Ifremer Synthese Etude Prospective EnRM
Ifremer Synthese Etude Prospective EnRM
Ifremer Synthese Etude Prospective EnRM
La synthèse de cette étude, publiée en juillet 2008, est disponible sur le site
www.ifremer.fr à la rubrique « Éditions ».
Plus que jamais la conjonction des engagements que la France
a pris en matière énergétique tant à l’échelon européen que dans
le cadre du Grenelle de l’Environnement, ainsi que le contexte né
du nouveau choc pétrolier, doivent conduire à une réflexion active
sur les énergies renouvelables.
Jean-Yves Perrot
Président-Directeur général de l’Ifremer
Les énergies
renouvelables
marines
Synthèse d’une étude
prospective à l’horizon 2030
Sommaire
Annexes
6
Aussi, le cadrage initial du travail était proposé sous la température de l’eau que ce soit l’énergie récu-
la forme de trois questions majeures : pérable par les gradients de température entre
1 - Q uelles sont les technologies au service la surface et la profondeur marine ou l’utilisation
de la production d’énergies renouvelables directe d’eau froide pompée en profondeur pour
d’origine marine ? la production de froid,
2 - Quelles sont les conditions socio-économiques
pour assurer leur émergence et leur compétitivité ? la biomasse marine à des fins énergétiques,
3 - Quels sont les impacts respectifs de ces techno- surtout les végétaux marins (micro-algues),
logies sur les énergies et l’environnement ?
la pression osmotique issue du mélange
Les grandes caractéristiques de l’étude de deux eaux de concentrations salines différentes
sont les suivantes : (eau douce/eau de mer).
Vent
Mouvements
Température
Biomasse Liquides
Pression osmotique
7
2// MÉTHODOLOGIE
C’est la méthode des scénarios, complexe mais 2. La phase d’élaboration des micro-scénarios
puissante, qui a été utilisée par le groupe de travail consiste à combiner au sein de chaque composante
avec l’appui continu du bureau d’études Futuri- ou thématique (par exemple le contexte mondial,
bles. Un comité de pilotage, qui rassemblait tous la régulation énergétique européenne et française,
les représentants des organismes impliqués dans les zones d’exploitation…), les jeux d’hypothèses
l’étude, avait pour fonction de suivre les travaux sur les variables. On aboutit ainsi à trois ou quatre
et d’en affiner les objectifs à mesure de leur micro-scénarios par composante en utilisant tout
avancement. ou partie des hypothèses par variable.
8
3// Rappel sur les énergies
marines : ressources et technologies
Il est d’abord nécessaire de donner quelques ordres L’énergie des courants (hydrolienne)
de grandeur des ressources naturelles de chacune
des énergies marines, puis des ressources techni- Énergie prédictible et fluctuante, l’énergie cinétique
quement exploitables – valeurs moindres que celles des courants de marée pourrait être de la « semi-
des ressources naturelles – qui tiennent compte, base ». Tandis que le potentiel techniquement
pour la plupart, des contraintes technologiques, exploitable mondial est estimé à 450 TWh/an, celui
industrielles, administratives, environnementales… de l’Europe serait compris entre 15 et 35 TWh/an,
Bien sûr, le développement de ces technologies ne pour quelques 10 GW. Le potentiel technique-
se fera qu’en concertation étroite avec les autres ment exploitable français serait compris entre
usagers de la mer et du littoral. Le potentiel 5 et 14 TWh/an selon EDF, soit entre 2,5 et 3,5 GW(2).
« socio-économiquement » exploitable, en raison Les sites potentiels sont spécifiques (détroits,
du nécessaire partage de l’espace, sera inférieur caps, goulets… où l’on observe une augmentation
au potentiel techniquement exploitable. des vitesses) et bien identifiés (en France :
Raz Blanchard, Fromveur, Raz de Sein, Héaux
L’énergie éolienne en mer de Bréhat, Raz de Barfleur… et en Outre Mer : effets
de pointe, passes…). Les grands courants marins
Il s’agit d’exploiter l’énergie du vent soufflant sur (Gulf Stream, Kuroshio…) sont également une
les étendues marines par des éoliennes qui produi- source potentielle d’énergie marine importante.
sent de l’électricité exportée à terre par des câbles
sous-marins. Selon une étude de l’Agence Inter- L’énergie marémotrice
nationale de l’Énergie, conduite en 2000, le poten-
tiel européen techniquement exploitable serait Le Conseil Mondial de l’Énergie, estime le poten-
de l’ordre de 313 TWh/an en considérant les sites tiel mondial pour des sites « classiques à un
à moins de 20 km des côtes et de moins de 20 m seul réservoir » (3) à 380 TWh/an pour 160 GW.
de profondeur. Il est envisagé pour le futur d’utiliser Après les 240 MW de la Rance inaugurés en 1966,
des éoliennes flottantes qui seraient ancrées sur l’énergie marémotrice vit un renouveau hors
le fond et pour lesquelles la limitation de profondeur de France. En Corée du Sud avec la construction
serait moins contraignante. Elles donneraient accès de la centrale de Sihwa (260 MW) et l’étude du
à une ressource beaucoup plus importante en per- projet Garolim (500 MW), au Royaume-Uni avec la
mettant de s’éloigner des côtes. relance des études sur la Severn (8,6 GW), intégrant
les concepts novateurs de lagons artificiels ou les
L’énergie thermique des mers (ETM) centrales à multiples bassins.
L’idée consiste à utiliser une différence de tempéra- L’énergie des vagues (houlomoteur)
ture d’au moins 20 °C entre l’eau en profondeur (6 °C
en seuil haut) et la surface (26 ° C en seuil bas) pour Toujours selon le Conseil Mondial de l’Énergie,
produire de l’électricité, mais également de l’eau environ 10 % de la demande annuelle mon-
douce, du froid pour la climatisation et des produits diale en électricité (4) pourrait être couverte par
dérivés pour l’aquaculture suivant le type de proces- la production houlomotrice, soit un potentiel
sus (cycle ouvert ou cycle fermé). La ressource mon- techniquement exploitable de 1 400 TWh/an. En
diale théorique basée sur un gradient de température France métropolitaine, le potentiel techniquement
de 20 °C au moins permettrait de produire environ exploitable peut être estimé à 10 % au moins
80 000 TWh/an dans les zones intertropicales. Cette de la ressource théorique (400 TWh/an) soit 40
ressource théorique n’est actuellement exploitable TWh/an que pourraient produire quelques 10 à
que très partiellement et ponctuellement, en raison 15 GW situés principalement sur la façade atlan-
de l’absence de zones de consommation électrique, tique. Dans les DOM-POM, un fort potentiel est
notamment dans la zone intertropicale Pacifique. identifié à la Réunion, en Polynésie et Nouvelle-
Un stockage via l’hydrogène est envisageable à terme. Calédonie ainsi que localement en Martinique
Un autre usage thermique, en zones tempérées, et Guadeloupe.
consiste à utiliser l’eau proche de la surface comme
source de chaleur pour des installations de chauf-
fage/climatisation par pompe à chaleur.
9
La biomasse marine
On estime entre 200 000 et un million le nombre pour l’huile de palme, un des meilleurs rendements
d’espèces d’algues existant dans le monde. terrestres. Il reste à identifier les surfaces mobilisa-
Cette diversité biologique, répondant à une excep- bles et travailler sur une diminution des coûts.
tionnelle adaptabilité, laisse préjuger d’une richesse
proportionnelle en molécules originales et en lipides L’énergie des gradients de salinité
(algo-carburants). Comparativement aux espèces (pression osmotique)
oléagineuses terrestres, les microalgues présentent
de nombreuses caractéristiques favorables à une Lorsqu’un fleuve se jette dans la mer, une grande
production d’acides gras qui pourraient notamment quantité d’énergie est potentiellement libérée en raison
être mises à profit pour produire des algo-carbu- de la différence de concentration en sel. Deux métho-
rants. Les principaux atouts sont un rendement des de récupération de cette énergie sont testées :
environ 10 fois supérieur en biomasse et l’absence la première est basée sur l’osmose (en Norvège), la
de conflit avec l’eau douce et les terres agricoles. seconde sur l’électrodialyse inversée (aux Pays-Bas).
La production pourrait représenter 20 000 à 60 000 En Norvège, le potentiel de cette technologie est estimé
litres d’huile par hectare par an contre 6 000 litres à 10 % des besoins annuels en énergie.
Scénario 1 - Crise, urgence énergétique. Scénario 2 - Coopération vertueuse par nécessité
Scénario 2 - C
oopération vertueuse par nécessité. Ici, le déterminant est la volonté politique de dura-
Scénario 3 - Peu d’évolution, chacun pour soi. bilité à l’échelle internationale dans un contexte
Scénario 4 - Développement local autonome. d’extension régulière des accords de Kyoto. La consé-
quence majeure est celle du soutien à la recherche
et aux technologies les moins matures afin de faci-
Dans chaque scénario sont présentées les techno- liter l’investissement privé et de diversifier les tech-
logies les mieux adaptées et les plus susceptibles nologies. Ces efforts conduisent à accroître la prise
de développement. de risque dans de nouvelles technologies et notam-
ment leur hybridation, ce qui conduit aussi à maîtriser
Scénario 1 - Crise, urgence énergétique le stockage de l’énergie, ouvrant ainsi la voie à des
Le déterminant de ce scénario est le marché dans systèmes au large à grande échelle. La recherche tra-
un contexte de crise énergétique et de compétition vaille à de nouveaux concepts en visant à minimiser
économique. L’enjeu majeur est celui de la maîtrise les impacts environnementaux.
des technologies les plus compétitives et les
mieux adaptées via des partenariats stratégiques Cette dynamique à l’échelle mondiale fait émerger
forts. Comme le soutien politique est faible, de multiples technologies : hydroliennes de grande
les investissements sont le fait de consortiums profondeur, lagons artificiels, systèmes houlo-
d’opérateurs privés privilégiant le développement moteurs au large (profondeur › 50 m), éoliennes
à partir de «démonstrateurs » de taille croissante. flottantes, énergie thermique en association avec
Les conflits récurrents dans l’accès à l’espace l’aquaculture, biomasse à grande échelle (fabri-
conduisent à la mise en place de parcs dédiés cation intensive à terre, OGM et multi-produits),
éventuellement multi-usages. La recherche osmotique (mise au point de membranes économi-
s’oriente vers l’amélioration technologique, clef ques avec quelques micro-centrales). Ce foisonne-
de la compétitivité, et la meilleure compréhension ment des technologies favorise les usages hybrides
des impacts. notamment dans les DOM-POM (5).
10
Scénario 3 - Peu d’évolution, chacun pour soi de montée des tensions et du protectionnisme,
Dans ce scénario, le déterminant est l’intérêt natio- ainsi que le besoin de sécurité énergétique. Les
nal et la sécurité énergétique dans un contexte besoins en eau douce au Nord, en plus de ceux du
de faible coopération mondiale. L’enjeu majeur Sud, justifient à la fois ces technologies et l’initia-
est celui de la maîtrise des sources d’énergie tive décentralisée. Les biocarburants en intensif
au plan national alors que montent les tensions (photoréacteurs) deviennent rentables (arrêt de la
et le protectionnisme. Après le Sud, la dégra- défiscalisation vers 2015) et le soutien public (via
dation du climat fait apparaître des besoins en les régions) vise à stimuler autant la maîtrise des
eau douce au Nord. Le soutien public est donc technologies que la compétitivité.
orienté vers la sécurité énergétique mais à faible
coût ce qui a pour conséquence l’absence de ren- Cette dynamique entraîne le renforcement des
forcement des réseaux pour viser une prise en réseaux électriques pour prendre en compte
compte de moyens de production décentralisés et les moyens de production décentralisés et un
la fin des tarifs de rachat électrique après 2020. développement différencié des technologies selon
Il apparaît des parcs énergétiques dédiés et on les régions et leurs atouts spécifiques. La recher-
observe un développement indépendant des tech- che contribue à la mise au point des technologies
nologies ce qui entraîne une recherche spécialisée (opportunités locales) et accompagne le lancement
par technologie intégrant les impacts sur l’environ- de démonstrateurs locaux. Cette évolution, et la
nement. prise de risques afférente, implique un fort inves-
tissement des décideurs politiques afin de faciliter
Cette situation n’entraîne que de faibles dévelop- l’acceptabilité sociale des expérimentations.
pements pour presque toutes les technologies
car les investisseurs publics et privés privilégient La conséquence sur les technologies est l’appari-
la sécurité sans prise de risque technologique. tion d’un marché de niches avec un effet d’échelle
Le développement indépendant des technologies uniquement au niveau mondial. L’éolien, le thermi-
freine la recherche des synergies dans les finance- que et la biomasse atteignent des niveaux de déve-
ments comme dans le partage des connaissances loppement industriels, tandis que les autres tech-
dans les études d’impacts. nologies se développent localement à petite échelle.
La recherche reste parcellaire, très focalisée sur
Scénario 4 - Développement local autonome les contraintes locales avec un rôle premier pour
Dans ce cas, le déterminant est le développe- les universités du littoral soutenues par les
ment local avec prise de risque dans un contexte régions.
11
En termes de politique européenne et de politique ments énergétiques en mer. En effet, les parcs
nationale sur l’énergie, les conditions favorables au de Horns Rev (7) et de Nysted (8) ont fait l’objet
développement des énergies renouvelables marines d’un programme intégré de suivi environnemen-
relèvent à la fois du soutien aux filières énergétiques tal dont les résultats ont été communiqués lors
et de la coopération des acteurs tant institutionnels de la conférence d’Helsingor (9) (nov. 2006).
qu’opérateurs de la production énergétique. Ces parcs ont également fait l’objet d’une étude
d’impact dont un résumé non technique est dispo-
Plus la politique de soutien aux énergies renouvela- nible sur les sites internet des parcs.
bles sera diversifiée entre les technologies matures
et celles qui le sont moins, plus se développera Le programme de suivi a démarré en 1999,
une variété(6) importante de technologies marines, les études environnementales ont bénéficié d’un
voire de technologies hybrides. Sans ce soutien budget de 11 millions d’euros, financé par les
diversifié, le risque serait de rechercher d’emblée consommateurs danois au titre d’une obligation
une standardisation des solutions technologiques de service public. Différents thèmes ont été explo-
d’énergies renouvelables dans une logique d’effets rés : aspects géophysiques et benthos, poissons,
d’échelle. Dans cette dernière hypothèse, il serait mammifères marins, oiseaux et effets socio-éco-
alors difficile d’élaborer des solutions adaptées à la nomiques. Ce programme de suivi a été coordonné
diversité des spécificités locales et des ressources. par le Danish Environmental Group, qui regroupe
des partenaires privés et publics et les résultats ont
La coopération européenne apparaît comme été évalués par un panel d’experts internationaux
un puissant levier de développement de ces tech- (IAPEME)(10) et des discussions furent régulièrement
nologies, tant en termes d’outils de planification menées avec des représentants d’associations.
des zones marines et d’identification des ressources
disponibles à l’échelle européenne qu’en termes Le Royaume-Uni a également mis en place une
de partage de connaissances sur les impacts structure unique en Europe, dédiée à la recherche
des premières expérimentations de technologies et à l’amélioration des connaissances sur les
marines. En effet, cette coopération permettrait : impacts de l’éolien offshore sur l’environnement :
le COWRIE (Collaborative Offshore Wind Research
aux opérateurs de construire une stratégie into the Environment).
de développement industriel à l’échelle euro-
péenne, éventuellement en partenariat, tout en Créé en 2001 par le Crown Estate, lors de l’an-
assurant un progrès continu sur la technologie nonce du lancement du premier Round éolien(11),
ou sur la façon de l’implanter, les fonds déposés par les 18 porteurs de projet ont
servi à mettre en place le COWRIE et sont utilisés
de fournir des outils pour améliorer le dialogue pour mener une série d’études environnementales
avec les populations littorales auxquelles un (impacts négatifs et positifs). Un comité de pilo-
projet d’implantation d’EnRM serait proposé : tage réunissant différents experts du milieu marin
• la mise en perspective de l’exploitation d’une et des personnalités qualifiées (Ministères, BWEA,
ressource locale au regard des ressources RSPB, industriels du Round 1…) détermine quels
européennes et des retours d’expériences types de recherches doivent être menés. Cet orga-
ailleurs, tant positifs que négatifs, en intégrant nisme mène des recherches en toute indépendance
d’emblée les populations locales, faciliterait par rapport au Gouvernement et la présence des
considérablement l’acceptabilité sociale, industriels a favorisé son bon fonctionnement.
• l’implication des chercheurs dans la concertation Le même système de droit d’entrée payé par les
avec la population serait susceptible d’être aussi porteurs de projet lauréats fut appliqué lors du
un facteur de succès car ces experts ne sont pas Round 2 en 2003.
juges et partis dans le projet industriel et peuvent
apporter un regard extérieur. L’un des objectifs importants du COWRIE est d’as-
surer une large diffusion des résultats obtenus. Les
À l’heure actuelle, les études d’impacts et le suivi études menées ont permis d’améliorer la connais-
environnemental demeurent coûteux et participent sance des impacts environnementaux potentiels et
de manière importante à la prise de risque surtout de publier des documents guides (bonnes
des développeurs de projets. Cet élément expli- pratiques) à destination des industriels afin de
que, entre autres, la faible émergence de projets s’assurer qu’ils minimisent ces impacts. Les cinq
innovants. thèmes de recherche prioritaires sont : oiseaux et
benthos, champs électromagnétiques, méthodo-
Des initiatives intéressantes logie d’études des oiseaux marins, techniques de
Il existe des expériences étrangères intéressantes télésurveillance, bruits sous-marins et vibration. Le
en matière de capitalisation des impacts et/ou ministère de l’environnement (DEFRA) et celui de
de cofinancement. l’industrie (BERR, ex-DTI) financent également
des projets de recherche sur l’éolien offshore
Le Danemark est pionnier dans le domaine du et l’environnement. Trois projets sont menés
monitoring des impacts liés à ces aménage- par exemple par le CEFAS (Center for Environment,
12
Fisheries and Aquaculture Science) (12) . Ils L’évolution la plus importante au vu de la rupture
portent sur l’évaluation des modifications qu’elle génère est le stockage de l’énergie, car
dans le régime des vagues, le développement il permet de profiter pleinement du potentiel
de guides pour le suivi des transports sédimentaires d’énergies intermittentes et variables comme le
et la recherche des impacts socio-économiques vent ou les vagues. Stocker la production électrique
sur l’industrie de la pêche. plus permanente ou prévisible d’autres ressources,
quand la demande électrique est faible, changerait
D’autres pays, comme l’Allemagne, développent aussi considérablement le potentiel exploitable
des plates-formes technologiques, notamment de nombreuses ressources énergétiques (c’est-
dans l’éolien. Ces actions peuvent permettre de à-dire toutes les énergies renouvelables sauf
faciliter l’émergence des énergies renouvelables l a b i o m a ss e , q u i s e sto c ke , m a i s a u ss i le
marines mais aussi de progresser positivement et nucléaire).
dans un souci de capitalisation et de diffusion des
connaissances sur leurs impacts en mer. Une voie possible est de stocker de l’hydrogène
produit par électrolyse de l’eau. L’hydrogène peut-
Ainsi, l’ADEME, en collaboration avec l’Ifremer, être ensuite converti en électricité à l’aide de
a réalisé en 2006/2007 une étude sur les stratégies pile à combustible ou en énergie mécanique via
nationales de développement et de gestion un moteur. Le verrou sur ce vecteur énergétique est
des impacts des énergies renouvelables marines davantage dans la logistique (stockage, transport,
en Europe. Un manuel préliminaire d’étude d’impact source d’énergie pour sa production)(13) que dans
sur l’environnement des parcs éoliens en mer sa consommation (il reste cependant le problème
auquel l’Ifremer a contribué est également en cours de la gestion d’un gaz volatil difficile à liquéfier et
d’élaboration par l’ADEME. Ce document vise à jeter très inflammable). Un second intérêt majeur de la
les bases d’un futur guide d’études d’impact des production d’hydrogène par les énergies renouve-
parcs éoliens offshore, qui pourrait être étendu lables marines est que les installations de produc-
aux différentes énergies marines. Il est déstiné aux tion pourraient alors s’éloigner des côtes, ce qui
porteurs de projets, à l’instar de celui publié pour augmenterait la ressource exploitable et limiterait
les parcs éoliens terrestres. les risques de conflits d’usages. Des sites d’exploi-
tation éloignés, l’hydrogène produit en mer pourrait
Une nécessaire mutualisation des compétences alors être transporté dans des navires spécialisés.
et coopération D’autres solutions sont aussi à l’étude comme le
La coopération des acteurs industriels avec ceux stockage électrochimique à grande échelle.
de la recherche et d’autres activités marines,
apparaît nécessaire pour optimiser la production Par ailleurs, le stockage électrique pour de courtes
énergétique si celle-ci doit se concentrer dans périodes (de quelques secondes à quelques
des espaces dédiés pour éviter des conflits avec heures en recourant à diverses techniques allant
d’autres usages de la mer. des supercondensateurs à l’hydro-pneumatique)
améliorerait la qualité du courant et la gestion
En effet, la production au mètre carré occupé et d’énergies intermittentes sur le réseau.
le coût de maintenance peuvent être améliorés
par la recherche de complémentarités sur la Un autre levier pour promouvoir le développement
zone, ou à proximité, entre plusieurs technologies et la compétitivité de ces technologies est l’hybrida-
énergétiques ou entre une technologie de l’énergie et tion des technologies (illustrée dans le scénario 2) :
une autre activité comme l’aquaculture. La recherche tant la création de technologies mixtes exploitant
de synergies entre activités peut permettre par exemple l’énergie thermique des mers et l’éner-
d’améliorer la compétitivité des technologies par gie des vagues que la recherche de technologies
une mutualisation des études comme des coûts couplées à l’énergie solaire ou à une activité comme
(entretien, câbles pour ramener l’énergie à terre). l’aquaculture en mer. Mais le préalable à la mise
au point de technologies hybrides sera souvent,
Or, les acteurs industriels, en raison de leur histoire pour deux expertises industrielles et de recherche
propre, tendent à se spécialiser sur une technologie différentes, la nécessité de coopérer.
pour laquelle ils sont experts. La mutualisation
de compétences et la coopération n’est pas une Enfin, améliorer la fiabilité des technologies pour
démarche naturelle. Les pouvoirs publics et les limiter les interventions d’entretien apparaît comme
acteurs de la recherche en mer peuvent contribuer un enjeu fondamental de leur compétitivité à court
à faciliter le rapprochement et surtout la compré- et moyen terme, ceci d’autant plus, qu’outre le coût
hension mutuelle de plusieurs parties prenantes sur d’intervention, les conditions de mer peuvent empê-
un même projet. cher temporairement d’intervenir. Cela concerne
les systèmes mais aussi les ancrages car les dispo-
Des évolutions technologiques indispensables sitifs devront être conçus et réalisés pour supporter
Enfin, un certain nombre d’évolutions technologi- des conditions de mer extrêmes.
ques faciliterait aussi le développement des énergies
renouvelables marines.
13
6// Conséquences des scénarios
possibles sur le développement
des technologies
Deux types d’analyse ont été menés sur les quantitative avec fourniture, pour chaque
conséquences des quatre scénarios possibles scénario, d’un ordre de grandeur chiffré de
sur le développement des technologies : la capacité installée de chaque technologie et
de ses produits (TWh électriques pour l’électricité,
qualitative sur le développement en fonction des TWh thermiques et TWh électriques économisés
conditions retenues par scénario, pour la climatisation, volume d’eau douce).
Analyse qualitative
Méthode Filières
Trois paramètres ont été pris en compte pour évaluer L’énergie éolienne en mer est celle qui contribue le
le potentiel de développement des différentes plus à la production électrique quel que soit le scé-
technologies : nario. La maturité de cette technologie en Europe et
son potentiel de ressources, notamment dans l’hé-
1 - La ressource : pour la production éolienne et misphère Nord, contribuent à expliquer cette place.
houlomotrice, elle est intermittente et variable, C’est à l’évidence la technologie la plus proche de
ce qui est aujourd’hui une difficulté pour la pro- la rentabilité commerciale. Cette maturité permet
duction d’électricité. Mais les progrès réalisés aussi d’oser des chiffres de production importants,
dans la prévision grâce aux modèles utilisant bien plus que sur d’autres technologies encore à
notamment des données satellitaires faciliteront l’état de prototype aujourd’hui. Le développement
la gestion de leurs apports aux réseaux. de cette technologie va être confronté aux enjeux
2 - La possibilité d’utiliser la technologie en syner- liés aux impacts environnementaux et aux multiples
gie avec un autre usage : l’énergie thermique usages de l’espace marin à proximité des côtes.
des mers peut remonter des profondeurs De nouveaux concepts destinés à permettre
des nutriments pour l’aquaculture, le lagon de s’éloigner des côtes, comme des structures
artificiel marémoteur peut aussi intégrer flottantes, sont d’ores et déjà étudiés.
une activité aquacole, les houlomotrices
peuvent, dans certaines configurations, agir L’énergie thermique des mers (ETM) a l’avantage
en brise-lame vis-à-vis de la côte, les éolien- de permettre tant la climatisation que la produc-
nes peuvent être associées, à proximité, à des tion d’eau et d’électricité ce qui lui donne un atout
installations aquacoles (filières conchylicoles) considérable en termes d’usages. Mais elle n’est
ou encore, lorsqu’elles seront amenées à se exploitable pour tous ces usages que sous les tro-
développer sur des aires marines protégées, piques. En zones tempérées, elle ne peut être uti-
contribuer aux mesures de gestion des zones lisée que pour le chauffage/la climatisation comme
Natura 2000 via la contractualisation. Il convient source thermique d’une pompe à chaleur.
toutefois de préciser que les aires marines
protégées regroupent différents types de zones L’énergie des courants (hydrolien) a un potentiel
qui ont des degrés de protection différents. moindre en Europe que d’autres technologies.
3 - La possibilité de faire cohabiter certaines de ces Si les hydroliennes parviennent à être totalement
technologies dans des parcs dédiés (scénario 1) sous-marines elles peuvent s’implanter dans
ou d’hybrider les technologies (scénario 2). des zones de passage maritime où il sera difficile
14
d’implanter d’autres énergies marines ou d’autres disponible et peut présenter un risque de proliféra-
activités. Par ailleurs la technologie est relati- tion. Les risques, évoqués récemment, de contribu-
vement connue et peut, pour certains concepts, tion des agrocarburants à l’augmentation de l’effet
bénéficier de l’expérience acquise dans le déve- de serres, sont vraisemblablement applicables aux
loppement d’hydroliennes fluviales. Le dévelop- microalgues même si cette donnée scientifique
pement ne devrait requérir que du progrès tech- n’a pas encore été documentée.
nologique incrémental bien que les contraintes
d’installation (ancrage) et maintenance nécessite- La culture intensive à terre dans des structures
ront le développement de solutions innovantes. verticales transparentes et le progrès en matière
de maîtrise des biotechnologies (OGM) permettent
L’énergie marémotrice, captée en barrant un d’envisager des rendements à l’hectare très élevés.
estuaire, est connue mais présente l’inconvénient Ces investissements dans les biotechnologies sont
d’affecter les écosystèmes humides. Pour pallier aussi justifiés à moyen terme pour la production
cet inconvénient, une autre solution envisagée à de molécules dans le domaine médical (pharmacie)
l’avenir serait de construire un lagon artificiel en ou dans l’agroalimentaire.
mer. Mais comme pour le barrage, il s’agit d’infras-
tructures lourdes, qui ont également des impacts Dans les scénarios envisagés, les chiffres de
sur l’environnement et sur les activités en place et production de biocarburants d’origine marine en
qui se justifient en terme d’investissement à partir France restent faibles. L’évolution des prix relatifs
d’une puissance minimum d’installation à dimen- des énergies pourrait susciter l’intérêt industriel
sion plus industrielle qu’expérimentale – de l’ordre pour l’usage des biotechnologies. En production
de quelques centaines de MW. extensive, les pays disposant de grandes surfaces
lagunaires pourraient devenir d’importants produc-
L’énergie des vagues est une ressource bien répar- teurs de carburant .
tie entre les deux hémisphères et dont le potentiel
est élevé en comparaison de la plupart des res- L’énergie des gradients de salinité (pression osmo-
sources marines étudiées ici. La difficulté majeure tique) est, de toutes les technologies envisagées,
de cette technologie est son caractère novateur : la moins mature en raison de la difficulté de mettre
pour l’imposer, ses développeurs vont devoir au point une membrane semi-perméable per-
confirmer leur capacité à réaliser une rupture formante. De plus, pour utiliser cette ressource,
technologique. Les systèmes qui auront démon- la nécessité de disposer à la fois d’eau douce
tré leur fiabilité mais aussi conçus pour la survie et d’eau salée limite les zones d’implantation possible
en mer lors des conditions extrêmes s’impose- si l’on cherche à réduire les risques de conflits. Enfin,
ront. Par ailleurs, bien que peu sensible au risque la demande en eau douce ne cessant de croître,
d’impact paysager, l’espace occupé en surface un sous-produit comme l’eau saumâtre n’a pas
pour exploiter cette énergie devra tenir compte d’intérêt, au contraire.
du risque de conflits d’usages avec d’autres acti-
vités. Toutefois la capacité d’installation au km²
est supérieure à celle de l’éolien (30 MW/km² Évaluation qualitative
pour vagues et courants contre 6 à 10 MW/km²
pour éolien marin). Le tableau 2 synthétise une première évaluation qua-
litative des technologies en fonction de leur dévelop-
L’utilisation de la biomasse marine issue de la pement propre dans chaque scénario. La cotation
culture de microalgues présente des atouts forts mesure le niveau de développement : 0 pour aucun
pour produire des biocarburants : croissance rapide, développement, 1 s’il est faible, 2 s’il est moyen
rendement et capacité de capture de CO2 élevés et 3 s’il est fort. La somme des cotations considère
(au moins 10 fois ceux des meilleures plantes implicitement que les quatre scénarios sont équipro-
terrestres), pas de conflit avec la production ali- bables, ce qui représente une hypothèse de travail
mentaire. Cependant sa culture extensive dans en première approche. Cette équiprobabilité méri-
des lagunes est limitée en Europe par l’espace terait une étude plus approfondie.
15
Scénario 1 Scénario 2 Scénario 3 Scénario 4
Technologies crise, urgence coopération peu d’évolution, développement Somme
vertueuse par
énergetique chacun pour soi local autonome
nécessité
Marée 3 2 1 0 6
Biomasse 3 3 1 2 9
Éolien 3 3 1 2 9
Thermique 2 3 1 3 9
Osmotique 0 1 0 1 2
Ce tableau résume schématiquement le potentiel graphique française est aussi un atout. Elle offre
de développement des technologies. Cette synthèse des débouchés pour des technologies dont
vaut surtout pour la France (DOM-POM inclus) le potentiel est principalement dans des pays
et sous-valorise certaines technologies comme l’hy- du Sud, comme pour l’énergie thermique des mers.
drolien sous-marin qui devrait pouvoir être implanté
avec moins de risque de conflits d’usage dans des Quelle que soit la technologie envisagée, le poten-
zones où l’on ne peut pas installer d’autres types tiel est encore souvent entaché d’une incertitude
de technologies (lieux de trafic maritime soumis à majeure car les chiffres cités dans les diverses
de forts courants par exemple). études varient jusqu’à un facteur dix, en particulier
pour le potentiel techniquement exploitable.
Cette approche tendrait à mettre en avant trois
technologies (biomasse, éolien et thermique) qui Les tableaux ci-contre présentent la contribution
se détachent d’un second groupe (vagues, cou- des différentes filières à la production énergéti-
rants, marée et hybride, si l’on globalise les scéna- que pour chacun des scénarios en Mtep/an et en
rios). Cette approche est celle de la recherche du TWh/an pour la France et les DOM-POM.
minimum de risque d’erreur dans le choix d’une ou
de certaines technologies. Elle doit être pondérée Ces valeurs représentent des ordres de grandeur.
par les atouts et contraintes des différentes tech- Le niveau de précision (2 décimales) indiqué dans
nologies mais aussi par la réalité quantitative des le tableau 3.1 ne sous-entend pas que le degré
productions de chaque technologie. d’incertitude est inférieur à la précision mais relève
de la conversion TWh/Mtep.
16
Production énergétique (Mtep/an)
Technologies Scénario 1 Scénario 2 Scénario 3 Scénario 4
Biomasse - - - -
Carburant - - - -
17
7// intégration environnementale :
quels impacts ET quels risques ?
La connaissance des impacts environnementaux sur des fonds sableux et favoriser la présence
constitue une dimension essentielle de l’insertion de poissons, voire la constitution d’écosystèmes
des équipements d’EnRM dans les zones côtières. originaux. Les impacts écologiques des lagons arti-
Celles-ci sont le siège d’un grand nombre d’usages ficiels marémoteurs restent à étudier. Les connais-
concurrents qui exploitent, eux aussi, les ressour- sances sur l’évolution des écosystèmes associés
ces physiques et biologiques du milieu marin. Une aux infrastructures progresseraient comme le
bonne gestion de ces usages dépend d’une analyse montre l’amélioration des connaissances ornitholo-
de leurs impacts. giques marines permise grâce aux études d’impact
et aux suivis réalisés sur les premiers parcs éoliens
En l’occurrence, les impacts environnementaux marins (cf. expérience danoise).
sont particulièrement difficiles à évaluer car il n’y
a pas assez de retour d’expérience (hors éolien et En conséquence, il apparaîtra une demande sou-
marémoteur), surtout sur les effets cumulatifs, tenue sur les impacts des différentes technologies
les technologies étant au stade de prototype. Par sur le milieu, avec des interrogations spécifiques
ailleurs, les perturbations du milieu risquent d’être pour les systèmes hybrides, pour lesquels on peut
englobées dans la variabilité générale, notamment anticiper des effets croisés et non additifs, comme
celle entraînée par le changement climatique à par exemple pour la combinaison éolien/houlomo-
l’horizon 2030. teur ou thermique/biomasse.
Il est avéré que la technologie marémotrice avec De même, les études seront à mener sous
barrage dans un estuaire altère le fonctionnement toutes les latitudes car le fouling en mer du Nord
de l’écosystème. Pour les autres technologies est très différent en composition comme en évo-
envisagées, il n’est possible que de faire des hypo- lution de celui des zones tropicales (rôle impor-
thèses sur les risques possibles. tant des coraux et des mollusques colonisateurs
qui alourdissent structures et ancrages).
L’exploitation de courants permanents pourrait
modifier ces flux et les mouvements sédimen- Compte tenu de la durée et de la complexité
taires qui leur sont liés. L’exploitation extensive des études, il serait légitime que ces études soient
de microalgues, si elle n’est pas faite avec précau- soutenues par la communauté internationale via
tion, pourrait conduire à une prolifération incontrô- les commissions spécialisées des Nations Unies
lée de ces microorganismes. (PNUE, PNUD, FAO…) ou l’Europe, voire des com-
missions régionales ou des organisations mixtes
En revanche, l’installation de structures en mer type UICN.
(lagon, éoliennes…) peut créer un effet « récif »
18
Pour les deux scénarios de « facteur 4 » pris ici rences « facteur 4 »). Seul le scénario 2 permet
en référence : aux énergies marines de représenter plus de 5 %
Le scénario DGEMP Poles « Facteur 4 » compte de la consommation électrique à cet horizon.
surtout sur l’énergie nucléaire pour réduire les
émissions de gaz à effet de serre. Aussi, même Les scénarios prospectifs énergétiques
si des technologies de basse consommation de référence pour les carburants
sont utilisées, certains besoins de chaleur et La consommation finale de produits pétroliers
une part de l’énergie pour les transports utili- en France est aujourd’hui de 50 Mtep/an pour
sent l’électricité. La demande électrique reste le transport. Selon les scénarios disponibles,
donc forte et augmente avec le temps. la consommation d’énergie pour le transport varie
Le scénario Négawatt opte pour une maîtrise de 40 à 60 Mtep à l’horizon 2030. Cette variation est
de la consommation plus draconienne avec due aux prévisions de progrès en consommation
l’ambition de réduire l’appel à l’énergie des moteurs thermiques ainsi qu’à l’évolution de la
nucléaire. En conséquence l’électricité est mobilité et à la part de véhicules électriques.
moins utilisée pour de nouveaux usages et sa
consommation baisse avec le temps. Les scénarios 2 et 4 conduisent à une production
nationale qui n’est pas négligeable (2,5 et 1,25 Mtep
Les deux scénarios atteignent l’objectif européen respectivement) par rapport à la consommation
de 20 % de la consommation d’énergie finale réali- actuelle soit 5 % et 2,5 %. Dans le scénario 1, l’ap-
sée avec des énergies renouvelables en 2020. port de biocarburants marins produits à l’étranger
en culture extensive pourrait cependant peser
Le scénario 3 est a priori compatible avec le scé- davantage sur la même quantité de carburant
nario tendanciel tandis que le scénario 4 ne peut consommé.
se construire qu’avec une politique énergétique
très volontariste, donc n’est compatible qu’avec Il faut souligner que ces 2 Mtep/an de biocarbu-
un scénario de type « facteur 4 ». Les scénarios rants marins sont du même ordre de grandeur
1 et 4 sont construits sur la base de politiques que les productions d’agrocarburants de pre-
énergétiques intermédiaires. mière génération(17) retenues dans les scénarios
« volontaristes » du récent rapport du Centre
Les scénarios 1, 2 et 4 permettent aux EnRM d’Analyse Strategique (CAS), soit une production
de produire en général plus de 3 % de la consom- inférieure ou égale à 4 Mtep/an jusqu’en 2025,
mation électrique française à l’horizon 2030 production qui double (jusqu’à 10 Mtep/an) avec
sous réserve d’être dans un contexte de relative les agrocarburants de seconde génération entre
maîtrise de la demande électrique (les deux réfé- 2025 et 2030.
Année Consommation annuelle (en TWh) Année Consommation annuelle (en TWh)
19
9// Proposition d’un scénario
normatif dans le contexte
du Grenelle de l’Environnement
À ce stade de l’étude, il peut sembler difficile de Dans le cadre des débats du Grenelle de l’Environ-
passer d’un éventail de scénarios possibles (tels nement, le Syndicat des Énergies Renouvelables
que décrits par l’analyse prospective fournissant (SER) a proposé sa vision des potentiels de
des ordres de grandeur sur les productions que croissance des filières pour atteindre l’objectif
pourraient représenter les énergies renouvelables européen, soit un accroissement net de 20 Mtep/an
marines) à un scénario concret, opérationnel, des énergies renouvelables à l’horizon 2020.
pouvant servir de support à des recommandations Parmi les contributions des différentes filières
précises pour une réelle prise en compte des d’énergie renouvelable dans ce scénario du SER, la
EnRM. Le Comité de Pilotage a donc demandé que contribution de l’éolien marin s’élève à 6 000 MW en
soit proposé par le groupe de travail un scénario dit puissance installée.
« normatif » visant à décliner la contribution des
différentes énergies marines dans un objectif global Au plan européen, les États membres de l’UE
de l’ordre de 2 à 3 % (hors éolien offshore) de la part pourraient avoir du mal à remplir leurs obligations
des énergies renouvelables marines à l’horizon 2020 en termes d’énergies renouvelables à l’horizon
dans la consommation finale d’énergie en France. 2020. Or, si l’énergie solaire propose de séduisantes
perspectives, comme le photovoltaïque, les États
S’appuyant sur le débat suscité par le Grenelle auront tendance à aller d’abord vers les technolo-
de l’Environnement, ce scénario « normatif » gies les plus simples et les plus rentables comme
explore la part que pourraient prendre les énergies l’éolien et la biomasse terrestres.
marines renouvelables dans cet objectif qui est bien
« d’atteindre 20 % d’énergies renouvelables Il est utile de rappeler plusieurs faits :
(énergie finale) en 2020 dans de bonnes conditions
environnementales et de faisabilité. Cela suppose La France a le 2e potentiel d’Europe, après la
d’augmenter de 20 Mtep la part des énergies renou- Grande Bretagne qui est très active dans ce
velables dans le bouquet énergétique à l’horizon domaine, en énergie des vagues et des courants
2020 en suivant deux lignes stratégiques, autono- de marée.
misation et décentralisation, là où c’est possible » La France dispose également d’une très grande
(Jean-Louis Borloo – 26 décembre 2007). ressource en énergie thermique des mers avec
son territoire ultramarin (DOM-POM).
On peut également rappeler qu’un des objectifs Il existe une masse critique de recherche,
du Comité opérationnel Outre-Mer du Grenelle y compris en recherche appliquée avec des
de l’Environnement est, sur le thème énergie : l’auto- industriels, en matière d’énergies renouvelables
nomie énergétique des collectivités d’outre-mer par le marines aujourd’hui qui montre un dynamisme
biais de la maîtrise des consommations et le recours incluant une capacité de prise de risques.
aux énergies renouvelables à hauteur de 50 %. Comme l’indique une étude de Douglas-Wes-
twood(18) de 2005, le marché mondial des éner-
Cinq éléments majeurs plaident actuellement en gies marines (courants et vagues) représente
faveur des énergies renouvelables : 10 à 30 fois le marché européen.
20
Ainsi, si une décision d’un objectif de 2 à 3 % (par sous de multiples formes (eau, froid, électricité)
exemple) pour les EnRM était prise à l’horizon et pourrait accroître ses rendements sur les îles
2020 pour la France, cela aurait des conséquences disposant d’eaux chaudes d’origine volcanique.
importantes en termes de : Les îles des Antilles, de la Réunion et de Tahiti
auront leur centrale avec des adaptations impor-
politique énergétique, tantes en fonction des spécificités locales.
structuration du dispositif de recherche et déve-
loppement dans ce domaine en France, Estimation pour le thermique
En électrique : 200 MW de puissance installée et environ
création de plates-formes expérimentales, 1,4 TWh de production d’énergie soit par exemple 10 centra-
appuis (toutes formes de soutien financier les de 20 MW chacune à 7 000 h de fonctionnement par an.
et organisationnel), En froid : 55 MW électrique économisés soit 0,4 TWh soit
stimulation du développement technologique par exemple 12 centrales de 20 MW chacune à 7 000 h de
fonctionnement par an.
à une échelle industrielle.
21
Estimation pour l’énergie des vagues :
200 MW de puissance installée et environ 0,8 TWh de produc-
tion d’énergie.
Soit par exemple : 20 sites de 10 machines à 1 MW unitaire
pour 4000 h de fonctionnement/an (50 % dans les DOM-
POM).
Biomasse Hybride
Le potentiel de la biomasse marine à des fins éner- L’hybridation des technologies est relativement
gétiques est considérable alors qu’il commence facile à mettre en œuvre dans deux cas : éoliennes
à peine à être exploré. La France a de nombreux atouts flottantes/ dispositif houlomoteur sur le même
dans ce domaine, même si elle part tardivement. périmètre et énergie thermique des mers/biomasse
La variété des espèces utilisables à toutes les latitudes grâce aux minéraux remontés des eaux profondes
fera que des développements industriels apparaîtront (sans compter les applications intéressantes
en métropole comme dans plusieurs régions tropica- en aquaculture). Les estimations de puissance ont
les françaises dont la Guyane. Les systèmes intensifs déjà été comptabilisées séparément.
seront privilégiés dans cette première vague de réa-
lisation pour mieux maîtriser les coûts comme les Présentation synthétique et chiffrée du scénario
critiques. De fait, la pression croîtra sur l’utilisation normatif
des terres à des fins de production alimentaire pour
des raisons de démographie en hausse, de sécurité Le tableau 7 résume les apports respectifs
alimentaire et de changements climatiques. des technologies dans le scénario normatif. On
note le poids de l’éolien, ce qui est normal en raison
Estimation pour la biomasse de la maturité de la technologie et du temps à courir.
Un site développé d’abord comme démonstrateur puis
comme pilote industriel, puis comme usine soit par exemple On observe donc que par rapport aux objectifs
2 000 ha à 30 t. d’huile /ha, soit 25 tep/ha, soit environ
0,05 Mtep /an. européens pour la France, repris dans le cadre
du Grenelle de l’environnement (soit + 20 Mtep
d’énergies renouvelables à l’horizon 2020) l’apport
Pression osmotique des énergies marines dans le scénario normatif,
éolien marin compris, serait de l’ordre de 1,5
Les contraintes technologiques et celles de l’en- Mtep, soit 7,7 %, ce qui est significatif par rapport
vironnement, notamment les besoins en espace aux autres filières renouvelables. Un tel scénario
et en eau douce, ne permettront pas l’émergence indique bien les efforts qu’il conviendrait de pro-
de prototype à l’échelle industrielle. duire pour atteindre cet objectif.
22
Production énergétique (Mtep/an)
0,60
0,50
Production énergétique (Mtep/an)
0,40
0,30
0,20
0,10
0,00
23
La mise en perspective de ce scénario normatif Soutien aux « démonstrateurs » pour faciliter
avec les quatre scénarios possibles apparaît à l’an- le passage des études au test en vraie grandeur.
nexe 7. Selon ce scénario normatif, si l’on raisonne
en part de la consommation électrique française Appui aux pôles de compétitivité s’engageant dans
à l’horizon 2020 (soit 530 TWh estimés – cf. tableau 5), ce secteur comme les Pôles Mer Bretagne et PACA,
les EnRM apporteraient 17,2 TWh soit 3,2 % du total, les différents Pôles ayant vocation « énergies » en
ce qui serait loin d’être négligeable. métropole : Tenerrdis, Capénergies, Derbi… ainsi
que Synergile en Guadeloupe et d’autres en créa-
Compte tenu du progrès des technologies, y tion ou envisagés dans les DOM-POM.
compris les sauts comme la maîtrise du stockage
de l’hydrogène, en parallèle à une amélioration Soutien au prix du rachat du KWh pour qu’il favo-
des rendements énergétiques et des économies rise la prise de risque des investisseurs.
d’énergie notamment dans les villes, on peut rai-
sonnablement tabler sur un accroissement plus Un rôle d’information :
rapide de cette fraction des énergies renouvelables
marines entre 2020 et 2030 qui pourrait alors peser Veille technologique (et stimulation des partena-
4 à 5 % de la consommation électrique française, riats scientifiques) avec la mobilisation des ser-
voire plus selon le contexte mondial. vices de veille technologique dans les ambassa-
des des pays les plus avancés (UE, USA, Japon,
Si ce scénario normatif est considéré comme sou- Australie) et la centralisation des informations
haitable en raison de ses résultats, il est justifié et leur synthèse régulière. Dans cette optique,
d’essayer de voir quelles décisions et actions le montage de partenariats scientifiques est
concrètes doivent être mises en place pour dérouler à stimuler à l’Ifremer.
ce scénario. Bien sûr, cette dynamique doit rester
évolutive en fonction des résultats de pilotes Appui méthodologique aux études d’impact
industriels ailleurs dans le monde (hydrolien avec l’élaboration d’un guide pour les études
en Grande Bretagne, houlomoteur en Grande Bretagne d’impact environnementales.
et au Portugal, biomasse à Hawaï, etc.) ce qui
renforce l’importance de la veille technologique. Information des décideurs des zones littora-
Cette dynamique ne sera efficace et durable que les et communication à tous les niveaux.
si tous les acteurs sont organisés et complémentaires.
Ils peuvent l’être à quatre niveaux : l’État en France, Un rôle de suivi :
les régions maritimes (notamment outre-mer),
les entreprises et enfin l’Union européenne. Un rôle de suivi, d’encadrement, d’adaptation
des procédures aux spécificités des énergies
Au niveau de l’État en France renouvelables marines en vue également de la
L’État s’est engagé à tenir ses obligations en termes définition de zones favorables au développement
d’énergies renouvelables. Il en va de la crédibilité des énergies marines.
de la France vis à vis de l’UE comme des autres pays
signataires de la convention sur le changement cli- Au niveau des régions maritimes notamment
matique et de son protocole de Kyoto. Le groupe outremer
de travail ayant réalisé cette étude, et élaboré Les régions jouent déjà un rôle majeur dans l’amé-
ce scénario normatif, suggère que l’État exerce nagement du territoire, rôle susceptible de croître
un rôle de soutien, d’information et de suivi à l’avenir car les régions sont l’échelle pertinente
et propose les pistes de réflexion suivantes : de ce type de réalisation. Leur implication en amont
dès l’origine des projets dans la sélection des zones
Un rôle de soutien : favorables et la valorisation locale des projets
apparaît comme un facteur du développement
Soutien à la recherche publique en renforçant et comme un élément facilitateur de leur accepta-
les laboratoires spécialisés dans les instituts tion sociale.
de recherche français et les universités et en
favorisant leur synergie, soutien via les appels Au niveau des entreprises
d’offres de l’ANR, l’action auprès de Bruxelles Il ne s’agit pas d’intervenir dans les stratégies
pour stimuler ce secteur, la future agence des acteurs industriels mais de faciliter l’émergence
d’orientation de la recherche et soutien de partenariats complémentaires et stables. Une fois
à la recherche privée (renforcement du crédit atteinte la taille critique, ces consortiums doivent
impôt recherche CIR), l’attribution de bourses mobiliser les multiples moyens leur permettant de
de recherche favorisant les partenariats avec passer du stade du pilote au stade industriel.
les entreprises innovantes (type CIFRE).
24
Il faut attendre des entreprises, notamment les Au niveau de l’Union européenne
grandes entreprises du secteur de l’énergie, La France doit se mobiliser pour que les énergies
qu’elles prennent leur part de risque dans le renouvelables marines bénéficient d’un soutien
montage de projets pour lancer la filière. Les spécifique dans les divers programmes euro-
plus petites entreprises peuvent également péens en mobilisant notamment la recherche
jouer un rôle d’innovation en étant à l’origine de sur les aspects d’impacts sur l’environnement,
nouveaux concepts repris ultérieurement dans insuffisamment étudiés à ce jour. Par ailleurs
des partenariats industriels. D’autres entreprises le renforcement de la coopération entre l’Europe
intermédiaires, de sous-traitance pour les et la Méditerranée devrait conduire à des actions
études d’impact par exemple, peuvent également spécifiques en matière d’énergie renouvelables
contribuer à l’amélioration des connaissances dans marines (éolien, biomasse…).
ce domaine en relation avec des organismes de
recherche (sur financement ANR par exemple).
10// CONCLUSION
Cet effort collectif d’une année a permis de réduire disciplines scientifiques et d’ingénierie, en conser-
le champ des incertitudes et de montrer l’important vant le rôle de coordinateur de long terme à l’État
potentiel français dans ce domaine tant au plan et en définissant les moyens de soutien des opé-
des ressources naturelles qu’au plan des moyens in- rateurs désireux de s’engager, seuls ou collective-
tellectuels, scientifiques et industriels mobilisables. ment : entreprises, agences de moyens, agences
de financement, régions, Union européenne.
L’analyse des scénarios souligne l’importance
du contexte international pour la définition des stra- Par ailleurs, dans le cadre du Grenelle de l’Environne-
tégies nationales et, par ailleurs, au plan national, ment, l’État met en place un fonds de soutien pour des
l’importance du rôle de l’État dans le développement démonstrateurs en matière de nouvelles technologies
des énergies renouvelables marines. Ce rôle pourrait de l’énergie. Les énergies renouvelables marines
s’entendre comme coordinateur des compétences devraient y avoir accès à travers un appel à projets.
et des moyens ou encore comme soutien d’initiatives
ciblées. Enfin, si de nouvelles plates-formes technologiques
devaient être envisagées, les énergies renouvela-
La dynamique des entreprises engagées dans bles marines devraient en bénéficier. Cela permet-
ce domaine doit s’articuler d’une part avec la recher- trait, à travers la mise en place de collaborations,
che universitaire et les instituts spécialisés et d’autre de favoriser le développement de sites d’essais et
part avec la volonté de contribuer à l’émergence de démonstrations en mer.
de partenariats avec d’autres entreprises.
Dans ces conditions, les énergies renouvelables
Il importe pour tous les acteurs, institutionnels marines peuvent contribuer de manière significative à
ou non, d’adopter une vision commune de long tenir les objectifs de l’UE en 2020 en matière d’énergie
terme afin de pouvoir intégrer des changements renouvelable tout en développant des technologies à
fondamentaux du contexte énergétique internatio- fort potentiel d’exportation, notamment sur la ceinture
nal (cours du pétrole, climat, opinion publique…), tropicale. Enfin, les tendances lourdes discernables
des percées technologiques (stockage/transport aujourd’hui en terme de conséquences du change-
de l’hydrogène, sélection de souches performan- ment climatique d’une façon générale mais particu-
tes d’algues…) et des impacts sur l’environnement lièrement sur le domaine marin (vents, vagues, cou-
marin et les usages côtiers liés à l’installation rants, efflorescences algales, température…) justifient
de nouveaux aménagements. de plus en plus le recours à ces formes d’énergie.
Dans cette perspective, il est légitime de conclure En conséquence, il est d’autant plus stratégique
à l’importance du renforcement des travaux de s’approprier rapidement ces technologies
de recherche et développement en matière qu’il est encore temps d’en faire des atouts com-
d’énergies renouvelables marines dans plusieurs pétitifs de long terme.
25
NOTES
1 - Un glossaire relatif à cette méthode des scénarios apparaît 13 - Dans l’industrie, l’hydrogène est aujourd’hui produit surtout
en annexe 3. pour la chimie, essentiellement, à partir de gaz naturel fossile
donc avec émissions de gaz à effet de serre.
2 - En fonction des durées annuelles de fonctionnement
considérées. 14 - Les travaux récents du Centre d’Analyse Stratégique (CAS)
parus en 2007 ne sont pas utilisés ici en référence pour trois
3 - Estuaires avec un marnage supérieur à 5 m. raisons :
Les résultats du scénario tendanciel en termes de
4 - La demande annuelle mondiale en électricité est de 14 000 consommation électrique sont peu différents de ceux
TWh/an. de l’étude DGEMP 2004 : les hypothèses optimistes de
croissance économique et de prix des énergies fossiles de
5 - À noter que la Nouvelle Calédonie dispose d’un statut l’étude 2004 sont compensés dans l’étude 2007 par une
spécifique et que la Polynésie Française est qualifiée de « pays croissance démographique plus importante.
d’outre-mer ». Les résultats de consommation électrique des scénarios
« volontaristes » sont intermédiaires entre le scénario
6 - La variété signifie ici aussi bien la coexistence de différentes tendanciel 2004 et les deux scénarios « facteur 4 » retenus.
technologies utilisant la même ressource – l’éolien flottant Les scénarios « volontaristes » de l’étude 2007 ne se
en complément de l’éolien offshore classique – que des positionnent pas sur une trajectoire de « facteur 4 » mais
technologies utilisant des ressources différentes. de division par deux des émissions de gaz à effet de serre
en France à l’horizon 2050. L’objectif européen de 20 %
7 - http://www.hornsrev.dk/Engelsk/default_ie.htm d’énergies renouvelables finales à l’horizon 2020 n’est
atteint dans aucun des scénarios « volontaristes » ce qui est
8 - http://www.nystedhavmoellepark.dk/frames.asp en contradiction avec les hypothèses de construction de trois
des scénarios de ce rapport sur les énergies marines.
9 - Un ouvrage synthétique reprenant les résultats des études
menées est disponible en ligne sur le site de l’Autorité danoise 15 - DGEMP : Direction Générale de l’Énergie et des Matières
de l’énergie. http://www.ens.dk/graphics/Publikationer/ Premières. www.industrie.gouv.fr/energie/prospect/textes/
Havvindmoeller/havvindmoellebog_nov_2006_skrm.pdf prosp-jr-2030-2050.htm
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G june 2006.
changements climatiques et maîtriser l’énergie ». Rapport
de synthèse du groupe 1, 108 p. I EA Ocean Energy Systems Implementing Agreement –
5 year Strategic Plan 2007 – 2011. 14 november 2006.
26
Annexe 1 : Liste des membres du comitÉ
de pilotage
Nom Fonction Organismes
Experts extérieurs
CNRS
Jean-Luc ACHARD Directeur de recherche, responsable du Projet Harvest LEGI Laboratoire des Ecoulements
Géophysiques et Industriels
Philippe BREANT Directeur du département eau potable et membranes VEOLIA Environnement R&D
Président du Club pour les Actions de Recherche sur les Centre IFREMER
Pierre CHAUCHOT
Ouvrages en Mer de Brest - DCB/ERT
MEEDDAT -
Direction Générale de l’Énergie
Martine CHOQUERT Chargée de mission
et des Matières Premières
(DGEMP)
27
Nom Fonction Organismes
Commission Européenne / DG Re-
Anna GIGANTINO Responsable de projets en Sciences et Technologies cherche. Unité 3 : Sources d’énergies
nouvelles et renouvelables
Ministère de l’Enseignement
Éric LEMAITRE Chargé de mission
Supérieur et de la Recherche DGRI
Antoine-Tristan
Responsable Environnement et Développement durable Mission Union pour la Méditerranée
MOCILNIKAR
28
Annexe 2 : L iste des membres
du groupe de travail
Nom Fonction Organisme
Cyrille ABONNEL Chef de projet « Énergies marines » EDF- Direction de la R & D
29
Annexe 4 : L iste des 30 variables
regroupées par composantes
et auteurs correspondants
CADRAGE MONDE
1. Géoéconomie mondiale Futuribles
2. Gouvernance climatique MEEDDAT
3. Demande énergétique dont Europe par région Futuribles
4. Demande eau douce par région Futuribles
5. Sécurité et prix des énergies fossiles Technip
ZONES D’EXPLOITATION
14. Répartition démographique Monde dont littoral UE Futuribles + Ifremer
15. Planification régionale des zones marines (EnRM) ADEME
16. Acceptabilité sociale ; Formation/éducation (écologie et environnement) Ifremer
17. Évolution des usages en mer et conflits (transport, pêche, etc) MEEDDAT
18. Adaptation de la réglementation (Zones réglementées, procédures) MEEDDAT
19. Impacts des EnRM (hors marémoteur) Ifremer
30
Annexe 5 : H ypothèses sur les niveaux
de développement par type
d’énergie renouvelable marine
Technologies Hypothèse 1 (H1) Hypothèse 2 (H2) Hypothèse 3 (H3) Hypothèse 4 (H4)
V20 Courants (Hydro- Technologie bridée Hydroliennes Exploitation avec hy-
lien) par les problèmes sous-marines droliennes en grande
Électricité (coûts) de mainte- (Exploitation des profondeur : machi-
nance : restriction courants de marée nes plus puissantes
aux hydroliennes en uniquement ; pas et exploitation des
surface (partie de de conflit d’usage courants océaniques
la structure porteuse en surface)
aérienne)
V21 Marée Sites naturellement Sites développés en Pas de développe-
Électricité favorables (faible marémoteur et autre ment
profondeur et mar- usage (aquaculture)
nage fort) exploita-
tion à visée
uniquement électrique
V23 Biomasse Fabrication extensive Développement Application limitée Systèmes High Tech,
Tout sur foncier maritime à l’étranger à des produits high Fabrication intensive
aménagé (importé en France) tech à terre, OGM Multi-
applications
31
Annexe 6 : L es quatre scénarios possibles
Scénario 1 : Crise, urgence énergétique.
Combinaison : A3, B3, C4, E2 (en jaune). Traduction sur les technologies : investissement
Déterminant : marché. essentiellement dans les technologies éprouvées.
Contexte : crise énergétique et compétition économique. Marée (H2) : sites développés et autre usage (aquaculture).
Enjeu énergie : partenariats technologiques et compétition sur Vagues (H1 ou pas de développement) : proche de la côte (40 m
ce marché. d’eau) ou pas de développement.
Soutien politique : que le meilleur gagne ! Investissement de Biomasse (H1 + H2) : extensive sur foncier aménagé + dévelop-
clusters d’opérateurs privés Marketing du démonstrateur. pement à l’étranger.
Développement conflictuel : parcs dédiés sites multi-usages. Éolien (H1) : adaptation des éoliennes terrestres.
Recherche : développement et études d’impacts. Thermique (H2) : climatisation pour le Nord et froid - électricité
Impacts technologies : technologies éprouvées. - eau pour sites isolés et zones tropicales.
Osmotique (H2) : pas de développement.
Courants (H1 ou pas de développement) : restriction aux hydro- Hybrides (H2) : développement sites multi-usages, surtout : marée
liennes de surface ou pas de développement. moteur, éolien, biomasse et source froide pour thermique.
Remarque : la notation (H1, h2…) par technologie fait référence au niveau de développement présenté
dans le tableau de l’annexe 5.
Contexte : collaboration mondiale et Kyoto II Biomasse (H4) : fabrication intensive à terre + OGM et multi-
Enjeu énergie : investissement public et privé produits. Fort développement.
Soutien public : recherche et technologies les moins matures Éolien (H3) : éoliennes flottantes.Fort développement
Efficacité : stockage de l’énergie intermittente, H2 Thermique (H3) : climatisation au nord, froid – électricité - eau
+ hybridation des technologies. Acceptabilité bien concertée sous les tropiques + valorisation biologique et des minéraux
(mais peu nécessaire in fine) des eaux profondes. Fort développement et synergie avec
Recherche : nouveaux concept et hybridation. Impacts environ- aquaculture.
nementaux. Prise de risque technologique Osmotique (H1) : mise au point de membranes économiques ;
Impacts sur les technologies : développement efficace et quelques micro-centrales.
maximaliste des EnRM. Hybrides (H3) :
- développement volontariste Nord : éolien + vagues (+ solaire flot-
Courants (H3) : hydroliennes de grande profondeur (y.c. courants tant) + hydrolien courant quand ressource disponible.
océaniques). Fort développement. - Développement indépendant : hydrolien marée (proche) ou
Marée (H2) : sites développés marémoteur + autre usage, aqua- hybrides possibles.
culture). Développement moyen : plus de puissance sur barrages - Marémoteur : lagon + aquaculture (poissons)
existants + lagon artificiel. Tropiques : ETM + aquaculture (grâce à ETM) + vagues + solaire
Vagues (H2 + H3) : exploitation loin des côtes (› 50 m d’eau) + flottant + éolien adapté aux cyclones.
sites isolés. Fort développement et grande profondeur.
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Scénario 3 : Peu d’évolution, chacun pour soi.
Combinaison : A4, B1, C4, E1 (en jaune) Traduction technologies : développement
Déterminant : Intérêt national et sécurité énergétique. minimaliste par technologie.
Contexte : peu de coopération mondiale Courants (H2) : Hydroliennes sous-marines ; faible développement.
Enjeu énergie : montée des tensions et protectionnisme, sécu- Marée (H1) : Sites naturellement favorable, visée électrique
rité. Besoin en eau douce au nord. uniquement.
Soutien public : sécurité mais à faible coût : Vagues (H1) faible développement Proche des côtes
- pas de décentralisation des réseaux, Biomasse (H3) production limitée à des produits high tech.
- fin des tarifs de rachat électrique après 2020. Éolien (H1) : faible développement. Adaptation des éoliennes
Parcs dédiés mais développement indépendant des technolo- terrestres.
gies. Thermique (H1) faible développement : climatisation au Nord,
Recherche : chacun sa technologie + études d’impact. froid – électricité - eau pour sites isolés sous les tropiques.
Impacts sur les technologies : développement minimaliste, Osmotique (H2) : pas de développement.
parcs dédiés par technologie Hybrides (H1) : développement indépendant par technologie.
Contexte : montée des tensions et protectionnisme, sécurité. Courants (H1) : faible développement ; niches hors France.
Besoin en eau douce au nord. Biocarburants rentables (arrêt Marée (H3) : sites naturellement favorables, visée électrique
défiscalisation entre 2015 et 2020). uniquement ; pas ou peu de développement.
Soutien public : recherche et soutien décentralisé des techno- Vagues (H1 + H3) : proche des côtes. Développement moyen à
logies (appel d’offre). faible.
Décentralisation réseau et développement des technologies : Biomasse (H4) production limitée à des produits high tech
selon localisation. en intensif, à terre ; apparition d’OGM multi-applications.
Recherche : technologies (opportunités locales) et régulation Éolien (H2 régions cibles ; H1 ailleurs). développement moyen.
du réseau électrique. Prise de risque technologique pour dé- Éoliennes flottantes (Bretagne et Languedoc Roussillon) + éo-
monstrateurs en développement local. liennes classiques ailleurs.
Risque du scénario : acceptabilité sociale des expérimenta- Thermique (H3) fort développement ; climatisation au Nord +
tions. froid – électricité - eau (tropiques), synergie avec aquaculture.
Impacts sur les technologies : marché de niches Osmotique (H1) : un projet pilote de microcentrale.
(effet d’échelle seulement au niveau mondial). Hybrides (H1) : développement indépendant des technologies,
synergies à l’opportunité.
33
34
Scénario 1 - Crise et urgence Scénario 2 - Coopération Scénario 3 - Chacun pour soi Scénario 4 - Local autonome Scénario normatif
Puissance Production Production Puissance Production Production Puissance Production Production Puissance Production Production Puissance Production Production
Technologie installée électrique énergétique installée électrique énergétique installée électrique énergétique installée électrique énergétique installée électrique énergétique
(MW) (TWh/an) (MTep/an) (MW) (TWh/an) (MTep/an) (MW) (TWh/an) (MTep/an) (MW) (TWh/an) (MTep/an) (MW) (TWh/an) (MTep/an)
Éolien 4000 12,0 1,03 10 000 30,0 2,58 2000 6,0 0,52 4000 12,0 1,03 4000 12,0 1,03
ETM clim.
métropole 400 0,7 0,06 800 1,5 0,12 200 0,4 0,03 800 1,5 0,12 15 0,1 0,01
MWf
ETM élec.
50 0,4 0,03 115 0,7 0,06 25 0,2 0,02 115 0,7 0,06 200 1,4 0,12
tropiques
ETM clim.
tropiques 400 0,7 0,06 2000 3,6 0,31 200 0,4 0,03 2000 3,6 0,31 40 0,3 0,02
MWf
ETM eau
1,7 Mm3/an 3,3 Mm3/an 0,8 Mm3/an 3,3 Mm3/an 0,8 Mm3/an
tropiques
Courants 100 0,3 0,03 1000 3 0,26 200 0,6 0,05 50 0,2 0,01 400 1,4 0,12
Marémoteur 400 1,0 0,09 600 1,5 0,13 240 0,6 0,05 240 0,6 0,05 500 1,3 0,11
Vagues 100 0,3 0,03 2000 6 0,52 100 0,3 0,03 150 0,5 0,04 200 0,8 0,07
1 site soit 2000 ha 10 sites
Biomasse 0,05 2,50 Autre usage négligeable 5 sites soit 10 000ha 1,25 2000 ha 0,05
(guyane ou Nlle Calédonie) soit 20 000 ha
Osmotique 0 0 0,00 0 0 0,00 0 0 0,00 0 0 0,00 0 0 0,00
BILAN 1,38 MTep/an 6,48 MTep/an 0,73 MTep/an 2,87 MTep/an 1,53 MTep/an
Annexe 7 : É valuation chiffrée
Électricité 4650 14,0 1,21 13 715 41,2 3,55 2565 7,7 0,67 4555 14,0 1,19 5 300 16,9 1,45
Climatisation 800 1,4 0,12 2800 5,1 0,43 400 0,8 0,06 2800 5,1 0,43 55 0,4 0,03
Carburant 0,05 2,50 négligeable 1,25 0,05
et du scénario normatif
des scénarios possibles
Eau 1,7 Mm3/an 3,3 Mm3/an 0,8 Mm3/an 3,3 Mm3/an 0,8 Mm3/an
Crédits photos
Couverture Pages intérieures
En fond : © Ifremer / G. Véron Page 6 © Pelamis Wave Power Ltd
Parc éolien offshore de Nysted (Danemark) Le Pelamis, système de récupération de l’énergie
des vagues, en test à l’EMEC
4e de couverture (European Marine Energy Center) en Écosse
Vignettes, de gauche à droite :
• Usine marémotrice de La Rance (France) Page 7 © Marine Current Turbines Ltd
© EDF Installation de l’hydrolienne Seagen sur le site
• Maquette du Système Autonome Électrique de Strangford Narrows (Irlande du Nord) par
de Récupération de l’Énergie des Vagues (SEAREV) la barge-grue Rambiz
© École Centrale de Nantes
• Mise à l’eau du prototype d’hydrolienne Sabella Page 8 © Pelamis Wave Power Ltd
dans l’estuaire finistérien de Bénodet (France) • Le Pelamis, système de récupération de l’énergie
© E. Donfut / Balao des vagues, en test à l’EMEC (European Marine
• Hydrolienne Seagen installée à Strangford Narrows (Irlande du Energy Center) en Écosse
Nord) • Vue d’artiste d’un parc de Pelamis
© Marine Current Turbines Ltd
Page 15 © Ifremer
Vue d’artiste d’un projet d’énergie thermique
des mers à Tahiti
Page 31 © EDF
Vitesse maximale du courant de marée en vive-eau moyenne
(données issues du modèle Télémac EDF/DRD)
Page 35 © EDF
Usine marémotrice de La Rance (France)
Dans le cadre de son projet interne éco-responsable, l’Ifremer a confié l’impression de cette brochure
à l’imprimerie Caractère, entreprise certifiée ISO 14001. Ce document est imprimé avec des encres à bases d’huile
végétale sur du papier issu de forêts gérées durablement PEFC.
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Bien que peu cité dans la liste des énergies renouvelables, l’océan
en est un immense réservoir : énergie des courants, des marées
et des vagues, énergie éolienne en mer, énergie thermique, pression osmotique,
biomasse marine… L’étendue de l’ensemble de ses façades maritimes permet
à la France de disposer d’un potentiel très important de développement
de ces énergies, notamment outre-mer. Elle a d’ailleurs été pionnière
en la matière en construisant dans les années 60 l’usine marémotrice
de La Rance, toujours en activité.
Ifremer
Création :