Les Trois Âges de La Ville Algérienne
Les Trois Âges de La Ville Algérienne
Les Trois Âges de La Ville Algérienne
Abstract
The author expresses points for discussion on the analysis of the existing types of fabric, concerning three urban models set up
during the development of the city of Algiers : the traditional city, now damaged, the interrupted colonial city and the unfinished
metropolis cohabit and make the modem Algerian capital an extremely hybrid urbanistic and architectural reality.
Résumé
L’auteur formule des éléments de réflexion sur l’analyse des types de tissus existants, relevant de trois modèles urbains mis en
place au cours du développement de la ville d Alger : la ville traditionnelle désormais dégradée, la ville coloniale interrompue, et
la métropole inachevée, se juxtaposent et font de la capitale algérienne aujourd’hui, une réalité urbanistique et architecturale
très hybride.
Boudiaf Bouzid. Les trois âges de la ville algérienne. In: Villes en parallèle, n°36-37, décembre 2003. Villes algériennes. pp.
28-47;
doi : https://doi.org/10.3406/vilpa.2003.1387
https://www.persee.fr/doc/vilpa_0242-2794_2003_num_36_1_1387
L’auteur formule des éléments de réflexion sur l’analyse des types de tissus existants, relevant de
trois modèles urbains mis en place au cours du développement de la ville d’Alger : la ville
traditionnelle désormais dégradée, la ville coloniale interrompue, et la métropole inachevée, se
juxtaposent et font de la capitale algérienne aujourd’hui, une réalité urbanistique et architecturale
très hybride.
The author expresses points for discussion on the analysis of the existing types of fabric,
concerning three urban models set up during the development of the city of Algiers: the
traditional city, now damaged, the interrupted colonial city and the unfinished metropolis cohabit
and make the modem Algerian capital an extremely hybrid urbanistic and architectural reality.
- une première partie expose les conditions qui ont prévalu à la production
de l’espace architectural et du cadre urbain existant à Alger, et esquisse
notre orientation pour une intervention actuelle dans cet environnement.
Il est composé d’éléments anciens et révolus et d’éléments contemporains
et adaptés au contexte. Notre projet consiste à identifier et récupérer
parmi ces derniers différents acquis, et à imaginer des solutions relevant
des conditions locales créées, d’une part par le contexte international et
d’autre part par les métamorphoses de l’environnement algérien ;
- dans une deuxième partie, sont exposés les trois modèles urbains réalisés
à Alger.
Mais les flux d’immigration vers les pôles urbains, accélérés par les plans
d’industrialisation, ne se sont pas pour autant taris avec l’apparition de la crise.
Au contraire, ils continuent à alimenter la croissance urbaine. Placées dans
l’impossibilité d’accéder aux logements disponibles sur le marché, face au
déficit de logements adéquats, les populations fraîchement urbanisées ont été
conduites à prendre elles-mêmes en charge la question d’accès à l’habitat et à
s’organiser en conséquence. Malgré ses conditions de précarité (en termes de
foncier, de stabilité et de sécurité des constructions, d’hygiène, de valeur
d’usage...), l’habitat ainsi produit réussit cet exploit de satisfaire plus de la
moitié de la demande populaire et fait désormais partie intégrante du paysage
urbain de l’ensemble des villes algériennes et particulièrement des métropoles.
La Casbah
La ville
Le deuxième type urbain est la ville. Par ville, nous entendons cette
forme urbaine élaborée par la société industrielle et qui prend corps au cours des
XVIIIe, XIXe et début du XXe siècles. Héritière de la tradition gréco-romaine et
médiévale, elle est adaptation spatiale aux impératifs du développement
industriel (infrastructure lourde, bien d’équipement, division spatiale en zones
spécialisées, réseau de communications et équipements hiérarchisés).
aux villes du sud et de l’est d’Alger, ainsi que la nouvelle gare ferroviaire, au
nouveau centre du pouvoir, déplacé vers l’Est.
Ce type d’habitat devient très vite le modèle qui se propage dans toute la
ville, quel que soit le type de quartier et, au-delà, dans l’ensemble des villes du
pays. Nous convenons d’appeler ce modèle d’habitat, l’habitat européen. Le
centre, initialement installé en première périphérie de la Casbah, se déplace vers
l’Est au fur et à mesure du développement des activités tertiaires.
La métropole
D’un autre côté, à la fin des années soixante, il était question que le
développement de la ville d’Alger en tant que capitale administrative et
économique du pays se fasse à l’Est. A la fin des années soixante-dix, cette
orientation fut remise en cause sous prétexte que ce développement se faisait au
détriment des terres ayant un potentiel agricole très élevé, donc il fallait
réorienter le développement vers le Sud-Ouest, alors que certaines
infrastructures et équipements de centralité et d’envergure nationale étaient déjà
opérationnels ou en cours de réalisation (Université de Bab-Ezzouar,
agglomérations de Bab-Ezzouar avec ses 10 000 habitants et Bordj-El-Kiffan,
foire internationale, zones d’activités industrielles de Rouiba et Reghaia...). Il
est à remarquer que ce sont les communes localisées à l’est de la wilaya d’Alger
(particulièrement Badjarah et Bab-Ezzouar) qui ont absorbé la plus grande
partie de l’accroissement urbain de la ville d’Alger.
Les orientations arrêtées à la fin des années soixante-dix étaient la
réduction des différentes migrations quotidiennes, l’arrêt de l’exode agricole.
Une typologie de terrains à urbaniser ainsi que les critères d’accessibilité à ces
terrains ont été décidés. Il a été retenu de densifier et de revitaliser les espaces
centraux tout en préservant la Casbah et tous les édifices présentant un intérêt
architectural, mais datant de l’époque précoloniale. Ces orientations ont mis en
relief que la ville est organisée et structurée sur la base de la ségrégation
physique et sociale. Les zones industrielles sont implantées dans les communes
(El-Harrach, Oued-Smar, Rouiba, Reghaia) qui sont localisées à l’intérieur des
limites de la wilaya. Les autres communes de l’Est (Baraki, Eucalyptus)
recevaient les activités indésirables au niveau de la capitale.
Cette structuration de la ville illustre assez bien cette opposition entre le
centre et la périphérie. Le Grand Projet Urbain a renforcé cette organisation par
le statut attribué à chaque agglomération (arrondissement ou commune). Tous
les arrondissements se situent le long de la baie, et le taux d’accroissement dans
les arrondissements est maîtrisé comparativement aux communes. En outre, les
activités retenues dans les arrondissements relèvent du tertiaire. Plusieurs sont
considérées comme des activités de centralité et ne pouvaient être implantées
Les trois modèles urbains exposés ci-dessus recouvrent les trois périodes
historiques de l’Algérie, avant 1830, de 1830 à 1962 et de 1974 à aujourd’hui.
Ils ont développé des modes de production de leur cadre bâti, convoquant tour à
tour des tâcherons et artisans locaux, des entreprises régionales ou nationales de
la construction, puis pour la dernière période des entreprises d’échelle
internationale. Ils ont conduit à la mise en œuvre de procédés et techniques
■ Notes