SLCI Chap 9
SLCI Chap 9
SLCI Chap 9
Ce chapitre constitue une introduction à la commande des systèmes en se limitant aux commandes
continues et à la structure série, que nous définirons à la section 9.1.2. Ce type de commande ne
constitue cependant pas la majorité de ce qui est actuellement implanté dans les systèmes, la norme
étant plutôt l’utilisation de technologies numériques voire, de plus en plus, adaptatives (changement
de la correction selon la situation).
Les concepts (influences relatives des corrections élémentaires de type proportionnelle, intégrale et
dérivée), la démarche (compromis nécessaires, étapes successives, etc.) et les méthodes présentés
dans ce chapitre restent cependant parfaitement cohérents quand bien même la correction serait
numérique ou sa structure ne serait pas sérielle.
233
• si la précision d’un système augmente, son erreur en régime permanent diminue, et son gain
en boucle ouverte augmente :
• l’augmentation du gain en boucle ouverte implique l’augmentation de la bande passante à
0 dB en boucle ouverte, et donc la diminution du temps de réponse à 5% et l’augmentation
de la rapidité d’après la formule empirique ωC0 t5% ≈ 3 : on a donc concordance entre
précision et rapidité,
• l’augmentation du gain en boucle ouverte implique également la diminution de la marge
de gain, et donc de la stabilité du système : on a donc antagonisme entre précision
et stabilité.
On retrouve donc bien le schéma de la Figure 3.11, rappelé sur la Figure 9.1.
PERFORMANCES EN PERFORMANCES EN
RÉGIME TRANSITOIRE RÉGIME PERMANENT
ANTAGONISME ANTAGONISME
PRÉCISION +
RAPIDITÉ CONCORDANCE
ROBUSTESSE
Attendus et limites
Pour l’industriel qui conçoit le système technique comme pour l’utilisateur final, une commande
idéale devrait être pérenne (les évolutions du système ne sont pas affectées par son vieillissement,
et le système est donc invariant) et telle que la loi d’évolution réelle de la grandeur commandée soit
à chaque instant identique à la loi de commande spécifiée, et ce quelles que soient les perturbations.
Ce cas idéal est très difficile (voire impossible) à atteindre en pratique, car tout réglage tendant
à améliorer les performances pose de nombreux problèmes. En effet :
• comme nous venons de le rappeler, certaines performances sont antagonistes deux à deux, et
il est donc illusoire de vouloir toutes les améliorer en même temps, sauf si l’on autorise une
certaine « souplesse » dans le réglage, ce qui est en général indiqué dans le cahier des charges.
234
Ces deux antagonismes impliquent des compromis nécessaires, les deux plus classiques étant le
compromis stabilité/précision et le compromis amortissement/rapidité, comme rappelé sur le
schéma de la Figure 9.1.
• il existe le plus souvent une grande incertitude sur la pertinence ou le domaine de validité du
modèle qui, comme nous l’avons déjà vu, résulte d’un choix fait selon certaines hypothèses, et
n’est donc pas unique.
• la marge de manœuvre est limitée pour le réglage d’un système car les organes de mesure
(capteurs + conditionneurs) et de puissance (pré-actionneurs, actionneurs, etc.) sont souvent
fixés et il faut donc assurer le réglage en tenant compte de leurs contraintes d’évolution, en
particulier leur rapidité.
Dans toute la suite de ce chapitre, toutes les études sont faites sur un système asservi : la correction
n’a en effet de sens que pour ces systèmes. Comme nous l’avons vu au chapitre 8, l’analyse de
l’influence des correcteurs sur les performances d’un système avant et après correction peut se faire
grâce à la réponse fréquentielle de la FTBO (dans le plan de Bode ou de Black), à la réponse indicielle
de la FTBF et au positionnement des pôles de la FTBF dans le plan de Nyquist.
Performances et compromis
Pour estimer la performance de stabilité, on utilisera le critère du revers et/ou les marges de
stabilité (marges de gain et de phase), ces dernières étant utilisées pour quantifier le niveau de
stabilité et/ou d’amortissement, ces deux performances étant concordantes.
235
Si le comportement d’un système asservi est non satisfaisant, on va chercher à améliorer certaines
des performances indiquées précédemment selon les attendus du cahier des charges en jouant sur les
réglages du correcteur. La suite de ce chapitre va s’intéresser aux grands principes de ce réglage en
insistant spécifiquement sur les limites et/ou les conséquences de ces réglages.
Exemple d’application
Les Figures 9.3, 9.4 et 9.5 représentent respectivement, pour le système élémentaire représenté sur
la Figure 9.2 :
• la réponse fréquentielle de la FTBO non corrigée dans le plan de Bode (Figure 9.3),
• la réponse fréquentielle de la FTBO non corrigée dans le plan de Black (Figure 9.4),
• la réponse indicielle unitaire de la FTBF non corrigée (Figure 9.5).
50
ωC0 0 dB
0
M G > 0 dB
Gain (dB)
50
100
150
10 3 10 2 10 1 100 101 102 103
-90°
Phase (deg)
Figure 9.3 – Réponse fréquentielle de la FTBO non corrigée (C(p) = 1) dans le plan de Bode
236
D’après le diagramme de Bode de la Figure 9.3 :
• le système est stable car les marges de stabilité sont positives,
• le système est précis car la phase vaut −90◦ à basses fréquences, ce qui implique la présence
d’un intégrateur dans la boucle ouverte,
• la rapidité du système peut être déterminée à l’aide de la relation ωC0 t5% ≈ 3 si le système
est bien amorti,
• il n’est pas facile d’évaluer l’amortissement du système à partir de la réponse fréquentielle
de sa FTBO dans le plan de Bode.
50
50
ωπ
100
150
−180◦
-240° -210° -180° -150° -120°
Phase (deg)
Figure 9.4 – Réponse fréquentielle de la FTBO non corrigée (C(p) = 1) dans le plan de Black
237
1.2
1.0
0.8
0.6
0.4
0.2
0.0
0 50 100 150 200 250 300
t (s)
Il existe de nombreuses méthodes et structures pour régler ou optimiser les commandes afin d’at-
teindre les objectifs de performances d’un système. Les plus utilisées au niveau d’un réglage initial
sont les correcteurs et les retours d’état ainsi que les techniques numériques.
La grandeur de commande peut être fonction du signal d’erreur ε(t), du signal de perturbation p(t),
du signal de consigne xc (t) ou d’un signal intermédiaire y(t). Selon les signaux pris en compte et la
nature de la fonction réalisée, on distinguera différents types de correcteurs.
238
Correction « série » (ou « en cascade »)
Cette structure est la plus classiquement rencontrée. Le correcteur C(p) est placé en sortie du compa-
rateur, comme illustré sur la Figure 9.6. L’écart ε(t) représente la différence entre ce qui est souhaité
(image de la consigne) et ce qui est obtenu (image de la grandeur asservie). La modification de cet
écart par le correcteur va alors permettre d’améliorer tout ou partie des performances insuffisantes
du processus asservi.
ε(p) Correcteur
Image de la consigne + Vers le processus à piloter
− C(p)
Dans le cas particulier du schéma de la Figure 9.7, on peut remarquer que l’entrée du correcteur C3 (p)
a pour expression pX(p), et que le signal associé est donc le signal dérivé du signal de sortie, raison
pour laquelle on parle de boucle de retour « en vitesse ». On dit alors avoir réalisé une correction
tachymétrique.
239
Boucle interne corrigée
Intégrateur
ε1 (p) ε2 (p) 1
+ C1 (p) + C2 (p)
− − p
Retour « en vitesse »
C3 (p)
C4 (p)
Retour « en position »
Perturbation P (p)
Correcteur Cp (p)
− + ε(p)
H1 (p) + H2 (p) + H3 (p)
ε(p) = P (p) + H2 (p)[H1 (p) − Cp (p)P (p)] = H1 (p)H2 (p) + [1 − H2 (p)Cp (p)]P (p)
1
et il suffit de choisir Cp (p) = pour annuler l’effet de la perturbation sur la sortie. En
H2 (p)
1
pratique, n’est le plus souvent pas physiquement réalisable, ce qui conduit à adopter
H2 (p)
1
des formes approximatives de .
H2 (p)
240
• Compensation de l’écart dû à la consigne. On place un correcteur sur une boucle liée à la
consigne, comme illustré sur la Figure 9.9 : ceci a pour effet d’ajuster la commande en fonction
de la consigne. Cette structure est extrêmement efficace dans le cas où l’on souhaite améliorer
la rapidité de réaction d’un processus faiblement perturbé.
Correcteur Cc (p)
ε(p) + Y (p)
Xc (p) + H1 (p) + H2 (p)
−
H3 (p)
Dans ce type de structure numérique, la commande n’est pas calculée de façon continue, mais par
pas de durée Te , correspondant à la période d’échantillonnage : les lignes de l’algorithme de com-
mande sont traitées par le calculateur de façon cyclique par périodes de durée Te . Le logiciel calcule
alors, toutes les Te secondes, l’écart ε(t) = consigne(t) − mesure(t) en sortie du comparateur puis
l’algorithme du correcteur PID (proportionnel intégral et dérivé, qui sera présenté à la section 9.2.5)
numérique fourni par le constructeur du système génère :
• une action proportionnelle : cp (t) = Kp ε(t),
ci (t) − ci (t − Te ) Ki
• une action intégrale : ci (t) = ci (t − Te ) + Ki ε(t), soit encore = ε(t),
Te Te
241
ε(t) − ε(t − Te )
• et une action dérivée : cd (t) = Kd [ε(t) − ε(t − Te )], soit encore cd (t) = Kd Te ,
Te
avec Kp , Ki et Kd trois coefficients de proportionnalité.
Par la suite, nous ne travaillerons qu’en poursuite, raison pour laquelle nous considérerons que la
perturbation est nulle. Les diagrammes de Bode et de Black pour la FTBO ainsi que la réponse
indicielle à une consigne de vitesse de 7,2 m.s−1 pour le système non corrigé (C(p) = 1) sont fournis
sur la Figure 9.11. Par ailleurs, la position des pôles dans le plan de Nyquist est indiquée sur une
dernière figure : le pôle dominant est tel que Re(p) = −0, 151.
242
CR (p)
ε(p) 1 + 1
VC (p) KC + C(p) + KT + KA V (p)
− − Lp + R Je p
KE
KC
243
40
60 0
2.3
80
100
Gain (dB)
120 50
140
Gain (dB)
160
-90°
150
-180° 1
10 100 101 102 103 104 -210° -180° -150° -120° -90° -60° -30° 0°
Pulsation (rad/s) Phase (deg)
0.035 0.10
0.030
0.05
0.025
0.020 0.00
0.015
0.05
0.010
0.005 0.10
0.000 800 600 400 200 0
0 10 20 30 40
t (s)
Figure 9.11 – Réponses fréquentielles de la FTBO (plans de Bode et de Black), réponse indicielle
(consigne de 7,2 m.s−1 ) et position des pôles pour le système non corrigé
244
0
Le gain 0
augmente 2.3
Le gain
augmente
50
Gain (dB)
50
100
Gain (dB)
Le gain
diminue
100
0°
150
Le gain
Phase (deg)
-90° diminue
-180° 1
10 2 10 100 101 102 103 -180° -150° -120° -90° -60° -30° 0°
Pulsation (rad/s) Phase (deg)
0
0 10 20 30 40 50
t (s)
Figure 9.12 – Réponses fréquentielles de la FTBO (plans de Bode et de Black) et réponse indicielle
(consigne de 7,2 m.s−1 ) pour le système corrigé par une correction proportionnelle avec A = 1000
L’influence de A sur la forme de la réponse indicielle est illustrée sur la Figure 9.13.
245
Figure 9.13 – Réponse indicielle du système corrigé par une correction proportionnelle, pour diffé-
rentes valeurs de A
246
9.2.3 Corrections à effet dérivé
Correction dérivée filtrée
Un correcteur à action dérivée a une fonction de transfert de la forme C(p) = Cp. L’action dérivée
n’étant pas physiquement réalisable en raison du principe de causalité (sans quoi la sortie serait
en avance par rapport à la consigne), on l’approxime par une fonction de transfert de la forme
Cp
C(p) = avec C > 0 et τ très inférieur à la plus petite constante de temps de la FTBO (pour
1 + τp
des raisons de filtrage). Cette correction est qualifiée de correction dérivée filtrée.
Cjω π
On a donc C(jω) = , d’où GdB−C (ω) = 20 log Cω − 10 log(1 + τ 2 ω 2 ) et ϕC (ω) = −
1 + jτ ω 2
arctan τ ω : ce correcteur augmente la pente de la courbe de gain de 20 dB/décade pour les pulsations
1
ω telles que ω 6 , et il augmente la phase de 90◦ à basses fréquences. On obtient alors le tracé
τ
fréquentiel de la Figure 9.14 dans le plan de Bode.
10
Gain (dB)
15
20
25
30
10 1 100 101
90°
Phase (deg)
60°
30°
0°
10 1 100 101
Pulsation (rad/s)
247
Cette correction ne sera jamais utilisée seule en pratique à cause de grandes difficultés de réglage
dues à l’amplification du bruit à hautes fréquences, surtout sur les systèmes assez rapides. Elle
est par ailleurs très difficile à réaliser avec des composants électroniques classiques (en technologie
numérique, par contre, c’est parfaitement possible . . . mais avec encore plus de bruits).
Une fois de plus, l’action dérivée n’étant pas physiquement réalisable, on l’approxime par une action
Cp
dérivée filtrée dont la fonction de transfert est de la forme avec τ très inférieur à la plus petite
1 + τp
constante de temps de la FTBO. Le nouveau correcteur a alors une fonction de transfert de la forme
Cp 1 + Cp
C(p) = A 1 + ≈A
1 + τp 1 + τp
avec A > 0 et C > 0. On trouve donc une correction quasiment identique à la correction à avance de
phase présentée dans le paragraphe suivant avec une deuxième cassure très éloignée dans les hautes
fréquences, ce qui pose un gros problème d’amplification des bruits : en conséquence, ce correcteur
n’est que peu, voire pas du tout, employé et on lui préfère largement le correcteur à avance de phase
qui est facile à mettre en œuvre, que ce soit en technologie analogique ou numérique.
248
20 log A + 10 log(1 + a2 τ 2 ω 2 ) − 10 log(1 + τ 2 ω 2 ) et ϕC (ω) = arctan aτ ω − arctan τ ω : ce correcteur
augmente la pente de la courbe de gain de 20 dB/décade (et se comporte a fortiori comme un
1 1
dérivateur) pour les pulsations ω telles que z0 = 6 ω 6 = p0 (du fait que c’est le zéro z0 qui
aτ τ
apparaît en premier dans le plan fréquentiel), et il augmente la phase du fait que
a > 1 ⇔ aτ ω > τ ω ⇒ arctan aτ ω > arctan τ ω
étant donné que la fonction arctan est strictement croissante sur R. On a donc ∀ω, ϕC (ω) > 0.
On peut obtenir un correcteur à avance de phase en réalisant le circuit représenté sur la Figure 9.15.
R1
v1 (t) R2 v2 (t)
249
Par conséquent :
dϕC aτ τ
(ωm ) = 0 ⇔ 2
− = 0 ⇔ τ (1 + (aτ ωm )2 ) = aτ (1 + (τ ωm )2 )
dω 1 + (aτ ωm ) 1 + (τ ωm )2
⇔ 1 + a2 τ 2 ωm
2
= a + aτ 2 ωm
2
⇔ a(a − 1)τ 2 ωm
2
=a−1
2 1 1
⇔ ωm = 2 ⇒ ωm = √
τ a τ a
1 1
On peut remarquer que ωm est le milieu logarithmique de z0 = et p0 = . En injectant l’expression
aτ τ
de ωm dans l’expression de la phase ϕC (ω), on obtient :
√ 1
ϕC (ωm ) = arctan a − arctan √
a
d’où :
√ 1
a− √
a a−1
tan ϕC (ωm ) = √ = √
1 2 a
1+ √ × a
a
On a cependant l’habitude d’exprimer ϕm = ϕC (ωm ) à l’aide de son sinus, soit :
a−1 a−1
√ √
tan ϕm 2 a 2 a
sin ϕm = cos ϕm tan ϕm = p =s =s
1 + tan2 ϕm
a−1 2 4a + a2 − 2a + 1
1+ √ √
2 a (2 a)2
a−1 a−1 a−1
√ √ √
2 a 2 a 2 a a−1
= s =s = =
a+1 a+1
a2 + 2a + 1 (a + 1)2 √
√ 2 √ 2 2 a
(2 a) (2 a)
d’où :
a−1 a−1
sin ϕm = ⇔ ϕm = arcsin
a+1 a+1
Cette relation est très utile pour calculer le rapport a entre le pôle p0 et le zéro z0 du correcteur
nécessaire pour obtenir une avance de phase maximale ϕm donnée. L’évolution de ϕm en fonction de
a est représentée sur la Figure 9.16. L’avance de phase pouvant être obtenue facilement à partir de
R1 + R2
ce circuit ne dépasse pas de beaucoup les 70◦ . De plus, du fait que a = , il existe des limites
R2
pratiques à la valeur maximale de a qu’il est possible d’obtenir. Pour cette raison, si une avance de
phase maximale supérieure à 70◦ est nécessaire, deux circuits seront placés en série.
On retrouve sur la Figure 9.17 les valeurs utiles pour le réglage de ce correcteur.
250
80◦
avance de phase
60◦
maximale ϕm
40◦
20◦
0◦
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
p0
rapport a =
z0
Dans le cas très particulier de l’exemple que nous avons considéré, l’utilisation de cette correction
serait problématique car elle est inutilisable pour améliorer la robustesse, point important du cahier
des charges. C’est pourquoi on commence par corriger le système à l’aide d’un intégrateur qu’on
place en amont de la perturbation, ce qui donne une FTBO de classe unitaire :
1 14, 28
HBO (p) = × 2
p 23p + 19800p + 2975
puis on ajoute une correction à avance de phase pour améliorer les performances autres que la
précision, ce qui donne alors une FTBO de la forme :
1 14, 28 1 + aτ p
HBO (p) = × 2
×A
p 23p + 19800p + 2975 1 + τp
Les tracés de la Figure 9.18 correspondent à la correction du système pré-corrigé par un intégrateur,
pour les valeurs A = 50, a = 9 et τ = 0, 02 s permettant le respect de la marge de phase. L’influence
de A et a sur la forme de la réponse indicielle est illustrée sur les Figures 9.19 et 9.20.
La correction à avance de phase est une correction très performante, sauf en ce qui concerne la
précision (qu’elle impacte malgré tout peu). En effet, elle permet :
• d’augmenter la bande passante à 0 dB grâce à son amplification de gain, et a fortiori la
rapidité,
• d’augmenter la marge de phase, atténuant ainsi la résonance tout en améliorant l’amortisse-
ment (en éloignant la réponse fréquentielle du contour de Hall dans le plan de Black) et la
stabilité, performances qui sont dégradées par la présence d’un intégrateur.
La correction à avance de phase est très intéressante en complément de la correction intégrale pure,
qui sera abordée à la section 9.2.4. Elle présente néanmoins l’inconvénient d’augmenter le gain à
hautes fréquences.
251
60
20 log aA
50
40
30
Gain (dB)
20
20 log A
10
1 1
z0 = = ω1 ωm ω2 = = p0
0 aτ τ
10 4 1
10 10 3 10 2 10 100 101
90°
60°
Phase (deg)
ϕm
30°
0°
10 4 10 3 10 2 10 1 100 101
Pulsation (rad/s)
Figure 9.17 – Valeurs utiles pour le réglage d’un correcteur à avance de phase
Lorsque la marge de phase M ϕ est négative ou trop faible, on utilise ce correcteur pour augmenter
M ϕ. Pour cela, la démarche suivante peut être adoptée (elle n’est évidemment pas unique) :
1. déterminer la marge de phase du système non corrigé,
2. déterminer l’avance de phase maximale ϕm nécessaire pour atteindre la marge de phase sou-
haitée,
p0 a−1
3. en déduire la valeur du rapport a = à partir de la relation sin ϕm = ,
z0 a+1
4. calculer 10 log a et déterminer la pulsation à laquelle le gain du système non corrigé vaut
−10 log a dB : du fait que ce correcteur fournit un gain de 10 log a à la pulsation ωm , cette
pulsation devient à la fois la nouvelle pulsation de coupure et la pulsation ωm ,
√ p0
5. calculer les valeurs du pôle p0 = ωm a et du zéro z0 = ,
a
6. tracer la réponse fréquentielle du système corrigé, vérifier la marge de phase obtenue, et ré-
péter les étapes précédentes si nécessaire. Enfin, multiplier le gain par a afin de compenser
1
l’atténuation en du circuit RC utilisé.
a
252
50
Phase BF
inchangée
0
0
2.3
50
Gain (dB)
100
50
Zone d’influence de
150 l’avance de phase
Gain (dB)
200
100
250 1
10 100 101 102 103 104
-90° Phase BF
inchangée
Phase (deg)
150
-180°
Zone d’influence de
l’avance de phase
-270° 1
10 100 101 102 103 104 -240° -210° -180° -150° -120° -90°
Pulsation (rad/s) Phase (deg)
0
0 10 20 30 40 50 60
t (s)
Figure 9.18 – Réponses fréquentielles de la FTBO (plans de Bode et de Black) et réponse indicielle
(consigne de 7,2 m.s−1 ) pour le système corrigé par une correction à avance de phase et un intégrateur
avec A = 50, a = 9 et τ = 0, 02 s
nothing
253
Figure 9.19 – Réponse indicielle du système corrigé par une correction à avance de phase, pour
différentes valeurs de A
L’influence de B sur la forme de la réponse indicielle est illustrée sur la Figure 9.22.
254
Figure 9.20 – Réponse indicielle du système corrigé par une correction à avance de phase, pour
différentes valeurs de a
On peut remarquer que la correction intégrale pure devrait permettre d’améliorer la rapidité du
système du fait que le gain augmente à basses fréquences, augmentant ainsi ωC0 . Cependant, en
pratique, cette augmentation de la rapidité nécessite que le gain (et donc la bande passante à 0 dB)
du système soit suffisant, ce qui peut impacter la stabilité du système (du fait que l’augmentation du
gain réduit la marge de gain et peut accroître l’amplitude des oscillations) et provoquer la saturation.
255
0 Le gain à basse
fréquence augmente 0
2.3
fortement
50
Gain (dB)
La phase diminue
partout de 90◦
100
50
Gain (dB)
150
100
0°
Phase (deg)
-90°
La phase diminue Le gain à basse
partout de 90◦ fréquence augmente
150 fortement
-180°
10 2 10 1 100 101 102 103 104 -210° -180° -150° -120° -90° -60° -30°
Pulsation (rad/s) Phase (deg)
0
0 20 40 60 80 100
t (s)
Figure 9.21 – Réponses fréquentielles de la FTBO (plans de Bode et de Black) et réponse indicielle
(consigne de 7,2 m.s−1 ) pour le système corrigé par une correction intégrale pure avec B = 45
256
Figure 9.22 – Réponse indicielle du système corrigé par une correction intégrale pure, pour diffé-
rentes valeurs de B
1
de la courbe de gain de 20 dB/décade à basses fréquences (pour ω < ) tout en augmentant le gain
τ
1
de 20 log K aux pulsations ω > , et il diminue la phase de 90◦ à basses fréquences. Pour les valeurs
τ
K = 100 et τ = 1 s (soit B = 100) permettant le respect de la marge de phase, on obtient les tracés
de la Figure 9.23.
L’influence de K et τ sur la forme de la réponse indicielle est illustrée sur les Figures 9.24 et 9.25.
257
20 Influence de
Influence du l’effet intégral
couple proportionnel
0
intégral
0
2.3
50
Gain (dB)
20
Influence du
couple proportionnel
intégral
100
40
Gain (dB)
150
60
0°
80
Influence de
l’effet intégral
Phase (deg)
-90°
100
-180°
120
10 2 10 1 100 101 102 103 104 -210° -180° -150° -120° -90° -60° -30°
Pulsation (rad/s) Phase (deg)
0
0 10 20 30 40 50
t (s)
Figure 9.23 – Réponses fréquentielles de la FTBO (plans de Bode et de Black) et réponse indicielle
(consigne de 7,2 m.s−1 ) pour le système corrigé par une correction proportionnelle et intégrale avec
K = 100 et τ = 1 s
Lorsque |p0 | < |z0 |, on appelle ce correcteur un correcteur à retard de phase. Si l’impact du zéro
z0 était négligeable par rapport à celui du pôle p0 (en terme de constante de temps), c’est-à-dire si
|p0 | |z0 |, et si le pôle p0 se trouvait à l’origine du plan complexe, on aurait un système intégrateur
258
Figure 9.24 – Réponse indicielle du système corrigé par une correction proportionnelle et intégrale,
pour différentes valeurs de K
de fonction de transfert
Kz0
C(p) ≈
p
Un tel correcteur est donc un correcteur à effet intégral. Sa fonction de transfert peut se réécrire sous
la forme
p
1+
p + z0 Kz0 z0
C(p) = K =
p + p0 p0 1 + p
p0
1 + τp
La fonction de transfert d’un correcteur à retard de phase est donc de la forme C(p) = A
1 + aτ p
1 z0 1 + jτ ω
avec τ = , a = > 1 et A = Ka > 0. On a donc C(jω) = A , d’où GdB−C (ω) =
z0 p0 1 + jaτ ω
20 log A + 10 log(1 + τ 2 ω 2 ) − 10 log(1 + a2 τ 2 ω 2 ) et ϕC (ω) = arctan τ ω − arctan aτ ω : ce correcteur
diminue la pente de la courbe de gain de 20 dB/décade (et se comporte a fortiori comme un inté-
1 1
grateur) pour les pulsations ω telles que p0 = 6ω 6 = z0 (du fait que c’est le pôle p0 qui
aτ τ
apparaît en premier dans le plan fréquentiel), et il diminue la phase du fait que
a > 1 ⇔ aτ ω > τ ω ⇒ arctan aτ ω > arctan τ ω
259
Figure 9.25 – Réponse indicielle du système corrigé par une correction proportionnelle et intégrale,
pour différentes valeurs de τ
étant donné que la fonction arctan est strictement croissante sur R. On a donc ∀ω, ϕC (ω) < 0.
On peut obtenir un correcteur à retard de phase en réalisant le circuit représenté sur la Figure 9.26.
R1
R2
v1 (t) v2 (t)
260
En effet, la fonction de transfert de ce circuit a pour expression :
1
R2 +
V2 (p) Cp 1 + R2 Cp
H(p) = = =
V1 (p) 1 1 + (R1 + R2 )Cp
R1 + R2 +
Cp
R1 + R2
En posant τ = R2 C et a = , on a :
R2
1 + τp
H(p) =
1 + aτ p
261
d’où :
1−a 1−a
sin ϕm = ⇔ ϕm = arcsin
1+a 1+a
L’évolution de ϕm en fonction de a est représentée sur la Figure 9.27.
0◦
retard de phase
−20◦
maximal ϕm
−40◦
−60◦
−80◦
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
z0
rapport a =
p0
On retrouve sur la Figure 9.28 les valeurs utiles pour le réglage de ce correcteur.
L’influence de A et a sur la forme de la réponse indicielle est illustrée sur les Figures 9.30 et 9.31.
La correction à retard de phase est moins performante que la correction proportionnelle et intégrale,
qui lui sera donc très souvent préférée. Elle est utilisée non pas pour fournir un retard de phase, qui
a plutôt tendance à rendre le système instable, mais plutôt pour atténuer le gain à basses fréquences.
En revanche, l’atténuation de gain fournie par ce type de correction provoque une diminution de
la bande passante à 0 dB, et donc une diminution de la rapidité. Cette correction est cependant
intéressante en complément d’autres corrections.
262
20 log A
40
30
Gain (dB)
20
1
ω2 = = z0
10 τ A
20 log
1 a
p0 = = ω1 ωm
0 aτ
10 4 10 3 10 2 10 1 100 101 102
0°
-30°
Phase (deg)
ϕm
-60°
-90°
10 4 10 3 10 2 10 1 100 101 102
Pulsation (rad/s)
Figure 9.28 – Valeurs utiles pour le réglage d’un correcteur à retard de phase
Les systèmes réels étant naturellement atténuateurs et déphaseurs à hautes fréquences, on utilisera
ce correcteur pour atténuer le gain à basses fréquences, et donc pour générer une baisse de gain là où
elle ne peut se réaliser naturellement. Pour cela, la démarche suivante peut être adoptée (elle n’est
évidemment pas unique) :
1. tracer le diagramme de Bode du système non corrigé,
2. déterminer la marge de phase du système non corrigé et, si elle est trop faible, suivre les étapes
suivantes,
0
3. déterminer la pulsation ωC0 à laquelle la contrainte de marge de phase serait satisfaite si
cette pulsation était la pulsation de coupure (en autorisant un retard de phase de 5◦ dû au
correcteur),
0
4. placer le zéro z0 du correcteur une décade en amont de la nouvelle pulsation de coupure ωC0 ,
◦
afin de garantir un retard de phase inférieur à 5 à cette pulsation,
0
5. mesurer l’atténuation nécessaire à la pulsation ωC0 pour que la courbe de gain coupe l’axe des
abscisses à cette pulsation,
263
20
Phase BF
0 inchangée
0
2.3
50 Zone d’influence du
20
retard de phase
Gain (dB)
100
40
0°
Phase BF 80
inchangée
Zone d’influence du
retard de phase
Phase (deg)
100
-90°
120
-180° 1
10 100 101 102 103 104 -210° -180° -150° -120° -90° -60° -30° 0°
Pulsation (rad/s) Phase (deg)
0
0 10 20 30 40 50
t (s)
Figure 9.29 – Réponses fréquentielles de la FTBO (plans de Bode et de Black) et réponse indicielle
(consigne de 7,2 m.s−1 ) pour le système corrigé par une correction à retard de phase avec A = 1900,
a = 30 et τ = 0, 1 s
264
Figure 9.30 – Réponse indicielle du système corrigé par une correction à retard de phase, pour
différentes valeurs de A
En effet, nous avons montré que ϕC (ω) = arctan τ ω − arctan aτ ω. Du fait que le zéro z0 est placé à
0 0 10
une décade en amont de ωC0 , on a ωC0 = 10z0 = . Le retard de phase dû au correcteur à cette
τ
pulsation vaut donc :
0
ϕC (ωC0 ) = arctan 10 − arctan 10a
a pouvant théoriquement varier entre 1 et +∞, on a :
0
lim ϕC (ωC0 ) = arctan 10 − 90◦ ≈ −5, 71◦
a→+∞
0
et le retard de phase dû au correcteur à la pulsation ωC0 est compris entre 0◦ (lorsque a → 1)
et 5, 71 (lorsque a → +∞), d’où la valeur approximative de 5◦ retenue pour le retard de phase
◦
265
Figure 9.31 – Réponse indicielle du système corrigé par une correction à retard de phase, pour
différentes valeurs de a
Sur le principe, la structure d’un tel correcteur se fait par la mise sous une forme « semi-série » (cas
rare, représenté à gauche sur la Figure 9.32) ou en parallèle (cas classique, représenté à droite sur la
Figure 9.32) des trois corrections de référence. Il existe bien entendu beaucoup d’autres formes. La
fonction de transfert d’un tel correcteur est de la forme
2 Kp Ki
Kd p + p+
Ki Kd p2 + Kp p + Ki Kd Kd Kd (p + z1 )(p + z2 )
C(p) = Kp + + Kd p = = =
p p p p
266
P
+
P I + D + I +
+ + +
D
267
80
70
Gain (dB)
60
50
40
10 5 10 4 10 3 10 2 10 1 100 101 102
90°
Phase (deg)
0°
-90°
10 5 10 4 10 3 10 2 10 1 100 101 102
Pulsation (rad/s)
Il existe de nombreuses méthodes pour régler ce type de correcteur, la plus classique (mais pas
forcément la meilleure) étant celle dite de Ziegler-Nichols, mise en place en 1942 pour déterminer
facilement les paramètres optimaux à partir de l’analyse du comportement indiciel du système corrigé
par le correcteur PID en se plaçant à la limite de la stabilité. Cette méthode consiste à :
1. régler les gains Ki et Kd à 0 (le correcteur PID est alors équivalent à un correcteur propor-
tionnel, dont on cherche à déterminer l’influence),
2. augmenter le gain Kp jusqu’à ce que le système en boucle fermée atteigne la limite de la
stabilité, c’est-à-dire que son signal de sortie oscille avec une amplitude constante : le gain à la
limite de la stabilité, noté Ku , est appelé gain limite,
3. identifier la période limite Tu des oscillations entretenues,
4. régler les 3 gains de la manière suivante :
1, 2Ku 0, 6Ku Tu
Kp = 0, 6Ku ; Ki = ; Kd =
Tu 8
268
Il existe bien entendu de nombreuses autres méthodes (Chien-Hrones-Reswick et Cohen-Coon pour
les plus connues), mais aucune n’est universelle : il est donc impossible d’imaginer régler un tel
correcteur sans tenir compte de la réalité et des attendus du cahier des charges.
Le diagramme fréquentiel d’un tel correcteur est représenté sur la Figure 9.34. Le réglage d’un
tel correcteur est relativement simple en utilisant la démarche vue précédemment pour les deux
correcteurs à avance et à retard de phase, en réglant le correcteur à avance de phase puis celui à
retard de phase. Par contre, son efficacité est moindre que celle du « vrai » correcteur PID présenté
précédemment.
On pourrait logiquement penser à compenser le retard par une avance temporelle de type eτ p , mais un
correcteur de ce type n’est pas réalisable physiquement en raison du principe de causalité. La solution
proposée par l’inventeur américain Otto J. M. Smith (1917-2009) consiste à rejeter le retard hors de
la boucle en introduisant une boucle interne. Une structure de correction possible est représentée sur
le schéma-bloc de la Figure 9.36.
269
20
25
Gain (dB)
30
35
40
10 6 10 5 10 4 10 3 10 2 10 1 100 101 102
90°
Phase (deg)
0°
-90°
10 6 10 5 10 4 10 3 10 2 10 1 100 101 102
Pulsation (rad/s)
Figure 9.34 – Réponse fréquentielle d’un correcteur par avance et retard de phase
ε(p)
Xc (p) +
−
C(p) H(p)e−τ p X(p)
Le système est donc équivalent à celui représenté sur le schéma-bloc de la Figure 9.37.
On constate que le terme de retard pur se trouve désormais hors de la boucle : il n’influe donc plus
sur la stabilité du système, tout en étant malgré tout conservé dans la fonction de transfert en boucle
fermée. Nous avons construit le correcteur (ou prédicteur) de Smith.
270
ε(p)
Xc (p) +
−
+
−
C(p) H(p)e−τ p X(p)
C 0 (p)
ε(p)
Xc (p) +
−
C(p) H(p) e−τ p X(p)
271