Houssem Einstein A Change Le Monde PDF
Houssem Einstein A Change Le Monde PDF
Houssem Einstein A Change Le Monde PDF
a changé le monde
Comment Einstein a changé
le monde
Jean-Claude BOUDENOT
El
SCIENCES
7, avenue du Hoggar
Parc d’Activités de Courtabceuf, BP 112
91944 Les Ulis Cedex A, France
Illustration de couverture : Photographie d‘A. Einstein
O Hulton Archive / Stringer.
ISBN : 2-86883-763-8
Tous droits de traduction, d‘adaptation et de reproduction par tous procédés,
réservés pour tous pays. La loi du 11 mars 1957 n’autorisant, aux termes des
alinéas 2 et 3 de l’article 41, d’une part, que les << copies ou reproductions
strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une
utilisation collective », et d’autre part, que les analyses et les courtes citations
dans un but d’exemple et d’illustration, << toute représentation intégrale, ou
partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou
ayants cause est illicite x (alinéa le‘ de l’article 40). Cette représentation
ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une
contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal.
O EDP Sciences 2005
2
À la mémoire de mon père
Claude Cohen-Tannoudji
6 Préface
bornmaire
Préface .................................................................................. 5
Introduction ........................................................................ 9
.
Premières recherches ..................................................................................
1905 l'année miraculeuse .........................................................................
Professeur à Berlin ......................................................................................
16
18
23
Einstein médiatisé ....................................................................................... 26
Einstein. père de la bombe ? ..................................................................... 28
Dernières années ......................................................................................... 30
2
. ...
3 - E = mc deja un siecle
.. .................................................
L'origine de l'équivalence masse-énergie ..............................................
45
45
Einstein annonce l'équivalence masse-énergie ..................................... 48
Première vérification de l'équivalence masse-énergie ........................ 50
Une conséquence surprenante : l'antimatière ........................................ 53
.
E mc2 au quotidien : de l'énergie nucléaire à la médecine ............... 57
8 Sommaire
Introduction
À la mort des légataires, les archives ont été transférées, suivant les
vœux d’Einstein, à l’université hébraïque de Jérusalem. En 1981, plus
de vingt-cinq ans après la mort d’Einstein, le travail historique a pu être
approfondi ; plus de 50 O00 documents sont maintenant rassemblés.
Une partie de ce fond est en cours de publication, ce sont les Collected
Papers of Albert Einstein, huit volumes ont déjà été édités, il en est prévu
vingt-neuf au total. Peu de personnages historiques auront fait l’objet
d’une analyse aussi détaillée, et une telle entreprise n’est réservée qu’à
un homme ayant profondément marqué son siècle.
10 Introduction
monde, c’est la fin d’une période - qui a commencé avec Galilée et
Newton - et le début d’une nouvelle ère. En physique lorsque l’on se
réfère à l’époque pré 1905 on parle de physique classique sans pour
(< ))
autant donner de qualitatif aussi net pour la période suivante (le terme
de physique moderne H vieillit mal). Disons que les trois points
((
12 Introduction
Einstein, l’homme
du siècle
Les << Collected Papers x ont été rapidement présentés en introduction, huit
volumes ont déjà été édités, il en est prévu vingt-neuf au total.
rez le respect de la classe à mon égard par votre seule présence ». Assu-
rément,j‘auais moi-inêinc unefurieuse envie de quitter le lyck pozw suivre mes
pnreiifs eii Italie ». (Le Luitpold Gymnasium a été détruit pendant la
seconde guerre mondiale, puis reconstruit et rebaptisé Albert Einstein
Gymnasium !) Les parents du jeune Albert avaient quitté en 1894I’Alle-
magne pour l’Italie, à la recherche d’affaires plus florissantes. Einstein
décide alors, a u printemps 1895, de rejoindre sa famille à Pavie.
À l’automne, il se présente au Polytechnikum (ETH) de Zurich, mais
malgré d’excellentes notes en mathématiques et en physique, il échoue
à l’examen d’entrée. I1 décide alors de passer un an à l’École Cantonale
d’Aarau (Suisse) et habite pendant cette période chez l’un de ses
professeurs, Jost Winteler. Sa sœur Maja rapporte qu’Albert considérait
que son séjour à Aarau avait non seulement été très instructif, mais
aussi qu’il avait été une des plus heureuses périodes de sa vie. Einstein
y a en effet trouvé un climat intellectuel favorable, ouvert, où les
étudiants, contrairement à ce qu’il avait coimu en Allemagne, étaient
inciter à penser et à travailler par eux-mêmes. De plus c’est à Aarau que
le jeune Albert connu sa première idylle amoureuse en la personne de
Marie Winteler, la fille de son professeur.
C‘est au
Polytechnicum de
Zürich qu’Einstein
fera ses études
d’octobre 1896 à
juillet 1900.
O Image Archive
ETH-Bibliothek,
Zurich.
Fihysique théorique ».
Premières recherches
Début 1901, Einstein est sans emploi, mais malgré la situation très
précaire du jeune couple officieux, Albert et Mileva se passionnent pour
la physique. C’est à cette époque qu’Einstein publie son premier article
(sur la capillarité) et devient citoyen Suisse - nationalité qu’il gardera
toute sa vie - il parlera toujours de la Suisse comme G du plus beau coin
qu’il connaisse sur terre ». En physique, son intérêt se tourne rapidement
vers la physique statistique3.Il écrira lui-même plus tard, au sujet de ses
Le but de la physique statistique est d’expliquer les propriétés macroscopi-
ques (i.e. à grande échelle) de la matière à partir des lois de la physique appli-
quées à l’échelle des atomes et des molécules. Compte tenu des nombres
énormes qui entrent en jeu (il y a environ mille milliards de milliards de molé-
cules dans un gramme d’eau), il faut avoir recours à des techniques statisti-
ques, d’où le nom de cette branche de la physique.
cette même année, le 14 mai, quant au texte évoqué par Einstein, il lui
servira de mémoire de thèse.
Albert Einstein, sa
femme Mileva et leur
fils Hans Albert (né
en 1904) dans leur
appartement de
Berne.
O Courtesy of The
Albert Einstein
Archives, The
Hebrew University of
Jerusalem.
Quant au sixième article publié par Einstein en 1905 (le second sur
le mouvement brownien), nous l’avons déjà cité. À l’évocation de ces
publications mémorables, on pourrait croire aujourd’hui que les
articles d’Einstein de 1905 ont fait l’effet d’une bombe dans le monde de
la physique. I1 n‘en est rien. Maja Einstein, dans sa petite biographie
consacrée à son frère, évoquée plus haut, nous indique comment Albert
a vécu les mois suivant l’acceptation de son article (le plus en vue de
1905) sur l’électrodynamique des corps en mouvement : << Le jeune
savant pensait que sa publication dans cette reuiie illustre, connaissant une
large audience, attireraif inini~diaterrierrfl‘attention. Il ~ ’ ~ ~ t t e n ài ~une
a i tuiue
opposition et a u x critiques les plus sévères. II f u t très déçu. La parution de son
nrticle f u t suivie d’un silence glacial. Les nurniros suivants de la revue n‘en
firent aucune mention. Les milieux professionnels se cantonnèrent dans
l‘expectative. Quelques temps plus tard, Albert Einstein reçut une lettre de
Berlin. Elle ktait envoyée par IC ct;lèbre professcur Planck qui deinandait des
éclaircissenients sur certizins points lui seniblant obscurs. AprÈs une longue
attente, ce f u t le premier sipic indiquant que son article avait c‘filu. Le jeune
scientifique éprouva une joie particulièreurrent grande d u fait que la
reconnaissance de ses travaux provenait de l’un des plus éminents physiciens
de l’époque. ))
Durant l’été 1907, Max Planck passe ses vacances dans l’Oberland
bernois et décide d’aller rencontrer Einstein chez lui. I1 lui écrit, le
6 juillet 1907 : Je m e réjouis à l’idée que j‘aurai peut-être alors le plaisir de
<(
faire votre connaissance. N Les relativistes sont à cette époque très peu
(( )>
nombreux, c’est pourquoi Planck ajoute dans cette même lettre : << Tant
que les défL‘n~eur~d u principe de relatiz1ité fornieront un cercle aussi rkduit,
il leur sera doublement important d’être en accord avec eux. H Max Planck
constitue en quelque sorte le centre de ce cercle. C’est lui qui sera le
premier (en dehors d’Einstein lui-même) à publier un article sur la
relativité, la première thèse de doctorat a été réalisée sous sa direction
et la première monographie sur la relativité est l’œuvre de son assistant
(et futur prix Nobel) Max von Laue. Planck fait également connaître très
tôt la relativité aux physiciens allemands, ainsi il mentionne en ces
termes cette théorie à la société de Physique de Berlin le 23 mars 1906 :
<( Le principe de relativité, récemment énoncé par H.A. Lorentz, et généralisé
par A. Einstein, impliquerait, s’il se vérifiait, une si prodigieuse simplification
de tous les problèmes d’électrodynamique des corps en mouvement que la
question de son admissibilité parmi les notions théoriques fondamentales
mérite d‘être posée. D
Professeur à Berlin
Einstein commence à sortir de l’ombre en 1907. I1 écrit, à la demande de
Johannes Stark (futur prix Nobel de physique) un long article de
synthèse sur la théorie de la relativité. Par ailleurs, c’est en 1907
qu’Einstein a, comme il le dit lui-même l‘idée la plus heureuse de sa vie :
celle du principe d’équivalence qui le met sur le chemin de la relativité
générale (chapitre 5). Vers la fin de 1907, Einstein cherchant à devenir
Privatdozent (maître de conférence) envoie à l’université de Berne, en
guise de leçon inaugurale, indispensable à l’obtention du titre, son
article de 1905 sur la relativité mais sa leçon est rejetée ! I1 fait une
(< ))
seconde tentative en février 1908, et cette fois il est admis comme maître
de conférence. La même année, sa sœur Maja, dont il est très proche,
passe une thèse sur les langues romanes à l’université de Berne et
obtient son doctorat en littérature avec la mention magna c u m laude.
Tout va donc bien à présent chez les Einstein, mais Albert aspire à un
poste plus rémunérateur. L’occasion se présente en 1909 lorsqu’un
nouveau poste de professeur adjoint N de physique théorique est
<(
remerciement,
Einstein dira à
Archives, The
Hebrew University of
Jerusalem.
Einstein médiatisé
C’est Lorentz qui informe Einstein, le 22 septembre 1919, de cette
vérification expérimentale. Le << Times >> de Londres, dans son édition
du 7 novembre 1919, titre en gros caractères: «Une révolution
scientifique. Une nouvelle théorie de l’univers. Newton détrôné ».
Cette révolution scientifique est d’autant plus extraordinaire aux yeux
du public que la théorie de la relativité générale semble être
inaccessible. Ainsi, à la fin d’une conférence au cours de laquelle
l’astronome Royal Eddington rapporte la confirmation de la prévision
de la relativité, quelqu’un s’approche de lui et lui dit : Sir, vous devez
(<
participer. H Les débats sont présidés par Lorentz, à ses cotés se trouvent
Einstein, Planck, Marie Curie, Dirac, Compton, Louis de Broglie, Born,
Bohr, Schrodinger, Pauli, Heisenberg, Langevin, Brillouin... On y
discute des fondements de la mécanique quantique, les débats entre
Einstein et Bohr sont restés justement célèbres.
L‘héritage de Newton
Pour bien comprendre en quoi les nouvelles idées introduites en 1905
ont constitué une révolution scientifique, il est utile de rappeler
rapidement le cadre de pensée (le paradigme) des physiciens jusqu’à la
fin du XIXe siècle. Très schématiquement, on peut distinguer deux
périodes ; la première se fonde sur la physique aristotélicienne, qui
est à l’œuvre jusqu’à Galilée, la seconde est celle de la physique
newtonienne, dont les bases remontent au même Galilée.
La physique aristotélicienne
Pour Aristote, le monde est divisé en deux grandes régions. La
première est la région céleste, celle de l’éther, dans laquelle ont lieu les
mouvements circulaires éternellement uniformes. La seconde est la
région sublunaire, c’est-à-dire située au-dessous de la sphère de la
lune ;cette région est celle des quatre éléments d’Empédocle, celle du
changement permanent et celle des mouvements linéaires. La physique
et la cosmologie d’Aristote deviendront la physique et la cosmologie de
l’Église Catholique, au point que, jusqu’au XVIIe siècle, attaquer ce que
la scolastique aura fait d’Aristote sera considéré comme attaquer
l’Église. C’est la physique d’Aristote qui sert de cadre au système du
monde de Ptolémée. Suivant ce dernier, l’Univers est composé d’un
De Copernic à Galilée
Au milieu du XVIe siècle, le chanoine Nicolas Copernic propose d’aban-
donner le système géocentrique de Ptolémée. Dans la dédicace qu’il fait
au pape Paul III de son ouvrage De revolutionibus orbiuin coelcstium, il
indique : << J‘ai pensé qu‘on me permettrait facilement d‘exaiiiiner si, en sup-
posant IL. iiioirvement de la f ~ r r eon
, pouvait trouver dans celui des corps célestes
quelque chose de p l u s démonstratzJ >> Copernic introduit la notion de sys-
tème héliocentrique où les six planètes (Mercure, Vénus, Terre, Mars,
Jupiter et Saturne) se déplacent autour du Soleil : Le Soleil repose au
((
milieu de toutes choses, assis pour ainsi dire sur un trône royal, il gouverne Ir7
famille des astres qui tozrriient autour de lui. Ses adversaires, et ils sont
)>
science] est écrite dans ce’ très grand livre qui se tient constamment ouvert sous
nos yeux, l‘Univers, et qiri ne peut se comprendre que si l‘on a préalablement
appris i7 en comprendre ln lnngue et 2 en coiiiinître les caracfèrcs employés pour
l’écrire. Ce livre est écrit dans la lnngiie niathénuztique, ses camctçres sont des
triangles, des cercles et d‘autres figures géonzétriques, sans l‘internzédiaiue
desquels il est impossible d’en comprendre humainement irn seul mot, et sum
lesquels on ne fait qu’errer vainement dans un labyrinthe obscur ».
Galilée (1564-1642). Galilée met en évidence le mouvement uniformément accéléré,
<< Le leitmotiv qic je
énonce la loi de composition des mouvements et montre que la
reconnaisdans l’œuvrede
Galilée est le combat superposition d’un mouvement horizontal de vitesse uniforme et d‘un
passionné contre toutes mouvement vertical uniformément accéléré donne une trajectoire
lesformes de dogme se parabolique. I1 montre que si l’on n’exerce aucune action sur un corps
fondant sur des immobile, il reste immobile et que si l’on cesse toute action sur un corps
arguments d’aiiforité. N en mouvement rectiligne uniforme, il continue à se déplacer selon un
(A. Einstein) mouvement rectiligne uniforme.
mera << transformation de Galilée >> la formule qui permet de passer d’un
système de référence (galiléen) à un autre.
Principe de relativité de Galilée
Suivant le principe de relativité (baptisé par Einstein, cc de
Galilée »), il est impossible de mettre en évidence le mouvement
(rectiligne et uniforme) d’un système physique par des
<< expériences internes », c’est-à-dire pour lesquelles l’observateur
et l’objet étudié appartiennent à un même système (référentiel). Une pierre est lancée
C’est le cas de la pierre qui tombe du haut du mât du bateau : que du haut du mât d’un
le bateau soit fixe par rapport au quai ou animé d’un mouvement bateau. Pour un
observateur lié à ce
rectiligne et uniforme par rapport à ce dernier, le résultat sera le bateau elle tombe
même. De nos jours, cela pourrait être illustré par un autre verticalement
exemple : un aviateur immobile ne verrait pas la terre défiler sous comme elle le ferait si
les ailes de son appareil. Dans un avion qui serait dépourvu de le bateau était
vitesse, aucune expérience réalisée à bord de l’appareil ne peut immobile (le
déceler le mouvement terrestre. (c mouvement (du
bateau) est comme
rien )>).Mais un
observateur sur le
quai la verra tomber
suivant une
trajectoire
parabolique.
Deuxième loi
Troisième loi
un cercle vicieux. Une masse dit-on, se meut sans être accélérée si elle est
sufisamment distante des autres corps, et l’on ne reconnaît qu’elle est
sufisamment éloignée de ces derniers que si elle se meut sans subir
d‘accélération ».
Lord Kelvin peut donc déclarer en 1892 : << La physique est définitive-
ment constituée dans ses concepts fondamentaux ;tout ce qu’elle peut désor-
mais apporter, c’est la détermination précise de quelques décimales supplémen-
taires. Il y a bien deux petits problèmes : celui d u résultat négatif de
l’expérience de Michelson et celui d u corps noir, mais ils seront rapidement
résolus et n’altèrent en rien notre confiance ». Albert Michelson confirme
en 1899 : Les lois et les faits les plus fondamentaux de la physique ont tous
<(
été découverts, et ils sont maintenant tellement bien établis que la possibilité
qu’ils soient supplantés suite à de nouvelles découvertes est extrêmement
faible. Nos découvertes futures concerneront le sixième chiffre après la
ziirgule.. . Seulement les ombres au tableau de la physique décrit par
)>
La mécanique statistique
La mécanique statistique a été fondée à partir des années 1860 par
deux très grands physiciens : Maxwell et Boltzmann. Elle étudie, à
l’aide de la mécanique et de l’électromagnétisme, les systèmes
composés d’un nombre si grand d’éléments que leur comportement
ne peut être calculé en pratique. Mais, bien que reposant sur des lois
déterministes et réversibles, on perd avec elle la possibilité de
remonter le temps. Alors que des mesures sur le système solaire
nous permettent de calculer les positions des planètes dans le passé,
il est impossible de savoir par des mesures comment a été obtenu
un litre d’eau tiède. Ce point constituait à la fin du XIXe siècle l’une
des plus grandes énigmes de la physique.
ni’est venu une idée interessante pour étudier quelle influence le mouvement
relatif des corps par rapport à l’éther lumineux petit exercer sur la vitesse de
Einstein indique par ailleurs dans son autobiographie qu‘il a eu la chance de
<(
Rappelons que l’article d’Einstein de 1905, qui sera considéré comme le texte
fondateur de la relativité restreinte, s’intitule : << Sur I’6iectrodynamiquedes corps
en mouvement ».
Le calcul de Poincaré
Henri Poincaré est le premier à avoir découvert l’équivalence entre la
masse et l’énergie. I1 écrit en 1900 : N L’énergie électromagnétique se com-
portant donc au poiiit de vue qui nous occupe comme linfluide doué d’inertie,
on doit conclure qiie si iin appareil quelconque après avoir produit de l‘énergie
électromagnétique la r ~ ~ i i v opar
i c rayonnement dans une certaine direction, cet
appareil devra reciiler coiiiiiie rccule u n canon qui 17 lniicé f i i l projectile. Il est
facile d’évaluer e n chiffues l’importance de cc rcciil. S i l’appareil a une massc dc
2 kilogri~iiiine s‘il a envoyé dans une dircction unique avec la vitesse de
c7f
Le mystère de In vadionctivité
Poincaré termine son texte en indiquant qu’on ne pourrait pas mettre en
évidence la force nécessaire pour maintenir en place le canon car cette
force est bien trop faible (toujours à cause du facteur gigantesque c2).
Pourtant un nouveau phénomène venait d’être découvert lorsqu’il
écrivait ces lignes, qui allait permettre de vérifier par l’expérience la
fameuse formule. Cette découverte, c’est la radioactivité.
x_^”
l’existence du noyau de l’atome. Or, ce sont les processus nucléaires
qui permettront de valider l’équivalence masse-énergie. Rutherford
découvre en 1911 le noyau de l’atome. I1 montre que l’atome ressemble
à un minuscule système solaire où le noyau joue le rôle du soleil et où
les électrons jouent le rôle des planètes. La presque totalité de la masse
de l’atome est concentrée dans le noyau, pourtant minuscule (quelques
millièmes de milliardième de millimètre !) : si le noyau avait la
dimension d’une tête d’épingle, les électrons de l’atome tourneraient
sur un cercle centré sur le noyau à une distance de ... 100 mètres !
p+Li -+ 2a
Dans cette réaction la masse au repos des constituants initiaux (le
proton et le noyau de lithium) est plus grande que celle des constituants
finaux (les deux particules alpha). La différence de masse (Am) est
transformée en énergie cinétique E emportée par les particules alpha
conformément à la formule E = (Am) c2. De plus, cette première
vérification expérimentale a pu être faite avec une très bonne précision
(inférieure à 1%).
L‘anti-électron
Nous avons indiqué précédemment que l’anti-matière, ou du moins sa
première trace sous forme d’anti-électron, avait été observée par Carl
Anderson en 1932. Sa découverte venait confirmer la prévision faite par
le physicien théoricien anglais Paul Dirac. Ce dernier avait établi une
équation relativiste de la mécanique quantique (l’équation de Dirac) en
1928 et cette équation faisait apparaître des états d’énergie négative.
Dirac écrit en 1929 à ce propos : N Nous somines conduit à érritWe l’hypo-
thèse que les trous apparaissmit dans la distribution d’électrons d‘énergie
rrégatiw sont des protons ». Puis en 1931, renoncant à l‘hypothèse des
Iiouvelle particule découverte ;le proton négatif ». Un an plus tard une autre
équipe réussit à mettre en évidence l’anti-neutron.
est encore plus complexe car il faut obtenir un anti-noyau d’une part et
un anti-électron d’autre part et les ralentir suffisamment pour qu’ils
interagissent l’un avec l’autre. Le problème est bien sûr de conserver
assez longtemps ces anti-particules, car dès qu’une anti-particule ren-
contre sa particule associée, l’annihilation se produit et tout est à
refaire ! Le CERN (Centre Européen pour la Recherche Nucléaire) a
construit une machine qui permet de ralentir puis de c stocker x
des anti-protons de faible énergie : il s’agit de LEAR (Low Energy Anti-
proton Ring). Grâce à cette machine, fin 1995, une équipe de physicien
a obtenu des atomes d’anti-hydrogène, certes pas en grande quantité :
9 anti-atomes seulement ! La question est de savoir si le comportement
de l’anti-matière est similaire à celui de la matière. La question est suf-
fisamment importante pour qu‘une nouvelle machine soit construite,
elle s’appelle AD pour Antiproton Decelerator. Cette fois-ci, l’anti-
hydrogène est produit en G grande quantité, plus de 50 O00 depuis le
))
Les neutrons, émis lors de la réaction, vont pouvoir initier à leur tour
d‘autres réactions du même type ; c‘est le principe de la réaction en
Ces deux photons de même énergie sont émis au même instant dans des
directions opposées (pour satisfaire la conservation de la quantité de
mouvement) ce qui est essentiel pour la détermination de leur point
d’origine. On remonte ainsi à la position de l’émetteur et l’intensité du
rayonnement mesurée renseigne sur sa quantité. On peut ainsi (à l’aide
d’un système informatique sophistiqué) faire une imagerie et même
mieux une tomographie, c’est-à-dire que l’on reconstitue par le
calcul des coupes à plusieurs profondeurs de l’organe examiné. Cette
technique connaît depuis le début des années 1990 une forte croissance,
elle est utilisée en particulier pour la détection de cancers et le suivi des
effets des thérapies associées.
L’héritage grec
La notion d’atome remonte à la Grèce antique. Leucippe est le
fondateur présumé de la théorie atomiste. Pour lui, l’être est une
multitude infinie d’atomes qui se meuvent dans le vide. Son disciple
Démocrite développe la théorie atomiste de Leucippe ainsi que la
première physique franchement matérialiste qui exclut l’intervention
des Dieux dans l’explication de l’univers. Démocrite considère deux
principes de formation de l’Univers : le plein, ou atomos et le vide. Les
atomes se déplacent au hasard dans le vide, se heurtent mutuellement
puis se rassemblent, forment des figures qui se distinguent par leur
taille, leur poids et leur rythme. Au le‘siècle avant J.-C., Lucrèce écrit
dans son De natura rerum : N Les corps, ce sont d’une part les principes
simples des choses, les atomes, et d’autre part les composés formés par ces Daniel Bernoulli
éléments premiers ». (1700-1782).
particules qui exercent des forces répulsives sur leurs voisines, la grandeur de
la force étant inversement proportionnelle à la distance entre les moléctiles,
alors la pression sera inversement proportionnelle au volume ». Daniel
Bernoulli, dans son célèbre ouvrage Hydrodynamica de 1738, relie le
produit de la pression par le volume au nombre de molécules, leur
masse et leur vitesse. En somme, il fonde la thermodynamique
statistique’ avec plus d’un siècle d’avance.
suadé qu’il va plus loin que l’expérience, et jamais en chimie nous ne devons
aller plus loin que l’expérience ». De son coté, le grand physicien Lord
Kelvin affirme en 1862 : Je ne crois pas a u x atomes ». Quant au chimiste
((
IL,ne veux pas que l’on croit à l’existence réelle des atomes comme les chrétiens
cvoient à la présence réelle deJésus-Christ dans l’hostie consacrée ». Toutefois,
en 1860, le premier Congrès des chimistes H se tient à Karlsruhe et l’on
(<
Premier tableau
périodique des
éléments (17 février
1869)de
Dimitri Mendeleïev
(1834-1907).
L‘angstrom (A) est une unité de longueur qui vaut lo-’’ m (un dix milliar-
dième de mètre). Cette unité est très utilisée car elle correspond à la dimension
Robert Brown typique des atomes. Cette unité vient d u nom du physicien suédois Anders
(1773-1858). Angstrom, l’un des fondateurs de la spectroscopie.
L’Investigator sur
lequel Robert Brown
a embarqué pour
l’Australie.
O Tous droits
réservés.
les molécules actives et cette fois c’est dix autres auteurs qui ont fait
))
Le moins que l’on puisse dire est que les observations et l’interpré-
tation de Robert Brown, si intéressantes soient-elles n’ont pas soulevé
un enthousiasme immédiat ; on ne trouve aucune publication sur ce
sujet entre 1831et 1857 ! En revanche, à partir des années 1860 plusieurs
scientifiques vont faire des recherches sur le mouvement brownien et
quand Einstein se penche sur la question les principaux éléments acquis
sont les suivants :
Article où Einstein
interprète le
mouvement
brownien.
O Annalen der
physik.
de Gibbs, qui avaient été effectuées plus tôt et avaient littéralement épuisé le
sujet, j’entrepris de développer la mécanique statistique et, à partir d’elle, la
théorie cinétique moléculaire de la thermodynamique ». I1 poursuit, comme
nous l’avons indiqué plus haut, en déclarant : c M o n but principal était de
trouver des faits prouvant autant que possible l’existence d’atomes de
dimension précise et finie », puis il ajoute : (c Sur ces entrefaites l‘ai découvert
que, suivant la théorie atomique, on devrait pouvoir observer un mouvement
dont serait animées des particules e n suspension, sans savoir que les
observations concernant le mouvement brownien était à l‘époque déjà
fiimilière ».
comme formé d’atomes incapables d‘agir à distance les uns sur les autres et se
mouvant en ligne droite dans des directions diverses, jusqu’à ce que ces direc-
tions soient modifiées par des chocs. Les lois d u choc sont les mêmes que pour
les corps élastiques. Ou bien on peut supposer que ces atomes peuvent agir à
distance et que l’action mutuelle de deux atomes se réduit à une attraction ou
h une répulsion dépendant seulement de leur distance. La première conception
~i‘estévidemment qu‘un cas particulier de la seconde ; j e montre que toutes les
deux son f incompatibles avec les principes de la thermodynamique ».
encadré.)
pensant qu’il ne pourra jamais perdre plus qu’une seule mise. H Dans son
article de 1906, Smoluchovski mentionnent les articles publiés par
Einstein en 1905, tout en précisant que son travail est indépendant
(il utilise d’ailleurs une autre méthode) : Les découvertes d’Einstein
sont tout à fait en accord avec certains résultats que j’avais obtenus
plusieurs années auparavant et que j e considère depuis comme un
argument de poids en faveur de la nature cinétique de ces phénomènes. >>
Einstein et Smoluchovski seront d’ailleurs en contact épistolaire
très cordial.
Vérifications expérimentales
Bien que la formule de diffusion d’Einstein se prête bien à un contrôle
expérimental précis, la première tentative de vérification ne sera faite
qu’en 1908. Le travail majeur dans ce domaine a été publié par Jean
Perrin en 1909. Combinant la formule d’Einstein et la loi donnant
l’activité du mouvement Brownien, on obtient une relation entre le
nombre d’Avogadro, et des paramètres mesurables ( X 2 , t, a, rl) décrits
précédemment (N = - - RT ). Dans une première série d’essais, une
~2 3 na 17
observation minutieuse du mouvement brownien sur des grains
sphériques calibrés, lui a permis d’obtenir des valeurs de N comprises
entre 5,5 x et 8 x (la valeur actuelle est de 6 x Jean Perrin
a fait varier dans ses expériences la taille des grains (a) et la viscosité (r))
du fluide et a montré que le résultat obtenu pour la valeur de N n‘en est
pas affecté, comme prévu par la formule de diffusion d’Einstein, il
Jean Perrin réalise dans son laboratoire des expériences avec des
billes microscopiques (leur taille varie de 0,2 à 5,5 pm) de gomme
gutte et de mastic en suspension dans l’eau. Les particules en
suspension sont bombardées par les molécules d’eau et lorsque ce
bombardement est plus intense d’un coté de la particule que
de l’autre, elle se déplace. À température ambiante et pour un
intervalle d’une seconde, le déplacement moyen est de l’ordre du
micron, ce qui est tout à fait observable au microscope (voir dessin
ci-dessous).
Britannicii sur une tête d’épingle ? >> Un calcul rapide lui permet de
les potentialités :dcs rnritL;riaiis avec u n e résistance dix fois siipérieure à celle
de l‘acier niais i i n poids beaucoup plus faible, iiiie concentration de toutes les
informiitions contenues à la bibliothèque dii Congr& dans un composant de Li
taille d’un inorce~ude sucre, la détection des fiiniei4rs cancéreuses lorsqu’elles
ont la taille de seulement quelques cellules. D Si l‘on en croît certains
prévisionnistes nous aurons d’ici à vingt ans plus de puissance de
calcul dans le volume d’un morceau de sucre que dans la totalité des
ordinateurs qui existe aujourd’hui dans le monde, soit presque un
milliard de Pentium en parallèle ! Tout cela passe par la maîtrise des
phénomènes à l’échelle nanométrique. Un nanomètre (nm) c’est un
milliardième de mètre (0,000 O00 O01 mètre). On se rendra mieux
compte de la petitesse de cette unité en disant que c’est environ
500 O00 fois plus fin que l’épaisseur du trait d’un stylo à bille ;
30 O00 fois plus fin que l’épaisseur d’un cheveu ; 100 fois plus petit
qu’une molécule d’ADN ou que cela représente la taille de quatre
atomes de silicium (Si) mis l’un à côté de l’autre. En un mot, l’échelle
nanométrique correspond au monde des atomes.
L’effet tunnel
Si on lance une balle contre un mur à une hauteur plus faible que
celle du mur, il n’y a aucune chance que cette balle traverse le mur.
À l’échelle microscopique, les lois de la mécanique quantique font
que les choses se passent diféremment. Si l’on envoie un électron
sur une << barrière de potentiel >> (l’équivalent d u mur), même si
l’énergie de l’électron est plus faible que la hauteur de la barrière,
l’électron a une certaine probabilité de franchir la barrière (c’est-à-
dire de traverser le mur). C’est ce que l’on appelle l’effet tunnel.
Cet effet est très bien vérifié expérimentalement, il explique la
radioactivité alpha et est utilisé dans certains composants électroni-
ques (composants Josephson).
L’effet tunnel est illustré ci-dessous, il se comprend facilement dès
lors que l’on admet qu’un électron n’est pas seulement une particu-
le mais une onde (plus précisément une superposition d’onde appe-
lée <<paquetd’onde >> qui voyage à la même vitesse que la
particule). Un phénomène similaire à l’effet tunnel, le phénomène
d’ondes évanescentes, était connu depuis longtemps en optique.
Barrière
-ayant traversé la
barrière
interactions).
Fermion (du physicien Fermi) : particule de spin demi-entier
(matière).
0 Hadron (du grec a 6 p o ~ = fort) : toutes les particules sensibles à la
force forte (baryons et mésons).
Higgs (du physicien Higgs) : le boson de Higgs est la particule qui
dans le modèle standard confère la masse aux particules.
0 Lepton (du grec ~LE~C‘COS = léger) : particules de spin ?4 insensible
à la force forte.
Leptoquarks : bosons de jauge de la grande unification.
0 Méson (du grec p o o = ~ moyen) : particule de spin demi-entier
sensible à la force forte (les mésons sont composés d’un quark et
d’un anti-quark).
0 Proton (du grec xpciS~oç = premier) : le plus léger des baryons.
0 Quark : particule de charge fractionnaire constituant les hadrons.
D’un autre coté, le méson p, qui avait été à tort confondu avec la
particule de Yukawa, montrera des signes de parenté avec l’électron,
qui comme lui est un lepton. En 1977, la famille s’agrandit avec la mise
en évidence d’un cousin de l’électron encore plus massif, le lepton T. À
chacun de ces leptons, on associera une particule insaisissable: le
neutrino. Le premier neutrino, le neutrino électronique (noté vJ, avait
été prédit par Pauli en 1927 et découvert expérimentalement près de
30 ans plus tard en 1956. Un second type de neutrino, le neutrino
muonique vp, sera identifié en 1962, puis, beaucoup plus récemment,
en 2000, un troisième neutrino, le neutrino tauïque (v,) sera mis en
évidence.
Le modèle newtonien
Comme nous l’avons expliqué au chapitre 2, le cadre de la mécanique a
été donné par Newton en 1687 dans ses Principiu : il s’appuie sur la
notion de temps absolu G vrai et mathématique, sans relation à rien
d’extérieur, [ill coule uniformément et s‘appelle durée )> et d’espace absolu
((sans velation nilx choses rxtérieures, [il] demeure toujours similaire et
inzrirobile. Newton énonce dans ces mêmes Principiu les trois lois
))
À la fin du XIXe siècle, on ne connaît que deux types d’interaction ; Franqois Arago
la gravitation, qui est universelle (elle s’applique à tous les corps, il n‘y (1786-1853).
a pas de moyen d’y échapper) et l’interaction électromagnétique dont
les lois ont été données par Mawxell. Du coté de la gravitation tout se
passe à merveille, citons deux grands moments. La prévision du retour
La vitessefinie de la lumière
Maxwell, << le Newton de l’électricité », réussit à rassembler, dans un
cadre formel unique, les lois de l’électricité, du magnétisme et de leur
interaction mutuelle. Les << équations de Maxwell x permettent
d’établir, conformément à l’intuition de leur géniteur, que la lumière
n’est rien d’autre qu‘une onde électromagnétique. La confirmation
éclatante de ce point sera donnée une vingtaine d’année plus tard (1888)
par Hertz. Mais on sait déjà que la lumière se propage à une vitesse
finie, c, proche de 300 O00 km/s. L’astronome danois Romer est le
premier à le montrer. I1 indique aux membres de l’Académie des
sciences de Paris lors de sa séance du samedi 21 novembre 1676 : Le <(
mouvement de la lumière n’est pas instantané, ce qui se fait voir par l‘inégalité,
des inlinersions ct émersions d u premier satellite de Jupiter ». Un siècle et
demi plus tard, l’astronome royal d’Angleterre James Bradley
découvre, en 1728, que les étoiles, au cours de l’année, semblent décrire
des ellipses : c’est le phénomène << d’aberration des étoiles N (que nous
Alexis Claude Clairaut est d’une précocité étonnante. À dix ans, il assimile les
ouvrages du mathématicien Guillaume de L‘Hôpital et de douze à seize ans il
fait des recherches en géométrie. Ses travaux le font entrer à l’Académie des
sciences le 14 juillet 1731, à dix-huit ans ! Le règlement de l’Académie exigeant
un âge minimum de vingt ans, une autorisation spéciale du Roi est nécessaire,
elle est accordée par Louis XV.
Le mystérieux éther
Cette vitesse finie de la lumière présente un aspect inoffensif mais c’est
en fait une première fissure dans le mur de l’édifice newtonien. La
seconde fissure apparaît lorsqu’on s’interroge sur son mode de propa-
gation. Pour Newton, la lumière est constituée de petit corpuscule.
Pour interpréter une expérience qu’il vient de réaliser (celle des
<< anneaux de Newton >>),il bâtit une théorie, dite des cc accès >> qu’il
introduit ainsi : << Pour qiic les rayons de lumièrc riient des a c c k alternés de
facile réflexioii ou de facile transmissioii, nihil alilid opus est, il suflif ainsi que
ces rayons soient de petits corpuscules, qui, par leur puissance attractive,
ou pnr quelque autre force, excitent des vibrations dans le milieu sur lesqiiels
elles ngissent. >> Pourtant, un siècle plus tard, il est difficile de maintenir
cette interprétation face aux expériences d’interférence. En effet, de la
lumière ajoutée à de la lumière peut tantôt faire de la lumière, tantôt
faire de l’obscurité ! Seule une nature ondulatoire peut conférer à la
lumière une telle propriété. Autrement dit, la lumière a une nature simi-
laire aux vibrations qui apparaissent à la surface de l’eau (les G ronds
dans l’eau D)ou à celle du son (les ondes acoustiques). I1 faut bien alors
qu’il existe un support pour qu’elle se propage : pas d’eau, pas de ronds
dans l’eau ;pas d’air, pas de son ! (il est bien connu que si vous mettez
un réveil dans une cloche à vide, on ne l’entend plus sonner). Quel est
U n comportement bizarre
Pas de doute, la lumière possède une vitesse finie c et est une onde qui,
pour se propager, nécessite un support matériel, aux propriétés
bizarres, certes, mais qu’il faut bien admettre. Ce support doit alors
pouvoir servir de système de référence absolu et permettre de mettre en
évidence les mouvements qui lui sont relatifs. Prenons l’exemple
précédent : la terre tourne autour du soleil à la vitesse V , donc, d’après
les lois de la mécanique, si l’on envoie de la lumière dans la même
direction que son mouvement elle doit avoir, par rapport au référentiel
(absolu) que constitue l’éther une vitesse égale à c + V . Naturellement
si l’on envoie de la lumière dans la direction opposée elle possédera,
par rapport à l’éther, la vitesse c - V . Le physicien américain Michelson
a imaginé une expérience où l’on pourrait mettre en évidence cette
différence de vitesse. À sa grande surprise, et à la grande surprise des
autres physiciens, cette expérience s’est révélée négative : impossible
de mettre en évidence la moindre différence de vitesse ! Peut être fallait-
il en conclure, comme l’avait fait Fresnel dès 1818, que la vitesse de la
lumière est indépendante de la vitesse de sa source mais c’est là
contredire une conséquence directe des lois de la cinématique de
qu'elle est conçue aujourd'hui, conduit, quand elle est appliquée aux corps en
mouvement, 2 des açyinétries qui ne semblent pis etrc inhérentes aux
phénomènes. Rappeloiis, par exemple, l'action rriutiielle 6l~cfrodynamique
s'exerçant eiztre iriz airirurit et un condircteirr.Lc pliénoin~neobservt; dépemi ici
uniqirrrircnt d i r mouvement relatif du coizdircfeirr i>t de l'aimant, tandis qirr,
d'après la coirct~ptzonhabituelle, il faudrait tfaldir line distinction rigoureuse
entre le cas oii le premier de ces corps serait c i 1 iiiouvewzent et le second au
repos, et le cas inverse. En effet, quand l'aimant est en mouvement et le
conducteur au repos, il se produit autour du premier un champ électrique
correspondant à ilne certaine localisation d'énergie, qui engendre un cotrrant
aux endroits où se trouvent des parties dti conducteur. Dans le cas où l'aimant
est au repos et lc corzducteur en mouvement, il ne $6' produit pas de champ
électrique atitour d e l'aimant. Il se produit par contrc drins le conducteur une
Le fameux article d’Einstein << Sur l’élrcfrodynaniique des corps en rnouveriisnf >>
ne comporte aucune référence et un seul remerciement : En terminant, le tiens
<(
L? dirc que mon a m i et collègiic M Besso iii’fl constarnirient prêté soiz précieux con-
cours, pendant que j e travaillais ii ce prohlPiric, r t que je I i i i MS redei~ablcde niaintrs
suggestions inkwssantcs. >>
Le temps relatif !
Comme nous l’avons indiqué au premier chapitre, l’article d’Einstein
n’a pas eu l’impact que l’on pourrait imaginer a posteriori. C’est à partir
de 1912 que << la relativité du temps >> commence à faire sensation dans
IC grand public, c’est ainsi qu‘un quotidien viennois titrait : C Lu rniriute
e11 dnnger, une nouvelle srnsufionnellc de la scirnce rnafhhnatzque ». Le
sensationnel a pris en effet rapidement le pas sur la théorie physique ;
les explications vagues, mal comprises, voire presque mystiques se
succédaient. La réalité est toute autre et peut, comme l’a fait Philippe
Frank, le successeur d‘Einstein à sa chaire de Prague, se résumer ainsi :
<< La relafivitt du fewips d‘Eirisfeiri est une r é j h i c de st.‘rrri-rritique,vion puirrt
de rtiéfaphysiqiw ».La physique est avant tout une science expérimentale,
il y a donc évidemment lieu de soumettre les prévisions de la théorie au
jugement de l’expérience.
Le voyageur de Langevin
Un aspect de la dilatation des durées a fait coulé beaucoup d’encre, il
s’agit du << voyageur de Langevin ». On en trouve les premières traces
di.s 1905 dans l’article d’Einstein : << S’il se trouve e n A deux horloges
synchrones et si l’on déplace l’une d’elles avec une vitesse constante v le long
d’une courbe fermée jusqu’à son point de départ, ce qui pourrait demander
t secondes par exemple, cette horloge retardera de (1/2) I(-)
v 2
C
de seconde sur
c d e qui est restée immobile en A. H Le scénario du N voyageur de
Langevin N a été imaginé par ce dernier lors d’une communication au
cours d’un Congrès à Bologne en 1911. I1 imagine un voyageur enfermé
dans un boulet de canon lancé à une vitesse proche de celle de la
lumière. Lorsque au bout de deux ans, le voyageur revient sur terre,
il retrouve son jumeau vieilli de deux cents ans. I1 s’agit là de la
comparaison à la fin du voyage, dans un même référentiel (celui de
la terre), du temps propre du voyageur et celui de son jumeau,
appartenant à deux référentiels différents (l’un lié au boulet du canon,
l’autre à le terre). On parle du << paradoxe de Langevin D car, par suite
du ralentissement des horloges en mouvement, l’horloge du voyageur
doit être en retard par rapport à celle de son jumeau resté sur terre. Mais
le jumeau en question peut très bien considérer que voyant s’éloigner
son frère à bord du boulet de canon, c’est lui qui est en mouvement et
le soi-disant voyageur qui est immobile. C’est donc lui qui doit être le
plus jeune à l’arrivée, d’où la situation paradoxale. Ce paradoxe
est délicat et sa discussion sort du cadre de cet ouvrage. Disons
simplement qu’on lui oppose souvent l’argument suivant lequel on ne
se trouve plus dans le cadre de la relativité restreinte, puisque, pour
revenir sur terre, le voyageur a d u faire un aller-retour et donc subir une
phase pendant laquelle le mouvement est décéléré puis accéléré (et
donc plus redevable de la relativité restreinte). Mais, comme l’indique
la physicienne Marie Antoinette Tonnelat : Le rôle des temps
<(
d’accélération n’est donc pas de rétablir entre les conclusions des deux
observateurs une réciprocité que n’autorisent pas les données physiques du
problème. Il est, au contraire, de compenser les résultats qu’on aurait obtenu
indûment e n supposant la réciprocité des systèmes et de rétablir des
conclusions univoques et cohérentes. D On peut interpréter la différence
de vieillissement par le fait que les deux jumeaux n’ont pas suivi
le même chemin d’espace-temps. On doit à un autre physicien,
Olivier Costa de Beauregard, une analogie intéressante. I1 considère
La relativité : Einstein,
Lorentz ou Poincaré ?
Importance du principe de relativité, absence d’espace absolu, relativité
de la simultanéité, contraction des longueurs, dilatation des durées,
limite représentée par la vitesse de lumière, nouveau théorème
d’additivité des vitesses, augmentation de la masse avec la vitesse,
relation entre la masse et l’énergie, ... sont autant de résultats qui
permettent de conclure qu‘une révolution est apparue en physique en
1905. Une analyse plus détaillée montre toutefois que ces composantes
se trouvaient également dans les travaux de Lorentz et de Poincaré.
De riches applications
Lorsque des électrons tournent dans un accélérateur, ils émettent un
rayonnement électromagnétique appelé rayonnement synchrotron.
Comme la langue d’Esope, le rayonnement synchrotron est la meilleure
ou la pire des choses. La pire des choses car plus on cherche à accélérer
l’électron, plus il rayonne et donc moins l’énergie qu’on lui communi-
que sert à augmenter sa vitesse. L’origine de ce phénomène est pure-
ment relativiste : la masse (ou plutôt l’inertie) augmente avec la vitesse
et donc plus l’électron va vite, plus il est difficile de lui faire acquérir
une vitesse plus grande. À la limite il faudrait dépenser une énergie
infinie pour le faire aller à la vitesse de la lumière. Dans l’accélérateur
du CERN appelé LEP (pour Large Electron Positron Collider) les élec-
trons pouvaient atteindre 0,9999999999875 c. La meilleure des choses
C a - ce rayonnement peut être très utile. Cette émission dépend de la
vitesse des électrons. Lorsque ceux-ci voyagent à une vitesse proche de
celle de la lumière, l’émission du rayonnement se fait tangentiellement
à la trajectoire et le faisceau est très directif, c’est donc en quelque sorte
un phare très puissant. Mais à la différence d’un phare classique, on
peut générer ici toute une gamme de longueur d’onde allant de l’infra-
rouge aux rayons X. Par ailleurs, cette lumière est extrêmement intense,
jusqu’à 10 O00 fois plus que celle du soleil. C’est à partir du début des
années 1970 que l’on a songé à l’utiliser pour différentes applications.
Le rayonnement synchrotron peut s’appliquer à un large ensemble
d’activités en recherche fondamentale pour les sciences de la matière et
celles du vivant, en recherche appliquée et pour des applications indus-
trielles. En recherche fondamentale, on l’utilise en physique, en chimie,
en sciences des matériaux, en sciences du vivant, en sciences de la terre
et de l’atmosphère, etc. En recherche appliquée, il intéresse des domai-
nes très divers tels que : la pharmacie (pour la recherche de nouveaux
médicaments), le médical, la chimie (détection de substances polluantes
dans l’environnement, optimisation du fonctionnement des pots cataly-
tiques, élaboration de nouveaux matériaux, etc.) et la pétrochimie,
l’environnement, le nucléaire, l’industrie automobile, mais aussi les
nanotechnologies, la micromécanique et la microélectronique, etc.
lement pour ries systèmes qui sont accéléris IPS 1111spar rapport a u x autres ».
Cette tentative semble irrémédiablement vouée à l’échec pour une rai-
son très simple : autant le mouvement rectiligne uniforme est comme (<
qu’une balk d e liège tombe à la même vitesse 1711‘2ine balle de plomb ? >) et
Salviati (porte parole des idées de Galilée) répondant : A y a n t vu,dis-
<(
je, tout cela, j’cn arrive à cette opinion que si l‘on éliminait complètement la
résistance d u milieu, tous les corps tomberaient à il7 même vitesse. Newton
)>
MicroScope, Q CNES.
Un espace courbe
Toutefois, une nouvelle difficulté survient. Comme on le sait, les lois de
la physique sont connues dans les référentiels galiléens. Étendre le
principe de relativité à tous les repères, ce qui est le but de la relativité
générale, impose donc de considérer des référentiels accélérés, par
exemple en rotation. Soit donc un référentiel (appelons le R’) en rotation
par rapport à un référentiel galiléen R. Mesurons (dans R) le rapport
entre le périmètre P et le diamètre D d’un cercle solidaire de R en
disposant de petites allumettes tout autour du cercle et le long de son
La partie n’est toutefois pas gagnée car il faut mettre tout cela en
équation. Par chance, Einstein trouve l‘aide de l‘un de ses anciens
condisciples du Polytechnicum de Zürich, Marcel Grossmann, devenu
entre temps professeur de mathématiques dans cette École. Ils ont
recours au formalisme du calcul tensoriel, outil très mathématique
inconnu des physiciens (voir encadré). Einstein aboutit ainsi à une éga-
lité tensorielle qui est le fondement de la gravitation relativiste. Cette
équation s’appelle l’équation d’Einstein. Elle généralise l’équation de
Newton de la même façon que les équations de Maxwell généralisent
l’équation de Coulomb. C’est le 25 novembre 1915, dix ans après son
article sur la relativité restreinte, qu’il publie les équations définitives.
11peut enfin dire : c< La théorie de la relativité générale possède désormais une
structure logiqiiement complète ».
C‘est-à-dire en un siècle.
Expérience de Pound
et Rebka réalisée
dans la tour du
Jefferson Building
de Harvard.
O Tous droits
réservés.
ConstellationGPS.
~ ~ ~
La relativité générale
au service de l’astrophysique
De nouveaux tests
Les trois tests de confirmation de la relativité générale que nous venons
d’analyser ont été imaginés par Einstein lui-même. Un regain d’intérêt
pour cette théorie de la gravitation relativiste est apparu au début des
années 1960 et, très rapidement, un quatrième test a été imaginé qui est
principalement dû à l’américain Irwin Shapiro. L’idée est de mesurer le
temps de parcours aller-retour d’une onde radar se réfléchissant sur
Ondes gravitationnelles
Les équations d’Einstein de la relativité générale prévoient l’existence
d’ondes gravitationnelles, de la même façon que les équations de
Maxwell de l’électromagnétisme imposaient l’existence d’ondes élec-
tromagnétiques. Mais alors que les ondes électromagnétiques ont été
mises en évidence par Hertz seulement N vingt ans après l’établisse-
((
~ ~~
est en fait un pulsar double répondant au doux nom de PSR 1913 + 16.
I1 s’agit de deux pulsars de taille semblable orbitant l’un autour de
l’autre (l’un a une masse égale à 1,4 Mo, où Mo désigne la masse solaire,
LISA
LISA (Laser Interferometer Space Antenna) est un projet d’enver-
gure lancé par l’Agence Spatiale Européenne (ESA) en collabora-
tion avec la NASA. Cet interféromètre spatial est constitué de trois
satellites placés sur un triangle équilatéral dont le coté (le bras de
l’interféromètre) a _..5 millions de kilomètres ! Le passage d’une
onde gravitationnelle provoque un très faible mouvement relatif
entre ces satellites. Ce mouvement étant infinitésimal, il faut pou-
voir mettre en évidence une variation relative de l’un des bras de
(<
Belgique.
Première périodr
Temps de Planck t, = ( ~ G / c ~ ) #’ / ~ s
Longueur de Planck 1, = (hG/c3)’/* # 4 m
Température de Planck Tp = h / k ( c ~ / ~ G ) #’ /3 ~ “C
Masse de Planck M , = ( ~ c / G ) ~ /#’ 5 kg
Deuxième période
Troisième pkriode
Quatrième période
Cinquième période
Elle apparaît 0,Ol s après le Big Bang. L’Univers continue à croitre
rapidement (sa taille double tous les deux centièmes de seconde), la
température (qui est inversement proportionnelle à sa taille) décroît et
Sixième période
Septième période
Huitième période
Neuz1ii.m période
Nous voici arrivés à notre dernière période, trois minutes après le début
de l’univers. La température est de i milliard de degrés (soit une
énergie de 0,l MeV), la nucléosynthèse est en œuvre, la proportion de
neutron s‘est stabilisée à 13 ‘/O contre 87 ‘/O de protons.
La composition de l’Univers
Le corps noir
Tout le monde a remarqué que les corps chauffés émettent de la
lumière. I1 en va ainsi de la flamme d’une bougie ou d’un feu de
cheminée. C’est un céramiste, dont la manipulation des fours est
essentielle à son art, qui fait la première observation importante dans ce
domaine : en 1792, le célèbre céramiste anglais Josiah Wedgwood
découvre que tous les corps chauffés deviennent rouges à la même
température. Cette découverte sera la première d’une longue série
devant amener à l’introduction des quanta en physique grâce à l’étude
de la loi d i r corps noir. C’est au physicien allemand Gustav Kirchhoff que
l’on doit ce nom : il appelle rayonnement du corps noir le rayonnement
contenu à l’intérieur d’une enceinte fermée dont les parois sont
maintenues à une température donnée’. On l’observe en perçant un
petit trou dans cette enceinte, ce qui permet de mesurer le spectre émis
par ce corps noir.
naturel.
La découverte de Planck
A l’automne 1905, les choses se précipitent. Deux équipes de physiciens
allemands (Lummer et Pringsheim d’une part, Rubens et Kurlbaum
d’autre part) confirment les écarts entre l’expérience et la loi de Wien.
C’est très probablement en début de soirée, le dimanche 7 octobre, que
Planck à découvert la loi qui porte son nom. Ce jour-là, Rubens et sa
femme sont venus rendre visite aux Planck dans l’après-midi. Au cours
de la conversation, Rubens glisse à Planck qu’il a établi que la densité
d’énergie émise par le corps noir est proportionnelle à la température
pour les grandes longueur d’onde (c’est-à-dire dans le domaine
infrarouge).Après leur départ, Planck se remet au travail et trouve une
interpolation entre ce résultat et la loi de Wien. Le soir même, il envoit
sa formule A Rubens, sur une carte postale, et la rendit Max Planck
le
19 octobre (cette célèbre formule s’écrit p(v, T) = 87ch v 3 / c [exp (k v/ (1858-1947).
kT) - 11-l).
L‘interprétation d’Einstein
Un article K révolutionnaire N
Cette interprétation d’Einstein va même inaugurer son année miracu-
leuse. Le 10 mars 1905, il écrit à son collègue Conrad Habicht : cc Je
te promets en échange quatre articles... dont le premier... est très
révolutionnaire ». Dans cet article, qui s’intitule : c< S u r u n point de v u e
heurisfiqire coizcernaiit la productioii et In traiisformation de la lumière »,
Albert Einstein indique que c< le rayonnement monochromatique de faible
densité se comporte vis-à-vis des phénomènes thermiques comme s’il était cons-
tifué de quanta d’énergie k,!lv(i.e lzy/ indépendants D . En clair, la lumière est
Auparavant Planck utilisait deux autres constantes : II (- k / k ) et b (- k )
De lents débuts
La signification physique de la constante de Planck pourrait sembler
mjourd’hui avoir été un thème central de la physique dans les premiè-
res années du XXe siècle, mais il n’en est rien. Seule une poignée de phy-
siciens, parmi lesquels Planck, Einstein et Lorentz, travaillaient sur ce
sujet. I1 en a été ainsi jusqu’au premier Conseil Solvay, qui s’est tenu à
Bruxelles en octobre 1911. Son thème était précisément Rayonnement et
rpznta. Dans son intervention, Max Planck donne un éclairage précis de
la situation d’alors. I1 écrit au sujet de l’interprétation d’Einstein :
< < D’après cette hypothèse, 1’énç.rgie d’un rayon luniineux de fréquence v n‘est
hypothèses sont inconciliables avec les équations de Maxwell c f avec toutes IPS
théories électromagnétiques de la himière proposées juçqti’ici.. . Quand on
songe à lrz corzfirrrratiorr expérirrieritale complète qu’a reçu l’électrodynarriiqrie
de Maxwell par les phénomènes d’interférence les plus délicats, quand on songt’
iiux difficultés extraordinaires que soli abandon entraînerait polir toiifc la théo-
rie des phénomènes électriques et magnétiques, on éprouve quelques répugnan-
ces à en ririner de prime abord lesfondements ».
l‘idée que la Coexistence des oiides et des prticuleç ii’existnit pas seulernenf
dans le cas étudié par Einstein et qu’elle devait être généralisée pour toutes les
particules. >> Ce que de Broglie énonce c’est la dualité des ondes et des
particules. Un électron que l’on conçoit comme un corpuscule est aussi
une onde ! La formule qui exprime cette dualité est extrêmement sim-
ple, elle s’écrit A = h- . Dans cette formule, p désigne la quantité de mou-
P
vement de la particule (c’est-à-dire le produit de sa masse v i par sa
vitesse v ) et A désigne la longueur d’onde de l’onde associée. Cette for-
mule est très voisine de celle d’Einstein E = hv, et de la même façon la
constante de Planck relie deux mondes, le monde corpusculaire et le
monde ondulatoire3. Ici encore les conséquences seront très nombreu-
ses, tant du point de vue théorique (naissance de la ((mécanique
ondulatoire >>)que du point de vue pratique (microscope électronique,
par exemple).
.-
vitesse augmente et réciproquement. Une anecdote illustre bien ce
point, il s’agit de la << boîte à photons H qui a opposé Einstein et Bohr
(voir encadré).
Cet argument posait un problème sérieux qui fut examiné avec le plus
grand soin. Mais, au terme d’une discussion iz laquelle Einstein lui-même
prit une large part, il devint manifeste que cet argument ne tenait pas.
A E x At = k
A’
A v x A t = 1 a A t = - et au miniiiium en utilisant toute la
CAR.
R.
bande spectrale (AA = A) on a A t m i n = - .
c
~ ~ ~~
_ _ _ _ _ _ _ _ _ ~
la conception classique consiste à penser que l’électron est passé soit par
une fente soit par l’autre. Eh bien non, l’électron se comporte bien
comme une onde, comme le ferait une vague arrivant sur un mur percé
de deux orifices. Derrière ce mur, on voit des vaguelettes s’enchevétrer
et former une figure d’interférence ». De la même façon les électrons
(<
i
8 5 cm
~
Lasers ri atomes
Venons-en au laser à atomes. Comme la lumière, les atomes sont des
ondes et, de plus, si leur spin est entier ils peuvent s’agglutiner (ils sont
alors tous dans un même état quantique). On dit qu’ils forment un
condensat de Bose-Einstein. Einstein avait en effet prévu, dès 1924, que
les particules de spin entier (des bosons), échappant au principe
d’exclusion de Pauli, pouvaient SI« agglutiner >> your former un
cmdensat justement nommé G condensat de Bose-Einstein ». Depuis
quelques années, la condensation de Bose-Einstein d’atomes de gaz par
refroidissement laser a été effectivement observée à des températures
records inférieures à K. Les atomes sont dans un état cohérent
comme les photons d’un laser. On peut donc parler de (<laserà
atomes >> (le rôle des photons du laser est ici remplacé par des
atomes de spin entier). Les premières expériences d’un tel laser à
atomes datent de 1995. Elles confirment les prévisions et la cohérence
du faisceau a pu être démontrée. Des applications sont d’ores et déjà
envisagées, telles que la lithographie des composants électroniques
ultimes.
Les semi-conducteurs
Dans l’atome de Bohr, les électrons ne peuvent avoir que des énergies
discrètes, quantifiées. L’électron ne peut pas posséder d’énergie inter-
médiaire à deux énergies << autorisées ». Si maintenant l’on considère
un grand nombre d’atomes dans un cristal, il apparaît un phénomène
similaire au niveau macroscopique. Les électrons peuvent se trouver
soit dans une bande d’énergie correspondant à la c< bande de valence N
(où ils sont liés aux ions du cristal), soit dans la bande d’énergie corres-
pondant à la <c bande de conduction (où ils sont libres de se mouvoir).
)>
firme Intel) qui prévoit que le nombre de transistors par circuit intégré
double tous les 18 à 24 mois environ. Cette remarquable observation,
formulée dès 1965, a été vérifiée jusqu’à présent. Alors qu’en 1971, le
premier circuit d’Intel, comportait environ 2000 transistors, le proces-
seur ItaniumTMen comporte aujourd’hui plus de 200 millions, et les
prochains microprocesseurs en contiendront plusieurs milliards dans se
un avenir proche. De la même facon, alors qu’en 1973 un million de
transistors valait le prix d’un pavillon, ce même million de transistors
vaut actuellement moins cher qu‘une feuille de papier.
La supraconductivité
Le physicien hollandais Heike Kammerlingh Onnes découvre en 1911,
juste après avoir réussi à liquéfier l’hélium, que la résistance électrique
du mercure devient nulle en dessous d’une température égale à 4,2 K
(soit environ -269 OC). I1 vient de découvrir la supraconductivité.
La superfluidité
Le physicien russe Piotr Kapitza observe en 1937 le comportement
<< superfluide >> (le terme est de lui) de l’hélium 4 en dessous de 2,17 K.
Dans l’état superfluide, l’hélium possède une conductivité thermique
énorme (de la même façon que la conductivité électrique d’un supra-
conducteur tend vers l’infini). De plus, il perd toute viscosité et se
déplace sans frottement. Dans certaines conditions, l’hélium super-
fluide semble défier les lois de la pesanteur et monte le long des parois
du verre dans lequel il a été versé et flotte un moment dans l’air avant
de retomber à l’extérieur. L’interprétation de ces phénomènes repose
cmcore sur LI notion de condensation dc Bose-Eiiiskin. I .’h&um 1 ‘pos- Effet fontaine d’un
Gde en effet u n spin entier (il a un nombrc pair de particules de spins super fluide.
ciilmi-entier : 2 protons, 2 ncwtrons et 2 électrons, chacun cic spin V 2 ) . O CERN.
Résumons-nous
Les trois thèmes étudiés par Einstein lors de son année miraculeuse de
1905, la relativité, les quanta et les atomes, sont toujours aussi vivants
un siècle plus tard et sont intimement liés. La quête menée par Einstein
d’une théorie unitaire rassemblant toutes les interactions est également
plus que jamais d’actualité. Résumons les principales étapes survenues
lors de la première moitiée du vingtième siècle.
La prcrnière quantification
L‘année 1900 marque le début d‘une nouvelle ère avec l’introduction,
par Max Planck, de sa fameuse constante h. Les tentatives de Planck
pour faire disparaître cette constante encombrante se sont toutes sol-
dées par un échec et c’est Einstein qui en a donné, en 1905, la première
interprétation physique : la lumière n’est pas seulement une onde, c’est
également un corpuscule, possédant une énergie E = h v, que l’on appe-
lera par la suite photon. L’étude du mouvement Brownien par Einstein
a permis, en 1911, au français Jean Perrin d’asseoir définitivement la
notion d’atome et Niels Bohr le quantifiera en 1913. L’expérience a
montré en 1921 que même l’espace était quantifié, en ce sens où un
vecteur ne peut pas pointer dans n’importe quelle direction, mais
quantification ». Les premiers travaux dans ce sens ont été effectués par
des physiciens que l’on a déjà eu l’occasion de rencontrer: Dirac,
Heisenberg, Jordan, Pauli, puis Fermi à partir de 1932. La tâche pour
établir cet électromagnétisme quantifié (que l’on appelle électrodyna-
mique quantique) allait se révéler colossale.
voir si j’ai les mêmes résultats que vous...Hier soir, répond Slotnick, mais il
in’a fallu six mois !)>
Richard Feynman
(1918-1988).
O CERN.
Bien que Feynman n’ait jamais été satisfait de cette méthode (il dira lors
de sa conférence Nobel en 1965 : c ]e pense que la théorie de la renormalisa-
tion est juste un moyen de masquer les difficultés dues a u x divergences de
De nouvelles interactions
Pendant l’élaboration de l’électrodynamique quantique, la physique
s’est enrichie de deux nouveaux types d’interaction : l’interaction faible
et l’interaction forte qui venaient s’ajouter aux deux autres interactions
déjà connues : la gravitation et l’électromagnétisme. L’introduction
de l’interaction faible avait été rendue nécessaire pour interpréter
certains phénomènes radioactifs (en particulier ce que l’on appelle la
désintégration fi). C’est le physicien italien Enrico Fermi qui allait, en
1934, en donner la première théorie. La faiblesse de cette interaction
(d’où son nom) permettait de rendre compte des périodes de
désintégration radioactive observées.
Interaction
Particules
impliquées Charge
I Boson
I
Forle aUMks Cw(sur G l m
Le modèle standard
La gravitation bénéficiait d’une théorie très performante, la relativité
générale (ou gravitation relativiste) élaborée par Einstein. Certes ce
n’était pas une théorie quantique, mais la gravitation ne se ressent
qu’aux grandes échelles, elle est tout à fait négligeable à l’échelle atomi-
que là où opèrent les phénomènes quantiques. L’électromagnétisme
venait de trouver son modèle quantique, 1’EDQ. I1 restait à élaborer la
théorie de l’interaction forte et celle de l’interaction faible, si possible
dans un format pas trop éloigné de celui de I’EDQ. Cela allait être fait
dans les années 60 et au début des années 70.
La chromodynamique quaiztique
C’est en 1973 que trois chercheurs américains, David Gross, son élève
Frank Wilczek et David Politzer finalisent la théorie de l’interaction
forte. Ils viennent de recevoir (fin 2004), le prix Nobel de physique en
récompense de leur découverte de la liberté asymptotique dans la théorie de
<(
L’interaction électrofaible
En 1956, deux chercheurs chinois, Lee et Yang, suggèrent que l’interac-
tion faible distingue la droite de la gauche. La confirmation expérimen-
tale de cette violation de la parité est faite en janvier 1957 par un autre
chercheur chinois, la physicienne Wu. Ces deux découvertes donnent à
Salam, Glashow et Ward, à la fin de 1958, l’idée d’unifier électromagné-
tisme et interaction faible. La tâche n’est pas simple car la théorie doit
rendre compte de la violation de la parité pour les phénomènes faibles
tout en étant compatible avec la conservation de la parité pour les phé-
nomènes électromagnétiques. Une dizaine d‘années sera nécessaire
pour aboutir. Dans cette théorie, la première qui unifie deux interac-
tions depuis Maxwell (qui avait réuni électricité et magnétisme), la
force est due à l’échange de << bosons intermédiaires ». Cela généralise
le schéma de l’électrodynamique quantique dans lequel l’interaction est
due aux photons (qui rappelons-le est un boson, puisque de spin 1).
Cependant les trois nouveaux bosons (appelés W’, W- et ZO)possèdent
une masse (ce qui explique la très faible portée de l’interaction faible).
Une nouvelle énigme devait être résolue : pourquoi l’un des bosons (le
photon) est-il de masse nulle contrairement aux trois autres ? La
réponse invoquée est celle d’une << brisure spontanée de symétrie N
(voir encadré), suivant ainsi un mécanisme proposé par Higgs en 1963.
Une première confirmation expérimentale est faite au CERN en 1973
(découverte des courants neutres par André Lagarrigue). En 1977, tou-
jours au CERN, les << bosons intermédiaires prévus (W’, W- et Zo)
))
forte - IO'~C;~V
~?
TOE
I
I - A:<*"
?ctrofaible
faible
D
énergie
L'arbre de
l'unification illustre la
facon dont les
interactions
s'unifient.
TOE
Voir chapitre 4.
’D’autres expériences récentes (études des neutrinos atmosphériques, expé-
riences auprès de réacteurs nucléaires, etc. ) confirment les oscillations.
La grande unification
La diminution avec l’énergie de la constante de couplage de l’interac-
tion forte et l’augmentation avec l’énergie de la constante de couplage
de l’interaction électrofaible, laissent penser qu’il existe une énergie à
partir de laquelle ces deux interactions n’en font plus qu’une. Cette
énergie est de l’ordre de 1015 GeV, au-delà on aurait une grande ((
mières N théories de grande unification >> sont apparues dès 1974. Cette
année-là, Stephen Glashow publie un article intitulé : (c L’unité de toutes
les forces des particules éléirientaires ». Dans ces théories, de nouvelles
particules, appelées <c leptoquarks », relient le monde des leptons au
monde des quarks, d’où leur nom. Comme il existe trois générations de
quarks [(u, d) ; (s, c) ; (t, b)] et trois générations de leptons [(e, ve) ;
(p, vp) ; (7,vJ], il existe également trois générations de leptoquarks
(LQI ;LQ2 ; LQ3). Ces particules possèdent une charge fractionnaire et
une charge de couleur (comme les quarks) et peuvent être de spin nul
(leptoquarks scalaires) ou de spin 1 (leptoquarks vecteurs). Ce sont des
particules massives : les masses prédites par la théorie dépendent de
leur type (scalaire ou vecteur), de la génération et ... de la théorie, mais
sont situées dans la gamme de 150 à 350 GeV. Elles n’ont pas encore été
détectées, mais quelques signatures observées lors d’expérience de
physique des particules pourraient constituer les premiers signes de
leur existence.
La supersymétrie
À une énergie d’environ 1015GeV il se produit une brisure de symétrie
(dite de grande unification) qui se traduit, pour des énergies
inférieures, en une séparation entre la force forte d’une part et la force
électrofaible d’autre part. La même chose se produit à environ 100 GeV
lorsque la brisure de symétrie électrofaible intervient, ce qui fait
apparaître, pour des énergies inférieures, la force électromagnétique
d‘une part et la force faible d’autre part (rappelons qu’il s’agit d’un
mécanisme semblable à celui qui intervient lorsque la température
passant en dessous de 100 OC, la vapeur d’eau se transforme en liquide).
Le problème est que l’on ne sait pas comment articuler ces deux
mécanismes de brisure à des énergies aussi différentes.
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182 Prix Nobel
1937 C.J. Davisson (États-Unis) et Sir G.P. Thomson (Grande
Bretagne), diffraction des électrons
1938 E. Fermi (Italie), réactions nucléaires induites par neutron
1939 E.O. Lawrence (États-Unis), cyclotron
1940 Non décerné
1941 Non décerné
1942 Non décerné
1943 O. Stern (États-Unis), moment magnétique du proton
l‘J44 I. Rabi (États-Unis), propriétés magnétiques du noyau
1‘145 W. Pauli (Autriche), principe d’exclusion de Pauli
1946 P.W. Bridgman (États-Unis), physique des hautes pressions
lc,47 Sir E.V. Appleton (Grande Bretagne), couche d’Appleton
(physique de la haute atmosphère)
1948 Lord P.M.S. Blackett (Grande Bretagne), amélioration de la
chambre de Wilson
1949 H. Yukawa (Japon),prédiction de l’existence des mésons
1950 C.P. Powell (Grande Bretagne), détection en physique des
particules
1951 Sir J.D. Cockcroft (Grande Bretagne) et E.T.S. Walton (Irlande),
transmutation de noyaux avec un accélérateur de particule
1952 F. Bloch et E.M. Purcell (États-Unis), résonance magnétique
nucléaire
1953 F. Zernike (Hollande),microscope à contraste de phase
1954 M. Born (Grande Bretagne), interprétation statistique de la
fonction d’onde en mécanique quantique
W. Bothe (Allemagne), méthode des coïncidences
1955 P. Kusch (États-Unis), détermination précise du moment
magnétique de l’électron
1956 W. Shockley,J. Bardeen et W.H. Brattain (États-Unis),découverte
du transistor
1957 T.D. Lee (États-Unis) et C.N. Yang (Chine), violation de la parité
1958 P.A. Cerenkov, I.M. Frank et I.Y. Tamm (URSS), effet Cerenkov
1959 E.G. Segré et O. Chamberlain (États-Unis), découverte de
l’antiproton