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Résumé
Cette étude s’intéresse à la stabilité au grand glissement d’un talus instable dans la ville de Douala. A partir
des données expérimentales issues des essais géotechniques, nous avons déterminés les paramètres du
modèle de Mohr-Coulomb qui décrit correctement le comportement des sols fins. En se basant sur des levés
topographiques du site d’étude et du modèle numérique du terrain (MNT), l’analyse de la stabilité au grand
glissement par la méthode des éléments finis s’est faite sur PLAXIS. Au terme de la dernière étape d’analyse,
le facteur de sécurité Fs, obtenu par la méthode « c-Phi réduction » de PLAXIS, vaut 1,036 pour ce talus. En se
référant aux critères de stabilité des ouvrages géotechniques de l’Eurocode 7, il ressort que les flancs du
ravin de Kotto sont très instables. Une confortation des flancs de ce talus par des méthodes géotechniques de
renforcement appropriées telles que le clouage industriel ou la terre armée est nécessaire pour sa stabilité
au grand glissement.
Mots-clés : ravin de Kotto, stabilité au grand glissement, modélisation des sols, c-phi reduction, confortation.
Abstract
Advanced modelling of soil and numerical simulation of the stability of the Kotto
ravine at Douala 5th, Cameroon
This article treats of the stability to large land sliding of an insdiagram slope in Douala city. As of experimental
data resulting from geotechnical testing, parametres of the Mohr-Coulomb model which correctly determines
the behaviour of fine soil, have been determined. Based on topographical surveys made on the site and on
Digital Terrain Model (DTM), the analysis of the stability to high sliding has been conducted with the finite
elements method on PLAXIS software. At the last staged of the analysis the safety factor Fs obtained through
the PLAXIS "c-Phi reduction" was about 1.036 for this slope. Refering to the criterion of stability mentioned in
Eurocode 7, geotechnical works; it appears that the sides of the ravine in Kotto are highly unstable. A
reinforcement of the slope sides with appropriate geotechnical methods such as industrial nailing or
reinforced soil is necessary for the stability to large land sliding.
Keywords : Kotto ravine, stability to large land sliding, soil modelling, c-phi reduction, reinforcement.
1. Introduction
Le développement des outils numériques de calcul sur ordinateurs et les progrès réalisés dans le domaine de
l’informatique ont permis de mettre au point des modèles rhéologiques et des algorithmes de résolution,
conduisant à des modélisations qui prennent mieux en compte le comportement observé sur le terrain. Le
modèle élastique de Mohr-Coulomb a été développé pour décrire le comportement des sols fins pour lesquels
l’état de contraintes dépend de l’état actuel des déformations et du chemin de contraintes suivi, mais le temps
n’intervient pas de façon explicite. Ses paramètres sont complètement identifiables à partir d’essais
classiques de laboratoire géotechnique et faciles à mettre en œuvre dans les codes de calcul des ouvrages
géotechniques. Dans cet article, on expose l’approche suivie dans la détermination des paramètres
mécaniques, à partir de données expérimentales acquises sur le site d’étude à Kotto, dans l’arrondissement
de Douala 5è au moyen d’essais triaxiaux classiques, puis on discutera des résultats de leur validation
numérique dans le code PLAXIS [1, 2], logiciel d’analyse aux éléments finis des ouvrages géotechniques. On
présente enfin les résultats d’une série de calculs effectués à l’aide du code PLAXIS, pour la vérification de la
stabilité du talus à long terme.
2. Méthodologie
2-1. Présentation du site d’étude
Le site d’étude est situé entre le carrefour bloc J et le carrefour de la mosquée de BONAMOUSSADI dans
l’arrondissement de Douala 5ème. Le quartier Kotto est limité au Sud par BONAMOUSSADI, au Nord par MBANGUE,
à l'Est par LOGPOM et à l'Ouest par le fleuve Wouri. Le climat qui règne dans la ville de Douala est de type
équatorial côtier nord à deux saisons. Les précipitations moyennes mensuelles de 56 années (1951 à 2006)
montrent que celles-ci, y sont abondantes soit environ 3230,12 mm en moyenne par an. Les Figures 1 à 6
présentent un aperçu du site d’étude.
a)
b)
Figure 1 : a) Localisation de la zone d’étude ; b) Carte géologique du bassin sédimentaire de Douala [3]
Les caractéristiques notées « don » se référent aux propriétés entrées dans les caractéristiques des
matériaux. Quant aux caractéristiques notées « réduit » elles se rapportent aux valeurs réduites utilisées au
cours de l’analyse. ΣMsf = 1 au début d’un calcul pour utiliser les valeurs non réduites des caractéristiques
des matériaux. Les caractéristiques sont réduites progressivement jusqu’à l’apparition de la rupture,
caractérisée par un coefficient Fs. Le coefficient de sécurité Fs dans les problèmes géotechnique est basé sur
le concept de la mobilisation des contraintes dans le sol.
c tan
c . tan avec , c
n n n
et tan
n
(2)
Fs Fs
où, 𝑐𝑛 et 𝜑𝑛 sont respectivement la cohésion mobilisée et l’angle de frottement interne mobilisé du critère
de Mohr-Coulomb. Fs caractérise l’équilibre entre les efforts moteurs et les efforts résistants :
Fs ≥ 1 : le talus est stable, sachant qu’on recherchera Fs ≥ 1,5 dès que les constructions seront
susceptibles d’être concernées par l’instabilité ;
Fs < 1 : il y a rupture. Ceci entraîne de grandes déformations et de ce fait la géométrie du talus est
partiellement modifiée (à l’endroit de la zone de rupture). Il faut alors prendre des hypothèses
portant sur des caractéristiques des matériaux glissées ou remaniées.
Dans cette méthode, le facteur de sécurité Fs représente la valeur de Msf à la rupture. Cette approche
ressemble à la méthode de calcul des coefficients de sécurité adoptée conventionnellement dans les analyses
de rupture circulaire.
90
80
70
60
% Tamisats
50
40
30
20
10
0
1 0,1 0,01 0,001
A1 A2 A3
Figure 7 : Courbes granulométriques des trois échantillons prélevés sur le profil du massif
A1-KO 15,80 25,70 18,42 19,65 9,70 0,627 0,000229 0,385 0,681 16,56
de 0,3 à 1,1m
A2-KO 15,60 25,80 18,25 19,55 9,60 0,654 0,0000147 0,395 0,671 16,99
de 1,1 à 5,7m
A3-KO 15,30 25,60 18,66 19,32 9,30 0,673 0,00000604 0,402 0,835 21,98
de 5,7 à 7,3m
Le critère de Mohr-Coulomb, représenté sur le plan de rupture p’ q (Figure 8), est une droite de pente θ et
d’ordonnée à l’origine δ. les paramètres c’ et φ’ sont équivalents à φ’ = arcsin (tan δ) et c’ = δ / cos φ’.
Les valeurs de c’ et φ’ déterminées par cette méthode sont affichées sur le plan de rupture de chaque
échantillon.
y = 0,461x + 0,032
0,18
R² = 0,999
0,16
0,14
0,12
c' = 36 kPa
φ' = 27,22°
0,1
0,08
(σ1-σ3)/2 (MPa)
0,06
Linéaire ((σ1-σ3)/2 (MPa))
0,04
0,02
0
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25 0,3 0,35
Contrainte effective moyenne p en MPa
Outre, les paramètres c’ et φ’, un autre paramètre dépendant est déterminé, il s’agit de l’angle de dilatance,
au sens du critère de Mohr-Coulomb, sa valeur est consignée dans le Tableau 2.
Il s’agit du module d’Young E et du coefficient de Poisson ν. Ces deux paramètres ont été déterminés à partir
des courbes de contrainte - déformation et de contractance - dilatance des échantillons lors des essais
triaxiaux. Les paramètres estimés pour les trois échantillons sont présentés dans le Tableau 2.
Le modèle de Mohr-Coulomb, qui est implémenté dans le code PLAXIS, utilise donc cinq paramètres [1, 2, 8 - 10],
deux paramètres de la loi de Hooke (E et ν) et trois paramètres dépendant du critère de rupture du matériau,
cohésion effective c’, angle de frottement interne effectif φ’et l’angle de dilatance Ψ’.
a) b)
Figure 10 : Contraintes initiales dans le massif de sol du ravin de Kotto : a) Pressions interstitielles, b)
Contraintes effectives
Afin d’évaluer la fiabilité du calcul numérique à partir du maillage d’éléments finis présenté plus haut, les
contraintes initiales dans le modèle peuvent être obtenues théoriquement par les formules classiques de
Terzaghi.
La pression interstitielle est équivalente à : γw x z, le point le plus élevé de la nappe phréatique dans
le massif de sol est à la cote + 2,7 m du modèle (Figure 9). Soit z = 35,5 + 2,7 = 38,2 m ; d’où
u = 10 x 38,2 = 382 kPa ;
La contrainte effective vaut : γh x z1 + (γsat - γw) x z, le point le plus élevé de la nappe phréatique
est à la cote + 2,7 m. Donc z = 35,5 + 2,7 = 38,2 m ; et z1 = 8,25 - 2,7 = 5,55 m. d’où σ’ = 18,42
x (8,25 - 6,75) + 18,25 x (6,75 - 2,7) + (19,55 - 10) x (2,7 -1,5) + (19,32 - 10) x (1,5 + 35,5) =
457,8425 kPa.
Les valeurs théoriques de la pression interstitielle et de la contrainte effective initiale sont équivalentes aux
valeurs obtenues par modélisation numérique sur PLAXIS.
3. Résultats et discussion
Dans cette partie, le calcul est effectué suivant deux phases, la première phase correspond à la mise en place
d’un chargement triangulaire (Figure 11), correspondant à une surcharge à la surface du modèle, celle-ci,
correspond aux différents dépôts superficiels qui se font sur la couverture supérieure du ravin liés
éventuellement à l’érosion. Une valeur de 70 kPa, a été prise en compte pour ce chargement. Le calcul est de
type plastique dans cette première phase. La deuxième phase de calcul qui est l’ultime phase correspond à
l’analyse de la stabilité au grand glissement en faisant un calcul de type « c-phi reduction ». Lorsqu’un calcul
est effectué pour évaluer les risques potentiels de rupture de pente, c’est la stabilité au grand glissement qui
est recherchée [13, 14]. En d’autres termes, comme dans le cas de toutes les pentes instables, c’est le facteur
de sécurité qui est recherché. D’après les règlements, sa valeur fournit des informations précieuses
permettant d’apprécier qualitativement l’état du ravin ou du talus [15, 16]. Les déplacements verticaux et
horizontaux obtenus après la phase 1 de calcul sont affichés sur la Figure 11. Les contraintes principales, la
contrainte déviatorique ainsi que la pression interstitielle sont présentées sur les Figures 12 à 14. La
Figure 15 présente la cartographie de la surface de rupture du massif de sol après la deuxième phase de
calcul par la méthode « c-phi reduction ».
Figure 12 : Contraintes totales principales et contraintes effectives principales dans le modèle après la
phase 1 de calcul
Figure 15 : Déplacements incrémentaux dans le modèle et surface de rupture du massif après la phase 2
de calcul de stabilité par la méthode « c-phi reduction » de PLAXIS
Après cette ultime étape, le facteur de sécurité Fs trouvé par la méthode « c-Phi réduction » de PLAXIS, vaut
1,036 pour ce talus. En se référant aux critères de stabilité au grand glissement des ouvrages géotechniques
de l’Eurocode 7, il ressort que les flancs du ravin de Kotto sont très instables. Une confortation des flancs de
ce talus par des méthodes géotechniques appropriées de renforcement telles que le clouage industriel, les
tirants d’ancrage ou la terre armée est nécessaire pour sa stabilité au grand glissement. Les valeurs de 𝑐𝑛
et 𝜑𝑛 mobilisées du critère de Mohr-Coulomb dans le calcul « c-phi reduction » de PLAXIS du ravin de Kotto
sont présentées dans le Tableau 3 ci-dessous.
4. Conclusion
Dans le cadre d’un projet de construction des grands ouvrages géotechniques, il est nécessaire de vérifier
chaque phase des travaux pour s’assurer que la stabilité est garantie durant les phases provisoires et
définitives. Dans le cadre de cette analyse, la géologie du site présente un terrain de nature peu perméable
et des efforts dus à des pressions interstitielles survenant après une pluie diluvienne impactent la stabilité
du talus. Des solutions alternatives de renforcement (clouage industriel, tirants d’ancrage, terre armée),
couplées aux modèles avancés de comportement des sols fins, et la méthode « c-phi reduction » seront
analysées dans nos travaux futurs afin de consolider cette méthode originale et d’en déterminer la solution
technico-économique.
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