Bazin en Any
Bazin en Any
Bazin en Any
CAHIERS DE
KARNAK 13
2010
SOMMAIRE
Prfaces
Dr. Zahi Hawass........................................................................................................................V
Jean Flix-Paganon ...................................................................................................................VII
Dominique Valbelle, Ali Radwan ............................................................................................IX
Avant-propos de Gihane Zaki.......................................................................................................XI
Mansour Boraik, Christophe Thiers ............................................................................................XIII-XVI
Travaux en cours et projets du CFEETK
Laure Bazin, Khaled el-Enany...................................................................................................... 1-23
La stle dun chancelier du roi et prophte dAmon de la fin du Moyen Empire Karnak
(Caire JE 37507)
Sbastien Biston-Moulin ................................................................................................................25-43
propos de la table doffrandes de Thoutmosis III Caire JE 88803
Mansour Boraik .............................................................................................................................45-64
Sphinx Avenue Excavations. First Report
Mansour Boraik .............................................................................................................................65-78
Excavations of the Quay and the Embankment in front of Karnak Temples. Preliminary
Report
Mansour Boraik, Thomas Faucher ..............................................................................................79-100
Le trsor des bains de Karnak
Mansour Boraik, Matthieu Ghilardi, Saad Bakhit, Abdel Hafez, Mohamed Hatem Ali,
Salah el-Masekh, Attaieb Garib Mahmoud.................................................................................101-109
Geomorphological Investigations in the Western part of the Karnak Temple (Quay and
Ancient Harbour). First Results
Jean-Franois Carlotti, Ernst Czerny, Luc Gabolde (avec la collaboration de Chema Abd
El-Sattar).........................................................................................................................................111-193
Sondage autour de la plate-forme en grs de la Cour du Moyen Empire
Guillaume Charloux.......................................................................................................................195-226
Rapport prliminaire sur la premire campagne de fouilles du parvis du temple dOpet
Karnak
Jean-Claude Degardin ...................................................................................................................227-241
Le fonctionnement du toit du temple de Khonsou Karnak
Luc Gabolde.................................................................................................................................... 243-256
Mise au point sur lorientation du temple dAmon-R Karnak en direction du lever du
soleil au solstice dhiver
III
IV
1. Circonstances de la dcouverte
La stle Caire JE 37507 (fig. 1-2) fut dcouverte par les quipes de G. Legrain en 1900, lors de
fouilles indirectes menes dans le secteur nord-ouest de lenceinte du temple dAmon Karnak. En
effet, la suite de leffondrement de la partie centrale nord de la salle hypostyle, survenu le 3 octobre
1899, il fallut raliser de gigantesques rampes pour vacuer les colonnes et les architraves croules.
Pour obtenir les volumes de terre indispensables cette entreprise, G. Legrain prit la dcision de faire
dblayer les difices se trouvant dans cette zone du tmnos : on acheva alors de dgager le temple de
Ptah et dautres lments mergrent dont une chapelle osirienne datant de la XXVe dynastie 5.
* Nous tenons remercier Laurent Coulon pour avoir attir notre attention sur cette stle et Dr. Wafaa al-Seddiq, directrice
du Muse du Caire, qui en a autoris ltude.
1
La stle est actuellement expose au rez-de-chausse du Muse gyptien du Caire (R 22, N 8).
2
Elle est rpertorie dans PM II2, p. 194.
3
G. LEGRAIN, Le temple et les chapelles dOsiris Karnak III. La chapelle dOsiris, matre de la vie , RecTrav 24, 1902,
p. 213.
4
Stles funraires et votives du Moyen Empire I, CGC nos 20781-20830, p. 4-7 (CGC 20782). Lextrait de ce manuscrit indit
de J.J. Clre consacr la stle Caire JE 37507 nous a t communiqu par Jaromr Mlek et Alison Hobby que nous
remercions vivement.
5
Pour un rsum de cet pisode de lhistoire du site de Karnak, consulter Cl. TRAUNECKER, J.-Cl. GOLVIN, Karnak. Rsurrection dun site, Paris, 1984, p. 161-168 ; M. AZIM, G. RVEILLAC, Karnak dans lobjectif de Georges Legrain. Catalogue
raisonn des archives photographiques du premier directeur des travaux de Karnak de 1895 1917 1, Paris, 2004, p. 153
et n. 231 et p. 345. Sur le dgagement de la zone nord-ouest de Karnak, se reporter L. COULON, C. DEFERNEZ, La
chapelle dOsiris Ounnefer Neb-Djefaou Karnak , BIFAO 104/1, 2004, p. 139. Enfin, pour la localisation des chapelles
osiriennes, ibid., p. 136, fig. 1 et p. 140, fig. 2.
Cahiers de Karnak 13, 2010, p. 1-23.
LA STLE DUN CHANCELIER DU ROI ET PROPHTE DAMON DE LA FIN DU MOYEN EMPIRE KARNAK
Daprs le style de la stle Caire JE 37507, G. Legrain 9 suggra immdiatement une datation
Moyen Empire. Malheureusement, aucune inscription contemporaine de la construction de la chapelle
ne renseigne sur lemplacement originel de cette stle, ni sur les raisons qui ont conduit son repositionnement cet endroit. On prcisera cette occasion que ce monument tardif a t restaur et que
lon sest galement servi, pour ldifier ou le restaurer, de pierres prises aux chapelles environnantes 10.
2. Description gnrale
Cette stle en calcaire, matriau de prdilection pour les stles du Moyen Empire, prsente une
forme rectangulaire cintre. Elle mesure 70 cm de hauteur, 49 cm de largeur et environ 11 cm dpaisseur.
Malgr quelques dommages subis au cours des sicles, notamment des cassures et des trous affectant en particulier ses bords et sa base ainsi que la partie droite du cintre, cette stle se trouve dans un
tat de conservation relativement satisfaisant. On remarquera toutefois que, dans son tat actuel, il
manque un petit fragment lextrmit droite du cintre (dbut de la lgende) et un autre dans sa partie
suprieure gauche (fin des deux premires lignes du texte principal) ; ces deux fragments se voient
encore sur une ancienne photo noir et blanc conserve au Cedae 11. La stle ne conserve malheureusement plus aucune trace de couleur.
Voir J. LECLANT, Recherches sur les monuments thbains de la XXVe dynastie dite thiopienne, BdE 36, 1965, p. 23-36 ;
PM II2, p. 194-195.
7
G. LEGRAIN, RecTrav 24, 1902, p. 213. Daprs lui (ibid., p. 214), les quelques autres objets issus du dblaiement de la
chapelle, vases briss, plaques de terre cuite ovales, taient sans aucun intrt .
8
Ce plan nous a t gnreusement fourni par L. Coulon qui en a autoris la reproduction dans le prsent article.
9
G. LEGRAIN, op. cit., p. 213.
10
Ibid., p. 209.
11
S.R. folder 118, nos 2116-2117. Ces deux fragments sont rendus en pointills sur le fac-simil ralis par Pauline Calassou.
La photo du Cedae montre que le fragment aujourdhui disparu de la partie suprieure gauche avait dj fait lobjet dune
restauration.
6
LA STLE DUN CHANCELIER DU ROI ET PROPHTE DAMON DE LA FIN DU MOYEN EMPIRE KARNAK
Outre le cintre (registre A), comportant la reprsentation de deux canids couchs sur leur chapelle
affronts et encadrs par deux personnages masculins de plus petite taille, figurs debout et tourns
vers lextrieur, cette stle est divise en trois registres (B-D) : un texte compos de cinq lignes puis
deux registres renfermant chacun sept personnages.
! A. Partie cintre.
! B. Texte compos de cinq lignes ("#).
! C. 1er registre personnages.
! D. 2e registre personnages.
Le registre B occupe environ le tiers suprieur de la partie rectangulaire de la stle. Il renferme cinq
lignes de texte graves dbutant par la formule de don royal et se poursuivant par une formule d
n(y)-sw.t tp avec offrande invocatoire qui mentionne le nom et les titres du bnficiaire de la stle
ainsi que ceux de ses parents.
Le registre C, se dployant dans la zone mdiane de la stle, savre plus complexe, tant lui-mme
soumis une subdivision dans sa partie droite. La seule vritable reprsentation en relief de cette stle
occupe toute la hauteur de la partie gauche de ce registre : il sagit de celle du propritaire du monument, debout, accompagn de son pouse. Face eux, remplissant lespace central, on observe la traditionnelle table doffrandes sous laquelle se tient un personnage dessin plus petite chelle. droite
sont prsents quatre des enfants du couple, trois garons et une fille, rpartis sur deux colonnes (deux
fils dans la premire colonne, un fils puis une fille dans la seconde), tous debout, tourns vers la
gauche, face leurs parents.
En dessous, le dernier registre (D), de moindre hauteur, est occup gauche par quatre personnages
masculins faisant face trois filles du couple, droite.
Tous les personnages de la stle Caire JE 37507 sont reprsents debout. Chacune de ces figures
est prcde par une colonne de hiroglyphes renfermant son/ses titre(s) et son nom, sauf dans trois
cas : au registre C, la reprsentation du propritaire de la stle nest assortie daucune lgende et celle
se rapportant lhomme plac sous la table doffrandes est grave face lui, de lautre ct du pied
gauche de la table ; au registre D, le(s) titre(s) et le nom prsent en grande partie dtruits du
premier homme droite sont gravs sous ses pieds, dans la marge infrieure de la stle. Dautre part,
les mentions s/s.tf associes aux titres et noms des sept enfants du propritaire de la stle sont
dcales, places soit gauche, soit droite de la colonne hiroglyphique, en fonction de lespace
disponible.
Tous les personnages adoptent galement la mme attitude : un bras repli sur la poitrine et lautre
le long du corps, lexception du propritaire de la stle et de son pouse (registre C). Lhomme du
couple principal garde ainsi les deux bras le long du corps tandis que son pouse lenlace du bras
gauche, son bras droit restant prs du corps.
En ce qui concerne les vtements, toutes les femmes sont vtues de longues robes fourreaux
bretelles alors que les hommes portent des pagnes courts (dans la majorit des cas) ou de longues
5
jupes (le propritaire de la stle, registre C, ainsi que deux personnages, lun situ dans langle gauche
du cintre, lautre plac derrire les offrandes [registre C, partie sup.]) ; le propritaire de la stle
(registre C) est galement par dune peau de panthre. Enfin, le couple principal ainsi que lensemble
des figures masculines arborent de larges colliers.
Deux techniques de gravure diffrentes, creux et relief, ont t employes dans la dcoration de la
stle. La premire technique (gravure en creux) concerne la majorit des inscriptions et des reprsentations alors que la seconde (relief dans un champ creus) nest utilise que pour la moiti gauche
du registre C (couple principal ainsi que lgendes affrentes lpouse et au personnage figur sous la
table doffrandes). Le petit personnage plac lextrmit gauche du cintre est quant lui reprsent
en relief dans un champ creus le silhouettant pour reprendre les termes de J.J. Clre 12,
contrairement son pendant droit dont la silhouette a t plus simplement grave en creux linstar de
tous les autres personnages de cette stle.
Pour en finir avec cette rapide description de la composition de la stle, on prcisera que la dlimitation du cadre entourant ces diffrents registres est dans lensemble assez peu marque, voire inexistante pour la ligne de base.
3. Scnes et inscriptions
3.1. Cintre
La majeure partie de la lunette est occupe par la reprsentation symtrique de deux canids
affronts, couchs sur leur chapelle. Limage de celui de droite est moiti dtruite mais celle de
gauche est mieux conserve et permet de distinguer un collier, seul ornement quil porte autour du
cou. Labsence de lgende hiroglyphique ne permet pas de trancher pour une identification en faveur
dOupouaout ou dAnubis, les deux divinits reprsentes sous cette forme animale dans les cintres
des stles partir de la XIIe dynastie 13.
Les deux personnages masculins qui encadrent ces divinits canines sont placs dans les coinons.
Ordonns eux aussi symtriquement, ils semblent premire vue similaires, tous deux figurs debout,
tourns vers lextrieur, un bras pendant le long du corps (ct intrieur) et lautre repli sur la poitrine, les mains ouvertes 14. La seule diffrence visible entre les deux personnages rside dans leur
vtement : une longue jupe ample pour celui de gauche mais un simple pagne court triangulaire pour
lautre.
Chacun deux bnficie dune lgende hiroglyphique situe lextrmit du cintre. La lgende
affrente au personnage de gauche est curieusement grave de droite gauche (mme remarque pour
LA STLE DUN CHANCELIER DU ROI ET PROPHTE DAMON DE LA FIN DU MOYEN EMPIRE KARNAK
la lgende du personnage figur sous la table doffrandes, registre C), choix peut-tre dlibr pour
que cette inscription soit parallle au texte principal du registre B 15 :
s(y) ? wr m.w mw J-ms Le lou (?) (b), le grand des dix de Haute gypte (c), Ihms.
Notes
(a) Au Moyen Empire, le nom propre J-ms est aussi bien port par des hommes que par des femmes, PN I,
p. 12 (19). Dans lexemple de la stle Caire JE 37507, il convient de relever la prsence dun petit rond sous le
croissant lunaire j ; pour un parallle ce dtail palographique dans le nom dune dame J-ms
du
dbut de la XVIII dynastie, voir J.J. CLRE, Un fragment de stle du dbut du Nouvel Empire (Berlin
e
22485) , ZS 68, 1932, p. 43, fig. 1. Sur la stle Caire JE 37507, la forme emprunte par le dterminatif du
verbe msj dans ce mme nom est galement remarquable : elle correspond non pas limage dune femme
accouchant mais celle dune femme assise, munie de lurus frontale, sous laquelle figurent trois colonnes de
trois petits points chacune. Sur cette graphie, consulter nouveau J.J. Clre (op. cit., p. 44-45) qui en fournit
plusieurs variantes hiratiques et hiroglyphiques (les diffrences affectent la forme du serpent et le nombre de
points sous la femme). Pour dautres exemples, voir G. ROEDER, Naos, CGC nos 70001-70050, Leipzig, 1914,
pl. 42a, col. 1 (CGC 70040 : la femme, dote dune urus, surmonte deux ranges de trois points chacune) ;
I. HEIN, H. SATZINGER, Stelen des Mittleren Reiches I. Einschliesslich der I. und II. Zwischenzeit, CAA Wien 4,
1989, p. 4, l. 3 (Vienne S 96 : la femme, sans urus, surmonte une range de quatre petits traits).
(b) Le groupe
doit probablement tre lu sy, avec le sens de (celui qui est) lou ou favoris . Or,
cette pithte napparat jamais seule mais, au contraire, toujours suivie du nom dune divinit, dun roi ou
parfois dun suprieur hirarchique ou, tout au moins, elle sy rfre : (celui qui est) lou / favoris par ,
voir D.M. DOXEY, Egyptian Non-Royal Epithets in the Middle Kingdom, Problg 12, 1998, p. 137-140. Lauteur
(ibid., p. 349) indique trois rfrences pour lemploi de lpithte sy seule au Moyen Empire. Cependant, la
premire attestation propose, releve dans une tombe dAssiout (tombe V, 15), ne peut pas tre considre
comme certaine car elle prcde une longue cassure ; Fr.Ll. GRIFFITH, The Inscriptions of Sit and Dr Rfeh,
1889, Londres, pl. 15 ; P. MONTET, Les tombeaux de Siout et de Deir Rifeh (deuxime article) , Kmi 3,
1930-1935, p. 109. Le deuxime exemple, celui du graffito no 11 du Ouadi al-Houdi, nest quant lui plus
valable ; daprs la nouvelle lecture prsente par Cl. Obsomer (Ssostris Ier. tude chronologique et historique
du rgne, CEA 5, 1995, p. 624-625, en particulier p. 625, n. b), la squence impliquant le terme sy doit
dsormais tre lue sy~n jm(y)-r()-mf, dont le responsable de la troupe a fait lloge . La troisime
rfrence fournie par D.M. Doxey, la seule occurrence vritablement isole de sy pour cette poque, figure dans
le graffito des carrires dHatnoub (no 28, l. 3) dun dnomm Rnou : son rfrent est indubitablement le
nomarque du Livre Neheri cit au dbut du texte et dont lanne de rgne sert dater linscription ;
R. ANTHES, Die Felseninschriften von Hatnub, UGA 9, 1964, p. 63. Bien quaucun parallle similaire
lemploi isol de s(y) sur la stle Caire JE 37507 ne soit connu, il semble cohrent de sous-entendre la suite de
ce terme le nom du propritaire de la stle. En effet, selon D.M. Doxey (op. cit., p. 137) () the individual
may be said to be favored by () in the case of subsidiary figures, the owner of the monument et (ibid.,
p. 140) () non-royal officials could fill the role normally occupied by the king in these epithets, especially in
15
On remarquera galement que le manque de place dans cet angle gauche du cintre permet dexpliquer la disposition trs
irrgulire des signes hiroglyphiques, notamment la graphie inverse de wr.
(c) Autres traductions proposes pour ce titre : le grand des dizaines du Sud , AnLex 77.1951 ; Chief of
tens of Upper Egypt , St. QUIRKE, The Regular Titles of the Late Middle Kingdom , RdE 37, 1986, p. 113 ;
Magnate of the Southern Tens , W.A. WARD, Index of Egyptian Administrative and Religious Titles of the
Middle Kingdom, Beyrouth, 1982, p. 87 (721) ; le Grand des Collges de Dix (Magistrats ou fonctionnaires) du
Sud , B. VAN DE WALLE, Un hymne du Moyen Empire complt au moyen de deux stles du Muse National
H.G. FISCHER, A Scribe of the Army in a Saqqara Mastaba of the Early Fifth Dynasty , JNES 18/4, 1959,
p. 265-266 (15 : great one [or greatest] of the ten[s?] of Upper Egypt ). Pour des parallles de la graphie
employe dans la stle Caire JE 37507, voir H.O. LANGE, H. SCHFER, Grab- und Denksteine des
Mittleren Reichs II, CGC nos 20001-20780, 1908, p. 74 (CGC 20476a, l. 6), p. 300 (CGC 20673b, l. 3), p. 304
(a) Daprs le principe de symtrie qui semble rgir la dcoration du cintre, cette cassure renfermait proba-
blement le titre
(b) Sur la photo du Cedae (S.R. folder 118, nos 2116-2117), on distingue nettement
Il semble que la partie aujourdhui disparue nexistait dj plus quand J.J. Clre a rdig son manuscrit indit
puisquil prcise (p. 4, n. 1) avoir restitu
(c) Lexemple du nom Ttinkh de la stle Caire JE 37507 est rpertori dans PN I, p. 384 (16) qui fournit
Si le motif des canids constitue lun des thmes majeurs pour le dcor du cintre des stles du
Moyen Empire, la prsence de deux particuliers dans cette zone parat incongrue. On prcisera demble que ces figures ne correspondent pas un ajout postrieur, leur style tant analogue celui des
autres personnages de la stle ; il en va de mme pour les remarques dordre palographique concernant leurs lgendes hiroglyphiques (emploi dune variante proche du dterminatif du verbe msj la
l. 4 du texte principal).
Aucun parallle exact un tel agencement deux particuliers placs de part et dautre du double
motif des canids affronts ne semble connu au Moyen Empire. R. Hlzl prcise que les reprsentations de personnages dans le cintre sont trs rares et semblent presque toujours mises en rapport avec
des scnes de repas funraire ainsi que, dans un unique cas, une scne de boucherie. ct de cela,
elle recense galement quatre stles dont le cintre renferme des figures humaines mais ces cas apparaissent fort diffrents de lexemple de la stle Caire JE 37507, non seulement du fait de lampleur
prise par le cintre, dbordant largement sur la partie rectangulaire suprieure du monument, mais aussi
par le type de personnages reprsents (propritaire de la stle) 16. dfaut, on signalera cependant
16
R. HLZL, Die Giebelfelddekoration von Stelen des Mittleren Reichs, p. 159-160. Ainsi, le cintre de la stle abydnienne CGC 20085 est divis en deux par une colonne de formule d n(y)-sw.t tp, la moiti gauche tant occupe par
Oupouaout sur un pavois et la partie droite par la reprsentation du propritaire de la stle, debout derrire Osiris momiforme ; H.O. LANGE, H. SCHFER, Grab- und Denksteine des Mittleren Reichs I, CGC nos 20001-20399, 1902, p. 100 ; IV,
LA STLE DUN CHANCELIER DU ROI ET PROPHTE DAMON DE LA FIN DU MOYEN EMPIRE KARNAK
pour cette mme priode la stle abydnienne CGC 20160, dont le cintre est orn du motif principal
des yeux-oudjat encadrs par deux canids affronts, simplement couchs sur le sol, sous lesquels se
tiennent deux personnages masculins agenouills dans la position de lorant, dans des postures galement symtriques ; ces deux figures sont simplement accompagnes de leurs noms : Iy et Mnouemsehnet 17.
Enfin, en guise de particularit assez proche de la reprsentation de deux personnages dans le cintre
de la stle Caire JE 37507, on notera la prsence de titres et/ou noms de particuliers (non accompagns
de silhouette humaine) sur plusieurs stles dont le cintre est orn du motif des yeux-oudjat 18.
La localisation de ces inscriptions en dehors du champ habituel peut tre explique soit par un
surnombre de noms propres par rapport la surface de la stle, soit par la volont dhonorer quelquun
en le plaant un endroit prestigieux du monument.
3.2. Texte principal
Le texte horizontal de cinq lignes se lit de droite gauche :
[1]
Donne comme rcompense de la part du roi (i) au temple dAmon (j). Puisse faire le roi que
sapaise Amon,
[1]
pl. VIII. La stle Vienne S 175, sans doute galement abydnienne, prsente quant elle un cintre qui nest gure
diffrenci des deux autres registres personnages ; quatre colonnes de hiroglyphes (deux formules invocatoires) font
office de sparation entre le dfunt, reprsent assis, gauche, et un personnage debout dans lattitude de lorant, droite ;
I. HEIN, H. SATZINGER, Stelen des Mittleren Reiches I, CAA Wien 4, p. 132. Enfin, daprs R. Hlzl, on rencontre nouveau
les titulaires de la stle, accompagns de leur nom ainsi que de celui de leur mre, sur deux autres stles abydniennes
faisant partie du matriel de fouilles indit de lexpdition Pennsylvania-Yale (Penn.-Yale 69211 et 69151).
17
H.O. LANGE, H. SCHFER, Grab- und Denksteine des Mittleren Reichs I, p. 187 ; IV, pl. XIV.
18
On mentionnera titre dexemples les stles BM EA 1348 (HTBM IV, p. 9, pl. 27) ; CGC 20035 (H.O. LANGE,
H. SCHFER, op. cit., p. 43 ; IV, pl. IV) ; CGC 20140 (ibid. I, p. 165 ; IV, pl. XIII) ; CGC 20235 (ibid. I, p. 255 ; IV,
pl. XVIII) ; CGC 20478 (ibid. II, p. 75) ; CGC 20560 (ibid. II, p. 192) ; Zagreb no 6, (J. MONNET SALEH, Les Antiquits
gyptiennes de Zagreb. Catalogue raisonn des antiquits gyptiennes conserves au Muse Archologique de Zagreb en
Yougoslavie, Paris, La Haye, 1970, p. 18-19).
seigneur des trnes du Double-Pays (k), de sorte quil accorde une offrande invocatoire (l)
(consistant en) pain, bire, (vases de) calcite, (pices de) tissu, encens, onguents et toutes sortes de
choses bonnes et pures dont vit
[3]
un dieu et quil accorde la magie-akh dans le ciel, la force-ouser sur la terre et la justification
dans la ncropole (m)
[4]
au ka du chancelier du roi (n), prophte dAmon (o), Senebefmes (p), justifi, qua engendr
[5]
le directeur de la grande salle (?) (q), Amenemsaouef (r), justifi, et qua mis au monde la
compagne dHorus (?) (s) Sobekhotep (t), justifie.
[2]
Notes
(a) Il parat difficile de restituer un r dans la cassure pour deux raisons : faute de place et du fait de labsence
(b) Le signe w.t est dot dun trait horizontal dans sa partie suprieure, variante graphique atteste par
exemple sur la stle thbaine de la XIIIe dynastie BM EA 1348 (l. 2 et 8), voir J. BOURRIAU, Pharaohs and
Mortals. Egyptian Art in the Middle Kingdom, Exhibition organised by the Fitzwilliam Museum Cambridge 19
April to 26 June, Liverpool 18 July to 4 September 1988, Cambridge, 1988, p. 58.
(c) Le vase est surmont dune mche.
(e) Le premier signe vertical est peu visible, alors que le suivant (signe suprieur) adopte la forme dun carr
ressemblant un p, ce que G. Legrain (RecTrav 24, 1902, p. 213) lit
. Il sagit peut-tre, comme le suggre
J.J. Clre dans son manuscrit indit (p. 5), du titre rp-ws.t
. Cette graphie
dynastie Karnak ; voir L. HABACHI, New Light on the Vizier Iymeru, Son of the Controller of the Hall,
Iymeru , Suppl. BIFAO 81, Bulletin du centenaire, 1981, p. 29-39, pl. III-IX, qui traduit ce titre the controller
of the hall .
(f) Le signe s est dot de deux traits verticaux au milieu et non de quatre.
(g) Pour la lecture de ce signe, il semble a priori difficile de trancher en faveur dun mal grav ou dun
faucon (un parallle cette confusion graphique entre les deux oiseaux peut tre not la l. 11 de la stle
juridique de Karnak o un a t grav par erreur la place dun faucon ; voir P. LACAU, Une stle juridique
de Karnak, CASAE 13, 1949, p. 19, [b]). G. Legrain (RecTrav 24, 1902, p. 213) dessine un faucon, alors que
J.J. Clre (p. 5 de son manuscrit) le transcrit par un . Le problme rside dans le fait quon ne connat aucun
exemple, au Moyen Empire, de graphie du mot smy.t, compagne (Wb III, 450, 4-6) comportant un vautour
percnoptre au milieu du mot (la graphie
exemples indiqus) ni dattestation du titre smy.t-r prsentant un faucon cette place centrale. De lidentifica-
tion de ce signe hiroglyphique dans lexemple de la stle Caire JE 37507 dcoulent deux lectures diffrentes.
Si loiseau dessin est un vautour, il faut simplement lire ce groupe smy.t, mais sil sagit dun faucon,
lensemble doit tre lu smy.t-r. Or, le terme smy.t ntant jamais employ seul moins de voir dans cet
exemple un hapax , cette premire interprtation ne peut pas tre valide. Le titre smy.t-r, compagne
dHorus (sur laquelle voir infra, n. [s]) apparat alors comme la lecture la plus probante. Lemplacement fort
curieux de ce faucon au milieu du mot smy.t il est habituellement plac en tte ou la fin du titre soulve
une autre difficult. On peut toutefois considrer que la permutation du faucon avec le signe sm na dautre but
que dviter de tasser ce hiroglyphe reprsentant une divinit sous le signe n et de lui offrir ainsi la totalit
10
et
LA STLE DUN CHANCELIER DU ROI ET PROPHTE DAMON DE LA FIN DU MOYEN EMPIRE KARNAK
archives et principalement attest au Moyen Empire, voir W.A. WARD, Middle Egyptian smyt, archive ,
JEA 67, 1981, p. 171-172 ; W II, 2203.
(h) Translittration de H.G. Fischer (Varia Nova, Egyptian Studies III, New York, 1996, p. 50) qui propose
(i) Cette formule est galement traduite : Ce qui est donn, comme faveur de par le Roi , P. RAMOND, Les
stles gyptiennes du Muse G. Labit Toulouse, BdE 62, 1977, p. 21 ; Accord par faveur royale ,
Chr. BARBOTIN, La voix des hiroglyphes. Promenade au Dpartement des antiquits gyptiennes du Muse du
Louvre, Paris, 2005, p. 155 ; Als Gunsterweis des Knigs , A. VERBOVSEK, Als Gunsterweis des Knigs in
den Tempel gegeben .... Private Tempelstatuen des Alten und Mittleren Reiches, AT 63, 2004 ; durch die
Gunst des Knigs gegeben, gestattet durch die Gunst des Knigs , W II, 1766-1767.
(j) Pour un parallle de la XIIIe dynastie reproduisant la formule d(w) m sw.t n(y.t) r n(y)-sw.t () r w.t-
nr n(y).t Jmn-R nb ns.wt-T.wy nb Jp.t-s.wt, voir A. VERBOVSEK, op. cit., p. 429-430 ; pour un exemple de la
Deuxime Priode intermdiaire renfermant d(w) m sw.t n(y.t) r n(y)-sw.t r w.t-nr n(y).t Jmn-R, voir
P. LACAU, Une stle juridique de Karnak, p. 2, qui traduit Accord par faveur de par le roi pour (tre plac
dans) le temple dAmon-R .
(k) Daprs les exemples du Moyen Empire recenss dans LGG 3, 672a-673a, lpithte nb ns.wt T.wy est
beaucoup plus frquemment associe Amon-R quau seul Amon ; pour un exemple de Jmn nb ns.wt
T.wy, datant du rgne de Ssostris Ier, voir A.I. SADEK, The Amethyst Mining Inscriptions of Wadi el-Hudi I.
Text, Warminster, 1980, p. 33, no 14 (l. 14). Ajouter une autre occurrence figurant sur une statue votive
(CGC 42005), datant du mme rgne, dpose dans le temple dAmon Karnak, A. VERBOVSEK, op. cit., p. 391392. On prcisera que, dans les proscynmes des statues votives du Moyen Empire Karnak, la divinit est
toujours invoque sous la forme Amon-R (souvent qualifi de nb ns.wt-T.wy) et trs rarement Amon
(une seule statue de la XIIe dynastie) ; voir ibid., p. 112-113 (tableaux 11 D a-c).
(l) Pour deux parallles (statues) dates fin XIIe-XIIIe dynasties conservant la formule donne comme
rcompense de la part du roi , suivie dun proscynme : d(w) m sw.t n(y.t) r n(y)-sw.t d n(y)-sw.t tp Jmn-R
(m) Pour des exemples de lexpression m p.t wsr m t m-rw m r(y.t)-nr, voir W II, 27. La squence
df/sn m p.t wsr m t m-rw m r(y.t)-nr fait son apparition dans les formules invocatoires au Moyen
Empire ; W. BARTA, Aufbau und Bedeutung der altgyptischen Opferformel, gForsch 24, 1968, p. 308. Plus
prcisment, le plus ancien exemple donn par cet auteur (ibid., p. 77) figure sur la stle CGC 20015
(H.O. LANGE, H. SCHFER, Grab- und Denksteine des Mittleren Reichs I, p. 14-15) quil classe parmi les monuments des XIIIe et XIVe dynasties.
(n) Dans ce titre, il est prfrable de traduire bjty par roi plutt que par roi de Basse gypte , voir
St. QUIRKE, RdE 37, 1986, p. 123, qui rend ce titre par sealbearer of the (reigning) king . Certains auteurs
optent cependant pour la traduction roi de Basse gypte , comme D. JONES, An Index of Ancient Egyptian
Titles, Epithets and Phrases of the Old Kingdom II, BAR-IS 866, 2000, p. 763-764 (2775 : tm(ty)-bity, sealer
of the King of Lower Egypt ).
(o) Pour des parallles aux titres tmty-bjty m-nr n(y) Jmn, voir W. GRAJETZKI, Die hchsten Beamten der
gyptischen Zentralverwaltung zur Zeit des Mittleren Reiches. Prosoprographie, Titel und Titelreihen, Achet.
(p) Unique attestation de ce nom releve dans PN I, p. 314 (8) o il est transcrit
, avec un
rouleau de papyrus superflu aprs snb. J.J. Clre ( Notes donomastique propos du dictionnaire des noms de
personnes de H. Ranke , RdE 3, 1938, p. 107) conteste la transcription du dterminatif tablie par Ranke ( ),
11
de msj
semblable la variante utilise dans le nom J-ms sur cette mme stle (voir supra commentaire du cintre).
Cependant, lexamen in situ de la stle Caire JE 37507 montre clairement un personnage assis barbu, dot dune
urus. On peut donc supposer que J.J. Clre ne disposait que de larticle de G. Legrain auquel il fait
rfrence au moment de la rdaction de cette note car plus tard, dans son manuscrit indit, il restitue bien ce
mme personnage masculin.
(q) Pour dautres traductions de ce titre : Director of the Broad Court , St. QUIRKE, Titles and bureaux of
Egypt 1850-1700 BC, GHP Egyptology 1, 2004, p. 30-31 ; Controller of the Broad Hall , W.A. WARD, Index
of Egyptian Administrative and Religious Titles, p. 134 (1147) ; chef de la grande salle (du palais) , B. VAN DE
WALLE, La chapelle funraire de Neferirtenef, Bruxelles, 1978, p. 18. Pour des exemples du titre rp-ws.t
(r) Outre cet exemple, H. Ranke (PN I, p. 28 [20]) rpertorie le prtre-oub dAmon
figurant au
registre infrieur de la stle Caire JE 37515, voir Kh. EL-ENANY, Une stle prive de la fin du Moyen Empire
dcouverte Karnak. Le Caire, Muse gyptien JE 37515 , BIFAO 108, 2008, p. 107. H. Ranke (PN II, p. 340)
(correspondant au
de noms hiroglyphiques en ordre gnalogique et alphabtique. Publi daprs les monuments gyptiens.
Supplment, Leipzig, 1892, p. 647, no 1640), attest sur une stle de la XIIIe dynastie, PM VIII/3, p. 85-86 (803-
la variante
et non
Jmn-m-sf, atteste sur la stle thbaine BM EA 1348, HTBM IV, p. 9, pl. 27 (l. 8).
(s) Plusieurs traductions ont t proposes pour le titre smy.t r : conjointe dHorus , B. VAN DE WALLE,
La princesse Isis, fille et pouse dAmnophis III , CdE 43, 1968, p. 50 ; The consort of Horus ,
L. HABACHI, New Light on Objects of Unknown Provenance (3). A Head of Queen Touy and a Block of
Shabaka now Kept in Museums Abroad , GM 31, 1979, p. 52, n. 13 ; Genossin des Horus , Wb III, 450, 4-6
et W II, 2202 (transcription smwt r). Le seul autre exemple du Moyen Empire de ce titre
pour une
femme qui ne semble pas tre non plus une pouse royale a t relev par H.G. Fischer (Egyptian Titles of the
Middle Kingdom. A Supplement to Wm. Wards Index, Second edition, revised and augmented, New York, 1997,
p. 26 [1295b], qui traduit Associate of Horus ), sur une stle en calcaire quil date de la XIIIe dynastie, voir
D. RANDALL-MACIVER, El Amrah and Abydos, 1809-1901, Londres, 1902, p. 86, pl. 38 (D31).
(t) Pour des exemples de ce nom trs courant port par des hommes et par des femmes au Moyen Empire,
PN I, p. 305 (6).
12
LA STLE DUN CHANCELIER DU ROI ET PROPHTE DAMON DE LA FIN DU MOYEN EMPIRE KARNAK
fille plus petite chelle, dans la partie suprieure droite de la stle ; la stle Louvre C 11 21
(dAbydos), sur laquelle Amenyseneb apparat debout dans langle infrieur gauche.
Personnage fminin du couple principal
Quelques dtails stylistiques de la figure fminine du couple principal doivent tre relevs, comme
la taille excessive de son bras gauche, pass derrire les paules de son poux, et le traitement original
(motif de vaguelettes) appliqu sa perruque 22.
Les hiroglyphes qui composent sa lgende, en colonne entre les deux poux, sont galement
traits en relief :
m.tf kr.t-n(y)-sw.t (a) Kbs-rs (b) m.t-rw Son pouse, lornement du roi, Kebesres, justifie.
Notes
(a) Sur le titre kr.t-n(y)-sw.t, voir en dernier lieu D. STEFANOVI!, The Non-Royal Regular Feminine Titles of
the Middle Kingdom and Second Intermediate Period: Dossiers, GHP Egyptology 11, 2009, p. 85-93. Dans la
liste quelle a dresse des porteuses du titre kr.t-n(y)-sw.t au Moyen Empire, lauteur mentionne les cinq
femmes figurant sur la stle Caire JE 37507 (ibid., p. 95 [XI/13] et p. 103-106 [XI/71, 78, 83 et 92] ; il convient
de rectifier les lectures du nom de la mre sbk-rs , du titre et du nom du pre tmty-nr n Jmn Snb.f et des
(b) Seul exemple rpertori dans PN I, p. 305 (1), sous lentre Sbk(?)-rs(.w) . Cette lecture (Kbs pour
Sbk) qui nest pas totalement exclue a t corrige par M. Thirion ( Notes donomastique, contribution une
rvision du Ranke PN [deuxime srie] , RdE 33, 1981, p. 82), qui note que Kbs est un nom rare, attest au
Empire et quils ont perdur jusqu la XVIIIe dynastie. Il convient de corriger la lecture Kebes-usiri
propose dans PM II2, p. 194.
W.K. SIMPSON, The Terrace of the Great God at Abydos: The Offering Chapels of Dynasties 12 and 13, PPYE 5, 1974,
pl. 80, ANOC 58.1.
22
Ce traitement particulier (en zig-zag) peut tre rapproch de celui des perruques des deux femmes dune stle conserve
Florence (inv. no 7400), date de la XIIIe dynastie, bien que le style en soit plus fruste, S. BOSTICCO, Museo Archeologico di
Firenze. Le stele egiziane dallAntico al Nuovo Regno, Rome, 1959, p. 57-58 et pl. 59.
23
Ces lments composant la tenue des prophtes dAmon se retrouvent par exemple la XVIIIe dynastie sur la statue de
Turin (no 1377) du frre de la reine Tiyi, anen, second prophte dAmon (et chancelier du roi), E. SCAMUZZI, Lart
gyptien au Muse de Turin, Turin, 1966, pl. XXXVI (qui prcise que la bote dun type particulier galement
13
(b) Ce titre est souvent rendu par Hall-keeper ; W.A. WARD, Index of Egyptian Administrative and Reli-
gious Titles, p. 57 (452) ; D. JONES, An Index of Ancient Egyptian Titles II, p. 313 (1145 : room / hall-
keeper ). Pour des exemples du titre jry-.t au Moyen Empire, W II, 332-334. Pour les titres composs partir
de jry-.t (jry-.t n[y] X), voir St. QUIRKE, RdE 37, 1986, p. 112 ; W. GRAJETZKI, Two Treasurers of the Late
Middle Kingdom, BAR-IS 1007, 2001, p. 55-56.
(c) Le nom Bbj est bien connu au Moyen Empire, PN I, p. 95 (16) ; il sagit peut-tre dun hypocoristique des
noms composs avec Sobek ; P. VERNUS, Le surnom au Moyen Empire. Rpertoire, procds dexpression et
structures de la double identit du dbut de la XIIe dynastie la fin de la XVIIe dynastie, Studia Pohl 13, 1986,
p. 111, n. 122. la fin de la XIIe-dbut XIIIe dynastie, on notera lexistence dun jry-.t Bbj attest sur deux
stles abydniennes (CGC 20129 et CGC 20441) mme sil nest pas certain quil sagisse du mme personnage
sur les deux documents ; D. FRANKE, Personendaten aus dem Mittleren Reich (20.-16. Jahrhundert v.Chr.).
La partie droite du registre C, dcompose en deux colonnes de deux registres, abrite quatre enfants
du couple, trois fils et une fille. La seule diffrence notable entre les trois garons rside dans la
longueur de leurs vtements : le premier (col. gauche, registre sup.), dot dun titre plus prestigieux
que ses frres peut-tre un fils an ? porte une longue jupe tandis que les deux autres (col. gauche,
registre inf. et col. droite, registre sup.) sont revtus du simple pagne court.
reprsente sur la statue danen, est certainement une gaine, ou une bourse, destine conserver les instruments dont se
servaient les astronomes de lpoque ).
14
LA STLE DUN CHANCELIER DU ROI ET PROPHTE DAMON DE LA FIN DU MOYEN EMPIRE KARNAK
(a) Lecture de P. VERNUS, Observations sur le titre jmy-r tmt directeur du trsor , dans Sch. Allam
(d.), Grund und Boden in Altgypten (rechtliche und sozio-konomische Verhltnisse), Akten des internatio-
nalen Symposions Tbingen 18.- 20. Juni 1990, Untersuchungen zum Rechtsleben im Alten gypten II, Tbin-
gen, 1994, p. 251-260, qui traduit tmt ce qui est scell / trsor .
(b) Pour des parallles de ce nom au Moyen Empire, voir PN I, p. 407 (13).
(c) St. Quirke (Titles and Bureaux, p. 121-122) traduit le titre s tmt-nr par secretary of sealed items of
the god , et prcise quil constitue une variante en Abydos et Thbes du titre s w.t-nr secretary of the
temple . G. Lefebvre (Histoire des grands prtres dAmon de Karnak jusqu la XXIe dynastie, Paris, 1929,
p. 63, n. 2), proposait quant lui la traduction scribe du sceau divin dAmon . Pour des exemples de s tmt-
nr au Moyen Empire, voir W.A. WARD, Index of Egyptian Administrative and Religious Titles, p. 165 (1434 : s
sw.t nr) ; A. VERBOVSEK, Private Tempelstatuen, p. 395-397 et p. 500-501. Dans ces exemples, le mot s est
toujours dessin au dbut du titre (aucun ne comporte le signe nr plac en tte comme sur la stle Caire
JE 37507). Pour des exemples de s tmt-nr n(y) Jmn, W.M.Fl. PETRIE, Koptos, Londres, 1896, pl. VIII (l. 3 :
(CGC 20677d :
) ; H.O. LANGE, H. SCHFER, Grab- und Denksteine des Mittleren Reichs II, p. 303-305
).
(a) Dans son manuscrit indit (p. 6), J.J. Clre place un sic aprs ce nom, probablement cause de
(b) Pour la bibliographie et les diffrentes lectures et traductions de ce titre (sous la forme sb r-Nn), voir
Kh. EL-ENANY, BIFAO 108, 2008, p. 102-103, n. e. St. Quirke (Titles and Bureaux, p. 89-90) traduit ce titre
mouth of the nn et note quil est rare sous cette forme simple (non associ sb) la fin du Moyen Empire.
Pour des exemples du tire r()-Nn Mund von Hierakonpolis , W II, 1453-1454.
(c) Unique exemple du Moyen Empire pour cette forme rpertorie dans PN I, p. 28 (19, avec un parallle
tardif mais sans les trois traits du pluriel), traduite Amon ist (mein ?) Schutz .
(a) Outre cet exemple, deux autres attestations de ce nom figurent dans PN I, p. 313 (18) ; il sagit de deux
frres homonymes qui vcurent durant la XVIIe dynastie, voir L. HABACHI, The Family of the Vizier Ibi and
His Place among the Viziers of the Thirteenth Dynasty , SAK 11, 1984, p. 113-126 ; D. FRANKE, Personen-
15
daten aus dem Mittleren Reich, p. 387 (660)-388 (661) ; K.S.B. RYHOLT, The Political Situation in Egypt during
the Second Intermediate Period c. 1800-1550 B.C., CNIP 20, 1997, p. 259-260. Ce nom est galement connu au
Moyen Empire sous la forme Snb-ns, PN I, p. 313 (19).
(p. 6).
(b) Aucun parallle exact ce nom, connu sous les formes nw.ts et nw.tsn (PN I, p. 243-244) ne semble
20409) et
(CGC 20238),
(CGC
(b) Le titre ry-pr est traduit : Majordomo ; Domestic , W.A. WARD, Index of Egyptian Administrative
and Religious Titles, p. 116 (977) ; Domestic servant , St. QUIRKE, RdE 37, 1986, p. 114. Il peut tre suivi de
divers lments, tels : ry-pr n(y) , domestic servant of the palace , id., Titles and Bureaux, p. 46-47 ; ry-pr
n(y) pr-, domestic servant of the treasury , ibid., p. 58-59 ; ry-pr n(y) pr-, domestic servant of the great
house , ibid., p. 46 ; W. GRAJETZKI, Two Treasurers of the Late Middle Kingdom, p. 48.
16
LA STLE DUN CHANCELIER DU ROI ET PROPHTE DAMON DE LA FIN DU MOYEN EMPIRE KARNAK
Notes
(a) Leau coule lintrieur dun petit pot, mme graphie que celle du registre B, l. 2.
(b) Les lgendes des trois hommes partir de la gauche commencent par le groupe
. Sagit-il de
la fonction prtre-oub dAmon suivie du nom de chacun deux ou bien faut-il simplement reconnatre
lexpression prtre-oub suivie chaque fois dun nom thophore avec Jmn ? Labsence de marque du
gnitif indirect n(y) nest pas significative, les graphies wb Jmn et wb n(y) Jmn tant utilises simultanment
durant le Moyen Empire. Dautre part, si le terme Jmn se rattachait au titre wb, les noms de ces trois person-
nages seraient trop courts et inhabituels, ce qui incite penser que lon se trouve face trois prtres-oub (sc.
dAmon) portant trois noms thophores dbutant par Jmn (plac en antposition honorifique). Pour des exemples
de prtre-oub dAmon au Moyen Empire, voir W.A. WARD, Index of Egyptian Administrative Titles, p. 79
(641) ; W II, 636.
(c) Le nom propre S-Jmn est bien connu au Moyen Empire, voir PN I, p. 280 (22).
(a) Le signe du cur ntant pratiquement plus visible, cette restitution est tablie partir du manuscrit indit
de J.J. Clre (p. 7). H. Ranke (PN I p. 28 [6]) donne cet exemple comme tant lunique attestation du nom au
Moyen Empire, transcrit Jmn-m-m-jb(.j ?) et traduit Amon ist meine Liebling ? . Cest sa seconde lecture
(PN I p. 28, n. 1), m-jb-Jmn, traduite der Liebling Amons ? qui sera suivie ici. Cette structure de nom
thophore (m-jb + divinit) est connue au Moyen Empire avec dautres dieux, tels Horus
Montou
et
(a) Le dernier signe correspond un simple bras mais il parat difficile dy reconnatre un , le nom propre
Jmn-R nexistant pas ; il sagit probablement du verbe rdj. Les noms forms selon la structure rd-dieu (Sobek,
Khnoum et Nhi) sont connus au Moyen Empire, PN I, p. 228. H. Ranke (PN I, p. 228 [1]) indique une variante
Caire JE 37507.
(a) P. Vernus (dans L IV, 1980, col. 333) translittre ce nom Njjt-n.j et le traduit par Celle-que-jai-
demande . Outre cet exemple, H. Ranke (PN I, p. 207 [13]) en rpertorie deux autres mentions. La premire
N.t~nj, mre du sb r()-Nn Khonsou qui aurait vcu vers 1700 av. J.-C., D. FRANKE, Personendaten,
17
p. 287, dossier no 463 et pouse du wr m.w mw Nebsoumenou, est connue par deux stles :
E. VON BERGMANN, Inschriftliche Denkmler der Sammlung gyptischer Alterthmer des sterreichischen
Kaiserhauses , RecTrav 9, 1887, p. 62, no 6 (
de la XIIe dynastie, E. BRESCIANI, Le stele egiziane del Museo civico archeologico di Bologna, Comune di
(a) Pour des parallles ce nom, voir PN I, p. 270 (16). Le titre kr.t-n(y)-sw.t fut port par plusieurs femmes
appeles Khonsou , voir titre dexemples, P. LACAU, Sarcophages antrieurs au Nouvel Empire I, CGC
nos 28001-28086, 1904, p. 75-76 (CGC 28028) ; O. BERLEV, A Contemporary of King Sewa-en-R , JEA
60, 1974, pl. XXVI ; H.M. STEWART, Egyptian Stelae Reliefs and Paintings from the Petrie Collection II.
Archaic Period to Second Intermediate Period, Warminster, 1979, p. 27 (113 ; UC 14418), pl. 28 (3).
4. Datation de la stle
Les auteurs ayant mentionn la stle Caire JE 37507 lont date du Moyen Empire 24. J.J. Clre,
dans son manuscrit indit (p. 4), indique pour sa part XIIe-XIIIe dyn. . Plusieurs indices permettent
en effet de dater la stle de la fin du Moyen Empire, plus prcisment de la XIIIe dynastie.
4.1. Forme et dcoration de la stle
Le cintre semi-circulaire de forme assez aplatie et offrant une jonction angulaire avec le reste de la
stle (comme celui de la stle Caire JE 37507) apparat aux XIIe et XIIIe dynasties. Lordre de
disposition des diffrents lments de la stle de haut en bas : cintre, texte, scnes suggre
galement une datation Moyen Empire 25. Daprs R. Hlzl 26, le motif des canids, le plus souvent
affronts, est trs frquemment utilis partir de la seconde moiti de la XIIe dynastie et la XIIIe
dynastie alors quil nest que trs peu attest auparavant (premire moiti de la XIIe dynastie).
18
LA STLE DUN CHANCELIER DU ROI ET PROPHTE DAMON DE LA FIN DU MOYEN EMPIRE KARNAK
L. DELVAUX, Donn en rcompense de la part du roi (djw m swt nt r nsw). Statuaire prive et pouvoir en gypte
ancienne, Thse de doctorat, Universit Marc Bloch, Strasbourg, 2008 ( paratre), p. 162-166. Lexemple le plus ancien
semble tre celui de la statue BM EA 75196 (rgne dAmenemhat V, dbut XIIIe dynastie).
28
Cl. OBSOMER, Di.f prt-rw et la filiation ms(t).n/ir(t).n comme critres de datation dans les textes du Moyen Empire ,
dans Chr. Cannuyer, J.-M. Kruchten (d.), Individu, socit et spiritualit dans lgypte pharaonique et copte, Mlanges
gyptologiques offerts au Professeur Aristide Thodorids, Ath, Bruxelles, Mons, 1993, p. 163-200.
29
D. FRANKE, The Middle Kingdom Offering Formulas A Challenge , JEA 89, 2003, p. 54.
30
C.J.C. BENNETT, Growth of the tp-di-nsw Formula in the Middle Kingdom , JEA 27, 1941, p. 79 (6) ; K. PFLGER,
The Private Funerary Stel of the Middle Kingdom and Their Importance for the Study of Ancient Egyptian History ,
JAOS 67, 1947, p. 133.
31
Gl. ROSATI CASTELLUCCI, Lonomastica del Medio Regno come mezzo di datazione , Aegyptus 60, 1980, p. 16 (16).
32
Ibid., p. 67 et n. 123.
33
Ibid., p. 67.
34
Ibid., p. 67 et p. 68, n. 125.
35
St. QUIRKE, Titles and Bureaux, p. 87.
27
19
de la XIIe dynastie et le titre devient trs frquent durant la XIII e dynastie et la Deuxime Priode
intermdiaire 36.
Lemploi du signe de la couronne rouge pour crire bjty dans le titre tmty-bjty (registre B, l. 4)
est connu ds la fin de la XIIe dynastie / dbut XIIIe, puis remplace, partir de la seconde moiti
de la XIIIe dynastie, le hiroglyphe de labeille qui ne rapparat qu la XVIIIe dynastie 37.
Le titre rp-ws.t (registre B, l. 5 ?) nest attest quune seule fois au dbut du Moyen Empire
mais devient plus rgulirement utilis la fin de cette priode 38.
Le titre jry-.t (registre C), mentionn seul ou comme lment dans des titres plus complexes (jry.t n[y] X) apparat sous le rgne dAmenemhat II 39.
Le titre kr.t-n(y)-sw.t (registres C-D), connu depuis lAncien Empire, est peu frquent au dbut
de la XIIe dynastie ; ce nest qu partir de la fin du Moyen Empire quil devient courant 40.
4.5. Comparaison avec les stles BM EA 1348 et Caire JE 37515
Enfin, il convient dattirer lattention sur certains lments de la stle BM EA 1348 41, date du
milieu de la XIIIe dynastie (rgne de Iib), fort semblables ceux de la stle Caire JE 37507 :
invocation dans le proscynme dAmon de Karnak (Jmn-R nb ns.wt-T.wy sur la stle BM
EA 1348, l. 1) ;
emploi de noms propres proches (Jmn-m-sf, l. 8 de la stle BM EA 1348, rapprocher de Jmnm-swf et Jmn-m-sw de la stle Caire JE 37507) ;
attestation de titres communs (tels chancelier du roi , prophte dAmon et prtreoub ) 42 ;
gravure des personnages principaux en relief dans un champ creus dlimit par un cadre ;
origine thbaine des deux stles.
La stle Caire JE 37507 prsente galement quelques ressemblances avec la stle Caire JE 37515
qui date probablement de la mme dynastie 43 :
dcouverte Karnak (or, les stles prives de cette priode trouves dans ce temple sont rares) ;
invocation dans le proscynme dun dieu thbain (nsw ry-jb Ws.t sur la stle Caire
JE 37515) ;
attestation du nom propre Jmn-m-swf sur les deux stles ;
usage de titres communs : r()-Nn 44, kr.t-n(y)-sw.t et wb (dAmon) ;
recours des techniques proches pour la gravure des personnages principaux (haut relief dans un
champ creus).
P. VERNUS, Une formule des shaouabtis sur un pseudo-naos de la XIIIe dynastie , RdE 26, 1974, p. 107 et 109, n. b.
37
W. GRAJETZKI, Der Schatzmeister Amenhotep und eine weitere Datierungshilfe fr Denkmler des Mittleren Reiches ,
BSEG 19, 1995, p. 5-11.
38
St. QUIRKE, op. cit., p. 30-31.
39
W. GRAJETZKI, Two Treasurers of the Late Middle Kingdom, p. 55.
40
Ibid., p. 48-51.
41
Voir supra, n. 19.
42
Le titre sb r()-Nn est rpt plusieurs fois sur la stle BM EA 1348 alors que le titre r()-Nn figure deux reprises sur
la stle Caire JE 37507 (registre C).
43
Voir Kh. EL-ENANY, BIFAO 108, 2008, p. 95-113.
44
Sur la stle Caire JE 37515, il sagit de sb r()-Nn.
36
20
LA STLE DUN CHANCELIER DU ROI ET PROPHTE DAMON DE LA FIN DU MOYEN EMPIRE KARNAK
Malgr labsence de noms royaux sur la stle Caire JE 37507 et limpossibilit dtablir pour ses
personnages des liens gnalogiques avec des gyptiens connus par dautres monuments dats, les
critres de datation stylistiques, textuels, onomastiques et prosopographiques ainsi que les nombreux
parallles tablis avec les stles BM EA 1348 et Caire JE 37507 constituent un faisceau de preuves qui
rendent fort probable lappartenance de cette stle thbaine la XIIIe dynastie.
5. Commentaire gnral
Au terme de cette analyse de la stle Caire JE 37507, il convient de relever tout dabord le souci de
hirarchisation, pour ne pas dire de catgorisation , qui a prsid lorganisation de lespace dans
le rapport entre les membres de la famille de Senebefmes et les autres personnages figurs (sans lien
visible de parent entre eux). Face au titulaire de la stle et sa femme (registre C) se tiennent en effet
leurs enfants (trois hommes et une femme), dots des charges et titres les plus importants, sous
lesquels apparaissent, au registre infrieur de la stle (registre D, moiti droite), trois autres filles du
couple portant comme leur sur le titre kr.t-n(y)-sw.t. Les probables collgues de travail de
Senebefmes placs sous ses ordres occupent des positions moins avantageuses : bien que situ face au
couple, lun des quatre personnages lis au palais royal (jry-.t Bbj), dessin plus petite chelle que
les autres, semble avoir t relgu sous la table doffrandes (registre C) tandis que le second (rypr) se trouve en tte dune range compacte de trois prtres-oub (registre D), peut-tre des
membres de la phyl dirige par le prophte dAmon Senebefmes. Les deux grands des dix de Haute
gypte , placs aux extrmits du cintre de la stle, ont peut-tre t carts intentionnellement du
champ habituel des reprsentations. Le titre wr m.w mw nest certes pas assez prestigieux pour
justifier lui seul la mise en valeur de ces deux personnages cette place dhonneur 45.
Nanmoins, on peut avancer lide que ces deux hommes ont t volontairement favoriss par le
chancelier du roi et prophte dAmon Senebefmes, soit pour des raisons professionnelles (par
exemple, avoir accompli avec zle des missions quil leur avait confies) 46, soit pour des motivations
familiales (lien de parent non signal sur ce document).
Dautre part, mme si lemplacement originel de la stle Caire JE 37507, dcouverte contre la
chapelle dOsiris nb-n / p wb jd de la XXVe dynastie, nest pas connu, celui-ci se trouvait
certainement lintrieur de lenceinte de Karnak ; la premire ligne du texte horizontal (registre B)
nous apprend en effet que la stle a t dpose par rcompense royale pour le temple dAmon .
Cette origine est confirme par dautres lments, tels linvocation Amon de Karnak dans le
proscynme (registre B, l. 1-2), lemploi de plusieurs noms thophores construits sur celui dAmon et,
surtout, le dpt de la stle par un prophte dAmon. La trouvaille de cette stle Karnak mrite dtre
souligne, eu gard la raret des stles votives prives du Moyen Empire dcouvertes dans ce
sanctuaire 47 qui abritait par ailleurs un grand nombre de statues prives 48.
Sur la stle BM EA 1348, le propritaire du monument aurait ainsi souhait honorer le chancelier du roi Ibi , son suprieur hirarchique, en plaant son nom symtriquement aux nom et pithtes du pharaon rgnant ; voir L. HABACHI,
SAK 11, 1984, p. 120-121 (en particulier n. 25) ; J. BOURRIAU, Pharaohs and Mortals, p. 59.
46
Selon R.J. Leprohon ( The Personnel of the Middle Kingdom Funerary Stelae , JARCE 15, 1978, p. 35), les personnages
mentionns dans les angles du cintre de la stle CGC 20140 (titres et noms de part et dautre du motif des yeux-oudjat)
seraient des working colleagues du propritaire de la stle, Iykhernfret ; voir H.O. LANGE, H. SCHFER, Grab- und
Denksteine des Mittleren Reichs I, p. 165 ; IV, pl. XIII.
47
Deux parallles recenss : la stle Caire JE 37515 (Kh. El-ENANY, BIFAO 108, 2008, p. 95-113) et celle conserve au
muse archologique de Florence no inv. 2505 (S. BOSTICCO, Museo Archeologico di Firenze, p. 47-48, pl. 44).
45
21
Le statut social lev du propritaire de la stle Caire JE 37507 a d lui permettre de bnficier de
la faveur royale pour riger une stle lintrieur du tmnos de Karnak. Non seulement Senebefmes
occupait une place privilgie Karnak du fait de sa fonction sacerdotale ( prophte dAmon ) 49,
mais il tait avant tout tmty-bjty, titre port au Moyen Empire par the highest officials of the
state 50. Le cas de Senebefemes nest pas isol, plusieurs autres chanceliers du roi ayant en effet
dpos des statues dans le temple dAmon Karnak durant le Moyen Empire 51. Du reste, dans son
analyse sur les classes sociales des bnficiaires de la formule rcompense de la part du roi ,
L. Delvaux 52 souligne que les porteurs du titre tmty-bjty constituaient la classe la plus privilgie 53.
Pour en revenir au titre m-nr n(y) Jmn, bien attest au Moyen Empire 54, il est noter que la stle
Caire JE 37507 fournit lun des plus anciens exemples connus de prophte dAmon reprsent sur une
stle prive. Seuls deux parallles cette reprsentation peu frquente de prophte dAmon au Moyen
tmty-bjty m-nr n(y) Jmn Snbf-nj (mme
titre que le propritaire de la stle Caire JE 37507), est connu par la stle abydnienne de Samontou
(CGC 20102) 55 ; le second,
Voir A. VERBOVSEK, Private Tempelstatuen, p. 89-129 et p. 380-443, qui ne recense pas moins de trente cinq statues
prives dposes dans le temple dAmon Karnak durant le Moyen Empire.
49
Sur le troisime prophte dAmon nomm Montouhotep ayant dpos deux statues votives dans le temple dAmon
Karnak la XIIe dynastie, A. VERBOVSEK, op. cit., p. 400-403.
50
St. QUIRKE, The Administration of Egypt in the Late Middle Kingdom. The Hieratic Documents, New Malden, 1990, p. 6162. Pour des exemples de tmty-bjty au Moyen Empire, W II, 1959-1962.
51
Pour la liste de ces chanceliers du roi , voir A. VERBOVSEK, op. cit., p. 94 (tableau 11Aa), p. 96 (tableau 11Ab) et p. 97
(tableau 11Aa).
52
L. DELVAUX, Donn en rcompense de la part du roi , p. 172-177.
53
La stle Caire JE 37507 constitue lunique exemple connu dun m-nr n(y) Jmn profitant de cette faveur royale au cours
du Moyen Empire et de la Deuxime Priode intermdiaire.
54
Voir G. LEFEBVRE, Histoire des grands prtres dAmon de Karnak jusqu la XXIe dynastie, Paris, 1929, p. 61-62 ;
W.A. WARD, Index of Egyptian Administrative and Religious Titles, p. 108 (898) ; W II, 1657. Aucune de ces listes ne
fournit lexemple de la stle Caire JE 37507.
55
Sur ce document, le prophte dAmon Senebefeni est figur les cheveux ras, vtu dun pagne court triangulaire et drap
dune peau de panthre ; il porte galement un collier large et des sandales. Personnage secondaire de cette stle, le prophte dAmon prsente les offrandes au dfunt, la main droite leve au-dessus de la table doffrandes et serrant lextrmit
de la dpouille du fauve dans sa main gauche, H.O. LANGE, H. SCHFER, Grab- und Denksteine des Mittleren Reichs I,
p. 123-125. Cette stle est date de la fin XIIe-dbut XIIIe dynastie dans D. FRANKE, Personendaten, p. 319, dossier no 526.
56
Le prophte dAmon Amenemhat sest fait reprsenter deux fois sur sa stle, les cheveux courts et par dun collier large :
assis au registre suprieur, la main droite tendue vers la table doffrandes et la gauche portant une fleur de lotus son
visage ; debout au registre infrieur, sappuyant sur une canne de la main gauche et empoignant un sceptre semblable une
massue de lautre. Dans la scne du haut, il porte une sorte de tablier sarrtant aux genoux et une ample jupe longue dans
celle du bas ; voir I. HEIN, H. SATZINGER, Stelen des Mittleren Reiches II. Einschliesslich der I. und II. Zwischenzeit,
CAA Wien 7, 1993, p. 71-75 (fin XIIe-XIIIe dynastie).
48
22
LA STLE DUN CHANCELIER DU ROI ET PROPHTE DAMON DE LA FIN DU MOYEN EMPIRE KARNAK
temple dAmon 57. Toujours propos de la stle juridique de Karnak , P. Lacau crit notre stle
est la premire portant cette formule que nous ayons trouve Karnak mme. Le don royal dune stle
parat dailleurs avoir t beaucoup plus rare que celui dune statue. Je nen connais quun autre
exemple celui des deux stles () 58. En effet, les stles renfermant cette formule ne sont pas trs
nombreuses et les plus anciennes remontent la XIIIe dynastie. On peut donc considrer que lune des
premires attestations sur un tel support de la squence d(w) m sw.t n(y.t) r n(y)-sw.t figure sur la
stle Caire JE 37507, certainement la plus ancienne et lunique du Moyen Empire connue Karnak.
57
58
23