,Cn.<
gage
comme
chologie exprimentale;
pour
la
Maintenant,
en parlant de
je
chmas, que
je
me
pu
est possible
que des
comme
celles
qu'il
professes
aient
jamais
Que
d'erreurs on et vites,
1
si
si
on avait fidlement
je les avais
Pour ma
part,
connues
parce
je crois
que
je n'aurais
pas
crit
mon
livre,
que
les
quable
fcondit
de
conception
chez
ce
puissant
pen-
seur ))(!).
D'autre
p^rt,
la
philosophie
scolastique
est
seu^e
en
mesure de mettre
de
de
tracer
comme
connaissance humaine et
et
mme
dans
en
mme
temps de
qui,
et
fonder
et
de
justifier
la
en qui
part
de convention
et
d'arbitraire
ne provient que de
leur
sujtion
aux mathmatiques.
il
Actuellement,
est
vrai,
les
sciences
positives
voisi-
(1) Cit d'aprs Gounot, le Principe droit priv, Paris, Arthur Rousseau.
de l'autonomie de
la
volont en
08
ANTIMODERNE
nent dans l'esprit de bien des savants avec une mtaphysique ignare et prsomptueuse, et elles chappent trop rare-
ment
l'influence
du scientisme. Ce qui en
lois
souffre,
dites,
ce
proprement
le
mais
thories scientifiques,
comme ne
ptence philosophique,
transfini par
soit
soit
:
exemple,
et
de
l'espace
du temps
que
auxquelles
on ne
de
raison
la
besoins,
on prtend
imposer l'intelligence
la
ici,
comme
l'expression
philosophique de
ralit.
La
scolastique,
les
des sciences et
et
en reprenant
de
l'intrieur,
refondre
progressivement
l'immense
elles
quantit
de
faits
et
dans
les
vivifie par
de
la
philosophie premire
oeuvre vaste et
diffi-
poque.
Mais
Elle
les
la
domine
elle
Si la philosophie chrtienne
par
elles,
doit
garder
sa
libert,
son
immatrialit.
LA LIBERT INTELLECTUELLE
109
du
dtail,
menacent
constamment
la
La
philoso-
en prati-
quant
la rgle
ad sobrietatem. Saint Thomas, au livre II de la Somme contre les Gentils, montre d'une manire magnifique la ncessit de connatre et d'tudier les cratures. Mais ailleurs
la
il
dit,
Quand
ils
connaissent
crature,
ne s'y
fixent pas,
s'entnbrer
et
rfrent
cette
con-
naissance
savoir.
la
Dieu
la loi
de notre
La
philosophie
les
sciences
:
de
fixer
dans
la nature
pour
la nature,
et s'lever
sait
DiEU,
tout
rapporter
DiEU.
Et elle-mme
qu'elle
et
ne
suprieure,
dans
mesure o
elle se tourne
Augustin
(1)
Sum. theoL,
I,
q.
58,
a.
6,
ad
2.
(2)
DE QUELQUES CONDITIONS DE
LA
RENAISSANCE
THOMISTE
-^ XJ
Chapitre
III
DE QUELQUES CONDITIONS
DE LA
RENAISSANCE THOMISTE
(1)
tum
D.
divinus
eius
doclor
Thomas.
Marie.
et celle
d'au-
jourd'hui,
y a des torrents de sang. Et voici que le plus cher compagnon de rna jeunesse, Ernest Psichari, m'a prcd
sur votre terre
de Belgique, o
il
attend en paix la
rsurrection.
systmes.
Le bergsonisme est entr dans le muse Un monde nouveau va surgir devant nous,
et
des
qui
qui
sera
autre
chose,
le
le
DiEU
de
Louvaiii le
l'Institut
Philosophie
114
sans
ANTIMODERNE
amour qu'on nous propose en guise de chrtient, serait trop drisoire que tant de gnil
et et
pour lequel
Mais dans
l'laboration
de
ce monde nouveau,
et
le rle capital,
teurs
le
causalit matrielle,
rle
formellement dcisif
sera
tenu par
les
ides.
rele
de
de
de
la
valeur du bergsoles
se
conditions prin:
la
renaissance
la philosophie thomiste
naissance
sait
dj,
Louvain
bien puisqu'il en
les
un des meilleurs
progrs
autorisent
artisans,
renaisles
sance dont
brillants
aujourd'hui
parat
Il
comporter
dplairait
de
fort
prsomption,
d'avoir
l'air
voire
d'outre-
cuidance.
me
de vous pro-
mon
est
invention
ou de mon got,
venir
surtout
je
dois
plutt
moi-mme
tout
demander des
leons.
Mon
je
ambition
autre.
Ayant
de
la
m'occuper de
profiter
l'histoire
philosophie moderne,
voudrais
de mes
du moyen ge
et ont
et
modernes, ont
fait
de
la
de dgager
les
enseignements
1 1
renaissance scolastique.
II
si
et
en
manire d'introduction,
l'tat
1.
On
le
souvent remarqu,
fort
et
l'historien
allemand
Lopold de Ranke a
que
est
issu
la
rope.
Les
de
la
mence
termine,
passaient
la
Renaissance
la
Rforme,
et qui n'est
pas
les
depuis un
ou deux sicles
fait,
M.
Hof-
la
contemplation l'absorbait
et
la
de
la
resplendissante
toujours
tranquille
Trinit,
du drame
toujours actuel
fait
de
Rdemption, d'un
univers
doux
et
terrible
l'image
du Pre,
le
et
sujet, tait
vers
Moi, comme
intressant
Adam
et
lorsqu'il
s'aperut
qu'il
nu,
l'Homme
ment
s'apercevant
qu'il
tait
quelque chose
aimable,
d'infini-
d'infiniment
commenait de
116
ANTIMODERN
les valeurs
changer toutes
blis,
et
de
La
France,
alors
de
religion,
russit
chique
et
catholique,
arrter,
le
ou retarder,
ce travail
rvolutionnaire,
au point de
masquer compltement, du
sous la splendeur
superficiel,
de
la
Et
du XVIl"
vigou-
sicle
franais
apparaissent
comme une
raction
Mais
cette raction a t
la civilisation.
Son nergie
XIV;
XVf en
,
ne gardant du XVIl"
la sen-
et
un affinement de
sibilit.
C'est que
frait
l'effort
de
restauration
du XVif
faiblesses,
sicle
souf-
de bien des
...i7
tares et
de bien des
fut gallican,
ce sicle, et jansniste!
le
disait
Verlaine. Et, en
les
effet,
gallicanisme et le janstares.
nisme sont
d'autres
plus visibles
de ces
Mais
il
y en a
(1).
Dans
de
la
le
domaine de
l'art
lui-mme,
dont
il
l'art
classique tient
renaissance
grco-latine
la
drive
commensuration
pure
raison
humaine
une
si
troite
mesqoine
(1) Cf. R. P. nr: Pascal, Letircft stir Vlnstoirr de France, t. II, p. 119: Il ne faut pas que la sondeur du XVII" sicln nous empoche de reconnatre que, dans celte grandeur, il y a une forte trace d'esprit paen et un oubli trs prononc des vieilles traditions nationales. La caractristique de l'esprit paen, dans l'ordre politique, c'est le culte,
1 1
quand
elle-mme
le
de
la
plnitude
spirituelle
de
l'art
mdival,
et
qui
lui
Dans
saintet,
le
renouveau catholique,
fruits
de
de pnitence
une
et
intrieure,
n'aboutit chez
foi
encore
vigoureuse,
mais
strictement
religion,
du
culte et
de
la vertu
de
et
un
gouvernement de
rement naturel et
on
est
vie,
un rgime intellectuel
moral enti-
terrestre.
Avec une
et
candeur dsarmante,
sceptique,
catholique l'glise,
stocien,
picu-
rien dans le
monde;
surtout
gner
sur
le
la
ciel, terre.
bonheur
Conception
du
Christianisme
inconnue
aux
temps anciens.
Enfin,
dans
le
domaine de
la
vie
des peuples,
faut-il
la
pour
de
la
chrtient,
lui
de
dis-
la
substituer le systme
de l'quilibre eu-
fait
alliance.
Sur ce
de l'homme difi dans une personne ou dans une. collecen dpit de tous les magnifiques restes du Christianisme qui pntraient encore la socit, est-ce que nous ne voyons pas, au cours du XVII*' sicle, poindre et se dvelopper ce funeste esprit d'gosme et d'orgueil ? D'un autre ct, quelle je ne dirai pas mconnaissance mais ignorance de notre tradition historique, en particulier du moyen ge
l'adoration
;
tivit
118
prcipitamment,
ANTIMODERNE
et
tait
impose
mystiques
comme
il
le
P. Joseph
et
le
P. Lallemant l'ont
approuve;
reste
cependant que
saint
faire, et
que
le
rsultat
de
tout
cela
la
constitution
du royaume de
Prusse...
2.
faiblesses,
dans
Mais
:
la
il
encore signaler
le
ny
la la
alors
restaurer dans
domaine de
qui
est
spculation rationnelle
philosophia
perennis
philosophie
de
l'Eglise,
la raison.
Sans doute,
logiens
et
saint
Thomas
est cit et
invoqu par
les tho-
par
les
prdicateurs.
le
Mais en philosophie, on
mouvement de recherche
la force
de conqute, dans
la
chaque moment de
l'histoire
thomiste.
On
peut
tel
dire
que
le
mouvement
classique
du
XVII sicle,
nous offre
avec privation de
vers
laquelle
terminus ad quem,
alors
le
terme
19
cir-
On
reculait
devant
dmon de
afin
la
autour d'elle,
de procurer
devant
esprits.
On
reculait
aussi
l'effort
rel
que
la
scolastique
trop
le
exige
de
la
l'intelligence,
car,
nous
ne
saurions
rpter,
philosophie
scolastique,
dans toute sa
et qui
de
l'effort
de penser,
exige
le
dve-
loppement dans
l'esprit
XVI*
sicle,
principalement sociales,
la la
semble-t-il,
et
si
vulgarisation,
de
pense
donc
pas russi,
comme un
tirer
le
bon
parti
de
de
la vie spirituelle ?
Mais
courts,
dans ce
mme
si
ordre on
verra
bientt
sortes
de moyens
l'ordre
monde
courir
aprs le
moyen
court
de parvenir
la
vrit, je
veux dire
anims par
ver
ailleurs
mieux que
la scolastique,
mieux que
saint
Thomass
20
pour raliser
ANTIMODERNE
une
synthse
thologique apparemment
:
une phi-
en un mot plus
facile.
O
si
de ces
ter-
nels
rformateurs,
qui
constatent
que
tout
irait
tellement
mieux
l'homme
et
n'tait pas
monde
si
les
faisions,
mesure,
oh comme
la
nous
modestement,
si
dans
une
trs
humble
que
alors,
est-ce
tout
ne se dans
simplifierait
dlicieusement
C'est
qu'on se
lance dans la
crivait Silhon
mode
en
platonicienne.
((
ce que j'entends,
la la
1634, on en barbouille
platonisme dans
dvotion de
ce temps
et
on
fait entrer le
composition
Que
sou-
sentencieusement,
se
fleurs,
que
au sucre,
qu'Origne en
fut
empoi-
Denys,
ils
en
(1).
3.
constitue
pas une
(1)
SiLiiON,
doclrim:
Vme,
et
la
121
philosophie.
Le grand organisme de
si
progresse
sicle,
rectrix,
d'un lan
rester
vigoureux ds
dbut du XVll"
va-t-il
sera-t-il
priv
de mtaphysique,
?
de
tte
scientia
Non, une
qui
va
lui
pousser,
rectrice.
saint
une philosophie
va surgir
prendra
la
place
De
Thomas,
Descartes qui va
et
profiter.
Avec une
sagace,
sur ses
prudence
stratgique
tactique
redoutablement
amis
de l'Oratoire,
qu'il flatte et
tantt sur la
Sorbonne,
d'ailleurs par
la
l'intention
sincre
profit
philosophie
la
chrtienne.
classique
front
Descartes russit
introduire
qui,
et
dans
France
fait
une philosophie
d'une
part,
se prsente
,
comme
atier
un spiritualisme
et plus cassant
engageant
hardi
et
bien plus
qui,
d'autre part,
brise
la tradition
humaine,
Science, de
la
sp-
culation vers le
mcanisme
mathmatique
et
et
rationnelle
ce qui n'tait,
d'as-
pirations,
assure ainsi
le
La
de,
n'est
larvatus prodeo, je
lit-on
m'avance masqu
papiers de
sur le thtre
du monIl
dans
les
jeunesse de
ait
Descartes.
fait
d'abord
illusion,
122
ANTIMODERNE
sur le bergso-
et le cartsianisme,
ces
deux systmes
public dans
les
si
opposs,
situation
s'agit
gagner
et
le
la
faveur du
une
il
semblable
symtrique;
dans
deux cas
la
de transcender
pnible discursus
simplifica-
de
intuition merveilleusement
les
deux cas
il
s'agit
de renouveler
le et
spiritualisme
par
so-
moral de
les
la
les
deux cas
nouveauts
platonisme,
ici
avec Platon,
que,
et
plein d'une
folle
confiance
en
la
raison,
et
que
instruit d'ailleurs et
incomparablement plus
ce, et
subtil,
anmie.
Quoi
en
soit
de
la vracit
de
Balllet,
que
le dsir
irr-
l'autorit
d'un
et
nom
forte
exag-
est
curieux de
lire
le cardinal
de BruUe, ayant
le le
oii
fait,
en 1628,
nonce du
le
Philosophie,
sieur
nouveaux
de
lui
et
parloit
contre la Scholastique,
pria Descartes
trouva, au dire de
content de ce
qu
il
123
fit
sophe d'entreprendre
grand
ouvrage,
le
lui
reprsentant
qu'il
seroit
tort
responsable
qu'il
feroit
devant
Juge
souverain
le
des
hommes du
du
fruit
au genre humain en
.
privant
de
se
ses
mditations
Descartes,
ne voulant pas
travail.
refuser
((
de
Ceux
homme,
crira
de
la
les
sicles pasla
parmi
les
les
dans
les
extrmits de
terre,
parmi
instruire
de
(I);
de
telle sorte
)),
ajout era-t-il
(2).
Oui, mais
le
20 novem.bre 1663,
dex;
et la
rforme cartsienne
le
l'intelligence,
pch proprement
est
le
comme
et
italien,
la rle
forme
veil
luthrienne
la
r-
paen de
Renaissance
grand pch
et
:
deFinale-
vait
tes les
maladies ce
la
pense moderne
scientisme,
dualisme,
ment,
subjectivisme,
gocentrisme.
aprs que
la
influences anglai-
avec Voltaire
et
l'Encyclopdie,
puis
germaniques
(1)
(2)
124
avec Rousseau,
ANTIMODERNE
philosophie des lumires et des pauvres
,
la
qulnquets de V AufJ^lrung
nous
assisterons la proclal'es-
la
mera
rvolution cartsienne.
prement
qu'il y a pour' toute tentative de resde l'ordre chrtien, mettre en premire ligne tauration philosophie qui se fonde sur les la la restauration de
capitale
vidences
premires
de
l'intelligence
et
sur
et
les
vise
dences
premires
de
l'exprience
sensible,
qui
montre partout
et toujours
de
la
Que
se-
rait-il
advenu de
la
France
et
du monde
la
si
le
mouvement
tte
or-
classique
du XVII^
guide en philosophie,
gueilleuse qui
rejeta
non pas
et
dure
tous
troite
dtruisit
le
les
prcieux instru-
mais
le
vaste
et
mtaphysicien qui
et saint
continuait et commentait
humblement Aristote
Tho-
Hollande
sa rvolution philosophique,
?
Il
le
docteur
est
vain
de spculer
dans
futuribles.
Mais ce qui
qui
est
renaissance
et se
si
chrtienne
s'effectue
l'lite,
et sans
vigueur
elle n'est
L'histoire
nous
nouvelle philosophie de
125
si
ne trouvait devant
ici
elle
la
On
invoque pour
et
la
dfense d'Aristote
d'universits, on
les arrts
la
des Parlements
des conseils
:
met
Mais en
fait
de dde
fense intellectuelle, ou plutt d'offensive intellectuelle, -rcar on ne se dfend bien qu'en attaquant,
en
fait
noble
ches,
L'vque d'Avrand'humaniste et
les salons
Le
rire
en
Voyage du Monde de M.
parmi
les
Descartes.
O
(1),
sont,
du moins
philoso-
crivains
de langue vulgaire
les
les dfenseurs
de
saint
?
Thomas,
reprsentants
de
la
vrit
phique
III
Au
pris
il
temps
le
oij,
par Descartes,
la
la
philosophie modern' a
dans
monde
place de
sicles
la
philosophie scolastique,
la
y avait presque
trois
que
scolastique
dg-
les inconvnients pratiques trs graves que si auteurs scolastiques la langue latine justifi qu'il ait pu tre en droit a eus dans \ei trois derniers sicles au point de vue de la vitalit du thomisme. Vx soli. Il est mauvais pour la sagesse humaine* d'tre spare de la vie des hommes.
(1) Il importe de noter l'attachement exclusif des
ici
126
ANTIMODERNE
nrait.
Ce
je voudrais
la qualit de
la
doctrine et
les
de
l'esprit scolastiques,
ou l'usage que
scolastiques
faisaient
de
leurs
ri-
chesses intellectuelles,
ils
avaient besoin.
Au
point de vue
il
de
la
qualit
de
la doctrine
et
de
r esprit
tions et
scolastiques,
les
faut signaler,
altrations,
doctrine elle-mme.
Malgr
l'clat prodigieux
avec lequel
et
la
pense de
saint
Thomas s'imposa ds
celui-ci,
l'origine,
du
vivant
mme
de
o
est
trs
loin
mouveheurta
qui
ment
intellectuel
de
se
routiniers
ne
Thomas,
la
nouveaut de l'enseignement de
les
mode
d'enseigner,
n'tait pas
une nouveaut d'altration mais une nouveaut d'achvement, la nouveaut du fruit par rapport la fleur. Par ailleurs
la
il
contradiction.
127
Thomas mourut en
il
1274.
mort, en 1270,
rit, et sur le
point d'tre
la
condamne
Paris. Et le 7 mars
1277,
trois
ans aprs
Etienne
thses
condamnait,
avec
les
que
saint
Thomas
de
celui
efforts
d'Albert
le
Grand,
qui,
empcher
cette
condamnation.
Oxford,
et
Robert
Kil-
l'un la suite
de
l'autre,
tout
humaines,
fut
incapable
glorieuse
Dominicains,
trs
peu de
temps
aprs
les
censures
comme
tous
ses
principes
essentiels,
la
philosophie
mme de
l'Eglise (1).
Mais
elle
La philosophie de saint Thomas n'est pas impose par l'Eglise faon d'un dogme. Mais l'Eglise la recommande d'une manire unique, elle prescrit ses professeurs de l'enseigner (Nouveau Code du Droit canonique, Canon 15GG, 2), c'est d'elle qu'elle se sert elle-mme dans sa vie propre. En ce sens il faut dire que la philosophie de saint Thomas est la philosophie de l'Eglise. Et l'Eglise elle-mme le dit Thomnc rhctrinain Ecclesia suam propridin edixil esse. (Bexoit XV, "encyclique Fausto appetente die, 29 juin 1921, pour le VU Centenaire de saint Dominique).
(1)
la
128
ANTIMODERNE
ingrate et querelleuse le
monde
la
o mourait saint
subtil,
la
Thomas
(I),
l'anne
mme
pour se regrou-
(elle
place alors
au sommet de
la
l'tre,
non plus
libert,
la
contingence),
parties
branle,
dsquilibre jusqu'en
se
ses
moindres
l'difice
scolastique,
complique
et
l'infini,
commence
la
change
ingnieuse,
mais tout
la vie.
Avec Occam,
ce thologien trs
la
plume,
et qui
afin
le glaive,
met-
sives
de
l'ordre chrtien,
elle
achve de
se fausser.
Aveud'intel-
uvre
elle
dclare
de DiEU, son
unit,
son
infinit,
l'immatriala
et
l'immortalit
de l'me indmontrables
tend prsenter
raison,
fait
nie
mtaphysique,
et
grce
comme
loin,
(1)
1266.
129
sait
qu'il
ne connaissait
de
la doctrine
d'Occam,
crivait
la
scolastique
le
que
dernier grand
qu'il est,
sui-
et
aux matres
les mettre
et
aux
en garde
Le Pape ne
sicle,
fut
pas cout.
Ds
la
l'occamisme, plus
et
dans
la
est
curieux de rapprocher de
l'acte
de Clment
VI
avertissant le
moyen ge des
la
minalisme expose
bles par
lesquels
les
pense,
actes
presque
et
innombra-
Benot
saint
XV
ont
objurgu
Thomas
si-
comme
geuse
l'unique salut
et
l'esprit,
jusillu-
du
la
si
kantisme,
soupire
11
enfin
est
que de
maison du Pre.
noter que
tiens
Clment
sicle,
VI
du XIV^
seurs ont t,
Ce que
de
le
?
par contre Lon XIII et ses successomme toute, sont et seront obis. moyen ge n'a pas fait, est-ce donc nous
Est-il
qui le ferons
beau
soleil
de
la
Doc-
130
Anglique,
ANTIMODERNE
la
trine
lumire duquel le
moyen ge son
altrations
tre fidle ?
sicle.
Les profondes
la
doctrine
scolastique
tat
moyen.
Il
mme
De
la
folle
vgtation des
:
l'intelligence
et bientt
semble s'hypertrophier, en
elle
ralit elle
dgnre,
trouvera au niveau
de l'empirisme de
en faisant
effort
Renaissance,
et
qu'elle
ne pourra,
et
pour
XIV
un temps bien
sicle
court,
Le
intellectualit.
ques,
tandis
que
Saxe,
les
les
Docteurs parisiens,
Buridan,
Albert
de
Nicole
M. Duhem
Vinci
et
mme
temps
et
sagesse,
l'uni-
simple
et
sples
il
est
remarquable que
moins occamistes,
et n'ont
131
Il
alors,
et
il
esprits
fidles saint
sur leur temps.
les
Thomas, mais
Et plus
ils
tard, la fin
du XVI
sicle,
sicle, et
l'effort
dans
du XVlf
la
mme
philosophie tradition-
concevoir,
fait
clectique
et
le
balancement des
scolastiques
et
opinions,
des
dformations
laisse
de
cur du
rel,
lui
Son
effort,
il
est vrai,
russit
particulier
de l'enseignement de
pente
clrical
mais
dans
l'ordre universel
la spculation,
remonter aux
esprits
sait
la
qu'ils
descendaient
depuis
Occam. On
part
des
scolastiques
contemporains de
Descartes
et
de
Pascal.
II
est la
mesure de
chose
l'tre,
disaient les
faire
il
Anciens; que
il
faut tre
disait
quelque
Goethe.
pour
pouvoir
quelque
chose,
la
ce point de vue,
la
faut dire
cause pric'est
mordiale de
la
dchance historique de
la scolastique,
mme, par
l'ordre
elle
s'est
de
de
la qualit.
132
ANTIMODERNE
Il
me semble de
:
nous permet
de dgager une
historique
assez
remar-
quable
Quand on
la
philosophie scolastique)
un systme
infrieur,
la
qui
philosophie
a triomph de
et
la
scolastique
au temps de
Renaissance
un
formation,
second syssorte
sorte
tme,
tel
loi,
de
qu'un
ce
de
la
mouvement
tion
corrompt.
de
la scolastique est la
moderne. C'est
ainsi,
de son temps,
les notes
camisme,
tion,
la
nominalisme, individualisme
la ligne
mpris de
la tra-
du moindre
effort,
science
tou-
ractristiques
de
la
philosophie moderne.
tirer
de
133
monde moderne
tout,
La
La
renais-
sance thomiste
dpend, avant
mmes, de
la fidlit et
l'intel-
La
lit
rigoureuse,
et
trs
gnraux
si
(il
est
thomiste
et
la
et qu'il a cr le
ciel
terre),
je
de
la
de
Anciens ena
robaient
principes
mtaphysiques,
le
et
qui
besoin
je parle
plus insignifiant
en appa-
nique
et vivante,
et
du
l
rel.
non
Thomas
Il
et Aristote,
leurs formules
lit
s'agit
d'une
fid-
spirituelle et filiale,
cipes
activement mdits,
groups,
coordonns,
le
moyen
ANTIMODERNE
inventer la solution
))
jours,
cela grce
de
l'esprit.
Car
tuellement,
ce
la
n'est
pas
explicitement
tout
contiennent
rponse
veaux
modes que
le
les
ternels
jours.
problmes
philosophiques
de cela
A
toire
la
elle
ne nous apprenait
}
L'his-
de diminuer
la
pense de
sicle;
Thomas
aux
sous prtexte
aussi
de
conformer
vain
au
elle
nous
jours
apprend
qu'il
serait
de
revenir
de nos
vieilles
perdu
la scolastique, et et
de
la
doctrine de
!
saint
Thomas. L'preuve
hors
est
faite,
et
comment
trlne,
tile.
il
de
cette doc-
m
*
fait
saint
hommes
cette
lu-
Dieu
gratifi
Soyons
fidles saint
Thomas comme
enfin
L'histoire
nous montre
que
race
intellectuelle
Descartes
il
mtaphysicien, mais
physique,
il
ne
((
s'infort
rellement qu'
consacrait
135
ment
sique
seul ,
et
il
jugeait
que
s'il
est
ncessaire d'avoir
il
tendement
bien
n'a
et
des sens
pu
ainsi
toute contamine
de
l'esprit, qui
ne s'intressera plus
fondements de
mtaet
les
la science,
pour parvenir,
scientifique
comme
l'utilisation
les
de
la nature
que
Anciens
contemplation
comme
le
2. Pourtant
il
ne
il
suffit
pas d'tre,
il
faut agir.
Il
ne
suffit
faut user
saint
de
ses richesses.
Personne n'a
Thomas
l'importance capitale
de
de
l'acte
les causes
de
a
dchance de
?
la
scolastique
dernes
Nombreuses
et varies plaisir,
M. de Wulf
au XIV*
et
et
les
phie mdivale.
Il
signale notamment,
au XV
des co-
des universits
136
en nombre,
ANTIMODERNE
le
impu-
l'mgrence
(le
prince
en
de suivre
les
sermonis doctores, et
le
de mme
terminisme
))
d'Occam
tait
impos par
les princes
et
santes d'Ingolstadt,
en 1472,
de Tubingue, en 1477).
Notons encore
les prils
mme,
artificiels
de l'Ecole. N'oublions de
tho-
si
la
du
(sans la thologie
importantes en elles-mmes,
comme
celles
de
la nature
?)
et
de
la
nan-
moins
dtriment,
du
dans
la
synthse tholo-
gique
ts
par
mme
ses
possibilits dis
que
l'activit
(1)
arts et la
sophique
tait
Grand
et
de
saint
Thomas,
(1) Je dis philosophique ; en ce qui concerne les sciences particulires, notamment les mathmatiques, les reproches d'ignorance et de
137
relie
les
La
phi-
losophie
elle-mme
et
la
de Scot
et
d'Occam;
et
sivement par
le
dsir
de
de
simplifier pratique-
ment
le
labeur du thologien.
la
Mais
occupe en ce moment, de
physique dont
dchance de
la scolastique la
au
baisse
ensuite
mtal'ef-'
Occam
est
responsable,
c'est
XV^
et surtout au XVI
la
dans
le
du XIV
listes
sicle,
domaine
Natura-
ou
les Physiciens,
Aristote en-
tendait ce
mot
lorsqu'il l'appliquait
aux Ioniens,
Les
et
mouvements
et
terrestres,
rectilignes,
et
comme
erreurs
incorruptibles,
les
corps terres-
corruptibles,
etc.,
Bncon
."drepsait
cette
noque
l'universit
de
con-
ne semhlonf pns f'nus de fondenif^nt. An XIV*' sii^ele, les mathmatiques l'emporteront sur la mtaphysique.
au
138
ANTIMODERNE
la science
en
ralit
aucune
tare,
aucune
faiet
mme
d'Anstote
de
des
saint
Thomas
d'une
part,
en
effet,
consquences
ncessairement
et
dduites
des
principes
philosophiques d'Aristote,
phnomnes
naturels d'une
la
Thomas
n'usait
de ce ma-
scientifique
que pour
illustrer,
ment
ses principes,
non pour
tablir
dmonstrativement ses
conclusions
mtaphysiques,
qui
ne
dpendent essentielle-
sophie n'tant plus fidle que celle-l aux rgles qui garantissent
la
puret dominatrice
de
la
mtaphysique en face
En
fait
cepen-
de mthode,
infidles la
grande scolastique
le
la fois et
msaint
Grand
de
du XIV^
sicle,
taient
et
eux-mmes, pour
la plupart,
quelle
ils
les
recevaient,
river
la
et
ils
ont
fait
tout
ce qui tait
en eux pour
erreurs
philosophie
d'Aristote
toutes
le
ces
d'ordre
allait
exclusivement
rejeter.
scientifique
que
monde
moderne
139
Les
train
naturalistes,
de
la
de
se
mtaphysiques
et
matrialistes,
tout
la
panthistes,
cabbalistes,
l
avant
mtaphysique mcaniste.
De
un immense, un
inextricable malentendu.
faudrait examiner
de prs
;
la nature
logique de la nouvelle
tait
science en formation
nomnes
mas,
naturels,
une science,
comme
et
Tho-
formellement mathmatique
matriellement physi-
la ralit
physique elleles
mme
et
ses
causes relles,
relient
mais seulement
fonctions
mathmatiques qui
tatives observables
dans
la
mme
qu'elle
se
la
mathmatiques,
par
mme
somme
qu'elle
se
m-
nombrables dans
des
faits.
mise en formules
l
et
dans
l'utilisation
Mais par
le
mme
elle
apprendre sur
de de
la
ralit
physique,
la nature,
lastiques
entendaient ce mot.
Mais
si
de nos
1.
nimn.
iiri
140
ANTIMODERNE
il
de
et
la
science. physico-mathmatique,
comment, au XVf
au
XVir
sicle,
dans
la
fivre
vertes, tant
donn
comment
les
science physico-mathmatique comme une physique, une philosophie de la nature et de l'ens mobile, une explication par les causes ?
La
la
de
la
mtaphysique mcaniste
est
un phnon--e
le
discernement nces-
de
cette contamination ?
Non,
mils manquaient pour cela des lumires suprieures de la ne peut gure leur en vouloir de s'tre taphysique, et on
laiss
M.
V ivresse mcanistique. Ce devoir de purification intellectuelle incombait aux scolastiques, aux dtenteurs de la sagesse, laquelle titre
de science suprme, juge de
principes des autres
sciences.
relatioris
ses
propres principes
difficile
et
des
Devoir
sans doute,
la
cause
mme
des
compromettantes que
nou-
philosophiques,
sible
mais
enfin devoir
!
accomplir.
Hlas
comment
de ceux qui
lui avait tisss
141
Thomas,
de
la science
mcanisme
les
la
Retranchs hargneules
sement derrire
murs de l'Ecole et
ils
faibles remparts
et
le
de
leurs syllogismes,
aucun
monIci
:
de autour d'eux
donc,
faut
(1),
rpter ce que
et trop isols,
que courir au
Ce
sont,
au XVI sicle,
grands juristes
le puissant
de Salamanque,
(1)
c'est surtout, la
mme
poque,
Cela est vrai en gnral, et surtout des scolastiques du xvi sicle. XVII sicle, comme le remarque trs justement le P. Gny, (Questions d'enseignement de plnlosophie scolastiqiie, Paris, Beauchesne, 1913, pp. 42-4.3 et 150), un nombre important de philosophes scolastiques, prtres et religieux chargs de donner l'enseignement officiel dans les universits et les collges, suivaient avec intrt, avec passion mme, l'essor de la science nouvelle. Il en tait ainsi, par exemple, au Collge de la Flche, o Descartes fut lev, et surtout au Collge Romain. Qui ne connat les Clavius, les Grgoire de Saint-Vincent, les Schreiner, les Kircher, oui illustrrent la science catholique ? On parle moins des Fabri (jsuite), Maignan (minime), Aversa (clerc rgulier mineur), du. Ilamel (qui fut le premier secrtaire de l'Acadmie des sciences)... )> Malheureusement la plupart de ces auteurs, entrans par leur admiration pour la science positive et par leur dsir d'adaptation, n'ont comme philosophes ni vigueur ni relief, font un large abandon des principes de saint Thomas, et imposent au pripattisme des modifications qui l'altrent profondment )>, en sorte qu'au lieu d'assimiler la science la pense scolastique, ils prparrent au contraire le triomphe du cartsianisme qu'ils combattaient .
Au
42
ANTIMODERNE
(I).
Gr-
ce eux,
saint
la
la
pense de
Thomas
les
bore;
tre
trsors
de
la
plus haute
l'avenir.
mtaphysique ont pu
Toutefois,
ces
grands
et
thomistes,
Ignorant
qu'ils
superbement
les
proccupations
la
de
leur
leur
temps,
in-
dominent de toute
restent
hauteur de
noblesse
flexible,
eux-mmes absolument
et
ignors
du monde
sur
philosophique et scientifique
le
sans
aucune influence
mouvement des
Il
ides.
n'est
oas bon
de
le
lutter
contre
les
transcendantaux
la
mconnaissance ou
vrit
ils
contien-
Contre
les scolastiques
de
la
:
dcadence,
la libert
les
naturalistes
de
la
recherche
Les
scolastiques dcadents,
l'esprit,
mconnaissant,
infidles
ils
mprisant
ce bien de
spirituel,
taient
eux-mmes
au bien
avaient le
Nous ne citons ici quo les noms tout fait mineiits. Au-dessous videinment bien d'autres noms mentionner il y aurnit parmi Alnmannus, par exemples, et Silvester Maunis (sans parler de Suarez), et, parmi les Carmes, la grande cole de Salamanque au
(I)
d'eux
les
Jsuites,
XVIlo sicle.
,143
dtenu par
les naturalistes.
et
Il
tait
dans
dont
le
du puissant
m-
connu.
Epoque vraiment
tragique
dans
oii
l'histoire
les
de de
la
pense
sages de ce monde,
jouet
je
le
ne
sais
succomb au scandale
la
vrit
n'usaient
leurs
les
novateurs poussaient
fond
de l'lment de
saient.
vrit
qu'ils
tenaient
captifs,
loi
ils
russis-
gnrale,
que
le succs,
en un temps donn,
moins fonction de
la valeur,
de
la qualit,
de
la vrit
fait.
Ce
n'est
Il
trsor Intellectuel.
ne
de
lui.
Que
sur l'histoire,
la renais-
sance thomiste
Il
convient,
les
semble-t-11,
dborder
cadres
strictement
ne
144
ANTIMODERNE
qualits
de fabrication
intellectuelle,
si
de prcision
ne
le
technique et
le fini
modernes.
Ne
convient-il
cette
renaissance
de
la
philosophie thomiste ne
mtaphysiques
mritent
?
et
philosophiques
toute
l'importance
qu'ils
vraiment
la
philosophie
naturelle
de
l'esprit
la philo-
humain,
et la
humain,
et
avant tout de
la
raison,
est
comprise dans
la
maternit de l'Eglise.
Pour
thomiste
la
mme
tout
raison,
je
dirai
enfin
que
la
philosophie
avantage
rayonner
largement
dans
les
dans
le
monde moderne
la
Le
monde
laque un puissant
mouvement de
il
rnovation scolastlque
est-il trs
loign? Non,
ne semble
joie
C'est une
pour
lite
de
que
la
dure leon de
la
guerre a
la
fait rflchir,
se montrent avides
sagesse tho-
miste.
Mais
la plus
CONDITIONS DE LA RENAISSANCE
ilSTE
145
intellectuelles,
les
c'est
d'abord,
est-il
besom de
la
le
que
spcu-
que ne
faisait
la
Descartes
il
est
clair
que
le
premier
et
usage faire de
cela d'une
philosophie
c'est
de philosopher,
car
la
mtaphy-
sique n'est pas une chose dont on use pour un but pratique,
SA
noblesse
tant
prcisment,
selon
le
mot
d'Aristote,
essence,
la vrit
:
la
contemplation de
ncessaire aux
hommes,
l'homme
tiques,
de transcendantaux.
profond-
L'action qui
c'est
et
donc de contempler
vhmentement,
la
plus
et
ment
plus
profundius
et
Vehementius,
les vrits
de
mtaphysique
de
faut
science.
En mme
royal
temps,
toutefois,
la
il
qu'exerant
les
l'office
que
leur
confre
mtaphysique,
thomistes
se
rectifiant
et
dirigeant tout
vers
le
vrai.
S'ils
Thomas, danx
si
une
fidlit
et
dans
leur tre
qualit
essentielle
ils
sont
vraiment purs,
Wmer
ration.
146
ANTIMODERNE
convient donc que mettant profit la supriorit mer-
II
que confre
tout
l'intellectualit
fait
mtaphysique,
ils
s'intressent
:
ce qui se
dans
que
fait
natre la succession
du temps.
non
euclidiennes,
S'agit-il
transfini,
des
a
gomtries
du nombre
de
la
du
principe de relativit
la
einsteinien,
logistique,
de
loppement, que
sais-je,
un
tr-
pour en
tirer
tions
toutes
faites
qu'ils n'auraient
original
et
intellectuelle,
(l).
l'interprtation
droite
jugement qui
les
Il
claire
s'ils
Et
sala la
comment
auraient-ils prise
sur
?
hommes,
ne
s'agit
ne
hommes
qu'il
pas de mettre
perdre
lui faire
dominatrice
lui
appartient
la
de
garder
leur
gard
mais au contraire de
veille
de science-reine, qui
scientifique.
au bien
commun de
l'univers
En
on ne
saurait
videmment
C'est ainsi, par exemple, que Mgr Deploige, dans son Conflit de Morale cl de la Sociologie, montre, comme le note justement M. Georges Goyau (AiUonr du Catholicisme social, 5 srie, 1912) quelle position originale et doyninante prend actuellement la pense thoms
(1) la
147
demander aux
moderne,
s'il
scolastiques
de sympathiser avec
les angles
la
pense
s'agit
de
la
scolasle tho-
de repenser
misme
la
la
manire
(t),
mode de Kant ou de M. Bergson plutt qu' de saint Thomas. La philosophie est une
elle
science
ne se mesure que
n'entendons
pas
sur l'tre.
Pourtant
nous
rejeter
en bloc
l'effort
elle.
On
la
dit parfois
que
les scolastiques,
cristalliss
dans leur
tat
la
On
s'ils
doit dire,
s'en donnent
peine
et
ils
de comprendre
qu'ils possdent
fond
mieux que
seuls aussi
peuvent saucer ce
que
la
Non
seulement l'immense effort que reprsente l'oeuvre des philosophes modernes a enrichi le trsor intellectuel de l'hu-
qu'il
appartient
aux
en face de la morale clectiriue et de la . science des murs comprise la manire de MM. Durkheim et Lvy-Bruhl. Le R. P. GarrigouLagrange, dans sa magistrale tude sur Dieii, son existence et sa nature, montre de mme la position dominante de la doctrine thomiste l'gard de l'agnosticisme et du panthisme. non pas au sens diminu que (1) La philosophie est une science,
le
mathmatisme
et
le
phnomnisme
modernes
ont
donn
au
mot
science, mais au grand sens traditionnel et aristotlicien de ce mot. Et tant science des causes premires, elle est en mme temps une
sagesse.
148
ANTIMODERNE
non seulement
la sensibilit
ses erreurs
mmes,
avec laquelle
elle a
de
la
la
philosophie
un
prcieux
si
excitant
faibles
de
que
l'esprit.
Nos
yeux
nous
sont
naturellement
livides
sans
les
grands
clairs
qui
jaillissent
du
pas
saint
choc
l'in-
de
l'erreur,
ne
remarquerions
peut-tre
Tho-
comme
a caus
les
jeux
et qui apparaissent
la rupture
soudain
la
comme
dont
ruine
spirituel.
de
voir
com-
nature de la
immanente, ou un mot de
livre
et
saint
Thomas
vaincus
kantien.
sur la nature
du jugement, nous
l'idalisme
d'un coup,
l'idalisme
et
dsarms,
cartsien
que
philosophie moderne.
11
comme
n'y a pas de
le
la
le
lui-mme.
Un
philosophe dont
149
avec
est
inacceptable peut
avoir
saisi
il
peut aussi,
intentions,
si
l'on considre
non
ses
et
Heraclite
le
Comte
la
tait
emport par
et
de
la ncessit
de V ordre,
que
la
pen-
se de
M.
Bergson
est
tendue vers
mtaphysique
et vers
parle spiritualisme. C'est nous de dgager ces vrits transporter dans la lumire tielles et ces intentions, et de les
On
sophe
pourrait
soutenir,
enfin,
qu'en
et
bien
telle
des
cas
le
une
doctrine,
l'a
fausse
en
elle-mme
que
philo-
si
que un domaine
peut-tre pas song.
trine
suffit
alors
au point convenable de l'univers intellectuel pour lui rendre sa vrit. C'est ainsi que, moyennant sans doute
le
monadisme de Leibniz
si
on
la
les appli-
mtaphy-
comme
une
sorte
la
de transposithorie bergs'il
du
la
trait
quje
s'agit
de
si
intressante
on l'appliquait au domaine de
la
et
la conception
se
fait
pratique,
vision
dynamique que
l'artiste
de
de mettre
50
ANTIMODERNE
chaque chose sa place dans
le
ainsi
royaume de
et
la
pense.
devons symspisaint
mode de
Thomas
(1).
On
la fte
esprit,
lit
dans
vie
jour,
en
de l'Epiphanie,
monde en
Celui
offrir
qu'elle aimait.
Et comme
elle ne trouvait
aucune offrande
digne de
lui,
non pour
maine;
la gloire
suite
la
de
l'infirmit
hu-
et toute
la
dvotion de parade
et enfin l'af-
mme
l'amour faux
;
et
impur dpens
DiEU
comme une
fie
myrrhe, un encens, un or
trs prcieux.
Et DiEU
et puri-
effet,
de toute
de
la sainte,
rame-
nant toutes choses Celui que toute crature doit seul servir.
Ainsi,
me
semble-t-il,
mme
par
de
la
les offrir,
une
fois purifies
l'invincible lumire
de
l'Intelligence, en
hommage
la Sa-
3.
que
j*avais
annonc
(1)
travail
D au s du
cet
P.
151
ferai
effort
Au
travail
philosophique
besoin,
peut-on discerner
dans
dca-
dence de
importantes
la
?
scolastique
certaines dficiences
spcialement
Du
seul fait
que l'homme
est
un
mdium de
fois,
dmonstration,
donc en
se
trouvant,
chaque
de
est
sa
vertu
intellectuelle
(1),
il
du
seul
fait
que
l'homme
autres
un animal raisonnable,
il
est
un animal poli-
tique ou social,
hommes pour
uvre
la
de
c'est pourquoi
et
de l'enseignement,
de
la
col-
laboration
humaine
la
travers le
temps joue un
rle capital
dans l'ordre de
sophie
science et de la philosophie.
et
La
philola
progresser,
que par
continuit
ment
la
C'est
prcis-
aussitt aprs
que
la
synthse thomiste,
en
et
suivi
rivalits
d'ordres
foisonnement
q.
(1)
5,
t.
VI,
LIV.
disp.
13*
52
ANTIMODERNE
bizarres
et
htroclites,
la
d'opinions
scolastique,
faute
intelli-
s'puise en vaines
Voil
lien
une
premire
qui
cause
de dcadence,
de
y en a une
la
la
la
rupture
du
de
docilit
assure la continuit
Il
collaboration intellectuelle.
autre.
les
Par
les
obstacles
qu'elle
suscite
dispositions qu'elle
introduit
dans
immense en
sr,
fait,
dans
le
labeur
de de
l'intelligence.
coup
un
homme
nulle
peut philosopher
habituelle
ailleurs
affection
fortifier
dans sa tenil
dance au
faut
homme
de
pur philosophe,
si
Et
s'agit
il
de
est
moyen
ou
tel
l'intellectualit
fait
d'une poque,
aussi
tel
qu'en
l'orientation
bien souverainement
de cette
intellectualit
une capi-
influence.
les
Ainsi
hommes de
les
la
Renaissance,
les
les
Giordano Bruno,
mys-
les Paracelse,
Campanella,
bonne
tres
part
de
la nature sensible
l
et la possession
du monde phyde
l
sique.
De
leur
enthousiasme religieux,
et la
aussi
ce
singulier
mlange d'occultisme
de
la
153
vibrer,
reu
sa
vocation
il
fit
philosophique
la suite
duquel
vu de
il
ple-
Notre-Dame de
a rendu
DiEU
pour
le
mouvement de
la
pense chrtienne,
rle
bien de
un
non moins
si
on
accuse dj les mtaphysiciens d'tre des parce qu'ils croient ce que l'intelligence voit, que dira-t-on de nous si nous semblons faire quelque cas de la mystique
mystiques ,
elle-mme
Il
cependant que
saint
Thoet
mas
celle
et
l'uvre de
la
science
de l'amour,
et
auraient philo-
moindre affection de
la
moindre
ratio
de
dmonstrations.
Il
n'en
si
on
les considre
simple-
le
premier moteur
tait
chez eux
l'Amour,
et le dsir
de
jouir
de
la
contemplation de DiEU.
est
que
la
mtaphysique
nature
une science
si
haute
tant
la
par
rapport
,
notre
humaine,
serve
d'gards
que,
l'hom.me ne
comme un
bien
les
vrai aussi
tout l'heure, et
54
l'intgrit absolue
ANTIMODERNE
de notre nature,
actif
et l'effort
de
sans rel-
che pour
s'il
rester
en contact
est vrai
soit
raliser,
res
comment
de
suprieures
ne
s'agit
pas
sant, peut-tre
les obs-
^'
l'intelligence,
l'tre,
j'entends
l'intelligence
chrtienne,
per-
conduit, en suivant
la science,
mme de
la science,
dpasser
passer
la
philosophie naturelle, de la
la
mtaphysique, de
mtaphysique
dpend de
la charit et
est
civilisation chrtienne.
est fatal
qu'en
fait,
Or, considrer
thologique,
il
l'tat
et
faut dire
au XV*
sicle
cet
,
clercs et
gens en ce connoissant
comme
s'intitulaient
eux-mmes
les juges
de Jeanne d'Arc,
eux-m-
155
de
la vrit
Deux
la
erreurs
normes marquent
ainsi la
chute intellectuelle de
au dbut de
la
Au
que son
ennemie
jure, l'Universit
de Paris, dclare
coupable de
de vaine
de
superstition,
suspecte d'idoltrie,
l'intelligence
scolastique
alors
dclin
comme
nous
de
merveilleuse,
perdue
de
la
grande
et
une foncire
la charit,
Substi-
de
'amour-propre
desschant l'esprit et
chance de
la scolastique,
besoin.
de
que
fil
si
vient renouer le
tre part elle
de
si
d'au-
de
et
dont
les signes
de
l'esprit
devant
elle,
en dpit de tous
les obstacles et
de
156
jugs,
ANTIMODERNE
et
Thomas doive
toujours, je le crains,
fessionnels
de
la philosophie.
IV
En
lit
la
quafaire
essentielle conserver au
lui,
thomisme, de l'usage
lui,
de
nous avons
renaissance
la
Une
Le
monde dans
rcemment M. Aubrey F. E.
et
aux piciers
il
n'y aura
plus d'intellectuels
liques
Faut-il ajouter
milieux catho-
l'action pratique
la
que l'uvre de
pure pense
donc ncessaire que ceux qui se sentent appels au service de l'intelligence, et auxquels est confi, pour une
est
part
si
de
la
pense de
le
saint
gnreusement contre
Thomonde et
le
en se souvenant
qu'ils sont
serviteurs inutiles
monde.
CONNAISSANCE DE L'TRE
Chapitre IV
CONNAISSANCE DE L'TRE
Qui ne
en
l'tre,
croit
et
il
il
hait
existence.
Seigneur,
je
DE l'tre en gnral
La
comme un beau
S'appuyant
sur
de
d'eux,
chaque relais
de son discours,
tout ce qu'ils
peuvent donsi
ner l'intelligence
puis dire,
tout leur
rendement
la
intelligible,
je
le
philosophe part
fondamentales
et
d-
pend.
Pourtant,
il
ne fera pas
comme
Descartes,
il
n'imaginera
pas qu'il ne
sait rien, et
La
ce savant
homme
mentait de bonne
foi,
comme
tous les
humam, et Na-
160
ANTIMODERNE
turistes,
dont
il
il
est le prcurseur
son domaine
droits
fut le
les
de
la vision ingnue.
Mais
qui
pas sans eux, ni contre eux, c'est avec leur aide que j'entreprendrai de regarder directement les choses, en
;
me
confiant
ds l'origine
rais-je
la vertu
de
la
l'intelligence
et sans cela
?
pour-
seulement ouvrir
et
que
ce que
je connais, c'est
de
lui
que
pour tablir
ma
Quel
est,
la
simple qui
soit
ouverts sur le
monde,
et saisi
la
par
mon
intelligence ? Quelle
en d'autres termes,
plus banale,
")
et la plus certaine,
qu'il
me
soit
donn
de formuler
Il
y a des choses
de plus simple
toute
et de plus certain. Ce fait est impliqu dans mon exprience, et dans toute exprience. Qu'y a-t-il dans l'nonc de ce fait ? Une double affir:
mation
I
dit,
je retrouve
en
toutes une
l'tre.
d'tre
et
que j'appelle
(Quoique
navet
sache
fort
pas
la
de
dfinition,
CONNAISSANCE DE l'TRE
ments qui s'appellent l'un l'autre
chose
est,
161
ce qui
est,
ou ce qu'une
et
que
je puis
nommer, au sens
chose.)
le plus large
de
nommer
donc,
il
l'existence
cle
la
Dans
toutes
ces choses
y a
l'tre.
les
donc
diverses.
et
les
dclare
comme
elles
je
les
sais
le
contraire.
Puisque
choses sont,
toutes
il
ne peuvent
il
En
y a
l'tre;
donc
je
n'y a que
et
le
Mais
n'couterai pas
suis
Parmnide, j'couterai
pas
ma
raison, qui
M.
Guignebert;
et j'laborerai
De
rerai
la
je viens
je
ti-
comme
la notion
de
philosophe
ou d'
((
artiste
))
d'hommes
l'exclu-
comme
celle d'
homme
convient
la
classe
notion
du premier coup
toutes choses.
elle
Je dirai que
la
d:
transcendance de
l'tre.
:
Seconde conclusion
sont
diffrentes.
voil
et
qui
tre
Par quoi
diffrent-elles
Par
que
leur
mme. Si en
le
effet elles
il
est clair
162
rellement
diffrentes
ANTIMODERNE
ne peuvent pas diffrer par rien. donc quelque chose d'essentiellement
titres diffrents
L'ide
vari,
d'tre signifie
en
verses ,
mme
manire,
comme
celle-l est
comme
de
diffrences sont
j'exprimerai
en disant que
que proportionnellement
Analogie de
l'tre.
La
logue.
mon
acte
mme de
conna-
l'tre est
le
terme auquel
mon
Ce que
mes yeux vont chercher dans le monde, et ce qui les frappe, ce sont les couleurs; mes oreilles peroivent les sons; ma
langue, les saveurs.
Mais mon
intelligence va chercher ce
me
dit.
Conna-
avec
de moyens
de connatre ce qu'elle
est l
est, autant
de vues
l.
Il
est
d'une manire ou
l'intelli-
gence rsout en
l'tre est l'objet
(1) Illud
lui
dirai
que
propre de l'intelligence.
et
in
intellectus concipit ut notissimum est cns, hoc omnes conceptiones resolvit. (Saint Thomas, de Verit., 1, 1).
quod primo
CONNAISSANCE DE L'TRE
Dire que l'intelligence peut rellement connatre,
qu'elle n'est pas menteuse,
il
63
ou
c'est
donc
dire
que
l'intelli-
l'tre,
son objet.
Non
ce que
me
je
dit
Kant
il
est
de mon
esprit et
indpendant de
lui,
parce que
ma
pense, non
comme
toute
cette
Mais en m'affirmant
et
Kant ne
le
fait
donc
en
lui,
mme
ter
suit sa loi
malgr
lui.
traite
de
la
connaissance sans
mme
pense
la
main
sur
un ordre de choses
mme
qui existe en soi hors d'elle, ni que connatre n'est pas une
action
comme une
;
autre,
immatriellement
De
l
et je poursuivrai
science
mon chemin.
se
constitue en tendant progressivement la multitude indfinie des objets de connaissance la lumire ou l'vidence que l'intelligence trouve dans l'intuition de l'tre. Cette doctrine capitale de la rsolution de tous les objets de pense en l'tre, suppose 1 Que l'tre imbibe tout objet de connaissance intellectuelle, et que toute ide le prsente en quelque manire l'esprit l'objet prsent par certaines ides tant l'tre lui-mme sous tel ou tel aspect, concepts transcendantaux l'objet prsent par les autres ides tant l'tre dtermin ou contract par des diffrences qui sont ellesmmes de l'tre, concepts enferms dans un genre 2 Que par suite l'ide d'tre, embrassant dans sa porte une pluralit indfinie d'objets, est une ide multiple, et qui n'est une que sous un certain rapport (d'une unit de proportionnalit). Ainsi toute chose peut se rsoudre en l'tre sans perdre pour cela ses diffrences, toute chose peut tre considre selon qu'elle est, et tombe par l mme sous les lois de l'tre.
vient
que
la
humaine
164
ANTIMODERNE
intelligible
Appelons
gence. Je vois
ligible; car s'il
immdiatement que
y avait un
tre
dire
qui
ne
pt
objet
d'intelligence,
l'intelligence
Et
je
vois
aussi,
et
la
pour
la
mme
raison,
est intelligible
dans
mesure o
elle est.
dans
la
mesure o
elle est.
la
Toute chose
Car,
est intelligible
dans
mesure o elle
est,
un
mon
intelligence
d'homme
que purement
spirituel,
cet tre,
intelligi-
II
PREMIERS AXIOMES
Cette ide de
l'tre
que
je viens
d'examiner,
mon
intelli-
gence
la tire
une
telle
fois
forme,
telle
mon
intelligence,
contemplant
le
l'tre,
en
ou
contemplant
comme
de
tre,
immdiatement,
et
non pas
comme une
est,
constatation
l'objet intelligible,
ce qu'elle
coup
sr,
et
l'or-
CONNAISSANCE DE l'TRE
dre de
165
la
mon
discours, car je ne
ni
de mon
mme
que
l'tre est,
que
le
Le
le principe
de contradiction
soi, la
est
in-
mon
Non
parce que
ment
car deve-
nir, c'est
et
non pas
ne pas tre
veloppement
et
Les
tres
ils
agissent.
Voil un
de
que
j'ai
forme ds l'veil de
mon
esprit aussitt
que c'est une notion premire commue celle de Tout au plus pourrais-je dire que l'action que mes
sens m'ont fait connatre (1), l'action des corps les uns sur
)) (1) En effet je ne parle encore, ici, que de l'action prdicamentale ou transitive, qui est la premire connue parce qu'elle tombe sous le?
sens.
66
ANTIMODERNE
l'tre qui s -
C'est une
efficiente
ou un
agent
))).
De
l'exp-
mon
ac-
propre
mon
de porter
(effi-
mon
de
ciente)
l'tre
de quelque chose.
:
La
la no-
rend raison.
:
Ce
ce
mouve-
ment des
aiguilles
d'une montre,
de
celui-ci).
L'tre en
il
Et
ne
l'tre
en
tant qu'intelligible,
faite
faut bien
que
l'intelligence,
Il
qui est
pour
lui, le
possde achev
et termin.
suffit
donc
et
en
tant qu'intelligible.
Or,
est
l'intelligibilit allant
avec
l'tre,
termine quant
l'intelligibilit,
fonde quant
et se prcise
l'tre,
ce par quoi
Ainsi se dgage
la notion
de raison
CONNAISSANCE DE l'TRE
d'tre. Je disais tout l'heure
train
167
ce en quoi l'intelligence en
de considrer une chose trouve son repos. Je dirai maintenant ce par quoi une chose est; ou encore ce qui est tel
: :
qu'une
fois pos,
Ce
suite
Il
concept
il
est
de
cause,
et
par
le
concept de cause
et
de celui de
mme
temps
et sous le
mme
Au
contraire, le trian-
gle par
exemple
par son action, mais par lui-mme ou par son essence. C'est
qu'tre triangle et avoir la
droits
somme de
deux
mme
rire,
homme
et exiger (je
ne dis pas
de
la
mme
chose.
Ce
que
en
de
la
mme
la
deux concepts
celui-ci
celui-l,
lui,
immdiatement ou mdiatement,
D'oii
:
se
suit
une chose
mme, ou par ce
le rel
de
la
chose (prise en
dont elle est raison; une chose peut tre raison d'une autre
168
ANTIMODERNE
fait,
Quoi
dans
qu'il en soit
de
la
Ainsi
cause.
cept,
le
Que il me
la
mon
attention
je
ce
con-
un nouveau principe;
vois
:
immdiatetre
:
ment
fond
il
ce
qui est ne serait pas , a tout ce qui est est fond tre ,
le
principe
de raison s'tend,
y a de
soi.
Le
est
Non
Volont.
et
les
Pessimistes de la
car
irrationnel,
on
nous
pntrable
l'intelligence,
comme un
et
le
systme
mal au
le
tort
de
se
laisser
scandaliser
la
par
l'intellectualisme
des Optimistes de
comme
aux autres,
il
suffit
de comprendre que
si
les
choses ne sont
et
que
l'infirmit
sans bornes de
CONNAISSANCE DE l'TRE
la
169
matire et de
la
puissance
)),
en bas, et
la libert infi-
de quoi rvler
Une
est
ncessaire;
tre,
ait
je
dirai
lui-
existe
un
tre qui
en
mme, ou dans
existe,
et
de par
soi
ou a se; un
tel
tre,
s'il
par lui-mme.
Ds que
la
raison
jaillit
en
mon
intelligence,
dans
la
lumire
de
l'tre.
immde
de
soi.
Le
principe de causalit
commence
le
soi,
d'exister,
est
une v-
connue de
!
soi.
Non
priori,
me
dit
Kant,
principe
c'est
un jugement synthtique a
esprit qui conjoint
je
pense
ce qui
commence
d'tre, je pense
70
ANTIMODERNE
qui
sort
commence
donc pas de
par
la
d'tre
et
est
caus; ceci ne
cela, c'est
moi qui
l'y mets.
et
Mais Kant,
que
gar
logique
leibnizienne,
mconnaissant
tous nos concepts se rsolvent dans l'tre, croit que l'analyse consiste constater une identit toute faite entre
deux
notions prises
contraire,
si,
comme
telles,
et
dire
A
(et
est
A. Tout au
ou
je
les signes
si
les forsais
mules de
la
ce
que
signifie
qui
et
commence
d'tre
donc
qui peut
nc'pas tre
)),
donc
qui n'est
son tre , car ce qui est soi-mme raison de son tre doit
tre toujours,
et
ne point commencer),
caus , alors
j'ai
et
si
je sais ce
l'esprit
que
bien dans
deux
je les
du jugement
parce que
je vois
dans
comme
sachant ce
)),
que
signifie
nombre
))
et ce que signifie
pair
je vois
nombre
ferais
(1).
ne
pas un
jugement synthtique a
!
priori ,
mais
un mensonge. Allons
Le mythe des
le
jugements synthtiil
n'a jamais
la
parade
principe de
causalit.
cas il s'agit de ce que los anciens appelaient (1) Dans les di'ux secmubis modii'^ dkendi per se : c'est alors le sujet qui est de la raison et ou de la dfinition du prdicat, mais prcisment titre de suivi, donc comme ayant en lui la proprit signifie par ce prdicat. C'est dans la notion de caus que je vois que ce qui existe sans tre par soi , est ncessairement caus .
CONNAISSANCE DE L'TRE
Mais,
ce qui
171
me
dit
encore Epicure,
il
que
tout
commence
y a dans
le
comme
sort
Au
(la
contraire,
rpondrai-] e,
l'acte
libre
d'une cause
volont
est
de
sa
dtermination
mme
l'efficacit.
agit,
une cause
effi-
Il
y a
deux choses
diff-
la
et
triangle
est
mme
somme de
ses
homme
telle
pas
la
la
mme
cause agit-elle,
agit-elle
et
de
manire, pourquoi
non
tel
autre }
y a videmment cela une raison d'tre; c'est ce que j'exprimerai en disant que la cause efficiente est dtermine, avant que l'action
qu'
tel autre.
soit
produite,
Sinon
elle
ne
ferait
l'impulsion
qu'elle
reoit
de l'archer; l'oiseau
dans
est
dter-
le
cas des
suffit
pour
que
72
ANTIMODERNE
de
brler.
tant
faut
bien
essence
Or,
si
je
rflchis
tre
dtermin un
dans
le cas
de
l'action
de
la
avant que
la
Dans
le
cas
de
la flche,
de
l'agent.
Dans
mme de
l'agent
tre
feu,
c'est
mme
tre
Mais
peut-il
et
?
il
Pour que
faut
la relation
que
les
faut
la
donc que
l'effet
ou
ralis.
Comment
cela
possible
Cela
n'est possible
que
si
comme connu
peut tre (dans
le la
but
la
ralit.
atteindre
la
Dans
dans
cas
de
est l
pense
flche
soit
mise en mouvement.
CONNAISSANCE DE L'TRE
Mais que
l'agent,
173
de
faut admettre
et l'effet
ou action de celui-ci sont tous deux avant d'tre raliss dans prsents dans quelque pense cause des choses,
comme un
ordr:i
ou
une dtermination cette action. Je vois par l que les nafondement suprme dans une pense, et qu'il
a l'origine des choses quelque chose d'analogue ce que nous appelons l'intelligence. Il suffit sans doute de poser
cette chose
que
je
nomme
les
supposes
l'action
de
Mais poser cette chose que je nomme feu, c'est prcisment poser un ordre ou une dtermination radicale l'action de brler, action conue par une pense comme
brler.
Je tiens maintenant ce que je cherchais la raison d'tre de l'action de l'agent, ce qui dtermine la cause efficiente
:
tel effet plutt qu' tel autre, c'est l'effet lui-mme, non pas en tant que produit, mais en tant qu' produire, en tant que connu l'avance par une pense (par la pense de
l'agent
lui-mme,
l'homme,
ou par
cas de la flche,
des pense ou
cas
la
agents
intelligents
tels
que
de
la
celui qui
meut
est le
l'agent,
par
pense qui
fonde-
l'agent,
Ainsi
le
raison d'tre
Ainsi
la
raison d'tre
174
ANTIMODERNE
la nature
de
de
Ainsi l'action de brler (connue par quelque pense antrieure au feu et cause
suprme du feu)
du
se
dgage
et se pr-
mes yeux
la
ou
est fait;
autrement
implicitement contenue
conu
comme
le
terme
intelligence,
mon
le
hommes
dans
(un
homde
la
:
me
rir,
travaille
pour tre heureux, prend un remde pour gusavoir, etc.), elle s'impose
le cas
apprend pour
l'action
de
tout
soit.
Et
je
vois aussi
vritable porte
tout l'heure
est
dtermine
Ce
la
principe signifie
raison
pense)
est
de
l'action
agit,
de toute cause
dtermine
n
rait
une
pas.
fin,
il
ne
ferait
il
n'agi-
Le
fin,
est
Non me
1
dit
finalit est
un vestige de
l'tat
CONNAISSANCE DE L'TRE
principe positif des
175
L'oiseau
conditions
il
d'existence.
vole
lise,
voil
la
toute
l'explication.
tion, qui est
ques-
l'action
il
de voler
de
fin,
ment
tre fait
feu brle parce qu'il est feu, que l'oiseau vole parce qu'il
a des ailes,
c'est
loin
mais,
absolument parlant,
si
si
le
feu est
feu,
pour brler,
c'est
pour voler;
que
de
la nature
de l'agent
dernire de l'acest
tion
celui-ci,
c'est cette
titre
de
fin
est raison,
et
de
la nature
de
l'agent, et
tant qu'excute).
tence,
finalit
lit
:
s'il
n'est pas
il
lui-mm.e,
une
futi-
s'il
dans
l'air,
conditionnelle
l'air,
76
ANTIMODERNE
III
Avant de
j'ai
passer
l'examen de
l'ide
de cause,
j'ai
tait
les
Il
me
de
l'action,
:
en
la
pre-
nant cette
action
au deconnais,
dans
telle
par
laquelle
,
au dehors
pour
j'aime
ou
la
je
comparer
l'ide primordiale,
l'ide
de
l'tre.
Agir
certaine manire,
restant en
lui-mme,
action au dehors; ou en
homme
est (est
purement
s'il
a la vie, mais
dpensant,
il
est
davantage, et
agit
au dedans, appliil
et sa
volont au bien,
est
Ce que
priorit
je
vois clairement
en
tout
cas,
c'est qu'il
faut
de nature.
dit Fichte, l'action, qui est vie, vient avant l'tre,
Non,
CONNAISSANCE DE l'TRE
qui est mort.
177
Mais
c'est
et
la vie
comme
pariant
un coup de poing,
l'tre
il
comme une
:
cendre.
fier
En
comme comme
agit,
il
il
fait,
ou bien
continue de se
l'ide d'tre
dit
il
Ou
bien
l'ide d'tre,
mais alors
tit
rejette
principe d'iden-
qui
lui
est li,
trompeuse par
Ainsi
mme
o
t-elle
qu'une
est.
dans
la
mesure
elle
En
d'autres
fruits,
nous connaissons
l'tre
des
et
nous ne pouvons,
le
connatre qu'ainsi.
l'tre.
sur
une
autre,
celle ci change, ou
La
notion
de changement
et
ou de devenir
telle
est
comme
que
inapte
tre
vraiment
dfinie.
plus
dirai
partout o
y a changement
ou un autre
je vois
il
un autre
tat,
tre).
Par
mme
78
ANTIMODERNE
et
Non. me
dit
Heraclite,
auquel
M.
Bergson
fait
cho,
mouvement du devenir
refusent
soi
ce qui
ils
de
est
En
parlant
comme
font,
ou bien
continuent de se
fier
sant qu'il y a
ils
du changement sans un
disent
que ce qui
ils
Ou
lieu
bien
rejettent
tre,
il
l'ide
d'tre,
ils
prtendent
qu'au
de penser
ils
faut penser
changement, ou devenir,
l'ide d'tre,
la
mais alors
le
rejettent
est li, et
pensent que
pen-
le
devenir, et
il
gement sans un
Je vois ds
se
tre
lors
mme ne peut
si
elle
pas
tre
Car
ce qu'elle devient,
qu'elle
est,
autrement elle
serait
autre qu'elle.
est
par un autre.
CONNAISSANCE DE L'TRE
179
IV
LES DEGRS DE L'TBE
Les choses qui
sont dans le
monde
la
mme,
ou
tel
si
l'une diffre
de
l'autre
par
(sous tel
rapport) plus
l'tre.
Il
que
la
seconde,
me
faut
donc dire
a
que
les
moins,
ou que
l'tre
des
degrs.
Mon
Mais ce
s'agit
n'est
pas de cela,
sent,
il
ce n'est pas
de quantits
l'tre.
qu'il
pr-
ne
s'agit
que de
chose
de
la pre-
mire
la
seconde
il
me
et
suffit
de
nier
de
la
premire, par
du moins
en
elle-mme,
et
pour
mon
intelligence,
de toute considration
considre ce point
d'espace ou de quantit.
La
de vue, c'est--dire selon qu'est davantage ce qui ne manque pas de ceci ou de cela, ou selon que l'tre comporte
plnitude ou achvement, se confond avec la notion de parfait,
le
parfait
tant
soit
et
c'est
Partout o
diversit
80
la
ANTIMODERNE
simple position dans l'espace), partout o
il
que celle de
il
y a diversit,
y a ingalit.
l'tre,
en lequel se rsout en dernire analyse tout ce que conoit la pense, embrasse d'une certaine manire dans son amplitude toutes les perfections possibles; tre et perfection vont
donc ensemble. En
si
sorte
que
si
toute la plnitude
est
de
l'tre,
si
une
ncessairement d'une
Mais
en
se
effet
je puis
appuyer davantage
Je
sais
que
l'tre
distincts
qui
est,
mme
d'tre).
et
Ce que
l'ide
d'existence,
c'est
purement
simplement
l'acte
a
ou
la perfection
hors du
pas dfinir
la
du discours, ce que
cette notion
je
la
mme
comme
toutefois,
si
consi-
la perfection
par excel-
lence, c'est par elle en effet qu'est pos dans la ralit tout
ce qu'est une chose, autrement dit toutes les autres perfections de cette chose. Un chien vivant vaut mieux qu'un
lion mort.
Et
ainsi selon le
CONNAISSANCE DE L'TRE
tude, elle est
la
181
donc mesure
la
reoit;
l'tre
mme,
ne sera
par
l
en ce cas cette
perfection par
excellence,
et
qui
consiste
exister,
telle
mesure par
rien,
l'essence
d'une
chose,
mme
de
la perfection.
Mais une
telle
chose existe-t-elle
Avant de
le
recher-
de
n'y
de dgager,
et j'essaierai
d'en
s'il
tirer
autrement dit je
lui
me demanderai
soient lis
immdiatement.
Et
tout
d'abord,
si
je
m'aperois
d'une certaine
manire, l'tre et
ce qu'on
a,
et
mme
que
l'effet,
l'effet.
car
elle
nest pas
Le
et
d'tre
raison d'tre
II.
et
(I).
La
(1) (2)
omne
Propler quod unumquodque, et illud mayis, aut suUem non minus. propler quod aliquid est, oportet melius esse. D'o il suit que ' impericctum a perle*'^ Ht originem.
182
ANTIMODERNE
Ces principes sont vidents, et s'imposent par eux-mmes l'intelligence. Pourtant ne parle-t-on pas de grands
effets produits
Et d'autre part
pas
le
?
le
homme comme
le
fils
le
fils,
n'a-t-il
mme
cause
et
s'agit
de
la
y a d'autres causes
eux-mmes
mot d'Aristote,
homo
et sol gnrt
hominem;
homme
Mais
ceci
leur
:
en devenir.
je mettrai profit cette difficult et je
remarquerai
les
vidence intellectuelle
des
exigences primordiales
preuve en
est
la
de dbrouiller
sa complexit,
il
faut,
sais
pour
les illustrer
peuvent
mme
en elle;
ne sont pas
chose
a
pour
les fonder.
Disons
maintenant
qu'une
une perfection
par
se,
CONNAISSANCE DE l'TRE
lorsqu'elle a cette perfection raison
(sans d'ailleurs tre
183
de
sa propre nature
la
raison su-
homme
est
d'ailleurs tre
la raison),
un
tre
pour cela
contraire
la
raison dernire
et
totale
de
la
lumire).
Au
un miroir
reflte
le
ment
s'il
un morceau de
s'il est
fer n'est
pas in-
candescent par
soi,
mais seulement
vrit
Mais ds
parat-elle
III.
lors
la
Ce
qui n'est pas par soi (per se, per suam essentiam)
l'infini
dans
la srie et
il
des
faut
soi,
comme
En
et II).
sujet
est
qui possde
une
manire dont
poss-
de elle-mme
elle est
prdicat ou attribut) et la
manire dont
dans
est
le
sujet ?
prius est eo quod non est per se.
(1)
Quod
per
se,
84
ANTIMODERNE
est
homme, ou que
Pierre est blanc, ou qu'il est bon, je dis que certaines perfections se trouvent en
lui.
Ces
garder en elles-mmes,
elles sont
:
comme de
sparment dans
mon
elles
peu-
dans
la ralit).
VHumanit
(ce
de
la
Bont
il
on
est bon).
D'autre part,
ainsi
considres
lui
une
certaine
plnitude
convenir. Et
chacune
existait
dans
la
plnitude d'tre,
tant
alors
rien
existant
Mais
fections,
les
sujets
en qui
se
trouvent
Socrate
est-il
hom-
me
en plnitude
Alors
il
aurait
tout
ce que l'humanit
il
comporte
comme pouvant
l'art
lui
convenir,
aurait la
la
il
sagesse
qu'a eu Phidias,
science qu'a
aurait toutes
eue Archimde,
les perfections
et
ainsi
de
la
suite
sans
fin,
rpandues en
Ce
lis
est-il
blanc en plnitude
la
Alors
et
il
aurait
tout
ce
blancheur,
rien
ne pourrait tre
ou d'un blanc
il
diffrent.
Ce
fruit est-il
bon en plnitude
Alors
aurait
tout ce
CONNAISSANCE DE L'TRE
185
Par rapport
une perfection
si
la plnitude
ou
la
est
capable
et
elle existait
dans
qu'a cette
si
j'ose
dire. Cette perfection n'est pas possde par eux avec toute
la
lui
convenir.
Le
(comme dans
mme
degr
(car
on n'est pas
ou
se partagent diversement
si
la le
la
bont en
soi
et
en qui je
les
mme de
blancheur ou
y a de beaux visages
et
des visages
de
la
beaut.
Comment
fection est
dans certains
par rapport
la
plnitude qui
si
peut
lui
convenir, et qui
conviendrait ncessairement
est
pur
Cette perfection
dans
ces sujets
de
que ces
sujets ont
186
ANTIMODERNE
est
en eux par
convenir, et qui
ce
en
lui
par
me
au
Bien plus,
il
doit
l'tat pur,
faut
donc
exemple
est bon,
il
il
est tellement
la
bon,
plnitude possible de
mme
dit
pour
nature.
Le
minemment un
cet
art
ou une vertu,
d'une
la
faon semblable
homme
est la gnrosit
si
mme, ou
posie en personne.
De mme,
il
exister
homme
par
mme.
Car toute
Enfin un sujet qui a une perfection par essence est ncessairement infini dans l'ordre
de
cette perfection.
CONNAISSANCE DE L'TRE
limitation est
187
est
tant la bont
mme, ne peut
si
bont.
qui
De mme
une chose
cette
ft
l'humanit,
la
chose
absolument illimite
dans l'ordre de
blancheur ou de l'humanit.
Or
l'a
il
est
ne peut
il
la tenir
de lui-mme,
ft
(S'il
tenait
de lui-mme,
faudrait qu'elle
en
lui
noT} reue,
qu'il la ft, au
Ds
lors,
tenant cette perfection d'autre chose, qui doit l'avoir davantage, puisqu'elle la
si
donne (axiome
davantage,
II),
faut, sous
peine d'aller
une
telle srie,
comme au
le reste,
principe ou la cause
de
sible,
(per essentiam).
tre
parti-
ramne ce qui a
comme
Il
que ce qui a un
tre
fection
SON essence
per
{per se)
(1)
Omne quod
habet
aliquid
participationem,
reducilur
quod habet
sicut in
principium
et
causam.
188
tre
la
ANTIMODERNE
ou cette perfection PAR ESSENCE {per essentiam)
Pierre est
Mais
par
es-
homme
par
son
participation
pourtant
Pierre
est
homme
sence
(1).
mais
s'ils
en sorte
qu'elle
est
mme
convenir, ou encore
si
qu'elle n'est
me
Mais
si
je
rflchis
ment
la sagesse, la
la science, la vertu,
la
vigueur d'esprit ou
de corps,
finesse
d'instinct,
etc.,
infinie
d'tre
hommes
si
par
Une
de
sa nature d'tre
je
consi-
la
vi-
sans aucune
le
limitation,
elles
seraient la vie.
tout
Mais
alors
principe
que
j'ai
nonc
l'heure
importante distinction du per sunm essentiam^ et du jvr (1) Cette essentiam est expose par Cajetan (in Sum. Ilieol., I, fi, T) en mme temps que la juste notion de la parlicipalion, par o le thomisme sauve l'essentiel de la pense de Platon.
CONNAISSANCE DE L'TRE
(axiome IV) doit s'appliquer
tions
la
ici ?
189
qu'un
sujet
comme
comme
l'humanit ou
comme
la
vie,
en tout cas
il
me
faut dire
que ce qui
est
Disons donc hardiment qu'avant ces choses que j'appelle hommes, vivantes, bonnes, blanches, etc., il y a quelque
chose qui a l'humanit, quelque chose qui a
la
vie,
quel-
la
Comment
platoniser,
sible
que
je vais
tels
que l'humanit en
sais
soi,
auxquels participeraient
je,
ne
comment
soi,
les choses
de ce bas monde
qu'il
de blan-
cheur en
tels
blancheur en telles
elles
l'tat
pur.
Que
tions
faut-il
donc
qui nous presse, et qui nous assure que toutes les perfec-
ici-bas,
essence ?
Aucune chose ici-bas n'est bonne per se, parce qu'une chose est bonne, purement et simplement, quand elle est acheve dans l'tre qui lui convient, or toute chose qui n'est pas l'Etre mme ne tient pas de sa seule essence l'achvement de son tre.
(1)
dite
90
11
ANTIMODERNE
faut distinguer
les perfec-
tions
les unes,
telles
mme
comme
lui,
peuvent exister, en
le
mode
fini
blan-
dans
'
l'tre,
implique essentiellement
exister,
en gardant leur
mode que
le
mode
fini
Rien n'empche que les perfections de la premire sorte existent l'tat pur. Mais en ce cas, puisque chacune enveloppe
l'tat
l'tre
l'tre
pur,
et
l'acte
mme
subsis-
tant,
elles
ne peuvent pas ds
la
rester
distinctes les
infini-
Bont
l'tat
pur serait-elle
aussi ?
ment bonne,
si
elle
n'tait
infiniment belle
Et de
mme
la
Beaut
l'tat
Et l'Intelligence
infiniment
l'tat
et
bonne
aussi.
Or
la raison
y a donc,
infi-
de
un
tre
vie
et
Maintenant
CONNAISSANCE DE L*TRE
je
191
lui
comme
un objet idal,
l'existence
et
les
mlanges que
tres
je constate sensiblement
si
dans
le
monde
ne seraient pas
Et possdant
les
l'tre
par essence,
il
a non seulement
son essence
il
comme
mais a
principe absolument
les
total
et
suprme,
les a,
pour employer
se,
se.
ment per
la
blancheur,
en ce
mme
si
je
puis dire,
elles
ne sont en
lui
qu'en perdant
et leur formalit
sorte qu'il
n'y a plus de
nom pour
le
ma
Dieu,
dans
l'tre
incomprhensible
perfections
de
choses,
formellement
la
comme
vie,
et
gence,
(t
vrit,
la
avant tout
l'tre
mme,
soit
virtuellement ,
lion,
ou du
prissables, et
mme
tout ce qu'il
y a de
vrai
dans
les
faux
192
ANTIMODERNE
biens,
comme
tout ce bel
ornement de
la
pour
lui.
Bni
soit
Et
s'il
lui
est arriv
de perdre un peu
Pygmalion mythologue,
suffit
de
situer
celles-ci
l'intelli-
Chapitre
V
Mihi vero
archiva
Jsus
d'Antioche.
et
chante
l'heureuse
qu
Rela le
demptorem,
mort,
sauvs,
d'elle,
et
s'interroge
elle-mme.
Die
nobis.
Maria,
Le
s-
du Christ
vivant,
la gloire
du
ressuscit,
les
anges
tmoins et le suaire, un
monde
?
qui parle de
DiEU? Ou un
o nous
resplendissante
l'esprit,
Quelle
>ommes? Est-ce
la
nuit
bienheureuse qui,
comme
et joint
le
jour,
les
Ou
Ne
bien la nuit
de misre ?
Comment rpondre
pas
qu'il
pareille question ?
savons-nous
porter
est
presque
impossible
sur le
un
oia
il
homme de
vit,
un jugement
ner
de valeur
temps
et
}
de discer-
La
matire
196
ANTIMODERNE
trop
est
complexe
et trop
la
contingente, elle
chappe
il
la
science
humaine. Pour
dominer pleinement
faudrait
cha-|
de
la prophtie.
;
Et en vrit ce
Paul a
dit
:
sans doute
saint
livre
mu-i
mais
le
de Jonas semble
pauvre ambasville,
vais mtier
le
sous une
Ah
si
le
roi
de Ninive
avait su positivement
et
que
les
que l'ima-
sujette
amplifications, et que
Dieu peut
raliseront jamais,
et peut-tre,
le pervers,
profitant
de
ce qu'il savait l
(et
mme
ou
comme
se
devant,
mme
les
fait
jeter
afin
qu'il
ne troublt pas
convertissant
Ninivites;
et
ceux-ci ne
de
en cendres.
il
Mais
le roi
de Ninive
ignorait la thologie,
et
se prci-
pita tout
Seigneur,
n'est-ce
encore
dans
mon
pays
parti
de m'enfuir
DiEU clment
et
misricordieux,
patient
et
riche
en pardon,
qui
se
repent du mal.
de moi mon
197
...
Et
le
Seigneur DiEU
fit
leva
ombre sur sa au-dessus de la tte de Jonas pour tre une prouva il souffrait; et Jonas pour le protger, car
tte,
et
une'grande
joie cause
du
ricin.
Mais DiEU
le
fit
venir,
le
ncm,
scha.
Et au lever du
soleil
Seigneur
fit
souffler
et le soleil
demanda de mourir, Jonas, au point qu'il dfaillit, et moi mourir que vivre. )) Il vaut mieux pour sant
:
((
Alors Dieu
dit
Jonas:
Il
Fais-tu
bien de Je
fais
:
^^
t'af-
t'irriter
cause
de ce ricin?
d'un
rpondit:
bien de
Et
le
Seigneur dit
Tu
au
sujet
ricin
fait
travaill
et
que
tu n'as pas
crotre,
;
mut
et qui a pri
en une nuit
ville,
et
moi
ne
il
ferais
pas grce
Ninive,
la
grande
dans laquelle
y a plus de cent
vingt mille
hommes
et
de
leur gauche,
(IP
* * *
CuLaissons donc les prophtes modernes M. l'abb demandons-no-s ce ricque et M. le baron de Novaye. Et
que
la
raison,
moderne,
Joseph de
(1) Jonas,
grandes lignes de l'histoire pressentiments d'un et s'inspirant au besoin des Maistre, d'un Donoso Corts, d'un Solovicv,
considrant
les
2-11.
IV,
198
ANTIMODERNE
si
on
l'invitait risquer
symptmes
trs
gnraux de
srieux
lments d'apprciation.
dire,
A
de
la
vrai
depuis le dclin du
moyen
ge,
l'histoire
moderne
est-elle autre
la
mort de
chrtient 7
Ferrier,
au
du monde
:
et res-
n'est-ce
du monde chrtien
qu'il annon-
Jeanne d'Arc,
du Droit
chrtien.
en dfinitive, porte
et
qu'on
s'in-
l'esprit
de
la
Rvolution antichrtienne,
Rforme,
la
sensibilit
la
spiri-
culte
des
trois
le
culte
et
du Moi
si-
au XIX^
maonnique,
il
russit
carter
Dieu de
dans
les
tout
peuples.
la
Dans
vie
mme
199
Rvolution franaise
Etats,
et
de son idologie.
Dans
traits
les
rapports entre
reconnaissance publique de
comme Charlemagne
le signe chrtien.
trois
Pendant
sicles,
Au
ter-
me, un monde
mcanique
et
naturaliste,
violente au service
de
l'orgueil et
du luxe
et
Dieu,
dans
tellement
les
plein
jadis
htelleries
sem-
ici
un
point
de
Aux
de
de
l'histoire
chrtienne,
Mais dans
courbe de
la
vie politique
tient-elle aujourd'hui ?
l'histoire
Dans
derniers
l'ordre
sicles
de
l'esprit la
des
trois
tapes
la vie
En
trois
grandes
l'homme
s'isole
de
manteau de
dissi-
il
DiEU par
se replie
lisme,
il
s'enferme
fait
comme un
tourner
tout-
puissant
l'univers
200
autour
ANTIMODERNE
de
sa cervelle,
s'adore enfin
et l'auteur
comme
de
tant
l'auteur
de
la vrit par sa
pense
la loi
par sa vo-
lont.
La
((
Science
qu'il construit
vers matriel interdit sa raison l'accs des ralits suprieures; puis dans l'ide d'volution dont
les attraits pernicieux,
Goethe notait dj
la phi-
dans
le
mobilisme intgral et
mme
se corrompt, et
est, soit.
Ici
encore, nous
sommes un
trs
menace
srieu-
Ce
long
drame
spirituel n'est
drame de
l'histoire visible.
Si l'intelligence
ad
peuvent venir,
auront de-
Dieu
me,
les
proscrit
de
la vie sociale et
de
la vie intellectuelle,
c'est--dire
de ce qui
est
Papes, depuis
le
d'un
tel
symptme. C'est
un
La grande
La
que
et intellectuel
nous
le
l'aspect philosophi-
disions en
1915, et
:
il
ne parat
pas inopportun de
redire aujourd'hui
Le pangermala
nisme est
le fruit
grande
rupture d'quilibre
du
lemagne d'avec
lent
la chrtient.
rsulte
du dveloppement
et pnible,
comme une
dmonstration allemande,
201
de l'gocentrisme de Luther, de Rousseau, Herder, de Fichte, de Hegel, politiquement de Kant, de nincarn par la Prusse. Au regard de ce dveloppement
religion gercessaire d'un principe unique, aboutissant la
maniste,
que l'Allemagne actuelle compte encore de nombreuses parties catholiques ne signifie absolument a depuis rien; il est visible que l'Allemagne catholique
le
fait
ne conduit pas...
((
Ici
comme
soit,
l'unique
salut,
maine, qu'elle
la nature
comme
sieurs
Etats,
sinon
paisible,
loi
au moins dont
guerre ne
soit
pas
la
premire
et la
la rvolution, ni
Kant,
nous pouvons demander d'entreou tenir en nous ce rve. Ralisable ou non, compatible non avec les donnes historiques, un tel idal en tout cas
mme
Gthe que
est
XIX' sicle a pu tre contamin quelque temps par le germanisme romantique; Goerres a pu tre un des plus violents
ennemis de
la
France,
trois
il
comme
l'irrcusable
leon de
sicles
intellectuelle
de l'ordre chrtien est la et du monde contre les durs excs de l'inseule sauvegarde dividualisme des nations, en particulier contre le germapolitique,
que
l'universalit
nisme.
202
NTIMODRNE
FAghr Quinet pensait que
allait nnime,
la
la
philosophie
allemande,
philosophie de la Rvojusla
lutlon; et
il
Constituante,
Fichte
Convention,
le
Schelling l'Empire.
Frdric Schlegel
faisait la
mme
de
((
commune
et
la
Rvolution.
L'esprit
de
la
me
mais
Nous
les
de haut en bas, disait Hardenberg, ce que Franais oit fait de bas en haut. Et cet esprit devait
ferons
s'accommodant
capter
fort
bien de manquer
la
logique et de
ancien
la
tendre,
pra-
russite
tique.
Le
principe
rvolutionnaire
s'est
ainsi
et
dvelopp
raliser
outre-Rhin
dans
conue
le
sens
de
l'tatisme,
pour
une
et
libert
comme
de domination
((
terrestre.
A
:
conflit qui
le
dsole aujour-
d'hui
monde
la
apparat
comme
opposes de
ther
de
la
de
((
la
Il
de
que
la
203
de prvarications, o tou
i
j de la RDe ce choc mortel des deux formes adverses serviam d'une volont panvolution europenne, du non et du non serviam imprialiste qui divinise l'Etat,
thiste et
p-
librale qui divmise 1 individu, d'une raison humanitaire et vaincue. Est-ce dire que le c'est la premire qui a t
triomphe
a
de
la
Les
tres
ne
assure forme librale-dmocratique est gouverns ))... veulent pas tre mal
* * *
Tels sont
trs
imparfaitement rassembls
quelquesqu
tait
que la raison des philouns des lm.ents d'apprciation un l'histoire moderne. Mais sophes pourrait trouver dans convient de penser autorit ce qu'il
autre nous a dit avec
des
temps
actuels.
Est-ce
prcisment
parce
il
donn avec
autorit et dans
que cet
nombre?
crivait i"ie
sorte
de
terreur
)),
A
hu-
(l), terrebat
nos
quam
l
maxime,
considrer
l'heure
les
conditions
funestes
ignorer
de
la
manit
die
si
prsente.
si
Peut-on
mala-
profonde et
moment
socit humaine et qui, bien plus que par le pass, l rongeant jusqu'aux moels'aggravant de jour en jour et la (( la con> Cette maladie, vous u les, l'entrane sa ruine et 1 aposde DiEU, l'abandon naissez, c'est, l'gard
u
(1)
204
u
v(
ANTIMODERNE
et rien sans nul doute qui
tasie;
mne
:
plus srement
De
nos jours,
il
n'est
que trop
vrai,
les
nations ont
(2)
(v
((
commun
est
devenu ce
de
ses
ennemis
Retirez-vous
de nous
(3).
De
l,
((
en
l
la plupart,
un
rejet total
de
tout respect
de DiEU.
De
il
((
nul
sa souverainet.
Bien plus,
('
((
Qui pse
perversion
des
ne
fin
soit
le
commencement
des
leur
le
fait
si
((
des temps, et
et
comme
dj
(v
de contact avec
terre,
que vritablement
(4)
n'ait
((
grande
la la
que de
foi,
on bat en brche
effort
les
dogmes de
la
on tend d'un
obstin
!
de l'homme avec
au dire du
christ,
la
la
Divinit
En
revanche,
et c'est l,
mme
Aptre,
le caractre
propre de VAnt-
qui porte le
(1) Ps. {2) Ps.
nom de DiEU.
C'est
tel
point que,
im-
LXXII, 27.
II,
1.
(5) Job,
(4) //
XXI, 14.
II,
Thess.,
3.
205
notion
il
teindre
compltement en
le
soi
la
de
et
Dieu,
secoue
cependant
le
joug
de
sa
majest,
se ddie lui-mme
monde
visible
en guise de tem-
pie,
('.
o
//
il
bls.
se montre
comme
tait
Quelle sera
faibles doute.
mortels,
Il
sens
ne
les
le
peut mettre
en
est
loisible
libert,
assurment,
abuser de
sa
de
violer
l'autorit
'(
reste toujours la
Et ce
n'est
pas encore
assez
dire
la
ruine
il
quand
se
dresse
<c
C'est
dans
les les
Saintes
({
ferme
(2),
les
pchs
et
des
hommes
comme
oublieux de sa puissance
de
se
la
de
recul,
rveillant
(;
qu'un
la
homme
tte
force (3),
brise
de ses ennemis
afin
que
(5),
tous
M
Dieu
et
que
hommes
(6).
de
la
deuxime
aux Thessaloniciens.
(5)
(6)
Theis., Il, 2. Sap., XI, 24. Ps. LXXVII, 65. Ps. LXVII, 22. Ps. LXVI. 8. Ps. IX, 20.
206
ANTIMODERNE
clart
excite
d'iniquit,
qui
que
monde
aura
si
du monde
longtemps
discessio
le
rvlation
Seigneur
JSUS mettra mort par le souffle de sa bouche, a Son avnement aura heu par la puissance de Satan, parmi toutes
sortes
de miracles, de signes
les sductions
et
de prodiges mensonl'iniquit
gers, et
avec toutes
parce
de
pour ceux
qui
prissent,
qu'ils
leur
cur
Tambour de
veritatis
la vrit
non receperunt
salvi
firent.
C'est pourquoi,
leur envoie des
DiEU
)
puissantes
(vipystav
TtXvr,;
qui
les
feront
croire
ment
leur foi
la vrit,
et
ont
Approchons-nous donc,
inviter
ainsi
que Pie
semblait nous
ici ?
H
fin
regarder
comme
le
terme
la
toutefois,
de
nous
de
plaisir.
Ce
qui parat
Thess.,
II
9-12.
207
en
tout cas,
c'est
du grand foyer de
charit
des Aptres,
et
ment
der
du m.onde
On
peut se deman-
eschatologiques
la
mar-
vie
de
la
Quoi
qu'il
en
soit,
me sem-
ble-t-il,
toriques, qui les parasite trop souvent, c'est bien plutt leur
face
spirituelle,
et
c'est
la
prczparatio
animer
qu'elles
com-
portent,
c'est le
aident les
sur
hommes
de
monde o
ils
vivent, et
l'orientation
On
causes qui ont le plus gravement affaibli beaucoup de catholiques modernes, et favoris chez eux ce qui fut le libralisme,
tration
l'infil-
ncessaire
de
qui
l'Optimisme
humanitaire,
pseudo-ides
la
sentimentales
nature
d'accepter
reilles
les
faits
et
qui
n'ont pas
leur
pa-,
pour aveugler
jugement.
* * *
Tout ordre
(1)
le
n'est pas
bon par
soi
seul
(il
y a un ordre
On lira avec fruit Timportanf travail sur La Parousie publi par cardinal Billot dans les Eludes en 1917 et 1918, et runi depuis en volume.
208
chez
les
ANTIMODERNE
dmons),
et
de
mme
amour
dsintress d'une
disait
l
fin
comme
sont
Pguy,
n'est pas
bonne par
soi
seule.
Mais ce
ironie
les
ils
constater
pour lesquelles
d'il
lusions
que reprsente
l'Ide
))
incarne
par
toire
tel
ou
tel
vaste
mouvement
moderne.
(L'his-
ces
d'idalisme,
serait
sin-
gulirement instructive.)
L'observateur,
toutefois,
aurait
tort
de conclure que
le
comme
le
pensaient Frdric
et ses
amis
Grand
tre,
du Grand
le
comme
le pensait
foi
fonda-
de
la
religion positive;
ou que toute
en un bien
comme
ralit
le
suppose
le
positivisme
scientifique
))
d'un Littr; ou
en
que
dans
l'histoire sont
d'ordre
conomique
et
matriel,
comme
devrait
l'indice
l'enseigne
marxisme.
L'observateur impartial
conclure
est
d'un instinct
les
de deux
contraires
la reli-
l'origine divine
de
209
que
dans l'Eglise seule se rencontrent et s'harmonisent, sans se diminuer ni s'altrer, une expansion idaliste si violente que
partout ailleurs elle amnerait immdiatement les plus sanglantes catastrophes, et une lucidit raliste
si
positive que
de bastel fait
de vue,
mais plus
Un
inexplicable
la
si
1'
idalisme
idal
))
catholique
fond sur
la
Vrit, et
si 1'
auquel l'Eglise
ordonne
vie
humaine
excellence. Actuellement,
se un
le
oriental.
A
une
propos du bolchevisme,
et
qui
doit
sans doute se
vrifier
fortement aide
les
se reprsente d'abord
comme de
me
le
on
s'aperoit,
avec
le
temps,
et
sement contestable, que ces dmons sont des homm.es, capables de courage et d'esprit de sacrifice, dvous, quelques-uns du moins, un idal, et ne se rsignant que pour
le
servir
leur
impose
210
ANTIMODERNE
qu'ils
promouvoir l'hygine,
la
pdagogie,
les
labo-
ou
les
regarder
comme
accidents
tait
ngligeables
Charlotte
raison,
les
l'erreur
des demi-
non pas
l'intrt
mais d'aprs
les
les
font,
tels
voil
tels
englus;
car
pourquoi pris
l'ordre vrai
comme
personnes
ou
adversaires de
tels
ou
tels
de
la
L'un
et
l'autre parti
emploient
tant
les
d'ordinaire
mme,
donn
commune mdiocrit de
l'ordre
et
l'espce
humaine,
dfenseurs de
d'offrir
de
la
vrit
ont parfois
chance
que
leur
la
cause qu'ils
reprsentent,
nit
celle
de
l'tre,
celle
du
rot,
en dpit de
leurs tares,
les
mes
Carlyle.
Mais
enfin
si
la
raison juge
d'aprs ce qui
tion bien plus
elle
condamne
les ouvriers
faisait
de destrucl'opinion
du
peuple; que
par une
211
Ce que
l'histoire,
jugement du monde
reprochera
c'est prcisment
le
s'effacer,
de Turelure feront
la
d'honntes citoyens.
droit
Un
violation
du
naturel
la
peut,
aprs
expriences
dvoratrices
et renier,
de
chair
hu-
maine
s'attnuer en durant
la ncessit le
dans
la pratique,
cause
de
de
le
vivre, les
dogmes
qu'il invoque
en thorie. Mais
forme animatrice, on ne
Il
de vue que
social
et et
les forces
de des-
truction qui
lisent les
riat,
menacent l'ordre
actuel,
et
que symbo-
mots de bolchevisme
sont
seule
du vieux levain de
les
la
Rvolurusses,
tion antichrtienne.
On
communistes
ne perscutent pas
ils
les
croyances religieuses
le
Je
le
pense bien,
plus urgente
(2).
Mais
(1) Je lis aujourd'hui (fvrier 1921), dans le rcit que Wells consacre son voyage en Russie, et son entretien avec Lnine, que celui-ci a rcemment cess tout fait de prtendre que la Rvolution russe soit autre chose que le commencemnt d'une re d'expriences iltimites. Si l'on essaie de raliser ce mot de Lnine, en se reprsentant les expriences que les conceptions scientifiques , habitant des cerveaux russes en libert, peuvent instituer sur la matire humaine, il aparatra beaucoup plus effroyable que les descriptions les plus pousses au noir des horreurs bolcheviques. (2) Depuis que ces lignes ont t crites, des informations plus eiactes sur la perscution religieuse ouverte, la proscription de tous livres
212
lement,
ANTIMODERNE
dans son principe mme.
la
fois
c'est
un
effort
intelli-
monde
ait
pratiquement
l'humanit
dans
en
insr
cit
en
que
cit,
toute
exclusivement terresla
et
en faisant de
l'Homme
et
de
Science humaine,
Marx,
le
Ma-
gouvernant l'Histoire.
Il
parat
non moins
clair toutefois
tuel
Il
o manque
l'ordre
rait
justice entre
l'homme
1903,
et
DiEU.
crivait
Pie
en
dans l'encyclique dj
cite,
L
ne pas
sentir son
me
saisie
de
crainte et
hommes,
titre
les progrs
de
les
la civilisation,
avec un
dirait
tel
acharnement
uns contre
?
les
((
qu'on
Sans
il
((
cette paix,
DiEU;
et
publications de caractre mtaphysique ou religieux, l'effort systentrepris par l'ducation d'Etat pour violer dans l'unie des le tmoignage naturel de Dieu, sont venues attester l'vidence le vrai caractre de la rvolution bolcheviste.. Il faut dire ici que l'indiffrence spirituelle de l'Europe chrtienne au drame le plus sombre des temps modernes vst un crime qui ne peut pas ne pas se payer.
m.'ilique
enfants
213
et,
la justice
carte,
esprance
La
en
est,
et
en
((
((
pelient
le
parti
!
de
l'ordre.
Hlas
vames esprances,
choses,
peines perdues
la
il
De
:
partis
tranquillit
au milieu de
le parti
perturbation des
n'y en a qu'un
de DiEU. de
la
Ce
majest et de
la souverainet divine,
quelques
efforts
:(
Christ... D'o
et
il
suit
que
ramener
les
hommes
chose...
la
l'obissance
divine
sont
une
seule et
((
mme
est
?
Or, o
:(
JSUS-ChrisT
est ton
c'est
:
l'Eglise.
:(
l'Eglise
refuge
Le monde
>ur le
rit
fait
Dsobissance,
refus
de
l'autorit
de l'Eglise,
sur le refus
de
:
l'auto-
du Christ,
sur
le
refus
de
l'autorit
de DiEU
disons
XXXII, 17. de caplo Eutropio ;, _.Tif 6. Plusieurs fois S. S. Bolot XV a exprim avec force les mmes vrits,~"n particulier dans .on discours au Sacr-L'ollge du 24 dcembre 1919 (Cf. Documentation atholique, 10 janvier 1920).
(1) Is., (2)
Hom.
214
ANTIMODERNE
comme
la
le
monde depuis un
entendu,
sicle
(considrs
social
bien
comme
il
groupe
suffirait
ou
comme
classe,
de poser
quelques questions.
ni les droits
l'Eglise,
Qui
les
a congdi
DiEU
et
l'Evangile ?
de DiEU
mconnu
et
des
reli-
ment divin de
leur lgitimit ?
Qui a
et
trait les
pauvres
comme une
Qui
pch
dogme de
Qui
la
bont originelle
et
de
des droits
loi
de
la
concupiscence
a promulgu que la
de
qui
la
mais
la
jouissance,
cherch
comme
et
le
royaume de DiEU
l'argent et le bien-tre
temporel,
cial.
rig
Qui
s'est
public? Qui a
Qui
de
le
lui
s'est
dte
de
la
en
le
de
travail infra-humaines ?
la
Qui
}
a appris se scan-
daliser
de
souffrance,
refuser
la
loi
de DiEU,
res-
treindre le
Qui
a fait
un devoir
215
? ?
Qui
La
mot de
sainte
Ca-
cur de
de
la
misricorde.
Ceux
DiEU
en
lui
la
sainte perfection
Justice,
trbuchent et se
Les
et
for-
ces mfrieures
volont,
qui
est
de
l'ordre
et la
ternel,
qui
mesure
librement la misricorde
vengeance.
la
Nous
poss-
classe
devenue brusquement
la
classe
les
des mourants de
Mais
comdiens de sang
que
marxistes
athes,
diriger
l'histoire
la
humaine,
ne
sont
que
la
L'ordre
ordre
social
politique
actuel
fera-t-il
place
un
ment
Au
point de
Ce
dont l'observateur, en
effet,
dit relative
ciale,
de notre
civilisation et
de notre
structure
so-
lent et
de
la pourriture
gies rnovatrices ne
manquent pas,
de dsordre,
elle? sont,
216
infiniment plus
crot et
ANTIMODERNE
faibles,
le
ne
le dit
d'ordmaire.
Mais
de
l'histoire
condaires.
Et
Omnia
et
si
qucs.
jecsii nobs.
tibi,
Domine,
mandatis
in
quia peccavimus
et
tuis
non obedivimus
la
(1),
parole de JSUS
ChrisT
Si
il
Sinon,
sans frais.
est
probable que
le
En
nous
((
tout cas
une chose
pas
et
est
la
claire
nos yeux
le
c'est
que
ne
luttons
pour
dfense et
maintien
luttons
de
l'ordre
social
politique actuel.
Nous
pour
du patrimoine humain,
sur la terre, et
les
rserves
divines
qui
subsistent
pour prparer
et raliser l'ordre
nouveau qui
droit
Georges Valois a
vigoureusement
notre
reconnaissance
pour
avoir
affirm
avec
:
dans
Il
le
domaine politique
elle vaut
dans tous
les
domaines.
im-
il
convient de har
le
monde moderne
tinctive
donc
l'iniquit
(1) iHtrot
du
jernoli
la
seMaime de
la
Passion.
217
l'ini-
comme
nous hassons
la socit
S'il
ne
s'agissait
que de dfendre
la
Rpublique de
maonnerie, ou
et
kantienne, ou la morale
de M. Bourgeois
et
de
M.
Buisejt
son,
ou
la
Science
qui
dtruit les
hommes, ou
et
la
qui
n'aime pas,
qui
rassure
?
gens riches,
qui
donc
des
salut,
c'est
de
a t dit
in
Nec enm
* * *
nomen
datum
hominibus,
vivifier.
Sous
le
travail
de
des
germinations
prcieuses.
Pen-
du monde,
l'avenir
en
quelques points
l'Eglise,
d'lection.
le
Voyez dans
depuis
crises
et
pendant quelles
affreuses
le
la
restauration
du Pape
vers le
la
infaillible, le
grand mouvement
la
mes
Sacr-Cur
et vers
Mre de
la
rnovation de la philosophie et de
retour
vie
thologie de saint
f t
Thomas, comme au
iiturgique
la vie spirituelle.
218
ANTIMODERNE
le
Voyez dans
/l
tit
monde
de
que
la
m-
rit,
dans
le
domaine
polil'lite
tique
et
dans
le
domaine
social.
Considrez
sicles,
vers le Christianisme, et
que
la
comme
la seule
lumire stable,
comme
intellectuelle intgre,
En
vrit, malgr
est
les
boue
l'poque actuelle
et elle
annonce
beaux combats.
profondeur des
il
maux
qu'elle
ait
subir
pour un
temps,
faut bien
qu'un joui
DiEU parmi
le
fait
Cela,
le
spectacle
actuel
de
l'univers
voir
fulgurante, et la
Mre Eglise
le sait
depuis longtemps.
une mansutude
si
grande
fille
ane. Benot
XV
n'a-t-il
pas expar
le
prim
un
jour
le
regret
qu'il
me
Le peuple
retour*
(1) Depuis que ces lignes ont t crites, il convient aussi de meu' tionner l'acte par lequel S. S. Pie XI a mis officiellement la France sous le patronage de la sainte Vierge et de sainte Jeanne d'Arc.
219
ne resteront
Les
fautes
((
la fille
de
tant
de mrites, de
jour viendra,
tain,
tant
de
soupirs et de tant
de larmes.
trs
Un
loin-
et
la
France,
comme Saul
:
sur le
chemin de Damas,
et entendra
((
sera
une
voix
c
((
rptera
Ma
:
fille,
pourquoi
es-tu.
me
pers?
cutes-tu ?
la
Il
Et
sur sa rponse
:
Qui
Seigneur
voix rpliquera
t'est
Je
suis
JSUS que
tu perscutes.
dur de
regimber contre
te
:
l'aiguillon,
parce
que
elle,
a
((
ruines
toi-mme.
Et
((
que
je
ments assoupis
et le
comme
par le pass,
tous
les
peuples
et les rois
de
la terre.
part
quelconque cooprent
dromes,
vraiment
les
auxiliaires
des
forces
divines,
de sant o
se rfugie,
et
la
la
Et
fin
quand bien
mme
d'entre eux
ignoreraient
dernire laquelle tend leur labeur, c'est bien pour les intrts
si
de Dieu, pour
le parti
de DiEU
dit
qu'ils travaillent;
:
Qui
n'est
pas
220
avec moi
est contre
ANTIMODERNE
moi
,
est (1).
Ah!
a dit aussi
la
Qui non
esti
besogne
ncessaire que ceux dont elle prend les forces n'ont pas
dpend l'uvre du
Est-ce d'eux,
et avant tout ?
salut,
comme
de
causes
prochaines.
cependant,
qu'elle
dpend principalement
et
cette
DiEU
et
l'aimer,
qui
achvent
en
Il
eux-
mmes
celle
n'y a
c'est
efficace,
parce
qu'ils
sont
unis
immdiatement
humaines du XVIl'
considrons
l'orai-
de
la
restauration
classique,
Mre Agns de
tout
Jsus,
ou de
la
conduite de
de con-
mains
terrestres aider la
Vierge de Douleur
et
soutenir
sur la
dont
les
bras,
en croix,
ne se peuvent abaisser
Je
pleure,
disait
saint
Franois
d'Assise,
seule,
la
parce
que
l'Amour
charit,
(1)
La
charit
un dluae de
qui
est
charit,
Marc, IX, 59
221
contraire
du sentimentalisme humanitaire,
la vrit et
et
qui
est insparable
de
de
la justice,
lui.
car c'est
DiEU
avec
saint
Augustin
(1)
La
ennemi,
le plus
souvent c'est ton frre que tu hais, et tu l'ignores )) e exige que nous aimions jusqu' donner notre vie pour
leurs
mes,
si
cela
tait
ncessaire,
tous
et
ces
hommes
front
qui
fer,
cur
un
de
me
ceux que l'envie communiste souhaiterait supprimer comdes bourreaux repus de sang, et ceux que la peur bour-
comme
humaine. Mais
le
faut,
soit
quand
bien
vrit,
le
des mes
et
les droits
la
de DiEU. La charit
est aujourd'hui
expulse de
le
vie publique.
Mais
dans
secret
entretient dans
ces mes est moins trouble que le cours des astres par les
l'histoire
JSUS-Christ,
le
dialogue
de l'amour divin
se
poursuit
comme
bien
le
si
rien
de
Aussi
si
parfait
contemplatif demeure-t-il
comme
son
me
(l)
tait
utique
rigatur
nos
diu
est
modo
ita
eorum, utnim usque in finem perseveraturus tt plerumque cum tibi vidons odisse inimicum. frntrem cis. (Leons IV et V des Matines du Jeudi saint )
quis
liv, 1 Omnis malus aut ideo vivit ut coraut ideo vivit, ut per illum bonus exerceatur. Utinam ergo qui exercent, convertantur, et nobiscum exerceantur tamen quamsunt ut exerceant, non eos oderimus quia in eo quod malus
: ;
:
sit,
ignoramus
et
odisti
nes-
222
non tradaret
stscularia,
ANTIMODERNE
nec curaret de statu mund, nec de
pace, nec de guerra, nec de sereno, nec de pluvia, et plane nec de aliquo hujus sculi; sed soli Deo conformiter totaliter
intenderet,
vacaret,
et inhreret (1).
intelligence
d'un
tel
mystre.
tout
La
vie
sur-
de
je
la
charit intresse
avant
l'ordre
moral
comme
tel,
libre arbitre et
de Vagir
pris
intrieur.
Or
thomistes
et
(2)
dans sa libert
l'acte
mme
spirituelle,
DiEU
il
et
de
lui-mme
une partie
libre,
de cet univers
quoi
est
donne il reste de soi cach aux Anges, auxquels DiEU cependant la connaissance naturelle de toute son uvre d'artiste,
c'est--dire
de
On
comprend
alors,
ou on entrevoit pourquoi
titue l'histoire
et les destructions
cache de
les
vnements
qu'une
et
de
l'histoire
du monde,
d'oiseau,
aussi pure
aussi intacte
tranquille
qu'un
chant
un
rayon,
un
le feuillage
d'un bois.
On
comprend
de
mme
avaient les yeux fixs sur les grandes pripties de cet univers
Jsus autem,
Jean de
transens per
mdium
illorum, ihat,
(1) (2)
a.
VIII.
S.mnt-Tiiom.\s,
Cursus thcoL,
t.
IV,
q.
58.
Qua
ralione AngeUis
RFLEXIONS
et pourquoi,
S,UR
LE TEMPS PRESENT
223
inversement,
DiEU
acte de charit, ou un quart d'heure d'oraison de quitude, qu'au fracas de la chute d'un empire, ou d'une rvolution
sociale.
Samedi
saint,
avril
1920.
ERNEST PSCHARI
Chapitre VI
ERNEST PSICHARI
Seigneur, est-ce donc Mais quoi simple, de vous aimer ? (Le Voyage du Centution.)
!
si
Par sa mre,
la
fille
tenait
fois
du sang hollandais
il
des Schefer.
M.
Jean Psichari,
et
!
tenait
de
((
la
Il
Grce.
y a en
catho'et
du
soleil
et
de
la
brume.
Ligne
et
pro-
de
foi
et
exprs, qu'Ernest
semble-t-il,
et
des
SchefTer,
protestants,
la
violents
et
tmraires,
la
complexit
ont
de
richesse
contribu
est
beau de penser
et et
qu'une
dans
la
telle
diversit
de race
ciel
s'est
fondue
harmonise
a pu,
douce lumire du
de Ftance,
grce
228
ANTIMODERNE
la-
entrer
comd'une
me
lment dans
si
contexture
d'un
si
type
d'me,
personnalit
aise.
authentiquement,
merveilleusement fran-
Puis, dominant
de son ombre
comme un
du grand-pre.
quand son grand-pre
est
mort,
et
le
souvenir
lant
du
vieillard
Par-
de Perros-Guire
livre,
le
Je reverrai,
crit-il
mier
le
bois
monieux,
sentier o,
je
suivais
des yeux
de gnie.
crivait
{]),
Mon
petit-fils,
qui
cinq
ans,
Renan dans
s'amuse
c'est
tel-
son
Examen de
la
:
conscience philosophique
lement
campagne,
de
que
se coucher
la
Maman,
demande-t-il sa mre,
est-ce
nuit sera
longue aujourd'hui?...
de
la
lumire,
il
l'aura
sur
la
terre.
On
se tromperait,
me
semble-t-il,
si,
pour apprcier
l'in-
me Renan,
on
se
contentait,
le
en est plus ou
fi)
moms
Cit
Psichari
jjar M. (ditions
ERNEST PSICHARI
229
qu'on
voit
l'influence
se diffuser autour
de
lui
dans
le public. Il
n'y a pas
l seu-
de nature.
C'est une
influence
plus
profonde
et
plus subtile sans doute, mais aussi qui laisse beaucoup plus
de jeu
par
la
et
de
libert;
tellectuelle.
Quand on
quand on
que
l'a
crivain,
et
parmi
les contin-
gences ordinaires de
ses ouvrages
vie
intime,
comment voulez-vous
Je crois qu'Ernert
pas
qu'il
ait
jamais
trs et
fortement
critique.
impressionn
C'est
surtout
par
son appareil de
point de vue de
il
science
l'art
de
au
Plus tard,
rien
devait
me
d'un
Le Renan
le souvenir et l'at-
me
parat
que
le
Renan
dsaffect
moins formel,
mme
foi.
et
que l'influence
le
intellectuelle
pe-
230
tit-fis.
ANTIMODERNE
Et ce qu'Ernest rencontrait ce point de vue dans
agnostique,
avec,
du ct de son pre,
libre-ipense
jadis
croyant,
humaniste
et
combamauvais
du
ct
de
sa mre,
protestante
qu'elle
avait
reue
d'assez
de Renan,
mais
et
si
leve,
je puis dire
une
acceptation
sup-
les
conflits
crs
quand
j'allais
chez Ernest,
de l'atmosphre d'optimisme
qu'on
sais
respirait l,
et
je
ressentais
artificiel,
obscurment
je
je
ne
quoi
d'involontairement
ne
sais
de
la vie.
Comment
des pauvres,
des prisonniers,
des agonisants
se
demanoriginel,
Je comprends
le
pch
mme
la
misre
mtaphysique
de
la
nature
humaine,
taient rellement
Et c'est
il
largeur
luttait
de vues
pas
foncirement antichrtien.
On
n'y
contre
le christianisme.
On
:
tait
il
assimil,
et
dpass
loin
de vivre plus
du Christ.
d'ajouter
ERNEST PSICHARI
quoique baptis, n'a reu aucune espce d'ducation
gieuse.
231
reli-
et elle
de
Quand
lui,
je l'ai connu,
il
au lyce Henri-IV,
il
n'avait pas
quinze ans,
j'tais
tait
en rhtorique).
Avec
il
quelle joie,
avec quelle
sensibilit ardente et
nuance,
!
ses
de
l'intelligence
Il
avait
une merveilleuse
de
se
humanisme juvnile
des violences du
XVf
sicle
que de
la
morbidesse moderne.
les
De
bats
vrai,
d-
de
Une
rel et
un ap-
du
de
l'objet,
tisme,
et
comme
fausse
rudition,
pour se moquer de
historique
Wolf
et
du
vieil
Homre.
la
nature que ce
moment o
les
beau-
du monde
et
sder
Le
li
et
en Bretagne, Rosmapamon,
232
dans
la
ANTIMODERNE
maison de Renan,
en
cette
soit
en Touraine,
qu'il
soit
en Seinedans
et-Marne,
Ile-de-France
clbre
livrions
la
l'art
de
peinture l'huile,
je
me
l'autre; la nuit
le
la
bougie;
lendemain,
diligence,
de
la
de
la
Nous
faisions
il
tait
beau-
coup question de
'pratiquions
rcitations
!
de
soleils couchants.
et
Nous
normment Baudelaire,
le
dilection.
tout prendre,
les
modernes,
vivait plus
le prsent,
et plus tard
lais-
les tentatives
de
l'art
contemporain
Il
me
s assez indiffrent.
trouvait aussi,
la
in-
lecture
de l'Imitation,
Auguste Comte, on
le
sait,
tait
dans
le
mme
cas.
Et
Pleure de
voir gai
comme un
et
Quand
Psichari,
je
et
pense l'enfance
l'adolescence d'Ernest
ERNEST PSICHARI
233
Le
rale
trait
mo-
gnreuse,
six
limitation
et le
tout petit,
te son
manteau
donne un camarade
pauvre;
tel
le
dans
la
nage grave
plus
nature.
totale,
compass.
une franchise
extraortraver-
sensibilit
dinairement riche,
tumultueuse,
frmissante,
grave,
de soi-mme, seule
Trs peu d'atdans
la
liait
et l'opprimait.
Des complexits
de vanit
ni
mme
Un
Une
promptitude
ds que
le
instantanment,
cur
tait
mis en branle.
Une
inoubliables,
admirablement
francs
droits,
taient les
chez
lui
au flux du temps
et
stabilit singulire,
aime,
pour laquelle
il
a parl magnifi-
quement.
234
NTIMODERNE
tait
un violent, ^l
il
Et
il
avait la
si
tait
vigou-
de
en ralit,
trs
peu
l'influence d'autrui.
et
En
outre
la construction ins-
d'ombre
et
de lumire, dconcercela
l'observateur
tard,
superficiel;
la
tout
devait
lui
s'harmola
niser plus
quand
grce installerait en
paix
Mais
surtout
il
tait
de ceux
uvre humaine,
et
les
rend inadapts
il
du
dsert.
lui,
Il
comme
tait
on
ne
s'arrterait pas.
De
l l'impres-
de
prsence et de
et
la ralit
du
spiri-
Rien
plus naturel,
la
que
pr-
de
faire
ralit
sente.
Rve
tude
intrieure,
raison;
la
et
action
la mesure
ainsi
marque de
quelque grand
sacrifice,
il
leur
faudra
un
ERNEST PSICHARI
jour lutter seuls
235
devenu chrtien, Er-
avec DiEU.
Une
fois
nest trouvait
une saveur singulire cette parole du Seigneur Un autre te ceindra, et te mnera l o l'aptre Pierre
:
tu
ne veux pas
aller.
lui
comme
son propre
ardente,
mais,
Il
si
mes
heur-
se
qu'un
devant
enseignement
lui,
il
foncirem.ent
fusa;t
composait de vastes
dissertations
et
des
pomes
au
symbolistes, et son
me
faite
pour
la
certitude pienait au
contact
lui
proposait
douloureuse au fond.
nom Ce
la
se prsenta
en
1902.
On
ne dira jamais
le
mal
subtil,
et
quelquefois irrparable,
esprits.
Ernest
eut
le
temps de
vanit
de
cette
fausse
science, il y passa sans s'y attarder. Il suivait plein d'enthousiasme les cours de Bergson ,avec cette quipe de fi-
dles que
Pguy menait
Collge de France;
les ides
de Bergson,
toutefois,
n'ont
236
ANTIMODERNE
II
les plus
timentales.
anne-l,
et
l'anne
emport
dsespoir semla
comme
il
pour se venger de
vie en se
saccageant lui-mme,
ch dont
dans
tion
le
il
vingt ans,
dira-t-il
Voyage de Centurion, Maxence errait sans convicdans les jardins empoisonns du vice, mais en malade,
par d'obscurs remords, troubl devant
la
et poursuivi
mali-
du mensonge, charg de l'afreuse drision d'une vie engage dans le dsordre des penses et des sentiments.
gnit
Dans
faction
ces excs,
il
faut
la
voir
de l'me dont
je
me
le
reproche,
cur
instruit
gorg de Spinoza.
nourrie
nan
et
Rdempteur,
!
et sur qui
Il
et le devile
dans
le
lac
du cr qu'elle entreprend de
chercher.
Ce
qu'il
ERNEST PSICHARI
pas davantage.
toi
237
Ah
sainte
imptueux que
mme
ide
la
Je ne
dois
pas
oublier
dreyfusard
ardent.
Son
hostilit
l'gard de
alors
comme
le
rempart de
la raction
)).
qu'au fond
excitation
dreyfuslenne
avait
quelque
chose
d'artificiel.
monde
de
cet anarchisme
politicien et
je
veux
croire,
la dsagrgation de la France et de
conservatrices
fltri
toutes
les
forces
de son
tre,
monde
qu'il
si
vigoureusement
tait
enferm dans un
intrieure
de douleur, de maladie
risquait
et
de discorde
le
son
me
purement
et
simplement
il
naufrage dfi-
nitif.
Au
plus mauvais
et
moment,
se sauve par
un redreset
sement de volont,
de
238
ANTIMODERNE
ici,
il
Renversement de
la
table des
Conversion de
intellectuel,
l'antimilitarisme dreyfusien,
de l'anarchisme
la
du
dilettantisme
sorbonique,
doctrine
!
de
pour
l'action
ordontout
ne
et discij)line ?
Allons donc
il
tout
cela viendra,
le
s'agit
moment de
et
il
s'agit
de
se sauver d'abord
de soi-mme,
du
gouffre intrieur.
Si Ernest enfant
c'tait celui d'tre
et
dsordonn,
!
de ne pas
en
har
une cer-
taine confusion.
Ah
avait
il
dique.
tudes,
Son pre, en
le
lui
l'aidant
Et
je
comment
et
le
magnifique
bouillonnement
intrieur
dont
parlais tout
Ne
aversion de
Mais
la
lui
c'est
bout
livrerait
de
se
l'Epouse du Cantique
ordinavit in
me
charitatem.
Il
les dit
Il
au
contraire
les
plus
dociles.
seulement
de
les
C'est d'un
et
principe
d'ordre transcendant
qu'il
avait
besoin,
c'est
ERNEST PSICHARI
d'un
et
tel
239
Au
d'une
sortir
du
heureuse enfance et
imaginative,
mis,
adolescence
merveilleusement
:
en
tu
en face de
la
tristesse
de
la
dvorante
mer en
comprend
qu'il
est
:
perdu, et qu'il ne
lui
reste
qu'une ressource, un
espoir
la
rforme
le
de
de ce dsorson indivi-
dre auquel
dualit matrielle,
de son moi
lui,
hrditaire.
d'appui trouver en
trahit et
qu'il
se perd }
suflt-il
Son
voir,
intelligence
et
sa
et
volont
dsire.
Mais
Il
:
de
de
dsirer,
de bien
juger
faut
un moyen de
raliser.
Un
moyen, un moyen,
un seul
mme.
Pour crer lui-mme en
rattacher un ordre
lui
se
donn parmi
hommes. Pour
se re-
dpendant.
Il
a compris cela,
il
est sauv.
Son Ange
gar-
dien peut respirer. Par un geste simple de l'me, cet enfant prostern a
|>enser.
d-e
240
de r immanence, des
ANTIMODERNE
droits
de l'homme, de tous
les
d-
Une
servir.
la caserne.
spiritualit.
athe
Il
ira
son cole de
pas prir de
classe.
misre
spirituelle,
soldat
de
deuxime
Il
Voyez
monde
voit
le
est
en d-
est
spar du monde.
Mais pour
le
moment
il
ne
voir Beauvais,
que
la
premire
la
caserne,
dans
cette
activit
il
rgle
d'hommes dont
ici,
et
il
il
le
fait,
il
lumineusement
il
qu'il
chez
11
lui,
il
devait tre, l o
devait rester,
o
Eln
sauverait
la
son dpt.
stupfaction, non pas sans doute de ses
1904,
monde des
il
in-
il
signe
change d'arme
et passe
Il
dans
l'artillerie
coloniale
comme
simple canonnier.
logis,
de marchal des
part en
mission pour
le
la
Congo
commandant Lenfant,
en France en
1908 avec
le
ERNEST PSICHARI
bassin de la
241
Sangha
et la plaine
du Tchad, o
Il
il
tait char-
entre alors
de Versailles,
d'oii
il
il
sort
sous-lieutenant
en sepd'oii
il
dans
une solitude de
itinraires
trois
annes,
parcouru
plus
beau des
spirituels.
rcit,
fit
Lorsque l'auteur de ce
crira-t-il
dans l'avant-
ses
premires armes au
de
la
France,
Il
il
lui
vie nouvelle.
deur
du monde
d'accomplir
la
premire
tape
d'une
Comprenons bien
de Dieu
car
il
s'agit
la
d'admirer
les voies
et les merveilles
de
prdestination
compre-
nons bien que cette rsolution d'tre soldat a eu, chez Psichari,
la
religieux
la chair et le
moi, dirait
Lon Daudet,
victoire
sur
de
le
l'esprit
libre,
de
dterminisme des
perturbation.
c'est
maximum de
Sans
pour-
lui
Dieu
mage,
homfois
effort.
pos, quelles que soient les dfaillances qui pourront suivre, portera ses fruits.
La
242
ANTIMODERN
ne peut se
si
On
faire
Psichari
Nous avons
Psichari
sur
de
sa
gnration.
Victime
et
hros
la
fois,
sensibilit exceptionnelle,
qui concenet
ralise
dans
son
exprience personnelle,
un
dont souffre le
ou deux gnrations,
en lui-mme, cet
et qui trouve le
homme
manire
extraordinaire.
Tandis
que
mauvais
matres
ne voient
mme
pas
le
lui
sent le vent
de l'abme, son
loin
descendu assez
ver
dans
le
en remontant toutes
les
premires
mconnues.
sa dtermi-
Mais pour
de
lui
faudra
beaucoup de temps, une lente laboration, une Dans son premier volum.e, Terres de soleil
meil, publi en 1908 son retour
m.aturation.
et
de somlivre
du Congo,
il
ne nous
encore que des impressions, parfois trop raffines, de paysages psychologiques et africains, avec une perptuelle invitation
au
plaisir
du risque
et
de
l'action,
et,
vers
la
fin
de l'ouvrage, un hymne
il
la
de
je
parlais
tout
l'heure. ce
Connat-il
religieuse ?
la
Aucune,
C'est au Congo, en
carte
ERNEST PSICHARI
que
je lui envoyais de la Salette Voyage du Centurion. Cette carte et
243
dont
parle dans le
lui
il
l'tonna, et ne
donna
tat
d'irrli-^
jadis se plaisait
dans
les glises
cathdrale
cisme que
cerne en
soldat africain.
c'est le fait
soi,
de sa vocation
On
et
dirait
Versailles,
puissant
excitant
intellectuel
rencontr
auprs de Pguy, qu'il aimait profondment, l'aida prendre mieux conscience de lui-mme et de cette vocation.
fait
le
sujet
'
beau
livre grave,
ddi Pguy,
montre
les pr-
me encore
ferme
1910,
le chant
du
de
retour
l'acf
militaire,
la
de
la discipline et
du
retour
amoureux
de
sait
haiV
pour
lchet sanglante,
et
glorifiait
l'arme de mtier et
tout son cur,
y prenait parti,
de
la tradition sacre
244
rations
les
ANTIMODERNE
peuvent oublier
la
abandons, de toutes
les ingratitudes.
Mais
la
il
faut bien,
lampe vacillante
Psichari,
brille
de nouveau dans
ici,
maison.
remarquons-le
l'absurdit
))
sez
vite
de
qu'il
la
mystique
militaire
l'quivalent
ce
qu'il faut
l'homme pour
n pourtant sa propre
pourquoi
logie
positif
il
histoire
individuelle,
on comprend
extrieur
de ralisme politique
la
et
social,
mais
de l'hrosme,
gieux,
vertus
et
de
on
comprend pourquoi
profitant
elle
plan
entre
reli-
d'ailleurs
des
analogies
relles
les
du
un ordre donn,
et les vertus
du
chrtien,
ralit,
du
religieux,
vertus
lui
En
elle n'a t
pour
re-
et
la
Mais
le
et
de
ce
transitoire.
De
caractre trange,
voire illogique,
de
l'Appel
des
armes.
Ici
c'est
prcisment
est
le
qui
serait
inadmissible
comme
la
systme qui
messes, qui a
et
comme
passage.
ERNEST PSICHARI
opres par leurs pres,
et sentent sur leurs
245
paules
le
poids
du monde
monde
le
pla-
comme de
ils
Dans
gesse
l'mscurit de tout,
les
n'ont
mme
pas
temps de
retrouver
dmonstrations essentielles,
ils
l'hritage
de
sa-
dissip,
savent
qu'ils
n'ont
que quelques
jours
fruit
en hte avant de
.
tomber dans
je
la nuit. le
Massis
c'est
l'a la
ne saurais
'
faire,
fie.
Dans une
notre
gnration
Notre g-
celle
de ceux qui
ont
commenc
le
leur vie
d'homme avec
d'elle
le sicle
est
imet la
nous
savons.
C'est
que dpend
et
le
salut
de
monde
de
la
civilisation.
Tout
se
me semble que
Ils
les
ni
des sceptiques.
vie.
Ils
Ils
travers la
Le
l'attitude
pragma-
raction
de
leur puissance
de senon avait
demeure
Henri Massis,
Le Sacrifice
246
empoisonn
ANTIMODERNE
leur intelligence.
et vite.
A
et
tout prix
il
il
fallait
balayer
ces sophismes,
tation
Assurment
si
y avait
puis
une ten-
d'anti-inteliectualisme,
et
je
dire
de
rous-
seauisme guerrier,
un pril
et
capital.
Si on ne
le
commence
rien
Verbe,
instinct
franais et catholique,
cette tentation,
ef-
fleure
ici
un
instant,
rapidement surmonte.
Psichari,
:
On
fassions,
crivait-il
trons
,
l'intelligence
au-dessus de tout.
est
pos-
sible
que
la
Mais un Fran-
que
le
pch
que
DiEU
leons
que
sa
la btise.
:
Et dans
/es
Voix,
prcise excellemment
pense
Quand
je dis
je prfre
Zoug aux
retour la nature
que
je
en
un sens,
III
Le 2
lettre
aot
date du 15
le
toi
tir
me
disait
((
Je pense
comme
que
philosophie
(et
que
la
dmonstration ne
je
en vnt
de
toi.
Dans
ERNEST PSICHARI
se puissent passer
247
an-'
Tout
essai
de
libration
bon gr
chrtiens,
une mchanet
de grand
comme
la scien-
de
mme
vient aussi
de
cette
morale, com-
me
((
Et
je crois
que ce sont
de
((
croire...
Ce
dmomende
lir
talit la
du
salut
mondains,
francs-m.aons,
radicaux-socialistes,
qui
ait
comme moi
l'loignement
de
notre cur,
que
la
relies
est
248
enseigne des
vrits
ANTIMODERNE
rvles
,
((
et
nous
amuser
re-
Maintenant,
mon
cher
Jacques,
je
t'en
al
dit
assez
tout
ma
si
confession.
Avec
chose
absurde
un catholique sans
la
fol.
belle
((
page
Il
la
vrit
soit
si
pouvais bien
me
tenir rigueur
je
tu
sem-
toi
qu'en ce que
la
!
La grce
dire
Voil
Tu
et
vas
me
l'erreur jansniste,
que
l'homme
non
du moins provoquer
!
grce
ne
sais
si
je dis bien).
suis,
il
Mais
n'y a plus
Abtissez- vous,
me
dit Pascal.
Mais
les
c'est Impossible.
l'
On
intelli-
gence. Vais-je
apprendre
Mais
disciples
:
d'Em-
du Christ
Deum
in
quem
in
me
sa
fait
infiniment
rver.
j'appelle
grands cris le
DiEU
qui
ne veut
pas venir...
ERNEST PSICHARI
249
une grande imporsalut individuel.
Tout
?
Il
ceci,
disait-il
encore,
a-t-il
tance
ne
que de mon
et
?
sa
fille
ane, la France,
mon
devoir
diffrence n'est pas possible. Celui qui n'est pas pour moi
est
mon me.
j'tais
))
Quand
sr
admirable,
grce, que
bien
DiEU
citer
voulait
son coeur.
laisser faire
je viens
de
rsument
Voyage
du Centurion. Toutes
image exacte
eu
et
les
et prcise
plnitude de
la foi.
Sur
la
conversion de
Psichari,
de raconter son
intrt
histoire,
le
moindre
la
de son
rcit,
les
Voix qui
deuxime
crient dans le
et
qu'il
avait rdig
une
version,
avait presque
est parti
pour
1915; ver-
il
o par
suite
il
tion
strictement historique,
250
ANTIMODERNE
sur le
mouvement de
sa pen-
Certes non,
c'est
son propre t-
moignage
ser ce qui
me
de sa con-
version.
Toute conversion
vritable
est
l'uvre de DiEU,
mais
vre
et
ici,
Dieu
la
ce qui
fait
la
beaut
valeur incomparable
retour.
C'est
la
rose
du
Hors de
toute influence
cre, loin
la religion,
tre part,
du
sans aucun
phnomne
et
extraordinaire d'aule
Dieu
parle l'me,
en ce fond de l'me o
l'me coute
et
rpond.
lo-
Audiam
quetur
dit-il
crise
en Mauritanie, nous
Nul drame
intrieur.
Nul
dchirement.
Nulle anxit.
Une
attente calme,
appuye
sur la certitude
foi
sacrements sauraient bien me donner plus tard la me faisait dfaut. Parfois je maudissais les dsor Cela aussi dres de ma vie, puis je me disais aussitt sera guri. Je rougissais de ma faiblesse dans la vie, mais aussitt je me disais Je serai fortifi. Je tremblais d'tre si abandonn dans la vie, mais aussitt je me disais Une main se tendra vers moi, un jour. Et mon cur
que
les
qui
))
((
battait
se rompre,
quand
reste,
je je
pensais ce
l'ai
que pourrait
tre ce jour-l.
Au
dit,
Psichari avait t
ERNEST PSICHARI
baptis sa naissance, et sa conversion n'est pas
celle d'un
le
251
comme
lui
homme
en janvier 1912,
sur
les
de l'Adrar,
et
de
la grce.
ses d'alors
((
Le Pre
cleste:
((
Comme
je
l'aimerai,
:
quand
je
((
je
serai
catholique.
La
Sainte Vierge
Comme
je
dit,
serai bien
humblement
:
ses pieds,
quand
je serai catho-
(;
lique.
rai.
))
Et encore
je
ft
Comme
j'aimerai
quand
je
l'ai
croi
((
Mais
ne doutais pas,
comme
que
ia
foi
((
ne
me
donne un
jour...
j'ai
vcu
si
longtemps
esprance
avant
de recevoir
les
sacrements,
cette
grande
si
qui m'tait
donne
alors
la
que
je la mritais
peu, je sais
maintenant quoi je
alors,
mme
nuit;
ds
elle
ma
me
fant
venait de l'eau
du Baptme que
j'avais eu le
bonheur
l'en-
ne
sait
pas...
Un
les
jour
Sidia,
(les
son guide
maure,
lui
demande ce que
Issa,
il
Nazarens
l'Islam regarde
comme un
grand prophte
mon ami,
de
la
est le fils
Dieu. Puis
demption,
il
raconte toute
l'adorable histoire de
RII
la
252
s'arrte, la
ANTIMODERNE
gorge serre,
et
il
Il
prche JSUS-Christ,
il
lui-mme
lui
!
ne
sait
pas
s'il
croit,
ne
sait
Tant
l'Esprit
de DiEU
presse malgr
son coeur
m'a racont qu'en 1912, pendant cette immense randonne solitaire dos de chameau o il mdita
J'ajoute qu'Ernest
si
prement,
il
se sentait prt,
si
surgi
devant
lui,
mdiatement.
Ce
sion
qu'il convient
donc de de
de Psichari,
de
c'est
ralit et l'efficacit
relle
la la foi.
science
Le grand-pre tait parti dans les ombres de humame, et des discussions des philosophes et des
que
dispense le Saint-Esprit.
Rien
n'illustre
mieux que
la
conversion de Psichari
la
pre par
la
volont,
rectifie
elle-mme
la
et
dresse
vers
DiEU;
la
et oii
ce redressement de
foi,
volont,
indispensable
gense de l'acte de
o ce
rapt, cet
enlvement du
que chez
rel,
le la
Centurion de l'Adrar
dont
du secours externe de
mieux
marqus
que
Dit, sont-ils
dans
l'attente
sacre
le
de
Psichari
Peut-tre
ne connatrons-nous jamais
bonheur du cen-
ERNEST PSICHARI
turion
253
rtoit,
sisterons pas
que
le
bon DiEU
la
entrera
sous notre
quand
rit,
il
lui
plaira.
Voil
la v))
et
L'acte de
est
dit,
les curieux
d'alimenter
c'est
leurs
croyance humaine
faire
une ide. de
Cette
Dieu
ment
saint
Augustin,
des sens
et
la
con-
naissance charnelle.
venir au Fils,
;
le Christ
mais
et
le
comment
voyons
(1).
ne
pas.
est
par
trop
se-
crte...
Sans doute,
paration
tiques.
il
faut
foi
prudentielle
de
valables
la
fondements apologfoi
Mais
le
motif formel de
la
foi
n'est pas
dans
les
arguments humains,
tifiquement
drait
ou rationnellement acquise
et mritoire ,
la
laquelle
le salut,
survien-
un mode surnaturel
pour
foi
comme
suite
est
essentiellement
et
surnaturelle
quoad substantiam,
la vrit la
par
trations apologtiques,
mais dans
est
mme de
la
la fois ce que
nous croyons et
M.
L.,
t.
Augustin,
De
prdestinalionc
sanctorum,
XLIV,
254
ANTIMODERNE
comme
la
lumire est en
mme
temps ce qui
est
vu
et
sur
Adhrer au
dit
t-
saint
Thosinon,
la vrit,
dans
la
mesure o c'est
le
faut
que
la
foi
de l'homme
elle-mme,
...
(2).
((
la vrit propre
la
la
connaissance
divine
en transcendant
Il
:
vrit
de
l'intellect
humain
Loi
y a
trois
choses
la raison naturelle, la
tmoignages de
et
la
et
des prophtes,
prdication
des aptres
de
leurs successeurs.
a t conduit ainsi
il
comme
alors
:
ni
ges de
lumire que
(3).
DiEU
que
la
la
foi
tient
sa
Enfin les
commencements mmes de
foi,
et
mme de
croire
ce dsir
lequel
par
(1)
C'est
l'enseignement
du
De
/!
Veritate,
q.
14,
a.
iv,
8.
Joanncm, cap.
lect.
5,
n.
2.
ERNEST PSICHARI
l'me se
et veut
255
qui sauve
et veut
fie
affectueusement au
DiEU
du pch,
et
l'esprer,
don de la grce et vient l'homme par l'insdu Saint-Esprit (2). Et ce que le Centurion a vcu
en Mauritanie, n'est-ce pas tout d'abord cet initum jidei, ces branlements surnaturels et ces premires illuminations
de
la grce,
tout ce vaste
les
mouvement
appellent
d'intelligence et de
volont que
foi
thologiens
l'intention
de
,
la
? Aprs
la
de
la foi
qui
suppose
Mais
c'est toujours
le
jugement de
crdentit
faut
croire,
foi
ment aprs son retour en France. Ce n'est pas que les fondements apologtiques raisonnablement valables, les motifs de crdibilit rationnelle manquent au Centurion. Mais
ils
ne se prsentent pas
comme
et
ou philosophique, disons purement spculative. Fautmme il s'en tonner ? Et qui demanderait un malade le musculaire qu' un homme bien portant ? Chez beautravail
coup de ceux qui ont grandi dans l'atmosphre du monde moderne, et qui se sont, en raison mme de leur ardeur
intellectuelle,
(1)
(2)
saturs
de
ses
miasmes,
l'intelligence,
a.
si
5.
Cf.
Gardeil,
La Cr-
dibilit
l'apologtique,
p.
15-65.
256
brillante et
si
ANTIMODERNE
pntrante qu'elle puisse tre, est encombre
lui
d'obstacles
elle est
lit
qui
font
perdre
de
sa
vigueur
naturelle;
et plus
languissante en ra-
grce DiEU,
tion
de
la
la plus
de
sanction
telle
de
grce
tait
qu'une
Psichari,
ds l'origine,
la
lettre
le
dit
que
je
citais
tout
l'heure.
En
la
de
sert seront
seront strictement
lui
personnelles,
et par
rapport
lui.
Credendo
in
Deum
11
ire.
11
en
a
les racontant.
fait
Dieu
de
la
Et de quoi DiEU
pauvret
du silence
Il
(1),
(2),
de
la
mditation perptuelle.
purant
s'est
la
servi
de V ducation du
dsert,
ce cur dans
comprendre que
tout
accommodement
que
((
Point
(le
(k'-sir
do Dieu sans
le
silence.
cf.
d'une
p.
Rien ne nous avance dans la vie spirituelle comme poigne de riz par jour et d'un peu d'eau sale.
243.
ERNEST PSICHARI
soiff
257
aussi la ncessit
tout,
je sens
de divin
lui
faisant
:
comprendre
Ici,
abandonn de
suis sr,
un pan-
chement de l'me,
me...
s'est
fait
Il
pur
soit-il,
faut
que
l'infini
lui
11
servi
du contact
spirituel
qui
la foi et la saintet,
lam,
pour qui
l'encre
savants
vaut
la
mieux que
vraie
foi
ni
la
morale du plus
saint
des Maures
.
ne
suffit
Il
s'est servi
du visage de
la
trouve en lui-mme
comme
le
visage
maudite
et la
, et qui l'aidera
comprendre o
vraie
saintet.
L'apologtique
du Centurion
(telle
du moins
qu'il
l'a
vcue au dsert,
a
pu recevoir plus
lui-mme,
traites et
sonnes
la
France.
Toutefois,
qu'il
n'y
ait
pas
ici
de malentendu
(1) Telle quelle, avec son sens plein, cette phrase a agi camme un puissant ractif sur le cur de Psichari, lequel ne s'est pas proccup d'en rechercher l'auteur et la gense. A vrai dire, l'auteur, Hasan Basri, l'a prononce quand, en Islam, shahd (martyr) ne se disait encore que- pour le a tu l'ennemi , et lim (savant) dsignait aussi le contemplatif , et non pas seulement le jurisconsuFte. (Cf. Louis Massignon, Essai, p. 107.) Dans l'esprit de Hasan signifiait-elle seulement, comme nous l'crit M. Massignon, la prcellence de nature de l'intelligence sur la volont ? Elle reste aussi, nous semb!o-t-il, la formule typique d'une pense qui ignore la charit et son primat de et c'est ce titre qu'elle a agi sur Psichari. fait dans la vie humaine
;
258
licsme parce
ANTIMODERNE
que
le
et ses sentiments.
Un
et
subjectivisme
lui
et t has-
sable.
rel,
Mais lui-mme
c'tait
un objet donn;
ce qui
et
apparat
les
comme
qui
ralit,
toutes
vrits
du dsordre ennemi de de
la
l'tre,
ce qui ap-
comme
seul capable
de
la vie
? Il
pourrait dire,
comme
il
'aveu-
gle-n
pu
que
et
faire.
catholicisme
fait
corps
grandeur et
de
de
la
France.
Un
tel traditionalisme
purement
tranger
la
national
en matire
religieuse
tait
foncirement
son esprit.
Ce
de
Fran-
et la ralit spirituelle,
il
tient
pour
de
l'esprit,
et
l'esprance du
tablir
monde:
convicet
tion
difficile
((
sans
doute
mathmatiquement,
aussi
prsomptueuse
consciemment au fond de
la
lui,
il
et
l'a
valeur d'une
Ce
vraie,
vidence;
de
la
France, qu'il
sait
ne
serait
rien,
est-ce
que ce
ERNEST PSICHARI
C'est
est
la
259
vers elle seule qu'il
les
c'est
tendu.
?
Que
cherche-t-il donc,
voyageur
servi
tre
De
belles ides ?
Toute
il
yeux au
ciel,
lui
ce
sa vie
on
en a
profusion.
vrit.
de
Entendez-le bien;
il
ne
dit
pas un matre
vrit.
d'action ou d'nergie,
dit
un matre de
Ne
le
intellectuels,
Il
et
l'intelli-
gence.
sa
virginale
inflexible
il
mtrts humains,
cette nef
Que
ja-
elle-mme de Notre-Dame
rase
tout
mais,
trs
si
Marie
n'est
vritable
impratrice.
Que
cette
France prisse,
que
mensonge!
il
mys-
de
la sain-
Voil
le signe, voil la
Dans
ma
comme
les
me. Mais
toutes,
taient
des
chrtiennes: le renoncement,
l'humilit,
l'asc-
dtachement du monde,
tisme, la chastet,
non
l'esprit
de pnitence,
celle
du
la
mais celle
mme
de
l'esprit.
J'prouvais un bonheur
fois
260
ANTIMODERNE
Et puis
je pensais
me
monde.
je
Alors,
aprs
les
regards d'amour
le
vers
le
paradis,
ne
jamais interdit.
La
religion
?
qui
proclame une
telle
morale,
est-elle
donc fausse
a,
Je sens qu'il y
toutes les
l'horizon,
mes des
des vierges
et
ds
Tous me
font
violence,
m'enlvent par
la
force
veux de
tout
mon cur
je
veux
veux
la
veux
m'avan-
vers
la
plus
haute
humanit,
vers
le
grand peuple
en-
derrire le
sillage
dans
le
immense du
Allons,
Il
me
disais-je,
courage
DiEU
aura
piti
de
nous.
tout
me
et alors
s'clairera,
croire
se prsentaient
Mau-
Plus tard,
il
se construira
des Voix
qui crient dans le dsert. Mais encore une fois ce qu'il faut
le
Voyage du Centurion,
ERNEST PSICHARI
c'est
toire
261
tout
autre
chose
qu'une argumentation.
C'est
l'his-
de
et
la
du
saint Dsir,
c'est un long
combat de
un homme.
ans o
DiEU
lutte
IV
Le
15 octobre
crit
d'Agoatim,
Psichari,
sentis
ma
ment dans
rire
le pass.
Un
moi.
Un
aussi
lourd
crpuscule
mes
annes de misre.
et
Mais
de puret,
une aube se
et
levait,
fois-ci,
J'allais
Eglise,
catholique,
et
afxjstolique et
romaine,
j'allais
j'allais vers la
demeure de paix
de bndiction;
hlas! vers
ma
guri-
Et
alors,
de
rais
loin
me
je
pleu-
de bonheur, d'amour
lorsqu' Ernest
il
de reconnaissance.
Pourtant,
fut
cembre 1912,
eut un
si
moment
ment, se demandant
262
ANTIMODERNE"
tait
un catholique
suffisait.
la patrie lui
tait
sincre.
!
Et comme on
sentait bien
qu'il
le
ne
disait
pas
la vrit
Un DiEU
aprs,
11
pcheur d'hommes
tenait
dj
dans son
filet.
Quelque temps
sait
il
me
de
s'instruire.
lut la
Vie de
saint
cordaire, le Catchisme
livres;
du diocse de
lui
aucun peut-tre ne
apprit
tant
que
11
le
Missel,
dont
.
il
commena
d'aller la messe.
Un
jour
il
me
dit
Mais
salut
Il
c'est curieux,
mon
comme
je
retrouve bien
Et comme
elle
apparat
tel
tel
le
Une
autre fois,
qu'il
comme
je
lui
disais,
inquiet
de
le
voir
soucieux,
la sainte
ferait
prier
voil
Vierge:
Oh! me
rire,
longtemps que
le
Le 4
Pre
le
fvrier
1913, Ernest
fut
!
Clrissac.
Quel souvenir
la et
sont
soldat fidle,
grand
reli-
gieux,
pur
comme
qui
l'coutait
debout.
Ma femme
tmoins.
Ernest
ERNEST PSICHARI
lit
263
les
IV
et
de Pie X. Le
et
croit,
petit-fils
de Renan renoue
la
la
chane,
affir-
me
tradition
apostolique,
rentre
dans
communion des
fit
il
saints.
Ce jour-l, il Le 8 fvrier,
9,
il
sa premire confession.
reut
la
le
sacrement de Confirmation;
la
le
communia,
chapelle de
le
Sainte-Enfance. Nous
lui et
((
Pre Clrissac,
retour,
il
moi,
:
Notre-Dame de
Je sens que
))
Chartres.
Au
disait
au Pre
je
donnerai
DiEU
tout ce qu'il
me demanDomi-
dera.
Le
19 octobre 1913,
il
nom
saint
de Paul,
ration
qu'il avait
qu'il
voulait
devenir prtre.
si
je
puis
deux surs,
ce
lui.
il
Il
pensait
au
fils
de Michel,
et
Lucien dont
dsirait tant le
Il
baptme,
pour lequel
de pou-
hsitait
cision sa
mre
qu'il
chrissait,
avec
toutes choses)
qu'il redoutait
normment de
fait
contrister.
Du
ct
avait
laige
accueil
ses
264
sentiments de foi,
religieuse dont
les
il
ANTIMODERNE
avec
mme
mu,
tait trs
mmes
dont
il
apprhensions.
Son
se sentait fait,
avait dj l'esprit
un degr
singulier.
Que
demi
la
dans
lumire de l'Elglise
lui,
Ce
de
qui frappait
c'est
l'abondance
plain-pied
la vie
surnaturelle.
tait entr
comme de
dans la vie chrtienne, et il y avanait sa manire hroque et candide, avec de grands bonds dans la lumire. Il
avait pour le mystre
lui
de
la
Sainte Trinit
comme
et
pour
ardent.
comavait
Le Pre
Clrissac
lui
vie de se tenir
chaque
instant
comme
allait
l'instant
Tous ceux
et
qui
sa
simplicit
intrieure
sa
modestie.
On
peut
que
sa
solitude
s'approfondissait
sans cesse,
taient
dans
la
vie
Bailleul.
L'un des
Goichon
avec des
traits
d'intimit
charmants,
cette
vie
d'Ernest
Psichari
d'aprs
des
documents
iricdits,
ERNEST PSICHARI
Cherbourg,
cueillir
265
est
d'aprs
les
tmoignages qu'elle
alle
re-
sur place.
Qu'on ne
pris
il
ait
rien
perdu de
la
mde
des conventions, ne
sais
ni
ni
ce
je
rissac
lui
un
atome de pharisasme,
qui n'est pas tout
fait
mme de
il
innocent
inconnu dans
monde
le plus
pieux. Je
me
me
disait
avec
grand s-
rieux
qu'il
c'tait
qu'une
lui
difficult
faudrait sans
sacrifice
Dame,
lui
un
considrer.
sa
ne
fallait
pas
deIl
mander de composer
restait
physionomie, ni
il
son
langage.
soldat et pote,
gardait toute
infinies.
la
richesse
de
sa
sensibilit,
aux rsonances
teinte
de
de
la
pnitence
le
et
de
la
rparation,
et
mys-
de JSUS.
en novembre
1914,
il
Comme
le
je
l'crivais
plicit et la droiture
avec lesquelles
allait
par
deur
et la gnrosit
de sa
foi,
il
tait
bien
le frre
du cen-
turion
de l'Evangile,
et
qu'il aimait
modle
pour patron.
si
voir l'tat
de grande
libert int-
rieure, et
je puis dire
266
levait
nait
ANTIMODERNE
son
me,
ses
mr pour
le ciel.
Ce
du ct des
exemgot du
hros, c'est
ples.
du ct des
tout
franc
le
Son
avait
il
vrai
fond,
c'tait
ChrisT, qui
Il
voulu
la
vrit
elle,
vcu
d'elle,
est
mort pour
de
la
mort admirable
de
la
patrie,
et
Dieu,
d'un
con-
de
l'autel.
est
soir
sans
rpit,
combat s'achevait
le
et
les
Alle-
village
de Rossignol.
Comme
de
frappa
retournait
sa
pice,
au poste
le
une balle
la tempe.
En
vrit
cependant,
sur les
il
d'agir.
Son
rayonnement
mes a
une extraor-
dinaire intensit.
Ceux
c'est ainsi
1921.
29
71
La Libert Intellectuelle
De Quelques
Thomiste
Conditions
de
la
Renaissance
113
1
Connaissance de l'tre
59
195
Ernest Psichari
227
H, Rue
des Ursullnes
PARIS-5'
EDITIONS DE LA
DESCLE ET
c'',
30,
THEOLOGIQUE
DE
SOMME
SAINT
THOMAS
D'AQUIN
lectuel et spirituel.
Demander
la
rue St-Sulpice
Paris
(vi*)
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