Toxicité Chronique: June 2018
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Toxicité Chronique: June 2018
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TOXICITÉ CHRONIQUE
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Ayoub Bensakhria
Algiers University
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Chapitre III
3.1. Introduction
La toxicité chronique regroupe l’ensemble des effets délétères qui touchent un organisme
vivant suite à une exposition ou à une administration réitérée d’un toxique à
des doses multiples non létales. Ces doses, individuellement, sont insuffisantes pour
provoquer un effet immédiat. L’exposition doit être répétée sur une longue période pour causer
des effets néfastes. L’apparition de ces effets est souvent insidieuse de manifestation brutale
sans aucun symptôme alarmant, elle peut être réversible ou irréversible. Il se peut qu’il y
ait une sommation de doses absorbées jusqu’à atteindre la dose seuil (c’est le cas de toxiques
dont les effets sont dus à l’accumulation de doses comme le Pb – saturnisme). Il se peut qu’il
y ait sommation des effets comme dans le cas des substances irritantes ou le cas du tabagisme
passif et l’intoxication chronique au CO, ou encore les mutagènes (c’est le cas de toxiques dont
les effets sont cumulatifs).
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3. Toxicité chronique
Certains toxiques s’accumulent dans l’organisme sans entraîner aucun effet jusqu’à leur
relargage dans des conditions précises, par exemple, le Dichlorodiphényltrichloroéthane (DTT)
qui s’accumule au niveau des tissus adipeux, relargué pendant les périodes de jeûne
engendrant des effets toxiques sur le système nerveux central. Le cadmium stocké au niveau
du foie pourrait être libéré suite à des atteintes hépatiques favorisant ainsi des lésions
tubulaires rénales.
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3. Toxicité chronique
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3. Toxicité chronique
Remarque : Il faut faire la distinction entre une exposition aiguë ou chronique et des effets
aigus ou chroniques. Une exposition aiguë entraîne un effet persistant, exemple, une seule
dose de triorthocrésylphosphate (TOCP) produit chez l’homme, une lésion nerveuse
permanente. Une exposition chronique entraîne un effet aigu, exemple, des rats exposés au
DDT de manière prolongée, en quantité croissante sans aucune altération métabolique
apparente, le fait de soumettre ces animaux à un jeûne prolongé, mobilise les graisses des
tissus adipeux et libère dans la circulation une quantité importante de DDT toxique pour le
système nerveux central.
- Estimer la dose sans effets toxiques pour l’espèce animale étudiée (NOEL : no
observed effect level).
- Déterminer la dose journalière admissible (DJA).
- Déterminer les effets toxiques et les organes cibles après une exposition répétée.
- Déterminer si les effets sont réversibles ou irréversibles.
- Définir le mécanisme d’action de la substance et d’éventuelles interactions avec
d’autres substances chimiques.
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3. Toxicité chronique
L’espèce animale : Les essais sont effectués sur des animaux présentant des paramètres
pharmacocinétiques aussi proches que possible de ceux chez l’homme. Les essais doivent
porter sur deux espèces animales dont l’une n’appartient pas à l’ordre des rongeurs pour
réduire autant que possible les erreurs d’extrapolation. Plusieurs espèces animales sont
utilisées, mais le rat et le chien restent les deux animaux de choix suivis des primates. Les
souris sont moins utilisées.
Il existe des applications cutanées, des expositions par inhalation et des administrations par
voies parentérales qui facilitent les tests des produits industriels et à usage agricole et aussi
certains médicaments.
Dose : trois doses différentes sont utilisées : une dose forte : entraîne une toxicité pour les
organes cibles, une dose faible : entraîne l’effet pharmacodynamique et thérapeutique, une
dose moyenne : qui est la moyenne géométrique entre les deux doses.
Constitution des lots : Chaque lot expérimental et le lot témoin comprend un nombre identique
de mâles et de femelles, généralement entre 40 – 100 individus pour les rats, un nombre plus
faible des chiens et des primates est admis. Généralement, un nombre de 10/sexe/dose est
accepté.
Durée d’observation : La durée des études est généralement de 2 ans chez le rat, les chiens
et les primates peuvent être maintenus sept ans ou plus.
Signes recherchés : Les animaux sont observés avant l’essai et au cours des études. Sur le
plan clinique, on apprécie les paramètres suivants : l’aspect, le comportement, le poids
corporel, la consommation de nourriture et de boissons. Sur le plan biologique : selon l’impact
du toxique sur l’organisme, on peut évaluer des paramètres biochimiques tels que l’inhibition
des enzymes (action des esters organophosphorés sur l’acétylcholine estérase), la libération
des enzymes tissulaires dans la circulation.
Analyses biologiques : dans le sang telles que la formule de numération FNS, l’hémogramme,
le taux d’urée, la créatinine, la bilirubine, le cholestérol, et dans les urines telles que les sucres,
l’albumine, des sédiments, etc.
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3. Toxicité chronique
Examens fonctionnels (Tests physiologiques) : Tels que les tests d’irritation pulmonaire par des
EFP « épreuves fonctionnelles pulmonaires ». L’évaluation de la fonction rénale,
l’électrocardiogramme ECG, et l’électroencéphalogramme EEG sont aussi faits.
Examens post mortem : tous les animaux morts doivent être autopsiés, même les survivants
doivent être sacrifiés et examinés à la fin des études, les organes sont pesés, lorsque ces
derniers présentent une anomalie, ils seront soumis à un examen histologique.
Tests de mutations géniques : Test D’Ames : des mutations géniques sont provoquées sur le
locus de l’hypoxanthine - guanine phosphoribosyltransferase (HGPRTase) rendant cette
enzyme inefficace et qui sont à l'origine du syndrome de Lesch-Nyhan
Test du micronoyau (MN) : le but de cet essai est d'identifier des toxiques qui causent des
lésions cytogénétiques et des micronoyaux dans lesquels il reste des fragments de
chromosomes ou des chromosomes entiers,
Test des aberrations chromosomiques : le but est d'identifier les agents qui causent des
aberrations chromosomiques structurales dans les cellules mammifères cultivées.
Altérations primaires de l’ADN : incluent le test des échanges entre chromatides sœurs, test
des comètes, test de détection des adduits.
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3. Toxicité chronique
étude est indiquée lorsque les effets cancérogènes doivent être recherchés notamment pour
les produits qui présentent une analogie structurale étroite avec des composés reconnus
cancérogènes, elle est aussi nécessaire pour les produits qui, lors de l’étude toxicologique à
long terme, ont provoqué des manifestations suspectes, pour les produits ayant donnés des
résultats douteux aux tests de mutagenèse ou à d’autres tests à court terme, et pour les
substances entrant dans la composition des médicaments destinés à être administrés à vie
(les antihypertenseurs, les antidiabétiques oraux…).
Méthodes expérimentales
Test classique in vivo : se fait par administration prolongée d’une dose de produit à des
animaux de laboratoire durant la vie entière puis des examens macroscopiques et
microscopiques des tissus d’animaux en post mortem à la recherche de tumeurs, les résultats
seront comparés à un groupe témoin de mêmes sexes.
Tests rapides d’inductions des tumeurs : On réduit dans ce cas la période de latence avant
l’apparition des tumeurs (emploi d’animaux nouveau-nés).
Tests rapides prédictifs : Ce sont des tests dont le résultat n’est pas nécessairement le
développement de tumeurs, mais de transformations cellulaires et de mutations.
L’enchaînement génotoxicité – lésion – mutation – cancérisation est dans la majorité des cas
impliqué dans le développement du cancer pour cette raison les tests de génotoxicité et de
mutagénicité peuvent être utilisés comme tests prédictifs rapides de l’activité cancérigène.
Segment III : étude du développement péri- et post natal (mise-bas et allaitement). Cette étude
a pour but de déceler les perturbations de la croissance du fœtus, de la parturition et de la
lactation.
L’exemple le plus dramatique des effets tératogènes est celui du Thalidomide, un médicament
doué de propriétés sédatives, anxiolytiques, antinauséeuses. Au début des années 1960, dans
plusieurs pays européens et au Japon, sont nés environ 10 000 enfants porteurs de
malformations caractéristiques telles que phocomélies (implantation directe des mains ou de
pieds sur le tronc), amélies (absence de membres) souvent associées à des malformations
cardiaques. Leurs mères avaient toutes été traitées par le Thalidomide pendant le premier
trimestre de leurs grossesses.
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3. Toxicité chronique
Méthodes alternatives : in vitro sur des cultures d’embryons, d’organes, de cellules. L’intérêt
est la possibilité d’utiliser des espèces non mammifères, la réduction du nombre d’animaux
utilisés, et la diminution de la durée requise pour les essais. Cependant, elles présentent la
limite de ne pas pouvoir assurer l’absence d’effet. Ceux sont des études préliminaires
(préscreening).
Extrapolation à l’Homme
En général, l’espèce humaine est qualitativement similaire aux autres animaux. En termes de
réponse aux molécules toxiques, cette similitude est à la base de l’extrapolation des résultats
obtenus sur les animaux, mais il faut signaler qu’il y’a des différences quantitatives marquées.
Afin de transposer les valeurs à l’homme, des facteurs de sécurité sont appliqués aux valeurs
obtenues expérimentalement :
1) Dose journalière admissible (DJA) : c’est la dose d’un produit qui peut être ingérée
journellement par un individu pendant sa vie entière sans inconvénient prévisible pour sa
santé.
2) Dose sans effet DSE (NOEL : no observed effect level) : c’est la dose maximale n’induisant
aucun signe de toxicité dans l’espèce animale la plus sensible et la plus appropriée en utilisant
l’indicateur de toxicité le plus sensible.
3) Facteur de sécurité : lors de l’extrapolation de la DSE sur l’animal à la DJA chez l’Homme
un facteur de sécurité de 100 a été proposé. Ce facteur est destiné à compenser les
différences de sensibilité entre les espèces, à tenir compte des larges variations de sensibilité
à l’intérieur de la population humaine.
Observation des travailleurs : Quand une substance chimique est utilisée régulièrement dans
l’industrie, il faut évaluer la contamination de l’ambiance de travail et l’intensité d’exposition
des travailleurs à cette substance par des examens cliniques, biochimiques, et
comportementaux réguliers.
Pour bien apprécier le risque d’exposition, une étude épidémiologique sera nécessaire en
suivant différentes démarches :
Pour des raisons éthiques évidentes, ces études ne peuvent être réalisées que si les mêmes
résultats ne peuvent être obtenus par d’autres moyens et dans des circonstances où le risque
pour les volontaires peut raisonnablement être estimé comme non existant.
Bibliographie
- Frank A. Barile (23 July 2007). Principles of Toxicology Testing. CRC Press. pp. 89–90. ISBN
978-1-4200-0832-6.
- Stephen Penningroth (19 April 2016). Essentials of Toxic Chemical Risk: Science and Society.
CRC Press. pp. 49–79. ISBN 978-0-203-02262-7.
- Andor Kocsis; Hajna Molnar (2009). Genotoxicity: Evaluation, Testing and Prediction. Nova
Biomedical Books. ISBN 978-1-60741-714-9.
- Micheline Kirsch-Volders (6 December 2012). Mutagenicity, Carcinogenicity, and
Teratogenicity of Industrial Pollutants. Springer Science & Business Media. pp.281-285. ISBN
978-1-4613-2643-4.
- Objectifs de l’évaluation de la Toxicité Chronique » Analytical Toxicology. (2017, November 13).
Page web: https://www.analyticaltoxicology.com/objectifs-de-levaluation-de-la-toxicite-
chronique/
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