La Géographie de La France
La Géographie de La France
La Géographie de La France
Géographie de la France
Continent Europe
Région Europe de l'Ouest
Coordonnées 47°N 2°E
Superficie 41e rang mondial
551 600 km²
Terres : 100 %
Eau : 0 %
Côtes 4 668 km total km
Frontières 4 072 km
Andorre 56,6 km, Belgique
620 km, Allemagne 451 km,
Italie 488 km, Luxembourg
73 km, Monaco 4,4 km,
Espagne 623 km, Suisse 573
km, Brésil 673 km, Suriname
510 km
Altitude
4810 (mont Blanc)
maximale
Altitude
-4m (Les Moëres)
minimale
Plus long cours
Loire
d'eau
Plus
importante Lac du Bourget
étendue d'eau
D'une superficie de 551500 km² (675417 km² avec l'outre-mer), la France s'étend sur 1000 km du nord au sud et
d'est en ouest (plus grande distance nord-sud : Bray-Dunes - Cerbère). C'est le troisième plus grand pays d'Europe,
après la Russie et l'Ukraine (2e si on compte l'outre-mer). La France métropolitaine a quatre façades maritimes sur (du
nord au sud) : la mer du Nord, la Manche, l'océan Atlantique et la mer Méditerranée. La longueur totale de ses côtes
atteint 3427 km.
À l'exception de sa frontière nord-est, le pays est délimité principalement par des mers et l’océan et des
frontières naturelles : Rhin, Jura, Alpes, Pyrénées.
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Frontières terrestres
4 082 km au total dont :
• (2100 km environ avec l'Australie (en Terre Adélie))
• 730 km avec le Brésil (en Guyane française)
• 623 km avec l'Espagne
• 620 km avec la Belgique
• 573 km avec la Suisse
• 510 km avec le Suriname (en Guyane française)
• 488 km avec l'Italie
• 451 km avec l'Allemagne
• 73 km avec le Luxembourg
• 56 km avec Andorre
• 10,2 km avec les Pays-Bas (aux Antilles néerlandaises)
• 4,4 km avec Monaco
• Indéfini avec l'Australie (Terre australes)
Carte de la France.
• Littoral : 3 805 km
• Extrémités d'altitude : - 4 m (Les Moëres) > + 4 810 m (à la dernière mesure au mont Blanc) 479 milliards
de m³ d'eau tombent par an en moyenne sous forme de précipitations
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Topographie de la France métropolitaine
Le relief de la France métropolitaine est caractérisé par le « S français » qui part du sud des Vosges, descend la
vallée du Rhône et s'infléchit vers l'ouest pour longer le sud du Massif central et le nord des Pyrénées.
Au nord-ouest de cette ligne se trouve la zone hercynienne datant de l'ère primaire et secondaire, au sud-est se
trouve la zone alpine datant de l'ère tertiaire et quaternaire. Cette ligne est également une frontière altimétrique : la
zone hercynienne a des pentes arrondies tandis que la zone alpine est plus escarpée ; et une ligne de partage des
eaux : à l'ouest, les cours se jettent dans l'Atlantique, à l'est, dans la Méditerranée. L'ouest subit une influence
océanique tandis que l'est subit une influence méditerranéenne s'atténuant en arrivant au Jura.
Ile de la Réunion, Guadeloupe, Martinique, Corse, Île de Bréhat, Île de Batz, Île d'Ouessant, Île de Molène, Île
de Sein, Île de Groix, Belle-Île, Île de Houat, Île de Hoëdic, Île d'Arz, Île aux Moines, Île de Noirmoutier, Île d'Yeu,
Île de Ré, Île d'Aix, Île d'Oléron
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Principaux fleuves
Principaux canaux
Les canaux les plus remarquables sont :
• Canal du Midi ;
• Canal du Centre ;
• Canal du Rhône au Rhin ;
• Canal de Bourgogne ;
• Canal latéral à la Loire ;
• Canal du Cher ;
• Canal de Nantes à Brest ;
• Canal de Niort à La Rochelle ;
• Canal du Loing ;
• Canal de Briare.
Du point de vue hydrologique, la France occupe une position assez forte en Europe. Les précipitations y sont en
effet assez élevées, et alimentent de puissants cours d'eau coulant soit vers les mers, soit vers les pays voisins (nord et
nord-est). L'eau venue de France procure une part des disponibilités en eau de la Belgique, du Luxembourg, de
l'Allemagne et indirectement des Pays-Bas. D'après Aquastat,1 la hauteur d'eau annuelle moyenne des précipitations
est de 867 millimètres, soit pour une superficie de 551 500 kilomètres carrés, un volume de précipitations annuelles
de 477,99 kilomètres cubes, arrondis à 478 km³ (478 milliards de m³).
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Pour les années les plus sèches (période de retour de 10 ans), le volume annuel des précipitations est de 110
kilomètres cubes.
De ce volume précipité, l'évapo-transpiration consomme 301,5 km³. Restent 176,5 kilomètres cubes d'eau de
surface (cours d'eau) produits sur le territoire du pays (on parle d' eau de surface produite en interne). La lame d'eau
moyenne écoulée sur l'ensemble du territoire tous bassins confondus est donc de 320 millimètres annuellement.
Il faut ajouter à cela 2 km³ d'eau souterraine produits en interne, ce qui fait un total de 178,5 kilomètres cube
d'eau produits en interne.
En outre, une quantité non négligeable d'eau provient de certains pays voisins. Ce sont 8,7 kilomètres cubes
supplémentaires qui viennent ainsi de l'étranger, dont 7,7 km³ de Suisse (cours supérieur du Rhône, Doubs) et 1 km³
d'Espagne (cours supérieur de la Garonne). Les apports de la Belgique et de l'Allemagne sont considérés comme
négligeables, car ne faisant qu'une brève incursion en France (Blies en Lorraine, Semoy en Champagne-Ardenne).
Enfin l'apport du Rhin de 33 km³ constitue un cas particulier. Ce fleuve est frontalier sur une longue distance, mais ne
pénètre jamais le territoire français. On considère dès lors que la moitié de son débit à l'entrée (Bâle) fait partie des
ressources en eau de la France produites à l'étranger, soit 16,5 kilomètres cubes.
Les ressources renouvelables totales en eau du pays se montent donc à 203,7 kilomètres cubes (1 km³ = 1
milliard de m³) dont :
• 176,5 km³ d'eau de surface produits en interne
• 2 km³ d'eau souterraine produits en interne
• 25,2 km³ d'eau de surface produits en externe (à l'étranger)
Le taux de dépendance vis-à vis de l'étranger est de 12,37 %.
En moyenne chaque année 13,5 km³ d'eau quittent annuellement le territoire, à destination des pays voisins :
• Belgique : 5,3 km³ (alimentation de la Meuse, de l'Escaut et de l'Yser)
• Allemagne : 3,4 km³ (Sarre et rivières alsaciennes vers le Rhin)
• Luxembourg et Allemagne : 4 km³ (Moselle)
• Italie : 0,2 km³ (Roya)
• Espagne : 0,3 km³ (le Sègre, important affluent de l'Èbre a sa source en France)
La quantité d'eau disponible (qui comprend l'ensemble des ressources créées en interne, plus les apports
extérieurs) est de 203,7 km³ par an, soit pour une population évaluée à 61,9 millions d'habitants (fin 2007), 3.290 m³
par habitant et par an.
Comparaison avec les principaux voisins
Précipitations Écoulement
Volume Apport
Lame Eau souterraine Superficie
annuelle d'eau d'eau
Pays annuelles d'eau produite du pays
s de surface de l'étranger
en mm annuelle en km³/an en km²
en km³ écoulée en km³/an
en mm
en km³/an
Suisse 1 537 63,46 978 40,4 - 13,1 41 290
Royaume-
1 220 296,33 594 144,2 0,8 2,0 242 910
Uni
France 867 477,99 320 176,5 2,0 25,2 551 500
Belgique 847 25,84 393 12,0 - 6,3 30 510
Italie 832 250,81 566 170,5 12,0 8,8 301 340
Pays-Bas 778 32,31 265 11,0 - 80,0 41 530
Allemagne 700 249,96 298 106,3 0,7 47,0 357 030
Espagne 636 321,71 216 109,5 1,7 0,3 505 990
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Centre géographique
France d'outre-mer
La France reste aussi présente dans d'autres continents par des dépendances aux statuts administratifs divers :
• Guadeloupe
• Martinique
• Guyane
• La Réunion
• Saint-Martin
• Saint-Barthélemy
• Saint-Pierre-et-Miquelon
• Mayotte
• Nouvelle-Calédonie (ainsi que les îles Chesterfield)
• Polynésie française
• Wallis-et-Futuna
• Terres australes et antarctiques françaises
• Île de Clipperton
L’HISTOIRE DE LA FRANCE
Le nom de la France est issu d'un peuple germanique, les Francs, attestés dès le IIIe siècle sur la rive inférieure
droite du Rhin. Leur roi Clovis, puis ses fils, conquirent, entre 481 et 535, presque toute l'ancienne province romaine
de Gaule, et au-delà, c'est-à-dire une grande partie du territoire de la France actuelle. Si le nom de France ne fut
employé de façon officielle qu'à partir de 1190 environ, quand la chancellerie du roi Philippe Auguste a commencé à
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employer le terme de rex Franciæ1 (roi de France) à la place de rex Francorum (roi des Francs) pour désigner le
souverain, le mot était déjà couramment employé pour désigner l'ensemble du royaume, comme on le voit à la lecture
de la Chanson de Roland, écrite un siècle plus tôt. Ce terme de « France » fait suite à celui de « Francie occidentale »,
officialisé au Traité de Verdun en 843 pour désigner la partie occidentale de l'empire carolingien, suite à son
morcellement. Dès juin 1205, le territoire est désigné dans les chartes sous le nom de regnum Franciæ, c’est-à-dire
royaume de France2,3.
L'occupation humaine du territoire correspondant aujourd'hui à la France est fort ancienne. Aux groupes
présents depuis le Paléolithique et le Néolithique sont venues s'ajouter, jusqu'au premier millénaire, des vagues de
peuplement successives composées de Celtes4, de Romains, de peuples germains - Francs, Wisigoths, Alamans et
Burgondes - de Scandinaves, de Sarrasins..5.. À partir du début du second millénaire, c'est la monarchie capétienne
qui construit l'unité territoriale du royaume de France. La période révolutionnaire achève son unité administrative et
politique. La période contemporaine est marquée par des efforts d'unification linguistique et culturelle, par un
enrichissement du pays et par la continuation de l'immigration venant d'Europe, mais aussi d'Afrique et d'Asie,
prolongeant ainsi les changements de la population du pays qui n'ont jamais été interrompus.
Selon certains auteurs, les galets aménagés découverts à Chilhac en Haute-Loire constitueraient les plus anciens
témoignages d'occupation humaine sur le territoire français et dateraient de - 1,8 Ma. Toutefois, leur ancienneté et
même leur caractère anthropique sont contestés.
Vers 1 Ma, lors de la glaciation de Günz, la grotte du Vallonnet près de Roquebrune dans les Alpes-Maritimes
est habitée par des petits groupes d'Homo erectus venus d'Afrique6. Ils occupent ensuite de nombreux sites jusque
dans la vallée de la Somme. Vers - 400 000 ans, une seconde vague de peuplement arrive d'Asie. À Terra Amata près
de Nice, les chercheurs ont trouvé des vestiges acheuléens ainsi que l'un des plus anciens foyers attestés. Vers -
280 000 ans, les atlanthropes d'Afrique du Nord7 s'installent en Espagne et en France et passent en Angleterre à pied
sec ; ils façonnent des outils bifaciaux en amande, à la pointe acérée, fixée au bout d'un manche ou servant de hache.
Du 200e au 35e millénaire av. J.-C., les hommes de Néandertal sont présents sur l'ensemble du territoire
correspondant à la France actuelle. Ils taillent le silex selon la méthode Levallois. Sur les sites des Eyzies et du
Moustier en Dordogne, de nombreux outils ont été retrouvés : racloirs, bifaces, pics, ciseaux. Ils chassent le bison,
l'aurochs, le cheval, le loup et le renne. Ils ont laissé les plus anciennes traces de sépultures en France : les morts sont
ensevelis dans des fosses de 1,40 × 1 × 0,30 m ; des offrandes sont déposées à côté des corps (rations de viande,
objets en silex, etc.).
À partir de -33 000, l'homme de Cro-Magnon, venu du Moyen-Orient8, peuple les régions occupées par les
hommes de Néandertal et le remplace progressivement. Les hommes de Cro-Magnon sont de remarquables artisans.
Ils ont laissé des pointes de sagaies en os longues et finement travaillées, des spatules, des poinçons, des lissoirs
décorés. Les sites attestant de leur activité sont très nombreux : Pincevent, la grotte de Lascaux célèbre pour ses 150
peintures et 1 500 gravures, celles de Cosquer, de Gargas et de Chauvet... Le site de La Madeleine en Dordogne
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habité vers le 15e millénaire av. J.-C. par des chasseurs de rennes et des pêcheurs a livré des harpons à pointe mobile
et a donné son nom à la civilisation de cette période : le Magdalénien.
Vers le 10e millénaire av. J.-C., le climat se réchauffe. La fin des grandes glaciations amène la disparition du
renne et du phoque. Une civilisation magdalénienne finale se répand du sud-ouest français vers le nord-est plus froid
à la poursuite du gibier.
Le Néolithique
Vers le 6e millénaire av. J.-C. dans le Sud-Est, entre -5700 et - 5500 dans l'Est de la France, apparaissent
progressivement la culture des céréales, la domestication des animaux, et les nouvelles techniques artisanales comme
la poterie, le tissage, le polissage des pierres. Les groupes humains se sédentarisent, donnant naissance aux premiers
villages et aux premiers tombeaux mégalithiques : tumulus, cairns, dolmens, et menhirs. Les menhirs sont très
présents en Bretagne, isolés ou en alignement comme à Carnac (4 km, 2 935 menhirs), ou en cromlech comme au pic
de Saint-Barthélemy près de Luzenac en Ariège. Selon Fernand Braudel, c'est à la fin du Néolithique que « l’identité
biologique » de la future France avec déjà les diversités raciales qui la caractérisent aujourd'hui (Alpins, Nordiques,
Méditerranéens, Norico-Lorrains…) se met en place. Les nombreux mélanges ethniques y demeureront et les
invasions qui suivront, Celtes, Romaines, Germaniques, etc., se perdront peu à peu dans la masse des populations
déjà installées9 tels les Ligures et les Vascons.
La question de savoir si l'agriculture s'est répandue au gré des migrations humaines ou par la diffusion des idées
et des techniques agricole est toujours débattue mais une étude récente de la diversité génétique des populations
modernes a quelque peu éclairci la situation. En effet, en janvier 2010, dans cette étude scientifique financée par le
Wellcome Trust sur la diversité génétique des populations modernes, des chercheurs de l'université de Leicester au
Royaume-Uni ont étudié des échantillons de toute l'Europe, dont des Français de plusieurs régions (Finistère, Pays
basque, Vendée, Haute-Garonne ...), et établi que la plupart des hommes européens, descendent d'agriculteurs qui
sont arrivés du Proche-Orient il y a entre 5 000 et 10 000 ans. Le professeur Mark Jobling, qui a conduit l'équipe de
recherche, déclarait ainsi: « Nous avons étudié la lignée la plus répandue du chromosome Y en Europe, qui
correspond à environ 110 millions d'hommes: elle montre un gradient régulier du sud-est vers le nord-ouest,
atteignant presque les 100% en Irlande. Nous avons étudié la répartition de cette lignée, sa diversité dans les
différentes régions d'Europe, et son ancienneté.» Les résultats suggèrent que cette lignée R1b-M269 (tout comme les
lignées E1b1b et J) s'est répandue avec l'agriculture, depuis le Proche Orient. Le Dr Patricia Balaresque, auteur
principal, déclarait: « Au total, plus de 80% des chromosomes Y des européens viennent de ces agriculteurs. Par
opposition, la plupart des lignées génétiques maternelles semblent venir des chasseurs-cueilleurs. Ceci suggère un
avantage reproductif des agriculteurs sur les hommes locaux, lors de l'abandon des pratiques de chasse et de
cueillette.»
La conquête de la Gaule par les Celtes s'est déroulée en deux phases. La première commence vers -1500 et se
termine vers -70013. Les Celtes colonisent l'est du territoire le plus souvent de manière pacifique. Pasteurs nomades à
leur arrivée, ils deviennent des agriculteurs sédentaires entre -1200 et -900. C'est à cette époque qu'apparaissent les
premières agglomérations permanentes fortifiées. Vers la fin du VIIIe siècle av. J.-C., la métallurgie du fer se répand
(Âge du fer). Une nouvelle aristocratie guerrière se constitue grâce à l'apparition des épées de fer et au combat à
cheval. Elle bouleverse l'organisation sociale des Celtes jusque là agraire et égalitaire. Ces « princes et princesses de
la Celtique » (Patrice Brun) se font enterrer avec armes et chariots d'apparat, comme à Vix en Côte-d'Or (Bourgogne).
Leurs tombes ont également révélé la présence de luxueux objets provenant du pourtour méditerranéen (notamment
d'Égypte), ce qui atteste la dimension commerciale de la richesse de ces aristocrates.
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char gaulois d'apparat
Les relations commerciales lointaines se développent. Vers -600, est fondé le comptoir grec de Massalia
(Marseille) sur les bords de la Méditerranée par des marins grecs venus de Phocée (lui conférant son surnom toujours
usité de "Cité phocéenne"). D'autres comptoirs du même type, avant et après cette date, voient le jour surtout le long
du rivage (Antibes dès -680). Massalia prend toutefois un ascendant décisif sur ses rivales vers -550 avec l'arrivée en
masse de réfugiés phocéens, Phocée étant tombé aux mains des Perses. L'influence grecque se manifeste le long des
grandes voies commerciales grâce au rôle actif de Massalia.
La seconde phase commence à la fin du VIe siècle av. J.-C.. Les Celtes continuent alors leur progression vers
l'ouest de la Gaule. C'est le second âge de fer ou période de la Tène. Cette nouvelle période d'expansion correspond à
des transformations économiques et sociales. Les guerriers aristocrates peu nombreux sont remplacés par des
paysans-soldats regroupés autour d'un chef de clan. L'araire à soc de fer remplace l'araire en bois. Il permet de
labourer les terres lourdes du centre et du nord de la France actuelle. Ceci explique en grande partie la colonisation de
terres nouvelles, la croissance démographique et les nouvelles invasions qui en ont résulté. Celles-ci interrompent
pour un siècle les routes commerciales de Marseille. À la fin du IVe siècle av. J.-C., la cité a retrouvé toute son
influence commerciale sur la Gaule. À cette période, on trouve des céramiques et des pièces de monnaies grecques
dans toute la vallée du Rhône, dans les Alpes et même en Lorraine.
La civilisation gauloise de la période précédant immédiatement la conquête romaine est particulièrement
florissante. L'émergence de véritables villes fortifiées (oppida) de dimensions bien plus importantes que les
forteresses des périodes antérieures, en effet, ou encore l'usage de la monnaie y sont des traits caractéristiques de cette
civilisation. Vers le IIIe siècle av. J.-C., les Belges progressent cependant vers l'intérieur de la Gaule, comme en
témoigne le sanctuaire de Ribemont-sur-Ancre14, lieu d'une bataille contre probablement des Armoricains ayant fait
environ mille tués.
Au IIe siècle av. J.-C., se met en place une relative hégémonie arverne caractérisé par une forte puissance
militaire et une grande richesse de ses chefs. Au même moment l'emprise romaine augmente dans le Sud de la Gaule.
Elle se manifeste d'abord sur le plan commercial. Les fouilles archéologiques ont montré qu'au cours du IIe siècle av.
J.-C., les amphores italiennes remplacent peu à peu celles venant de Grèce dans le commerce marseillais. À plusieurs
reprises les Marseillais font appel à Rome pour les défendre contre les menaces des tribus celto-ligures et les
pressions de l'empire arverne.
Le sud-est de la France, notamment le Languedoc et la Provence sont conquis par Rome dès avant la fin du
IIe siècle. C'est la province romaine de Narbonnaise qui va des Pyrénées aux Alpes en passant par la vallée du Rhône,
9
territoire stratégique pour relier l'Italie à l'Hispanie conquise lors de la seconde guerre punique. La conquête de ces
régions s’achève en -118 après la défaite des Arvernes et des Allobroges et l'alliance de Rome avec le peuple gaulois
des Éduens. Après la chute de l'hégémonie arverne sous la pression des Romains, les grands peuples de Gaule -
Eduens et Séquanes en particulier - connaissent une forte rivalité.
Une image d’Épinal : Vercingétorix dépose les armes aux pieds de Jules César à l'issue du siège d'Alésia
En -58, Jules César utilise la menace que fait peser la pression germanique sur les Gaulois pour intervenir à
l'appel des Éduens, alliés de Rome. La guerre est longue et meurtrière et en janvier -52, avec l'accession au pouvoir
de Vercingétorix, les Arvernes et leur clientèle se soulèvent contre l'armée du proconsul. Jules César fait face à la
détermination des Gaulois dont le soulèvement est quasi général. Sièges, incendies de cités, politique de la terre
brûlée et massacres sont alors au programme qui s'achève par une victoire romaine face à la fougue gauloise
désorganisée. En -50, Jules César laisse une Gaule exsangue15 emmenant avec lui l'élite des guerriers gaulois. Il laisse
aux villes une grande autonomie.
La Gaule romaine
L'empereur Auguste organise la Gaule en quatre provinces : à la Narbonnaise suffisamment romanisée pour
devenir une province sénatoriale, il ajoute la Gaule aquitaine, la Gaule lyonnaise et la Gaule belgique. Les limites des
Gaules dépassent largement celles de la France actuelle, principalement en ce qui concerne la Gaule Belgique.
L'assimilation des Gaules est rapide. En 48, l'empereur Claude donne accès au Sénat romain aux notables
gaulois, comme le montrent les Tables de Lyon. Le développement du réseau routier, la pacification sur le Rhin et en
Bretagne favorisent l'essor économique. Pierre Gros résume ainsi l’impact de la présence romaine « la conquête
romaine qui a entraîné l’entrée dans les temps historiques, a modelé pour des siècles le paysage rural, établi ou
aménagé les principaux axes de communication, urbanisé d’immenses terroirs, défini les territoires administratifs »16.
L’urbanisation généralisée voit le développement de nombreuses cités, organisées sur le mode des municipes italiens,
villes qui toutes perdurent encore de nos jours, tandis que les campagnes se couvrent de bourgades (vici) et de
grandes exploitations agricoles (villae). La Gaule est alors avec l’Égypte le secteur le plus peuplé de l’Empire romain,
avec une population estimée a 7 millions17.
10
Le développement économique bénéficie des siècles de pax romana : l’extension des vignes en Aquitaine, dans
la vallée du Rhône et de la Saône et même en Moselle est telle qu’elle concurrence les vins italiens. Des artisans
italiens installés en Gaule créent une industrie de la céramique sigillée prospère (par exemple à La Graufesenque).
L’artisanat gaulois produit aussi en abondance des objets en bois, des vêtements de laine et exporte vers les grands
centres de consommation en Italie, sur le Rhin et le haut Danube17.
Les échanges ne se limitent pas aux biens matériels : à côté des cultes populaires du nombreux panthéon
gaulois, apparaissent dans les villes d’autres religions d’origine orientale : culte de Mithra, de Cybèle, de Jésus,
attesté à partir de 177 (cf. les Martyrs de Lyon). Ce dernier culte deviendra prépondérant dans les milieux urbains à
partir du IVe siècle.
Le IIIe siècle voit se succéder les crises et les guerres civiles sur le sol gaulois. À partir du milieu du IIIe siècle,
en 258, Francs et Alamans franchissent le Rhin et pillent la Gaule à plusieurs reprises. Un éphémère empire des
Gaules (terme impropre), sans que celui-ci ait un caractère national, est créé par Postumus, bientôt assassiné par ses
soldats. Dès le IIe siècle la Gaule est touchée par l'affaiblissement démographique, le déclin des villes, le
ralentissement du commerce et de la circulation monétaire.
La situation militaire est rétablie à la fin du IIIe siècle, et le dispositif défensif sur le Rhin incorpore de plus en
plus de contingents germaniques installés avec leurs familles. Des groupes de Francs en Gaule Belgique et d'Alamans
en Alsace servent comme troupes auxiliaires fédérées, et certains officiers francs mènent de brillantes carrières au
sein de l'Empire romain.
Cinq siècles de romanisation laissent de profondes marques sur les Gaules : des langues (occitan et français), un
droit écrit et dégagé de tout principe religieux, des villes, une religion (le catholicisme), et même des habitudes
quotidiennes (le pain, la vigne et le vin). Malgré ces apports fondamentaux qui rangent la France dans les pays de
culture latine, l'histoire de France a longtemps négligé cette période, et la néglige parfois encore.
Le baptême de Clovis.
Au milieu de ces enchevêtrements de peuples, les Francs saliens installés sur les bouches du Rhin font la
conquête d'une grande partie de la Gaule sous l'autorité de leur roi Clovis Ier (466-511). La grande intelligence de
Clovis est d'avoir compris que son pouvoir ne pourrait pas durer sans l'assentiment des peuples romanisés. Son
baptême catholique par Remi de Reims entre 49622 et 499 (le débat est toujours d'actualité) permet la collaboration
des Francs avec les élites gallo-romaines. Clovis est le fondateur de la première dynastie durable sur le territoire de la
France actuelle, la dynastie mérovingienne.
La conversion de Clovis, quant à elle, a été valorisée plus tard par les Capétiens pour affirmer le principe de la
monarchie de droit divin, c’est-à-dire de l'origine divine du pouvoir royal. Ils popularisent la légende de la sainte
ampoule, apportée par le Saint-Esprit pour oindre le roi baptisé, ampoule qui sera utilisée pour les sacres des
Capétiens jusqu'à la Révolution.
Les Francs ont une vision patrimoniale de leur royaume. Clovis partage son royaume entre ses quatre fils, ce qui
favorise les guerres entre les héritiers. La carte du pays évolue au gré des guerres, des crises et des héritages : le
royaume de Clovis est vite divisé entre Neustrie, Austrasie et Aquitaine, qui deviennent avec la Bourgogne conquise
par les fils de Clovis dans les années 530, les divisions politiques majeures de la « Gaule » au VIe siècle et au
VIIe siècle. Les Francs s'étendent à l'est.
Sous les Mérovingiens la période de régression amorcée dès le Bas-Empire continue. La population diminue
aux VIe et VIIe siècles sous le coup des épidémies, notamment celles de la peste. La désorganisation liée aux invasions
barbares contribue à la disparition des artisans spécialisés qui avaient fait la renommée de la Gaule romaine. Les
routes romaines ne sont plus entretenues. Le rare transport des marchandises se fait par voie fluviale. Le grand
commerce s'arrête presque totalement et une économie autarcique autour des grands domaines, les vici, se développe.
Beaucoup de paysans perdent leur liberté car ils se « donnent » aux puissants en échange de leur protection. Le terme
franc finit par désigner les hommes libres, qu'ils soient d'origine germanique ou gallo-romaine, mais ils sont de
moins en moins nombreux.
À partir du début du VIIe siècle, le pouvoir royal s'affaiblit au profit de l'aristocratie franque, et surtout aux
« maires du palais », sorte de premier ministre. En effet les rois mérovingiens n'ont plus de terres à distribuer à leurs
guerriers et sont donc abandonnés par ceux-ci. La famille des Pippinides originaire d'Austrasie, se rend maître des
mairies du palais d'Austrasie puis de Neustrie. Elle remet la Provence, la Bourgogne et l'Aquitaine, devenues quasi-
indépendantes, dans l'orbite mérovingienne et entame la conquête de la Frise au nord du royaume. L'un des plus
fameux maires du palais, Charles Martel, repousse en 732 une armée musulmane non loin de Poitiers. Pour
récompenser ses fidèles, il confisque les immenses biens fonciers de l'Église qu'il leur redistribue. Ceci lui permet de
s'assurer de leur fidélité sans se défausser de ses propres biens. Son fils Pépin le Bref fait enfermer dans un couvent le
dernier roi mérovingien puis se fait élire roi par les guerriers francs en 751. Il prend aussi la précaution de se faire
sacrer en compagnie de ses deux fils en 754 par le pape. Cela lui donne une légitimité nouvelle, celle de l'élu de Dieu,
12
comme le roi David, élection supérieure à celle des guerriers francs. La dynastie mérovingienne a vécu. Commence le
règne de la dynastie carolingienne.
Les Carolingiens
Pépin le Bref fait la conquête de l'Aquitaine, devenue indépendante et de la Septimanie aux mains des
musulmans entre 719 et 75923. Il intervient même hors de ses frontières en créant notamment les États pontificaux
après une campagne contre les Lombards. À sa mort, il partage selon la tradition franque, son royaume entre ses deux
fils, Carloman et Charles mais la mort précoce de Carloman permet à Charles de régner sur un royaume des Francs
unifié. Le royaume des Francs (regnum francorum) connaît sa plus grande expansion sous Charlemagne. Celui-ci
étend le royaume jusqu'en Saxe à l'est, au prix de 20 années de guerre, en Bretagne, au Pays basque, en Lombardie,
en Bavière et chez les Avars. Cependant, ces conquêtes ne sont pas définitives et de nombreuses révoltes secoueront
la Bretagne ou le pays basque. C'est alors que se mettent en place des « marches », zone militarisés qui servent à
contrôler les attaques des Bretons ou des Basques. Roland était maître de la marche de Bretagne (comprenant Angers,
Rennes et Nantes) Cette politique de conquête a pour conséquence le couronnement impérial de Charlemagne le 25
décembre 800 par le pape Léon III. Les contemporains ont voulu y voir une renaissance de l'Empire romain
d'Occident. Mais l'empire carolingien est centré sur la Gaule et la Germanie. Charlemagne se considère d'abord
comme un roi franc. Les règnes de Charlemagne et de son fils Louis le Pieux restent cependant, entre deux vagues
d'invasions, une période de renforcement du pouvoir royal, de renaissance des arts et de la culture qui a durablement
marqué les esprits.
Louis le Pieux renonce à confisquer les terres de l'Église pour les donner en récompense à ses fidèles. Ce
faisant, il est obligé de puiser dans ses propres biens et affaiblit ainsi la puissance foncière des Carolingiens. Ses fils
se disputent pour le partage de l'héritage carolingien. Finalement ils arrivent à un accord lors du partage de Verdun de
843. C’est à cette occasion que la Gaule est appelée pour la première fois Francie occidentale (Francia occidentalis
en latin). La Francie occidentale, concédée à Charles le Chauve, le plus jeune fils de Louis le Pieux donnera
naissance à la France. La Francie occidentale s'étend de la mer du Nord à la Méditerranée. Elle a pour avantage
l'extrême diversité de ses paysages et de ses ressources naturelles.
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Cependant aux IXe et Xe siècles, la Francie occidentale est menacée d'éclatement. Sous Nominoë la Bretagne
reprend son indépendance. Le rattachement de l'Aquitaine au royaume n'est que purement théorique. La seconde
vague d'invasion de Vikings, des Sarrasins et des Hongrois accentue la désagrégation de l'autorité royale. Les
souverains impuissants à défendre leurs sujets doivent se résigner à voir passer le pouvoir de commandement de leurs
mains à celles de puissants seigneurs qui se sont constitués des principautés, vastes territoires quasi indépendants.
Pour stopper la menace viking, le roi Charles le Simple est obligé de céder la Normandie au chef Rollon par le traité
de Saint-Clair-sur-Epte en 911.
Le titre de roi redevient électif et les Carolingiens doivent céder leur couronne à Eudes, comte de Paris entre
888 et 898, à Robert Ier de 922 à 923, et à Raoul en 923 à 936.
En 987, Hugues Capet, duc des francs, descendant d'Eudes, est préféré au prétendant carolingien, Charles de
Basse-Lorraine, oncle du défunt roi Louis V, grâce au soutien actif de l'archevêque Adalbéron de Reims. Son élection
marque la fin de la dynastie carolingienne et le début d'une nouvelle dynastie, la dynastie capétienne qui construira la
France pendant le second millénaire. Il est à noté que la Bretagne ne participa pas à l'élection et qu'en 990 Conan le
Tort se déclara prince de Bretagne et, selon Raoul Glaber, moine contemporain, fut couronné à la manière des rois au
mont Saint Michel en présence des évêques de Bretagne. La Bretagne était alors complétement en dehors du royaume
de France.
Philippe-Auguste mène une lutte victorieuse pour abaisser la puissance des Plantagenêts et agrandir le domaine.
Le mariage d'Aliénor d'Aquitaine avec le comte d'Anjou, devenu roi d'Angleterre sous le nom d'Henri II
Plantagenêt, fait de ce dernier un vassal du roi de France bien plus puissant que son suzerain, comme le montre la
première carte. Philippe II, dit Philippe-Auguste a comme objectif principal l'abaissement des Plantagenêts. Entre
14
1202 et 1205, il fait la conquête sur Jean sans Terre de la Normandie, du Maine, de l'Anjou, de la Touraine, du nord
du Poitou et de la Saintonge. Jean sans Terre tente de réagir en organisant une coalition réunissant également
l'empereur germanique Othon IV et le comte de Flandre. Le dimanche 27 juillet 1214, Philippe II triomphe de la
coalition lors de la bataille de Bouvines. Sur le plan intérieur, Philippe-Auguste augmente les ressources royales par
une bonne administration, ce qui lui permet de rétribuer des mercenaires, de construire des nouveaux remparts autour
de Paris, de paver la ville et d'édifier la forteresse du Louvre. À sa mort, le domaine royal est considérablement
agrandi. Ses successeurs vont continuer son œuvre.
Article détaillé : Formation territoriale de la France métropolitaine.
Son petit-fils, Louis IX, signe enfin la paix avec les Plantagenêt. Il affirme le droit du roi de légiférer dans tout
le royaume, y compris dans les grands fiefs quand l'intérêt commun l'exige. Il met en circulation une monnaie royale
stable et fiable, le gros tournois d'argent valable dans tout le royaume. Il place définitivement la monarchie au-dessus
du bien commun. Ses légistes affirment que rien ne peut justifier la rébellion d'un vassal et qu'aucun évêque ne peut
excommunier le roi. Louis IX se croise par deux fois pour combattre les musulmans en Terre sainte, de 1248 à 1254
(septième croisade) puis en 1270 en Égypte et à Tunis où il y meurt de la peste le 25 août.
Philippe IV le Bel (1285-1314) est le dernier des grands Capétiens directs. Il est connu pour le rôle qu'il a joué
dans la centralisation administrative du royaume. Il organise définitivement les parlements. Pendant tout son règne, il
cherche à améliorer les finances royales. Comme il échoue à instaurer un impôt régulier, le budget de l'État
fonctionne au moyen d’expédients : confiscation des biens des juifs, des marchands italiens, diminution du poids en
métal précieux par rapport à leur valeur nominale des pièces frappées par le roi. Pour trouver de nouveaux subsides, il
organise la première réunion de représentants des trois ordres ou états du clergé, de la noblesse et du tiers état. Ce
type de réunion sera appelé plus tard États généraux. Il s'entoure de légistes originaires de toute la France. Mais
Philippe le Bel est surtout connu pour son affrontement avec les papes, lesquels, pour échapper aux troubles
continuels de Rome, s'installent à Avignon mettant pour trois quarts de siècle la papauté sous influence directe de la
France. Quand il meurt en 1314, la monarchie capétienne semble consolidée et forte.
Les transformations économiques et sociales
Le bas de cet extrait de la tapisserie de Bayeux, XIe siècle, montre des travaux agricoles avec herse et charrue
Même si les sources écrites manquent, plusieurs indices montrent que la vitalité démographique de la France est
très importante à partir du XIe siècle. Des hommes venus du royaume de France tiennent le premier rang dans la
conquête en 1066 de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant, duc de Normandie. Les chevaliers francs jouent un
rôle prépondérant dans la reconquista de l'Espagne musulmane dès le milieu du XIe siècle. Ils sont si nombreux à
participer à la première croisade à la fin du XIe siècle, que les États créés après la prise de Jérusalem en 1099 sont
appelés États francs d'Orient. L'augmentation de la population accompagne les grands défrichements. Des nouvelles
techniques agricoles se diffusent permettant de cultiver les terres riches et lourdes du bassin parisien : charrues à roue
et à versoir qui aèrent le sol, herses qui brisent les mottes. Villages, églises et châteaux-forts façonnent le paysage des
campagnes. Le retour à une paix relative favorise la circulation des marchandises et des hommes, la circulation
monétaire et la renaissance des villes. Les artisans et les marchands se révoltent bien vite contre l'autorité tatillonne
des seigneurs laïcs ou ecclésiastiques et parviennent à obtenir des chartes de libertés leur permettant de s'administrer
eux-mêmes. Dans les villes, les artisans exerçant une même activité se regroupent en organisations professionnelles
très rigides et protectionnistes.
Le XIIIe siècle consacre le rayonnement français. Les historiens pensent qu'au cours de ce siècle la population
passe de 12 millions à 20 millions d'habitants, grâce aux améliorations des pratiques agricoles qui permettent
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l'augmentation des rendements des terres cultivées. Ceci n'empêche pas les campagnes d'être secouées par des
révoltes, le plus souvent locales contre les droits féodaux ou la dîme. Pourtant le XIIIe siècle est celui des chartes
d'affranchissement qui permettent aux paysans d'améliorer grandement leur condition juridique et fiscale. Paris
devient la ville la plus importante de l'Occident chrétien avec près de 200 000 habitants, soit le double de Venise. Son
rayonnement est assuré par son université, ses édifices religieux célèbres dans toute la chrétienté, telle la Sainte-
Chapelle où sont conservées les reliques de la couronne d'épines et du bâton de Moïse, la cathédrale Notre-Dame de
Paris, ses ateliers de miniatures et d'ivoire. Pourtant dès le milieu du XIIIe siècle, des signes d'essoufflement
économique apparaissent. Les petits seigneurs s'appauvrissent. La croissance de la population a abouti à un
fractionnement des tenures. L'écart s'élargit dans les villes entre les riches et les pauvres entraînant des révoltes du
« menu » peuple contre le peuple « gras » entraînant des grèves et des conflits comme à Douai, Paris, Ypres…
À partir de 1348, la peste qui avait déjà ravagé la France dans l'Antiquité et le haut Moyen Âge, fait un retour en
force provoquant la mort de presque un tiers de la population française. En 1361-1363, et en 1418-1419, une forme
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de peste fait des ravages parmi les enfants. Les révoltes se multiplient principalement à Paris : révolte d'Étienne
Marcel, révolte des Cabochiens. Dans les campagnes les jacqueries sont nombreuses.
Les différentes crises ont eu aussi des aspects positifs. Les paysans et les artisans qui survivent aux famines et à
la peste voient leur condition de vie s'améliorer du fait de la hausse des salaires causée par la raréfaction de la main-
d’œuvre. La noblesse décimée lors des grandes batailles de la guerre de Cent Ans se renouvelle. Les bourgeois
achètent des seigneuries.
La France en 1435
Le redressement est provisoire. La folie de Charles VI plonge le pays dans la guerre civile entre Philippe Le
Hardi duc de Bourgogne, oncle du roi, et Louis d'Orléans, frère du roi. Ce dernier prend le contrôle de l'état et s'allie
avec des seigneurs du Sud Ouest hostiles au roi d'Angleterre. L'accent de ces méridoniaux va donner le nom des
partisans du duc d'Orléans: les Armagnacs. Le duc de Bourgogne a lui intérêt à ménager les Anglais qui commercent
avec son comté de Flandre. Profitant de la confusion, ils lancent une chevauchée dévastatrice à travers la France.
Après avoir évité Paris ils traversent la Picardie en direction de Calais. Ils sont rejoints à Azincourt en 1415 par la
fine fleur de la chevalerie française. Les Français subissent de nouveau une défaite meurtrière face à une armée
anglaise épuisée et moins nombreuse: le parti des Armagnacs est décapité. Le duc de Bourgogne, Jean sans Peur, en
profite pour s'emparer de la Champagne puis de Paris. Son fils, Philippe le Bon, pousse Charles VI à signer le 21 mai
1420 le traité de Troyes qui stipule :
• Charles VI doit déshériter son fils le dauphin Charles. Il le déclare inapte à régner 25 dans là mesure où il a fait
tuer le duc de Bourgogne Jean sans peur, le 10 septembre 1419.
• Le roi Henri V d'Angleterre devient immédiatement régent du royaume de France et doit épouser Catherine de
France, fille du roi fou.
• À la mort de Charles VI, le royaume de France doit revenir au fils d'Henri V et de Catherine .
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Lorsque Charles VI meurt en 1422, la France est divisée en trois : le nord et l'ouest sont sous le contrôle du frère
d'Henri V, Jean de Lancastre duc de Bedford, en tant que régent du jeune roi anglais, futur Henri VI ; le nord-est où le
duc de Bourgogne est quasi-indépendant ; le sud de la Loire où le dauphin, prend le titre de Charles VII mais est
surnommé le « roi de Bourges » par la propagande anglaise qui met en doute sa légitimité (dans la mesure où le
château de Bourges est la demeure favorite de Charles).
Mais la clé du conflit est celle du choix de la nationalité. Les Anglais par leur stratégie de pillage (les fameuses
chevauchées) se sont fait haïr par le peuple et ne sont soutenus que par les artisans et les universitaires des grandes
villes. Le rôle de Jeanne d'Arc est plus politique et psychologique que militaire : elle catalyse cette volonté « de
bouter les Anglais hors de France ». Elle participe au siège d'Orléans et après la bataille de Patay insiste pour que le
sacre de Charles VII ait lieu à Reims (ce qui est extrêmement symbolique et interprété à l'époque comme un nouveau
signe de volonté divine car la ville est en plein territoire bourguignon). Elle permet de justifier la naissance légitime
du roi, faisant oublier les rumeurs prétendant qu’il était le fils illégitime du duc d'Orléans et permet son sacre. La voie
est alors libre pour la reconquête du territoire français. Le rôle militaire propre de Jeanne d'Arc est faible : durant
l'hiver 1429, elle s'empare du village de Saint-Pierre-le-Moûtier, échoue devant la bourgade de La Charité-sur-Loire
avant d'être fait prisonnière devant Compiègne (24 mai 1430). La fin du conflit est proche : Charles VII fait la paix
avec les Bourguignons en 1435 (traité d'Arras) et privés de leur puissant allié et sans soutien sur le terrain, les Anglais
sont chassés de France en 1453 après la bataille de Castillon.
La France à la fin du XVe siècle En ligne rouge:les frontières du Royaume français en 1477
Les rois de France regagnent prestige et autorité. Ils ont toujours affaire à forte partie, en particulier avec les
ducs de Bourgogne, les Grands Ducs d'Occident Philippe le Bon et Charles le Téméraire, qui sont les principaux
rivaux de Charles VII et de son fils Louis XI. À leurs possessions bourguignonnes, ils ont joint les Pays-Bas, et se
posent parmi les plus puissants souverains d'Europe. À la mort du Téméraire, ses possessions qui provenaient de la
famille capétienne sont reprises par Louis XI mais les Pays-Bas reviennent à sa fille unique, Marie de Bourgogne qui
les apporte à son époux Maximilien d'Autriche : le partage devient une source de conflit entre les maisons de France
et d'Autriche.
Le Moyen Âge s'achève sur la disparition des grandes principautés qu'étaient le duché de Bourgogne (1482) et
le duché de Bretagne (vaincu en 1488 puis uni au Royaume en 1532).
L’Époque moderne
Évolutions et bouleversements du XVIe siècle
L’affirmation de la puissance royale
De la fin du XVe siècle à la fin de la première moitié du XVIe siècle, la politique extérieure française est
largement dominée par les guerres d'Italie. Les Valois veulent faire valoir les droits hérités de leurs ancêtres sur le
royaume de Naples, et le duché de Milan. En 60 ans, ils conquièrent et perdent quatre fois Naples, six fois le duché de
Milan. Finalement, ils abandonnent toute ambition en Italie26. On peut se poser la question de l'utilité de telles
expéditions, sans cesse recommencées et se terminant à chaque fois par des échecs. Il existe plusieurs facteurs
explicatifs : l'attrait des richesses et de la culture des prestigieuses villes italiennes, la volonté d'avoir le contrôle de
passages qui permettent de menacer les intérêts de Habsbourg par le Sud. Au XVI, les stratégies militaires se nouent,
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entre autres, autour de l'idée de frontière offensive. Il s'agit d'occuper des points d'appui pour en priver l'adversaire,
plus que d'agrandir le territoire du royaume.
En 1519, Charles Quint, roi d'Espagne depuis 1516, hérite des possessions des Habsbourg (Empire d'Autriche,
Pays-Bas, Franche-Comté). La France est l'obstacle à abattre pour unifier territorialement ses possessions. Il dispose
aussi des inépuisables réserves d'or et d'argent des colonies espagnoles d'Amérique. François Ier se présente en vain à
l'élection du Saint Empire romain germanique pour limiter l'influence du Habsbourg. Il échoue aussi à s'assurer
l'alliance d'Henri VIII d'Angleterre. À partir de 1521, la France entame une guerre longue et difficile. Celle-ci
commence par le désastre de Pavie en février 1525. François Ier, imprégné des valeurs chevaleresques refuse de
reculer et est fait prisonnier. Il est contraint de signer le traité de Madrid en 1526, qui ampute la France d'un tiers de
son territoire mais reprend la guerre aussitôt libéré. En 1529, il doit abandonner la suzeraineté de la Flandre et de
l'Artois, deux possessions de Charles Quint. Ce dernier renonce à revendiquer la Bourgogne 27. C'est sous le règne de
François Ier que l'Auvergne rejoint le domaine royal.
Bien que combattant la Réforme dans le royaume, François Ier s'allie aux princes protestants allemands et même
au sultan de l'Empire ottoman, Soliman le Magnifique pour desserrer l'étau habsbourgeois. Henri II continue la lutte.
Il reprend le Boulonnais et le Calaisis aux Anglais. En échange de son soutien aux princes réformés allemands en
guerre contre l'empereur Charles Quint, il obtient le droit d'occuper Calais, Metz, Toul et Verdun. En 1559, le traité
du Cateau-Cambrésis signe enfin la paix entre la France et l'Espagne. Sous le règne d'Henri IV, la Bresse, le Bugey,
le pays de Gex intègrent le domaine royal. Dans un premier temps, il refuse d'unir à la couronne ses fiefs personnels
sous prétexte de préserver les intérêts de sa sœur. Le parlement de Paris refuse, en 1590, d'enregistrer les lettres
séparant les biens patrimoniaux de la famille de Navarre et le domaine royal. Après la mort de sa sœur, Henri IV
accepte l'intégration de ses fiefs au domaine royal. C'est aussi au XVIe siècle, que se forge la théorie de l'inaliénabilité
de domaine royal. Le roi ne peut plus donner en apanage des fiefs à ses fils cadets.
La Renaissance italienne gagne la France depuis, notamment par le biais des Guerres d'Italie. François Ier amène
Léonard de Vinci à sa cour. C'est l'époque de la construction des châteaux de la Loire : Blois, Chambord,
Chenonceau, qui sont autant de lieu où triomphe la vie de cour. La sculpture, la peinture et l'architecture françaises se
transforment sous l'influence du modèle italien donnant naissance à la Renaissance française dont la forme la plus
aboutie est l'école de Fontainebleau. François Ier est le premier roi de France à avoir compris que le rayonnement
artistique d'un pays est un élément de gloire et de puissance. Comprenant l'importance des possessions coloniales,
François Ier finance des expéditions lointaines. En 1534, le Breton Jacques Cartier découvre le Québec.
Au XVIe siècle, la guerre s'est considérablement transformée. L'artillerie dont le rôle est déterminant dans les
batailles navales et dans les sièges commence à être utilisée pour les combats en rase campagne. La France, pour
maintenir sa puissance dans le jeu européen, doit non seulement entretenir une armée permanente (les compagnies
d'ordonnance créées par Charles VII), mais aussi posséder une solide artillerie et construire des forteresses capables
de résister aux nouvelles techniques de guerre. Tout ceci coûte fort cher. La taille est multipliée par quatre au cours
du siècle ; elle passe de 5 à 20 millions de livres28. Mais les ressources fiscales sont insuffisantes pour financer les
dépenses. Les rois de France ont recours à l'emprunt, - la dette double entre 1522 et 1550 -, à la banqueroute en 1558
et 1567 qui permet d'annuler certaines dettes mais surtout d'en rééchelonner le paiement et à la vénalité des offices.
Un office est une fonction publique dont le titulaire est inamovible depuis 1467 et qu'il achète. Si la vénalité existait
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déjà au XVe siècle, Louis XII et François Ier l'ont systématiquement développée. Avec elle s'instaure peu à peu
l'hérédité officialisée avec la création de la paulette en 1604, une taxe annuelle 1/60e de la valeur d'achat de l'office. Si
les avantages sont évidents, procurer aux rois des rentrées d'argent rapides, les inconvénients le sont aussi.
Les règnes des trois fils d'Henri II, François II (1559-1560), Charles IX (1560-1574) et Henri III (1574-1589)
sont marqués par les guerres de religion entre protestants et catholiques. La Réforme s'est progressivement répandue
en France à partir de 1520, au point qu'en 1562, date du début des huit guerres de religion, un dixième de la
population était devenue protestante29. La guerre civile est une grande menace pour l'unité territoriale. Les protestants
et les ligueurs font des promesses aux souverains étrangers pour obtenir leur aide. Par exemple, les réformés
promettent à Elisabeth Ière d'Angleterre de lui restituer le Calaisis en échange de son intervention. De plus les
troubles permettent à chacun des partis en présence de s'arroger des parcelles du pouvoir régalien. Les princes
catholiques sont tout puissants dans les régions dont ils ont obtenu le gouvernement comme les Guise en Bourgogne,
les Montmorency en Languedoc. L'édit de Beaulieu de 1576 permet aux protestants de célébrer leur culte
publiquement partout sauf à Paris. Ils peuvent occuper huit places fortes et bénéficient de chambres mi-partie dans les
parlements. Ils constituent alors un véritable État huguenot dans l'État. L'édit de Nantes de 1598 ne revient qu'en
partie sur ces privilèges.
Après l'assassinat commandé par Henri III du duc de Guise, chef de la ligue catholique en France, l'université
de théologie de la Sorbonne décréte, lors d'une assemblée tenue le 7 janvier 1589, la déchéance du roi tyran. Cette
même assemblée fait savoir que "le peuple français était délié du serment de fidélité prêté à Henri III et qu'il pouvait
s'armer pour la défense de la religion". Cela suffira au moine Jacques Clément, étudiant en Sorbonne, à assassiner le
roi six mois plus tard30. Le trône, ne possédant plus d'héritier dans la branche des Valois, passe alors à une branche
cadette, les Bourbons, en la personne d'Henri IV, auparavant roi de Navarre. Mais celui-ci étant protestant, il n'est pas
reconnu par les ultracatholiques de la Ligue. Il lui faut reconquérir son royaume et se convertir au catholicisme, ce
qu'il fait en 1593. Une fois son pouvoir consolidé, Henri IV met un terme aux Guerres de religion en promulguant
l'édit de Nantes de 1598. Aidé de son ministre Sully, Henri IV tâche de remettre sur pied le royaume durement
éprouvé par les guerres de religion. Lorsque Henri IV est assassiné par Ravaillac, un catholique fanatique en 1610, il
lègue à son fils Louis XIII un royaume considérablement renforcé.
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Territoire sous règne français et conquêtes de 1552 à 1798.
Louis XIII (1601-1643) a neuf ans quand son père Henri IV est assassiné en 1610. Sa mère Marie de Médicis
assure la régence avec ses favoris et néglige l'éducation du jeune roi. Louis XIII l'écarte du pouvoir en 1617 en faisant
assassiner son favori Concini. À partir de 1624, il règne en étroite collaboration avec son principal ministre, le
cardinal de Richelieu qu'il soutient contre les intrigues des nobles, furieux d'être écartés du pouvoir. Il mène une
politique de domestication des grands seigneurs du royaume (affaire du comte de Chalais en 1626), de durcissement
envers les protestants à qui il parvient à retirer les places-fortes que l'édit de Nantes leur octroyait. Il installe des
intendants de justice, police et finance dans les provinces. Contrairement aux officiers ceux-ci sont des commissaires
révocables. Ils sont indispensables dans les régions frontières ou occupées par les Français. Ils y assurent l'ordre en
luttant contre les pillages des soldats français et en s'assurant de la fidélité des sujets, particulièrement des nobles et
des villes. Le roi accentue la centralisation en favorisant l'atelier de frappe monétaire de Paris aux dépens de ceux de
provinces. L'augmentation considérable de la pression fiscale, nécessitée par la guerre, provoque de nombreux
soulèvements populaires : en 1636-1637 celui des Croquants de Saintonge-Périgord, en 1639 celui des Nu-Pieds de
Normandie, sévèrement réprimés. En effet, dès 1635, Louis XIII et le cardinal de Richelieu s'engagent dans la guerre
de Trente Ans auprès des princes allemands protestants pour réduire la puissance de la dynastie des Habsbourg,
d'Espagne, la première puissance européenne à cette époque et de ceux d'Autriche qui sont à la tête du Saint Empire
romain germanique. Pour affaiblir les Habsbourg, les Français occupent des places fortes et s'assurent des passages
qui les relient à leurs alliés, en Alsace, en Lorraine et dans le Piémont.
Louis XIV a quatre ans et demi quand son père meurt en 1643. Sa mère Anne d'Autriche assure la régence avec
le cardinal Mazarin. Jusqu'en 1661, date de sa mort, c'est ce dernier qui gouverne effectivement, même après la
majorité de Louis XIV. Il poursuit l'effort de guerre entamé par Richelieu. Les troupes françaises remportent des
victoires décisives qui permettent de mettre fin à la guerre de Trente Ans (1618-1648). Le traité de Münster d'octobre
1648 accorde à la France presque toute l'Alsace, confirme la possession des trois évêchés et donne trois forteresses à
la France sur la rive droite du Rhin, Landau, Philippsbourg et Brisach. Mazarin poursuit ainsi la politique de passage
vers le Saint Empire romain germanique entreprise par le cardinal de Richelieu. Le conflit se poursuit cependant avec
l'Espagne jusqu'en 1659. Avec la paix de Pyrénées, le domaine royal s'agrandit du Roussillon, de l'Artois et de
certaines places du Hainaut comme Thionville et Montmédy. Louis XIV épouse l'infante d'Espagne, Marie-Thérèse
d'Autriche. Pour la première fois, dans un traité signé par la France, la frontière entre la France et l'Espagne est
définie par la nature : « les crêtes des montagnes qui forment les versants des eaux »
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À la mort de Mazarin, en 1661, Louis XIV déclare qu’il gouvernera désormais seul, c’est-à-dire sans premier
ministre. Il réclame de ses secrétaires d'État une stricte obéissance et leur interdit de décider sans lui. Pour être sûr
d'être obéi de ses ministres, il les choisit parmi la bourgeoisie comme Colbert ou Le Tellier. Le règne de Louis XIV
marque une centralisation extrême du pouvoir royal. Les grandes décisions sont prises par le conseil d'en haut qui se
réunit deux ou trois fois par semaine et où ne siègent que 3 à 5 ministres. Les intendants sont plus que jamais la voix
du roi dans les provinces. Dès le début de son règne personnel (1661-1715), Louis XIV amorce le redressement de
l'autorité royale. Les gouverneurs des provinces, issus de la haute noblesse n'ont plus d'armée à leur disposition et
doivent résider à la cour, ce qui rend plus difficile le clientélisme. En 1665, Louis XIV interdit aux parlements de
délibérer sur les édits et leur ordonne de les enregistrer sans vote. Les états provinciaux de Normandie, Périgord,
Auvergne, Rouergue, Guyenne et Dauphiné disparaissent. Avec Colbert, il entreprend de réformer la justice et fait
rédiger toute une série d’ordonnances ou codes applicables dans tout le royaume. N'étant pas sûr de la fidélité des
officiers propriétaires de charges héréditaires, il confie leurs fonctions à des commissaires révocables. Ce procédé
finit par contraindre les officiers à l'obéissance. La noblesse perd tout pouvoir politique. Elle est domestiquée à
Versailles où son plus grand souci est de se faire remarquer du roi. Pour cela, elle doit faire des dépenses excessives
et en est réduite à quémander des pensions au roi pour assurer son train de vie fastueux.
Louis XIV pense que la guerre est la vocation naturelle d'un roi. Mais au début de son règne, l'armée est encore
une entreprise privée monopolisée par la noblesse. Sous l'égide de Le Tellier puis de son fils Louvois, les officiers
sont contrôlés par des administrateurs civils qui appliquent des réglementations strictes, les dépouillant d'une grande
partie de leur pouvoir. Les efforts faits pour moderniser et discipliner l'armée permettent à Louis XIV de remporter
d'éclatantes victoires dans la première partie de son règne personnel. La guerre de Dévolution (1667-1668) lui permet
de conquérir de nouvelles places fortes au nord de la France parmi lesquelles Dunkerque, Lille et Douai. Le traité de
Nimègue de 1678 mettent fin à la guerre de Hollande. Des échanges de places fortes permettent de régulariser la
frontière au nord. En 1680-1681, Louis XIV, fort de sa domination sans partage sur l'Europe procède à la politique
des « réunions ». Le but est de relier le chapelet de places fortes élaborées par Vauban. En pleine paix il annexe entre
autres Nancy et Strasbourg. Cette violation du droit international indigne les États d'Europe. Louis XIV s'aliène les
États protestants en révoquant l'édit de Nantes en 1685.
Ses rapports avec l'Angleterre se tendent. En effet la France commence à peupler le Québec, entre 1635 et 1654
la Guadeloupe est conquise par Léonard de l’Olive et Duplessis d’Ossonville, en 1682 Cavelier de la Salle découvre
ce qu’il appelle la Louisiane, les Français fondent des comptoirs commerciaux en Inde, ce qui concurrence les projets
britanniques. Les 25 septembre 1688 Louis XIV lance un ultimatum exigeant que la trêve qui lui accordait
l'occupation des « réunions » pour 20 ans soit transformée en traité définitif. Il fait occuper et dévaster le Palatinat
dont il revendique la succession. Ceci entraîne la guerre de la ligue d'Augsbourg dirigée par Guillaume d'Orange,
Stathouder de Hollande, devenu roi d'Angleterre avec sa femme Marie II. La guerre est indécise et coûte très cher
alors que la France connaît une période de disette en 1693. Louis XIV accepte de négocier, il rend les « réunions »
mais conserve Strasbourg par le traité de paix de Ryswick de 1697.
La guerre de succession d'Espagne, menée par une coalition européenne pour empêcher le comte d'Anjou
second fils du dauphin de devenir roi d'Espagne commence en 1703. La France après quelques victoires connaît de
nombreux revers. La paix est signée à Utrecht en 1714. Le vieux roi qui meurt en 1715, voit son fils et son petit-fils
mourir avant lui. Son héritier est donc son arrière-petit-fils né en 1710.
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Le siècle des Lumières
Louis XV
Louis XV règne de 1715 à 1774. N'ayant que 5 ans à la mort de son arrière-grand-père, Louis XIV, le pouvoir
est confié à un conseil de régence dirigé par le duc d'Orléans. Celui-ci a pris soin de faire casser le testament du roi
défunt, qui limitait son pouvoir, par le parlement de Paris en échange d'un retour au droit de remontrance. Un des
pouvoirs autonomes muselés par Louis XIV retrouve ainsi un pouvoir de contestation de la monarchie dont il se
servira tout au long du XVIIIe siècle. L'époque est au relâchement des mœurs, au boom économique, à la spéculation.
Le goût pour les produits exotiques favorise le développement des ports de l'Atlantique. Les marchands de produits
coloniaux, la monarchie et les trafiquants d’esclaves font d’éclatantes fortunes et les colons importent des produits
manufacturés de France. Le port de Nantes se développe et les négriers se font construire à Nantes, à Bordeaux et à
La Rochelle d’imposants bâtiments. La Nouvelle-Orléans est fondée en 1718.
Quand le régent meurt en 1723, Louis XV règne personnellement. Jusqu'en 1743, il s'appuie sur un premier
ministre Fleury, son ancien précepteur en qui il a toute confiance. Sous son règne, la France s'agrandit. En 1735, la
Lorraine, principauté souveraine, plusieurs fois occupée par la France, est donnée à Stanislas Leszczynski, roi
malheureux, chassé du trône de Pologne par les Russes et les Autrichiens, et beau-père de Louis XV. À sa mort en
1766, elle entre dans le domaine royal. La Corse est cédée par la République de Gênes en 1768. Auparavant en 1762,
la région des Dombes avait, elle aussi, rejoint le domaine. Pendant son règne, Louis XV refuse plusieurs fois les
propositions qui lui sont faites d'annexer les Pays-Bas autrichiens (la Belgique actuelle) en échange de son alliance ou
de sa neutralité, sans que les historiens en comprennent bien la raison32. En perdant la guerre de Sept Ans (1756-
1763), la France perd son importance politique d'outre-mer, notamment en Amérique (perte du Canada) et en Inde
(où elle ne conserve que Yanaon, Chandernagor, Karikal, Mahé et Pondichéry) en cédant ses territoires à la rivale
Grande-Bretagne par le traité de Paris de 1763.
Le règne de Louis XV est très brillant sur le plan culturel, avec l'apparition des philosophes des Lumières tels
Voltaire, Rousseau, Montesquieu, Diderot et d'Alembert. Le plus grand problème de l'État est alors le déficit
budgétaire chronique qui conduit à rendre le roi dépendant des financiers et des manieurs d'argent. Autre source de
paralysie des systèmes de gouvernement, l'opposition des parlements, se posant en défenseur des lois du royaume et
en contre-pouvoir. S'opposant à toute tentative de réformes du royaume, elle contribue à la crise de la monarchie
absolue sous le règne de Louis XVI.
Sous les règnes de Louis XV et de Louis XVI, est entreprise une politique de simplification et de régularisation
des frontières. Il s'agit de procéder à des échanges de places avancées avec les États voisins pour éviter les enclaves
aussi bien françaises en dehors des frontières qu'étrangères à l'intérieur du territoire. En 1789, il n'existe plus que trois
enclaves étrangères en territoire français, Avignon et le Comtat qui appartiennent au pape, la principauté de
Montbéliard et la République de Mulhouse C'est d'ailleurs au XVIIIe siècle que se forge la théorie des frontières
naturelles. Un mémoire adressé au roi précise : « La France effectivement doit se tenir bornée par le Rhin et ne
songer jamais à faire aucune conquête en Allemagne. Si elle se faisait une loi de ne point passer cette barrière et les
autres que la naturel lui a prescrites du côte de l'occident et du midi : mer céane, Pyrénées, mer Méditerranée,
Alpes, Meuse et Rhin, elle deviendrait alors l'arbitre de l'Europe et serait en état de maintenir la paix au lieu de la
troubler. » Le refus de Louis XV d'annexer les Pays-Bas autrichiens montre que cette idée n'est pas, à ce moment, la
doctrine officielle de l'État.
23
Louis XVI en costume de sacre
Le petit-fils de Louis XV, Louis XVI arrive au pouvoir en 1774. Il est gauche et timide. Il vit dans une cour
traversée par les intrigues et les coteries. Son règne est marqué par une politique velléitaire. Face aux pressions de la
cour, des parlements et de la noblesse, il est incapable de prendre les mesures nécessaires pour combler une dette
publique et un déficit budgétaire démesurés. L'aide apportée aux insurgés américains aggrave encore le déficit.
Plusieurs autres facteurs expliquent les difficultés de la monarchie absolue. Malgré les tentatives de centralisation
administrative, le pays est loin d'être unifié. Il existe des douanes intérieures entre les provinces, il n'y a pas d'unité
des poids et mesures. Tout ceci entrave le développement économique de la France à un moment où l'Angleterre est
en plein décollage industriel. Les impôts ne sont pas perçus de la même manière dans tout le pays, même si les
intendants en supervisent la répartition et la levée. Malgré les efforts entrepris depuis François Ier avec l'ordonnance
de Villers-Cotterêts, les lois ne sont pas les mêmes dans tout le royaume. Le nord est encore soumis au droit
coutumier, à peu près 300 coutumes, alors que le sud est régi par un droit écrit, inspiré du droit romain.
L'Ancien Régime avait l'habitude de ne rien supprimer mais de superposer. De ce fait dans les années 1780, il
existe un enchevêtrement de circonscriptions de tailles et de fonctions différentes, diocèses de l'Antiquité, bailliages
et sénéchaussées du Moyen Âge, généralités du XVIe siècle. Par exemple : « Un habitant de Saint Mesnin résidait
dans le bailliage de Semur, payait ses impositions à la recette de Semur, avait affaire au subdélégué de Vitteaux et à
l'évêque de Dijon. si quelque affaire des eaux et forêts le retenait, c'était à la maîtrise d'Avallon qu'il devait se
rendre; s'il avait besoin de la justice consulaire, c'est à Saulieu que son voyage le menait »
Cette confusion s'explique par la manière dont le domaine royal s'est formé. À chaque acquisition, les rois
promettaient de respecter les privilèges et les coutumes des provinces et des villes. À l'aube de la Révolution les
particularismes régionaux restent très vifs.
La période révolutionnaire
La période révolutionnaire commence vers 1787. À cette époque la monarchie absolue est incapable de
conduire les réformes, notamment fiscales, indispensables à la modernisation de la France face à la contestation des
groupes privilégiés, parlements et noblesse en tête. D'autre part, les idées nouvelles portées par les philosophes des
Lumières et les économistes anglais ont pénétré les couches aisées de la population qui réclament une monarchie
parlementaire, la rationalisation des institutions et la libéralisation d'un système économique archaïque. La réaction
nobiliaire et la crise économique jouent un rôle non négligeable dans l'ébranlement populaire. La période
révolutionnaire se termine en 1814-1815, quand l'empereur Napoléon Ier est envoyé en exil d'abord à l'île d'Elbe et
ensuite dans l'île de Sainte-Hélène. Napoléon Bonaparte, en consolidant certains acquis révolutionnaires, en exportant
certains de ses aspects aux cours de guerres et des conquêtes qui marquent son règne, en mettant fin à la guerre civile
entre les Français, est considéré, aux yeux de ses contemporains, comme le continuateur de la Révolution.
Traditionnellement les historiens distinguent deux temps majeurs pendant la période révolutionnaire : la Révolution
française de 1789 à 1799 et la période napoléonienne (Consulat et Premier Empire) de 1799 à 1815.
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La Révolution française (1789-1799)
La naissance d’une France nouvelle
1789 est une année riche en événements. Incapable d'établir un impôt universel, Louis XVI a convoqué les États
généraux pour le 1er mai 1789 à Versailles. Les députés du tiers état parviennent en deux mois et sans violence à
mettre fin à la monarchie absolue avec l’aide d'une partie du clergé et de la noblesse. Le 14 juillet 1789, les parisiens
exaspérés par la crise économique et l'arrivée de troupes autour de Paris prennent d'assaut la Bastille. Cet événement
est à l'origine de deux symboles de la République, la fête nationale et le drapeau tricolore. En effet le 17 juillet le roi,
venu à Paris entériner les nouvelles institutions parisiennes nées de la prise de la Bastille, accepte de porter la cocarde
tricolore, le blanc, la couleur royale, entouré des deux couleurs de Paris, le bleu et le rouge. À la fin du mois de juillet
1789, les campagnes sont agitées par la Grande Peur, une révolte contre les droits féodaux. Pour mettre fin à
l'agitation les députés votent dans la nuit du 4 août 1789, l'abolition des privilèges et des droits féodaux. Même si ces
derniers sont déclarés rachetables lors de la rédaction des décrets, entre le 5 et le 11 août, cette date marque la fin de
l'Ancien Régime et le début d'une nouvelle société. La Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen votée le 26
août 1789 en est l'acte de baptême. Ce texte reconnaît l'égalité des citoyens devant la loi, consacre la souveraineté
nationale et légitime le droit à la résistance à l'oppression. Avec le retour forcé du roi à Paris, les 5 et 6 octobre 1789,
la Révolution semble avoir atteint ses buts : faire naître une monarchie parlementaire en rabaissant le prestige du roi.
L'abolition des privilèges et de la féodalité pousse les constituants, pétris de rationalisme et des idées de
Lumières à réorganiser la France pour lui donner l'unité qui lui faisait défaut. L'assemblée décide de supprimer
l'enchevêtrement des anciennes circonscriptions administratives et décide le 15 janvier 1790 de créer une
circonscription administrative unique pour la justice, l’administration, la religion, la collecte des impôts, gérant la
chose publique de manière très décentralisée. Il s'agit des départements, 83 en tout, divisés eux-mêmes en districts, en
cantons et en communes. La suppression des douanes intérieures, des corporations et de leurs privilèges pointilleux,
la décision de créer de nouvelles unités de poids et mesures basées sur le système décimal et valables dans toute la
France, la rédaction de codes unifiant le droit à l'échelle nationale, l'égalité en droit pour les protestants et les juifs
sont autant d'initiatives propres à consolider l'unité nationale à mettre au crédit des Constituants. L'affaire des princes
possessionnés d'Alsace et de l'annexion d'Avignon et du Comtat Venaissin en 1790 permet aux révolutionnaires de
poser un nouveau principe du droit international, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.
Par contre, la réorganisation du clergé catholique sans l'autorisation de la papauté suscite une profonde division
dans le royaume. La constitution civile du clergé votée le 12 juillet 1790 transforme les évêques et les curés en
25
fonctionnaires élus et devant prêter serment de fidélité à la Nation. Cette loi est condamnée par le pape, ainsi que la
Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. La France est alors divisée en deux : le monde rural soutient plutôt
les prêtres réfractaires, ceux qui refusent de prêter serment pour obéir au pape, les gens des villes plutôt les jureurs,
ceux qui acceptent le serment à la Nation. L'hostilité du roi et d'une immense majorité de la noblesse aux
changements est un autre élément fondamental de division. De nombreux nobles émigrent formant à la frontière
allemande une armée d'émigrés prête à intervenir. Louis XVI louvoie, espère la guerre et une défaite française pour
retrouver son pouvoir absolu. Celle-ci est déclarée le 20 avril 1792 par la toute nouvelle assemblée législative issue
de la Constitution de 1791, la première jamais votée en France. Les défaites des premiers combats et l'invasion du
territoire national ont pour conséquence la chute de la monarchie, le 10 août 1792 et la proclamation de la
République, le 22 septembre 1792. Deux jours avant le 20 septembre 1792, une armée composée de jeunes
volontaires patriotes avait arrêté l'avance prussienne à Valmy. Si la victoire militaire est minime, son impact
symbolique est très fort.
À l'automne les armées de la Révolution occupent les Pays-Bas autrichiens, la rive gauche du Rhin, la Savoie et
Mulhouse. Danton fait sienne la théorie des frontières naturelles et encourage les guerres de conquête bien loin de
l'idéal révolutionnaire de libération des peuples opprimés. À Paris, la nouvelle assemblée élue au suffrage universel
pour voter une nouvelle constitution, la Convention, est occupée par le procès du roi à partir de décembre 1792. Son
exécution le 21 janvier 1793 soulève l'indignation de l'Europe monarchiste et entraîne la formation de la première
coalition en février. La jeune république est vite assaillie de toutes parts par les coalisés qui franchissent les frontières
aux printemps 1793. À partir de mars 1793, l'ouest de la France est la proie d'une insurrection catholique et royaliste,
appelée guerre de Vendée. Les Girondins, l'aile droite de la Convention, qui dirigent le pays depuis la proclamation
de la République, veulent respecter les institutions en place et veulent réduire Paris où l'agitation et la pressions des
sans-culottes sont permanentes, à 1/83e de la France. Ils tiennent à maintenir des institutions décentralisées face à
l'aile gauche de la Convention qui réclame des mesures d'exception face aux difficultés.
Sous la pression des sans-culottes les Girondins sont chassés de la Convention par les journées révolutionnaires
des 31 mai et 2 juin 1793. Les Montagnards qui forment la partie la plus radicale de l'assemblée arrivent au pouvoir.
Ils n'hésitent pas à satisfaire certaines revendications du peuple parisien pour garder le pouvoir et surtout, sauver la
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République menacée de chaos face au menées contre-révolutionnaires des royalistes en Vendée et ailleurs, de la
révolte des Girondins contre la « dictature parisienne » appelée révolte fédéraliste et l'avancée des coalisés sur le
territoire français. Les Montagnards instaurent un gouvernement révolutionnaire, c’est-à-dire un gouvernement
extrêmement centralisé dans lequel les décisions sont prises par un organe issu de la Convention, Le Comité de salut
public dominé par la forte personnalité de Robespierre. Ces mesures extraordinaires doivent sauver la révolution par
la Terreur (envers les ennemis de la République) et la vertu (des patriotes). Le 23 août 1793, la levée en masse est
décrétée. C’est le premier exemple dans l'histoire de France d'une conscription obligatoire de tous les jeunes hommes
célibataires. C'est aussi la première fois que l'économie nationale est presque entièrement tournée vers l'effort de
guerre. Lors des journées des 4 et 5 septembre, les sans-culottes demandent que la Terreur soit mise « à l’ordre du
jour ». Cette demande est transmise à la Convention le 5 septembre, mais sans que les députés ne l’instaurent
officiellement. Le 10 octobre 1793, le gouvernement est déclaré révolutionnaire jusqu’à la paix avant d’être régi
officiellement par le décret du 14 frimaire (4 décembre). Sous la pression du peuple qui souffre de la faim, relayée
par les sans-culottes, les députés adoptent des mesures économiques d’urgence : à la loi du 27 juillet 1793 contre
l'accaparement qui punit de mort la spéculation, ils ajoutent le 11 septembre le maximum national des grains et des
farines et le 29 septembre 1793 une nouvelle loi du maximum général sur les denrées et les salaires 35. L'ensemble de
ces mesures d'exception permet de vaincre les révoltes et de dégager les frontières dès l'automne 1793. Les armées
françaises, commandées pour la plupart par des généraux issus du rang, passent de nouveau à l'offensive. Les régions
conquises deviennent des départements, celui du Mont-Blanc, des Alpes-Maritimes et du Mont-Terrible (Mulhouse-
Bâle).En 1794, la Belgique est reconquise ainsi que la rive gauche du Rhin. Robespierre qui veut renforcer la Terreur,
alors que la situation ne le justifie plus est renversé le 9 thermidor an II (27 juillet 1794) et exécuté le lendemain.
Les Conventionnels mettent fin à ce régime d'exception qu'a été la Terreur. Ils rédigent une nouvelle
constitution, celle du Directoire, qui partage le pouvoir exécutif entre 5 directeurs et le pouvoir législatif entre deux
assemblées. Le suffrage censitaire est rétabli. Mais la constitution ne permet pas de résoudre les conflits entre les
différents pouvoirs. Le Directoire fut une période où les multiples élections et les coups d’État se succèdent.
L'insécurité est très grande ainsi que la misère populaire. Par contre, sur le plan extérieur, les conquêtes et les
annexions sont nombreuses. La Belgique et une partie de la Hollande sont transformées en 9 départements français le
1er octobre 179636.. En 1798, c'est au tour de la rive gauche du Rhin et de Genève d'être organisés en 5 départements.
Les frontières naturelles sont largement atteintes. Si on ajoute que les Provinces-Unies, la Suisse et l'Italie sont
transformées en républiques sœurs avec des institutions calquées sur celles du Directoire et une politique étrangère
inféodée à celle de la France, les frontières naturelles sont même dépassées. Si les républiques sœurs bénéficient des
acquis révolutionnaires comme la suppression de la féodalité et l'égalité en droit, elles doivent fournir des réquisitions
et des œuvres d'art, ce qui rend vite la présence française impopulaire.
La lassitude des Français induite par les désordres intérieurs permet au général Napoléon Bonaparte d'être
favorablement accueilli, quand par le coup d’État du 18 brumaire (9 novembre 1799), il met fin au Directoire. Celui-
ci est en effet très populaire depuis ses éclatantes victoires lors de la campagne d'Italie (1796-1798). Il bénéficie de
plus de puissants appuis politiques. Son frère Lucien Bonaparte est président du conseil des cinq-cents, une des deux
assemblées du Directoire. Sieyès fait appel à lui pour renverser le régime et pouvoir ainsi en établir un autre plus
stable. Mais dès qu'il est au pouvoir Napoléon Bonaparte le confisque à son profit et établit un régime personnel le
Consulat.
Sous la domination de Napoléon Bonaparte, la France est presque sans arrêt en guerre. En 1810, à l'apogée de
l’Empire, elle compte 130 départements qui englobent la Hollande, une partie de l'Allemagne jusqu'au Danemark et
une partie de l'Italie. Les annexions sont en grande partie dues à la nécessité pour Napoléon de faire respecter le
blocus continental qui vise à asphyxier le Royaume-Uni économiquement. De plus, un grand nombre d'États sont
inféodés à la France, la Confédération du Rhin, la Confédération helvétique, les royaumes d'Italie, de Naples et
d'Espagne. En tout près de la moitié de l'Europe est sous influence française. Mais cette domination est de plus en
plus contestée. En effet, la France favorise son économie aux dépens des États vassaux. En 1812, pour contraindre la
Russie à respecter le blocus continental qu'elle a rompu, Napoléon Ier l'envahit. Mais il s'avance de manière trop
imprudente jusqu'à Moscou et doit effectuer une retraite en subissant les rigueurs de l'hiver et les assauts des troupes
et des partisans russes. Il perd 90 % de ses effectifs. Le désastre de la campagne de Russie en 1812-1813 précipite la
fin du grand Empire. Une nouvelle coalition se noue contre la France. En octobre 1813, à la suite de la défaite de
Leipzig, les Français doivent évacuer l'Allemagne. La Hollande et l'Espagne sont perdues. En 1814, la France est
envahie. Napoléon abdique en avril et devient roi de l'île d'Elbe. Le frère du roi, le comte de Provence devient roi
sous le nom de Louis XVIII. La France garde ses frontières de 1792, c’est-à-dire la Savoie et le comté de Nice et peut
conserver toutes les œuvres confisquées à l'étranger. Mais en 1815, Napoléon Ier s'enfuit de l'île d'Elbe et revient au
pouvoir à partir du 20 mars jusqu'au 18 juin 1815, date à laquelle il est définitivement vaincu à Waterloo et envoyé en
exil dans l'Atlantique Sud, sur l'île de Sainte-Hélène. La France paie durement les cent jours. Elle doit rendre une
grande partie des œuvres pillées et perd les acquisitions de 1792 plus la Sarre. Elle doit en outre payer l'entretien
d'une force d'occupation de 150 000 soldats.
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Le XIXe siècle (1815-1914)
La Restauration (1814-1830) et la Monarchie de juillet (1830-1848)
Louis-Philippe Ier
La restauration est la période allant de la chute du Premier Empire le 6 avril 1814 à la Révolution de 1830.
Les Bourbons reviennent au pouvoir lors d'une période appelée Première Restauration qui débute le
6 avril 1814. Le 24 avril 1814, Louis XVIII débarque à Calais. Le 4 juin 1814, il accorde une charte par laquelle il
consent volontairement à limiter son pouvoir. Il affirme par là même la souveraineté de droit divin du monarque. De
ce fait, la charte de 1814 accorde un pouvoir important au roi, personnalité « inviolable et sacrée »37. L'initiative des
lois lui est réservée, mais celles-ci sont votées par le Parlement composé de deux chambres : la Chambre des pairs
dont les membres sont nommés à vie par le roi et dont le nombre est illimité ; la Chambre des députés lesquels sont
élus pour 5 ans au suffrage censitaire. Les députés parviennent à obliger les ministres à venir justifier leur politique
devant eux, et à répondre à leurs questions.
La Restauration, qui semble bien partie malgré quelques obstacles, est abrégée par le retour de Napoléon en
mars 1815, qui oblige Louis XVIII à fuir à Gand. Napoléon reprend le pouvoir pour une période de cent jours qui va
durer jusqu'à la défaite de Waterloo du 18 juin 1815, laquelle réinstalle Louis XVIII sur le trône.
Louis XVIII se voulant un roi conciliant, sa politique n'est pas du goût des « Ultras » qui exigent un châtiment
contre ceux qui ont soutenu Napoléon pendant les Cent-Jours. Dans ce climat de vengeance, les élections d'août 1815
leur donnent la majorité, et paradoxalement, ce sont eux qui mettent en pratique la responsabilité politique des
ministres devant la chambre, ce que la charte de 1814 ne prévoyait pas.
À la mort sans héritier de Louis XVIII en septembre 1824, son frère Charles X lui succède. Contrairement à son
frère, ce dernier n'a pas compris que certains changements étaient irréversibles. Il se fait sacrer à Reims en 1825 dans
la pure tradition capétienne, et tente de rétablir l'Ancien Régime en favorisant la noblesse et le catholicisme. Il fait
voter une loi sur l'indemnisation des nobles qui avaient émigré pendant la Révolution et dont les propriétés avaient
été vendues comme biens nationaux. Une autre loi, dite loi sur le sacrilège, punit de mort le vol des ciboires contenant
des hosties consacrées ou la profanation de ces dernières. Il s'appuie sur les ultras, c'est-à-dire les députés partisans
d'un retour à l'Ancien Régime. Mais sa politique réactionnaire se heurte à l'opposition déterminée de la bourgeoisie
libérale. En 1830, le ministre Polignac publie quatre ordonnances réactionnaires. Elles prévoient le rétablissement de
la censure pour la presse, la dissolution de la chambre, la modification du cens électoral pour réserver le droit de vote
aux grands propriétaires fonciers, et la fixation de la date des nouvelles élections. La publication de ces ordonnances
le 27 juillet 1830 provoque une révolution dite des Trois Glorieuses en juillet 1830.
Dans un Paris couvert de barricades, on crie vive la République ou vive l'Empereur. Mais dans les coulisses du
pouvoir, des bourgeois modérés comme Adolphe Thiers ou Casimir Périer parviennent à imposer le duc d'Orléans
comme nouveau souverain. La branche aînée de la famille royale, celle des Bourbons, est donc remplacée par la
branche cadette, celle des Orléans. La bourgeoisie libérale a su utiliser la révolution populaire pour mettre sur le trône
un roi conforme à ses intérêts. La révolution de juillet ne constitue donc pas une rupture avec le régime précédent. Le
principal changement est le fait que la souveraineté nationale remplace la souveraineté de droit divin. Ce changement
se manifeste dans le titre donné au roi : Louis-Philippe devient roi des Français, c’est-à-dire qu'il détient son pouvoir
de la volonté du peuple, alors que ses prédécesseurs portaient le titre de roi de France. La Chambre des pairs perd son
influence. Le drapeau tricolore remplace définitivement le drapeau blanc.
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Sous le règne de Louis-Philippe, la France commence à s'industrialiser. Les grandes dynasties bourgeoises, liées
aux banques ou aux grandes entreprises, se constituent et affirment leur volonté de dominer la vie politique. Le
suffrage censitaire étant très restreint, elles sont les seules, avec l'aristocratie traditionnelle, à pouvoir voter et à avoir
des élus à la Chambre des députés. Cela se traduit par l'apparition de deux partis politiques, les conservateurs, les
représentants de la vieille noblesse, et les libéraux, les représentants du monde des affaires. Mais ces deux groupes
s'entendent sur la conservation du régime tel qu'il est, puisqu'il sert leurs intérêts. Le roi se présente comme un bon
père de famille bourgeois, mais en réalité, c'est un homme autoritaire et un habile manœuvrier. La faiblesse du corps
électoral, l'autorité du roi, et la révélation d'une grande corruption au sein du gouvernement finissent par discréditer
totalement le régime. De plus, à la suite de mauvaises récoltes, le pays connaît une crise économique profonde à
partir de 1846. L'opposition républicaine en profite pour s'agiter à nouveau.
La monarchie de juillet correspond aux débuts de l'industrialisation de la France. Le développement des
chemins de fer est spectaculaire. Le premier ministre Guizot lance le credo d'une nouvelle société : « enrichissez-
vous ! » La loi Guizot de 1833 oblige chaque commune à entretenir une école élémentaire. Cependant la révolution
industrielle crée une nouvelle classe sociale, celle des ouvriers en proie à la misère. Les théories socialistes de Louis
Blanc et de Proudhon cherchent à remédier aux injustices sociales dont le prolétariat est la victime.
La monarchie de juillet est aussi marquée par un nouvel essor de la colonisation française. L'incident
diplomatique du coup d’éventail donné par le dey d’Alger au consul français en 1827 sert de raison à la conquête
française de l’Algérie en juillet 1830[réf. nécessaire]. La colonisation s'étend progressivement à toute l'Algérie. En 1842 les
généraux Binger, Crozat et Marchand se lancent à la conquête de la Côte d’Ivoire, mais doivent faire face à la
résistance de Samory.
Deuxième République (1848-1852)
Victor Schoelcher
En 1847, l'opposition portée par une vague de mécontentement due à la corruption du régime en place et la crise
économique organise dans tout le pays des banquets pour demander l'élargissement du corps électoral. La liberté de
réunion n'existant pas, la présence à ces banquets républicains permet aux opposants au régime de se réunir sans
enfreindre la loi. Le 22 février 1848, le pouvoir interdit la tenue d'un banquet. Ceci entraîne des manifestations qui se
poursuivent le lendemain. C'est alors que la troupe tire sur les manifestants. Quand la nouvelle de cette fusillade est
connue, tout le Paris populaire s'embrase. Le roi abdique le lendemain car il ne veut pas être responsable d'un
massacre de la foule parisienne. Les insurgés ont retenu la leçon de 1830. Ils exigent que des républicains siègent
dans le gouvernement provisoire. Celui-ci proclame la République le soir même. La seconde République commence.
La Deuxième République institue définitivement le suffrage universel masculin en France. Elle abolit
l'esclavage sur proposition de Victor Schœlcher. Ceci n'empêche pas l’armée française de commencer la conquête du
Sénégal la même année. Sous la pression du peuple et des socialistes des mesures sociales sont prises : proclamation
du droit au travail, limitation de la journée de travail à 10 heures à Paris et à 11 heures en province. Des ateliers
nationaux sont créés pour donner du travail aux parisiens touchés par la crise économique. Mais aux élections d'avril
1848, les Français élisent majoritairement des modérés hostiles aux mesures novatrices (500 députés) ou des
monarchistes (300). Les socialistes qui défendent les mesures sociales ne sont qu'une centaine. Le gouvernement
provisoire qui découle de cette assemblée décide de fermer les ateliers nationaux. L'est parisien se révolte à l'annonce
de cette décision. Le général Cavaignac est muni des pleins pouvoirs pour mater la rébellion. Il brise la rébellion dans
un bain de sang après trois jours de combats du 23 au 25 juin 1848. Ces « journées de juin » discréditent la jeune
30
République. Les ouvriers victimes de la répression s'en désintéressent, les paysans et les possédants ont peur des
désordres sociaux et recherchent un régime stable et autoritaire.
Pour décider des nouvelles institutions les constituants s'inspirent des États-Unis dont le modèle a été popularisé
par Alexis de Tocqueville dans son livre De la démocratie en Amérique publié en 1835. La constitution du 4
novembre 1848 choisit de confier le pouvoir exécutif à un président élu au suffrage universel direct pour une durée de
4 ans. Il peut se représenter après un intervalle de 4 ans. Comme aux États-Unis, l'Assemblée et le président sont
totalement indépendants. Mais contrairement aux États-Unis le président n'a pas le droit de veto.
Louis Napoléon Bonaparte, Lamartine, Cavaignac et le socialiste Raspail sont candidats à l'élection
présidentielle, la première au suffrage universel masculin en France. Le neveu de Napoléon Ier est élu pour quatre ans
le 10 décembre 1848, avec près de 75 % des voix, issues notamment du parti de l'Ordre, profitant de la division des
gauches et de la faiblesse du niveau d'instruction, certains paysans ayant cru voter pour Napoléon Ier. La nouvelle
assemblée élue en mai 1849 est dominée par les monarchistes. Elle mène une politique extrêmement conservatrice.
Elle envoie à Rome des troupes pour maintenir le pape dans ses États pontificaux menacés par les révolutionnaires.
Elle vote la loi Falloux qui met l'école sous le contrôle de l'Église catholique. Le 31 mai 1850, l'Assemblée vote une
loi électorale qui exclut du corps électoral ceux qui ne peuvent pas justifier de trois ans de résidence continue dans la
même commune, ce qui élimine 3 millions de personnes du corps électoral, principalement des artisans et des
ouvriers saisonniers. En s'opposant à cette réforme, Louis-Napoléon fait figure de héros pour le peuple.
Au début de l'année 1851, Louis Napoléon Bonaparte demande une révision de la constitution pour lui
permettre de se représenter dès la fin de son mandat. Devant le refus de l'Assemblée Nationale, il exécute un coup
d'État minutieusement le 2 décembre 1851, qu'il entérine par un référendum. Le 2 décembre est en effet une date
fétiche pour les Bonaparte : Napoléon Ier a été couronné un 2 décembre et l'année suivante il a remporté l'éclatante
victoire d'Austerlitz le 2 décembre 1805. La seconde République finit par un régime autoritaire.
Le coup d'État du 2 décembre 1851 entraîne peu de réactions. Seules quelques personnalités s'opposent
ouvertement au nouveau régime. C'est le cas de Victor Hugo qui part en exil à Guernesey d'où il ne cesse de fustiger
Louis-Napoléon Bonaparte qu'il appelle Napoléon le petit. Le plébiscite du 20 décembre 1851 donne au nouvel
homme fort les pleins pouvoirs pour rédiger une nouvelle constitution. Après un nouveau plébiscite, il est proclamé
empereur sous le nom de Napoléon III. Napoléon met en place un régime autoritaire. La liberté de la presse est
limitée, les opposants sont pourchassés. La pratique des candidatures officielles réduit l'opposition au silence. Seuls
quelques républicains parviennent à se faire élire. Mais comme le pays bénéficie d'une bonne conjoncture
économique, il y a peu de protestations.
A partir de 1860, l'Empire se libéralise. Napoléon III a perdu une grande partie du soutien des catholiques car il
aide le roi de Piémont-Sardaigne, Victor-Emmanuel II à réaliser l'unité italienne, ce qui va à l'encontre des intérêts de
la papauté. De plus, la signature d'un traité de libre échange avec le Royaume Uni, alors première puissance
industrielle mondiale, mécontente les industriels qui craignent la concurrence de produits anglais. L'empereur cherche
31
donc de nouveaux soutiens en allant vers les libéraux et les classes populaires. Le droit de grève est accordé en 1864.
Les ouvriers ont le droit de constituer des caisses d'entraide. Le corps législatif obtient peu à peu des droits. Il peut
critiquer le gouvernement, voter le budget. Il a même l'initiative des lois à partir de 1869. Le second empire a peu à
peu évolué vers un régime parlementaire, les ministres étant responsables devant le Parlement. Cette libéralisation du
régime est approuvée massivement par un plébiscite en mai 1870 qui donne à l'empereur 7 336 000 « oui » contre
1 560 000 « non ». L'empire semble consolidé sur des bases plus démocratiques. Il est cependant balayé par la guerre
franco-prussienne en quelques semaines.
Le décollage industriel de la France se fait sous le Second Empire. Le crédit se libéralise, la création de SARL
et de SA est facilitée. L'État montre lui-même l’exemple. Des grands travaux de modernisation sont entrepris dans
Paris sous la houlette du baron Haussmann. La Sologne et les Landes sont bonifiées (création de la forêt des Landes)
[réf. nécessaire]
.
Sur le plan international, la France opère un retour spectaculaire. Napoléon III est très influencé par l'épopée
napoléonienne. Il veut donner à la France un rôle prépondérant en Europe et dans le monde. En 1854 commence sous
l’impulsion de Faidherbe la conquête du Sénégal. Celui-ci forme les fameux tirailleurs sénégalais.
La France commence à s'intéresser à l'Indochine, pèse ainsi de tout son poids dans la guerre de Crimée aux côtés des
Britanniques. Les troupes françaises interviennent même au Mexique pour soutenir l'archiduc d'Autriche Maximilien
qui tente d'y instaurer un grand empire latin et catholique. L'aventure mexicaine est un échec. Maximilien est fusillé
par les révolutionnaires mexicains.
Napoléon III soutient les processus d'unité italienne et allemande. En échange de ses bons offices, la France
reçoit du Royaume de Sardaigne le Duché de Savoie et le Comté de Nice annexés à la France en 1861 après la
signature du Traité de Turin. En échange de sa neutralité bienveillante lors de la guerre austro-prussienne de 1866,
l'empereur réclame des compensations territoriales que Bismarck, le chancelier prussien, refuse de lui accorder. Au
contraire, il multiplie les provocations envers la France pour la pousser à déclarer la guerre à la Prusse. À la suite de
la publication de la dépêche d'Ems, la France déclare la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870. L'empire ne peut opposer
que 265 000 hommes aux 500 000 prussiens et alliés allemands. La guerre tourne rapidement au désastre. Le 6 août,
l'Alsace est prise. Napoléon capitule à Sedan. Le 2 septembre 1870. À cette annonce, les Parisiens proclament la
république le 4 septembre 1870. Encore une fois le régime impérial ne survit pas à la défaite.
Article connexe : Relations entre l'Allemagne et la France.
Les Français sont décidés à se battre comme en témoigne le nombre dérisoire de déserteurs, 1,5 % des
mobilisés, et convaincus dans leur immense majorité de la légitimité de leur cause.
La Grande Guerre est un élément pivot de l'histoire de France. Le XXe siècle émerge de ce conflit hors normes
qui voit la victoire des Alliés sur les forces des empires centraux. On attendait une guerre éclair, faite de mouvements
rapides (train oblige), mais c'est au contraire une guerre de position et de tranchées.
Sortir de la guerre
Au sortir de la Grande Guerre, la France est victorieuse mais exsangue suite aux sacrifices humains, financiers
et matériels concédés pendant la guerre. La joie de vivre prend le pas sur les heures sombres de la guerre : ce sont les
Années folles. Tout, ou presque, paraît possible à cette période pour les personnes aisées citadines. La grande
majorité des Français de l'époque sont encore des villageois-agriculteurs qui ont d'autres soucis, comme assurer la
récolte après que les hommes de la famille sont rentrés blessés ou morts sur le champ de bataille.
33
La France des années trente
La France n'est touchée par la crise des années Trente qu'en 1931. La crise industrielle entraîne une baisse assez
longue de la production industrielle. La France entre assez tardivement dans la crise dont elle a apparemment été
protégée durant quelques années. Elle entre dans la crise en 1931 quand la chute de l’activité économique des autres
pays affecte fortement ses exportations. Quand le gouvernement britannique décide de dévaluer la livre, les prix
français sont trop élevés à l’exportation. Entre 1929 et 1935 la production industrielle recule de 25%. Contrairement
aux autres pays, la production industrielle ne remonte pas à partir des années de 1935 et 1936. En 1938, la France n’a
toujours pas retrouvé son niveau de production d’avant crise. La France se dote d'un gouvernement de gauche en
1936, le « Front Populaire » et de nombreux droits sociaux tels les congés payés sont institués. La France est
impuissante face aux bouleversements en cours en Europe et entame une large politique d'alliance qui ne mènera
nulle part. Elle refuse d'intervenir en Guerre d'Espagne. L'état d'esprit pacifiste atteint son sommet en 1938 avec la
signature des accords de Munich permettant à Adolf Hitler de prendre possession du Territoire des Sudètes sans
combattre (au mépris de ces accords, Hitler progresserra plus loin en Tchécoslovaquie quelques mois plus tard, en
mars 1939). La paix à tout prix était alors le mot d'ordre, mais la signature des accords de Munich marque la dernière
concession faite à Hitler par les diplomaties française et britannique, enfin unies sur ces sujets. Il ne faut pas oublier
que si la France semble être moins soumise aux extrêmes de la crise, elle s'y enlise et mettra beaucoup plus de temps
que les États-Unis ou le Royaume-Uni à en sortir. Contrairement à ces deux derniers pays, elle ne mettra pas en place
des politiques de relance comme le New Deal aux États-Unis, ce qui l'handicapera[réf. nécessaire]. Elle restera donc très
marquée par cette crise, et n'en sortira que très tardivement.
34
Le maréchal Pétain profita de la victoire allemande pour imposer aux Français un gouvernement abolissant la
République : le 10 juillet 1940, était votée la loi qui lui donnait les pleins pouvoirs constituants38. Dès le lendemain, le
11 juillet, Pétain, par le premier des actes constitutionnels de Vichy39, « vu la loi constitutionnelle du 10 juillet 1940 »,
se déclara chef de l'État40,41 et par conséquent décréta l'abrogation de l'article 2 de la loi 25 février 1875, c'est-à-dire
l'amendement Wallon42, aboutissant au Régime de Vichy. Le pays, amputé de fait de l'Alsace-Lorraine, était pillé :
soit directement, soit en devant payer une forte indemnité d'occupation. Une grande partie de sa force vive était
prisonnière puis envoyée au travail forcé en Allemagne (STO). « L'État français » fut soutenu par le régime nazi
pendant quatre ans.
De son côté le général de Gaulle s'oppose à l'armistice annoncé le 17 juin 194043 par le maréchal Pétain et lance
son fameux Appel du 18 juin au peuple français, via la radio BBC depuis Londres, incitant au ralliement aux côtés
des Alliés britanniques afin de poursuivre la lutte contre les nazis. Mais de Gaulle redoutant un bain de sang en cas de
révolte populaire en France, n'appellera jamais aux résistances armées dans l’Hexagone avant les débarquements
alliés, préférant privilégier les missions d’informations, vitales pour la victoire finale. Il prend dès lors la tête de la
France libre qui s'appuie sur les Forces françaises libres. Obtenant le ralliement rapide de plusieurs possessions
coloniales françaises, surtout en Afrique, la France reste présente dans le camp allié, en poursuivant le combat sur les
différents fronts.
En 1946, le gouvernement provisoire céda la place à la Quatrième République, instaurée par une nouvelle
constitution approuvée par référendum. Mais l'instabilité politique et les divergences concernant les problèmes
coloniaux en Indochine et en Algérie conduisirent à des crises successives, et à plusieurs remaniements ministériels.
35
Vincent Auriol (1947-1954) fut le premier président de la IVe République. René Coty lui succéda (1954-1958).
Le régime parlementaire de la Quatrième République permet toutefois la reconstruction et la modernisation de
la France grâce notamment à la création du commissariat au Plan et à un certain nombre de nationalisations dans les
secteurs stratégiques. C'est dans cette période que les fameuses Trente Glorieuses prennent leurs sources.
En matière de politique étrangère, la France entre dans l'OTAN, acceptant même le maintien des bases
américaines sur le territoire national. En 1956, la mise en échec par les USA et l'URSS de l'intervention franco-
britannique sur le canal de Suez encourage le rapprochement des états européens : le marché commun (CEE) est créé
en 1957.
La Constitution de 1946 crée l'Union française. L'Union, outre les territoires européens de la République,
comprend l'Algérie formée de trois départements (Alger, Oran et Constantine) et les territoires du sud (Sahara), les
départements d'outre-mer (Martinique, Guadeloupe, La Réunion, Guyane), les territoires d'outre-mer (ex-AEF, AOF,
Océanie), les territoires associés (Cameroun et Togo) et les États associés (Indochine, Maroc, Tunisie). Il faut y
rajouter : Saint-Pierre-et-Miquelon, la côte française des Somalis, Madagascar et les Comores, la terre Adélie, les
comptoirs des Indes et les protectorats sur la Syrie et le Liban. Plus de 12 000 000 km² en tout répartis en colonies,
protectorats et états sous mandat.
Le statut politique de chaque territoire découle de l'histoire et des conditions de la conquête. Au lendemain de la
guerre des fissures apparaissent. La décolonisation sera marquée par deux grands conflits.
La Guerre d'Indochine
Dès 1940, les Japonais qui occupent l'Indochine française encouragent le mouvement de décolonisation qui
aboutira le 2 septembre 1945 à la proclamation de l'indépendance du Viêt-nam par Hô Chi Minh. À partir des années
1950, le Viêt-minh, mouvement nationaliste d'inspiration communiste, est aidé par l'URSS et la Chine communiste.
Dans le contexte de la Guerre froide, la France se trouve placée au premier rang mondial de la lutte contre l'avancée
communiste en Asie. Le conflit indochinois se développe et s'amplifie dans un contexte général d'indifférence pour
cette guerre lointaine et ruineuse.
En 1954, le général Henri Navarre, commandant en chef des forces françaises en Indochine, espérant attirer le
Viêt-minh sur un terrain où il pourrait le combattre de façon classique, concentre ses troupes dans la cuvette de Diên
Biên Phu. Le camp retranché de Diên Biên Phu, commandé par le général de Castries, comporte les meilleures unités
du corps expéditionnaire. Après 55 jours de combats, les Français, épuisés par huit années de guérilla menée par le
général Giap, sont noyés sous un déluge de feu. Cette puissance exceptionnelle est alimentée par la mobilisation de
tout un peuple. Diên Biên Phu tombe le 7 mai 1954. Pierre Mendès France signe les accords de Genève le 21 juillet
qui mettent fin à la guerre.
Ils prévoient la séparation du Viêt Nam en deux États de part et d'autre du 17e parallèle : le Nord revient au
Viêt-minh communiste tandis que le Sud devient un état indépendant. Le 7 août, le cessez-le-feu est total en
Indochine. La guerre aura provoqué du côté français près de 100 000 morts et coûté environ 300 milliards de francs.
36
la semaine des barricades à Alger
La guerre d'Indochine est à peine terminée que commence la guerre d'Algérie. Le 1 er novembre 1954, une
poignée de nationalistes algériens regroupés en Front de Libération National déclenchent l'insurrection en organisant
en Kabylie et dans les Aurès une série d'attentats qui feront 8 morts. Les territoires européens de la République, qui
semblaient avoir oublié la répression de la manifestation musulmane de Sétif le 8 mai 1945, réagissent
immédiatement. Le gouvernement (Pierre Mendès France) envoie des renforts militaires et prend des mesures
répressives.
Le 12 novembre, Mendès-France proclame sa détermination de rétablir l'ordre alors que François Mitterrand,
ministre de l'intérieur, affirme que l'Algérie c'est la France et qu'il faut tout tenter pour que le « peuple algérien se
sente chez lui, comme nous et parmi nous » et propose même, le 5 janvier 1955, que l'Algérie soit intégrée à la
France. Cette intégration remettrait en cause le statut de l'Algérie voté en 1947 qui avait institué une assemblée
algérienne comprenant deux collèges de 60 membres - l'un élu par les Français minoritaires, l'autre par les musulmans
majoritaires en nombre - qui envoyait six députés à l'assemblée de l'Union française. Ainsi l'idée de remettre en cause
les avantages et privilèges de la communauté française provoque un profond mécontentement et le renversement du
gouvernement Mendès-France le 5 février 1955.
Les forces armées, effectivement, augmentent rapidement. Jacques Soustelle est nommé gouverneur général de
l'Algérie. La situation s'aggrave et l'état d'urgence et la censure sont proclamés le 3 avril. Cependant l'intégration
semble encore possible jusqu'au déclenchement de la grève générale organisée par le FLN qui marque la coupure
définitive entre les deux communautés. Guy Mollet, chef de la SFIO, est pressenti, après les élections législatives de
1956 pour former le gouvernement. Il se rend à Alger le 6 février pour investir le général Catroux à la place de
Soustelle. Il est accueilli par un climat insurrectionnel (Lagaillarde, Ortiz) et se soumet. Il remplace Catroux par
Robert Lacoste, bien vu des militaires. Le 12 mars 1956, l'Assemblée vote les pouvoirs spéciaux au gouvernement.
Désormais, Guy Mollet et Robert Lacoste peuvent mettre en place la politique de maintien de l'ordre en Algérie. La
spirale des attentats et de la répression s'amplifie. Le pouvoir progressivement passe la main aux militaires. Face à la
recrudescence des attentats les parachutistes du général Massu livrent la bataille d'Alger (janvier 1957) au cours de
laquelle la torture est parfois utilisée pour avoir des renseignements sur les réseaux. Ce recours à la torture est
légitimé par la destruction de plusieurs de ces réseaux de poseurs de bombe.
Dans les territoires européens de la République, le fossé se creuse entre partisans de la guerre et opposants
(communistes, intellectuels et journaux d'avant-garde). La fraction la plus ultra des partisans est conduite par
l'extrême droite (Tixier-Vignancour) relayée par Soustelle et Bidault au sein de l'Union pour le salut et le renouveau
en Algérie française (USRAF) qu'ils créent. Les positions se durcissent lors de la prolongation du service militaire
porté à 27 mois(1957) et du rappel du contingent libéré. De violentes manifestations et des blocages de convois en
partance pour l'Algérie ont lieu à l'initiative de la CGT et des communistes. Sur le terrain, le quadrillage et la
répression ainsi que la surveillance des côtes par la marine rendent difficile le ravitaillement en armes du FLN.
L'audience du FLN diminue cependant que les désertions dans ses rangs et les engagements dans l'armée française se
multiplient. Les militaires obtiennent le droit de poursuite sur le sol tunisien et effectuent un bombardement sur
Sakiet Sidi Youssef. Mais la France est aussitôt condamnée par l'ONU, ce qui va l'affaiblir politiquement.
Félix Gaillard président du conseil par intérim confie les pleins pouvoirs en Algérie au général Salan, puis au
général Massu qui constitue un Comité de salut public. Félix Gaillard est remplacé par Pierre Pflimlin. Mais celui-ci
jugé trop libéral n'a pas la confiance des militaires. Le général Massu, lance alors un appel au général de Gaulle lui
demandant de former un gouvernement de salut public. De Gaulle répond au cours d'une conférence de presse, le 19
mai, qu'il est prêt à assumer les responsabilités du pouvoir.
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La Cinquième République (depuis 1958)
La France dans la construction européenne
La construction européenne a débuté dès le lendemain de la Seconde Guerre mondiale, notamment sous
l'impulsion de Robert Schuman et de Jean Monnet, par la création de la Communauté européenne du charbon et de
l'acier (CECA).
Elle a été poursuivie sous la Ve République par tous les présidents, qu'ils soient de droite ou de gauche. En effet,
bien que la France reste très attachée à sa riche histoire et à son indépendance, le pouvoir se situant au moins autant
au niveau économique qu'au niveau politique, les dirigeants français travaillent à lier de plus en plus l'avenir du pays
au développement de l'Union européenne. Le créateur de la Cinquième République, Charles de Gaulle, était assez
sceptique quant à la construction européenne et bloqua par exemple l'entrée dans la CEE du Royaume-Uni qu'il
considérait comme le cheval de Troie de l'Amérique par la politique des chaises vides. La construction européenne
s'accélère donc pendant la présidence de Pompidou et surtout de Giscard d’Estaing. Pendant la présidence de François
Mitterrand, celui-ci insista sur l'importance de l'intégration européenne, et poussa à la ratification du traité de
Maastricht sur l'union économique et politique européenne. Cette ratification fut approuvée par l'électorat français en
septembre 1992. En 2003, la France et l'Allemagne ont par plusieurs aspects renforcé leurs liens, le fait le plus
marquant étant peut-être la représentation des intérêts de l'Allemagne par le président de la République française au
Conseil européen, attestant de la confiance mutuelle que se portent les deux pays et montrant l'exemple à leurs
partenaires européens.
Jacques Chirac fut obligé, pour satisfaire aux critères de l'Union économique et monétaire, de mener plutôt une
politique de réformes économiques et de rigueur. Fin 1995, la France connut d'ailleurs les plus importantes grèves de
la décennie, lorsque les fonctionnaires protestèrent contre l'alignement de leur régime de retraite sur celui du privé,
dans la lignée de cette politique de rigueur.
En politique étrangère, Jacques Chirac mit l'accent sur la protection de la force d'interposition française en ex-
Yougoslavie, et aida à promouvoir les accords de paix négociés à Dayton, et signés à Paris en décembre 1995. Avec
l'Allemagne et la Russie, la France fut l'un des opposants les plus fermes à la deuxième guerre d'Irak menée par
George W. Bush et ses alliés.
Les gouvernements français se sont montrés défenseurs de la politique de l'ONU et de l'Union européenne au
Kosovo, puis dans les Balkans.
Drapeau européen
Le 29 mai 2005, les Français rejettent (54,87% des voix exprimées en faveur du non et de 45,13 % pour le oui)
par référendum le « Traité établissant une Constitution pour l'Europe », qui avait été adopté par les chefs d’État et de
gouvernement des 25 pays membres de l'Union européenne le 19 juin 2004 au Conseil européen de Bruxelles et
formellement signé à Rome le 29 octobre suivant. Nicolas Sarkozy, l'actuel président de la République, s'est rendu,
dès après sa prise de fonctions le 16 mai 2007, à Berlin en Allemagne rencontrer la chancelière Angela Merkel, pour
tenter de « laver le non français du référendum de 2005 » et réaffirmer l'amitié franco-allemande et la place de la
France dans l'Europe. Le 23 mai, le président Sarkozy s'est rendu à Bruxelles en Belgique pour discuter, avec le
président de la Commission européenne José Manuel Barroso, à propos d'un « traité simplifié » entre la France et ses
partenaires européens. Le traité de Lisbonne a été adopté par l'Assemblée nationale. Le premier juillet 2008 débute,
pour six mois, la présidence française de l'Union européenne, la dernière de l'histoire. En cette occasion, la tour Eiffel
est illuminée la nuit en bleu avec le drapeau européen pour célébrer la présidence française.
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