Regime Juridique de La Tierce Detention - Mai2003
Regime Juridique de La Tierce Detention - Mai2003
Regime Juridique de La Tierce Detention - Mai2003
RAPPORT DEFINITIF
PARIS, LE 27 MAI 2003
Eversheds Paris
Frere Cholmeley
8, place dIna
75116 Paris
Tel : +33 1 55 73 40 00
Fax : +33 1 55 73 40 11
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Associ lEtude de Matre Bassalifou Sylla
Rue Famalo Coulibaly, BP 259, Bamako
Tel : + 223 2 23 85 20
Fax : + 223 2 23 23 89
Page
INTRODUCTION ................................................................................................................................. 4
p. 2
4. NANTISSEMENT DE MARCHES............................................................................................. 69
4.1
REGIME JURIDIQUE DU NANTISSEMENT DE MARCHES......................................... 69
4.1.1
REGIME JURIDIQUE DU NANTISSEMENT DE MARCHE........................................................... 69
4.1.2
NANTISSEMENT DE MARCHE ET DROIT OHADA ................................................................ 71
4.2
PROBLEMES D'APPLICATION DU NANTISSEMENT DE MARCHES ............................ 75
4.2.1
PROBLEMES PRATIQUES ...................................................................................................... 75
4.2.2
PROBLEMES JURIDIQUES ..................................................................................................... 75
4.3
PRECONISATIONS ............................................................................................................... 76
4.3.1
PRECONISATIONS PRATIQUES .............................................................................................. 76
4.3.2
PRECONISATIONS JURIDIQUES ............................................................................................. 77
5. LE NANTISSEMENT DE MATERIEL PROFESSIONNEL................................................... 79
5.1
REGIME JURIDIQUE DU NANTISSEMENT DE MATERIEL PROFESSIONNEL..... 79
5.1.1
DROIT APPLICABLE AU MALI AVANT LENTREE EN VIGUEUR DE LOHADA ..................... 79
5.1.2
DEPUIS LENTREE EN VIGUEUR DU DROIT ISSU DE LOHADA ........................................... 82
5.2
PROBLEMES DAPPLICATION DU NANTISSEMENT DE MATERIEL PROFESSIONNEL..... 85
5.2.1
EXISTENCE DE LOIS ANCIENNES COMPLEMENTAIRES ......................................................... 85
5.2.2
INTERACTION DU CODE DE PROCEDURE CIVILE, COMMERCIALE ET SOCIALE AVEC
LAUS ................................................................................................................................. 86
5.2.3
LOCALISATION DU MATERIEL ............................................................................................. 86
5.2.4
INTERET ECONOMIQUE ........................................................................................................ 86
5.2.5
COMPUTATION DES DELAIS ................................................................................................. 86
5.2.6
ORDRE DES PRIVILEGES....................................................................................................... 86
5.2.7
COUTS ................................................................................................................................. 87
5.3
PRECONISATIONS ............................................................................................................... 87
5.3.1
MODIFICATION DU DECRET................................................................................................. 87
5.3.2
MODIFICATION DU CPCCS ................................................................................................. 97
5.3.3
INSERTION D'UN TEXTE CONSOLIDE DANS LE CODE DE COMMERCE .................................. 97
ANNEXE 1 LISTE DES PERSONNES RENCONTREES ............................................................ 98
ANNEXE 2 TABLEAU SYNOPTIQUE.......................................................................................... 100
ANNEXE 3 REGIME JURIDIQUE DU CAUTIONNEMENT MUTUEL................................. 105
ANNEXE 4 REGIME JURIDIQUE APPLICABLE EN FRANCE AUX NANTISSEMENTS DE
MARCHES PUBLICS ...................................................................................................................... 107
ANNEXE 5 BIBLIOGRAPHIE ....................................................................................................... 115
ANNEXE 6 AVANT-PROJET DE REFORME DES DISPOSITIONS RELATIVES A LA
TIERCE DETENTION..................................................................................................................... 117
p. 3
INTRODUCTION
Dans le cadre du projet de dveloppement du secteur financier malien, financ par
l'Association Internationale de Dveloppement (IDA), le gouvernement de la Rpublique du
Mali a dcid de procder une tude sur les Garanties Collectives, la Tierce Dtention, le
Nantissement du Permis d'Occuper, de la Lettre d'Attribution, des Marchs, et du Matriel
d'quipement Professionnel (ci-aprs dsigns les Garanties ).
A cet effet, la Cellule de Gestion du Projet de Dveloppement du Secteur Financier du
Ministre de l'Economie et des Finances de la Rpublique du Mali (ci-aprs dsigne la
Cellule de Gestion du PDSF ) a choisi de confier notre cabinet, Eversheds Frere
Cholmeley, cette tude juridique sur les Garanties avec pour objet principal (i) de dcrire
chacune des Garanties, leur mcanisme de mise en uvre, les difficults d'application qu'elles
suscitent, (ii) d'tudier la compatibilit des Garanties avec les Actes Uniformes OHADA et
notamment l'Acte Uniforme portant organisation des Srets et (iii) d'laborer des solutions
propres amliorer leur efficacit.
1.
p. 4
2.
Cette tude sinscrit dans un contexte politique et lgislatif supranational galement soucieux
damliorer le systme bancaire et financier. En effet, de nombreux actes militent en faveur
du dveloppement du secteur priv et de la modernisation du secteur financier des pays
africains.
Les Accords de Cotonou1 font notamment rfrence la ncessit de favoriser une politique
approprie pour la modernisation des services financiers et le dveloppement du cadre
rglementaire qui leur est applicable.
Le Nouveau Partenariat pour le Dveloppement de lAfrique2 (NEPAD) fixe galement pour
objectif de renforcer les services financiers et de pallier les risques inhrents aux
financements effectus par le renforcement des institutions de crdit et de leurs modes de
fonctionnement.
Par ailleurs, notre tude intervient environ cinq annes aprs lentre en vigueur des
principaux Actes Uniformes de lOHADA. En effet, le trait relatif lOrganisation pour
lHarmonisation en Afrique du Droit des Affaires (ci-aprs dsign le Trait ), sign
Port Louis (Ile Maurice) le 17 octobre 1993, est entr en vigueur en Rpublique du Mali le 18
septembre 1995. Le trait OHADA a pour objectif principal llaboration de rgles communes
dans ses Etats membres relatives au droit des affaires. Ces rgles sont dictes sous la forme
dActes Uniformes vots par le Conseil des Ministres de lOHADA.
Jusqu ce jour, le Conseil des ministres de lOHADA a adopt les huit Actes Uniformes
suivants :
-
p. 5
Trois de ces Actes Uniformes ont un rapport direct avec lobjet de notre tude sur les
Garanties. LAUS pour le rgime gnral des srets, lAUDCG pour leur inscription, et
lAUPSRVE pour leur ralisation.
La problmatique gnrale pose par lOHADA consiste tout dabord analyser la
compatibilit et la coexistence entre les srets dj rgies par les lois internes propres aux
Etats Membres ou devant tre labores par ces derniers et lentre en vigueur des Actes
Uniformes prcits.
3.
p. 6
La Cour Commune de Justice et d'Arbitrage (ci-aprs dsigne par la CCJA ) a rendu une
opinion sur ce sujet le 30 avril 200111. Selon la CCJA, l'article 10 du Trait a pour effet
d'abroger et d'interdire toute disposition d'un texte lgislatif ou rglementaire de droit interne,
prsente ou venir, ayant le mme objet que les dispositions des Actes Uniformes et tant
contraire celles-ci. La CCJA prend soin de prciser que l'abrogation concerne galement les
dispositions de droit interne identiques celles des Actes Uniformes et que le terme
disposition peut dsigner un article d'un texte, un alina de cet article ou une phrase de cet
article. La CCJA souligne explicitement dans le mme avis que lorsque certaines seulement
des dispositions d'une loi ou d'un rglement national sont contraires, les dispositions non
contraires celles de l'Acte Uniforme demeurent applicables.
Nous sommes favorables cette interprtation, qui semble fidle la lettre de l'article 10 du
Trait, pour deux raisons. La premire raison rside dans le fait que la premire interprtation
de cet article 10 ne rgle pas le problme du sort dune norme de droit interne qui naurait pas
exactement le mme objet quune norme rgie par un Acte Uniforme. Concrtement, peut-on
tolrer que les Garanties soient abroges parce quelles ne sont pas expressment prvue par
lAUS ? La deuxime raison est, par consquent, la souplesse de la seconde interprtation.
Elle permet en effet de sauvegarder une norme de droit interne, tout en gommant ses
imperfections, cest dire ses aspects contraires avec un Acte Uniforme. Pour reprendre
toujours lexemple des Garanties, la question et sa rponse ne sont alors plus les mmes. Les
Garanties sont-elles prvues par le droit OHADA ? Dans la ngative, ces Garanties sont-elles
conformes lesprit du droit OHADA des srets ? Toujours dans la ngative, quels sont
alors les moyens de les mettre en conformit ?
Le fait quil puisse exister en marge du droit OHADA, des dispositions internes qui lui sont
contraires ou non identiques constitue un facteur substantiel dinscurit juridique. Ces
dysfonctionnements emportent des consquences nfastes pour les oprateurs conomiques
deux niveaux :
-
au premier niveau, lincertitude juridique quant au choix de lapplication dun texte peut
dissuader linvestissement ;
au deuxime niveau, des oprateurs bien informs pourraient se servir de cette incertitude
pour rattacher leurs rapports contractuels avec le droit pour lequel ils ont le plus dintrt.
4.
L'existence de mcanismes de garanties efficaces et satisfaisants pour les prteurs est une
condition ncessaire pour stimuler les investissements internes et trangers et assurer leur
scurisation.
En effet, le prteur, banquier par exemple, sollicit pour l'octroi d'un concours des
oprateurs conomiques, voudra se prmunir contre plusieurs risques : risque de concours
avec d'autres cranciers, risque de dilapidation par le dbiteur de son patrimoine, risque de
perte ou risque d'immobilisation de l'avance consentie.
11
Demande dAvis de la Rpublique de Cte dIvoire enregistre au Greffe sous le n002/2000/EP du 19 octobre 2000. Avis
n001/2001/EP, sance du 30 avril 2001.
p. 7
De plus, le recours au crdit a pris un nouvel essor au Mali avec un accroissement du nombre
de crdits octroys en particulier dans les zones CMDT et Office du Niger mais galement
dans les zones urbaines dans lesquelles les initiatives et entreprises locales, formelles ou
informelles ont besoin de financement dispens par des tablissements de crdit comme des
banques, organismes de micro-crdit ou des Socits Financires Dcentralises de plus en
plus nombreux. Il convient donc de mettre en place des moyens faciles et peu coteux pour
encourager la constitution et la ralisation de garanties de telle sorte que celles-ci puissent
favoriser le financement des entreprises travers lensemble du territoire de la Rpublique du
Mali. Grce un systme juridique de garanties rnoves, simplifies et efficaces, les acteurs
conomiques des secteurs primaires et secondaires pourront plus facilement avoir recours
des financements et dvelopper leurs activits.
La Rforme du Droit des Srets constitue ainsi un des lments clefs du dveloppement
conomique au Mali, dans la mesure o les mcanismes de garantie sont destins (i)
scuriser la ralisation et le fonctionnement de projets et de travaux d'infrastructure ainsi qu
(ii) renforcer les investissements oprs par les institutions financires, correspondant des
besoins ncessaires l'amlioration du cadre de vie des populations et au dveloppement
durable et (iii) dvelopper le crdit dans de nombreux secteurs conomiques.
Le renforcement du cadre juridique applicable aux garanties existantes permettrait
incontestablement de faciliter le dveloppement du secteur priv et du crdit en Rpublique
du Mali qui pourra mobiliser plus facilement des fonds.
Pour achever la modernisation du droit des srets au Mali, et dans le cadre de ltude qui
nous a t confie, il convient de noter quil est souvent considr que les srets doivent
runir dans lidal quatre qualits fondamentales pour tre efficaces12 :
-
les srets doivent pouvoir voluer en mme temps que la crance principale ;
les srets doivent tre simples dexcution, rapides, efficaces et peu coteuses.
5.
Mthodologie
Nous avons donc procd lanalyse des cinq srets objet de notre tude (garanties
collectives, nantissement de permis doccuper, nantissement de matriel, tierce dtention et
nantissement de marchs) en tentant de vrifier si celles-ci runissent les qualits principales
que les constituants et prteurs sont en droit dattendre de ces garanties, tout en considrant
les particularismes maliens et en respectant les aspects traditionnels inhrents aux droits
applicables au Mali.
Par ailleurs, il convient de prendre en compte la dimension supranationale de ltude lie la
mise en uvre rcente du droit issu de lOHADA qui a eu un impact important sur le droit
12
p. 8
des srets applicable au Mali. A cet gard, notre tude a pris en compte la mesure des
progrs inhrents au dveloppement des srets cres ou rformes par le droit OHADA et
tent de proposer des solutions pour mettre le droit malien en conformit avec le droit
OHADA ou tout au moins ladapter pour le rendre simple dutilisation lors du recours au
srets.
Pour raliser cette tude, nous avons effectu des recherches dveloppes auprs des
instances et praticiens intervenant dans les processus de prt et de recouvrement de crances
par le biais de questionnaires envoys fin fvrier 2003 et distribus par notre correspondant.
Nous avons galement effectu des entretiens au Mali, en particulier Bamako et Sgou
entre le 2 et le 9 mars 2003 puis des entretiens tlphoniques dans les semaines qui ont suivi
ces dplacements.
Nous remercions particulirement lensemble des personnes rencontres ou contactes dont la
liste complte figure en Annexe 1 qui ont apport par leur exprience un clairage
indispensable la comprhension du contexte bancaire et financier malien et au recensement
des difficults rencontres par les praticiens.
Nous avons par ailleurs eu recours une analyse comparative des expriences dautres pays
pour nous permettre chaque fois que cela est possible didentifier les pistes qui pourraient
mener lamlioration du cadre existant pour renforcer lefficacit des srets analyses et
par la mme occasion lessor du systme bancaire et financier malien.
Nous avons men nos travaux en concertation avec Monsieur le Professeur Pascal Ancel qui a
suivi leurs dveloppements successifs.
Notre mission a t organise de telle manire que les suites de cette tude puissent tre
values sur la base dun tableau de bord et de suivi comparatif des normes applicables
chacune des srets. Le modle de ce tableau figure en Annexe 2.
Pour chacune des Garanties, nous avons tudi successivement le rgime juridique applicable,
les problmes dapplication rencontrs en pratique, notamment les distorsions entre les Actes
Uniformes OHADA et le droit interne malien, puis nous avons labor des prconisations
destines amliorer leur application pour rpondre aux termes de rfrence tablis par la
Cellule de Gestion du PDSF.
***
p. 9
1.
Lune des composantes de notre tude porte sur une sret appele garantie collective qui
revt au Mali une grande importance dans le cadre du financement des activits des
organisations paysannes (associations villageoises, groupements villageois, tons villageois et
diverses structures cres par des paysans, rcoltants, leveurs, pcheurs, etc., ci-aprs
dsignes OP ) ayant recours au crdit auprs de structures de financement.
Les garanties collectives ne sont pas des srets spcifiques pour lesquelles se poserait un
problme de comptabilit du droit malien avec le droit OHADA. Il s'agit d'une pratique
particulire du cautionnement solidaire. La question qui se pose est celle de la validit ou de
l'efficacit des contrats passs dans le cadre de cette pratique au regard des exigences que
pose le droit OHADA pour le cautionnement.
Au Mali, le crdit est, en effet, dispens par diffrents types de structures de financement
parmi lesquelles des banques mais galement les organismes de type systmes de financiers
dcentraliss ou SFD et des tablissements de crdit dont le dveloppement a t
particulirement encourag au cours de ces dernires annes13, en particulier, suite
ladoption de la loi n94-040 du 15 aot 1994 portant sur les institutions mutualistes ou
coopratives dpargne et de crdit complte par le dcret n94-032 P-RM du 20 septembre
1994 et modifie par la loi n95-074 du 15 septembre 1995, issus de la rglementation
UEMOA dite PARMEC .
Les SFD sont particulirement actifs en matire de micro-finance en fournissant un niveau
lev de crdits de faibles montants aux exploitants en zone rurale et bnficient, de ce fait,
dune exprience considrable des garanties requises auprs des exploitants, la plupart posant
problme du fait de leur manque de scurisation juridique. Cette situation sexplique par le
fait que les SFD se dveloppent sur la base des valeurs de proximit et de solidarit locale
constituant les fondements de leurs actions, sans que la formalisation des garanties soit une
proccupation.
Les SFD se refinancent ensuite parfois au niveau de banques denvergure nationale de type
BNDA qui agissent pour le crdit rural direct aux exploitants.
Les SFD comprennent principalement trois types de groupements distincts dispensateurs de
crdit (collectivement dsignes Banque(s) ) :
- les institutions mutualistes et les coopratives dpargne et de crdit ;
- les caisses villageoises dpargne et de crdit autogres ;
- les associations de crdit solidaire.
13
Rapport annuel dactivit de la Cellule dAppui et de Suivi des Systmes Financiers Dcentraliss (CAS-SFD) pour lanne 2001, mis en
octobre 2002.
Eversheds Rapport Dfinitif
Etude sur les Garanties Collectives, la Tierce Dtention, le Nantissement du Permis d'Occuper, de la Lettre d'Attribution,
des Marchs et du Matriel d'Equipement professionnel
p. 10
Les garanties collectives sont la plupart du temps consenties au profit dinstitutions de crdit
et adosses dautres srets telles que le nantissement de permis doccuper ou le
nantissement de matriel professionnel lorsque cela est possible.
Nanmoins, il semble que les prteurs prfrent largement les srets personnelles de type
cautionnement dans la mesure o celles-ci apparaissent plus contraignantes du fait de la
possibilit de faire pression sur les dbiteurs par la pression sociale en vue du
remboursement en cas de dfaut.
Si le principe de ces garanties ne semble pas devoir tre remis en cause en ce quil a montr
des possibilits intressantes comme cela a t soulign dans un rapport de la Banque
Mondiale du 6 juin 200014, il semble que les garanties collectives soient utilises relativement
souvent sans le suivi dun rgime juridique rigoureux, ce qui conduit des difficults de mise
en uvre lorsque des poursuites sont engages pour excuter les garanties constitues.
Labsence de garanties adaptes consenties par les exploitants ou les OP constitue lune des
causes du faible dveloppement du crdit moyen terme.
La pratique des garanties collectives existantes, assimilable un systme embryonnaire de
mutualisation des risques, ncessite donc quelques amnagements afin de favoriser le succs
des organisations de micro-crdit qui doivent se prmunir contre le dfaut de paiement de
leurs emprunteurs.
1.1
DEFINITIONS
Les garanties collectives constituent des srets utilises principalement dans les
zones rurales, essentiellement en zones CMDT et Office du Niger et dans une moindre
mesure dans les zones urbaines o les paysans, pcheurs, rcoltants et autres individus
du secteur primaire se regroupent en associations ou groupements pour emprunter et
garantir collectivement les emprunts souscrits sous la forme juridique du
cautionnement.
Il s'agit moins d'une sret particulire que d'une utilisation, dans un contexte
spcifique, du mcanisme juridique du cautionnement. Le problme n'est donc pas, ici,
de vrifier la compatibilit des rgles du droit malien avec les dispositions de l'AUS. Il
s'agit plutt de mesurer l'efficacit de la pratique par rapport aux exigences de l'AUS
relativement au cautionnement solidaire.
A ct du cautionnement solidaire, il semble galement que certaines institutions de
micro-crdit utilisent le gage de compte bancaire ou le gage-espces portant sur une
partie des sommes en compte prtes ou pour pallier les risques de dfaut de
remboursement. Ces garanties sont galement parfois incluses dans les contrats de prt
mais semblent relativement rares en comparaison avec le cautionnement solidaire.
14
Report n 20510-MLI, Project Appraisal Document on a proposed credit to the Republic of Mali, 6 June 2000, p. 10.
p. 11
1.1.2
TYPOLOGIE
DES
GROUPEMENTS
GARANTIES COLLECTIVES
CONSENTANT
LES
Il apparat que plusieurs formes dassociations ou groupements sont utilises par les
exploitants pour sassocier. Ceux-ci utilisent, le plus souvent, la forme associative
(associations villageoises) ou cooprative et plus prcisment le cadre cr par les tons
villageois, mme s'il existe apparemment de nombreuses appellations pour dsigner
les OP.
Selon une tude du CIRAD15, le terme d'organisation paysanne recouvre des
ralits trs diverses et en volution constante :
-
TONS VILLAGEOIS
15
p. 12
ASSOCIATIONS VILLAGEOISES
p. 13
que le cautionnement soit remis en cause si les actes de prts signs par les AV ne sont
pas eux-mmes valables.
La transformation en ton villageois n'est accorde qu'aux AV qui ont des activits
conomiques justifies par un bilan et un compte d'exploitation. Il peut tre constitu
dans le mme village plus d'une association villageoise dont le groupement peut
aboutir la cration d'un ton villageois unique.
1.1.4
p. 14
Par rapport aux srets relles que constituent l'hypothque ou le nantissement, l'acte
de cautionnement chappe la formalit obligatoire de l'inscription ou de
l'enregistrement. L'AUS institue, cependant, un formalisme obligatoire ayant pour
double objectif (i) de prserver les droits du crancier et (ii) de renforcer la protection
des cautions.
1.1.4.1
FORMATION DU CAUTIONNEMENT
acte crit16
16
Article 4 de lAUS.
Article 4 de lAUS.
18
Article 4 de lAUS.
19
Article 4 de lAUS.
17
p. 15
Lorsqu'un acte de cautionnement est requis, que ce soit par convention des parties, par
la loi ou par dcision de justice, la caution doit tre domicilie ou faire lection de
domicile dans le ressort de la juridiction o elle doit tre fournie (sauf dispense du
crancier ou de la dcision de justice).
solvabilit de la caution21
La garantie de la caution peut tre tendue aux accessoires de la dette et aux frais de
recouvrement de la crance. Cette extension suppose une mention manuscrite de la
caution dans ce sens, et cet engagement ne saurait dpasser la somme maximale
souscrite par la caution.
20
Article 5 de lAUS.
Article 5 de lAUS.
22
Article 7 de lAUS.
23
Article 8 de lAUS.
24
Article 8 de lAUS.
25
Article 9 de lAUS.
21
p. 16
EFFETS
Effets du Cautionnement solidaire
Article 10 de lAUS.
Article 13 de lAUS.
28
Article 16 de lAUS.
29
Article 17 de lAUS.
30
Article 13 de lAUS.
27
p. 17
Ds lors qu'elle est mise en demeure de payer ou poursuivie en justice pour paiement,
la caution doit aviser le dbiteur ou le mettre en cause avant de payer la dette au
crancier poursuivant, afin de connatre du dbiteur principal ses exceptions et moyens
de dfense, de les utiliser elle-mme ou lui permettre de les faire valoir.
La sanction de l'inobservation de cette obligation est la perte par la caution de son
recours contre le dbiteur principal si elle a pay en le privant de la possibilit de faire
dclarer la dette rduite ou teinte.
31
Article 18 de lAUS.
Article 7 de lAUS.
33
Article 13 de lAUS.
34
Article 14 de lAUS.
35
Article 18 alina 2 de lAUS.
36
Article 19 de lAUS.
32
p. 18
La caution qui a pay le crancier est subroge dans tous les droits et garanties dont le
crancier tait titulaire contre le dbiteur principal pour tout ce qu'elle a pay.
La caution dispose galement d'un recours personnel contre le dbiteur principal tir
de ses rapports contractuels avec ce dernier. Elle peut rclamer (i) le paiement de tout
ce qu'elle a pay en principal, intrts et frais engags depuis qu'elle a averti le
dbiteur principal des poursuites diriges contre elle et (ii) des dommages et intrts
pour rparation du prjudice subi du fait des poursuites.
1.2
De manire gnrale, le principal problme est que les garanties collectives souscrites par les
emprunteurs ne sont pas scurises 39 et ninspirent pas confiance pour plusieurs raisons.
Ces garanties sont souvent utilises dans le cadre de la micro-finance alors que les
interlocuteurs ne connaissent pas le cadre juridique qui lui est applicable. Il semble aussi que
leurs bnficiaires aient de plus en plus de doute sur la valeur de ces garanties lorsquelles
sont souscrites par des associations. Le mode de gouvernance des AV et autres groupements
est galement mis en doute et ninspire pas confiance aux prteurs.
A cet gard, les praticiens nous ont confirm que les groupements fonctionnent mieux en
milieu rural quen milieu urbain et lorsque les membres de ces groupements sont dans des
situations similaires (mme ge, mme sexe) ou lorsque la taille des groupements demeure
homogne et limite.
1.2.1
Le financement des OP est actuellement relativement difficile car marqu par des
risques importants et par labsence de garanties juges fiables. Les OP subissent, par
ailleurs, le poids dune histoire longue et difficile en matire de crdit du fait des
nombreux impays et dun endettement important, compromettant durablement leur
crdibilit auprs des Banques.
Article 20 de lAUS.
Article 21 de lAUS.
39
Rapport annuel dactivit CAS-SFD pour lanne 2001, mis en octobre 2002, p.8.
38
p. 19
De mme, il semble que le statut juridique choisi par les exploitants comme structure
de prt ne soit pas toujours trs clair et quun problme de terminologie se pose dans
la mesure o plusieurs formes de groupements existent et sont rgis par des statuts et
des modes de fonctionnement diffrents. En particulier, les rgimes de coopratives et
de tons villageois ne semblent pas suffisamment utiliss alors quils proposent un
cadre existant et un mode de fonctionnement rglement qui pourrait renforcer la
scurit juridique des transactions bancaires et financires du monde rural.
Par ailleurs, certaines associations comprennent un trs grand nombre de membres ce
qui complique la gestion financire et les facults de recouvrement en cas de difficult
de paiement.
Il semble important de souligner que malgr le rle lgal et statutaire jou par les
reprsentants lgaux de lassociation vis--vis des tiers, il apparat que le chef de
village est frquemment sollicit en tant quautorit morale charg de suivre les
problmes susceptibles de se poser dans la gestion locale. Cette situation est de nature
soulever quelques problmes lorsque les reprsentants lgaux et le chef de village ne
sont pas la mme personne et quune confusion est cre de ce fait.
1.2.2 PROBLEME
DE
CAUTIONNEMENT
RESPECT
DU
FORMALISME
DU
Il ne semble pas que les tablissements de crdit vrifient systmatiquement que les
dbiteurs membres de lassociation, ne sont pas en situation de surendettement ou plus
simplement quils comprennent ltendue de leurs engagements en tant que cautions
solidaires. Ce point devrait faire l'objet de mises en garde et de vrifications afin
d'viter d'aboutir des situations dramatiques de dessaisissement de la totalit du
patrimoine des emprunteurs et l'absence de confiance des prteurs.
Les reprsentants lgaux de lassociation nont pas toujours pouvoir et capacit pour
engager lensemble des membres en tant que cautions solidaires. La plupart des
procs-verbaux qui nous ont t montrs ne mentionnent pas, dans lordre du jour et
dans les rsolutions prises, lapprobation de lengagement de cautionnement pris par
tous les membres. Il faut rappeler qu'en principe, la caution ne peut tre engage que
par elle-mme ou par une personne qui elle a donn pouvoir spcial de s'engager
comme caution pour elle. Selon la jurisprudence franaise, ce mandat de se porter
caution est soumis aux mmes exigences de forme que le cautionnement lui-mme.
Les textes des procs-verbaux d'assemble gnrale soumis notre tude contenaient
certaines ambiguts. Il y est notamment constat, par exemple, qu'un prsident AV,
un secrtaire AV, un trsorier AV, un reprsentant SYCOV de l'AV et l'agent
d'encadrement ont sign pour l'AV ; l'objet et la nature de l'engagement qu'ils ont
pris ne sont pas clairs. Il pourrait s'agir de la signature du contrat de prt, d'une
autorisation de prlvement automatique des chances dues la Banque dont il est
fait tat dans le texte du procs-verbal, du procs-verbal des rsolutions de l'assemble
gnrale (bien que celui-ci semble avoir t sign par le secrtaire de sance
uniquement) ou mme de la nomination des reprsentants lgaux. Il serait ncessaire
d'viter ce type d'incertitudes.
Eversheds Rapport Dfinitif
Etude sur les Garanties Collectives, la Tierce Dtention, le Nantissement du Permis d'Occuper, de la Lettre d'Attribution,
des Marchs et du Matriel d'Equipement professionnel
p. 20
Il faut galement au regard de l'AUS que chacun des membres dun tel groupement
prenne sparment lengagement de cautionnement pour que celui-ci soit valable.
Daprs certains praticiens, lobligation dinformation pralable sur lentendue des
engagements de cautionnement pris par les cautions membres des OP nest pas
toujours respecte, contrairement aux dispositions de lAUS.
Les personnes illettres ne peuvent sengager sans recourir des certificateurs qui
explicitent celles-ci les engagements pris. Il semblerait quil ne soit pas toujours ais
dorganiser cette certification et de mobiliser des personnes lettres pour y participer.
Certains dbiteurs ont semble-t-il aussi contest les actes de cautionnement au motif
que ceux-ci taient en franais et non en langue nationale. Aussi, certaines banques
ont pris lhabitude de traduire les documents sans pour autant que cela soit une
formalit obligatoire.
Par ailleurs, lorsque le cautionnement est gnral, ce qui est relativement limit en
pratique, il apparat que les personnes physiques qui sont membres des OP et ont
valablement souscrit un engagement de cautionnement devraient tre informes tous
les trimestres de ltat des dettes de lassociation par les cranciers. Il semble que cette
exigence pose par larticle 14 de lAUS soit en ralit impraticable du fait des cots
quelle engendre, de la difficult localiser la caution, et du nombre de cautions
mobilis par un cautionnement solidaire.
D'une manire gnrale, il semble donc que la pratique actuelle des garanties
collectives soit en complet dcalage avec les exigences du droit de l'OHADA en
matire de cautionnement. Les cautionnements donns ne peuvent donc offrir aux
cranciers qu'une scurit tout fait illusoire.
1.3
PRECONISATIONS
Il nous semble que seules plusieurs actions simultanes court et long terme seraient de
nature amliorer la situation juridique et le fonctionnement de ces garanties collectives.
1.3.1
COURT TERME
1.3.1.1
MODIFICATIONS
NECESSAIRES
CAUTIONNEMENT COLLECTIFS
DES
ACTES
DE
40
Article 4 de l'AUS.
p. 21
Il semble que les contrats de prt ne soient pas annexs aux actes de cautionnement. Il
est donc ncessaire dinsister auprs des praticiens pour respecter cette obligation.
Article 4 de l'AUS.
Article 8 de l'AUS.
43
Article 14 et 18 de l'AUS.
42
p. 22
Enfin, il parat utile, bien que cela ne soit pas une prescription lgale, de mentionner la
nature et l'objet de ces obligations dans l'acte de cautionnement.
1.3.1.2
FORMATIONS
Il semble quun cadre juridique unique devrait tre propos pour runir les exploitants
et pour que les OP deviennent de vritables interfaces avec les SFD et les Banques. Il
conviendrait de rendre obligatoire lenregistrement des associations et groupements
auprs du Registre du Commerce et du Crdit Mobilier (ci-aprs dsign RCCM )
pour que les prteurs puissent y voir d'autres entits dotes de la personnalit morale,
capables d'ester en justice, d'tre contrles et d'assumer leur autonomie financire. De
fait, le recours aux rgimes de coopratives et tons villageois rgis par la loi du
26 fvrier 1988 pourrait tre dvelopp afin de sassurer que les groupements sont
enregistrs et fonctionnent selon un mode rglement plus fiable pour leurs
interlocuteurs. De mme, les OP devraient tre capitalises de manire plus
systmatique et plus importante pour tre mme de financer leurs actions.
Lvolution du statut des OP et leur indpendance financire pourrait dailleurs
permettre quelles se portent elles-mmes cautions des emprunts pris par les
exploitants plus long terme ou quelles sobligent agir en qualit de garant ou
Eversheds Rapport Dfinitif
Etude sur les Garanties Collectives, la Tierce Dtention, le Nantissement du Permis d'Occuper, de la Lettre d'Attribution,
des Marchs et du Matriel d'Equipement professionnel
p. 23
squestre des paiements en retenant une partie des sommes verses au titre des
rcoltes aux exploitants sur un compte bancaire.
Elles pourraient galement comme il en est fait tat ci-dessous participer la
constitution dun fonds de garantie des emprunts souscrits par corporation ou par
rgion.
Le nombre de membres de chaque association devrait tre limit afin de pouvoir grer
plus facilement les dossiers de crdit et les mcanismes de recouvrement.
Il semble que le rle de chef de village soit reconnu quasi systmatiquement de
manire usuelle dans la gestion des problmes associatifs quand bien mme le chef de
village nest pas le reprsentant lgal du groupement ou de lassociation. Il serait sans
doute opportun de renforcer son rle en lofficialisant dans le cadre de procdures de
conciliation en vue du recouvrement des prts ou de la mise en jeu des
cautionnements.
1.3.1.5
UTILISATION DU NANTISSEMENT
Enfin, dans certains cas, il serait peut-tre envisageable pour les exploitants de
substituer au cautionnement, le nantissement de rcoltes sur pieds, de stocks ou de
marchandises. Cette solution prsente lavantage dun formalisme plus lger.
1.3.2
LONG TERME
1.3.2.1
Il apparat que certains pays de la sous-rgion tels que le Bnin ont mis en place des
centrales de risques qui ont pour vocation de centraliser les informations lies aux
dbiteurs insolvables ou en situation de surendettement.
La Centrale de risque constitue une convention de collaboration entre diffrentes
institutions de financement prsentes dans une mme zone qui instaure des procdures
de rgulation de la concurrence, dchange dinformation, de traitement des problmes
de financement de cette zone.
Ce type de mcanisme pourrait permettre didentifier plus facilement les dbiteurs et
de vrifier de manire plus systmatique si les cautions potentielles peuvent
effectivement sengager en ayant recours ces centrales de risques pralablement
la signature des actes de cautionnement.
La mise en place de centrale de risque pourrait donc permettre de rguler et suivre la
situation des dbiteurs dans les zones o de lourds impays bloquent loctroi de
nouveaux crdits par les cranciers. Elle inciterait galement sans doute
lassainissement des encours. Ce mcanisme a dailleurs t prconis lors du
sminaire international tenu Dakar en janvier 2002 portant sur le financement de
lagriculture familiale dans le contexte de la libralisation, en citant lexemple mis en
place par les institutions financires intervenant Niono ou par l'Office du Niger au
Mali.
Eversheds Rapport Dfinitif
Etude sur les Garanties Collectives, la Tierce Dtention, le Nantissement du Permis d'Occuper, de la Lettre d'Attribution,
des Marchs et du Matriel d'Equipement professionnel
p. 24
1.3.2.2
Il semble que le gage-espces utilis dans le cadre des groupes de solidarit puisse tre
amliore en le structurant sous forme de gage de comptes bancaire ou de gage des
sommes en compte prtes.
En effet, les sommes prtes pourraient tre plus souvent en partie isoles sur les
comptes bancaires des groupements emprunteurs et gages aux fins de garantir le
complet remboursement des prts.
1.3.2.3
Le dveloppement du crdit bail qui fait lobjet actuellement dune tude au Mali
pourrait permettre de dvelopper le financement des exploitations rurales et se
substituer aux garanties collectives. En effet, dans ce systme, lorganisme financier
reste propritaire du bien jusqu son complet paiement et lutilisateur autofinance une
partie ds le dpart en apport pour quil prenne conscience de sa responsabilit. Il paie
des loyers rguliers jusquau complet paiement. En cas de dfaillance de cet
utilisateur, lorganisme financier peut reprendre son bien sans procdure spcifique de
contentieux.
Cette substitution du crdit bail ncessite toutefois de bien connatre les emprunteurs
et de suivre les chances de remboursement ce qui renforce la ncessit de recourir
au mcanisme de centrale des risques expos ci-dessus.
1.3.2.4
p. 25
en 2001 et semble tre en voie dtre rplique dautres secteurs afin de faciliter
laccs au crdit dans plusieurs corporations.
Le Fonds de Garantie Hypothcaire mis en place au Mali ces dernires annes semble
relativement proche du systme de cautionnement mutuel que nous proposons dans la
mesure o il permet aux emprunteurs de bnficier de laide de ce fonds qui se porte
garant auprs des banques qui ont prt, sous forme de cautionnement et en change
dune hypothque sur les biens achets par les dbiteurs.
De mme, le Fonds Auto Renouvelable pour lEmploi (FARE) propose de se
substituer aux PME-PMI sous forme de cautions dans le cadre de marchs de
btiments et travaux publics.
De tels mcanismes pourraient, avec des amnagements, se substituer dans chaque
activit ou corporation, aux garanties collectives pour plus de scurit juridique et
financire. Il semble que daprs les entretiens que nous avons mens, les praticiens
demandent et attendent ce type de mcanisme pour scuriser les crdits dispenss au
Mali.
Par ailleurs, il faut souligner que le Fonds International de Garantie (FIG), dorigine
Suisse, propose un type de garantie des emprunts des SFD assimilable au
cautionnement mutuel dans le sens o il garantit les banques auprs desquelles les
SFD se refinancent hauteur dun certain montant des prts bancaires qui leur sont
accords en prenant une commission sur les montants prts dans le cadre dun
systme coopratif.
Dans le cas prsent, il sagirait dun systme de cautionnement mutuel et de fonds de
garantie qui correspondraient relativement bien, notamment, aux besoins de solidarit
des professions rurales maliennes ayant recours au crdit via des groupements locaux,
du fait des faibles moyens que chacun peut engager pour le bien commun. Lala que
contient le cautionnement en adoucit la souscription, et limite le risque de dfaut en
cas de recouvrement du fait de la rpartition quil induit. En effet, le cautionnement
individuel ne suffit pas toujours en raison de la faible valeur des biens ou des facults
de remboursement de chaque exploitant, et du fait de cautions qui savrent difficiles
mobiliser.
La mutualisation du cautionnement au niveau dune structure collective pourrait
faciliter la scurisation des prts par le biais dune cotisation acquitte par des
membres tels que les OP priodiquement et lors de chaque prt sollicit ainsi que par
les SFD et les Banques. Le cautionnement solidaire impliquerait, quant lui, des
modalits dorganisation qui pourraient dans ce cas tre limites au niveau des
socits de caution mutuelle rgionales regroupes au sein dune union mutualiste
coordonnant leur mission. Les socits de caution mutuelle auraient seulement leur
charge lorganisation des relations avec leurs OP membres.
Le cautionnement mutuel, introduit en France par une loi du 13 mars 1917 a t
codifie dans le droit positif franais sous les articles L 515-4 et suivants du code
montaire et financier actuel. Il constitue une technique de mutualisation des risques,
p. 26
LAssociation Europenne de Cautionnement Mutuel regroupe 25 socits de cautionnement mutuel appartenant 16 pays diffrents, cf.
Juris-Classeur Banque, Crdit, Bourse, Fasc. 745, n2.
p. 27
p. 28
2.
LA TIERCE DETENTION
2.1
REGIME GENERAL
La tierce dtention ainsi que la profession de tiers dtenteur sont rgies par les articles
1193 et suivants du code de commerce (Loi 92-002 du 27 aot 1992 portant code de
commerce en Rpublique du Mali, ci-aprs dsigne le Code ) ainsi que par deux
arrts :
- Arrt n91-0376/MFC-CAB du 30 janvier 1991 portant cration et rglement de la
profession de tiers dtenteur dans le cadre de la commercialisation des produits
agricoles ;
- Arrt n99-1477/MICA-SG du 2 aot 1999 portant rglementation de la
profession de tierce dtention (ci-aprs dsign l Arrt ).
p. 29
Champ dapplication
Le Rcpiss-Warrant
Le Code impose quun rcpiss attestant du dpt de la marchandise soit dlivr par
lexploitant au dposant. Ce rcpiss doit mentionner les nom, profession et domicile
du dposant ainsi que la nature de la marchandise et des indications permettant de
lidentifier et den dterminer la valeur47.
Le Code impose, par ailleurs, qu chaque rcpiss doit tre annex un warrant,
contenant les mmes mentions que le rcpiss. Ce warrant est nonc par le Code
comme tant un effet de commerce48.
46
47
p. 30
Le warrant peut donc tre dfini comme un billet ordre garanti par un gage sur des
marchandises dposes dans un magasin gnral.
A linstar du droit franais, le rcpiss est un reu du dpt effectu et donne droit
la dlivrance de la marchandise. Le warrant permet, quant lui, de raliser la mise en
gage et la mobilisation de la crance par endossement.
Le Code autorise que les marchandises fongibles dposes dans un magasin gnral et
sur lesquelles a t dlivr un rcpiss et un warrant soient remplaces par des
marchandises de mme nature, de mme espce et de mme qualit. La possibilit de
cette substitution doit cependant tre mentionne la fois sur le rcpiss et sur le
warrant 49.
Les rcpisss et les warrants peuvent tre transfrs par voie dendossement,
ensemble ou sparment50. Lendossement du rcpiss ou du warrant doit tre dat.
Toutefois, lorsque lendossement du warrant se fait sparment du rcpiss,
l'endossement doit mentionner le montant de la crance garantie, son chance, ainsi
que les nom, profession et domicile du crancier.
Cet endossement entrane deux types de consquences :
Les rcpisss et les warrants sont extraits dun registre souche. Tout endossataire
du rcpiss ou du warrant peut exiger la transcription de lendossement fait son
profit sur les registres souches dont ils sont extraits. Cette transcription doit indiquer
le domicile de l'endossataire52. Le Code ne prcise pas si cette seule transcription
permet dopposer aux tiers le nantissement.
En cas de perte du warrant ou du rcpiss, la loi autorise de solliciter par ordonnance
du juge, moyennant justification de la proprit et versement dune caution, un
duplicata du rcpiss ou un paiement de la crance de garantie sil sagit du warrant53.
Il semble que les praticiens nont que trs peu recours au systme de rcpiss-warrant
au Mali.
49
p. 31
(ii)
LArrt dispose que le tiers dtenteur doit, la rception des marchandises, mettre
au crancier gagiste une Lettre de tierce dtention comprenant les mentions
suivantes :
la preuve que les marchandises sont assures par la police du magasin gnral
et que le tiers dposant dispose dune assurance couvrant sa responsabilit
civile et professionnelle.
Ralisation de la crance
(i)
54
55
p. 32
(c)
(i)
Le Code interdit lexploitant de se livrer, que ce soit pour son propre compte, ou
pour le compte dautrui, toute spculation sur les marchandises pour lesquelles il est
habilit dlivrer des rcpisss warrants 56. En revanche, les exploitants peuvent
prter sur nantissement des marchandises quils reoivent en dpt ou ngocier les
warrants qui les reprsentent57.
Conformment au Code et l'Arrt, le tiers dtenteur est responsable dans les limites
de la valeur dclare, de la garde et de la conservation des dpts qui lui sont confis.
De la mme manire, le Code comme l'Arrt imposent que les marchandises
susceptibles dtre warrantes soient obligatoirement assures contre lincendie par les
polices gnrales du magasin58.
Aux termes de lArrt, le tiers dtenteur est astreint la tenue dun registre des stocks
cot et paraph59. Il semble quen ralit, ce ne soit pas toujours le cas.
(ii)
Obligations du dposant
Autres dispositions
Le Code ainsi que lArrt prcisent les obligations attaches louverture dun
magasin gnral :
56
p. 33
Il convient donc de noter que certaines mentions contenues dans le Code ne le sont pas
forcment dans lArrt. Les deux normes juridiques sont de ce fait complmentaires.
Ces dispositions relvent seules du droit national et de la politique conomique du
Mali et nentrent pas en contradiction avec les dispositions des Actes Uniformes
OHADA. Toutefois, il semble quun grand nombre de ces obligations ne soient pas
respectes par les parties organisant la tierce dtention.
LArrt impose tout de mme que le tiers dtenteur soit inscrit au RCCM68.
2.1.2
Le mcanisme de tierce dtention peut tre associ certaines srets prvues par
lAUS et notamment (1) le gage ou (2) le nantissement des stocks, du fait quil puisse
tre coupl avec lune de ces srets relles.
La principale difficult consiste dterminer dans quels cas il faudra coupler
l'entiercement avec le gage de droit commun et dans quels cas il faudra utiliser le
nantissement de stocks. D'une manire gnrale, le crancier aura intrt exiger la
constitution d'un gage de droit commun chaque fois que cela est possible, c'est--dire
chaque fois que le bien est susceptible d'tre dplac et remis entre les mains du tiers
dtenteur. Le nantissement, d'une constitution plus lourde, et qui confre un rang
moins favorable au crancier, ne devrait tre utilis que dans les cas o le dplacement
du bien n'est pas possible, le recours la tierce dtention ayant alors pour intrt de
donner au crancier une scurit plus grande en soustrayant le bien la garde du
constituant.
63
p. 34
2.1.2.1
(a)
LE GAGE
Champ dapplication
Aux termes du Code de Procdure Civile, Commerciale et Sociale dict par le Dcret
n99-254/P-RM du 15 septembre 1999 (ci-aprs dnomm le CPPCS ), le gage
confre au crancier le droit de se faire payer sur la chose, par privilge et de
prfrence aux autres cranciers. Ce privilge nest cependant ralisable que si le gage
a t conclu par acte authentique dment enregistr, contrairement au droit OHADA
qui ne prescrit aucune forme particulire pour cet crit, acte authentique ou acte sous
seing priv69.
Le droit du gage rgi par le CPCCS et le droit OHADA ne sont donc pas
contradictoires, mais complmentaires.
Le gage est dfini par larticle 44 de lAUS comme le contrat par lequel un bien
meuble est remis au crancier ou un tiers convenu entre les parties pour garantir le
paiement dune dette. Le crancier gagiste dispose, par consquent, dun droit de
rtention sur la chose gage, soit directement, soit par lintermdiaire dun tiers en
charge de la dtention du bien.
LAUS prcise que tout bien meuble, corporel ou incorporel est susceptible dtre
donn en gage70. Le gage peut donc porter sur une marchandise ou une crance. Il
convient de prciser que lAUS autorise ce que les parties conviennent en cours
dexcution du contrat, de la subrogation de la chose gage par une autre chose71.
Bien que l'article 52 de l'AUS puisse suggrer le contraire, la constitution d'un gage de
droit commun est possible mme lorsque les biens sont susceptibles de faire l'objet par
ailleurs d'un nantissement sans dpossession. Cette dernire possibilit, en effet, n'est
qu'une facilit donne aux parties pour certains biens, elle ne saurait leur retirer la
possibilit de constituer un gage de droit commun si la dpossession du dbiteur est
envisageable.
(b)
Constitution
69
p. 35
Le crancier gagiste retient ou fait retenir la chose gage par un tiers jusquau
paiement intgral en principal, intrts et frais, de la dette pour laquelle le gage a t
constitu75. Sauf stipulation contraire, ni le crancier gagiste, ni le tiers dtenteur, ne
peuvent user de la chose gage ou en percevoir les fruits76. Par ailleurs, le crancier, ou
le tiers dtenteur, doit veiller sur la chose et en assurer la conservation77.
(c)
Ralisation
Dispositions gnrales
Le crancier gagiste dispose dun droit de suite et dun droit de prfrence. Les rgles
de la ralisation du gage sont les mmes que pour le nantissement des stocks78. Cela
signifie que le crancier ne peut raliser son gage que sil est muni dun titre
excutoire. La saisie-vente du bien ne pourra intervenir quaprs sommation faite huit
jours auparavant au dbiteur.
A dfaut de paiement, le crancier ne peut disposer du gage, sauf lui de faire
ordonner en justice que ce gage lui demeurera en paiement et jusqu due concurrence,
daprs une estimation faite par experts, ou quil sera vendu aux enchres79.
Aux termes de larticle 149 de lAUS, le crancier gagiste se situe au quatrime rang
des catgories de cranciers pour la distribution des deniers provenant de la ralisation
des biens mobiliers. En cas de pluralit de gages sur la mme crance, les cranciers
72
p. 36
gagistes sont appels selon la date de constitution du gage, en prenant pour rfrence
la date denregistrement80.
DE
MATIERES
Le nantissement des stocks est rgi par les articles 100 105 de lAUS et par les
articles 54 et 55 de lAUDCG. Il est clairement affirm par lAUS que le nantissement
des stocks constitue un nantissement sans dpossession. Il peut nanmoins faire lobjet
dun entiercement.
Il convient de noter que lAUS remplace lancien terme de Warrant , autrefois
appliqu dans les Etats membres de lOHADA pour le warrantage htelier, ptrolier,
industriel et agricole, pour rassembler aujourdhui ces pratiques autour de la notion de
nantissement.
Lun des avantages du nantissement des stocks consiste en la facult de nantir des
choses futures grce la possibilit de substitution des marchandises quil accorde.
(a)
Fond
Chose fongible
Le nantissement des stocks doit porter sur des choses fongibles82. Ces choses fongibles
peuvent tre entendues comme des matires premires (ptrole et produits miniers),
des produits dune exploitation agricole (rcoltes de coton, de caf ), des produits
industriels (machines par exemple), ou plus gnralement toutes marchandises
destines la vente 83.
Ce caractre de chose fongible impose que les stocks soient localiss et individualiss.
Il autorise, par ailleurs, le dbiteur vendre les biens donns en nantissement sil peut
les remplacer par des biens de mme nature et pour une valeur quivalente.
80
p. 37
Absence de dpossession
(b)
Forme
Acte de nantissement
J. Issa-Sayegh, Commentaires de lActe Uniforme portant organisation des Srets, sous Article 104, EDICEF/Editions FFA, 1999, p.48.
Article 101 de lAUS.
p. 38
Inscription au RCCM
Lacte de nantissement des stocks doit faire lobjet dune inscription au RCCM par le
constituant86. Rien nempche, toutefois, que le nantissement soit inscrit par le
crancier. Le lieu dinscription est celui du ressort dans lequel est immatricule la
personne physique ou morale propritaire des stocks nantis.
Le greffier charg des inscriptions est responsable de la vrification des mentions
obligatoires contenues dans lacte de nantissement.
Le formulaire dinscription doit tre dpos en quatre exemplaires.
Toute modification du bien nanti doit faire lobjet dune inscription modificative.
Linscription vaut pour un an compter de sa date87. Linscription cesse si elle na pas
t renouvele avant lexpiration de ce dlai.
Rien ne soppose dans lAUS ce quun second crancier prenne une seconde
inscription sur le mme bien.
Bordereau de nantissement
Si les parties en sont convenues, le bordereau de nantissement est remis par le greffier
au dbiteur aprs linscription. Le bordereau doit ensuite tre remis par le dbiteur au
crancier par voie dendossement sign et dat.
Le bordereau doit porter les mentions suivantes :
- nantissement des stocks ;
- sa date de dlivrance, cest dire la date de linscription du nantissement au
RCCM ;
- le numro dinscription ;
- la signature du dbiteur88.
Le bordereau de nantissement permet la mobilisation de la crance. Cela signifie que
le bordereau peut circuler par voie dendossement et tre avalis comme un billet
ordre.
Le bordereau de nantissement est valable trois ans compter de son mission. Cette
dure de validit peut tre renouvele mais le renouvellement ne peut tre ralis que
86
Article 101 de lAUS. Ces formalits doivent tre compltes avec celles des articles 54 et 55 de lAUDCG.
Article 63-3 de lAUDCG.
88
Article 103 de lAUS.
87
p. 39
par lmission dun nouveau bordereau ou par une convention de prorogation conclue
entre les signataires de cet effet de commerce.
(c)
Le dbiteur
89
p. 40
2.2
92
93
p. 41
Lutilisation du systme de rcpiss-warrant tel que prvu par le Code parat obsolte
et ne semble plus appliqu, en particulier en raison du formalisme relativement lourd
prvu pour ce type document. En revanche, le mcanisme de la lettre de tierce
dtention envoye au crancier gagiste par le tiers dtenteur, ds rception de la
marchandise, est privilgi par les praticiens en raison de sa simplicit et son
efficacit.
Le contrat de tierce dtention est souvent conclu pour une priode assez courte, de
lordre de quelques mois.
La pratique de la tierce dtention permet que la marchandise soit vendue afin de
rembourser la crance. Cette opration ncessite cependant une mainleve du
crancier gagiste sous la forme dune autorisation crite. Par ailleurs, toute sortie de
marchandise de lentrept de tierce dtention fait lobjet de la perception dune
commission en faveur du tiers dtenteur.
Un problme se pose lorsque la valeur de marchandise diminue ou que celle-ci dprit
entranant ainsi une perdition dans la valeur du gage. La pratique impose en ce sens au
dbiteur daugmenter le stock de manire ramener le gage sa valeur initiale avant
la baisse des cours. A dfaut, le crancier gagiste peut raliser le gage.
Sous rserve des dispositions de l'article 1198 du Code Civil, le tiers dtenteur nest en
aucun cas tenu responsable des dgradations de la marchandise. Il est en revanche tenu
dinformer priodiquement le crancier gagiste de ltat des marchandises.
Le tiers dtenteur dispose dans la pratique dun droit de rtention en garantie de tous
les frais, dbours et intrts qui lui sont dus par le dbiteur. Il dispose par ailleurs de la
possibilit de vendre ces marchandise sur ordonnance du tribunal dans lventualit o
ces frais, dbours et intrts ne lui seraient pas pays.
Le cot de la tierce dtention est relativement lev : de 1,5 2% du montant de la
marchandise lorsque celle-ci est livre directement au tiers dtenteur, 2,5% lorsquelle
doit tre achemine vers lentrept de tierce dtention. Les frais denregistrement
slvent un montant proche de 10.000 FCFA.
Il apparat enfin que la tierce dtention est, dune part, principalement utilise
Bamako, ceci tant du au fait que les entrepts de tierce dtention sont
majoritairement bass dans cette ville et, dautre part, rserve au financement
doprations commerciales de moyenne grande envergure. Dans les deux cas, la
tierce dtention est donc limite puisquelle ne peut tre offerte toute la population.
Or, il est constat que dans les zones rurales, de petits agriculteurs vendent
habituellement leurs produits pendant la priode de soudure juste avant la rcolte et
stockent leur nouvelle production jusqu la soudure suivante au moment ou les prix et
le potentiel de bnfice sont les plus forts. Toutefois, du fait (i) de mauvaises
techniques de conservation, (ii) de mauvaises conditions de stockage, (iii) du manque
dentrepts de stockage dans les zones rurales, les petits producteurs sont la plupart
privs de cette marge de manuvre.
p. 42
2.3
PRECONISATIONS
Comme nous l'avons dit plus haut, la tierce dtention n'est pas en elle-mme une sret. Elle
apparat davantage comme un lment permettant de constituer un gage ou un nantissement,
tels qu'ils sont rglements par l'AUS. Le droit malien conserve entire comptence pour
rglementer le statut des entreprises de tierce dtention, ainsi que les modalits du contrat
liant le dposant, le tiers dtenteur et le crancier gagiste ou nanti, dans la mesure o ce
contrat est compatible avec les rgles applicables la sret considre.
2.3.1
Dans la mesure o le rcpiss warrant ne semble que peu appliqu, il nous parat
ncessaire que la tierce dtention soit systmatiquement accompagne (i) soit dun
contrat de gage de marchandise avec dpossession tel que rgi par les articles 44 et
suivants de lAUS, soit (ii) dun contrat de nantissement de stocks tel que rgi par les
articles 100 et suivants de lAUS.
Le choix de lune de ces deux options doit permettre de clarifier le rgime juridique de
la garantie adosse la tierce dtention.
Nous prconisons cependant la premire option, dune part parce que le nantissement
des stocks ncessite linscription de lacte de nantissement au RCCM, ce qui ne fait
quaugmenter le cot de la garantie, dautre part parce que le nantissement des stocks
confre un rang moins avantageux que le gage.
2.3.2
2.3.3
p. 43
Si la tierce dtention est accompagne dun contrat de gage, il convient de noter que la
lettre de tierce dtention ne devra pas tre confondue avec le systme OHADA de
transfert de gage de crances titre pignoratif prvu par larticle 50-1 de lAUS. De la
mme manire, si la tierce dtention est accompagne dun contrat de nantissement, la
lettre de tierce dtention ne devra pas tre confondue avec la possibilit dmettre un
bordereau de nantissement.
Cette prconisation a dailleurs t aussi mentionne dans le sminaire international relatif au Financement de lagriculture familiale
dans le contexte de la libralisation , organis par le CIRAD Dakar (Sngal) du 21 au 24 janvier 2002.
p. 44
associations et tons villageois. Le stockage est aussi pratiqu par lOffice des Produits
Agricoles du Mali. Bien que ces initiatives russissent prserver une certaine
scurit alimentaire, elles ne comportent en aucun lavantage de la tierce dtention qui
permet aux producteurs indpendants et organisations de producteurs (i) dacqurir
une autonomie quant aux dbouchs commerciaux et (ii) de rsoudre les problmes
daccs au crdit en fournissant aux tablissements de crdit des garanties scurises95.
***
95
CNUCED, Stockage et gestion des risques par les organisations paysannes au Mali, aot 1997.
p. 45
3.
Nous avons dcid dtudier tout dabord les dispositions gnrales relatives au droit foncier
malien pour ensuite apprhender les dispositions particulires applicables au nantissement de
permis doccuper et de la lettre dattribution (1) puis de dgager leurs problmes
dapplication notamment au regard des mcanismes du droit OHADA (2) et enfin de formuler
certaines prconisations de rforme de ce type de nantissement (3).
3.1
Le droit foncier malien actuel est le rsultat dune longue volution depuis le Dcret du 26
juillet 1932 portant rorganisation du rgime de la proprit foncire en Afrique Occidentale
franaise institu originellement par le Dcret du 24 juin 1906, la Loi n85-39/AN-RM du 22
juin 1985 modifiant la Loi n83-122/AN-RM du 4 fvrier 1983 puis la Loi n86-94/AN-RM
portant Code Domanial et Foncier.
Le Code Domanial et Foncier de 1986 a finalement t remplac par lOrdonnance n00027/P-RM du 22 mars 2000 portant Code Domanial et Foncier (ci-aprs dnomm le
CDF ) complte par le Dcret n01-040/-RM du 2 fvrier 2001 dterminant les formes et
conditions dattribution des terrains du domaine priv immobilier de lEtat ainsi que par le
Dcret n041/P-RM du 2 fvrier 2001 fixant les modalits dattribution du permis doccuper.
Cette mme Ordonnance a t encore modifie par la loi n02-008 du 12 fvrier 2002 (ciaprs dnomme la Loi ), complte par certains dcrets en date du 6 mars 2002,
notamment le dcret n02-112/P-RM dterminant les formes et conditions dattribution des
terrains du domaine priv immobilier des collectivits territoriales (ci-aprs dnomm le
Dcret ).
3.1.1
p. 46
3.1.1.1
(a)
Le domaine public de lEtat doit tre entendu comme les immeubles et les meubles
dtermins comme tel par la loi ou ayant fait lobjet dune procdure de classement.
(i)
Immobilier
Le domaine public immobilier comprend (i) les sites naturels, dnomms domaine
public naturel (cours deau, lacs, nappes deau souterraines) (ii) les
amnagements et ouvrages raliss pour des raisons dintrt gnral ou dutilit
publique ainsi que les terrains qui les supportent dtermins par la loi ou ayant fait
lobjet dune procdure de classement, dnomms domaine public artificiel
(routes, aroports, ports, barrages, lignes lectriques).
Le domaine public immobilier de lEtat peut faire lobjet dune autorisation doccuper
ou dune drogation aux servitudes de passage, accordes par arrt du Ministre
charg des Domaines96. Ces autorisations ou drogations sont rvocables tout
moment.
Lautorisation doccuper est dlivre aprs enqute de commodo et incommodo .
(ii)
Mobilier
Domaine priv
Le domaine priv de lEtat est compos des immeubles immatriculs ainsi que des
droits immobiliers dtenus par lEtat ; de tous les immeubles non immatriculs ; et des
biens meubles dtenus par lEtat qui ne font pas partie du domaine public.
(i)
Immobilier
Le domaine priv immobilier de lEtat comprend notamment (i) les terres faisant
lobjet dun titre foncier et les droits rels immobiliers tablis ou transfrs au nom de
lEtat la suite notamment dimmatriculation, dacquisition, de confiscation mais
aussi (ii) les terres non immatricules comme les terres vacantes et sans matre et les
terres sur lesquelles sexerce des droits fonciers coutumiers.
Le domaine priv immobilier de lEtat peut faire lobjet de concession rurale97, de
cession, de location ou daffectation98.
96
p. 47
(ii)
Mobilier
Il comprend tout bien meuble acquis ou transfr au nom de lEtat la suite dune
acquisition ou dune confiscation.
3.1.1.2
(a)
Immobilier
Mobilier
99
100
p. 48
(b)
Domaine priv
Le domaine priv des collectivits territoriales est compos de tous les meubles, les
immeubles et droits immobiliers dtenus par les collectivits territoriales qui ne font
pas partie du domaine public.
Notre tude porte sur les garanties prises sur les titres consentis sur le domaine priv.
(i)
Immobilier
Mobilier
3.1.1.3
Le patrimoine foncier des autres personnes physiques ou morales doit tre entendu
comme tous les immeubles dtenus par ces dernires en vertu dun titre foncier
transfr leur nom la suite dune conversion dun droit de concession en titre de
proprit immatricule, dune cession ou de tout autre mode de transfert dun titre
foncier103.
101
p. 49
3.1.2
Le droit foncier malien entretient une dichotomie particulire entre (i) le titre dfinitif,
cest dire le titre foncier, confrant tous les attributs du droit de proprit, et (ii) le
titre provisoire, dsign comme un acte administratif par lequel le pouvoir public,
autorit administrative urbaine ou rurale, met disposition dun citoyen un terrain
usage dhabitation ou dexploitation rurale tout en en gardant la proprit moyennant
mise en valeur de limmeuble dans un dlai limit et paiement dune redevance.
Il convient de noter que ces titres provisoires sont parfois aussi appels par la doctrine,
titres prcaires 104.
Au cours de lvolution du droit foncier malien, ces titres provisoires ont port
plusieurs dnominations : lettre dattribution, permis doccuper, permis dhabiter et
concession. Cette confusion terminologique constitue la source de difficults
dapplication de ces titres et des srets qui sont constitues leur sujet.
3.1.2.1
Ces titres provisoires font tous lobjet dun acte administratif confrant son
bnficiaire un droit dusage et dhabitation sur un terrain, lexclusion de tout droit
de proprit, charge pour le bnficiaire, dune part, de mettre en valeur ce terrain
selon les conditions de lacte et de son cahier des charges et, dautre part, de verser
une redevance.
Ces titres taient rputs meubles et pouvaient tre gags ainsi que transforms en titre
foncier si les conditions de mise en valeur du terrain taient remplies.
(a)
Permis dHabiter
Le permis dhabiter tait prvu par les articles 110 126 du Code Domanial et Foncier
issu de la Loi n86-91/AN-RM.
Aux termes de cette loi, le permis dhabiter ne pouvait porter que sur un terrain
urbain.
(b)
Concession Rurale
La concession rurale tait prvue par les articles 39 70 du Code Domanial et Foncier
issu de la Loi n86-91/AN-RM, portant uniquement sur le domaine priv immobilier
de lEtat.
A la diffrence du permis dhabiter, la concession rurale ne sappliquait quen dehors
des zones urbaines.
104
Voir en ce sens ltude de Matre Ahmadou Tour sur La Caution et les Titres Prcaires : Permis dOccuper et Titres provisoires .
p. 50
La concession rurale a t reprise dans le CDF ses articles 33 et suivants. Elle est
toujours accorde sur le domaine priv immobilier de lEtat.
(c)
Lettre dAttribution
Larticle 273 du CDF dispose que Les terrains attribus sous la forme de lettre
dattribution ou de permis doccuper avant lentre en vigueur du prsent code seront
rgis compter de cette date par ses articles 59 63 , cest dire celles relatives au
permis doccuper. Il convient de conclure que la dnomination de lettre dattribution a
t supprime pour tre remplace par le mcanisme de permis doccuper puis
aujourdhui, par celui de concession urbaine ou rurale usage dhabitation sur le
domaine priv immobilier des collectivits territoriales.
(d)
Permis dOccuper
(i)
Nature
La concession peut porter tant sur le domaine priv immobilier de lEtat, dans ce cas
elle doit concerner une zone urbaine, que sur le domaine priv immobilier des
p. 51
collectivits territoriales, dans ce cas elle peut concerner aussi bien une zone rurale
quune zone urbaine105.
De manire gnrale, la concession est un droit accord, titre provisoire, par la
puissance publique (lEtat ou une collectivit territoriale), le concdant , une
personne dnomme concessionnaire .
Le titre provisoire confr par la concession oblige le concessionnaire au versement
dune redevance ainsi qu la mise en valeur de limmeuble ou du terrain selon les
prescriptions de lacte de concession et du cahier des charges sil en existe un. Si ces
conditions ont t remplies, le concessionnaire peut demander de plein droit la
transformation de son titre provisoire en titre foncier106.
La concession ne constitue donc en aucun cas un droit de proprit pour son
bnficiaire, cest dire le concessionnaire. Pour la concession des immeubles du
domaine priv des collectivits territoriales, ce droit est expressment qualifi de droit
de superficie107. Cette qualification a remplac dans le texte de 2002 celle de droit
d'usage et d'habitation qui tait attribu au droit du concessionnaire par le texte de
2000.
Cette dernire dfinition reprend la conception classique de la superficie en dissociant
le sol, objet unique du droit de superficie, de ce qui est en dessous (trfonds) et au
dessus. Le droit de superficie divise donc la proprit dans lespace.
Il semble alors que lesprit du CDF soit simplement ici de permettre la cession par la
personne publique un concessionnaire dun droit de construire ou dexploiter un
terrain dont elle reste propritaire du sol. L'opration voque un bail construction ou
un bail emphytotique (encore que, pour les terrains du domaine priv de l'Etat, la
formule du bail emphytotique soit galement prvue par les articles 43 et suivants du
dcret du 2 fvrier 2001).
Il convient, toutefois, de remarquer que la qualification de ce droit de superficie nest
attribue expressment par les textes que dans le cadre de la concession urbaine ou
rurale usage dhabitation prise sur le domaine priv immobilier des collectivits
territoriales et non dans celui de la concession rurale sur le domaine priv immobilier
de lEtat. Cependant, tant donn que lobjectif de la concession savre dans les deux
cas le mme, notre comprhension est que la mme qualification peut tre retenue
pour les biens mis en concession par l'Etat.
La classification de ce droit par le CDF parat, en outre, ambivalente. Dun ct, le
droit de concession est rput meuble , selon l'article 61 nouveau du CDF
(reprenant cet gard l'article 61 ancien), sur les immeubles des collectivits
territoriales. Cette qualification est reprise par l'article 3 du dcret du 2 fvrier 2001
pour la concession rurale sur les terrains du domaine priv de l'Etat. Il s'agit cependant
d'un droit mobilier trs particulier, dans la mesure o il s'applique un immeuble.
C'est pourquoi, selon l'article 61 du CDF il peut tre inscrit au livre foncier, et
105
p. 52
mme, selon l'article 3 du dcret du 2 fvrier 2001 pour les bien de l'Etat il doit tre
dment inscrit au livre foncier la demande du concdant . Cette publication
s'inscrit dans le cadre gnral des articles 71 et 72 du CDF qui soumet publicit tous
les droits rels qui se rapportent aux immeubles enregistrs.
Par ailleurs, les articles 61 du CDF et 3 du dcret de 2001 semblent entrer en
contradiction avec l'article 88 du CDF qui cite prcisment parmi les droits rels
immobiliers, en tant qu'immeubles par l'objet auquel ils s'appliquent , le droit de
superficie, dfini par l'article 91 comme le fait de possder des constructions,
ouvrages ou plantations sur un fonds appartenant autrui ou d'tre autoris en
tablir . La contradiction semble se prolonger sur le plan qui nous intresse
spcialement ici, savoir sur celui des srets qui peuvent tre consenties sur le droit
accord au concessionnaire. En effet, l'article 63 du CDF, parce qu'il considre le droit
de concession comme mobilier, prvoit que ce droit peut tre mis en gage. Or, l'article
99 du CDF, range, lui, le droit de superficie parmi les droits susceptibles
d'hypothque!
On pourrait songer en dduire que la concession peut non seulement tre gage mais
aussi hypothque. Une telle conclusion nous parat cependant difficilement
admissible. Certes, en droit franais, il peut arriver qu'un mme bien soit la fois
susceptible d'un gage (ou d'un nantissement) et d'une hypothque : c'est le cas d'un
bien mobilier devenu immeuble par destination. Mais il s'agit l d'une situation
accidentelle, qui ne remet pas en cause, par principe, la sparation nette des srets
mobilires et immobilires. On peut, en revanche, difficilement admettre qu'un droit
dtermin (le droit de concession au Mali) soit la fois mobilier et immobilier, de
telle sorte qu'il pourrait faire l'objet selon la volont des parties d'un gage ou d'une
hypothque.
Le seul moyen de rsoudre la contradiction et de redonner sa cohrence au systme
nous semble donc tre de considrer que les articles 61 et 63 du CDF et 3 du dcret du
2 fvrier 2001, sont des dispositions spciales au droit de concession portant sur le
domaine priv des collectivit territoriales et de l'Etat, dispositions spciales qui
drogent aux articles 89 et suivants qui fixent en gnral le rgime des droits rels.
D'une manire gnrale, sans doute, comme en droit franais, le droit de superficie est
un droit rels immobilier susceptible d'hypothque : cette rgle vaudrait pour les
immeubles appartenant aux personnes prives en vertu d'un titre foncier dfinitif.
Mais, par drogation, le droit de superficie particulier rsultant d'un concession sur un
immeuble relevant du domaine priv de l'Etat ou d'une collectivit territoriale, est, lui,
un droit mobilier susceptible de gage. Les dispositions prcites, ritres en 2001 et
2002, sont cet gard parfaitement claires.
Il convient enfin de remarquer que le droit de Concession peut tre transmis
directement par acte authentique108.
108
p. 53
(ii)
Octroi
La concession est octroye par le maire aprs avis du conseil de village, fraction ou
quartier et doit tre entrine par le conseil municipal109.
Lautorit comptente tenant le registre des Concessions Urbaines ou Rurales Usage
dHabitation est le service des Domaines110.
Dans la mme collectivit territoriale, il ne peut tre octroy quune seule concession
par demandeur, sous rserve que ce demandeur ne dispose pas dans la mme
agglomration dun terrain usage dhabitation, bti ou non bti.
La demande de concession est tablie sur formulaire spcial timbr et sign, fourni par
l'administration. Elle est adresse l'autorit communale propritaire ou affectataire
du terrain.
L'autorit communale fait inscrire la demande de concession dans un ordre
chronologique sur un registre ad hoc, tenu par le reprsentant du Bureau Spcialis
des Domaines, le cas chant, par l'agent dsign par la Mairie pour les
circonscriptions o le bureau spcialis ne dispose pas de reprsentation (ci-aprs
dnomm l agent dsign ), et sur lequel doivent tre mentionns :
- le numro et date d'enregistrement de la demande ;
- les nom, prnom, adresse du requrant ;
- les mentions obligatoires de la concession111.
Le reprsentant du Bureau Spcialis des Domaines, le cas chant l'agent dsign
vrifie auprs du service des domaines ou de tout autre service susceptible de fournir
des renseignements que le requrant ne dispose pas dj quelque titre que ce soit
d'un terrain usage d'habitation bti ou non dans la mme agglomration.
La copie de la concession tablie au nom du bnficiaire mentionne obligatoirement
les nom, prnom et adresse du bnficiaire, les rfrences de la dcision d'attribution
du Maire, le numro de la parcelle, le lieu de situation, la superficie, les montant et la
date de versement des frais112.
Lorsque les conditions d'attribution du terrain sont runies, le reprsentant du Bureau
Spcialis des Domaines, le cas chant l'agent dsign, prpare la dcision
individuelle ou collective soumettre la signature du Maire.
109
p. 54
3.1.2.3
(a)
113
Article 6 du Dcret.
Article 7 du dcret n01-040/P-RM du 2 fvrier 2001.
115
Article 9 du dcret n01-040/P-RM du 2 fvrier 2001.
114
p. 55
La transformation de la concession en titre foncier peut intervenir dans les six mois
qui prcdent lexpiration du dlai prvu dans lacte de concession.
Une constatation de la mise en valeur du terrain est alors opre par une commission
cre cet effet par le Ministre des Domaines. Si la mise en valeur est conforme, la
cession intervient par acte administratif118.
3.1.2.4
Le gage de concession nest expressment prvu que pour les concessions urbaines ou
rurales usage dhabitation, cest dire celles accordes sur le domaine priv
immobilier des collectivits territoriales et non pour les concessions rurales accordes
sur le domaine priv immobilier de lEtat. On peut cependant se demander si la
possibilit de mise en gage ne doit pas tre tendue par analogie au droit rsultant
d'une concession rurale.
(a)
Constitution
116
Article 16 du Dcret.
Article 17 du Dcret.
118
Articles 25 et suivants du dcret n01-040/P-RM du 2 fvrier 2001.
119
Article 63 (Nouveau) du CDF.
120
Larticle 714 du CPCCS dispose que si le gage porte sur un permis dhabiter , une expdition de lacte notari constatant le gage doit
tre transmise lautorit administrative comptente . Mention de cette mise en gage doit par ailleurs tre faite sur le permis dhabiter et sa
copie, ainsi que sur le registre des permis dhabiter tenu par cette autorit administrative. Il convient ici de noter que les termes du CPCCS ne
sont pas parfaitement adapts au CDF, mme si sur la forme, la procdure correspond.
117
p. 56
(b)
Ralisation
Juridiction comptente
3.2
PROBLEMES DAPPLICATION
PROVISOIRES
DU
NANTISSEMENT
DES
TITRES
121
p. 57
3.2.1.1
p. 58
Comme nous lavons vu, le CDF nest pas trs clair quant la distinction entre
concession rurale sur le domaine priv immobilier de lEtat et concession urbaine ou
rurale sur le domaine priv immobilier des collectivits territoriales. En effet, il n'est
pas fait expressment rfrence la possibilit de procder au nantissement du droit
de superficie octroy par la concession rurale sur le domaine priv immobilier de
l'Etat.
Par ailleurs, alors que le CDF fait rfrence la dlivrance dun droit de concession
urbaine ou rurale sur le domaine priv immobilier des collectivits territoriales, le
Dcret, cens complter le CDF, ne fait rfrence qu la concession urbaine sans
mentionner la concession rurale.
3.2.2
PROBLEMES
PROVISOIRE
LIES
LENREGISTREMENT
DU
TITRE
Lun des problmes majeurs relatifs aux titres provisoires est li aux lacunes ou
dysfonctionnements denregistrement des titres provisoires et titres fonciers au Livre
Foncier, ce qui cre des difficults de suivi des informations foncires et par
consquent denregistrement des srets elles-mmes.
Par ailleurs, les cots actuels denregistrement et de radiation cumuls un manque de
rigueur dans le formalisme denregistrement semblent avoir eux-mmes des
consquences sur le respect des formalits denregistrement.
3.2.3
3.2.3.1
p. 59
D'aprs les tmoignages recueillis, la transmission du gage sur le titre provisoire pose
un problme. Il semble en effet que le titre apparat toujours sous le nom du premier
titulaire. Ceci est principalement li au fait que la transmission du gage est rarement
enregistre afin videmment dviter les cots de cette procdure. Ceci pose alors un
problme supplmentaire lorsquil convient de raliser la crance.
3.2.3.3
Pour la pratique malienne, les constructions ralises sur le terrain objet du titre
provisoire ne constituent pas, au sens juridique du terme, des immeubles : la solution
est logique dans la mesure o le concessionnaire, qui n'a qu'un droit rel mobilier sur
le terrain lui-mme n'a galement qu'un droit mobilier sur les constructions par lui
difies. Lorsque le gage de la concession est ralis, les immeubles construits sur la
concession sont alors vendus aux enchres par le biais dun commissaire-priseur selon
les dispositions de larticle 56 de lAUS pour la ralisation du gage, ce qui, comme
nous le verrons, constitue une contradiction au regard du droit OHADA.
Il convient enfin de souligner le fait que ce gage constitue une garantie dun effet trs
limit lorsque le dbiteur fait l'objet d'une confiscation dans la mesure o les
indemnits pays par ladministration des domaines dans ce cas sont extrmement
faibles.
3.2.4
Le CDF dispose que le droit de superficie est considr comme un droit rel
immobilier. Le CDF ajoute quil est possible de linscrire au Livre Foncier et quil
peut tre cd avec lautorisation de lautorit concdante.
Lhypothque dun droit de superficie serait donc ralisable, ce qui est dailleurs
confirm par larticle 99-4 du CDF. Mais, selon nous, cette possibilit ne vaut pas
pour le droit de superficie rsultant d'une concession puisque ce droit, par drogation,
constitue un droit mobilier.
En tout tat de cause, lhypothque sur un titre provisoire nest pas compatible avec le
droit OHADA puisquil est ncessaire, aux termes de larticle 253 de lAUS, que le
titre provisoire soit transform en titre foncier.
D'aprs les tmoignages recueillis, la transformation du titre provisoire en titre foncier
apparat trop coteuse pour le crancier. Elle semble par ailleurs trop longue et
fastidieuse.
p. 60
3.2.5
123
Larticle 713 du CPCCS prcise ou un tat annex de leurs qualit, poids et mesure.
p. 61
Comme nous lavons montr, larticle 63 (Nouveau) du CDF dispose que Le droit de
superficie confr par la Concession Urbaine ou Rurale Usage dHabitation ainsi
que les constructions ralises sur le terrain, pourront tre mis en gage.
Cette disposition pose une srie de questions quant sa compatibilit avec le droit
OHADA.
(a)
Gage ou Hypothque ?
Larticle 88 du CDF dispose que le droit de superficie (tel que le permis doccuper ou
la concession) constitue un droit rel immobilier. De mme, larticle 99 du CDF
dispose que ce droit peut tre hypothqu.
En ralit, lhypothque sur ce droit nest jamais pratique.
De plus, il parat difficile de concilier ces dispositions avec celles du gage de la
concession et surtout avec celles de larticle 61 disposant que le droit de superficie est
rput meuble.
Une hypothque sur le droit de superficie serait en outre impraticable au regard du
droit OHADA. En effet, aux termes de l'article 119 de l'AUS, les droits rels
immobiliers rgulirement inscrits selon les rgles du rgime foncier peuvent faire
l'objet d'un hypothque.
L'article 253 de l'AUPSRVE confirme cette disposition en affirmant que Si les
immeubles faisant l'objet de la poursuite ne sont pas immatriculs et si la lgislation
nationale prvoit une procdure d'immatriculation, le crancier est tenu de requrir
l'immatriculation la conservation foncire aprs y avoir t autoris par dcision du
prsident de la juridiction comptente de la situation des biens, rendue sur requte et
non susceptible de recours. A peine de nullit, le commandement ne peut tre signifi
qu'aprs le dpt de la rquisition d'immatriculation et la vente ne peut avoir lieu
qu'aprs la dlivrance du titre foncier.
Le seul moyen d'hypothquer un droit rsultant de la concession, afin d'tre conforme
avec le droit OHADA, serait donc de procder son immatriculation afin que la
concession constitue un Titre Foncier.
Si seul le gage du droit rsultant de la concession est donc notre avis possible,
encore faut-il savoir dans quelle mesure il est compatible avec le droit OHADA.
p. 62
(b)
Comme nous venons de lnoncer, le gage constitue, selon le droit OHADA, une
sret qui ne peut porter que sur des biens meubles, corporels ou incorporels. Cela
semble rendre impossible de comprendre dans l'assiette d'un gage les constructions
difies sur le terrain concd qui doivent constituer des immeubles. Il est pourtant de
toute vidence que les constructions opres sur la concession ne peuvent constituer
que des immeubles. Le gage sur une construction ne serait donc pas ralisable au
regard du droit OHADA. Il ne faut peut-tre pas s'arrter cette vidence, si on suit
jusqu'au bout la logique (certes trs artificielle) du droit malien : le concessionnaire n'a
sur les constructions qu'un droit de mme nature que celui dont il dispose sur le terrain
concd, c'est--dire un droit rel mobilier. Ce qu'il donne en gage, lorsque le terrain
est construit, ce n'est donc pas l'immeuble lui-mme, mais le droit mobilier qu'il a
dessus. La bizarrerie de la situation juridique est certaine, mais elle n'est pas plus
grande pour les constructions que pour le terrain lui-mme, qui est, de toute vidence,
un immeuble.
(d)
On doit d'abord rappeler que l'AUS connat deux varits de srets mobilires
conventionnelles : le gage (qui est la sret de droit commun, impliquant la
dpossession du constituant) et les nantissements, qui sont des srets dans
dpossession. Ces nantissements sont numrs de manire limitative par l'article 63
de l'AUS. Il s'agit du nantissement des droits d'associs et valeurs mobilires, du fonds
de commerce, du matriel professionnel, des vhicules automobiles et des stocks de
matires premires et de marchandises. L'affectation en garantie d'un droit de
124
p. 63
superficie n'entrant videmment pas dans cette numration, elle ne peut donc tre
ralise que par un gage de droit commun relevant des articles 44 et suivants de
l'AUS.
La question se pose alors de savoir en quoi consistera la dpossession du constituant
dans un tel cas.
Il semble que les praticiens ont recours l'apposition des coordonnes du crancier
gagiste au dos des titres provisoires valant droit de superficie. Cette formule est
d'ailleurs prvue par l'article 63 du CDF (Nouveau).
D'aprs nous, cette formalit d'apposition des coordonnes du crancier ne suffit pas
matrialiser le gage. Celui-ci suppose au moins la remise du titre provisoire au
crancier par analogie avec ce qui est exig en matire de mise en gage des crances
prvue par l'article 50 de l'AUS.
Le gage de la Concession ne peut, par consquent, selon le droit OHADA, tre
considr comme un gage qu'en prsence d'une remise du titre. La remise de
l'expdition de l'acte authentique l'autorit administrative concdante peut quant
elle quivaloir la signification au dbiteur galement exige par l'article 50 de l'AUS.
Reste que cette transposition des rgles prvues par l'AUS pour le gage des crances
s'avre malaise, car le droit gag n'est pas ici un droit personnel contre un dbiteur,
mais un droit rel mobilier portant sur un immeuble. Par ailleurs, mme si le titre est
remis au crancier gagiste, et mme si l'autorit administrative est dment avertie de la
mise en gage, force est de constater que c'est toujours le concessionnaire qui demeure
titulaire des prrogatives que lui donne son droit de superficie sur le bien : habiter,
construire, cultiver... Peut-on alors vraiment considrer que dans un tel cas il y a
dpossession du constituant ? Cela ne nous semble pas possible.
p. 64
3.3
PRECONISATIONS
Il est ncessaire de faire un choix clair quant la nature juridique des titres provisoires
confrs par la concession : droit rel mobilier ou droit rel immobilier, puis dexpliciter le
CDF ds que la qualification juridique aura t clarifie. Il nous semble que la solution
actuelle est celle d'un droit mobilier, par drogation aux dispositions gnrales du droit de
superficie. En consquence, le droit de superficie ne peut faire l'objet que d'un gage. Cette
solution est toutefois pleine d'inconvnients. Il n'est pas sr que les modalits de constitution
du gage d'un tel droit soient compatibles avec les dispositions du droit OHADA sur le gage et
notamment l'exigence de dpossession. Les modalits de ralisation du gage par ailleurs
apparaissent particulirement inadaptes ce qui en fait, sinon en droit, est un bien
immobilier. Les tribunaux maliens assimilent ces titres des droits rels immobiliers au stade
de l'excution de cette garantie et requirent de ce fait l'immatriculation des terrains. Cette
interprtation est conforme notre analyse mais ncessiterait l'abrogation des articles
assimilant ces titres des droits immobiliers.
Au regard des exigences de larticle 253 de lAUS, la solution que nous prconisons doit tre
dencourager lhypothque du titre provisoire et donc de considrer que le droit de superficie
et les constructions opres sur ce droit sont des droits rels immobiliers qui doivent tre
obligatoirement inscrits au Livre Foncier125. Il conviendrait donc de remplacer, dans l'article
61 du CDF (Nouveau), le mot peut par le mot doit .
Dans cette perspective, nos prconisations comprennent des amnagements et actions court
terme ainsi que des rformes long terme.
3.3.1
A COURT TERME
3.3.1.1
MODELES DACTES
FORMATIONS
125
En ce sens, rfrence doit tre faite aux autres droits fonciers des pays de la zone OHADA, notamment au droit sngalais qui a limin
toute possibilit de gage dun titre provisoire en remplaant cette garantie par lhypothque ds lors que le titre est inscrit au Livre Foncier.
Eversheds Rapport Dfinitif
Etude sur les Garanties Collectives, la Tierce Dtention, le Nantissement du Permis d'Occuper, de la Lettre d'Attribution,
des Marchs et du Matriel d'Equipement professionnel
p. 65
Il existe, en outre, une grande confusion des termes employs lorsque lon parle de
gage de titres provisoires. Il existe, par consquent, un besoin de qualification des
titres provisoires ainsi quune refonte des titres dlivrs afin de les mettre en
conformit avec la rforme du CDF. Nous proposons, en ce sens, dorganiser une
opration de communication destination des utilisateurs (i) pour ne conserver dans la
pratique que lexpression de concession et (ii) pour inciter un enregistrement au
Livre Foncier de ces titres afin de favoriser leur hypothque.
3.3.1.4
REEDITION DU CDF
MODIFICATION DU CDF
MODIFICATION DU CPCCS
Toutes les rfrences au permis dhabiter dans les rgles de ralisation du gage au
sein du CPPCS doivent tre abroges.
3.3.1.7
Il est enfin ncessaire de garantir un rgime transitoire pour les titres provisoires non
convertis en titres fonciers sur lesquels un gage a t constitu. A notre sens, tous les
gages dj constitus sur un titre provisoire, avant la rforme, doivent tre considrs
comme valides : ce n'est qu'une application du principe de non rtroactivit de la loi.
En revanche, tout gage constitu aprs la rforme devra tre interdit.
La principale difficult concernerait les effets venir des gages valablement constitus
avant la rforme. Une solution (dont il faudrait faire une tude technique prcise)
consisterait prvoir que ces gages ne pourront tre raliss que dans les formes
prvues pour la ralisation d'une hypothque, ce qui supposerait que le crancier
puisse requrir l'inscription en cours de vie du gage du droit de superficie au livre
foncier, si cette inscription n'a pas t faite au dpart.
p. 66
3.3.1.8
A titre complmentaire, si des oppositions sont rencontres pour mettre en uvre les
prconisations dadaptation des textes, il pourrait tre ncessaire que le gouvernement
du Mali pris en la personne du Ministre de la Justice sollicite un avis juridique sur la
coexistence et linterprtation des textes maliens et des textes de lAUS auprs de la
Cour Commune de Justice et dArbitrage.
Cet avis pourrait tre utile non seulement pour le Mali mais aussi pour dautres Etats
membres de lOHADA et de lUEMOA qui nont pas encore trouv de solutions pour
ladaptation de leurs textes.
3.3.2
A LONG TERME
3.3.2.1
p. 67
RENFORCEMENT
LENREGISTREMENT
DE
LOBLIGATION
DE
p. 68
4.
NANTISSEMENT DE MARCHES
4.1
p. 69
(a)
Procdure
Les rgles relatives aux marchs publics en droit malien sappliquent pour tous les
marchs passs par lEtat, les collectivits territoriales, les tablissements publics, les
socits dEtat, les socits participation publique majoritaire ainsi que les personnes
morales de droit priv agissant pour le compte de lEtat127.
En effet, de la mme manire quen droit franais, lautorit responsable du march
public doit remettre une copie certifie conforme de loriginal dlivre en unique
exemplaire au titulaire du march. Lorsque le titulaire du march procde au
nantissement de sa crance, il doit transmettre son exemplaire unique au bnficiaire
du nantissement qui doit notifier la constitution de cette garantie au comptable
assignataire par lettre recommande avec accus de rception ou par remise contre
rcpiss128.
Le CMP prcise que seuls les organismes bancaires ou de crdit agrs en Rpublique
du Mali peuvent tre bnficiaires dun nantissement de march public.
Aux termes du CMP, le nantissement ne peut tre opposable lautorit contractante
que le dixime jour ouvrable suivant le jour de la rception de la notification. Le
Bnficiaire ne pourra donc exiger le paiement de la part du dbiteur cd quaprs
expiration de ce dlai.
Il convient enfin de noter que le CMP ne confre aucun privilge en faveur du
bnficiaire du nantissement.
En revanche, le code du travail malien confre un privilge spcial aux travailleurs et
fournisseurs des entreprises de travaux identique au privilge de pluvise prescrit par
le CMP franais en disposant que Les sommes dues aux entrepreneurs de tous les
travaux ayant le caractre de travaux publics, ne peuvent tre frappes de saisiearrt, ni dopposition au prjudice des ouvriers auxquels les salaires sont dus. Les
sommes dues aux ouvriers pour salaires sont payes de prfrence celles dues aux
fournisseurs. 129
(b)
Subrogation
Le CMP dispose que le bnficiaire dun nantissement peut, par une convention
distincte, subroger le cessionnaire de sa crance dans leffet de ce nantissement,
concurrence soit de la totalit, soit dune partie de la crance affecte en garantie .
Cette subrogation doit tre notifie, en outre, au comptable assignataire dans les
mmes conditions que celles numres larticle 78 du CMP. Lobligation de
notification appartient donc au bnficiaire de la subrogation.
Il nest pas prcis si cette convention distincte doit tre un acte crit.
127
Article 2 du CMP.
Article 78 du CMP.
129
Article L.112 du code de travail, Loi n92-020 du 18 aot 1992.
128
p. 70
(c)
Sous-traitance
4.1.2
4.1.2.1
LE GAGE DE CREANCES
LAUS dispose que le dbiteur qui met en gage sa crance contre un tiers dnomm
doit remettre au crancier gagiste son titre de crance et signifier son propre
dbiteur le transfert de sa crance titre pignoratif. A dfaut, le crancier gagiste
peut procder cette signification. 131
130
131
Article 60 du CMP.
Article 50-1 de lAUS.
p. 71
Conditions de forme
En principe, lAUS impose deux conditions pour que le gage soit opposable aux tiers :
- un crit dment enregistr constatant le contrat de gage ;
- lindication de la somme due par le dbiteur ainsi que lespce, la nature et la
quantit des biens meubles donns en gage.
Les nantissements de marchs publics sont gnralement notaris mme si ce
formalisme nest pas requis par le CMP.
L'exemplaire unique est transmis au crancier nanti ou conserv entre les mains du
notaire.
(b)
La signification du transfert
LAUS impose que le dbiteur transfrant signifie son propre dbiteur, le dbiteur
transfr, le transfert dont il fait lobjet. A dfaut, cest au crancier gagiste quil
appartient de procder cette formalit. Il convient de noter que lAUS ne prescrit pas
la forme selon laquelle cette notification doit tre opre : lettre recommande avec
accus de rception ou acte dhuissier. Il nous semble que la signification doit ici tre
effectue par acte d'huissier.
Sur demande du crancier gagiste, le dbiteur transfr peut accepter ce transfert. Il
sengage alors, sur la simple demande du crancier gagiste le payer directement,
sans pouvoir opposer aucune exception tenant ses rapports personnels avec le
crancier transfrant. Cette disposition, qui n'existe pas en droit franais pour le gage
de crances de droit commun, est analogue celle qui est prvue par la loi Dailly pour
la cession et le nantissement de crance. LAUS ajoute que si le dbiteur transfr ne
sest pas engag payer directement le crancier gagiste, il est nanmoins tenu de le
faire sil ne peut opposer, le jour de lchance, aucune exception lencontre de son
propre crancier ou de son crancier gagiste : dans ce cas, il n'est donc tenu envers le
gagiste que dans la mme mesure qu' l'gard du crancier transfrant.
Paralllement, et afin de satisfaire aux exigences d'endossement prvues par l'AUS et
selon Monsieur le Professeur Joseph Issa-Sayegh, la remise du titre de crance ordre
correspondant au march attribu caractris par la dnomination du porteur serait
transmissible par endossement : la formule de lendossement titre pignoratif
Eversheds Rapport Dfinitif
Etude sur les Garanties Collectives, la Tierce Dtention, le Nantissement du Permis d'Occuper, de la Lettre d'Attribution,
des Marchs et du Matriel d'Equipement professionnel
p. 72
DROIT DE PREFERENCE
Larticle 149 de lAUS classe dans lordre suivant la distribution des deniers
provenant de la ralisation des biens mobiliers :
- 1er rang : cranciers des frais de justice ;
- 2me rang : cranciers des frais engags pour la conservation du bien du dbiteur
dans lintrt des cranciers ;
- 3me rang : cranciers de salaires superprivilgis ;
- 4me rang : cranciers garantis par un gage selon la date de constitution du gage ;
Les cranciers titulaires dun gage enregistr sur un march bnficient donc dun
privilge de quatrime rang en vertu des dispositions de lAUS.
Nous avons prpar ci-dessous deux schmas permettant de comparer le rgime du
gage issu du CMP et le rgime de gage issu de lAUS pour permettre dapprhender
les ajustements lgislatifs quil convient deffectuer.
132
J. Issa-Sayegh, Le gage sur crances de sommes dargent, Penant, n840, p.287 et 288.
p. 73
Bnficiaire du
nantissement
Prt
Dbiteur Transfr
Signification du transfert
Paiement de la crance
Prt
Dbiteur
Transfrant
Crancier Gagiste
Gage
Gage de crances avec transfert titre pignoratif par bordereau ou autre moyen
p. 74
4.2
PROBLEMES PRATIQUES
4.2.1.1
TERMINOLOGIE
INFORMATION
Daprs les informations recueillies auprs des praticiens, il semble que les
nantissements de marchs publics donnent lieu peu de litiges et de problmes
pratiques depuis ladoption du CMP en 1995 et lentre en vigueur de lAUS en 1998.
Nanmoins, certains praticiens recommandent une meilleure information du banquier
qui se retrouve souvent sans information prcise quant la situation du dbiteur vis-vis du matre douvrage. Il conviendrait sans doute cet gard de renforcer les
obligations dinformation rciproques.
4.2.1.3
Le titulaire du nantissement se voit presque toujours pay sur la crance quil dtient
lgard du dbiteur transfr, cest dire la personne publique. Ce paiement est facilit
par larticle 7 du CMP qui dispose son point 16 que les marchs doivent
obligatoirement porter la mention de la domiciliation bancaire o les paiements
seront effectus. Il semblerait, toutefois, que des dtournements de domiciliation
bancaire aient t frquemment organiss de telle sorte que les cranciers nantis nont
pas t en mesure de mettre en uvre les nantissements de march consentis leur
profit.
4.2.2
PROBLEMES JURIDIQUES
4.2.2.1
Les nantissements de marchs publics sont, par ailleurs, contrls au niveau du service
central du Ministre de lEconomie et des Finances qui effectue galement un suivi de
lexcution des marchs publics concerns. Toutefois, le manque deffectif semble
tre un frein au contrle des formalits de nantissement lorsque les entreprises y ont
recours.
p. 75
4.2.2.2
NOTIFICATION
4.3
PRECONISATIONS
4.3.1
PRECONISATIONS PRATIQUES
4.3.1.1
TERMINOLOGIE
p. 76
Il est ncessaire de prvoir une disposition dans le CMP renforant les sanctions en
cas de fraude sur toute sret prise sur le march, que ce soit tant lgard de
lautorit de march, du titulaire du march que du crancier gagiste. Ces sanctions
doivent tre attaches notamment au manque de notification ou au dtournement de la
domiciliation bancaire.
4.3.2.2
CONTROLE
Le formalisme gnral de lexemplaire unique doit tre combin avec celui du gage de
crances prvu par lOHADA. Il semble, par consquent, ncessaire de mettre en
harmonie la notification prvue par le droit OHADA avec le CMP et de modifier
larticle 78 pour que cette notification soit effectue par le titulaire du march
(dbiteur transfrant).
Toutefois, il convient de sinterroger sur le point de savoir si la notification exige par
le Code des marchs publics malien (envoi par lettre recommande avec AR ou dune
remise par porteur avec rcpiss) correspond la signification exige par larticle
50 de lAUS. Si on se rfre au sens de ce terme dans le droit commun franais de la
cession et du nantissement des crances, il faut rappeler quun exploit dhuissier est
ncessaire pour garantir la date certaine du transfert ou de la mise en gage. Le
lgislateur franais utilise au contraire le terme notification dans la loi Dailly pour
dsigner une information du dbiteur transfr faite sans formalits particulires.
Avant de mettre en uvre notre prconisation de mise en harmonie, il serait opportun
de vrifier le sens du mot signification dans lAUS. Nous suggrons cet effet de
solliciter lavis de la Cour Commune de Justice et dArbitrage sur ce point.
Il convient enfin de noter que le droit des marchs publics fait lobjet dun projet de rforme
au niveau de lUEMOA. Il semble donc ncessaire de vrifier que les modifications du CMP
nentrent pas en contradiction avec cet ventuel projet.
p. 77
Autorit responsable
du march : dbiteur
Paiement
Notificatio
n
Titulaire
du march : dbiteur
Crancier gagiste
Bordereau de transfert et remise de lexemplaire unique
p. 78
5.
LE
NANTISSEMENT
PROFESSIONNEL
DE
MATERIEL
5.1
REGIME
JURIDIQUE
PROFESSIONNEL
5.1.1
DU
NANTISSEMENT
DE
MATERIEL
Avant lentre en vigueur des Actes Uniformes OHADA, le droit applicable au Mali
en matire de nantissement de loutillage et du matriel dquipement tait issu de
la Loi franaise n51-59 du 18 janvier 1951 rendue applicable au Mali par un Dcret
n56-889 du 31 aot 1956 (ci-aprs dsign le Dcret ). Ces deux textes, notre
connaissance, nont pas t abrogs depuis lindpendance.
5.1.1.1
133
Article 18 du Dcret.
p. 79
5.1.1.2
TITULAIRE DU NANTISSEMENT
soit au profit du vendeur du matriel. Dans ce cas, il doit tre donn dans lacte
de vente ;
Par consquent, seules sont susceptibles dtre garanties par un tel nantissement les
crances en relation avec le financement de lacquisition du bien faisant lobjet du
nantissement.
Il est, par ailleurs, ncessaire que le bien donn en nantissement appartienne celui
qui le donne en garantie.
5.1.1.3
Le nantissement doit tre consenti par acte authentique ou par acte sous seing priv
enregistr.
Lacte de nantissement, peine de nullit, doit mentionner que les fonds verss par le
prteur ont pour finalit dassurer le paiement du matriel134.
Lacte de nantissement doit, par ailleurs, mentionner et dtailler les biens acquis de
faon prcise afin de les individualiser par rapport aux autres biens de mme nature
appartenant lentreprise. Il doit aussi dtailler le lieu o le matriel est attach ou, en
cas contraire, mentionner sil est susceptible d'tre dplac135.
Le nantissement doit tre conclu au plus tard dans un dlai de un mois compter du
jour de la livraison du matriel136.
5.1.1.4
134
p. 80
Les biens nantis peuvent, la requte du bnficiaire, tre revtus dune plaque
indiquant le lieu, la date et le numro dinscription du privilge dont ils sont grevs138.
Cette apposition est facultative, cependant, le dbiteur ne peut y faire obstacle. Ce
mcanisme permet au crancier ainsi qu ses subrogs dexercer un droit de suite sur
le matriel nanti139.
Linscription confre un privilge sur le matriel nanti au crancier nanti par
prfrence tous autres privilges lexception des privilges numrs larticle 9
du Dcret :
frais de justice ;
et superprivilge du salari.
au privilge du trsor ;
SUBROGATION
138
p. 81
5.1.1.6
REALISATION DU NANTISSEMENT
Lorsque le dbiteur veut vendre lamiable tout ou partie des biens nantis, il doit
solliciter le consentement pralable du crancier nanti, et dfaut, lautorisation du
juge des rfrs du tribunal de commerce statuant en dernier ressort143.
En cas de non-paiement lchance, le crancier bnficiaire du nantissement peut,
huit jours aprs signification faite au dbiteur, procder la vente publique du matriel
nanti. Lofficier public en charge de la vente, est dsign sur requte par le prsident
du tribunal de commerce.
Le crancier nanti a la facult dexercer une surenchre du dixime de la valeur du
bien144.
5.1.1.7
DISPOSITIONS PENALES
5.1.2
La nature du matriel nanti est indiffrente (neuf, usag) mais le matriel doit avoir
obligatoirement un lien avec lactivit professionnelle. Peu importe lusage de ce
matriel : civil, commercial, industriel, agricole ou artisanal.
Il est ncessaire de diffrencier le nantissement de matriel professionnel du
nantissement des stocks qui est essentiellement prvu pour des choses fongibles. En
revanche, les rgles relatives au nantissement du matriel professionnel sont
143
Article 19 du Dcret.
Article 14 para 2 du Dcret.
145
Article 19 du Dcret. Larticle 406 mentionn est aujourdhui remplac par les articles 314-1 et 314-10 du Code Pnal portant sur labus
de confiance.
144
p. 82
ACTE DE NANTISSEMENT
146
Article 93 de lAUS.
Article 69-2 de lAUS.
148
Article 91 de lAUS.
147
p. 83
INSCRIPTION DU NANTISSEMENT
Il convient de noter (i) que le nantissement ne produit effet que sil est inscrit au
RCCM, (ii) que linscription est effectue par le crancier nanti dans le ressort du
tribunal dans lequel est immatricul lacqureur149.
Les formalits dinscription du nantissement sont compltes par larticle 51 de
lAUDCG. Le crancier nanti doit produire au greffe les lments suivants :
1) le titre constitutif du nantissement en original s'il est sous seing priv, ou en
expdition s'il est constitu en minute ou par une dcision judiciaire autorisant le
crancier prendre cette inscription ;
2) un formulaire d'inscription en quatre exemplaires portant mention :
a) des nom, prnom, dnomination sociale, domicile ou sige social des parties,
ainsi que le numro d'immatriculation de l'acqureur contre lequel est requis
l'inscription ;
b) de la nature et la date du ou des actes dposs ;
c) d'une description des biens objet du nantissement permettant de les identifier et
de les situer, et la mention si ncessaire que ces biens sont susceptibles d'tre
dplacs ;
d) du montant des sommes dues au dernier jour prcdant l'inscription, le cas
chant, les conditions d'exigibilit de la dette ;
e) de l'lection de domicile du crancier nanti dans le ressort de la juridiction o
est tenu le RCCM.
Il convient de noter quaucun dlai denregistrement et dinscription de lacte de
nantissement nest prvu par lAUS ou lAUDCG, contrairement au Dcret qui prvoit
un dlai de 15 jours150.
Linscription au RCCM vaut pour 5 ans. Son effet cesse si elle na pas t renouvele
avant lexpiration de ce dlai151. Le nantissement donne droit, le cas chant, deux
annes dintrts152.
149
Article 51 de lAUDCG.
A titre comparatif, le Code des Obligations Civiles et Commerciales du Sngal dispose, par exemple, dans son article 888 que cet
enregistrement doit tre procd dans les quinze jours suivants lacte constitutif. Le Code de Commerce franais prvoit le mme dlai.
151
Article 95 de lAUS.
152
Article 99 para 1 de lAUS.
150
p. 84
TRANSMISSION
REALISATION
5.2
Selon notre comprhension, il semble que les dispositions du Dcret ne sont pas
appliques, surtout depuis que lAUS est entr en vigueur, et ceci alors mme que
certaines de leurs dispositions compltent utilement le droit OHADA. Il conviendrait
donc dharmoniser les deux instruments et dabroger expressment les dispositions
inutiles.
153
Article 92 de lAUS.
Article 97 de lAUS. Aux termes de larticle 2-4 de lActe Uniforme sur les Procdures Collectives dApurement du Passif, seuls les
dbiteurs personnes physiques commerantes ou personnes morales de droit priv sont exposs aux procdures collectives.
155
Article 99 para 2 et article 149 de lAUS.
154
p. 85
5.2.2 INTERACTION
DU
CODE
DE
PROCEDURE
COMMERCIALE ET SOCIALE AVEC LAUS
CIVILE,
5.2.3
LOCALISATION DU MATERIEL
Lapposition d'une plaque permise par larticle 4 du Dcret nest pas, selon les
personnes interroges, pratique par les cranciers. Ceci constitue une difficult
pratique supplmentaire en cas de revente de marchandises quun crancier
souhaiterait revendiquer et ne peut identifier ou localiser facilement.
5.2.4
INTERET ECONOMIQUE
Il convient de noter que le nantissement de matriel est une sret dun effet plus
dissuasif que rellement utile pour le crancier dans la mesure o en cas de ralisation,
les lments saisis sont souvent dune faible valeur du fait de leur usure et o il est peu
ais de trouver des acqureurs pour les racheter.
5.2.5
Lune des difficults de mise en uvre est lie aux dlais de constitution prvus par le
Dcret dans la mesure o les parties sont obliges initialement davoir recours une
promesse de nantissement qui est ensuite convertie la livraison. Il faut donc s'assurer
de faire rfrence l'obligation d'enregistrement des matriels dans le dlai de 15 jours
suivant la signature de lacte de nantissement ou la ralisation des conditions
ncessaires la ralisation de la promesse pour que l'inscription s'effectue en sus des
dispositions de l'acte OHADA qui nen prvoient aucun.
5.2.6
Enfin, une difficult se pose aussi quant linscription des privilges puisque lordre
des privilges prvu par lAUS nest pas le mme que celui du Dcret.
p. 86
5.2.7 COUTS
Il semble que les praticiens souhaiteraient avoir davantage recours ce nantissement
mais que les cots de son enregistrement soient prohibitifs. Par ailleurs, les cots
dexcution en cas de ralisation de la sret semblent galement poser problme du
fait de la ncessit davoir recours un huissier pour pratiquer les saisies.
En particulier, les organismes de micro-crdit et plus gnralement les systmes
financiers dcentraliss considrent souvent que les cots de constitution de
nantissement de matriel et les cots de ralisation en cas de dfaut sont prohibitifs eu
gard au montant des prts considrs de manire spar.
De ce fait, le nantissement de matriel ne semble pas toujours privilgi par les
cranciers qui souhaitent garantir le paiement de leurs crances.
5.3
PRECONISATIONS
5.3.1
MODIFICATION DU DECRET
5.3.1.1
ARTICLE 1
p. 87
5.3.1.2
ARTICLE 2
Le nantissement est consenti par un acte authentique ou sous seing priv enregistr
au droit fixe dont le taux sera dtermin par dlibration du Grand Conseil de
lAfrique occidentale franaise.
Commentaire : Cette disposition est dj couverte par larticle 94 de lAUS. Elle doit
donc tre abroge.
Lorsque le nantissement est consenti par le vendeur, il est donn dans lacte de vente.
Lorsqu'il est consenti au prteur qui avance les fonds ncessaires au paiement du
vendeur, le nantissement est donn dans l'acte de prt.
Cet acte doit mentionner, peine de nullit, que les deniers verss par le prteur ont
pour objet d'assurer le paiement du prix des biens acquis.
Commentaire : Ces dispositions ne sont pas mentionnes dans le droit OHADA. Elles
pourraient donc utilement tre conserves en ltat.
Toutefois, ces dispositions n'apportent pas seulement une prcision par rapport au
droit uniforme, elles instaurent des exigences formelles diffrentes de celles qui sont
prvues par l'article 94 de l'AUS (en ce que la validit du nantissement est
subordonne sa mention dans l'acte de prt ou de vente).
p. 88
Maintenir ces dispositions dans le droit malien comporterait par consquent un risque
puisqu'elles pourraient permettre d'annuler un nantissement parfaitement valable au
regard de l'AUS.
Par mesure de prudence, ces dispositions doivent donc tre abroges.
Les biens acquis doivent tre numrs dans le corps de l'acte et chacun d'eux doit
tre dcrit d'une faon prcise, afin de les individualiser par rapport aux autres biens
de mme nature appartenant l'entreprise. L'acte indique galement le lieu o les
biens ont leur attache fixe ou mentionne, au cas contraire, qu'ils sont susceptibles
d'tre dplacs.
Commentaire : Le formalisme attach linscription de lacte de nantissement est
suffisamment prvu par lAUS et lAUDCG pour que cette disposition du Dcret
puisse tre conserve (article 94 de lAUS et Article 51 de lAUDCG). Par ailleurs, la
description des biens nantis, leur emplacement et la mention que le matriel est
susceptible dtre dplac est prcisment prvu par larticle 94-2 de lAUS. Ce
paragraphe doit donc tre abrog.
Sont assimiles aux prteurs de deniers les cautions qui interviennent par aval, par
acceptation ou autrement dans l'octroi des crdits d'quipement.
Commentaire : Cette disposition du Dcret semble devoir tre abroge. Larticle 91
de lAUS dispose en effet que la mme sret peut tre consentie aux tiers ayant
garanti les engagements de lacqureur envers le vendeur par cautionnement, aval ou
tout autre engagement ayant le mme objet, ainsi qu toute personne ayant prt les
fonds ncessaires lachat . Le droit OHADA est donc plus prcis.
5.3.1.3
ARTICLE 3
A peine de nullit, le nantissement doit tre inscrit, dans les conditions requises par
les articles 10 et 11 du dcret du 10 mars 1936 et dans un dlai de quinze jours
compter de la date de l'acte constitutif du nantissement.
Commentaire : Le droit OHADA ne mentionne aucun dlai quant linscription du
nantissement comme il peut tre le cas dans le Code des Obligations civiles et
Commerciales du Sngal. Il serait donc intressant de conserver cette disposition
comme il la t fait au Sngal. En revanche, toute rfrence au dcret du 10 mars
1936 doit tre abroge, les conditions dinscription tant dj mentionnes dans le
droit OHADA.
Toutefois, la mme remarque que sous l'article 2 peut toutefois tre faite ici. L'article 3
est en effet plus exigeant que le droit OHADA ; ne doit-on ds lors considrer que
l'exigence de la publication dans le dlai de 15 jours est contraire l'AUS ?
Par mesure de prudence, ces dispositions doivent donc tre abroges.
Le nantissement doit tre conclu au plus tard dans le dlai d'un mois de la livraison
du matriel.
Eversheds Rapport Dfinitif
Etude sur les Garanties Collectives, la Tierce Dtention, le Nantissement du Permis d'Occuper, de la Lettre d'Attribution,
des Marchs et du Matriel d'Equipement professionnel
p. 89
5.3.1.4
ARTICLE 4
5.3.1.5
ARTICLE 5
p. 90
Les conflits qui peuvent se produire entre les titulaires d'inscriptions successives sont
rgls conformment l'article 1252 du Code civil.
Commentaire : Les conflits entre titulaires dinscriptions successives sont dj rgis
par le droit OHADA. En effet, lorsquune sret est soumise publicit par son
inscription au RCCM, ce qui est le cas du nantissement de matriel, la sret prend
rang sa date dinscription. Cette disposition du Dcret doit donc tre abroge.
5.3.1.6
ARTICLE 6
5.3.1.7
ARTICLE 7
p. 91
5.3.1.8
ARTICLE 8
5.3.1.9
ARTICLE 9
5.3.1.10
ARTICLE 10
p. 92
Sous rserve des drogations prvues par la prsente loi, le privilge du crancier
nanti est rgi par les dispositions du chapitre III du dcret du 10 mars 1936 en ce qui
concerne les formalits d'inscription, les droits des cranciers, en cas de dplacement
du fonds, les droits du bailleur de l'immeuble, la purge desdits privilges et les
formalits de mainleve.
Commentaire : Les privilges du crancier nanti sont dj prvus par larticle 149 de
lAUS. Cette disposition du Dcret doit donc tre abroge.
5.3.1.11
ARTICLE 11
5.3.1.12
ARTICLE 12
5.3.1.13
ARTICLE 13
p. 93
5.3.1.14
ARTICLE 14
5.3.1.15
ARTICLE 15
Les biens grevs en vertu de la prsente loi, dont la vente est poursuivie avec
d'autres lments du fonds sont l'objet d'une mise prix distincte ou d'un prix distinct,
si le cahier des charges oblige l'adjudicataire les prendre dire d'expert.
Dans tous les cas, les sommes provenant de la vente de ces biens sont, avant toute
distribution, attribues aux bnficiaires des inscriptions, concurrence du montant
de leur crance en principal, frais et intrts conservs par lesdites inscriptions.
La quittance dlivre par le crancier bnficiaire du privilge n'est soumise qu' un
droit fixe dont le taux sera dtermin par dlibration du Grand Conseil.
Commentaire : Cet article du Dcret doit tre abrog. Voir notre commentaire sous
larticle 13.
p. 94
5.3.1.16
ARTICLE 16
5.3.1.17
ARTICLE 17
Pour lapplication du prsent dcret, les greffiers sont assujettis aux diligences et
responsabilits dicts larticle 33 du dcret du 10 mars 1936.
Leurs moluments sont dtermins conformment aux dispositions de larticle 38, 23,
de la loi susvise du 29 aot 1947 relative aux assembles de groupe en Afrique
occidentale franaise et en Afrique quatoriale franaise dites Grands Conseils.
Commentaire : Les prrogatives des greffiers sont dj dtermines par lAUDCG et
lAUS. Cet article doit donc tre abrog.
p. 95
5.3.1.18
ARTICLE 18
5.3.1.19
ARTICLE 19
5.3.1.20
ARTICLE 20
p. 96
5.3.1.21
ARTICLE 21
5.3.2
MODIFICATION DU CPCCS
Larticle 705-2 du CPCCS disposant que ne peuvent tre saisis les instruments de
travail indispensables la pratique de sa profession doit tre modifi, afin dviter
toute interfrence pour lapplication du nantissement de matriel.
Nous suggrons de modifier la rdaction de larticle pour ajouter la fin de celui-ci
lexception des matriels professionnels qui ont fait lobjet dun nantissement
conformment aux articles 91 et suivants de lAUS .
Il conviendra, par ailleurs, de vrifier les nouveaux dlais issus du projet de rforme
du Code de Commerce et du CPCSS. Nous recommandons de se rapprocher des
consultants qui ont conduit une tude rcente cet effet pour une meilleure
coordination.
5.3.3
p. 97
ANNEXE 1
LISTE DES PERSONNES RENCONTREES
Nous adressons nos plus sincres remerciements l'ensemble des personnes dont les noms
figurent ci-dessous pour leur aide au cours de cette tude.
M. Moussa Bagayoko, Directeur Rgional du Rseau des Caisses dEpargne et de Crdit du
Mali - Nysigiso ;
M. Abdel Kader Barry, Directeur Excutif de Auxigages - Socit de Tierce Dtention ;
Me. Abdoul Wahab Berth, Avocat au Barreau du Mali ;
M. Baya Berth, Prsident du Tribunal de Commerce de Bamako ;
M. Mamara Ciss, Directeur Juridique du Rseau des Caisses dEpargne et de Crdit du Mali
- Nysigiso ;
M. Lassine Coulibaly, Directeur dAgence, Banque Nationale de Dveloppement Agricole
Sgou ;
M. Moussa Coulibaly, Inspecteur des impts la Direction Nationale des Domaines et du
Cadastre, Conseiller Municipal de la Commune VI de Bamako et ancien Conservateur des
Domaines et du Cadastre Bamako ;
Me. Famakan Dembl, Greffier en Chef du Tribunal de Commerce de Bamako ;
M. Boubacar Diakit, Directeur, Mislini, Institution de Crdit Solidaire pour les Femmes ;
Me. Boubacar Diallo, Huissier de Justice Bamako ;
Mme Fatou Seck Diallo, Gestionnaire Composante Cadre Lgal et Rglementaire de la
Cellule de Gestion du PDSF ;
M. Youssouf Diarra, Sous Directeur Mthode et Procdures de la Direction Gnrale des
Marchs Publics ;
M. Idrissa Diawara, Directeur de la DRAMR Sgou ;
M. Mamadou Diawara, Conseiller la Cour Suprme - Section administrative ;
M. Mohamed Dibassy, Conseiller Technique au Ministre des Domaines et des Affaires
Foncires ;
p. 98
***
p. 99
ANNEXE 2
TABLEAU SYNOPTIQUE
GARANTIES COLLECTIVES
Droit malien
Texte
Loi n94-040 du 15
aot 1994 portant
rglementation des
institutions
mutualistes ou
coopratives
dpargne et de
crdit modifie par
la loi n95-074 du
15 septembre 1995
Articles
Droit OHADA
Texte
Article
Ecarts
ou
difficults
Besoins de rforme
ou
Prconisations
Nant
Nant
Acte Uniforme
portant
organisation des
Srets
Articles 3 27
Nant
p. 100
TIERCE DETENTION
Droit malien
Textes
Loi n92-002
promulgue le 27
aot 1992 portant
code de commerce
en Rpublique du
Mali
Arrt n991477/MICA-SG du
2 aot 1999 portant
rglementation de
la profession de
tierce-dtention
Articles
1193 1224
Droit OHADA
Textes
Acte Uniforme
portant organisation
des Srets
Articles
Articles 100
105 pour le
nantissement
des stocks
Ecarts
ou
difficults
Dveloppement du Crdit-stockage.
Systme du rcpiss-warrant
non utilis ;
Cot lev.
Articles 44 et
suivants pour le
gage
Articles 1 et
suivants
Acte Uniforme
relatif au droit
commercial gnral
Article 55 pour
lenregistrement
du nantissement
des stocks
p. 101
Articles
Ordonnance
n00-027/P-RM
du 22 mars
2000 modifie
par la Loi n02008 du 12
fvrier 2002
59 63
Dcret n99254/P6RM du
15 septembre
1999 portant
Code de
Procdure
Civile,
Commerciale et
Sociale
712 et
suivants
pour la
ralisation
du gage
Ordonnance
n00-027/P-RM
du 22 mars
2000 modifie
par la Loi n02008 du 12
fvrier 2002
88 et 99
Droit OHADA
Textes
Articles
Ecarts
ou
difficults
Besoins de rforme
ou
Prconisations
Articles 44 et suivants
pour le gage
Incertitude du Rgime
Juridique ;
Articles 91 et suivants
pour la saisie-vente
Problme terminologique ;
Problme d'enregistrement ;
Problme de ralisation ;
Absence d'harmonisation
avec l'AUS et l'AUPSRVE.
A court terme :
Rdaction de modles dactes
Formations des acteurs du droit
foncier
Cration dune commission de suivi
des mesures
Campagne dinformation sur la
terminologie
Rdition du CDF consolid
Modification des articles 61, 63, 88 et
99 du CDF et du dcret du 2 fvrier
2001 (article 3)
Modification du CPCCS
Mise en place d'un rgime transitoire
A long terme :
Immatriculation des terrains
Favoriser laccs la proprit
Refonte du cadre de lhypothque
Renforcement de lobligation
denregistrement
p. 102
NANTISSEMENT DE MARCHE
Droit malien
Droit OHADA
Texte
Articles
Texte
Article
Ecarts
ou
difficults
Dcret n
95-401/PRM du 10
novembre
1995
78 et
suivants
Acte Uniforme
portant
organisation des
srets
50
Besoins de rforme
ou
Prconisations
p. 103
Articles
Loi n51-59 du
18 janvier 1951
et Dcret n56889 du 31 aot
1956
Articles 1 et
suivants
Dcret n99254/P-RM du
15 septembre
1999 portant
Code de
procdure Civile
Commerciale et
Sociale
Article 705
pour les biens
insaisissables
Droit OHADA
Texte
Article
Acte Uniforme
portant organisation
des Srets
Articles 91 et
suivants
Acte Uniforme
relatif au Droit
Commercial
Gnral
Articles 51 et
suivants pour les
formalits
denregistrement
Ecarts
ou
difficults
Besoins de rforme
ou
Prconisations
Article 2 para 2
Article 3
Article 4
Article 5 para 1 (partiellement)
Article 6 para 2
Article 8
Article 11 (partiellement)
Article 18 alina 3 et 4
Article 19
p. 104
ANNEXE 3
REGIME JURIDIQUE
DU CAUTIONNEMENT MUTUEL
Les structures de caution mutuelle sont des institutions qui visent constituer un mcanisme
de garantie du crdit pris par leurs membres auprs dune institution de financement. Elles se
sont dveloppes en Amrique du Nord et en Europe sous forme de socits de caution
mutuelle. Il semble que certaines expriences de cautionnement mutuel ont t rcemment
menes en Afrique dans ce sens, en Guine notamment et que les entits garantissant les
prteurs taient constitues sous forme socitaire ou associative.
Ce mode de garantie prsente les avantages du mutualisme (pargne pralable) mais
galement ceux du cautionnement solidaire dans la mesure o il sagit en plus dun fonds de
garantie abond par les emprunteurs et la structure de financement qui peut tre mobilis dans
des conditions clairement exposes dans un contrat en cas de dfaillance du dbiteur lors du
remboursement du crdit.
Il nous a paru utile de dcrire rapidement le rgime applicable au cautionnement mutuel en
France afin de proposer sa mise en uvre ventuelle au Mali tout en nous assurant de ne pas
reprendre certains aspects problmatiques dj rencontrs par les praticiens europens.
1.
Dfinition
Mcanisme
La plupart du temps, ce sont des socits de caution mutuelle auxquelles est adoss un fonds
de garantie qui se portent cautions pour les emprunteurs membres moyennant des frais
dadhsions et des frais de gestion lis chaque opration. Le cautionnement mutuel peut tre
rput simple lorsque des non adhrents bnficient des garanties de la socit.
Le fonds de garantie auquel peut tre adoss une socit de caution mutuelle constitue la
contre-garantie support de mutualisation des risques dans la mesure o il permet de couvrir
les risques en cas de ralisation. Le fonds peut tre directement affect au profit des
tablissements prteurs en garantie de la bonne fin des prts des emprunteurs.
3.
Financement
Les socits sont tout dabord alimentes par les souscriptions au capital social.
Des sommes peuvent aussi tre verses par les adhrents socitaires sur un fonds en priorit
la garantie du recours de la socit (ou de ltablissement prteur) son encontre en cas de
Eversheds Rapport Dfinitif
Etude sur les Garanties Collectives, la Tierce Dtention, le Nantissement du Permis d'Occuper, de la Lettre d'Attribution,
des Marchs et du Matriel d'Equipement professionnel
p. 105
Utilisations
Ces socits facilitent essentiellement les crdits moyen et long terme dinvestissement qui
bnficient du cautionnement mutuel mais aussi les crdits de fonctionnement de court terme
ou les dcouverts, par exemple pour les exploitants agricoles ou ngociants de produits
agricoles qui y ont recours pour la dure dune campagne annuelle dexploitation.
5.
Ces socits sont des socits commerciales coopratives capital variable rgies par le droit
des socits classique et les lois relatives aux socits coopratives. Elles ont le statut
dtablissement de crdit et sont administres selon les rgles dfinies par leurs statuts.
Les socits sont administres par un conseil dadministration de deux personnes au moins
qui dtermine pour chaque socitaire le montant maximum des cautions qui peuvent tre
accordes et leur dure.
Le conseil dadministration juge seul de loctroi ou du refus des cautions ou de lutilit de
demander au socitaire des garanties personnelles ou relles en contre-garantie, selon le profil
du socitaire emprunteur ou des risques encourus.
Les socits peuvent tre affilies certaines banques de manire exclusive par le biais dune
convention spcifique.
p. 106
Les souscriptions leur capital sont recueillies auprs de membres bnficiant des avantages
de celles-ci comme auprs de membres non participants qui nont droit qu une rmunration
des apports effectus, et qui sont gnralement des banques, syndicats, organismes de crdit,
chambres de commerce et dindustrie et organes professionnels qui renforcent la surface
financire des socits de caution mutuelle.
Les socitaires sont admis aprs aval du conseil dadministration qui accepte leur souscription
aprs acceptation des conditions statutaires. Ils peuvent se retirer et rclamer remboursement
de leurs apports.
6.
ANNEXE 4
Banques
SF
Cautionnements
Prts
Adhsion
Adhsion
Socits de Caution
Mutuelle
OP
Frais de Gestion
Adhsions
Membre
- Contre-garantie
- Fonds damorage
- Subventions
Bailleurs de Fonds
Contre-garantie
(optionnelle)
Fonds de garantie
p. 107
Il nous a paru utile de dcrire rapidement le rgime applicable aux nantissements de marchs
publics en France, afin d'en extraire ventuellement certaines prconisations ou d'viter
certains cueils rencontrs dans la pratique.
Le droit franais prvoit deux types de garanties pour le titulaire dun march : le
nantissement ou la cession de crances. Cette cession ou ce nantissement peuvent tre oprs
selon les mcanismes ordinaires de droit commun ou selon les mcanismes particuliers dits de
la cession de crances ou du nantissement rgis par la Loi n81-1 du 2 janvier 1981 modifie
et codifie par les Articles L. 313-23 L. 313-34 du Code Montaire et Financier (ci-aprs
dsigne Loi Dailly ).
Pour ce qui est des marchs publics, les mcanismes de droit commun ou ceux issus de la Loi
Dailly sont appuys par le formalisme des articles 106 et suivants du Dcret n2001-210 du 7
mars 2001 portant Code des Marchs Publics (ci-aprs dsign CMP ).
Ce formalisme ne trouve pas application en matire de march priv, ce qui signifie que le
nantissement ou la cession de crance sont rgis en la matire soit (i) uniquement par les
mcanismes ordinaires du nantissement ou de la cession de crance, soit (ii) par les
mcanismes particuliers de la Loi Dailly.
En pratique, il convient de remarquer que la technique la plus frquemment utilise en France
parmi ces deux types de garanties est la cession de crances, et principalement celle prise par
la voie dun bordereau Dailly, que ce soit pour les marchs publics ou les marchs privs.
1.
Le CMP sapplique en France pour tout march conclu par lEtat, ses tablissements publics
autres que ceux ayant un caractre industriel et commercial, les collectivits territoriales et
leurs tablissements publics ou pour tout march conclu en vertu dun mandat des personnes
publiques cites ci-dessus.
Lorsquun march est attribu par une personne publique, le CMP impose que le responsable
du march remette un exemplaire du march appel exemplaire unique au titulaire du
march156.
Cet exemplaire unique est une copie certifie conforme de loriginal du march (acte
dengagement et cahier des clauses administratives particulires) dment signe par la
personne responsable du march.
156
p. 108
La remise de cet exemplaire unique est une condition imprative pose par le CMP afin de
permettre au titulaire du march public la cession ou le nantissement de sa crance une
banque, un tablissement de crdit ou une autre entreprise (ci-aprs collectivement
dsigns le Bnficiaire ).
La formule de lexemplaire unique est cet effet la suivante :
Copie certifie conforme loriginal dlivre en unique exemplaire pour tre remise
en cas de cession ou de nantissement de crances.
Lorsque le titulaire du march dcide de cder ou de nantir sa crance, il a lobligation de
remettre cet exemplaire unique au Bnficiaire.
Une fois le nantissement ou la cession de crance accord au Bnficiaire, ce dernier doit
notifier lopration au comptable assignataire de lorganisme public contractant puis lui
remettre lexemplaire unique.
Aprs notification de la cession ou du nantissement au comptable public, ce dernier procde
au paiement au seul profit du Bnficiaire pour le montant de la crance qui lui a t cde ou
donne en nantissement.
Le Bnficiaire peut son tour transmettre un tiers, tout ou partie de la crance qui lui a t
cde. De la mme manire, la transmission doit tre notifie au comptable assignataire par le
nouveau bnficiaire de la transmission.
La procdure de lexemplaire unique permet, par consquent, dviter deux risques :
-
que la mme crance soit cde ou nantie plusieurs fois, partiellement ou en totalit ;
Par ailleurs, le CMP impose que lexemplaire unique indique le montant des prestations que
le titulaire du march nenvisage pas de confier des sous-traitants qui doivent bnficier du
paiement direct. Cette obligation fait donc clairement apparatre le montant maximum de la
crance qui peut tre cde ou nantie par le titulaire du march.
2.
CESSION/NANTISSEMENT DU MARCHE
2.1
La mise en gage de crances, selon le droit commun, sopre conformment larticle 2075
du code civil.
La signification de la cession au dbiteur cd sopre par la voie dun acte dhuissier.
Dans le cadre dun march public la signification au dbiteur cd par voie dhuissier doit
soprer, par consquent, devant le comptable assignataire de lorganisme public contractant.
Cette signification doit tre accompagne de la remise de lexemplaire unique. Cette formule
ne semble jamais tre pratique.
p. 109
Dans le cadre dun march priv, la signification de la cession ou du nantissement par voie
dhuissier doit tre effectue au matre douvrage.
2.2
Larticle L. 313-23 du Code Montaire et Financier dispose que Tout crdit quun
tablissement de crdit consent une personne morale de droit priv ou de droit public, ou
une personne physique dans lexercice par celle-ci de son activit professionnelle, peut
donner lieu au profit de cet tablissement, par la seule remise dun bordereau, la cession ou
au nantissement par le bnficiaire du crdit, de toute crance que celui-ci peut dtenir sur
un tiers, personne morale de droit public ou de droit priv ou personne physique dans
lexercice par celle-ci de son activit professionnelle.
Il convient ici de noter que le Bnficiaire ne peut tre quun tablissement de crdit157. La
cession ou le nantissement dans le cadre de la Loi Dailly nest donc pas autoris pour le crdit
inter-entreprises.
Cette cession ou ce nantissement peut tre opr tant pour les marchs privs, que pour les
marchs publics. Dans cette opration triangulaire, le cdant doit tre considr comme le
titulaire du march, le Bnficiaire comme un tablissement de crdit, et le dbiteur comme
lautorit responsable du march.
2.2.1 Le bordereau
La cession ou le nantissement de crances sopre, conformment la Loi Dailly, par
la voie dun bordereau, dnomm acte de cession ou acte de nantissement de
crances , remis par le cdant ltablissement de crdit Bnficiaire.
La cession de crances, mme lorsqu'elle est effectu titre de garantie, transfre au
Bnficiaire la proprit de la crance cde158. En revanche, le nantissement ne lui
confre qu'un droit de gage, l'exposant ainsi au concours avec les autres cranciers du
transfrant. Cette diffrence explique qu'en pratique la cession de crances ait presque
entirement supplant le nantissement.
La cession ou le nantissement prend effet entre les parties et devient opposable aux
tiers la date porte sur le bordereau159. A compter de cette date, le cdant ne peut,
sans laccord du Bnficiaire, modifier ltendue des droits attaches aux crances
reprsentes par le bordereau.
Sur la demande du bnficiaire du bordereau, le dbiteur peut sengager le payer
directement. Cet engagement doit tre constat par crit, peine de nullit160.
2.2.2 La notification de la cession ou du nantissement
157
p. 110
161
162
p. 111
p. 112
Selon l'article 109 du CMP, les privilges primant les droits des bnficiaires du nantissement
ou de la transmission sont ceux relatifs :
-
165
166
Article 14 de la Loi.
Articles L.143-10 et L.143-11 du Code du Travail
p. 113
par le fournisseur doit tre ralise par le biais dune saisie conservatoire afin dempcher
la personne publique de se dessaisir des fonds, ou par un recours une saisie attribution
afin dobtenir le paiement de la crance par le comptable public en lieu et place de
lentreprise titulaire de travaux publics. En labsence de cette saisie conservatoire ou
saisie attribution, le comptable public peut toutefois se dessaisir des fonds, dans le cadre
dune procdure amiable, si deux conditions sont cumules : (i) les fonds dus au titre du
march suffisent dsintresser le fournisseur et les tiers saisissants ventuels, (ii) un
accord crit envoy au comptable public est pass entre lentrepreneur et son fournisseur
afin de substituer ce dernier au premier en qualit de crancier ;
-
au trsor ;
Bien que le texte vise explicitement le cas d'une transmission de la crance, il semble que
la primaut de ces divers privilges n'ait plus lieu d'tre si les parties ont procd non un
nantissement mais une cession, l'tablissement de crdit cessionnaire tant alors seul
titulaire des crances cdes, qui sont sorties du patrimoine du cdant, et qui ne font donc plus
partie du droit de gage gnral des autres cranciers.
p. 114
ANNEXE 5
BIBLIOGRAPHIE
ANOUKAHA F., Le droit des srets dans lActe Uniforme OHADA, Collection Droit
Uniforme, Presses Universitaires dAfrique, 1998.
ANOUKAHA F., CISSE-NIANG A., FOLI M., ISSA-SAYEGH J., NDIAYE I.Y., Srets,
Collection Droit Uniforme Africain, Bruxelles, Bruylant, 2002.
Avant Projet de Code de Commerce Harmonis, Mali, 2002.
AYNES L. et DELEBECQUE P. (dir), LAMY - Droit des Srets, collection Lamy Droit
Civil, 2002.
BNDA, Guide des garanties.
CABINET BERTHE, WAFFI M., DIALLO A.B., THERA F., COULIBALY M.,
MARGUERON M., Actes du symposium sur les actes uniformes de lOHADA lpreuve de
la pratique malienne des affaires, 18 au 21 septembre 2001 au Palais des Congrs de
Bamako.
CABINET BERTHE, Dlais et notifications conformes aux textes de lOHADA - Rapport
dfinitif, Cellule de Gestion du Projet de Dveloppement du Secteur Financier.
CABRILLAC M. et MOULY C., Droit des Srets, Litec, 5me dition.
CAS-SFD, Rapport annuel de la Cellule dAppui et de Suivi des Systmes Financiers
Dcentraliss (CAS-SFD) pour lanne 2001, Octobre 2002.
CNUCED, Stockage et gestion des risques par les organisations paysannes au Mali, prpar
par Mamadou Lamine Traor, Aot 1997.
CREDOT Francis, Socits de Caution Mutuelle, in Juris-Classeur Banque-Crdit-Bourse,
Fascicule 745, 2002.
DELABRIERE A., Le Registre du Commerce et du Crdit Mobilier, instrument dinformation
et de scurit des cranciers dans lespace OHADA, Penant, n840, Numro Spcial Srets
et Garanties bancaires, p.369 et s.
EVERSHEDS, Business Law in Africa : OHADA and the Harmonization Process, Kogan
Page, 2002.
FENEON A., Le nantissement des stocks de matires premires : une garantie adapte et
efficace de lActe Uniforme sur les Srets, Penant, n840, Numro Spcial Srets et
Garanties bancaires, p.274 et s.
p. 115
p. 116
Annexe 6
Avant-Projet de rforme des dispositions relatives la
tierce dtention
Les modifications ci-dessous pourraient faire l'objet d'une insertion dans les projets en cours
de modification du Code du Commerce. Nous avons laiss dans cet avant-projet la destination
d'origine de ces dispositions (Code ou Arrt) et procd certaines modifications.
1
Dispositions gnrales
Article 1 :
Article 1193 du Code.
Le dpt dans les entrepts de tierce dtention est rserv aux commerants, industriels,
agriculteurs et artisans ; il ne peut tre fait par eux que pour les marchandises rentrant dans
leur spcialit professionnelle.
Article 2 :
Article 1 de lArrt.
Lactivit de tiers-dtenteur consiste en la dtention par une personne dun bien mobilier
elle remis par un disposant et affect la garantie de la crance d'un tiers en vertu soit dun
contrat de gage lui confi, conformment aux articles 44 et suivants de lActe Uniforme
OHADA portant organisation des Srets, soit dun nantissement de stocks par entiercement,
conformment aux articles 100 et suivants de lActe Uniforme OHADA portant organisation
des srets.
2
2.1
Agrment
Article 3 :
Article 2 de lArrt.
Peut tre agr tiers-dtenteur, toute personne morale ou physique remplissant les conditions
suivantes :
- limmatriculation au registre du commerce et du crdit mobilier ;
- la justification de magasins de stockage soit par un titre de proprit soit par un contrat de
bail commercial ;
- lengagement de souscrire une police dassurance couvrant sa responsabilit civile et
professionnelle et contre les risques inhrents aux produits entreposs.
Article 4 :
Article 3 de lArrt.
Lagrment pour lexercice de la profession de tierce dtention est dlivr par le Ministre
charg du commerce.
p. 117
Article 5 :
Article 4 de lArrt.
Le dossier de demande dagrment est compos dune demande adresse au ministre charg
du commerce laquelle seront jointes les pices justificatives numres larticle 3.
Les dossiers de demande dagrment sont dposs la direction nationale du Commerce et de
la Concurrence o ils seront pralablement instruits.
2.2.
Statut et tarif
Article 6 :
Article 1203 du Code.
Chaque entrept de tierce dtention est dot d'un statut particulier qui fixe les conditions
d'exploitation. Ce statut particulier est soumis l'approbation du Ministre charg du
Commerce. Celui-ci peut, par arrt, dfinir un statut-type.
Article 7 :
Article 1204 du Code.
Aux rglements prvus l'article prcdent est annex un tarif pour la rtribution de la tierce
dtention et des services spciaux rendus cette occasion aux dposants. Ce tarif est
galement soumis l'approbation du Ministre charg du Commerce. Celui-ci peut par arrt
fixer le tarif gnral. Toute modification du tarif est galement soumise approbation, du
Ministre charg du Commerce.
Article 8 :
Article 1205 du Code.
Les rglements-types et les rglements particuliers viss aux articles 6 et 7 ci-dessus
comporteront une clause selon laquelle, au-del d'un certain dlai, le non-acquittement des
frais de tierce dtention et dbours affrents aux marchandises nanties ou gages dans un
entrept de tierce dtention, autorisera le tiers-dtenteur faire procder la vente des
marchandises aux enchres publiques, aprs sommation au dposant. Le juge attribuera le
produit de la vente au tiers dtenteur concurrence des frais qui sont dus. Le surplus, s'il y a
lieu, sera consign l'administration de lentrept de tierce dtention, la disposition du
dtenteur de la lettre de tierce dtention.
2.3.
Secret Professionnel
Article 9 :
Article 9 de lArrt.
Lactivit de la tierce dtention reste assujettie au respect du secret professionnel.
2.4.
Assurance
Article 10 :
Article 10 de lArrt.
Avant tout exercice de la profession, le tiers dtenteur doit souscrire une police dassurance
couvrant sa responsabilit civile et professionnelle et contre tous les risques inhrents aux
produits entreposs.
2.5.
Cautionnement
p. 118
Article 11 :
Article 1201 du Code.
L'ouverture d'un entrept de tierce dtention est subordonne au versement d'un
cautionnement. Le montant de ce cautionnement, proportionnel la surface affecte au
magasinage, est fix par l'acte d'autorisation.
2.6.
Article 12 :
Article 1195 du Code.
La cession d'un entrept de tierce dtention est subordonne l'obtention d'une autorisation
par le cessionnaire, mme si la cession rsulte d'un transfert ou d'une vente de droits sociaux.
Toutefois, la Chambre de Commerce et d'Industrie du Mali167 est autorise grer des
entrepts de Tierce Dtention sans l'autorisation particulire en vertu de ses statuts.
Article 13 :
Article 1196 du Code.
Toute cessation d'exploitation non suivie de cession est subordonne un pravis de six mois
adress par le tiers-dtenteur au Ministre charg du Commerce. A l'expiration de ce dlai et si
les intrts gnraux du commerce l'exigent, un administrateur provisoire peut tre dsign
par le Prsident du tribunal habilit statuer en matire commerciale, statuant en rfr la
demande du Ministre public.
3
3.1.
Obligations du tiers-dtenteur
Article 14 :
Article 5 de lArrt.
Le tiers-dtenteur est astreint la tenue dun registre des stocks cot et paraph.
Article 15 :
Article 6 de lArrt.
Le tiers-dtenteur sera choisi par le client en relation avec le crancier gagiste sur la base dun
contrat de tierce dtention.
Article 16 :
Article 1198 du Code.
Les tiers-dtenteurs sont responsables dans les limites de la valeur dclare, de la garde et de
la conservation des dpts qui leur sont confis. Ils ne sont pas responsables des avaries,
dchets naturels provenant de la nature et du conditionnement des marchandises ou des cas de
force majeure. Les rglements types et les rglements particuliers viss l'article 6 prcisent
les obligations du tiers-dtenteur en ce qui concerne la conservation des dpts.
Article 17 :
Article 1199 du Code.
167
Il sera sans doute ncessaire de modifier les statuts de la Chambre de Commerce et d'Industrie du Mali pour faire rfrence aux entrepts
de tierce dtention.
Eversheds Rapport Dfinitif
Etude sur les Garanties Collectives, la Tierce Dtention, le Nantissement du Permis d'Occuper, de la Lettre d'Attribution,
des Marchs et du Matriel d'Equipement professionnel
p. 119
Il est interdit aux tiers-dtenteurs de se livrer, directement ou indirectement, que ce soit pour
leur propre compte, ou pour le compte d'autrui, titre de concessionnaire, ou tout titre,
aucun commerce ou spculation ayant pour objet les marchandises pour lesquelles ils sont
habilits dlivrer des lettres de tierce dtention.
Article 18 :
Article 8 de lArrt.
Le tiers-dtenteur sengage :
- assurer la garde et la conservation des produits sous sa responsabilit exclusive ;
- identifier clairement les produits par clients ;
- mettre une lettre de tierce dtention au profit du crancier gagiste ou nanti ;
- nautoriser les sorties de marchandises de son entrept quaprs mainleve par le
crancier gagiste ou nanti ;
- autoriser la vrification des stocks par le crancier gagiste ou nanti ;
- fournir au crancier gagiste ou nanti la police dassurance, comportant la mention de la
dlgation dindemnit en sa faveur ;
- conserver les marchandises dans les magasins adquats ;
- disposer dune expertise en matire de conservation de stocks, en tant que de besoin.
Article 19 :
Article 1202 du Code.
Les marchandises susceptibles d'tre dposes sont obligatoirement assures contre l'incendie
par les polices gnrales de l'entrept de Tierce Dtention.
3.2.
Obligations du dposant
Article 20 :
Article 1197 du Code.
Toute personne qui remet une marchandise en dpt un entrept de tierce dtention est
tenue d'en dclarer la nature et la valeur au tiers-dtenteur.
4
Article 21 :
Article 11 de lArrt.
La lettre de tierce dtention est dlivre par le tiers dtenteur au crancier gagiste ou nanti.
Elle nest ni ngociable, ni transmissible. Elle comprend les lments suivants :
- le nom du tiers dtenteur ;
- le lieu, le numro, et la date dadmission ;
- le nom et ladresse du dbiteur gag ou nanti et ladresse du magasin o les marchandises
sont stockes ;
- le montant de la crance garantie et accessoires ;
- les indications quantitatives et qualitatives de la marchandise ;
- le numro et la quittance de la police dassurance contre le vol et lincendie des risques
inhrents aux marchandises entreposes avec indication de la valeur assure et mention de
la dlgation des indemnits ventuelles au profit du crancier gagiste ou nanti ;
- le numro et la quittance de la police dassurance couvrant la responsabilit civile et
professionnelle du tiers-dtenteur et le niveau de couverture.
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Sanctions et contrle
Article 22 :
Article 1223 du Code.
L'ouverture et l'exploitation d'un entrept de tierce dtention sans agrment ainsi que la
continuation des activits aprs un retrait d'autorisation sont punies d'un emprisonnement d'un
mois deux ans et d'une amende de un dix millions de francs [ADAPTER LES PEINES] ou
de l'une de ces deux peines seulement.
Article 23 :
Article 1224 du Code.
En cas d'infraction commise par le tiers-dtenteur aux dispositions du prsent paragraphe, le
retrait d'autorisation peut tre prononc. Si les intrts gnraux du commerce exigent la
poursuite de l'activit, un Administrateur provisoire sera nomm par le Ministre charg du
Commerce.
Article 24 :
Article 14 de lArrt.
La Direction Nationale du Commerce et de la Concurrence est charge de veiller
lapplication des dispositions ci-dessus.
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