Alphabet Ougaritique Et Langue Hourrite PDF
Alphabet Ougaritique Et Langue Hourrite PDF
Alphabet Ougaritique Et Langue Hourrite PDF
interactions et adaptations
Juan-Pablo Vita
ả b g ḫ d h w z ḥ ṭ y k š l m ḏ n ẓ s ‘ p ṣ q r ṯ ǵ t ỉ ủ s̀
Consonnes Voyelles
Phonèmes Allophones
f v a
p b e
t d i
s z o
c = ts dz u
k g ə (?)
ḫ ǵ
l
m
n
r
ả b g ḫ d w z y k š l m ḏ n s p ṣ r ṯ ǵ t ỉ ủ
10. Bush 1964, p. 37 : « This, in the main, agrees with the phonetic evidence of the
syllabic material which shows no evidence of the existence of these phonemes in Hurrian ».
11. Bush 1964, p. 37, 302.
12. Laroche 1968, p. 528 et 529.
206 Juan-Pablo Vita
13. Bush 1964, p. 37. Dans ce sens, le matériel onomastique d’Ougarit est
particulièrement intéressant (cf. Gröndahl 1967, p. 203-213, Hess 1999, van Soldt 2003).
14. Bush 1964, p. 22.
15. Speiser, 1941, p. 15 : « What we have now, therefore, is a record of Hurrian sounds
expressed through Semitic, or Semitized, symbols ». Voir aussi à ce propos les réserves
exprimées par Giorgieri 2000, 184, d’après qui les règles à propos des consonnes sourdes et
sonores ne doivent pas « però indurre a trarre conclusioni sull’esatta natura fonologica delle
consonanti hurriche », ainsi que les remarques de Dietrich et Mayer 1999, p. 63.
16. Laroche 1968, p. 498. Voir aussi dans ce sens Malbran-Labat 1999, p. 70.
17. Pour un exposé complet de tous les aspects qui concernent l’écriture et l’emploi
de l’alif en ougaritique voir notamment Tropper 2012, p. 33-39 (voir à ce propos aussi les
remarques de Pardee 2003-2004, p. 26-31), Bordreuil et Pardee 2004, p. 36-37, Id., 2009,
p. 23-24.
Alphabet ougaritique et langue hourrite 207
de ces trois signes avait une valeur purement vocalique18. De plus, il apparaît
que les signes alif sont surtout employés en début de mot ; ce qu’exprime
ainsi Laroche19 :
« Les voyelles initiales sont régulièrement notées par les “trois alephs” a,
e/i, u... Les quelques exemples de a, e/i, u à l’intérieur ou à la finale échappent
à une interprétation décisive, parce qu’ils figurent dans des mots non identi-
fiés. »20
Précisons enfin que, comme pour les textes en langue ougaritique21, les
documents alphabétiques en hourrite ne notent pas orthographiquement les
consonnes doubles22.
forme pour les textes en langue hourrite un aspect général empreint de régu-
larité et de cohérence interne, témoignant d’une maturité manifeste dans
l’emploi de ce système d’écriture.
Alphabet linéaire
Alphabet linéaire
Alphabet cunéiforme
pour langue ougaritique
Alphabet cunéiforme
pour langue hourrite
24. Güterbock 1970. Salvini 1995, p. 94 : « Ils sont structurés tous de la même
manière : un texte en langue hourrite, différent dans chaque tablette, est suivi par une
deuxième partie, assez clairement séparée par une ou deux lignes de paragraphe qui présente
un contenu qui reste constant. Le texte proprement dit est un texte suivi, la deuxième partie
est une succession de substantifs suivis d’un chiffre, les deux parties dans leur ensemble
constituant la notation musicale ».
25. Colophons réunis et commentés brièvement par Laroche 1968, p. 486.
26. Güterbock 1970, p. 51 : « Reading instead of za-am-ma-aš-ša rather za-am-ma-rù
ša… ».
27. D’après la traduction de Salvini 1995, p. 95. Güterbock 1970, p. 51 : « “This (is) a
song (in the mode) nitkibli, a zaluzi of the gods, (composed) by NP1, written down by NP2.”
zaluzi would be a term for “hymn” or the like ». Pour ce texte voir aussi Draffkorn-Kilmer
1974.
210 Juan-Pablo Vita
dont il pouvait être l’auteur et une seconde qui l’écrivait28. Nous croyons,
avec Sanmartín, que pour mener à bien une tâche de ce genre, ces deux
personnes devaient connaître le hourrite parlé29. Il faut aussi souligner que
le transmetteur oral porte d’habitude dans ces colophons un nom hourrite,
tandis que le scribe porte un nom sémitique. On se gardera, bien entendu, du
danger qu’il y aurait à déduire automatiquement de la nature linguistique
d’un anthroponyme la nationalité ou la culture de la personne qui en est
porteur : signalons d’ailleurs que dans ces colophons, un transmetteur oral
porte un nom sémitique30. Mais il paraît difficile de ne pas voir, dans ces
colophons de textes musicaux hourrites, un rapport significatif entre le nom
habituellement hourrite de l’informant d’une part et la nature et la langue
des textes d’autre part.
Il nous paraît assez clair que ces textes musicaux à caractère très vrai-
semblablement religieux sont nés dans un milieu professionnel où des
prêtres et des scribes hourritophones et ougaritophones travaillaient en
coopération étroite, parce qu’ils étaient, pour le moins, capables de com-
prendre la langue de l’autre ; les cas de bilinguisme chez les hourritophones
étaient certainement fréquents. Cette coopération professionnelle, qui entraî-
nait la confrontation directe de deux langues de nature aussi différente, devait
forcément s’élargir à d’autres genres littéraires et porter à la réflexion
concernant la manière de les écrire et de les traduire. Une fois que ce
milieu culturel et scribal eut décidé d’adopter l’alphabet, cette coopération,
sûrement ancienne, aurait naturellement amené ces deux groupes de scribes
à un travail de réflexion conjointe pour adapter simultanément la nouvelle
écriture à la rédaction de textes en ougaritique et en hourrite.
28. Voir aussi à ce propos Malbran-Labat 1999, p. 70, Malbran-Labat 2002, p. 179.
29. Voir les remarques de Sanmartín 1999-2000, p. 116 à propos de ce texte. Pour Bush
1964, ces colophons « shows beyond dispute that the scribes of these texts were Semites who
were able to write Hurrian for a Hurrian clientèle ».
30. ‘Ammiyā, signalé par Sanmartín 1999-2000, p. 116 (d’après Bush 1964, p. 27,
il s’agirait d’un anthroponyme hourrite). Voir à ce propos à Ougarit l’anthroponyme ‘my,
Gröndahl 1967, p. 109, Del Olmo, Sanmartín 2003, p. 167.
31. RS 24.254 = CAT 1.110, RS 24.291 = CAT 1.132, RS 24.255 = CAT 1.111, RS
24.261 = CAT 1.116, et RS 24.643 = CAT 1.148. Bibliographie spécifique pour chaque texte
dans Vita 2009, p. 220.
Alphabet ougaritique et langue hourrite 211
celles de savoir si plus d’un scribe intervenait dans la rédaction de ces docu-
ments ou ce qu’était la langue maternelle des scribes, ou bien si une éven-
tuelle identification de scribe hourritophone était possible. Dans ce dernier
cas, on pourrait s’interroger à propos de la qualité matérielle de la graphie
employée, se demander si l’usage de l’alphabet montrait la même qualité
que celle relevée dans les textes bilingues rédigés par des scribes ougari-
tophones. Pour ce faire, nous pouvons avantageusement nous appuyer sur
l’analyse détaillée à laquelle D. Pardee a soumis ce lot de textes, d’abord
pour l’étude du bilinguisme32, puis pour l’analyse des aspects épigraphiques
et paléographiques, lors de la réédition des textes rituels ougaritiques33.
L’analyse des caractéristiques épigraphiques de ces documents
qu’a menée D. Pardee34 montre qu’ils ont été l’œuvre d’un ensemble de
scribes ; il paraît même clair que chacun de ces cinq textes a été rédigé par
un scribe différent. Dans deux cas (RS 24.254 et RS 24.643), les sections
ougaritiques et hourrites sont bien délimitées à l’intérieur du texte, tandis
que dans RS 24.255, RS 24.261 et RS 24.291 les deux langues se mêlent
dans des sections communes. Une coopération entre deux scribes, l’un ou-
garitophone et l’autre hourritophone, serait-elle alors envisageable pour l’un
ou plusieurs de ces textes ? Ainsi pour RS 24.643, rituel dont la paléogra-
phie et la disposition matérielle du texte au recto et au verso de la tablette
montrent qu’elle contient deux textes distincts l’un de l’autre35, la section en
hourrite (lignes 13-17) étant bien délimitée par deux lignes à l’intérieur du
long texte ougaritique. La réponse est pourtant négative : d’après D. Pardee36
rien n’indique que les parties hourrites et ougaritiques des textes bilingues
soient écrites par des scribes différents. Pour chacun de ces textes bilingues,
32. Pardee 1996, p. 75. « Les textes hourrites en écriture alphabétique sont de
deux types principaux : des hymnes et des listes sacrificielles. Dans l’état actuel de nos
connaissances, l’aspect lyrique du culte ougaritain s’exprime en hourrite – à l’exception de
la prière adressée à Ba‘lu qui est rapportée dans RS 24.266. Les rites sacrificiels peuvent
être mis par écrit en hourrite, en ougaritique, ou dans un mélange des deux langues » ...
« Dans le domaine de la liturgie, il faut conclure, d’après le témoignage de ces textes, que
les hymnes se déclament en hourrite et pas en ougaritique dans le culte d’Ougarit ... Si les
hymnes s’expriment uniquement en hourrite, les rites sacrificiels sont mis par écrit soit en
hourrite, soit en ougaritique, soit en mêlant les deux langues, l’élément majoritaire étant
l’ougaritique » (Pardee 1996, p. 67).
33. Pardee 2000.
34. Pardee 2000.
35. Pardee 2000, p. 779-780. Il faut rappeler à ce propos que le rituel ougaritique RS
1.003 fut rédigé par deux scribes, comme le montrent clairement les écritures du recto et du
verso ; voir à ce propos Pardee 2000, p. 143, et Vita 2009, p. 647-649.
36. Pardee 1996, p. 75.
212 Juan-Pablo Vita
D. Pardee, pour sa part, n’avait rien remarqué, dans son étude, « qui
indique que les parties hourrites et ougaritiques des textes mélangés soient
écrites par des scribes différents, ce qui pourrait indiquer que certains scribes
étaient bilingues »40. Plus récemment encore, P. Bordreuil, R. Hawley
et D. Pardee ont découvert que parmi les tablettes susceptibles d’avoir été
écrites par le scribe Ṯab’ilu « on y trouve non seulement des textes en langue
ougaritique, mais aussi quelques-uns en langue hourrite et en langue akka-
dienne »41. Il faut souligner, à ce propos, deux faits : d’une part la struc-
ture générale de chaque texte, le caractère et les circonstances de chaque
rite (références temporelles, nombre de fois où le rite doit être répété, nom
des offrandes, etc.)42, sont exprimés en ougaritique. D’autre part : les élé-
Bibliographie
Robert Hawley, 2008a, « Apprendre à écrire à Ougarit : une typologie des abécé-
daires », dans D’Ougarit à Jérusalem. Recueil d’études épigraphiques et
archéologiques offert à Pierre Bordreuil, C. Roche éd., Paris, p. 215-232.
Robert Hawley, 2008b, « On the Alphabetic Scribal Curriculum at Ugarit », dans
Proceedings of the 51st Rencontre Assyriologique Internationale, R. D.
Biggs, J. Myers et M. T. Roth éd., Chicago, p. 57-67.
Joost Hazenbos, 2005, « Hurritisch und Urartäisch », dans Sprachen des alten
Orients, M. P. Streck éd., Darmstadt, p. 135-158.
Richard S. Hess, 1999, « The Onomastics of Ugarit », dans Handbook of Ugaritic
Studies, W. G. E. Watson et N. Wyatt éd., Leiden, p. 499-528.
Emmanuel Laroche, 1968, « Textes hourrites en cunéiformes alphabétiques »,
Ugaritica V, Paris, p. 497-544.
Florence Malbran-Labat, 1999, « Langues et écritures à Ougarit », Semitica 49,
p. 65-101.
Florence Malbran-Labat, 2002, « Textes religieux et multilinguisme à Ougarit »,
Hethitica 15, p. 173-181.
Jean Nougayrol, 1970, Le palais royal d’Ugarit VI, Paris.
Gregorio del Olmo, Joaquín Sanmartín, 2003, A Dictionary of the Ugaritic
Language in the Alphabetic Tradition, Leiden.
Dennis Pardee, 1996, « L’ougaritique et le hourrite dans les textes rituels de Ras
Shamra-Ougarit », dans Mosaïque de langues, mosaïque culturelle. Le bi-
linguisme dans le Proche-Orient ancien, Fr. Briquel Chatonnet éd., Paris,
p. 63-80.
Dennis Pardee, 2000, Les textes rituels, Paris.
Dennis Pardee, 2003-2004, compte rendu de J. Tropper, Ugaritische Grammatik,
Münster, 2000, dans Archiv für Orientforschung 50. http://orientalistik.
univie.ac.at/fileadmin/documents/Rezension_Tropper_AOAT273.pdf
Dennis Pardee, 2012, « RS 5.229 : Restitution d’une nouvelle signature du scribe
Ṯab’ilu », dans Scribes et érudits dans l’orbite de Babylone, C. Roche-
Hawley et R. Hawley éd., Paris, p. 31-49.
Sylvain Patri, 2009, « Aspects de la position génétique du hourrite », Studies on the
Civilization and Culture of Nuzi and the Hurrians 18, p. 341-354.
Doris Prechel, 2003, « Von Ugarit nach Uruk », dans Literatur, Politik und Recht in
Mesopotamien. Festschrift für Claus Wilcke, W. Sallaberger, K. Volk et A.
Zgoll éd., Wiesbaden, p. 225-228.
Alphabet ougaritique et langue hourrite 217
Anne F. Robertson, 1999, « Non-Word Divider Use of the Small Vertical Wedge
in Yariḫ and Nikkal and in an Akkadian Text Written in Alphabetic Cune-
iform », dans Ki Baruch Hu. Ancient Near Eastern, Biblical, and Juda-
ic Studies in Honor of Baruch A. Levine, R. Chazan, W. W. Hallo, L. H.
Schiffman éd., Winona Lake, p. 89-109.
Mirjo Salvini, 1995, « Ougarit et les Hourrites », dans Le pays d’Ougarit autour
de 1200 av. J.-C., M. Yon, M. Sznycer et P. Bordreuil éd., Paris, p. 89-97.
Joaquín Sanmartín, 1999-2000, « Sociedades y lenguas en el medio sirio-levantino
del II milenio a.C.: Ugarit y lo hurrita », Aula Orientalis 17-18, p. 113-123.
Stanislav Segert, 1988, « Die Orthographie der alphabetischen Keilschrifttafeln in
Akkadischer Sprache aus Ugarit », Studi Epigrafici e Linguistici sul Vicino
Oriente Antico 5, p. 189-205.
Wilfried H. van Soldt, 1991, Studies in the Akkadian of Ugarit. Dating and
Grammar, Neukirchen-Vluyn.
Wilfried H. van Soldt, 2003, « The Use of Hurrian Names at Ugarit », Ugarit-
Forschungen 35, p. 681-707.
Ephraïm A. Speiser, 1941, Introduction to Hurrian, Baltimore.
Josef Tropper, 1998, « Zur Sprache der Kurzalphabettexte aus Ugarit », dans « Und
Mose schrieb dieses Lied auf ». Studien zum Alten Testament und zum
Alten Orient. Festschrift für Oswald Loretz, M. Dietrich et I. Kottsieper
éd., Münster, p. 733-738.
Josef Tropper, 2012, Ugaritische Grammatik, Münster.
Juan-Pablo Vita, 1999, « The Society of Ugarit », dans Handbook of Ugaritic
Studies, W. G. E. Watson et N. Wyatt éd., Leiden, p. 455-498.
Juan-Pablo Vita, 2007, « Les scribes des textes rituels d’Ougarit », Ugarit-
Forschungen 39, p. 643-664.
Juan-Pablo Vita, 2009, « Hurrian as a living language in Ugaritic society », dans
Reconstructing a Distant Past. Ancient Near Eastern Essays in Tribute to
Jorge R. Silva Castillo, D. A. Barreyra Fracaroli et G. del Olmo Lete éd.,
Sabadell-Barcelona, p. 219-231.
Ilse Wegner, 2007², Hurritisch. Eine Einführung, Wiesbaden.
Gernot Wilhelm, 2004, « Hurrian », dans The Cambridge Encyclopedia of the
World’s Ancient Languages, R. D. Woodard éd., Cambridge (GB), p. 97-118.
Paolo Xella, 1981, I testi rituali di Ugarit-I. Testi, Roma.