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textes juridiques sont publiés au Journal Officiel du Burkina
Faso. Legiburkina reprend ces publications et va même au dela
en proposant en backend un outil collecte des textes signés
dans les ministères et institutions pour une publication plus
rapide et plus propre. En frontend, il offre en première
lecture les textes fondamentaux ainsi que les textes du
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qui leurs sont accordés avoir accès à la Bibliothèque
numérique du Journal Officiel (JO en pdf) de 1954 à 2014; ou
même proposer pour publication au modérateur, des textes
juridiques en leur possession. Ces textes qui seront publiés
avec un résumé et un titre proposés par la rédaction seront
classés suivant le plan de classement francophone.

Voir aussi
Burkina Faso
Burkina Faso

1 – Constitution et système
institutionnel

La capitale du Burkina Faso est Ouagadougou. La langue


officielle est le français. Sa devise est « Unité – Progrès –
Justice ». Le Président de la République est Roch Marc
Christian Kaboré depuis le 29 décembre 2015.

La Constitution du Burkina Faso a été adoptée par référendum


le 2 juin 1991 et a été révisée depuis par les lois
constitutionnelles : du 27 janvier 1997, du 11 avril 2000, du
22 janvier 2002, du 30 avril 2009 et du 11 Juin 2012.

Cette dernière révision constitutionnelle a notamment modifié


l’article 78 de la Constitution qui prévoit désormais un
Parlement bicaméral. En instaurant un Sénat, cette révision
consacre ainsi le retour du bicaméralisme après la courte
expérience de la Chambre des Représentants qui a fait office
de deuxième Chambre de 1997 à 2002.

Le Burkina Faso est un Etat démocratique, unitaire et laïc. Le


Faso est le terme employé pour évoquer la forme républicaine
de l’Etat.

Le pouvoir exécutif

Le pouvoir exécutif est exercé par le chef de l’Etat et le


gouvernement.

Le Président du Faso est le chef de l’Etat. Il est élu pour un


mandat de cinq ans renouvelable une fois au suffrage universel
direct. Pour être candidat à l’élection présidentielle, il
faut être citoyen du Burkina Faso de naissance et être âgé
d’au moins 35 ans et de 75 ans au plus.

Le Président du Faso est le Chef suprême des Forces armées


nationales, veille au respect de la Constitution, incarne et
assure l’unité nationale, et fixe les grandes orientations de
la politique de l’Etat. Il promulgue les lois, et a la
possibilité de demander une deuxième lecture de la loi ou de
certains articles pendant le délai de promulgation. Il peut
prononcer la dissolution de l’Assemblée nationale et soumettre
au référendum tout projet de loi portant sur une question
d’intérêt national, après avoir consulté le Premier ministre,
et les Présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale. Le
Président du Faso procède aux nominations non seulement aux
emplois de la Haute administration civile et militaire mais
également dans les sociétés et entreprises à caractère
stratégique qui sont déterminées par la loi. Il préside le
Conseil supérieur de la magistrature.

Il convient de relever que la révision constitutionnelle de


juin 2012 instaure une impunité pour le chef de l’Etat,
puisque l’on peut désormais lire à l’article 168.1 : « Une
amnistie pleine et entière est accordée aux chefs de l’Etat du
Burkina Faso pour la période allant de 1960 à la date
d’adoption des présentes dispositions ».

Le Premier ministre est le chef du gouvernement, il est nommé


par le Président du Faso au sein de la majorité à l’Assemblée
nationale qui met aussi un terme à ses fonctions sur
présentation de sa démission ou de son propre chef « dans
l’intérêt supérieur de la Nation » (art. 46 Const.). Le
Président du Faso nomme aussi les autres membres du
gouvernement sur proposition du Premier ministre et met fin à
leurs fonctions. La Constitution prévoit une obligation pour
les membres du gouvernement de dépôt de la liste de leurs
biens auprès du Conseil constitutionnel au début et à la fin
de leur exercice.
Le gouvernement dirige la politique de la nation, il doit être
saisi en matière d’accords internationaux, de projets et de
propositions de lois et de projets de textes réglementaires.
Il est responsable devant le Parlement.

Le pouvoir législatif

Le Parlement comprend, depuis la dernière révision


constitutionnelle de 2012, deux chambres : l’Assemblée
nationale et le Sénat, elles peuvent se réunir en Congrès.

Le Sénat est composé de représentants de plusieurs entités. Il


y a tout d’abord des représentants des collectivités
territoriales qui sont élus au suffrage universel direct par
les élus locaux de leurs régions respectives. Il y a ensuite
des représentants des autorités coutumières et religieuses, du
patronat, des travailleurs, des burkinabè vivant à l’étranger
et de personnalités nommées par le Président du Faso qui sont
désignés par leurs structures respectives. Pour être sénateur
il faut être âgé de 45 ans révolus au jour de la nomination.
Le mandat est de six ans.

A l’Assemblée nationale, les députés sont élus pour un mandat


de 5 ans au suffrage universel direct, égal et secret.
L’Assemblée nationale peut déposer une motion de censure, le
Premier ministre peut poser la question de confiance devant
l’Assemblée nationale, il est possible aussi de procéder à la
discussion parlementaire.

Le Parlement vote la loi, consent l’impôt et contrôle l’action


du gouvernement.

Les Présidents des deux chambres sont élus pour la durée de la


législature. Comme pour les membres du gouvernement, les
Présidents des deux chambres du Parlement doivent déposer la
liste de leurs biens auprès du Conseil constitutionnel.

Le Conseil constitutionnel
La Constitution institue un Conseil constitutionnel chargé de
statuer sur la constitutionnalité des lois, des ordonnances
ainsi que sur la conformité des traités et accords
internationaux avec la Constitution (Loi organique du 27 avril
2000 portant composition, organisation, attributions et
fonctionnement du Conseil Constitutionnel). Il contrôle la
régularité, la transparence et la sincérité du référendum, des
élections présidentielles et législatives. Il est juge du
contentieux électoral et proclame les résultats définitifs des
élections présidentielles, législatives et locales. Le
contrôle de la régularité et de la transparence des élections
locales relève de la compétence des tribunaux administratifs.

Le Conseil constitutionnel comprend 12 membres nommés et des


membres de droit. Le Président du Faso nomme trois
personnalités sur proposition du Ministre de la justice, et
trois personnalités dont au moins un juriste. Les Présidents
des deux chambres du Parlement nomment eux aussi trois membres
chacun dont au moins un juriste à chaque fois. Les anciens
chefs de l’Etat y sont membres de droit.

Les membres du Conseil constitutionnel sont nommés pour un


mandat unique de neuf ans. Ils élisent en leur sein le
président du Conseil constitutionnel. A l’exception des
anciens chefs de l’Etat, les membres du Conseil
constitutionnel sont renouvelables par tiers tous les trois
ans dans les conditions fixées par la loi. Les décisions du
Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d’aucun recours.
Elles s’imposent aux pouvoirs publics et à toutes les
autorités administratives et juridictionnelles.

2 – Système juridique
Au Burkina Faso les audiences sont publiques, à moins que la
publicité ne soit dangereuse pour l’ordre public ou les bonnes
mœurs. Les décisions sont en principe prises en collégialité.
La justice est gratuite.
L’action publique est mise en mouvement par des magistrats ou
des fonctionnaires, auxquels elle est spécialement confiée par
la loi. L’action publique peut aussi être mise en mouvement
par la partie civile.

Les enquêtes pénales peuvent être réalisées par un juge


d’instruction.

3 – Organisation judiciaire
La justice est rendue au nom du peuple du Burkina Faso. Le
pouvoir judiciaire est indépendant, le Président du Faso en
est le garant et est assisté par le Conseil supérieur de la
magistrature. Les magistrats du siège sont inamovibles.

Le Conseil supérieur de la magistrature est présidé par le


Président de la République, le Ministre de la Justice, Garde
des Sceaux en est le premier Vice-Président, le premier
Président de la Cour de cassation en est le deuxième Vice-
Président.

En avril 2000, le parlement burkinabé a adopté une révision


constitutionnelle qui consacre l’éclatement de la Cour
Suprême, initialement composée de quatre Chambres
(Administrative, Constitutionnelle, Judiciaire et des
Comptes), en quatre entités : Cour de cassation, Conseil
d’État, Cour des comptes et Conseil constitutionnel.

Premier degré de juridiction

Les tribunaux départementaux et d’arrondissement (environ au


nombre de 350) sont compétents pour connaître de toutes les
situations non contentieuses relevant de l’état des personnes
(jugements déclaratifs d’état ou supplétifs d’acte de
naissance, de mariage, de décès, certificats d’hérédité, de
tutelle et d’individualité), des litiges en matière civile
dont le montant ne dépasse pas 100 000 francs CFA (soit 152
euros environ). Le président du tribunal doit, préalablement à
toute procédure contentieuse, tenter de concilier les parties.

Les tribunaux d’instance sont en principe compétents en


matière civile pour les litiges dont le montant est compris
entre 100 000 francs CFA (soit 152 euros environ) et 1 000 000
francs CFA (soit 1 525 euros environ). En matière pénale, ils
connaissent de toutes les contraventions conformément au du
code de procédure pénale. Ils connaissent de tous les appels
des décisions rendues par les tribunaux départementaux et
d’arrondissement.

Nombres de litiges continuent à être tranchés par les


Tribunaux de grande instance car les TI ne sont pas en état de
fonctionnement.

Les tribunaux de grande instance (au nombre de 10) sont la


juridiction du premier degré notamment pour les affaires liées
à l’état des personnes (mariage, divorce séparation de corps,
filiation, adoption…), pour les litiges dont le montant excède
1 000 000 francs CFA (soit 1 525 euros environ), pour les
actions en matière immobilière, les procédures en matière de
droit d’auteur et de propriété industrielle. Chaque tribunal
de grande instance comprend une chambre civile et une chambre
correctionnelle. Chaque tribunal de grande instance comprend
également un ou plusieurs juges d’instruction.

Depuis le 1er janvier 2010, le tribunal de commerce de Ouaga-


dougou (TCO) est entré en fonction conformément à la loi de
mai 2009 portant création, organisation et fonctionnement des
tribunaux de commerce au Burkina Faso qui prévoit la création
d’un tribunal de commerce dans le ressort de chaque tribunal
de grande instance. Ce tribunal se compose de 6 juges profes-
sionnels et 9 juges consulaires.

Il existe des tribunaux du travail dont la composition,


l’organisation, les attributions et le fonctionnement sont
déterminés par les dispositions du Code du Travail.

Les tribunaux administratifs constituent le juge de droit


commun en matière administrative. Leurs attributions sont
celles qui ne sont pas confiées au Conseil d’Etat. Ils sont
compétents pour contrôler la régularité et la transparence des
élections locales.

Second degré de juridiction

La cour d’appel constitue le second degré de juridiction. Il


n’existe qu’une Cour d’appel sur tout le territoire burkinabé,
dont le siège est à Ouagadougou, qui traite à travers
différentes chambres les appels en matières civiles, pénales,
sociales et commerciales. Elle comprend une chambre civile,
une chambre commerciale, une chambre sociale, une chambre
correctionnelle, une chambre criminelle et une chambre
d’accusation.

Elle statue en matière criminelle en premier et dernier


ressort. L’accusé qui comparait devant la chambre criminelle
est assisté d’un conseil. Les arrêts sont rendus par une
formation collégiale de trois magistrats.

La Cour de cassation

La Cour de cassation est la juridiction supérieure de l’ordre


judiciaire. Elle se compose d’un président, de conseillers,
d’un Greffe et d’un Secrétariat de Chambre. Elle a pour
mission de veiller au respect de la règle de droit par les
juridictions inférieures et ainsi de garantir par sa
jurisprudence, l’unicité du droit. Elle se prononce sur les
pourvois dirigés contre les arrêts rendus par la Cour d’Appel
et contre les jugements des tribunaux rendus en dernier
ressort. La Cour de Cassation exerce ses fonctions
juridictionnelles à travers les différentes chambres qui la
composent : Chambre civile, Chambre commerciale, Chambre
sociale, Chambre criminelle.

Le Conseil d’Etat

Le Conseil d’Etat est la juridiction supérieure de l’ordre


administratif. Il se compose d’un Premier Président, de deux
Présidents de Chambres (Chambre du contentieux et Chambre
consultative), de conseillers, d’un commissaire du
gouvernement, de commissaires du gouvernement adjoints, d’un
greffier en chef et de greffiers.

Le Conseil d’Etat est juge d’appel des décisions rendues en


premier ressort par les tribunaux administratifs. Il est juge
de cassation des décisions rendues en premier et dernier
ressort par les tribunaux administratifs et par les
juridictions spécialisées. Il est juge en premier et dernier
ressort des recours en annulation pour excès de pouvoir formés
contre les décrets et les actes administratifs, dont les actes
administratifs pour lesquels le champ d’application s’étend
au-delà du ressort d’un seul tribunal administratif. Il est
juge des recours en interprétation ou en appréciation de la
légalité des actes dont le contentieux relève de sa
compétence.

Il donne des avis sur les projets de décrets qui lui sont
soumis par le Gouvernement et en général sur toutes les
questions pour lesquelles son intervention est prévue par les
dispositions législatives ou réglementaires. Il peut notamment
être consulté par les Ministres sur les difficultés
rencontrées en matière administrative.

La Cour des comptes

>> La Cour des comptes est la juridiction supérieure de


contrôle des finances publiques. Elle juge les comptes des
comptables publics, sanctionne les fautes de gestion et
assiste l’Assemblée nationale dans le contrôle de l’exécution
des lois de finances.

Elle est composée d’un Premier Président, de Présidents de


chambres (Chambre chargée du contrôle des opérations de
l’Etat, Chambre chargée du contrôle des opérations des
collectivités locales, Chambre chargée du contrôle des
entreprises publiques et des institutions de sécurité
sociale), de conseillers, d’un procureur général, de
commissaires du gouvernement, d’un greffier en chef et de
greffiers. Les membres de la Cour des comptes sont aussi bien
des magistrats que des fonctionnaires ou des personnalités
désignées en qualité de membre de la Cour en raison de leur
compétence et de leur expérience en matière de finances
publiques pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois.

>> Le Tribunal des conflits est la juridiction de règlement


des conflits de compétence entre les juridictions.

La Haute Cour de justice

Elle est la juridiction compétente pour connaitre des


infractions commises par le Président du Faso et par les
membres du gouvernement dans l’exercice de leurs fonctions. La
Haute Cour de justice est composée de députés élus au sein de
l’Assemblée nationale et de magistrats désignés par le
Président de la Cour de cassation. Le Président de la Haute
Cour de justice est élu parmi ses membres. La mise en
accusation est votée par l’Assemblée nationale à la majorité
des quatre cinquièmes voix pour le Président du Faso et à la
majorité des deux tiers des voix pour les membres du
gouvernement.

Le Tribunal Militaire de Ouagadougou (TMO)

Ce tribunal a été créé par la loi portant création du tribunal


militaire de Ouagadougou du 24 mai 1994. Le Code de justice
militaire prévoit l’organisation de ce tribunal. Il est
composé d’un président, magistrat militaire ou de l’ordre
judiciaire, de trois juges militaires et d’un juge, magistrat
de l’ordre judiciaire, tous citoyens burkinabè âgés au minimum
de 25 ans révolus. La composition peut varier en fonction du
grade du prévenu.

Suite au coup d’Etat avorté de septembre 2015 mené par les


partisans de l’ancien Président du Faso, Blaise Campaoré, le
TMO se charge des acteurs de ce coup d’Etat. Cependant, en
juin 2016, la magistrature burkinabè a protesté vivement
contre les décisions du TMO qui a mis en liberté provisoire et
annulé des mandats d’arrêts de responsables du coup d’Etat de
septembre 2015.

4 – Statut et formation des


magistrats et des personnels de
justice
Textes de référence : Loi organique n°036-2001/AN portant
statut du corps de la magistrature ; Loi organique n°
049-2015/CNT portant organisation, composition, attributions
et fonctionnement du Conseil Supérieur de la Magistrature.

Le Conseil supérieur de la magistrature

Le Conseil supérieur de la magistrature comprend des membres


de droit (le Président du Faso, le Garde des Sceaux, Ministre
de la Justice, le Président de la Cour de Cassation et le
Procureur Général près cette juridiction, le Président du
Conseil d’Etat, le Président de la Cour des Comptes, les
Présidents des Cours d’appel et les Procureurs généraux près
ces juridictions), des membres élus (les représentants des
différents grades de la hiérarchie judiciaire, à raison de
deux pour chaque grade) et des membres désignés (trois
représentants des organisations syndicales de magistrats ; une
personnalité n’ayant pas la qualité de magistrat ou
d’auxiliaire de justice, désignée par le Président du Faso).

Le Conseil supérieur de la magistrature est présidé par le


Président de la République, le Ministre de la Justice, Garde
des Sceaux en est le premier Vice-Président, le premier
Président de la Cour de cassation en est le deuxième Vice-
Président.

Le Conseil supérieur de la magistrature donne son avis en


matière d’indépendance de la magistrature, de déontologie des
magistrats, de fonctionnement de la justice, d’exercice du
droit de grâce, et d’attribution des distinctions honorifiques
aux magistrats du siège.

Il statue comme commission d’avancement et comme conseil de


discipline des magistrats. Il est chargé de proposer les
nominations et les affectations des magistrats du siège de la
Cour de cassation, du Conseil d’Etat et de la Cour des comptes
et celles des premiers présidents des cours d’appel. Il donne
son avis sur les propositions du Ministre de la Justice,
relatives aux nominations des autres magistrats du siège. Les
magistrats du parquet sont nommés et affectés sur proposition
du Ministre de la Justice.

Afin de renforcer son indépendance, à partir de 2017, le


secrétariat permanent du CSM bénéficiera d’un budget propre.

Statut du magistrat

Tout magistrat a vocation à occuper des fonctions du siège ou


du parquet.

Les magistrats du siège ne sont soumis, dans l’exercice de


leurs fonctions, qu’à l’autorité de la loi et sont
inamovibles. Ils ne peuvent recevoir d’affectation nouvelle,
même à titre de promotion, sans leur consentement, sauf en cas
de sanction disciplinaire ou lorsque les nécessités de service
l’exigent.

Les magistrats du parquet sont placés sous la direction et le


contrôle de leurs chefs hiérarchique et sous l’autorité du
Ministre charge de la justice. Les magistrats ne peuvent pas
exercer le droit de grève au Burkina Faso.

En 2013, le Burkina-Faso disposait de 450 magistrats, avec un


ratio magistrat pour 100.000 habitants de 2.5, et de 268
avocats. (Sources : Tableau de bord statistique de la Justice
2014).
Formation

La section de magistrature de l’Ecole Nationale


d’Administration et de Magistrature (ENAM) de Ouagadougou
assure la formation des magistrats. L’entrée s’effectue sur
concours après obtention d’un diplôme de maitrise en droit ou
équivalent. Le stage se déroule en deux phases, l’une dans un
établissement de formation de magistrats, et l’autre en
juridiction. Il ne peut être renouvelé qu’une seule fois. Pour
être nommé magistrat il faut être citoyen burkinabè âgé de 23
ans minimum et de 40 ans maximum.

Il manque au Burkina Faso une véritable formation continue des


magistrats. Par ailleurs, il est déploré un certain manque de
spécialisation technique des magistrats.

5 – Justice des mineurs


Une importante réforme de la justice des mineurs a eu lieu en
2014. La matière n’avait pas été réformée depuis 1961. La loi
du 13 mai 2014 portant protection de l’enfant en conflit avec
la loi ou en danger consacre des dispositions procédurales qui
se veulent plus efficientes et s’inspire des instruments
juridiques internationaux.

L’article 74 du code pénal prévoit : « Il n’y a ni crime, ni


délit, ni contravention lorsque l’auteur de l’infraction était
âgé de moins de treize ans, à la date de la commission des
faits.

Le mineur de moins de 13 ans, ainsi que celui de 13 à 18 ans


qui a agi sans discernement, ne peut faire l’objet que de
mesures éducatives et de sûreté. »

Un ou plusieurs juges des enfants sont institués au siège de


chaque tribunal de grande instance. Le juge des enfants est
compétent pour connaître des contraventions et délits commis
par les mineurs âgés de moins de dix-huit ans. Il est
également compétent pour ordonner toutes mesures utiles
lorsque le mineur de moins de dix-huit ans est en danger. Il
est juge d’instruction en matière criminelle. La
responsabilité pénale est de treize ans, la majorité de dix-
huit ans révolus.

Un tribunal pour enfants est créé au siège de chaque cour


d’appel. Il statue en matière criminelle en premier et dernier
ressort. Il est également compétent pour connaître en appel
des décisions rendues par le juge des enfants.

Les détenus mineurs sont séparés des détenus adultes.

La nouvelle loi de 2014 sur les mineurs consacre


officiellement le droit à l’identité qui n’était, jusqu’à
présent, pas reconnu à tous les mineurs : plus d’un tiers des
naissances ne seraient pas enregistrées, ce qui a pour
conséquence de priver de nombreux individus de leur capacité
juridique. Les déclarations de naissance représentent au
Burkina Faso un coût élevé, bien qu’un plan pour 2012-2016 sur
la gratuité de l’état civil ait été mis en place. Afin de
pallier ce problème de déclaration des naissances, deux
ingénieurs burkinabè ont mis en place en 2015-2016 une
application, « iCivil », qui permet de procéder à la
déclaration par SMS.

6 – Application des peines et


système pénitentiaire
Au 1er janvier 2015, la population carcérale burkinabè est
estimée à 6 827 détenus répartis dans les 26 établissements
pénitentiaires disséminés sur l’ensemble du territoire
national. La prison de haute sécurité, en fait partie.
Fonctionnelle depuis trois ans, cette dernière compte près de
200 pensionnaires. La sécurité y est plus élevée et elle
accueille les prisonniers présentant un certain risque pour
eux-mêmes et pour les autres détenus.

Les détenus comprennent tant ceux qui sont déjà condamnés et


qui purgent leur peine, et ceux qui sont en détention
provisoire, donc en attente de jugement.

La plus grande prison du Burkina Faso est la Maison d’arrêt et


de correction de Ouagadougou (MACO) qui compte près de 2 000
détenus, soit environ 30% des occupants des établissements
pénitentiaires.

Les détenus hommes, femmes et mineurs sont séparés. La peine


de mort est encore en vigueur bien qu’elle soit interdite pour
les mineurs. Le Burkina Faso souffre de la surpopulation
carcérale. Il n’y a pas de juge d’application des peines.

7– Actualité juridique
Lutte contre la criminalité

D’importants investissements sont programmés par le Ministère


en charge de la sécurité et la police nationale pour lutter
contre la criminalité, parmi lesquels l’équipement en matériel
des aéroports et de tous les postes frontaliers pour scanner
les documents de voyage. Cela permettra de vérifier
l’authenticité des documents ainsi que l’identité de leurs
détenteurs.

En outre, en juin 2012, le principe d’un renforcement des


contrôles douaniers sur les plateformes aéroportuaires a été
adopté. La brigade spéciale aéroportuaire d’Ouagadougou s’est
ainsi dotée d’une cellule de ciblage douanier à l’été 2012. Un
renforcement des compétences théoriques des acteurs s’est
également opéré à l’occasion de plusieurs formations.
Plusieurs saisies de drogue consécutives à la création de la
cellule aéroportuaire traitant de la criminalité organisée ont
confirmé l’utilité de ce dispositif de renforcement des moyens
de lutte contre la criminalité organisée (drogue, flux
financiers) au Burkina Faso au sein de l’administration des
douanes. Ce renforcement devrait continuer.

Projet d’appui à la modernisation de l’institution judiciaire


du Burkina Faso

Le 1er septembre 2013 a démarré, pour une durée de trois ans,


le projet d’appui à la modernisation de l’institution
judiciaire burkinabè.

La France va débourser 318 millions 139 mille FCFA (soit


environ 485 000 euros) pour le projet qui sera géré par un
magistrat français, expert technique international qui
occupera également les fonctions de conseiller technique du
ministre de la Justice. Il sera assisté d’un coordonnateur
national. Cette modernisation de l’institution judiciaire
s’articule autour de trois composantes :

D’abord, l’accessibilité, c’est-à-dire, « l’amélioration de


l’accessibilité à la Justice, à travers le développement de la
Justice de proximité », de l’égalité de traitement des
citoyens devant la loi, et d’un appui à la diffusion du droit.

Ensuite, la productivité, définie comme la restauration des


performances des juridictions pénales et le soutien au
traitement pénal du terrorisme et des menaces transnationales.

Enfin, la protection qui consiste à « réformer et moderniser


le système pénitentiaire », en vue de la réduction de la
surpopulation carcérale.

Des Etats Généraux ont été organisés en mars 2015 pour débuter
le processus de réforme du système judiciaire. Cela a abouti à
la signature d’un pacte national pour l’indépendance de la
justice. La mission reste délicate en raison du fait que la
population fait de moins en moins confiance au système
judiciaire suite notamment à des affaires de corruption.

Réforme constitutionnelle :
Depuis les élections de novembre 2015, le Burkina Faso
souhaite rédiger une nouvelle Constitution et promulguer une
Vème République. La Commission constitutionnelle est composée
de 92 membres. Elle a été établie le 16 mars 2016, mais n’a
commencé ses travaux qu’en juillet 2016 et dispose de 60 jours
pour rédiger un avant-projet de Constitution.

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