Comptabilite Et Audit
Comptabilite Et Audit
Comptabilite Et Audit
COMPTABILITE ET AUDIT
RÉPUBLIQUE DE GUINÉE
Mars 2013
1
Report on the Observance of Standards and Codes.
Sommaire
________________________________________________________________________________________
Le présent rapport a été préparé par une équipe de la Banque Mondiale sur la base de travaux réalisés en
Guinée en juin 2012. L’équipe projet était dirigée par Célestin Adjalou Niamien (AFTMW) et comprenait
Thierno Mbacke et Luc Cardinal (consultants) avec l’appui technique de Fily Sissoko. Les auteurs tiennent à
exprimer leurs remerciements aux autorités guinéennes, aux membres du comité de pilotage, ainsi qu’aux
représentants de la profession comptable et du secteur privé guinéen, pour leur participation active et leur
soutien au cours de cette étude. La publication du présent rapport a été autorisée par le Ministère des Finances
le […].
Résumé des conclusions
Le présent rapport se propose d’évaluer les normes et pratiques de comptabilité et d’audit financier en
Guinée dans les secteurs privé et parapublic, en utilisant comme références les normes internationales
d’information financière (« IFRS ») et d’audit (« ISA ») et en tenant compte des bonnes pratiques observées
au plan international dans ces deux domaines.
Le principal objectif de cette évaluation est de formuler des recommandations au Gouvernement en
vue de renforcer les pratiques en matière de comptabilité et d’audit financier et de transparence financière au
sein du secteur privé et des entreprises publiques et parapubliques en Guinée. Les objectifs de
développement associés à ces recommandations sont : (a) la stimulation de l’investissement privé et
l’amélioration de la compétitivité des entreprises ; (b) une meilleure gouvernance au sein du secteur
marchand privé et parapublic ; et (c) l’intégration accrue de l’économie Guinéenne au plan international.
Le cadre légal et réglementaire en matière de comptabilité et audit a évolué favorablement en Guinée
en 2002 avec la ratification du Traité OHADA et l’adoption de son référentiel comptable SYSCOHADA.
Toutefois, force est de constater qu’aucune avancée significative n’a été notée concernant la profession
comptable depuis la création de l’Ordre des Experts comptables agréés de Guinée au milieu des années 80.
Par conséquent, le défi majeur pour la Guinée réside aujourd’hui dans la mutation qualitative que devra
opérer la profession comptable sous la supervision des autorités pour donner une nouvelle impulsion à la
pratique comptable et d’audit dans le pays.
Le constat fait suite à cette revue, révèle que bien qu’il existe un ordre professionnel aucun
changement majeur n’est intervenu dans son fonctionnement depuis sa création en 1985. La profession est
toujours minée par le manque d’engagement réel de tous ses membres, le nombre limité de professionnel
aussi bien en quantité qu’en qualité, l’absence d’un siège social, l’absence de renouvellement du bureau qui
est forclos depuis environ deux ans. L’Ordre des Experts Comptables agréés de Guinée devrait engager des
actions visant à se rapprocher des bonnes pratiques internationales et créer les conditions pour progresser
vis-à-vis des principes contenus dans les 7 Déclarations des Obligations des Membres (Statements of
Membership Obligations, SMOs) de l’IFAC. Les résultats qui pourraient résulter de ces actions sont : le
développement de l’exercice professionnel en Guinée, le renforcement de la gouvernance des entreprises
privées et publiques, l’amélioration de la qualité de l’information financière, l’accès au crédit et
l’accompagnement des investissements directs en provenance de l’étranger, ainsi que l’amélioration de la
compétitivité des entreprises dans le pays.
S’agissant des normes comptables applicables en Guinée, l’Acte Uniforme OHADA portant
Organisation et Harmonisation des Comptabilités d’Entreprises a connu peu d’évolution depuis son entrée
en vigueur à la fin des années 90 en raison des insuffisances de fonctionnement des organes communautaires
chargés d’assurer leur adaptation aux évolutions de l’environnement comptable, économique et juridique.
Concernant le secteur des banques et établissements financiers, la Guinée ne dispose pas d’un plan
comptable bancaire (PCB) officiel. Un projet de PCB sur le modèle du plan comptable bancaire en vigueur
au sein de l’UEMOA existe depuis une dizaine d'années. Sa publication officielle est dans l'attente de
l'adoption par le gouverneur de la BCRG. Depuis environ 5 ans, les banques utilisent ce PCB provisoire et
suivent les règles prudentielles fixées dans la loi bancaire et les instructions de la Banque Centrale de la
République de Guinée (BCRG) qui est l’organisme de normalisation. Les normes comptables du secteur des
assurances, contenues dans le Code des assurances et les instructions de la Banque Centrale, sont inspirées
de celles de la CIMA et mises en place au milieu des années 90. Par conséquent, la Guinée devrait adopter
rapidement un Plan comptable bancaire et engager des actions visant à faire évoluer les règles comptables
applicables aux sociétés d’assurances. Concernant le SYSCOHADA, la redynamisation des organes
communautaires est en cours pour sa mise à jour et son rapprochement avec les IFRS surtout s’agissant des
entités d’intérêt public. Pour les Petites et Moyennes Entreprises (PME) et les Très Petites Entreprises (TPE)
ainsi que les autres entités, l’évolution des normes comptables de l’OHADA devra tenir compte de la taille
et de l’importance de ces entités ainsi que des insuffisances relevées sur le plan pratique pour son
adaptation.
En matière de formation académique, la plupart des acteurs rencontrés dans cette étude estiment que
la qualité de la formation en comptabilité et audit nécessite d’être renforcée pour rejoindre les attentes du
secteur privé. En effet, les écoles privées qui forment aux métiers de la comptabilité et de la finance sont
nombreuses mais aucun contrôle n’est exercé sur la qualité des enseignements. La principale filière pour
l’enseignement supérieur public en comptabilité et gestion se trouve à la Faculté de sciences économiques et
de gestion de l’Université de Sonfonia de Conakry. Pour le cursus menant à l’expertise comptable, la Guinée
ne dispose pas d’un diplôme d’expertise comptable à l’image du DECOFI qui existe dans les pays de
l’UEMOA et reconnu par le Conseil Africain et Malgache de l’Enseignement Supérieur (CAMES). La filière
INTEC mise en place dans le pays par un Expert-comptable demeure la principale pour former des étudiants
au diplôme d’expertise comptable français.
Sur la base de ces constats, les axes prioritaires importants à inscrire dans le plan d’action national du
ROSC Comptabilité et Audit en Guinée sont : (i) la mise à jour des textes et du fonctionnement des
organes de l’Ordre, (ii) l’adoption des normes professionnelles d’audit et d’un code de déontologie
conformes à ceux des conseils de normalisation indépendants de l’IFAC, (iii) le renforcement de la
formation initiale et continue notamment par la mise en place d’une filière pour l’expertise comptable
et le renforcement des capacités des professionnels, y compris pour les techniciens de la comptabilité (iv)
le développement d’un mécanisme de contrôle qualité au sein des cabinets et à plus long terme dans la
profession, (iv) et la mise en place d’une Commission nationale de Normalisation Comptable.
L’ensemble de ces actions devra se faire en synergie avec celles envisagées et/ou déjà en cours au sein de
l’espace OHADA.
Les recommandations prioritaires qui ressortent du ROSC Comptabilité et Audit en Guinée sont
résumées dans le tableau ci-après et ont pour objectifs d’instaurer un cadre légal et institutionnel pour la
promotion de la pratique en matière de comptabilité et d’audit en Guinée :
3
SYNTHESE DES RECOMMANDATIONS PRIORITAIRES (SUITE)
Calendrier de mise en œuvre
Liens avec Court terme Moyen terme Long terme
Actions § nº Responsabilité
projets BM (1-2 ans) (3-4 ans) (5-7 ans)
3. FORMATION
(vii) Réviser le programme d’enseignement des écoles de
gestion et de comptabilité pour en améliorer la qualité 65 MESRS X
Aucun
technique et, à moyen terme, accroître le nombre de
comptables qualifiés
(viii) Engager les Autorités de la Guinée adopter dans un MESRS
premier temps le DECOFI, Diplôme d’Expertise Comptable 66
et Financière de l’UEMOA (reconnu par le Conseil Africain
et Malgache de l’Enseignement Supérieur) comme diplôme
Aucun X
pour s’inscrire au tableau de l’Ordre et à mettre en place à
plus long terme un Diplôme d’expertise comptable à l’image
du diplôme DECOFI en tenant compte des leçons et de
l’expérience vécues.
(ix) Elaborer un plan de formation professionnelle continue 67 OECAG
obligatoire et de mise à niveau de l’ensemble des membres Aucun X
de la profession
4. ACCESSIBILITÉ DE L’INFORMATION FINANCIÈRE
(x) Renforcer les capacités techniques et d’organisation des 68 X
Tribunaux de Commerce pour le contrôle du respect de dépôt Min. Justice Aucun
des états financiers des SA
(xi) Mettre en place une Centrale des bilans accessible au 69 MEF X
public pour lutter contre la multiplicité des bilans, l’exercice Aucun
illégal de la profession et la fraude fiscale
(xii) Redéfinir les missions des structures qui gèrent le DN Patrimoine-
portefeuille de l’Etat ainsi que celles des corps de contrôle 70 MEF
pour éviter les redondances et renforcer les organismes & Aucun X
maintenus pour une meilleure gestion et un contrôle 71
indépendant des entreprises publiques
4
SYNTHESE DES RECOMMANDATIONS PRIORITAIRES (SUITE ET FIN)
Calendrier de mise en œuvre
Liens avec
Actions § nº Responsabilité Court terme Moyen terme Long terme
projets BM
(1-2 ans) (3-4 ans) (5-7 ans)
B) ACTIONS RELEVANT PRINCIPALEMENT DE L’ECHELON SOUS-REGIONAL
1. NORMES COMPTABLES
Secrétariat Projet
(xiii) Améliorer le cadre institutionnel régional en faisant Permanent de Régional IDF
fonctionner les organes de normalisation tels que la CNC de l’OHADA – OHADA
55 X X X
l’OHADA et s’assurer qu’ils sont dotés de ressources récemment
adéquates pour mener à bien leurs missions. approuvé par
la BM
(xiv) Poursuivre avec les acteurs communautaires les CNC OHADA
initiatives pour la convergence du système comptable
Projet
OHADA avec les IFRS. Cette convergence devrait être mise
Régional IDF
en œuvre de façon progressive et sur une durée raisonnable
– OHADA
en tenant compte de l’environnement économique des pays 56 X X X
récemment
membres. Dans ce cadre, il sera nécessaire d’assister la CNC
approuvé par
de l’OHADA à développer progressivement des mécanismes
la BM
continus d’évolution des normes et d’adoption des IFRS.
5
MONNAIE : Franc Guinéen (GNF)
Taux de change : 1 USD = 7 190 Francs Guinéens au 20 juin 2012
SIGLES ET ABBREVIATIONS
ABWA Association of Accountancy Bodies in West Africa
APB Association Professionnelles des banques
APIP Agence de promotion des investissements privés
BCRG Banque centrale de la République de Guinée
CAC Commissaire aux comptes
CCIAG Chambre de commerce, d’industrie et d’artisanat de Guinée
CDC Chambre des comptes de la Cour Suprême
CEDEAO Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest
CGA Centre de Gestion Agréés
CIMA Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurances
CNC Commission de Normalisation Comptable
CNSPC Commission de Normalisation et de Supervision de la Profession Comptable
DECOFI Diplôme d’Expertise Comptable et Financière
DNI Direction nationale des impôts
DNIP Direction nationale des investissements publics (MoF)
DNPIP Direction nationale du patrimoine de l’État et des investissements privés (MoF)
DNTCP Direction nationale du trésor et de la comptabilité publique (MoF)
DSRP Document de stratégie de réduction de la Pauvreté
FIDEF Fédération internationale des experts comptables francophones
FMI Fonds monétaire international
GIE Groupement d’Intérêt Economique
GNF Franc guinéen
IARD Incendie Accident et Risques Divers
IDA Association internationale de développement
IAASB International Auditing and Assurance Standards Board
IASB International Accounting Standards Board
IASC International Accounting Standard Committee
IES Normes internationales d’éducation pour les comptables professionnels
IFAC Fédération internationale des experts comptables
IFRS Normes internationales d’information financière
ISA Normes internationales d’audit
MCEF Ministère du contrôle économique et financier
MoE Ministère de l’éducation
MoF Ministère de l’économie et des finances
OHADA Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires
OECA Ordre des Experts-Comptables Agréés de Guinée
PAB Plan d'Action Prioritaire
PAFA Pan African Federation of Accountants
PIB Produit intérieur brut
PME Petites et moyennes entreprises
PPTE Pays Pauvres Très Endettés
ROSC Rapport sur l’application des normes et codes
SARL Société à responsabilité limitée
SMO Énoncé des obligations des membres de l’IFAC
SYSCOHADA Système Comptable OHADA
TPE Très Petites Entreprises
UEMOA Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine
UMOA Union Monétaire Ouest-Africaine
USD Dollar américain
2. Avec une population de 10 millions d’habitants4 et une superficie totale de 245 857
Km2, la Guinée est l'un des pays d’Afrique les plus riches en ressources naturelles. Le pays
comprend quatre régions naturelles: la Basse Guinée, la Moyenne Guinée (abritant notamment la
chaîne montagneuse du Fouta Djalon), la Haute Guinée et la Guinée Forestière. La Guinée dispose
de terres agricoles fertiles, d'importants gisements de minerais (grandes réserves mondiales de
bauxite, gisements de fer, d'or et de diamants) et d’un bon potentiel hydroélectrique (plusieurs
cours d’eau dont les fleuves Sénégal, Gambie et Niger prennent leur source en Guinée). En dépit de
ces nombreuses potentialités, la Guinée reste parmi les pays les moins avancés en Afrique
subsaharienne avec un indice de développement humain fourni par les Nations Unies qui place le
pays au 178ème sur 187 pays dans le monde en 2011.
1
Reports on the Observance of Standards and Codes (www.worldbank.org/ifa).
2
International Financial Reporting Standards. Le terme IFRS recouvre à la fois les normes internationales de
comptabilité (International Accounting Standards ou IAS) antérieurement émises par l’International Accounting
Standards Committee ou IASC (transformé en 2001 en International Accounting Standards Board ou IASB) et les
normes émises depuis 2001 par l’IASB. De nombreux pays ont adopté les IFRS comme normes comptables
d’application obligatoire pour l’établissement des états financiers annuels légaux des entreprises. Depuis le 1er
janvier 2005, l’Union Européenne (UE) requiert que toutes les sociétés cotées ayant leur siège dans l’UE présentent
leurs états financiers consolidés suivant le référentiel IFRS.
3
International Standards on Auditing émis par un organisme autonome au sein de la Fédération Internationale des
Experts-Comptables (International Federation of Accountants ou IFAC). Les normes ISA dans leur version officielle
en anglais peuvent être consultées gratuitement sur le site internet de l’IFAC (www.ifac.org).
4
Dont 35% d’urbains et la capitale, Conakry, est une ville d’environ 2,1 millions d’habitants
5
La Guinée se classe au 179e rang sur 183 pays dans le rapport « Doing Business 2012 ». Par exemple, le délai moyen
d’exécution d’un contrat devant les tribunaux est de 276 jours
5. L’amélioration du climat des investissements est une priorité majeure pour le pays et
le gouvernement a pris des mesures visant à promouvoir l’agriculture et à réformer le secteur
minier. Des politiques ont été engagées pour attirer des investissements (locaux et étrangers) dans
le secteur minier et l'agriculture, avec un accent particulier sur les PME et TPE à moyen terme. Le
Programme d’action prioritaire (PAP) propose des initiatives pour : (i) améliorer le climat des
investissements, (ii) renforcer le soutien financier et non financier au secteur privé, (iii) promouvoir
l'entrepreneuriat, et (iv) faciliter l'intégration et l'accès du secteur privé de la Guinée aux marchés
régionaux. Les premières priorités seront de réviser le cadre politique et juridique pour le
développement du secteur privé (par exemple un code d'investissement révisé), ainsi que de
moderniser le cadre institutionnel (Chambre de commerce et de l’industrie, associations du secteur
privé, agence de promotion des investissements, guichet unique pour les formalités d'entreprise,
etc.). D'autres actions décrites dans le PAP incluent l’adaptation des mécanismes financiers de
soutien au secteur privé, une réforme du code minier, l'amélioration du dialogue public-privé, et des
mesures visant à attirer de gros investissements dans l'agriculture à l'aide de partenariats entre les
petits exploitants, les propriétaires de terres agricoles et les industriels. Dans le cadre de la
promotion des investissements et de l’amélioration du climat des affaires, l’Agence de promotion
6
Ainsi, les investissements directs sont passés de 382 millions USD en 2008 à 141 Millions USD en 2009 avant de
remonter à 303 millions USD en 2010
7
Une Note de stratégie intérimaire est préparée lorsque l'équipe de la Banque n'est pas prête à préparer une Stratégie
d’aide-pays (CAS) complète parce ce (a) qu’il y a un degré élevé d'incertitude qui empêche de clarifier la nature de
l'engagement à long terme; (b) que le pays n'a pas de plan de développement à moyen terme ou de stratégie de réduction
de la pauvreté pour encadrer le programme de la Banque, et/ou (c) que la Banque n’a pas des connaissances suffisantes
sur le pays.
8. Le secteur des assurances connaît un essor important depuis 2007 avec une
augmentation substantielle des primes nettes. Les primes ont augmenté en moyenne de 20% par
8
Offrant l'opportunité aux opérateurs économiques d'effectuer en un même lieu sur un formulaire unique et devant un
seul interlocuteur, les formalités exigées. Possibilité d’obtenir tous les agréments nécessaires à la création d’entreprise en
72 heures selon l’APIP
9
60 à 70% de la population évolue dans le secteur informel et 55 % du PIB est assuré par le secteur informel.
10
Dont 700 grandes entreprises, 1 200 moyennes et 1 800 petites entreprises.
11
Disposant de 80 agences installées à Conakry (environ 60%) et dans quelques grandes villes de l’intérieur
où la BCRG est présente : Labé, Kankan, Kindia,etc.
9. L’Etat guinéen possède des participations significatives dans une soixantaine de sociétés
appartenant à certains secteurs-clés de l’économie. C’est notamment le cas pour la distribution
d’eau, au travers de la Société des Eaux de Guinée (SEG), de la distribution d’électricité (Electricité
de Guinée), les télécommunications (SOTELGUI), le secteur minier (Société des bauxites de
Guinée), le pétrole (Société Guinéenne de pétrole -SGP) ainsi que dans beaucoup d’autres sociétés.
Créée par Arrêté N° A/2011/069/MEF/SGG du Ministre de l’Economie et des Finances, la
Direction du Patrimoine de l’Etat et des investissements privés est chargée de la Gestion du
portefeuille de l’Etat. A ce titre, elle doit tenir et mettre à jour un système d’informations générales
sur le secteur des entreprises publiques et participer à l’élaboration et à la mise en œuvre de la
politique de l’Etat en matière de restructuration des entreprises publiques et parapubliques.
Toutefois, cette direction connaît aujourd’hui de nombreuses difficultés liées à l’absence de base de
données sur les entreprises publiques et les blocages administratifs rencontrés pour l’obtention des
états financiers. De plus, les processus de privatisation des entreprises publiques qui sont en cours
dans le pays impliquent également les ministères de tutelle12 ainsi qu’une Cellule des
investissements privés de la Présidence de la république. Cette situation crée des conflits de
compétence et traduit les problèmes de gouvernance que connaissent les entreprises publiques en
Guinée ainsi que les difficultés actuelles que connait le pays pour se rapprocher des normes de
l’OCDE en la matière.
10. La Guinée a engagé depuis le début des années 2000 un processus d’intégration régionale
avec la ratification du traité de l’OHADA (mai 2002) et plus récemment son adhésion à la
Zone Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO). L’OHADA qui regroupe seize pays vise à
renforcer la sécurité juridique et judiciaire pour favoriser le développement de l’Afrique et
contribuer à la consolidation de l’unité Africaine. Elle instaure à cet effet un espace juridique
commun- des règles unifiées- et un espace judiciaire commun- une juridiction supranationale
exerçant la fonction de Cour Suprême. La Guinée s’est également engagée à participer à la mise en
place à l’horizon 2015 d’une seconde union monétaire au sein de la Communauté Economique des
Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dénommée Zone Monétaire de l’Afrique de l’Ouest
(ZMAO) Cette nouvelle zone monétaire qui devra fusionner avec celle de l’UEMOA en 2020
regroupe les pays à monnaie autonome de la CEDEAO (la Gambie, le Ghana, la Guinée, le Liberia,
le Nigeria et la Sierra Leone) avec des ambitions de convergence concernant la croissance,
l’inflation, le chômage, la gestion des finances publiques et l’adoption d’une monnaie commune.
12
Les directeurs généraux de sociétés ne sont pas nommés par les conseils d’administration mais par décret
présidentiel.
13. Les banques et établissements financiers ainsi que les compagnies d’assurance ne
sont pas soumis au droit comptable OHADA et doivent à la place suivre les normes établies
par les autorités monétaires de la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG). Le
tableau ci-après résume les normes comptables applicables dans le pays pour les banques, les
institutions de microfinance et les compagnies d’assurance:
13
La loi L/2005/010/AN du 04 juillet 2005 adoptant et promulguant la loi portant réglementation des
établissements de crédit en République de Guinée
14
La BCRG s’assure que les publications prévues sont régulièrement effectuées
15
Instruction N°010/DGSIF/DSB du 4 août 2009 relative aux situations comptables et annexes des banques
16
La loi L/2005/020/AN du 22 novembre 2005 adoptant et promulguant la loi relative à l’activité et contrôle
des institutions de microfinance en République de Guinée
16. Les obligations fiscales sur la tenue et la présentation des comptes des entreprises
sont contenues dans le Code Général des Impôts (CGI) de la Guinée. L’article 108 du CGI
précise que les contribuables qui réalisent des bénéfices industriels ou commerciaux sont tenus de
souscrire , au plus tard le 30 avril de chaque année, une déclaration du montant de leur bénéfice
imposable pour l’année précédente. Suivant les dispositions de l’article 109, les entreprises doivent
fournir le bilan, le compte de résultat et des états annexes listés. Les entreprises sont tenues de
présenter à toute réquisition de l’Administration fiscale tout document comptable ainsi que les
comptes rendus des délibérations du conseil d’administration ou des assemblées générales et les
rapports du commissaire aux comptes. Les entreprises peuvent également joindre à leur déclaration
les observations essentielles et les conclusions des experts comptables ou comptables agréés
chargés d’établir et de contrôler ou apprécier leur bilan et leur compte de résultat. Le contribuable
qui n’a pas respecté cette obligation voit son impôt majoré de 10% avec un minimum de 10 000
GNF (article 29 du CGI).
17. Les états financiers des banques et établissements financiers, des compagnies
d’assurances et des institutions de microfinance doivent être certifiés par un commissaire aux
comptes dûment habilités19 et dont la nomination a reçu l’agrément du Comité des Agréments
de la Banque centrale. Concernant les établissements de crédit, l’Instruction
N°011/DGSIF/DSB/2009 du 4 août 2009 relative aux conditions d’exercice des activités des
commissaires aux comptes des établissements de crédit agréés précise que le CAC doit posséder un
minimum de cinq (5) ans d’expérience dans l’exécution de mandat de vérification des
établissements de crédit. Des incompatibilités sont également fixées par l’article 5 de la même
instruction. La mission du CAC est de certifier les comptes annuels indiqués au paragraphe 22 ci-
17
Instruction N°I/2007/0022/DGI/DIMF/ relative à la Charte comptable des institutions de microfinance
(IMF) et organes faîtiers. La Charte comptable contient une nomenclature et un contenu des comptes
18
Loi L/95/022 du 12 juin 1995 portant Code des assurances.
19
Le Commissaire aux comptes doit être membre de l’Ordre des Experts comptables Agréés de Guinée.
L’Instruction N°012/DGSIF/DSB/du 4 août 2009 détermine la liste des pièces constitutives du dossier de
demande d’agrément des établissements de crédit de la catégorie Banque ou établissement financier des
commissaires aux comptes. En outre, l’Annexe 24 de l’Instruction N°010/DGSIF/DSB du 4 août 2009 prévoit
des informations annuelles à fournir par la banque sur le CAC dont la référence à l’inscription au tableau de
l’ordre. L’article 17 de la loi bancaire précise qu’un second CAC peut être exigé par la BCRG en cas de
besoin.
19. Le dispositif légal pour la mise en place de Centres de Gestion Agréés (CGA)
destinés à assister et encadrer les petites et moyennes entreprises (PME) et très petites
entreprises (TPE) en matière de gestion et de comptabilité n’est pas encore adopté en Guinée.
Le tissu économique de la Guinée est caractérisé par un nombre important d’entreprises non
structuré qui ne tient pas une comptabilité par manque de moyens ou par ignorance. La mise en
place de centre de gestion agréé permettrait de leur apporter l’assistance nécessaire accompagnée
par des incitations fiscales et de les structurer davantage. Le CGA a pour objectifs : (i) de créer les
conditions d’une transition des entreprises vers le secteur formel, (ii) d’améliorer l’organisation et
la gestion des TPE et des PME et (iii) d’assurer la formation des membres et de leur apporter une
assistance comptable et fiscale. Le secteur privé, à travers la Chambre de Commerce, d’industrie et
d’artisanat de Conakry, conduit actuellement une réflexion pour la mise en place de CGA. Un
projet de texte de loi a d’ailleurs été préparé pour être soumis aux autorités en vue de son adoption
pour la promotion et le développement des PME en Guinée. Les autorités du pays, par le biais de la
DNI et en relation avec l’Ordre des Experts comptables agréés, le patronat et la Chambre de
20. Le contrôle des sociétés du secteur public et parapublic est caractérisé en Guinée par
une multiplicité des organes de contrôle externe souvent sans moyens adéquats au plan
institutionnel, technique et financier. Ainsi, le contrôle des entreprises publiques est conféré par
la loi à quatre (4) structures : la Chambre des comptes, le Comité d’audit de la Présidence de la
République, le Ministère du Contrôle Economique et Financier et l’Inspection Générale des
Finances du Ministère de l’Economie et des finances. La Chambre des comptes de la Cour Suprême
a été créée par la loi organique n° 91/008 du 23 décembre 1991 portant attributions, organisation et
fonctionnement de la Cour Suprême. Depuis sa création, les attributions, l’organisation et le
fonctionnement de la Chambre des comptes n’ont toujours pas été déterminés. En l’absence de
définition de ses missions, la Chambre des Comptes demeure manifestement, en l’état, dans
l’incapacité d’effectuer le contrôle des entreprises publiques20 du fait de ces déficiences
administratives et de ses insuffisances en ressources humaines compétentes 21, matérielles et
financières. Le projet de création d’une Cour des comptes envisagé en Guinée n’est pas encore
effectif. Le Comité d’audit de la Présidence de la République effectue des contrôles sur saisine de
Monsieur le Président de la République. L’article 2 du Décret D/2012/N°018/PRG/SGG du 9
février 2012 portant attributions et organisation du Ministère du Contrôle Economique et Financier
précise que le Ministère est l’institution administrative supérieure de contrôle de l’Etat22. Le
Ministère compte un service de contrôle spécialisé qu’est l’Inspection générale d’Etat avec 93
inspecteurs et contrôleurs. L’Inspection Générale des Finances (IGF) est régie par le décret
n°062/PRG/SGG du 5 mai 1997, portant attributions et organisation du Ministère de l’Economie et
des Finances. Ses missions portent sur la vérification des comptes de toutes les entités et entreprises
publiques. L’IGF compte environ 80 inspecteurs qui n’effectuent actuellement que des missions
confiées par l’autorité. A l’analyse, on peut constater que les contrôles de l’IGF et de l’IGE sont
redondants et cette situation ne répond pas à un objectif d’efficacité et d’efficience. D’ailleurs, les
deux organes souffrent d’insuffisances de moyens humains compétents et financiers. Dans le but de
renforcer la concertation entre les différentes structures de contrôle administratif de l’Etat, un
Décret N°2012/019/PRG/SGG du 9 Février 2012 portant création, attributions, organisation et
fonctionnement du Cadre Permanent de Concertation des Corps de contrôle a été pris. Toutefois,
l’objectif recherché ne semble pas être atteint pour le moment puisqu’aucune décision majeure de
rationalisation des activités des différents services de l’Etat n’a été obtenue.
20
Sur 60 entreprises de l’Etat, la Chambre des comptes ne reçoit pas plus de 4 états financiers pour un
contrôle budgétaire, de gestion et juridictionnel
21
La Chambre des comptes ne compte que 7 magistrats conseillers référendaires
22
A ce titre, il est chargé notamment : (i) d’assurer le contrôle permanent de l’exécution des opérations
financières des administrations et établissements publics, des collectivités locales, des autres organismes
publics et de toutes autres entités bénéficiant du concours de l’Etat soit à titre de prêt, de subvention, de
garantie ou d’aval ; (ii) de contrôler l’exécution des marchés publics conformément à la législation en vigueur
et (iii) de contrôler l’exécution des projets et programmes publics de développement. L’article 10 de ce décret
précise qu’en aucun cas et sous aucun prétexte, aucune opposition ne peut être faite aux demandes de
communication d’informations du Ministère du Contrôle Economique et Financier sous peine de l’application
des dispositions de la loi en la matière.
22. Malgré l’existence de ces textes, force est de constater aujourd’hui que des difficultés
de fonctionnement importantes se posent pour faire progresser l’Ordre des Experts
comptables agréés de Guinée. L’arrêté d’application prévoit une Assemblée Générale des
membres inscrits au tableau de l’Ordre et à jour de leur cotisation professionnelle qui se réunit
annuellement. Elle élit un Bureau de huit membres composé : du Président, du Vice-Président, du
Secrétaire Général, du Trésorier et de quatre membres. Les textes ne prévoient pas de commissions
chargées des questions techniques. Un représentant de l’Etat auprès de l’Assemblée générale et du
Bureau de l’Ordre est nommé par arrêté du ministre chargé des Finances. Une Chambre de
discipline, constituée par deux membres de l’Ordre et un magistrat du siège qui en assure la
présidence, est également prévu par l’article 62 de l’Arrêté d’application. La mission constate que
la plupart de ces organes ne fonctionnent plus depuis plus de deux ans (Assemblée générale) ou
n’ont jamais fonctionné (représentation de l’Etat, chambre de discipline). Le Bureau de l’Ordre qui
se réunit actuellement est jugé illégal par certains professionnels puisque le mandat de ses membres
est arrivé à terme depuis plus de deux ans. Par ailleurs, le Code des devoirs professionnels et le
Règlement intérieur prévus par les textes ne sont pas adoptés et une assurance professionnelle n’est
pas également effective au sein de la profession. Des actions visant à faire une mise à jour des
textes et à faire fonctionner les organes de l’Ordre sont aujourd’hui nécessaires et urgentes.
L’Ordre souffre également d’insuffisances de moyens financiers puisque le montant des cotisations
des membres23 semble faible pour couvrir le budget de 80 millions GNF fixé et faire fonctionner
l’institution. Cette situation était d’ailleurs en partie à l’origine du non-respect des conditions fixées
par la Banque Mondiale concernant les ressources mises à disposition dans le cadre de l’IDF Grant
puisque l’Ordre n’avait pu mobiliser le budget de la contrepartie qui était nécessaire. Cette mutation
institutionnelle de l’Ordre constituerait un atout majeur pour le développement de la profession
comptable en Guinée, car il faciliterait notamment la transparence dans l’accès à la profession, le
développement de la formation comptable initiale et continue, assisterait ses membres à la mise en
œuvre de normes comptables, d’audit et de déontologie au niveau national, faciliterait le
développement du contrôle qualité, et s’assurerait que les professionnels comptables respectent les
principes déontologiques qui leur sont applicables.
23. Le marché de l’audit est encore caractérisé par un nombre d’experts comptables
limité avec une prédominance des grands cabinets internationaux. Au 31 décembre 2011, 41
personnes physiques24 et 20 personnes morales étaient inscrits à l’Ordre. Les dispositions
réglementaires ne prévoient pas le statut de comptables agréés ou de membres salariés. Par
conséquent, l’Ordre regroupe exclusivement les experts exerçant à titre libéral. L’article 70 de
l’arrêté d’application indique toutefois que l’Etat peut faire appel à un membre de l’Ordre pour son
utilisation dans l’administration publique. Dans ce cas, le membre de l’Ordre consentant est placé
en affiliation pour raison de service public. Le marché est principalement dominé par les missions
d’audit et de commissariat aux comptes des sociétés minières, pétrolières, des banques, des
compagnies d’assurances, des filiales d’entreprises étrangères et les audits financiers de projets des
23
300 000 GNF pour une personne physique et 500 000 GNF pour une personne morale
24
Dont sept titulaires du Diplômes d’Expertise comptable français et trois (3) titulaires du CPA américains.
24. Les conditions d’accès pour être Experts comptables de l’Ordre sont définies par
l’article 4 de l’Arrêté d’application de 1995. Pour être inscrit au tableau de l’Ordre, il faut être de
nationalité guinéenne, avoir la majorité civile, être de bonne moralité, avoir une résidence fiscale en
Guinée et avoir satisfait aux dispositions de la réglementation en vigueur en matière de stage ou en
avoir été dispensé. Un des principaux handicaps de l’Ordre réside aujourd’hui dans cette absence de
clarté dans les critères d’agrément liés surtout au diplôme. En effet, l’article 38 qui fixe les
conditions d’admission au stage précise que les diplômes suivants sont requis : (i) D.E.S.- Diplômes
de fin d’études supérieures de l’Université guinéenne (option comptabilité et gestion) ou tout autre
diplôme reconnu équivalent par le Ministre chargé de l’Enseignement supérieur, (ii) D.E.C.S.-
Diplôme d’Etudes Comptables Supérieures et (iii) DECF-Diplôme d’Etudes comptables et
Financières. La principale difficulté est dans l’obtention du diplôme D.E.S. de l’Université
guinéenne qui n’existe plus. En pratique, il faut passer par l’équivalence du Ministère de
l’Enseignement supérieur qui est délivrée difficilement et avec le consentement de l’Ordre pour être
accepté. Par conséquent, il faut rendre ces critères transparents et en ligne avec les exigences de
l’IFAC en la matière. L’Ordre ne compte aujourd’hui qu’un stagiaire, ce qui est très insuffisant
pour le renouvellement de la profession en Guinée. Pour ceux qui exercent déjà, un programme de
formation continue renforcé devrait être mis en œuvre puisqu’aucune action de formation n’est
organisée par l’Ordre.
25. Les Autorités du pays en collaboration avec l’Ordre doivent renforcer le cadre légal
et institutionnel pour faciliter le développement de l’Organisation professionnelle comptable
en conformité avec les sept SMO émises par l’IFAC. L’appartenance de la profession à des
organisations comptables internationales comme la Fédération Internationale des Experts
Comptables Francophones (FIDEF)26 doit être favorisée dans la mesure où ces organisations
soutiennent le développement de la profession comptable et encourage le partage de bonnes
pratiques comptables et d’audit. L’OECA Guinée devrait être également membre actif de l’
Association of Accountancy Bodies in West Africa (ABWA) et de la Pan African Federation of
Accountants (PAFA) regroupant respectivement les Experts comptables d’Afrique de l’ouest et de
l’Afrique. Les Autorités doivent engager un processus dont l’objectif est le respect à terme par
25
Selon l’article 10 de l’Arrêté d’application de 1995, les 2/3 du capital de la personne morale doivent être
détenus par des Experts comptables agréés de l’OECA pour permettre au cabinet de s’inscrire au tableau.
26
La FIDEF est un forum d’échange et de coopération entre organismes représentatifs de la profession
comptable au sein du monde francophone et est un regroupement comptable reconnu par l’IFAC ; à ce titre
elle s’est dotée d’un plan stratégique qui vise à soutenir ses membres dans leur démarche d’implantation des
SMO
27
L’IAASB, l’IAESB, l’IESBA et l’IPSASB sont des conseils de normalisation de l’IFAC
A l’analyse, la conclusion est que l’OECA de Guinée ne satisfait à aucune des exigences
des SMO. Le fonctionnement des organes de l’Ordre et le renforcement de ses capacités
technique, institutionnelle et financière adéquat et couplé avec la création de la
Commission nationale de Normalisation Comptable apparaît comme un préalable à tout
progrès vis-à-vis des exigences des SMOs.
27. Face à cette situation, plusieurs écoles privées ont vu le jour depuis 1984
particulièrement à Conakry. Ainsi, 59 universités privées ont été créées en Guinée dont 35 qui
fonctionnent et reçoivent des boursiers guinéens. Ces écoles doivent soumettre un dossier qui fait
l’objet d’un arrêté ministériel lors de son acceptation. Le contenu du programme est différent selon
ces écoles et la qualité de l’enseignement en comptabilité et audit présente de nombreuses
faiblesses en termes de matières, volume horaire et ressources humaines. Pour avoir l’agrément, les
écoles doivent subir trois (3) évaluations positives alors que seule la 1ère évaluation est en cours de
réalisation. Les principales faiblesses relevées lors de cette évaluation résident dans le manque de
professeurs permanents et dans la gouvernance universitaire ainsi que l’existence de programmes
non validés par le Ministère en violation des filières instituées par la Direction nationale de
l’enseignement supérieur privé. L’université privée la plus importante semble être l’université Koffi
Anane créée en 2003 qui accueille environ 1 000 étudiants dans sa filière Gestion/ comptabilité. En
2012, 124 étudiants ont suivi les cours de 4ème année. La plupart des acteurs économiques
rencontrés reconnaissent la baisse du niveau en comptabilité et les tests de recrutement organisés
par le secteur privé ou les professionnels comptables le confirment. Par conséquent, les écoles
devraient accorder une plus grande attention aux attentes du secteur privé en matière de
comptabilité et d’audit.
30. Les textes de l’OECA de Guinée ne régissent pas la formation continue obligatoire
des professionnels. La formation continue n’est pas réglementée au plan national et sous régional.
En pratique, chaque cabinet organise la formation continue de son personnel. Ainsi, les
professionnels qui ne sont pas membres des grands réseaux internationaux n’ont pas les moyens
pour payer les coûts de la formation. L’OECA de Guinée devrait impliquer davantage les grands
cabinets internationaux dans le fonctionnement de l’Ordre pour renforcer les capacités de ses
membres. Il pourra également faire jouer davantage son partenariat avec la FIDEF pour organiser
des actions de formation au profit de ses membres. La formation professionnelle continue est
considérée comme impérative pour permettre aux professionnels de la comptabilité de conserver un
niveau technique et une compétence professionnelle suffisants pour pouvoir offrir la qualité de
service nécessaire et en particulier pour que les auditeurs remplissent leur fonction de contrôle
efficacement. Tel que mentionné ci-dessus, il est particulièrement important de développer des
programmes de formation continue qui sont mis à jour régulièrement pour tenir compte des
nouvelles normes comptables, d’audit et de déontologie et s’assurer que les professionnels
comptables ont une bonne connaissance et compréhension des normes qu’ils sont censés appliquer.
31. Les normes comportent des principes, des règles, des méthodes intégrées dans un
référentiel comptable. Pour être applicable, ce référentiel doit fréquemment être lui-même intégré
au sein d’un droit comptable. La normalisation comptable a pour objectifs:
33. Une commission de Normalisation Comptable CNC OHADA a été créée pour
assister le Conseil des Ministres de l’OHADA dans son rôle de normalisateur comptable, la
Commission nationale pour le Guinée n’a toutefois pas encore été mise en place. Le règlement
instituant une Commission de Normalisation Comptable (CNC OHADA) auprès du secrétariat
permanent a été adopté par le Conseil des Ministres de l’OHADA lors de sa réunion tenue en
décembre 2008 à Dakar. L’article 3 du règlement stipule que : « la CNC OHADA est un organisme
consultatif et de proposition de normalisation comptable ayant pour objet d’assister l’OHADA dans
l’interprétation, l’harmonisation et l’actualisation des normes comptables dans les Etats parties ; la
CNC OHADA assure la coordination et la synthèse des recherches théoriques et méthodologiques
relatives à la normalisation et à l’application des règles comptables ; la CNC OHADA, sur
invitation du Secrétariat permanent, a notamment pour fonction l’élaboration de tout projet de
réforme des règles comptables ». Au plan national, la Guinée ne dispose pas d’une Commission
nationale de normalisation comptable responsable de la transposition au niveau national des normes
adoptées par la CNC OHADA. La CNC Guinée devrait être une force de propositions pour la bonne
application et la mise à jour des normes du système comptable OHADA.
35. Au plan national, les textes régissant l’Ordre des Experts comptables n’ont pas prévu
une commission chargée des normes professionnelles. Le Représentant de l’Etat auprès de
l’Ordre devra être désigné par le Ministère de l’Economie et des Finances qui assure la tutelle et la
supervision de la profession. A cet effet, il devra notamment veiller : (i) au bon fonctionnement de
l’Ordre Professionnel des Experts comptables agréés de Guinée; (ii) à la mise à jour des textes de la
profession comptable ; (iii) à la définition de critères transparents pour l’accès à la profession.
39. Dans le secteur des assurances, les contrôles sur les comptes des sociétés sont
effectués par la Direction de l’Inspection du secteur des assurances de la BCRG. La Banque
Centrale dispose de pouvoir de contrôle et de sanctions importantes telles que l’avertissement, le
blâme, la suspension ou l’interdiction de certaines opérations, la suspension des dirigeants et le
retrait d’agrément. Les résultats des contrôles sur site de la BCRG donnent lieu à un rapport
contradictoire – la compagnie pouvant formuler des réponses aux observations des vérificateurs – et
sont communiqués au Conseil d’administration de l’entité contrôlée et au commissaire aux
comptes. La fréquence des contrôles est d’environ un tous les deux ans en moyenne. La Direction
des assurances de la BCRG dispose de 11 commissaires contrôleurs dont cinq (5) nouveaux
commissaires récemment recrutés.
28
Contrairement aux délais fixés par l’OHADA qui donne au CAC la possibilité de transmettre son rapport
de certification jusqu’au 15 juin de l’année.
29
Cette pénalité s’applique lorsque 60 jours après la fin de l’exercice financier, le CAC n’a pas débuté ses
travaux.
41. Le Système Comptable OHADA connait des différences significatives avec les
normes internationales IFRS. Le Système Comptable de l’OHADA a été conçu pour remplacer le
PCG OCAM jugé obsolète et se conformer aux normes internationales (IAS 2003) tout en
répondant aux spécificités de l’environnement économique des entreprises et faciliter la mise en
application de ce nouveau plan. Le Système Comptable Ouest Africain (SYSCOA), mis en place en
1998 dans l’espace UEMOA et repris par la suite par l’OHADA avec quelques amendements avait
intégré les apports des normes internationales IAS/IFRS de l’époque. Même si ce système comporte
tous les outils nécessaires pour répondre aux besoins de la plupart des entreprises des pays de la
zone, il a besoin aujourd’hui d’être simplifié, modernisé et d’inclure des mécanismes d’adoption
continue des normes internationales IFRS. Des réflexions sont en cours au sein de l’OHADA et de
l’UEMOA pour faire converger le Système Comptable OHADA vers les normes IFRS. A la suite
de plusieurs consultations lors des Journées Ouest Africaines de la Comptabilité en Juillet 2009 à
Abidjan et d’un atelier technique sur les IFRS à Dakar ainsi que des réunions de mars 2010 à
Ouagadougou, la CNC OHADA s’oriente vers l’adoption immédiate des IFRS pour les entreprises
d’intérêt public dès 201230 et l’adoption progressive des normes IFRS pour les Petites et Moyennes
Entreprises (PME) et toutes les autres entreprises sur la période allant de 2012 à 2018. Bien que le
délai de convergence semble relativement long, le principe d’une adoption progressive des normes
IFRS pour les PME est une bonne option compte tenu de la taille des entreprises dans l’espace
OHADA. L’équipe ROSC a noté que certaines sociétés filiales de groupes internationaux (Rio
Tinto, BSRG, Vale, etc) préparent, en plus des états financiers Syscohada, des comptes suivant les
référentiels IFRS ou US GAAP. Ces états sont préparés en interne ou avec l’assistance des grands
cabinets internationaux. La comparaison des normes du système comptable OHADA avec les
normes IFRS d’une part, et IFRS PME d’autre part, ayant été déjà faite31, l’étude ROSC en Guinée
a pris l’option de ne pas la reconduire et de résumer les principales conclusions qui portent sur
l’architecture, le cadre conceptuel, la présentation des états financiers et les règles spécifiques de
comptabilisation et d’évaluation.
42. Aux termes de la comparaison, il ressort que le Système Comptable OHADA, malgré
les différences significatives avec les normes IFRS, a des atouts qu’il convient de conserver au
moment des travaux d’harmonisation. (1) Pour les besoins d’information financière, il a été
retenu trois catégories d’entreprises : le système normal, le système allégé et le système minimal de
trésorerie. Mais la définition de ces trois catégories et les allégements à envisager pour les
moyennes et les micro-entreprises en matière comptable restent à définir. (2) Il existe une
nomenclature de comptes qui facilite la tenue de la comptabilité et constitue un facteur
d’harmonisation. Lors de la mise en œuvre de la convergence vers les normes IFRS, cette
nomenclature doit être revue et adaptée. (3) L’existence de règles pour la tenue de la comptabilité
(book keeping) et son organisation constituent également un atout pour le Système Comptable
OHADA. Toutefois, le maintien de ces atouts pourrait être en contradiction avec la
30
Le nombre d’entreprises concerné serait limité : environ une cinquantaine.
31
Confère rapports ROSC du Bénin, du Togo, de la Côte d’Ivoire, et du Sénégal disponibles sur le site web
suivant http://www.worldbank.org/ifa/rosc_aa.html
43. Même si la Guinée ne dispose pas d’un Plan comptable bancaire, l’étude ROSC a
retenu de rapprocher les règles comptables applicables aux établissements de crédit
annoncées dans la loi bancaire et précisées par les instructions de la Banque Centrale avec les
normes IFRS. Les règles contenues dans la loi bancaire définissent et déterminent : (1) le cadre
légal et réglementaire général, (2) les documents de synthèse et la transmission des documents de
synthèse. Ces règles s’inspirent du Plan comptable bancaire dans les pays membres de l’UMOA qui
connaît des différences importantes avec les IFRS sur ces deux aspects. Dans la pratique, les
établissements de crédit présentent les états comptables exigés par la BCRG suivant les formats
types requis et sur la base de leur propre système d’information. Certaines banques, filiales de
grands groupes, pour être en mesure d’élaborer leur reporting groupe, sont obligées d’adapter leur
comptabilité aux normes internationales IFRS. Eu égard à l’environnement international, à
l’évolution des normes comptables internationales et, à la nécessité de pouvoir comparer
l’information financière produite avec celle d’institutions implantées dans d’autres pays, le secteur
bancaire ne peut pas rester en marge de ce mouvement. La mise en place d’un Plan comptable
bancaire en cohérence avec les IFRS doit pouvoir se réaliser à court et moyen terme. En termes de
présentation d’ensemble des états financiers établis, on peut noter tout d’abord que, dans l’article
49 de la loi bancaire, ceux-ci n’incluent ni le tableau des flux de trésorerie ni celui des variations de
capitaux propres, et que le « hors-bilan » constitue un état financier à part entière, ce qui s’explique
par le caractère sensible et l’importance en termes de volume de transactions des engagements hors-
bilan dans le secteur bancaire (cautions, garanties, sûretés, etc.). En termes de règles d’évaluation
des actifs et passifs, les principales différences entre les règles comptables bancaires et les normes
IAS portent sur les points suivants :
Informations exigées par l’IFRS 7 : la loi bancaire, en son article 49, prévoit les
documents de synthèse et la liste des informations à produire sous forme d’annexes par
les établissements de crédit pour fournir les informations complémentaires nécessaires
aux lecteurs des états financiers. Les informations requises sont nettement en deçà de
celles prévues par l’IFRS 7 relative aux instruments financiers notamment en ce qui
concerne la juste valeur, la nature et l’étendue de la gestion des risques (risque de
crédit, risque de liquidité, risque de change, etc.) ; ce point concernant la gestion des
Hors bilan : le bilan des banques renferment des sommes importantes en hors bilan.
Les IFRS ne présentent pas d’opérations en hors bilan. La plupart des éléments
concernés sont soit au bilan, soit en annexes.
L’existence dans les règles comptables appliquées par les Etablissements de Crédit
de « provisions pour risques et charges». Les normes IFRS excluent que ces risques
puissent être couverts par une provision car ils ne correspondent pas à une obligation
ou à un risque identifié de non-recouvrement.
44. Les règles comptables du Code des assurances et des instructions de la Banque
centrale se distinguent nettement de celles que préconisent les IFRS sur plusieurs aspects
essentiels. L’Instruction N°1/97/15/REA du 3 juin 1997 qui régit le Plan comptable particulier à
l’assurance et à la capitalisation n’a pas subi d’évolution depuis sa mise en place de nature à être
conforme aux normes internationales IFRS. Les principales divergences entre le Plan comptable des
assurances de la Guinée et les IFRS sont les suivantes :
Tableaux des flux de trésorerie et des variations de capitaux propres des normes
internationales non prévus par le Plan comptable ;
Existence dans le Plan comptable des provisions réglementées qui n’existent pas dans
les normes internationales (i) provisions pour garanties des moins values sur titres
gérés, (ii) provisions pour plus values à réinvestir, pour dépréciation des placements
admis en couverture, et (iii) provisions pour avances de commissions reçues des
réassureurs ;
Existence dans le Plan comptable de provisions techniques retenues à l’article 206 du
Code des Assurances qui ne correspondent pas aux critères définis par la norme IAS
37. Il s’agit : (i) des provisions pour risques en cours, (ii) des provisions pour sinistres à
payer, (iii) provisions pour risques croissants et (iv) des provisions pour égalisation ;
les annexes produites par les sociétés d’assurances ne donnent pas en quantité et en
qualité les informations exigées par les normes IFRS et en particulier l’IFRS 7.
Le Plan comptable du secteur des assurances en Guinée, inspiré du code CIMA32 est bâti sur le coût
historique. Or, on peut estimer que le principe de la juste valeur est mieux adapté aux compagnies
d’assurance. Les états financiers sont conçus avant tout comme un outil d’information à l’usage des
organes de contrôle et non des actionnaires, des souscripteurs ou de toute autre partie intéressée.
45. Résultats de la revue d’un échantillon d’états financiers d’entreprises. Sur la base des
états financiers de 2011 collectés et revus par l’équipe ROSC au niveau de la Direction Nationale
des Impôts, il ressort une application insuffisante des normes comptables SYSCOHADA quant au
niveau d’information fournie. Les principales observations sur un échantillon de 30 entreprises
composées de 20 grandes sociétés de différents secteurs - pétrole (4), mines (4), BTP (4),
assurances (4), banques (4)- et de dix PME sont résumées ci-après
L’Etat annexé est très insuffisamment rempli. Il est présenté sans principes et méthodes
comptables et on se contente de lister les tableaux prévus par le SYSCOHADA ; aucun
32
Traité du 10 Juillet 1992 (entré en vigueur en 1995) et Amendements approuvés par le Conseil des
Ministres des Finances de la Zone Franc (UEMOA et Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique
Centrale). La CIMA siège à Libreville et compte 14 membres, tous membres de l’OHADA (mais deux
membres de celle-ci, les Comores et la Guinée n’en font pas partie).
Dans l’ensemble, les problèmes relevés par l’équipe du ROSC mettent en évidence l’utilité limitée
des états financiers pour les utilisateurs – qu’ils soient actionnaires, investisseurs potentiels ou
prêteurs – en tant qu’outil pour la prise de décision. Le développement de l’investissement privé en
Guinée requiert le renforcement de la qualité des états financiers des entreprises.
46. Les normes techniques d’audit applicables en Guinée n’ont pas été définies et
codifiées. Ainsi les professionnels, de par leur formation française, utilisent pour la plupart les
normes de la Compagnie Nationale des Commissaires aux Comptes (CNCC) de France pour les
audits. Aucun séminaire de formation au profit de ses membres n’a été organisé par l’Ordre en
matière de normes ISA. Certains rapports d’audit de cabinets revus par la mission font référence à
des normes professionnelles qui ne sont pas définies dans le pays. Par ailleurs, les travaux de la
mission ROSC et la revue des cabinets d’audit effectuée par la Banque Mondiale en mai 2008
révèlent de nombreuses lacunes dans la conduite des missions d’assurance, s’agissant des normes
ISA. Les plus significatives sont (i) une mise en œuvre insuffisante des diligences d’audit par
l’auditeur du fait du déficit de formation des équipes d’audit, (ii) l’insuffisance dans la
formalisation du dossier de travail de l’auditeur, et dans la justification de l’opinion formulée dans
le rapport d’audit, (iii) le manque de précision s’agissant des normes d’audit et des normes
comptables appliquées dans les rapports et (iv) la formulation d’une opinion non pertinente. De ce
qui précède, le développement d’activités de formation destinées à soutenir la mise en œuvre des
normes d’audit et de déontologie, la mise en place à moyen terme d’un dispositif d’assurance
qualité de l’activité professionnelle des membres de l’Ordre et le renforcement des activités de la
Chambre disciplinaire de l’OECA-Guinée permettront d’assurer la qualité de la pratique comptable
et d’audit en guinée, et le respect des règles de déontologie de la profession.
47. Sur plusieurs aspects, le cadre réglementaire et l’environnement dans lequel sont
exercées les missions d’audit d’états financiers en Guinée ne favorisent pas une bonne
application des normes professionnelles. On peut retenir en particulier les facteurs suivants :
L’absence des normes professionnelles d’audit. Comme indiqué plus haut, le pays ne
dispose pas de normes d’audit officiellement publiées pour les membres de l’Ordre ;
48. De l’avis des parties prenantes rencontrées lors de la mission ROSC, la qualité de
l’information financière produite en Guinée par les entreprises s’améliorera avec : (i) la mise
en place de CGA performants, (ii) la mise en place d’une Centrale des bilans accessible au public et
aux banques, (iii) le renforcement de la crédibilité de l’Ordre qui passe par la mise à jour des textes,
le fonctionnement de ses organes, l’adoption de normes professionnelles, la mise en place d’un
système d’assurance qualité de l’exercice professionnel à moyen terme et le renforcement de la
formation professionnelle continue de ses membres.
49. La pression fiscale jugée très forte en Guinée constitue un frein majeur au respect
des règles comptables et à la transparence financière. Dans le souci d’échapper à l’imposition,
de nombreuses entreprises appartiennent toujours au secteur dit « informel » et ne produisent ainsi
aucune information comptable. La création de CGA dont l’objectif est de renforcer le secteur dit
formel est appelée par le secteur privé pour promouvoir les TPE et PME.
50. Tout en reconnaissant les progrès importants apportés par le Système comptable
OHADA, nombre de professionnels et d’observateurs mettent en avant les difficultés de leur
mise en œuvre. Parmi les principales difficultés mentionnées, sont signalés en particulier :
un manque de doctrine sur l’application comptable ;
33
Au sens de comités spécialisés du Conseil d’Administration tels qu’envisagés dans les Principes de Gouvernement
d’Entreprise de l’Organisation pour la Coopération et Développement Économique (consultables sur
www.oecd.org/dataoecd/32/19/31652074.PDF).
51. La plupart des personnes interrogées dans le cadre du ROSC A&A insistent sur la
nécessité de renforcer la crédibilité de la profession comptable en Guinée, en particulier sa
contribution dans la fiabilité de l’information financière. Les utilisateurs des états financiers
dénoncent la qualité relativement faible des états financiers et l’existence de bilans multiples en
fonction des besoins. Ils déplorent l’absence de rigueur de certains membres de la profession
comptable qui apposent leurs signatures sur des liasses présentant manifestement des incohérences.
La mutation institutionnelle de l’OECA devrait contribuer à renforcer la qualité de la profession
comptable et viser sa meilleure reconnaissance. La profession devra surtout s’affirmer par la qualité
de ses membres et de ses prestations de services. Les chefs d’entreprises et les professionnels
s’accordent en effet pour considérer que la profession comptable doit jouer un rôle majeur dans la
recherche d’une information financière de meilleure qualité.
VI. RECOMMANDATIONS
52. L’objectif premier de cette évaluation ROSC A&A en Guinée est d’appuyer les
efforts des autorités guinéennes pour renforcer la pratique comptable, améliorer le rôle des
auditeurs et augmenter la transparence financière dans les secteurs privé et parapublic. Les
objectifs de développement associés aux recommandations présentées dans ce rapport sont : (a) la
stimulation de l’investissement privé et l’amélioration de la compétitivité des entreprises, (b) une
meilleure gouvernance au sein du secteur marchand privé ou parapublic et (c) l’intégration accrue
de l’économie guinéenne au plan international, en particulier en Afrique. Sur la base des
recommandations énoncées ci-après et des discussions qui auront lieu lors du séminaire de
restitution associant l’ensemble des parties prenantes à Conakry, un plan d’action sera ébauché
ultérieurement en vue de la mise en œuvre des actions d’amélioration, sous l’égide du
Gouvernement guinéen avec l’assistance de la Banque mondiale et des autres bailleurs de fonds qui
souhaiteront s’y associer.
54. Les recommandations du ROSC Comptabilité et Audit sont de nature à apporter des
avancées significatives à nombre de secteurs de la société guinéenne, en particulier :
NORMES COMPTABLES
58. Recommandation N°4 : engager les acteurs à mettre en place une Commission de
normalisation Comptable (CNC OHADA) en Guinée. Conformément aux dispositions
pertinentes de l’OHADA, la Guinée devrait se doter d’une CNC nationale chargée d’évaluer
l’application du système comptable OHADA, de faire des propositions à la CNC OHADA régional
et de transposer et mettre en œuvre au plan national les actions de la Commission.
59. Recommandations N°5 : adopter les textes pour la mise en place de CGA34 en Guinée
à travers un partenariat public-privé. Les autorités devraient appuyer le secteur privé et la
profession comptable pour instaurer un cadre approprié pour la promotion des PME et TPE. Ainsi,
des avantages fiscaux pourraient être accordés aux membres des CGA et un dispositif d’assistance
et d’accompagnement en gestion financière et comptable mis en place et mis en œuvre avec
l’assistance technique à la mise en œuvre exclusive de l’ordre des experts comptables.
34
L’objectif de la création des CGA est (i) de susciter une plus grande motivation des entrepreneurs vis-à-vis
d’une bonne gestion et d’une comptabilité transparente, (ii) d’améliorer la gestion des entreprises adhérentes,
et de promouvoir une culture comptable et fiscale.
62. Recommandation N° 8 : encourager les Autorités du pays à engager des actions pour
assister l’organisation professionnelle comptable du pays à progresser vis-à-vis des
Déclarations des Obligations des Membres de l’IFAC en développant et en mettant en œuvre
une feuille de route qui pourrait être financée par des bailleurs de fonds. Le fonctionnement
des organes de l’Ordre et la mise à jour de ses textes de base sont impératifs pour envisager un
rapprochement avec les organisations professionnelles internationales et une candidature à l’IFAC
(moyen et long terme), soutenir le développement de la profession comptable, et renforcer la
qualité de l’information financière dans le pays. Cette feuille de route devrait notamment inclure (i)
l’adoption de normes professionnelles et le soutien à la mise en œuvre de ces normes par le
développement d’actions de formation et le développement de guides de mise en œuvre, (ii)
l’adoption et la mise en œuvre des normes de formation initiale et continue en conformité avec les
normes internationales de formation de l’IAESB ; (iii) le soutien à l’adoption de normes
internationales de contrôle qualité; (iv) le soutien à la mise en œuvre du Code de déontologie de
l’IESBA ; (v) le développement de mécanismes d’enquête et de discipline permettant de s’assurer
que les membres de l’Ordre respectent les normes déontologiques et les autres normes
professionnelles dans le cadre de leurs activités. Toutes ces activités devront se développer en
conformité avec les exigences des 7 SMO de l’IFAC. Pour cela, l’Ordre devrait être également
fondé sur un système de gouvernance conforme aux meilleures pratiques internationales et doté
d’une capacité technique, financière et institutionnelle suffisante. L’OECA Guinée devrait aussi
explorer les possibilités de coopération avec la profession comptable des pays membres de
l’UEMOA dont certains sont déjà dans une dynamique de rapprochement avec l’IFAC (Sénégal,
63. Recommandation N°9 : instaurer un système de contrôle qualité interne des cabinets
destiné à assurer la qualité de la pratique comptable et d’audit ainsi que le respect des règles
déontologiques au sein de la profession. L’OECA-Guinée devrait adopter la norme internationale
de contrôle qualité ISQC 1 et assister les cabinets d’audit à la mettre en œuvre en développant des
formations et fournissant des guides d’application et d’autres outils de mise en œuvre comme le
préconise la SMO 1 de l’IFAC. Ce mécanisme de contrôle qualité devrait être instauré de façon
progressive. La profession pourrait utiliser le Guide au contrôle qualité pour les petites et moyennes
entreprises développé par le SMP Committee de l’IFAC. Le système de contrôle qualité devra
également être coordonné avec celui qui pourrait être mis en place au niveau régional.
FORMATION
66. Recommandation N°12 : engager les Autorités de la Guinée à (i) adopter dans un
premier temps le DECOFI, Diplôme d’Expertise Comptable et Financière de l’UEMOA
(reconnu par le Conseil Africain et Malgache de l’Enseignement Supérieur) comme diplôme
pour s’inscrire au tableau de l’Ordre et (ii) à plus long terme étudier les possibilités de mettre
en place un Diplôme d’expertise comptable similaire en tenant compte des leçons et de
l’expérience vécues dans cette zone: les autorités guinéennes, en rapport avec l’OECA, les
universités et le secteur privé pourraient engager des actions pour la mise en place d’un Diplôme
d’expertise comptable dans le pays à moyen et long terme. Ce diplôme pourrait également se faire
au sein de l’espace OHADA afin de mutualiser les coûts. Cela permettrait de réduire les coûts de la
formation pour les étudiants guinéens et de rendre plus facile l’accès à la filière pour l’expertise
69. Recommandation N°15 : Mettre un place une centrale des bilans pour lutter contre
la multiplicité des bilans et l’exercice illégal de la profession. La mise en place de la Centrale des
bilans au niveau national serait une avancée significative pour mettre en place un dispositif de
contrôle de la fiabilité des états financiers et lutter contre la multiplicité des états financiers déplorés
par les banques. Elle pourrait également répondre à la demande d’information financière formulée
par certains acteurs économiques.
70. Recommandation N°16 : redéfinir les missions des corps de contrôle pour éviter les
redondances et renforcer les organismes maintenus notamment la Chambre des Comptes ou
la Cour des comptes pour un contrôle indépendant des entreprises publiques. La loi
définissant les missions de la Chambre des comptes doit être adoptée à défaut de la mise en place
d’une Cour des comptes. Les capacités d’intervention de la Chambre des comptes ou de la Cour des
comptes doivent être renforcées à l’effet de mener les missions dévolues sur la base des normes
d’audit INTOSAI. Concernant l’IGF et l’IGE, les redondances notées doivent être supprimées pour
une meilleure efficacité des contrôles. Le personnel de ces entités est pléthorique avec un
recrutement non basé toujours sur la compétence.
71. Recommandation N°17 : redéfinir les missions des directions qui gèrent le
portefeuille de l’Etat. Dans le cadre des privatisations qui sont en cours, il conviendrait de
clarifier les missions dévolues aux différentes entités que sont : l’Agence pour la Promotion de
l’Investissement Privé, la Direction du patrimoine du Ministère de l’Economie et des Finances et la
Cellule de la présidence chargée des investissements privés. Une base de données des entreprises
publiques et para publiques devrait être également disponible avec les états financiers de toutes les
entités. Cela permettrait de mieux définir les stratégies de privatisation qui sont en cours. Cette
évolution serait cohérente avec les préconisations de l’Organisation pour la Coopération et le
Développement Economique (OCDE) en matière de gouvernance d’entreprises concernant les
sociétés appartenant à l’Etat.