Le Gouvernement D Entreprise
Le Gouvernement D Entreprise
Le Gouvernement D Entreprise
Pour la plupart d’entre nous, l’expression « gouvernement d’entreprise » évoque les codes de
conduite, comme le fameux Code Cadbury, qui sont apparus au cours des dernières années.
Ces codes recommandent généralement que les entreprises modifient les structures et les
procédures de leur conseil d’administration afin de mieux rendre compte de leurs activités à
leurs actionnaires. Ils préconisent souvent d’accroître le nombre d’administrateurs
indépendants dans les conseils d’administration, de séparer les fonctions de Président et de
Directeur général, ou encore de créer de nouveaux comités, comme un comité des
commissaires aux comptes.
Le cadre institutionnel définit, entre autres, les droits des actionnaires au regard de la loi et
leurs possibilités de recours lorsque ces droits ne sont pas respectés. Pour ne donner que deux
exemples, il protège les actionnaires à travers des réglementations et des dispositions
obligeant les entreprises à divulguer des informations complètes sur les risques courus. De
nombreux autres facteurs influent sur les modalités de contrôle, de gestion et de
responsabilisation de l’entreprise, et nombre d’entre eux relèvent indubitablement de l’action
des pouvoirs publics.
Plusieurs raisons nous incitent à veiller à la qualité de la gouvernance. Tout d’abord, une
mauvaise gouvernance peut nuire à la performance économique nationale et, en fin de
compte, à la stabilité financière mondiale. Les crises financières survenues en Asie, en Russie
et ailleurs, l’ont amplement démontré. Même si les circonstances étaient différentes, toutes
ces crises avaient un point commun : les structures de gouvernance souffraient de distorsions
nuisibles à l’efficience des décisions économiques. Lorsque les déséquilibres ont pris une
ampleur telle qu’ils ne pouvaient plus être ignorés, ils ont entraîné de très vives réactions sur
les marchés financiers, réduisant parfois à néant les efforts de développement de nations et de
régions entières.
Les problèmes propres à chaque pays ont également joué un rôle important. Dans les pays
d’Asie, des groupes d’intérêt liés à de grandes institutions financières, voire à l’État, géraient
d’énormes conglomérats dans des conditions empêchant tout contrôle externe. Leurs liens
avec les hautes sphères et la garantie implicite de l’État permettaient à ces conglomérats
d’accéder facilement à des sources de crédits et de fonds propres externes, sans se soumettre
aux mesures de contrôle qui se seraient normalement imposées. Or, ni les actionnaires
minoritaires -- nationaux et étrangers -- ni les créanciers ne disposaient des informations et
des pouvoirs nécessaires pour contrôler leurs opérations. Le manque de transparence et de
responsabilité a ainsi entraîné des distorsions dans les structures d’incitation, un
surinvestissement et un endettement dangereusement élevé des entreprises. La situation a été
aggravée par l’insuffisance des procédures d’information et de contrôle dans le secteur
bancaire, qui a empêché de détecter rapidement la détérioration de la situation financière des
entreprises.
Tous les pays ont intérêt à améliorer les modalités de fonctionnement de leurs entreprises : la
question de l’amélioration de la gouvernance ne se pose pas seulement dans les économies de
marché émergentes et les économies en transition. Même les économies les plus avancées
s’interrogent sur leurs pratiques, les remettent en cause et s’efforcent de les améliorer. Aux
États-Unis, la séparation des fonctions de Président et de Directeur général est inhabituelle,
même si elle est souhaitée par de nombreux investisseurs. Dans les pays européens, de plus en
plus de voix se font entendre pour réclamer un meilleur traitement des actionnaires
minoritaires et une plus grande transparence dans les opérations de fusion et d’acquisition. Au
Japon, les efforts déployés pour relancer l’activité économique exigent des améliorations dans
des domaines tels que la divulgation d’informations et le fonctionnement des conseils
d’administration. En Australie, au Royaume-Uni, en France, en Allemagne et en Suède, des
efforts importants et de longue haleine ont été entrepris en matière de droit des entreprises et
de réglementation des rachats d’entreprises.
Les capitaux sont malheureusement de plus en plus fébriles. C’est l’une des conséquences de
la révolution des communications et de l’intégration croissante de l’économie mondiale. Dans
leur quête constante de nouveaux placements, les investisseurs n’hésitent pas à transférer leurs
capitaux d’un bout à l’autre de la planète. Pour attirer et retenir des capitaux à long terme
provenant de nombreux investisseurs, les entreprises doivent offrir des structures de
gouvernement d’entreprise crédibles et reconnaissables. Les entreprises, comme les pouvoirs
publics, doivent s’adapter.
Les Principes de l’OCDE portent sur cinq domaines principaux : les droits des actionnaires et
leur protection ; le traitement équitable de toutes les catégories d’actionnaires ; le rôle de
salariés et des autres parties prenantes ; la transparence des structures et des activités de
l’entreprise, et la diffusion d’informations en temps opportun ; et les responsabilités du
conseil d’administration vis-à-vis de l’entreprise, des actionnaires et des autres parties
prenantes.
Pour aller droit à l’essentiel, on peut dire que les Principes reposent sur le respect de quatre
valeurs essentielles : l’équité de traitement, la responsabilité, la transparence et le devoir de
rendre des comptes. Ils définissent des valeurs ou principes fondamentaux qui paraissent
applicables dans tous les pays et qui doivent servir de base à un cadre de gouvernance
efficace, de nature à favoriser le développement d’un marché de capitaux solide.
Ces valeurs établissent par ailleurs une relation entre le gouvernement d’entreprise et d’autres
éléments importants de la gouvernance au sens large : la lutte contre la corruption active et
passive, la responsabilité et la déontologie des entreprises, la gouvernance dans le secteur
public et la réforme de la réglementation. La poursuite des objectifs de gouvernance requiert
des efforts coordonnés dans tous ces domaines interdépendants, afin que toutes les nations
tirent pleinement avantage de la mondialisation de l’économie.
Maintenant que les Principes ont été énoncés, le travail réel peut commencer. La principale
tâche qui revient aujourd’hui à l’OCDE est d’encourager un processus d’examen, de dialogue
et, en définitive, de changement. Nous nous efforçons de promouvoir ces réformes de la
gouvernance en étroite collaboration avec d’autres organisations internationales, notamment
dans le cadre d’un programme conjoint avec la Banque mondiale, avec la participation
également du FMI, des banques régionales de développement et d’autres partenaires
bilatéraux.