Td7 Corrige

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 8

École Normale Supérieure 1ère année

Année 2015-2016 Algèbre 1

TD7 : formes quadratiques

Exercices ? : à préparer à la maison avant le TD, seront corrigés en début de TD.


Exercices ?? : seront traités en classe en priorité.
Exercices ? ? ? : plus difficiles.

Exercice 1 : ?
Décomposer sous forme de combinaison linéaire de carrés les formes quadratiques réelles suivantes ; en
déduire leur signature et leur rang.
a) f (x, y, z) = x2 − 2y 2 + xz + yz.
b) f (x, y, z) = 2x2 − 2y 2 − 6z 2 + 3xy − 4xz + 7yz.
c) f (x, y, z) = 3x2 + 3y 2 + 3z 2 − 2xy − 2xz − 2yz.
d) f (x, y, z, t) = xy + yz + zt + tx.
P
e) f (x1 , . . . , xn ) = 1≤i<j≤n xi xj .
f) f (A) = tr(A2 ), pour A ∈ Mn (R).
g) f (A) = tr(t AA), pour A ∈ Mn (R).
h) f (A) = tr(A)2 , pour A ∈ Mn (R).

Solution de l’exercice 1. On applique l’algorithme de Gauss pour diagonaliser la plupart de ces formes
quadratiques. On obtient :
2 2 2
a) f (x, y, z) = x + z2 − 2 y − z4 − z8 . Donc sign(f ) = (1, 2) et rang(f ) = 3.
2 8 2
b) f (x, y, z) = 2 x + 34 y − z − 25

8 y − 5 z . Donc sign(f ) = (1, 1) et rang(f ) = 2.
2 2
c) f (x, y, z) = 3 x + y3 − z3 + 83 y − z2 − 2z 2 . Donc sign(f ) = (2, 1) et rang(f ) = 3.
d) f (x, y, z) = 1
4 (x + z + y + t)2 − 14 (x + z − y − t)2 . Donc sign(f ) = (1, 1) et rang(f ) = 2.
e) On peut par exemple remarquer que la matrice associée à f dans la base canonique admet
pour valeurs propres − 21 avec multiplicité n − 1 (avec des vecteurs propres de la forme ei − e1 ,
2 ≤ i ≤ n, où (ei ) est la base canonique) et n−1
2 avec mutiplicité 1 (utiliser la trace). Donc on
en déduit que sign(f ) = (1, n − 1) et rang(f ) = n.
f) La forme polaire de f est la forme bilinéaire symétrique (A, B) 7→ tr(AB). On remarque que la
restriction de f au sous-espace Sn (R) des matrices symétriques est définie positive, alors que
la restriction de f au sous-espace An (R) des matrices antisymétriques est définie négative. En
outre, ces deux sous-espaces sont en somme directe et engendre M n (R), et ils sont
 orthogonaux
n(n+1) n(n−1)
pour q. Cela assure que sign(q) = (dim(Sn (R)), dim(An (R))) = 2 , 2 et rang(f ) =
n2 . On peut aussi trouver directement la décomposition en carrés en remarquant que si A =
(ai,j ), on a
X X X X 1X 1X
f (A) = ai,j aj,i = a2i,i + 2 ai,j aj,i = a2i,i + (ai,j + aj,i )2 − (ai,j − aj,i )2 .
2 2
i,j i i<j i i<j i<j

g) Il est classique que f est la forme quadratique associée au produit scalaire canonique (A, B) 7→
tr(t AB), donc f est définie positive,
P donc sign(f ) = (n2 , 0) et rang(f ) = n2 . La décoposition
en carrés est donnée par f (A) = i,j a2i,j .
h) Par définition, f est le carré d’une forme linéaire non nulle (la trace), donc sign(f ) = (1, 0) et
rang(f ) = 1.

1
Exercice 2 :
Soit n ≥ 1 et soit Rn [X] l’espace vectoriel des polynômes réels de degré inférieur ou égal à n. Pour
tous P, Q ∈ Rn [X], on pose :
Z 1
B(P, Q) = tP (t)Q0 (t)dt et f (P ) = B(P, P ).
0

a) Montrer que B est une forme bilinéaire. Est-elle symétrique ? Antisymétrique ?


b) La forme f a-t-elle des vecteurs isotropes non nuls ?
c) Calculer la matrice de f dans la base (1, X, . . . , X n ).
d) Pour n = 2, déterminer la signature de f . La forme f est-elle positive ? Négative ?

Solution de l’exercice 2.
a) La linéarité de l’intégrale assure que B est bilinéaire. On a B(1, X) = 1/2 et B(X, 1) = 0 et
donc B n’est ni symétrique ni antisymétrique.
b) On a f (1) = 0 et donc 1 ∈ Rn [X] est un vecteur isotrope.
c) Notons que la forme polaire de f n’est pas B mais sa symétrisée, à savoir
1
(B(P, Q) + B(Q, P )) .
Bs (P, Q) :=
2
Un petit calcul assure que la matrice de f (i.e. de Bs ) dans la base indiquée est Mn =

i+j−2
2(i+j−1) .
1≤i,j≤n
d) La signature est (1, 2).

Exercice 3 : ?
Soit K un corps de caractéristique différente de 2. Soit P un K-espace vectoriel de dimension 2, muni
d’une forme quadratique f . Quelles sont valeurs possibles pour le nombre de droites isotropes de f ?
Donner un exemple dans chaque cas.

Solution de l’exercice 3.
— La forme f n’a aucune droite isotrope si et seulement si elle est anisotrope (par définition).
Or il existe une forme quadratique anisotrope sur P si et seulement si le corps K n’est pas
quadratiquement clos : il suffit de considérer la forme f (x, y) = x2 − αy 2 sur K 2 , où α ∈
K ∗ \ (K ∗ )2 . En particulier, ce cas n’arrive pas sur un corps algébriquement clos.
— La forme f a une unique droite isotrope si et seulement si rang(f ) = 1. Ceci arrive sur tout
corps K, il suffit de considérer par exemple la forme quadratique f (x, y) = x2 sur K 2 (la seule
droite isotrope est la droite d’équation x = 0).
— La forme f a exactement deux droites isotropes si et seulement si elle est hyperbolique, i.e. non
dégénérée et admettant un vecteur isotrope. Une telle forme existe sur tout corps K, comme le
montre l’exemple f (x, y) = x2 −y 2 sur K 2 (droites isotropes d’équations x+y = 0 et x−y = 0).
— Supposons que la forme f ait au moins 3 droites isotropes. Notons alors v1 , v2 , v3 trois vecteurs
isotropes deux-à-deux non proportionnels. Puisque (v1 , v2 ) est une base de P , il existe λ, µ ∈ K ∗
tels que v3 = λv1 + µv2 . On applique la forme f , et si on note b la forme polaire de f , on obtient
0 = f (v3 ) = f (λv1 + µv2 ) = λ2 f (v1 ) + µ2 f (v2 ) + 2λµb(v1 , v2 ) = 2λµb(v1 , v2 ) .
Donc b(v1 , v2 ) 6= 0, donc la matrice de f dans la base (v1 , v2 ) est la matrice nulle (c’est une
base orthogonale formée de vecteurs isotropes), donc f = 0.
Finalement, une forme quadratique sur un plan vectoriel admet soit aucune droite isotrope, soit une
droite isotrope, soit deux droites isotropes, soit toutes les droites de P sont isotropes. Tous ces cas
arrivent sur tout corps K, sauf le premier (aucune droite isotrope) qui existe si et seulement si K n’est
pas quadratiquement clos.

Exercice 4 : ??
Soit K un corps de caractéristique différente de 2 et soit E un K-espace vectoriel de dimension finie.
Soient f et f 0 des formes quadratiques sur E vérifiant f −1 (0) = (f 0 )−1 (0).

2
a) Supposons K algébriquement clos. Montrer qu’il existe a ∈ K × tel que l’on ait f 0 = af .
b) Donner un contre-exemple pour K = R et E = R2 .

Solution de l’exercice 4.
a) Soient b et b0 les formes bilinéaires respectives de f et f 0 . Si f est totalement isotrope, le
résultat est clair. Supposons que ce ne soit pas le cas : il existe x ∈ E avec f (x) 6= 0. Posons
a = f 0 (x)f (x)−1 ∈ K × . Soit y ∈ E. Les polynômes af (y + λx) et f 0 (y + λx) de K[λ] sont
de degré 2, ont mêmes racines par hypothèse, et ils ont même coefficient dominant f 0 (x) : ils
sont donc égaux puisque K est algébriquement clos. En particulier, on a f 0 (y) = af (y). Donc
f 0 = af .
b) Il suffit de considérer les formes quadratiques x2 + y 2 et x2 + 2y 2 .
Cet exercice est un cas très particulier du théorème des zéros de Hilbert (le Nullstellensatz de Hilbert) :
soit K un corps algébriquement clos, I ⊂ K[X1 , . . . , Xn ] un idéal et notons Z(I) l’ensemble des zéros
communs à tous les polynômes de I. Si f est un polynôme qui s’annule sur Z(I), alors il existe n ∈ N
tel que f n ∈ I.

Exercice 5 : ??
Soit K un corps de caractéristique différente de 2, soit E un K-espace vectoriel de dimension finie non
nulle et soit H un hyperplan de E. Soient de plus f une forme quadratique non dégénérée sur E et u
un élément de O(E, f ) vérifiant u|H = idH .
a) Si f|H est non dégénérée, montrer que u est soit l’identité, soit la réflexion orthogonale d’hy-
perplan H.
b) Si f|H est dégénérée, montrer que u est l’identité.

Solution de l’exercice 5. Notons b la forme bilinéaire associée à f .


a) Si f|H est non dégénérée, l’orthogonal de H pour b est un supplémentaire de H, de dimension
1, disons égal à Kx. Alors b(u(x), u(h)) = b(x, h) = 0 pour tout h ∈ H, ce qui assure que
u(x) ∈ Kx et f (u(x)) = f (x) donne u(x) = ±x (car f (x) 6= 0 puisque x ∈ / H ⊥). Donc u = id
ou u est la réflexion orthogonale (i.e. parallèlement à H ⊥ ) d’hyperplan H.
b) Si f|H est dégénérée, il existe h ∈ H ⊥ ∩H non nul. On peut le compléter en un plan hyperbolique
(au passage, comme H ⊥ est de dimension 1, cela force H ⊥ ∩ H à être égal à H ⊥ ) grâce à un
y∈ / H. Ecrivons u(y) = αy + h0 avec α ∈ K et h0 ∈ H. On a 1 = b(y, h) = b(u(y), u(h)) = α
et b(u(y) − y, n) = 0 pour tout n ∈ H. On peut donc écrire u(y) = y + βh. Mais alors on a
f (y) + 2β = f (u(y)) = f (y), d’où β = 0. Donc u = id.

Exercice 6 :
Soit n ≥ 1 et soit E = Rn+1 muni de la forme quadratique

f (x0 , . . . , xn ) = x20 − (x21 + · · · + x2n ),

de forme bilinéaire b. Un sous-espace F de E est dit elliptique si f|F est définie négative, hyperbolique
si f|F est de signature (1, m) avec m ≥ 1 et parabolique si F est isotrope.
a) Soit F un sous-espace de dimension au moins 2 tel qu’il existe x ∈ F avec f (x) > 0. Montrer
que F est hyperbolique.
b) Soit F un sous-espace elliptique de dimension au plus n − 1. Montrer que F ⊥ est hyperbolique.
c) Soit F un sous-espace parabolique. Montrer que f |F est de rang dim F − 1.

Solution de l’exercice 6.
a) C’est évident. Montrons même que f|F est non dégénérée. Supposons le contraire : il existe
t ∈ F ∩ F ⊥ non nul. On a alors f (x + t) = f (x) > 0 et la restriction de f au plan engendré
par x et t est définie positive, ce qui contredit le fait que sign(f ) = (1, n). Donc f|F est non
dégénérée, ce qui assure que sign(f ) = (1, dim F − 1).

3
b) Supposons f (t0 ) ≤ 0 pour tout t0 ∈ F ⊥ . Comme on a E = F ⊕ F ⊥ (pas de vecteur isotrope
dans F ), écrivons tout élément e = t(e) + t0 (e) suivant cette décomposition. On aurait alors
f (e) = f (t(e)) + f (t0 (e)) ≤ 0, ce qui n’est pas vrai pour (1, 0, . . . , 0). De ce fait, il existe x ∈ F ⊥
avec f (x) > 0 et on applique la question a).
c) Supposons f|F de rang ≤ dim F −2. Alors f|F possède deux vecteurs isotropes qui se complètent
en deux plans hyperboliques distincts dans E. Or E ne contient pas de somme directe de deux
plans hyperboliques (sinon sa signature serait (p, q) avec p ≥ 2). L’hypothèse initiale est donc
erronée.

Exercice 7 : ??  
Soient p 6= q deux nombres premiers impairs. On note pq l’entier qui vaut 1 si p est un carré modulo
q et −1 sinon. On note S := {(x1 , . . . , xp ) ∈ Fpq : i x2i = 1}.
P
  p−1
a) Montrer que pq ≡ q 2 [p].
 
b) En considérant une action de groupe, montrer que |S| ≡ 1 + pq [p].
p P 2
c) Montrer qu’il
existe une
 basede Fq dans  laquelle
 la forme quadratique i Xi admet pour
0 1 0 1 p−1
matrice diag ,..., , (−1) 2 .
1 0 1 0
p−1 p−1 p−1 q−1
d) En déduire que |S| = q 2 (q 2 + (−1) 2 2 ).
   p−1 q−1
e) Conclure que pq q
p = (−1)
2 2 (c’est la loi de réciprocité quadratique).

Solution de l’exercice 7.
p−1
p−1
a) Soit a ∈ F∗p . S’il existe b ∈ F∗p tel que a = b2 , alors a 2 = bp−1 = 1. Donc les 2 carrés non nuls
p−1
dans Fp sont racines du polynôme X −1 ∈ Fp [X]. Or ce polynôme admet au plus p−1
2 racines,
 p−1 2 2
donc ses racines sont exactement les carrés non nuls. Or pout tout a ∈ F∗p , a 2 = 1, donc
p−1
  p−1
a 2 = ±1. Cela assure que pour tout a ∈ Z non divisible par p, ap ≡ a 2 [p] (le symbole
 
a
p est défini de façon évidente). D’où le résultat.
b) Le groupe G = Z/pZ agit sur S par permutation circulaire. L’équation aux classes assure que
|S G | ≡ |S| [p]. Or S G ∼
= {x ∈ Fq : (x, . . . , x) ∈ S} = {x ∈ Fq : px2 = 1}. Donc S G = ∅ si p n’est
pas un carré modulo q, et |S G | = 2 si p est u carré modulo q. D’où le résultat.
c) Les deux formes quadratiques mentionnées sont de rang p et de discriminant 1, donc elles sont
équivalentes sur Fq (voir le théorème de classification des formes quadratiques sur un corps
fini). D’où le résultat.
d) La question c) assure que
p−1
|S| = |{(x1 , . . . , xp ) ∈ Fpq : x1 x2 + · · · + xp−2 xp−1 + (−1) 2 x2p = 1}| .
p−1
Notons T := {(x1 , . . . , xp ) ∈ Fpq : x1 x2 + · · · + xp−2 xp−1 + (−1)
x2p = 1}, T0 := {(x1 , . . . , xp ) ∈
2
p−1
  
p−1
= 0} et T1 := T \ T0 . Il est clair que |T0 | = 1 + (−1)q
2
T : x1 = · · · = xp−2 q 2 =
 p−1 q−1
 p−1 p−1
1 + (−1) 2 2 q 2 . Ensuite, pour tout (x1 , . . . , xp−2 ) ∈ Fq 2 \ {0}, et tout xp ∈ Fq ,
l’équation
p−1
x1 x2 + · · · + xp−2 xp−1 + (−1) 2 x2p = 1
p−1
définit un hyperplan affine de Fq 2 , donc l’ensemble
 p−3 des solutions
 dep−1cette équation est de
p−3 p−1 p−1
cardinal q 2 . Cela assure que |T1 | = q 2 − 1 qq 2 = q 2 − 1 q 2 . Donc finalement
p−1
 p−1 p−1 q−1

|S| = |T | = |T0 | + |T1 | = q 2 q 2 + (−1) 2 2 .

4
e) Les questions a), b) et d) assurent que
 
p p−1
 p−1 p−1 q−1

1+ ≡ q 2 q 2 + (−1) 2 2 [p] ,
q

donc en utilisant la question a),


   
p p−1 q−1 q
≡ (−1) 2 2 [p] .
q p

Puisque ces nombres valent ±1, on en déduit que


   
p p−1 q−1 q
= (−1) 2 2 .
q p

Exercice 8 : ? ? ?
Soient a, b, c ∈ Z sans facteurs carrés. On considère la forme quadratique f (x, y, z) := ax2 + by 2 + cz 2
sur Q3 .
a) À quelle condition sur a, b, c la forme f est-elle isotrope sur R ?
b) On suppose a, b > 0 et c = −1 et on note d le pgcd de a et b. Montrer que la forme quadratique
f est isotrope sur Q si et seulement si les trois conditions suivantes sont satisfaites
i) a est un carré modulo b.
ii) b est un carré modulo a.
iii) − dab2 est un carré modulo d.
c) On suppose désormais a, b, c deux-à-deux premiers entre eux. Montrer que f est isotrope sur Q
si et seulement si f est isotrope sur R et les trois conditions suivantes sont satisfaites
i) −ab est un carré modulo c.
ii) −ac est un carré modulo b.
iii) −bc est un carré modulo a.
d) Sous les hypothèses de la question c), montrer que f est isotrope sur Q si et seulement si f est
isotrope sur R et pour tout nombre premier p, pour tout entier m ≥ 1, il existe (x, y, z) ∈ Z3
non tous divisibles par p tels que f (x, y, z) ≡ 0 [pm ].
e) Vérifier que dans l’équivalence précédente, il suffit de prendre p|abc et m = 2.
f) Soit q une forme quadratique non dégénérée sur Q3 . Donner un algorithme permettant de
décider si q est isotrope.

Solution de l’exercice 8.
a) Il faut et il suffit que a, b, c ne soient pas tous de même signe.
b) — On suppose f isortrope sur Q : il existe (x, y, z) ∈ Q3 \ {(0, 0, 0)} tel que f (x, y, z) = 0.
Quitte à multiplier x, y, z par le ppcm des dénominateurs de x, y, z, et à diviser par le pgcd
des numérateurs, on peut supposer que x, y, z ∈ N sont des entiers premiers entre eux dans
leur ensemble, vérfiant ax2 + by 2 = z 2 . Soit p un nombre premier divisant b et x. Alors p|z,
donc p2 |by 2 . Comme b est sans facteur carré, p|y, donc p divise x, y et z. Or x, y, z sont
premiers entre eux, donc pgcd(b, x) = 1. Donc en réduisant l’égalité modulo b, on obtient
que ax2 ≡ z 2 [b]. Comme x et b sont premiers entre eux, x est inversible modulo b, donc a
est un carré modulo b. Par symétrie, on a également que b est un carré modulo a.
Comme d divise a et b, on sait que d|z 2 . Comme a et b sont sans facteur carré, d est sans
facteur carré, ce qui assure que d|z, i.e. z = dz 0 avec z 0 ∈ Z. Écrivons de même a = da0 et
b = db0 . On peut donc diviser l’égalité ax2 + by 2 = z 2 par d pour obtenir a0 x2 + b0 y 2 = dz 02 .
On réduit modulo d cette égalité et on obtient a0 x2 + b0 y 2 ≡ 0 [d], ce qui assure, puisque x
et y sont premiers à d, que a0 b0 est un carré modulo d. Donc dab2 est un carré modulo d.

5
— Réciproquement, supposons les conditions i), ii) et iii) satisfaites. On raisonne par récurrence
sur a. Si a = 1, le résultat est évident, car (x, y, z) = (1, 0, 1) est un vecteur isotrope de f .
Soit alors a > 1. Quitte à échanger a et b, alors on peut supposer que a ≥ b. Dans le cas
où a = b, la condition iii) assure que −1 est un carré modulo b, donc b est somme de deux
carrés dans Z, i.e. a = b = s2 + t2 , et on vérifie que (s, t, s2 + t2 ) est un vecteur isotrope de
f . Donc on peut supposer a > b.
On construit maintenant 0 < a0 < a tel que f est isotrope si a0 x2 + by 2 − z 2 l’est. Pour ce
faire, on sait que la propriété ii) implique l’existence de c, k ∈ Z tels que b = c2 − ka. Il
existe a0 , m ∈ Z tels que k = a0 m2 , avec a0 sans facteur carré. On peut en outre supposer
que |c| ≤ a2 . Montrons que 0 < a0 < a. On a c2 = b + aa0 m2 . Comme c2 > 0 et a > b, on
a néssairement a0 ≥ 0. Or b est sans facteur carré, donc a 6= 0, donc a > 0. La condition
2 2
|c| ≤ a2 implique que b + aa0 m2 ≤ a4 , donc aa0 < a4 , donc a < a4 < a.
Vérifions maintenant que les propriétés i), ii) et iii) sont satisfaites pour la forme quadratique
a0 x2 + by 2 − z 2 . On écrit toujours a = dA et b = dB, avec d = pgcd(a, b). Alors c2 =
dB + dAa0 m2 , ce qui implique, comme d est sans facteur carré, que d|c, i.e. c = dC avec
C ∈ Z. On a donc dC 2 = B + Aa0 m2 . Donc Aa0 m2 ≡ −B [d], donc a0 A2 m2 ≡ −AB [d]. Or
pgcd(d, m) = 1, et par iii), −AB est un carré modulo d, donc a0 est un carré modulo d. De
même, la relation c2 ≡ a0 am2 [B] et l’hypothèse i) assurent que a0 est un carré modulo B.
Donc a0 est un carré modulo Bd = b.
Notons maintenant r := pgcd(a0 , b), a0 = rA0 , b = rB 0 . Montrons que −A0 B 0 est un carré
modulo r. Par définition, on a c2 = rB 0 + raA0 m2 , donc r|c (car r est sans facteur carré),
donc en notant c = rC, on a rC 2 = B 0 + aA0 m2 . On réduit modulo r et on obtient
aA0 m2 = −B 0 [r]. Or par i), a est un carré modulo b, donc modulo r, donc −A0 B 0 est bien
un carré modulo r.
Supposons maintenant que la forme quadratique f 0 (x, y, z) = a0 x2 + +by 2 − z 2 soit isotrope
sur Q3 , et notons (x0 , y0 , z0 ) un vecteur isotrope dans Q3 . Alors a0 x20 = z02 − by02 , et en
multipliant cette égalité avec aa0 m2 = c2 − b, on obtient a(a0 mx0 )2 = (z02 − by02 )(c2 − b), i.e.
a(a0 mx0 )2 + b(cy0 + z0 )2 − (cz0 + by0 )2 = 0, donc f (a0 mx0 , cy0 + z0 , cz0 + by0 ) = 0, donc f
est isotrope sur Q3 .
Cela conclut la preuve par récurrence sur a.
c) On suppose que a et b sont de même signe et c de signe opposé. On pose a0 := −ac, b0 := −bc.
En multipliant f par −c, on obtient que la forme quadratique f est Q-isométrique à la forme
quadratique f 0 (x, y, z) = a0 x2 + b0 y 2 − z 2 = 0.
Alors la question b) assure que f est isotrope sur Q3 si et seulement si f 0 l’est si et seulement
si −ac est un carré modulo −bc, −bc est un carré modulo −ac et −ab est un carré modulo c.
On voit facilement que cela équivaut aux conditions i), ii) et iii) de l’énoncé.
Enfin, les conditions i),ii),iii) sont symétriques en a, b, c, ce qui assure que l’équivalence sou-
haitée : en effet, si f est isotrope sur R, deux des coefficients de f sont de même signe et l’autre
est de signe opposé, donc quitte à permuter a, b, c (ce qui n’affecte pas les conditions i),ii),iii)),
on peut bien supposer a et b de même signe et c de signe opposé. D’où le résultat.
d) Le sens direct est clair. Montrons la réciproque. On suppose donc les conditions de l’énoncé
vérifiées. Prenons m = 2 et p un facteur premier de a. Par hypothèse, il existe x, y, z ∈ Z3 non
tous divisibles par p, tels que f (x, y, z) ≡ 0 [p2 ]. Il est clair que p ne divise pas yz (sinon p2 |a),
donc by 2 + cz 2 ≡ 0 [p] implique que −bc est un carré modulo p. Ceci étant valable pour tout
p|a, on en déduit que −bc est un carré modulo a. Par symétrie, on a également que −ac est un
carré modulo b et −ab est un carré modulo c. La question c) assure alors que f est isotrope sur
Q.
e) C’est une conséquence immédiate de la solution à question d).
f) Montrons d’abord que q est isométrique sur Q à une forme quadratique f (x, y, z) = ax2 +
by 2 + cz 2 avec a, b, c ∈ Z deux-à-deux premiers entre eux. Pour cela, on commence d’abord par
diagonaliser q, chasser les dénominateurs et diviser par le pgcd des coefficients apparaissant pour
écrire q sous la forme q(x, y, z) = a0 x2 +b0 y 2 +c0 z 2 , avec a0 , b0 , c0 ∈ Z premiers entre eux dans leur
ensemble et sans facteur carré. Notons d := pgcd(a0 , b0 ), avec a0 = da00 et b0 = db00 . En multipliant

6
q par d, on voit que q est équivalente à la forme quadratique (x, y, z) 7→ a00 x2 + b00 y 2 + c00 z 2 ,
avec c00 := dc0 . Alors a00 et b00 sont premiers entre eux et a00 , b00 , c00 sont sans facteur carré,
et pgcd(a00 , c00 ) = pgcd(a00 , c0 )|pgcd(a0 , c0 ) et pgcd(b00 , c00 ) = pgcd(b00 , c0 )|pgcd(b0 , c0 ). On répète
successivement cette opération avec le couple de coefficients (a00 , c00 ), ce qui donne des nouveaux
coefficients (a(3) , b(3) , c(3) ), puis avec (b(3) , c(3) ), ce qui fournit les coefficients (a, b, c) recherchés
(tels que a, b, c soient sans facteur carré et deux-à-deux premiers entre eux. On applique alors
la question e) pour décider algorithmiquement si la forme quadratique q est isotrope : on
décompose a, b et c en facteurs premiers, et pour chaque p premier divisant a, b ou c, on teste
si l’équation ax2 + by 2 + cz 2 = 0 a une solution modulo p2 non divisible par p. Enfin, on teste
si les trois entiers a, b, c sont de même signe ou non.
Remarque : cet exercice est un cas particulier du théorème de Hasse-Minkowski, qui affirme
que pour toute forme quadratique non dégénérée q sur Qn (que l’on peut supposer diagonale
à coefficients premiers premiers entre eux dans leur ensemble), la forme q est isotrope si et
seulement si elle est isotrope sur R et pour tout premier p et tout entier n ≥ 1, l’équation q = 0
admet une solution modulo pn formée d’entiers non tous divisibles par p (cela signifie que q est
isotrope sur tous les corps p-adiques Qp ).

Exercice 9 : ? ? ?
Soit K un corps. On définit son niveau s(K) ∈ N ∪ {∞} et, si la caractéristique de K n’est pas 2, son
u-invariant u(K) ∈ N ∪ {∞} par

s(K) := inf{n ≥ 1 | ∃(x1 , . . . , xn ) ∈ K n x21 + · · · + x2n = −1}

et
u(K) := sup{dim(q) : q forme quadratique anisotrope sur K} ,
avec la convention que l’infimum de l’ensemble vide est ∞.
a) Montrer que u(K) ≥ s(K).
b) Calculer s(K) et u(K) si K est algébriquement clos.
c) Donner un exemple de corps K avec s(K) = ∞ et un exemple avec u(K) = ∞ et s(K) < ∞.
d) Montrer que des corps isomorphes ont même niveau et même u-invariant. Les réciproques sont-
elles vraies ?
e) Montrer que le niveau d’un corps fini est égal à 1 ou 2. Montrer que le u-invariant d’un corps
fini vaut 2.
f) Montrer l’égalité s(K) = s(K(X)).
On suppose désormais que K de caractéristique différente de 2. Pour n ≥ 1, on considère la
forme quadratique
n
X
fn (x1 , . . . , xn ) = x2i .
i=1

g) Montrer que fn admet un vecteur isotrope si et seulement si on a s(K) ≤ n − 1.


h) Supposons n = 2k avec k ∈ N. Montrer que pour tout x = (x1 , . . . , xn ) ∈ K n non nul, il existe
une matrice Tx de première ligne (x1 , . . . , xn ) vérifiant
t
Tx Tx = Txt Tx = fn (x1 , . . . , xn )In .

i) En déduire que l’ensemble des sommes non nulles de 2k carrés d’éléments de K est un groupe
multiplicatif.
j) Montrer que le niveau d’un corps est soit infini, soit une puissance de 2.

Solution de l’exercice 9.
a) Soit n < s(K). Alors par définition la forme quadratique x21 + · · · + x2n + x2n+1 est anisotrope
sur K n+1 (sinon, un vecteur isotrope contredit le fait que n < s(K)). Donc u(K) ≥ n + 1. En
appliquant ceci à n = s(K) − 1, on trouve u(K) ≥ s(K).

7
b) Si K est algébriquement clos, on a clairement s(K) = 1, et comme toute forme quadratique de
rang 2 est isotrope, on a u(K) = 1.
c) Si K = R, on a s(K) = ∞ (et donc u(K) = ∞). Si K = PnC(Ti ; i 2∈ N), alors s(K) = n+1
1 et
u(K) = ∞ ; en effet, pour tout n ≥ 0, la forme quadratique i=0 Ti xi est anisotrope sur K .
d) Le sens direct est évident. Les réciproques sont fausses, puisqu’on voit que s(F5 ) = s(F13 ) = 1
et u(F5 ) = u(F13 ) = 2. De même, pour tout corps algébriquement clos, s(K) = s(C) = u(K) =
u(C) = 1.
e) L’élément −1 est un carré dans Fq si et seulement si q = 2r ou q ≡ 1 [4]. Dans ce cas, on a
s(Fq ) = 1, et sinon s(Fq ) = 2. Et pour tout q impair, on sait que u(Fq ) = 2.
f) On a immédiatemment s(K) ≥ s(K(X)). Supposons donc s(K(X)) fini, et notons s cet entier.
Il existe des fractions rationnelles R1 (X), . . . , Rs (X) telles que l’on ait R1 (X)2 +· · ·+Rs (X)2 =
−1.
Supposons dans un premier temps K infini. En notant Q(X) un dénominateur commun des
Ri (X), on obtient une identité de la forme P1 (X)2 +· · ·+Ps (X)2 = −Q(X)2 dans K[X]. Comme
(α)
K est infini, il existe α ∈ K tel que Q(α) 6= 0. Pour tout i, notons pi = Pi (α)Q(α)−1 ∈ K.
(α) (α)
On a alors (p1 )2 + · · · + (ps )2 = −1. Ceci donne s(K) ≤ s(K(X)).
Dans le cas où K est fini, par la question e), on peut supposer s(K(X)) = 1. Alors R1 (X)
s’écrit PQ(X)
1 (X)
avec P1 (X), Q(X) ∈ K[X]. En choisissant P1 (X) et Q(X) premiers entre eux, on
voit que R1 (X) est un élément de K ∗ . Cela donne s(K) = 1 aussi. Ce qui conclut la preuve.
g) Si on a s(K) ≤ n − 1, alors il existe x1 , . . . , xn−1 ∈ K tels que x21 + · · · + x2n−1 + 12 = 0.
P  x j 2
Réciproquement, si fn a un vecteur isotrope (x1 , . . . , xn ) avec xi 6= 0, alors = −1.
j6=i xi
h) Montrons le par récurrence sur k ≥ 0. Le cas k = 0 est trivial. Supposons la propriété vraie au
rang k et prouvons le rang k + 1. Par hypothèse de récurrence, on a T1 et T2 vérifiant
t
T1 T1 = T1 t T1 = fn (x1 , . . . , xn )In , t
T2 T2 = T2 t T2 = fn (xn+1 , . . . , x2n )In .

On calcule ensuite
 t tA tT T + t AA tT T + t AB
   
T1 T1 T2 1 1 1 2
tT tB = tT T ,
2 A B 2 1 + t BA tT T
2 2 + t BB
et
tT tA T1 t T1 + T2 t T2 T1 t A + T2 t B
    
T1 T2 1
tT tB = .
A B 2 At T1 + B t T2 At A + B t B
Alors :
i) si fn (x1 , . . . , xn ) 6= 0, on prend A = T1−1 t T2 T1 et B = −t T1 .
ii) sinon, si fn (xn+1 , . . . , x2n ) 6= 0, on prend A = −t T2 et B = T2−1 t T1 T2 .
iii) enfin, si fn (x1 , . . . , xn ) = fn (xn+1 , . . . , x2n ) = 0, on prend A = −T1 et B = T2 .
 
T1 T2
Les calculs précédents assurent alors que la matrice Tx := convient.
A B
i) Si fn (x) et fn (y) sont deux sommes non nulles de 2k carrés d’éléments, il suffit de définir x · y
comme étant la première ligne de Tx Ty et on a fn (x · y) = fn (x)fn (y). De même, si [−1].x
désigne la première ligne de Tx−1 , on obtient fn ([−1].x) = fn (x)−1 .
j) Supposons s(K) fini, vérifiant n := 2k ≤ s(K) < 2n = 2k+1 pour un certain k ≥ 0. Alors f2n
possède un vecteur isotrope par la question g), disons (x1 , . . . , x2n ). On a donc fn (x1 , . . . , xn ) =
−fn (xn+1 , . . . , x2n ) 6= 0. Mais alors fn (x1 , . . . , xn )fn (xn+1 , . . . , x2n )−1 = −1 est une somme de
2k carrés par la question i).
Remarque : réciproquement, pour tout n = 2k , il existe un P corps K de niveau n. On peut
par exemple considérer le corps K = R(X1 , . . . , Xn−1 )[Xn ]/( Xi2 + 1) (voir par exemple le
théorème 2.8 du chapitre 11 de Lam, Algebraic theory of quadratic forms).

Vous aimerez peut-être aussi

pFad - Phonifier reborn

Pfad - The Proxy pFad of © 2024 Garber Painting. All rights reserved.

Note: This service is not intended for secure transactions such as banking, social media, email, or purchasing. Use at your own risk. We assume no liability whatsoever for broken pages.


Alternative Proxies:

Alternative Proxy

pFad Proxy

pFad v3 Proxy

pFad v4 Proxy