Universite Catholique Du Congo: Grégoire Bakandeja Wa Mpungu
Universite Catholique Du Congo: Grégoire Bakandeja Wa Mpungu
Universite Catholique Du Congo: Grégoire Bakandeja Wa Mpungu
Faculté de Droit
Faculté des Sciences Politiques
Faculté d’Economie et Développement
Cours
de
FINANCES PUBLIQUES
2ème Licence/LMD
Par
OBJET DU COURS
Les finances publiques, qui apparaissent comme l’un des principaux leviers
de l’action publique, sont constamment au cœur de l’actualité. Elles ont
profondément évolué avec la transformation du rôle de l’Etat.
Ce cours a pour ambition de présenter de façon synthétique et pratique ces
finances publiques que l’on définit habituellement comme l’ensemble
des règles gouvernant les finances des administrations publiques.
Les finances publiques seront donc étudiées ici dans leur globalité en tenant
compte de leur pluridisciplinarité, au carrefour de phénomènes juridiques,
politiques, économiques et sociétaux.
SYNTHESE DU COURS
« Les finances publiques sont régulièrement au cœur de l’actualité politique
et économique, et ce n’est pas nouveau : l’Etat n’a cessé de rechercher les
moyens de financer son action en levant l’impôt et en organisant ses
dépenses. Mais en ce début de XXI siècle, les finances publiques Congolaises
comme celle de la plupart des Etats sont en pleine mutation et doivent relever
de nombreux défis. Défi de l’orthodoxie budgétaire et de la maîtrise des
dépenses publiques, crise économique et financière oblige. Défi de la
« soutenabilité » de la dette en dépit de l’atteinte du point d’achèvement de
l’initiative des pays pauvres très endettés (IPPTE). Défi de la transparence
aussi, dans la gestion publique et vis-à-vis des citoyens, défi de la corruption
et des détournements de deniers publics auquel le vote de la loi n°11/011 du
13 juillet 2011 relative aux finances publiques tente d’apporter des éléments
de réponse ».
INTRODUCTION GENERALE
Les finances publiques apparaissent souvent à beaucoup comme une matière qui
traite peu des préoccupations quotidiennes de chacun d'entre nous. La matière est
réputée difficile et complexe. La matière, il faut le reconnaître, ne jouit pas d’une très
bonne image dans le public en général, chez les étudiants en particulier, étant trop
souvent pour beaucoup synonyme d’aridité, de techniques compliquées. Les finances
publiques traitent cependant des problèmes familiers intéressant notre vie quotidienne ;
l’on pense ici aux actes que nous posons en rapport notamment avec le paiement des
impôts, les souscriptions aux emprunts et aux certificats du Trésor, l’envoi du courrier,
l’introduction d’une action en justice, la perception des prestations sociales, qui relèvent
indiscutablement des finances publiques.
Ce manuel a pour but de préciser le sens et le contenu de la notion de Finances
publiques afin d’en faciliter la compréhension. En effet, il est de nombreuses manières
d’aborder l’étude des Finances publiques. Certains auteurs font une part importante à la
sociologie, d’autres mettent un accent particulier sur l’aspect économie publique et traitent
de la politique économique. Pour notre part, ces deux approches sont intégrées parce
qu’elles sont complémentaires.
Les Finances publiques ont pour objet l’étude des problèmes financiers qui se
posent aux organismes publics.
D’emblée, il faut préciser que dans le domaine des Finances Publiques, l’histoire,
la politique et l’économie sont liées. Historiquement, les finances publiques « modernes »
ont succédé aux finances publiques « classiques », modifiant les conceptions
économiques et la répartition du pouvoir budgétaire1.
1
CHANTAIL (C) : Finances Publiques, Paris, Edition Paradigme. Centre de publications universitaires, Manuel 2004-2005, 6e
édition, 2004.
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Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
2) Finances publiques
Pendant longtemps, l’enseignement des finances publiques a été exclusivement
juridique. Il s’agissait d’étudier les règles administratives et constitutionnelles auxquelles
doivent se plier l’Etat et les autres personnes publiques. Les Finances regroupaient le droit
budgétaire (règles d’élaboration et de vote du Budget), le droit de la comptabilité publique
(règles d’exécution des dépenses et recettes publiques), le droit fiscal (règles
d’établissement, de recouvrement et de contrôle de l’impôt), enfin le droit applicable à
l’émission d’un emprunt.
Au fur et à mesure que le budget deviendra un outil d’intervention en matière
économique et sociale, la conception purement juridique des finances publiques s’avèrera
insuffisante. Ainsi une place de plus en plus importante est accordée à ses aspects
économiques. On s’intéresse notamment à l’impact des finances publiques en matière
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2 Bertoni (P.) : Finances Publiques – L’essentiel du Cours, Paris, Librairie Vuibert, 2001, op. cit. p.4.
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3 Pour plus de détails, voir M. DUVERGER, Finances Publiques, Paris, P.U.F., Coll. Thémis, 11e édition 1988, p, 14 à 15.
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Dans les finances publiques modernes, les techniques ne tendent plus à trouver les
moyens de couverture de dépenses et recettes mais au contraire les meilleures méthodes
d’intervention de l’Etat par les prélèvements discriminatoires non justifiés par les dépenses
publiques. Ainsi, l’élargissement de l’objet a entraîné celui des techniques. Cette
conception moderne des finances publiques est le reflet de l’évolution du système
économique capitaliste. Les finances classiques correspondaient au capitalisme libéral du
19ème siècle ; les finances modernes correspondent au néocapitalisme du 20 ème siècle où
l’Etat dispose des pouvoirs d’intervention et de planification sur l’ensemble de l’économie,
où un secteur public important s’est développé à côté du secteur privé, qui actuellement
a pris le pas sur le premier au nom de la mondialisation financière. Mais l’intervention de
l’Etat se manifestera toujours au plan de l’orientation à donner malgré le mouvement
accéléré de déréglementation de l’activité économique.
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Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
Les phénomènes financiers publics sont toujours des phénomènes complexes ; l’on
entend par-là qu’ils sont le produit d’interactions de tous ordres, faisant intervenir une
grande variété de structures et d’acteurs, ce qui les rend très sensibles aux
transformations qui s’opèrent au sein des sociétés. Une telle hétérogénéité et une telle
complexité qui exigeraient une appréhension globale et la mise en œuvre d’une grande
variété de savoir, impliqueraient un travail commun de chercheurs appartenant aux
disciplines les plus diverses. C’est aussi là un des obstacles au développement d’une
science financière autonome. En effet, plusieurs disciplines concourent à la constitution
d’une science des finances publiques, ce qui a fait dire à certains auteurs qu’il s’agit d’une
discipline carrefour, un point de rencontre où viennent se retrouver d’autres sciences.
Mais outre ces disciplines, il en est trois qui tiennent une place particulièrement
importante : le droit, l’économie et la science politique. Ces trois disciplines se
chevauchent.
D’emblée, il faut préciser que les finances publiques se situent au centre des
enseignements de Droit public. Les liens entre les finances publiques et le droit public
sont tellement étroits que, pendant longtemps, ils empêchèrent les finances publiques de
se constituer en une discipline autonome. Les Finances publiques étaient considérées
comme une branche du droit public, d’où l’expression « législation financière ».
Progressivement, elles se sont dégagées de l’emprise du droit public à travers ses deux
branches principales, le droit constitutionnel et le droit administratif.
Les liens entre les finances publiques et le droit constitutionnel apparaissent tantôt
par la soumission des mécanismes financiers aux règles constitutionnelles (la perception
de l’impôt doit faire l’objet d’une autorisation législative annuelle, institution de la
procédure du vote des lois de finances, bases de la répartition des impôts dans les Etats
à structures fédérales), tantôt par l’influence exercée par les phénomènes financiers sur
l’équilibre constitutionnel (les considérations financières jouent fortement sur la
répartition des pouvoirs entre l’Etat fédéral et les Etats fédérés). De même l’équilibre entre
l’exécutif et le législatif est commandé par la répartition financière entre ces deux
pouvoirs. De façon générale, les pouvoirs du Parlement dans les régimes parlementaires
de type britannique sont dus à sa maîtrise sur le budget.
Pour les financiers modernes, les finances publiques ont un caractère différent et
leur objet est plus vaste ; elles sont à la fois une branche de la science économique et
une branche de la science politique.
Les moyens financiers sont essentiellement employés par l’Etat pour réaliser des
interventions dans le domaine économique : régulation de la production et des échanges,
équilibre des prix, égalité dans la distribution, maintien du pouvoir d’achat de la monnaie…
Ils sont intégrés dans les mécanismes de l’économie et aménagés en fonction de ceux-ci.
Les finances publiques tendent à devenir ainsi, sous un certain aspect, une branche de
l’économie financière. L’économie financière aurait ainsi absorbé entièrement la science
des finances.
Mais, si étroits que soient les liens qui unissent ces deux disciplines, on ne saurait
les confondre, leurs objectifs étant différents.
L’économie financière étudie les phénomènes financiers sous leur aspect global :
elle analyse les « flux financiers ». Ainsi, recherche-t-elle les effets du prélèvement
fiscal sur l’économie ou les conséquences du déséquilibre budgétaire sur la
conjoncture économique ou encore les répercussions des dépenses publiques
d’investissement sur la croissance économique.
Les finances publiques, au contraire, étudient le mécanisme des opérations
financières individuelles, recherchent les règles suivant lesquelles doit être assis un
impôt, déterminent les voies de recours ouvertes à un contribuable et définissent
les techniques de contrôle d’une opération de dépenses. On l’a dit ci avant, les
règles juridiques y tiennent une large place. Cependant, ces opérations financières
ne pourraient être bien comprises si elles n’étaient replacées dans leur
environnement économique qui, seul, peut leur donner pleine signification.
6 BIBOMBE, ( M.), Eléments de Finances Publiques, Kinshasa, Ed. BIOMETRIX, 1993, p.56.
7 LLAU (P) : Economie financière, Paris, P.U.F., Coll. Thémis, 1985.
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Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
Ainsi, les liens entre l’économie et les finances demeurent étroits ; il est impossible
de les séparer totalement. Ici encore, on doit constater que les données économiques
conditionnent les opérations financières mais aussi que les opérations financières influent
sur l’économie. Si la science économique est, comme on l’a affirmé parfois, la science de
la richesse, il est normal que les finances publiques, qui constituent une fraction de cette
richesse, soient conditionnées par l’économie.
En définitive, les Finances publiques sont ainsi à la fois une discipline juridique, une
discipline économique et politique. Cependant, il faut admettre que c’est une discipline
autonome qui emprunte à d’autres sciences.
Il faut préciser qu’aucun manuel, il est vrai, ne parvient à être complet et chacun
étudie certains aspects fondamentaux du programme plus que d’autres. Le présent
manuel ne peut échapper à cet inconvénient. Il est important et utile de le compléter
par la lecture d’un ou deux ouvrages qui rectifieront ce qu’un résumé ne peut approfondir.
8 DUVERGER (M.), Sociologie Politique, Paris, P.U.F., Coll. « Thémis », 1973, p.23-26 et surtout 163-193.
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Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
Ainsi, s’explique le souci qui nous a animé de donner plus de détails dans cette
introduction aux fins de faciliter la compréhension d’une matière complexe plutôt que
d’établir une bibliographie à l’usage des étudiants, ce qui nous paraît être le rôle du
professeur. Une bibliographie de travail se trouve en annexe pour servir de point de départ
à des recherches personnelles.
On connaît les difficultés de trouver sur le marché local une documentation
appropriée et récente traitant des questions liées à l’enseignement des finances publiques.
Ceci ne peut, en aucun cas, servir de prétexte à la non- présentation des ouvrages qui
présentent un intérêt certain dans le souci de susciter chez le lecteur la curiosité
intellectuelle avec l’espoir qu’un jour les difficultés d’aujourd’hui (sur tous les plans )
seront surmontées et que les Congolais et Congolaises retrouveront le goût de la lecture.
Ce manuel est destiné en premier lieu aux étudiants des Facultés de droit, des
sciences économiques et de gestion. En second lieu, il est au service des politiques
(parlementaires, ministres, acteurs politiques aspirant à gérer l’Etat). Il s’adresse
également aux intellectuels et au public en général, aux citoyens et aux citoyennes.
S’agissant particulièrement des étudiants, ceux-ci devront comprendre que le cours
oral, comme la plupart des enseignements oraux, doit porter sur les questions
fondamentales, les problèmes les plus difficiles, les aspects les plus discutés de la matière
et enfin sur les mises à jour rendues nécessaires par les événements récents.
Enfin, on rappellera que les efforts des étudiants ne peuvent être fructueux que si
ces derniers se pénètrent de l’esprit et des buts de l’enseignement supérieur qui exigent,
en effet, un effort de jugement qui repose sur la possession de l’ensemble des problèmes
de chaque discipline. Toutefois, pour conduire les étudiants à dominer les matières
étudiées, il ne fait que subsidiairement appel à la mémoire, instrument certes nécessaire
mais second, au moins dans les sciences juridiques, politiques et humaines.
Son but premier n’est pas d’apprendre aux étudiants des séries de notions, de
connaissances, de données techniques, bien que la compréhension logique des problèmes
exige d’abord ce travail.
Cette remarque importante concerne aussi bien les études supérieures destinées à
donner une formation générale de haute qualité, ouverte sur des orientations multiples,
que les mêmes études axées sur la préparation à une profession et formant dans cette
perspective à une technique, à une « technologie », telles que la technique juridique ou
la technique économique.
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Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
en second lieu, il établit une opposition tranchée entre l’impôt et l’emprunt, qui
tendent à se rapprocher dans les finances modernes et à devenir deux procédés
complémentaires de ressources publiques et d’action financière.
Cette double observation nous a conduit à opérer deux catégories d’institutions
financières. Les unes constituent pour l’Etat les moyens d’action lui permettant d’intervenir
dans la vie économique et sociale ; telles sont les dépenses publiques et les ressources
publiques, ces dernières étant constituées par les ressources temporaires (Trésor public
et emprunt) et les ressources permanentes (Impôts et autres taxes assimilées).
Les autres forment en quelque sorte le cadre à l’intérieur duquel sont employés les
moyens d’action précédents : l’originalité de l’activité financière, en effet, c’est qu’elle est
planifiée et se déroule suivant un programme d’action annuel qu’on appelle budget. Tout
ce qui a trait à l’établissement de ce budget et à son exécution constitue ce qu’on pourrait
appeler le plan financier de l’Etat.
Ainsi, le cours sera structuré en deux parties.
La première partie présentera les moyens d’action financiers de l’Etat pour
expliquer le phénomène financier et les instruments d’intervention.
La deuxième partie exposera la programmation (planification) de ces instruments
d’action à travers le budget de l’Etat, élément déterminant de l’activité économique du
pays et de la politique de redistribution des revenus notamment.
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bien de l’argent public. Ce terme peut désigner aussi l’ensemble des Fonds et valeurs
possédés par les administrations publiques.
L’intérêt d’identifier la notion des deniers publics réside dans le fait que les deniers
publics sont soumis à un régime juridique particulier. Ils sont insaisissables et ne
peuvent être manipulés que par un comptable public. Les comptes relatifs aux deniers
publics sont, quant à eux, soumis à la juridiction de la Cour des Comptes.
Le système fiscal congolais est placé sous l’autorité du ministre de finances, il est
organisé en trois administrations fiscales.
A. La Direction Générale des Impôts (DGI)
Cette Régie financière a été créée par l'ordonnance n°88/039 du 10 mars 1988,
modifiée par le décret n° 17/2003 du 02 mars 2003. Elle a pour mission, la gestion, le
recouvrement, le contrôle des impôts cédulaires (impôts sur les revenus locatifs, impôts
sur les revenus mobiliers, impôts sur les rémunérations, impôts sur les bénéfices et
profits) des impôts sur le chiffre d’affaire (TVA) à l’intérieur, des impôts réels (impôt sur
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les propriétés bâties et non bâties, les véhicules, les concessions miniers et
d’hydrocarbures).
Cette régie a été instituée par Décret n° 09/43 du 03 décembre 2009 portant
création et organisation de la Direction Générale des Douanes et Accises, en sigle «
D.G.D.A. » en remplacement de l’ancien Office des Douanes et Accises, « OFIDA » en
sigle. Elle est chargée de la gestion, du recouvrement et du contrôle des droits de douane,
de l’impôt sur le chiffre d’affaires, sur les importations et des accises.
Elles ont été créées, de manière informelle, par les exécutifs provinciaux dans le
cadre de la décentralisation fiscale. Leurs dénominations sont diverses : Direction
Générale des Recettes de Kinshasa, « DGRK », Direction Générale des Recettes du Kasaï
Occidental, « DGRKOC », etc.
Ces cadres étant précisés, il faut maintenant classer les impôts perçus en
République du Congo. Ce classement se fera en six grandes rubriques en fonction de leur
objet. Le code général des impôts et celui des douanes déterminent les différents taux,
les bases d’imposition ainsi que les règles se rapportant à chaque type d’impôt.
A. L’ordonnateur
L’ordonnateur est juridiquement défini comme étant la personne habilitée à
déclencher des moyens financiers pour le compte de l’Etat. Les ministres sont les seuls
ordonnateurs principaux des recettes et des dépenses du budget général, des budgets
annexes et des comptes spéciaux, pour les crédits mis à leur disposition.
B. Régime des responsabilités.
Ces acteurs publics sont soumis à des responsabilités particulières. Dès lors que les
comptables et les ordonnateurs exercent des fonctions différentes, ils sont soumis à des
régimes juridiques différents. Au-delà des principes des rigorismes affichés, la
responsabilité personnelle et pécuniaires des comptables autant que la responsabilité des
ordonnateurs présentent des limites à l’heure actuelle.
C. Le comptable
Le comptable, est une fonction, autant qu’un statut. Les comptables publics sont
des agents de droit public. Leurs missions sont : maniement, comptabilisation et contrôle
des fonds et valeurs.
§2. Les institutions indépendantes participant au phénomène financier
A côté des administrations publiques et des acteurs mettant en œuvre les
mouvements financiers, certaines institutions participent au phénomène financier. Il s’agit
de la Cour des Comptes, de la Banque Centrale du Congo et du Conseil Supérieur du
Portefeuille. Institutions sur lesquelles on reviendra plus loin.
La part des recettes à caractère national allouées aux provinces est établie à 40%.
Elle est retenue à la source.
La loi fixe la nomenclature des autres recettes locales et la modalité de leur
répartition.
9 BOUVIER (M.), ESCLASSAN (M.C.), LASSALE (J.P.) : Finances Publiques, Paris, LGDJ, 6ème Ed., 2001, p. 40.
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dépenses publiques et la nécessité pour les pouvoirs publics d’avoir une attention
soutenue dans ce domaine. Certes, la croissance rapide de ces dépenses au cours des
années 80 était due principalement aux dépenses excessives effectuées à des fins
politiques et politiciennes, et pour des investissements sans rentabilité économique. Mais,
dans tous les cas, il faut reconnaître la place de plus en plus importante faite aux dépenses
publiques dans les différents projets de développement de notre pays.
La dépense publique est avant tout une intervention publique au sens large : il
s’agit de la prise en charge financière d’une politique initiée par une personne publique.
Il peut s’agir de construire des écoles, des routes, des hôpitaux et également, d’accorder
des subventions à des organismes publics où privés.
On peut définir juridiquement la dépense publique comme étant celle réalisée par
une personne morale publique dans le cadre du pouvoir de commandement. Cette
définition présente néanmoins des limites car certaines dépenses réalisées par des
personnes privées peuvent revêtir le caractère public en raison de la pluralité des
bénéficiaires de la dépense. Par exemple, la réalisation des travaux sur une avenue par
rassemblement des cotisations des résidents.
A. Contenu de la définition
Pour les financiers classiques, les dépenses publiques sont les dépenses des
collectivités publiques. Par collectivités publiques, on désigne l’Etat et les collectivités
locales dotées de la personnalité morale.
Autrement dit, ce qui donne à une dépense le caractère public, c’est la qualité
juridique de l’auteur de la dépense, le fait qu’il s’agit d’un organe ou d’une institution
publique. Le terme de collectivité publique est synonyme en somme du terme « personne
morale publique ». Toutes les dépenses des collectivités publiques sont des dépenses
publiques, tandis que toutes les dépenses des particuliers et des collectivités privées
(association, société etc.,) sont des dépenses privées. C’est donc la nature juridique d’une
collectivité, son caractère de personne morale publique, qui définit la dépense publique.
B. Limite de la définition
1) Définition socio-juridique
On a donc défini progressivement une nouvelle notion de dépense publique :
a) Principe : les dépenses publiques sont uniquement celles effectuées par les pouvoirs
publics et les collectivités publiques dans l’exercice de leur pouvoir de
commandement ;
b) Conséquences du principe : toutes les dépenses des collectivités publiques ne sont
plus des dépenses publiques. Il suffit qu’elles ne dérivent pas des pouvoirs publics. Il
en est ainsi de l’Etat industriel, agriculteur, commerçant ou d’une commune
commerçante.
Dans ce contexte, les dépenses publiques sont celles faites dans le cadre du pouvoir
de commandement par les personnes morales publiques ou par les particuliers.
Ainsi, la notion classique n’est pas rejetée, elle est simplement élargie, rectifiée,
corrigée.
Ici encore, deux conceptions s’opposent: l’une développée par les auteurs
classiques, l’autre par les modernes. Les classiques estimaient que, du point de vue
économique, les dépenses publiques étaient les dépenses de consommation. Les
modernes, quant à eux, voient dans l’interventionnisme de l’Etat un moyen pour celui-ci
(Etat) de jouer son rôle de distributeur.
L’attitude négative des classiques vis-à-vis des dépenses publiques dérivait de leur
philosophie du rôle des pouvoirs publics. Ceux-ci ne devaient pas intervenir dans le
domaine économique, sauf en des cas tout à fait exceptionnels.
Au 19e siècle, les activités proprement productives de l’Etat étaient rares. Les
fonctions de l’Etat étaient réduites à des tâches purement administratives. Les dépenses
publiques se limitaient à celles faites pour le fonctionnement de services publics qui
étaient improductifs. Seule l’initiative privée enrichissait la société par l’accumulation des
biens et services. La conséquence qui en découle, c’est le mouvement de méfiance vis-à-
vis des pouvoirs publics. L’Etat n’assurait aucun type d’action. Cet état d’esprit est dépassé
à l’heure actuelle.
Celle-ci est l’œuvre des financiers modernes qui estiment que les dépenses
publiques ne sont pas une simple destruction des richesses mais d’éventuels facteurs de
progrès économique et social. Les dépenses publiques sont au service de l’équilibre
économique pour assurer l’expansion économique grâce à la redistribution. C’est la
conception moderne de l’Etat redistributeur.
Une fois de plus, la sociologie vient au secours des finances publiques. On observe
que l’Etat ou les collectivités locales ne sont pas des entités sui generis. L’Etat n’existe
pas en soi ; l’Etat, ce sont les hommes qui le composent et qui vivent sur un territoire
sous l’autorité d’un gouvernement. En tant que personne morale, être juridique, l’Etat ne
peut pas consommer et ne peut pas dépenser. C’est le fonctionnaire, le fournisseur de
l’Etat qui dépensent au moyen des sommes que l’Etat leur a remises et qu’il a prises à
d’autres individus.
Les dépenses des collectivités publiques peuvent être considérées comme des
dépenses des personnes physiques. Ainsi, ces dépenses sont renvoyées dans le circuit
économique. L’Etat est consommateur et distributeur parce qu’il (l’Etat) prélève ici et
réserve là-bas. L’Etat apparaît comme un intermédiaire.
B. Originalité de la redistribution
10 EUVRARD (F.), « La redistribution des revenus par la fiscalité », projet, février 1952, in Maurice DUVERGER, p.73. Voir également, Institut
International de Finances publiques, Le budget et la redistribution du revenu national, 1978.
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Les actes des collectivités publiques dans leur gestion privée n’ont pas une
caractéristique propre.
La redistribution par l’Etat tend à jouer un rôle aussi bien économique (subventions
aux entreprises), social (sécurité sociale) que politique (promesses des partis politiques).
Ici apparaît la différence entre les conceptions classique et moderne. Les financiers
modernes ont démontré l’utilité directe et indirecte des dépenses publiques.
Utilité indirecte :
Utilité directe :
Certaines dépenses publiques ont une utilité directe. Malgré le poids des thèses
classiques, l’histoire économique a prouvé que certaines dépenses sont productives. La
thèse de l’Etat déficitaire n’est donc pas prouvée.
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A. Classifications organiques.
Leur structure est administrative. La définition est basée sur les structures
étatiques: dépenses de l’Etat (Ministères), dépenses communales (municipales), dépenses
provinciales, dépenses des districts.
11 COLSON (J.P.), Droit public économique. Voir aussi P.M. GAUDEMET, J. de LEUSE, Y. ROLLAND et PILLOT, Finances publiques, Paris,
1987.
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On classe ici les dépenses suivant leur fonction économique et le type d’intervention
économique qu’elles permettent à l’Etat de réaliser. Quatre grands types de dépenses
s’opposent 2 à 2.
1° Les dépenses de fonctionnement ont pour objet d’assurer la vie normale des
services. Ces dépenses n’ont pas pour but de déclencher les dépenses
publiques, ni d’augmenter le capital social ou privé. Il s’agit tout au plus de
maintenir le niveau attendu. Cette première catégorie de dépenses correspond
à la vie des services publics, à l’activité des administrations.
Notons que les classiques et les modernes se sont opposés sur l’opportunité de
telles dépenses. Les classiques ont rejeté les dépenses d’investissement contrairement
aux modernes qui les trouvent justifiées. Investissement de l’Etat (budget général,
budgets annexes), subventions d’investissement au profit de l’économie, du logement, de
l’urbanisme, les participations et dotations en capital des entreprises publiques, les prêts
et avances du trésor constituent les dépenses en capital.
Sur le plan économique, la différence est grande car, dans les dépenses effectives,
l’Etat prélève une partie de la substance économique, ce qui peut avoir pour conséquence
d’entraîner la rareté des biens et services. Dans le cas des dépenses de transfert, l’Etat
ne prélève rien, il se contente d’agir sur le pouvoir d’achat (en le modifiant) et laisse aux
autres agents économiques les moyens d’intervenir sur les biens de consommation. Le
premier moyen peut être le renforcement de l’inflation économique.
A. Principe
B. Mise en œuvre
Celle-ci comprend :
La dette intérieure
Il s’agit :
Des arriérés sur les dépenses de personnel en monnaie nationale, des fournisseurs
de biens et prestations, des entrepreneurs de travaux publics, des certificats de dépôts
en monnaie nationale. Elle concerne aussi les bons du Trésor et les billets de trésorerie,
des avances consenties par des tiers à l’Etat, des arriérés de loyers, des arriérés sur
condamnations judiciaires et indemnisations, des arriérés sur les dépenses de personnel
en devise, des arriérés de remboursement intérêts débiteurs consolidés BCC.
La dette extérieure
Elles comprennent :
La rémunération des membres des institutions politiques et coutumières (traitement
du Chef de l’Etat, des membres du Gouvernement, du Parlement, des cabinets et
services de la Présidence, de tous les autres cabinets, des Commissariats Généraux,
des Gouvernorats, des hauts magistrats, des chefs coutumiers).
La rémunération du personnel actif de l’Etat : traitement de base des fonctionnaires
du régime général, traitement du personnel contractuel relevant des organismes
auxiliaires (budgets annexes), traitement des enseignants de l’EPSP, ESURS, ATG ,
des professionnels de la santé, des professionnels de l’agriculture et du
développement rural, des militaires (salaires du personnel militaire, fonctionnaire de
l’Etat, prévus par la loi sur le budget avec assignation spécifique, des policiers, du
personnel diplomatique, rémunération du corps diplomatique et consulaire accrédité
à l’extérieur, traitement des magistrats civils et militaires (non compris les hauts
magistrats), des agents des services de sécurité.
Les dépenses accessoires de personnel, celles-ci concernent :
- le transport du personnel (le transport régulier collectif de personnel de l’Etat ;
l’indemnité de logement, l’indemnité de transport, l’indemnité kilométrique,
l’indemnité de rapatriement, de mutation et d’installation (les rapatriements et
mutations ; concerne aussi les dépenses relatives à l’installation d’un cadre ou d’une
autorité, l’indemnité de sortie des membres des institutions politiques, et de fin de
carrière des fonctionnaires civils et militaires de l’Etat) ;
- les primes et gratifications (toutes les primes, indemnités de motivation et
gratifications, pour récompense de services rendus, rétrocession de recettes
recouvrées, difficulté d’une tâche, intérim, représentation, risque particulier, per
diem et jeton de présence) ;
- les frais de mission (frais de voyage des missionnaires au service de l’Etat, à
l’intérieur et à l’extérieur du pays (per diem). Ne concerne pas les dépenses de
missions incluses dans le 502) ;
- les frais secret et de recherche (concerne les frais de filature par les services civils
et militaires de sécurité et de justice) ;
- les rencontres locales ; les frais de rencontres locales (menues dépenses de location
de salles, collations, per diem et fournitures administratives à l’occasion de
rencontres locales, de séminaires de formation) ;
Il s’agit de :
- L’alimentation (achat de nourriture, aliments, lait, et boissons alcoolisées ou non
pour : personnel civil toutes catégories, personnel militaire, étudiants, incarcérés
dans des lieux de détention, asiles ou centre de correction, malades hospitalisés) ;
- Les produits agro-alimentaires (Produits agro-alimentaires, aliments pour animaux,
sel marin, chlorure de sodium pur) ;
- La vaisselle et ustensiles de cuisine (achat de vaisselle, thermos, et bouilloire,
d’ustensiles pour cantines, cuisines et résidences officielles) ;
Les textiles, insignes et habillement
- Les tissus (achat de drapeaux, fanions, tapis rouge, moquette, tissus, textiles, fibres
synthétiques, moustiquaires, serviettes, nappes, rideaux et draps) ;
- L’habillement (Uniformes, habillement du personnel civil et militaire, y compris
vêtements sportifs. Vêtements, chaussures et accessoires, y compris musette et
sacoche) ;
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Elles concernent :
Le transport.
- Les transports d’objets (transports d’objets compris manutention, de matériel et
d’équipement utilisés par l’administration, hors courrier. Transport de fonds) ;
- Titres de voyage (billets d’avion, de train, de bateau, transport routier, en relation
avec des voyages de fonctionnaires, agents de l’Etat et boursiers à l’extérieur ou à
l’intérieur du pays) ;
- Affrètements de moyens de transports tel qu’affrètement d’aéronefs, bateaux.
- Location d’équipement, de matériels et de moyens de transport comprend :
- La location immobilière (location de constructions, bâtiments et de terrains. Les
servitudes en eau et électricité sont imputées au 513/514. Comprend les
servitudes juridiquement annexées au contrat de location sous l’appellation
« charges locatives ») ; location d’équipement, de matériels et de moyens de
transport (location d’équipements, de matériels mécaniques ou électroniques, y
compris les frais de transport et d’administration desdits matériels. Location de
moyens roulants, aéronefs, pirogues, bateaux et autres) ;
Autres services
- Contrat de fonctionnement courant. Sous forme de prestations, telles que
nettoyage, gardiennage, incinération des valeurs et entretien, désinsectisation.
- Prestations d’organismes de formation. Organismes de formation tel que
CEPETEDE, Pigier, etc. et organismes de formation à l’étranger.
F. Transferts et interventions
A. Equipements
Il s’agit de :
Equipements et mobiliers :
- l’acquisition d’équipement de bureau. L’équipement et meubles pour bureau tels
que : machines à écrire, machines à calculer, photocopieurs, ronéotypes, armoires-
classeurs, bureaux, climatiseurs, ventilateurs, mini frigo et fauteuils.
- l’acquisition d’équipement informatique. Serveurs, ordinateurs, scanners,
imprimantes, modem, onduleurs et logiciels, câblage compris.
- l’acquisition d’équipement domestique. Il s’agit de l’équipement, meubles,
électroménager pour autres locaux que les bureaux.
Equipement de santé : l’acquisition d’équipement médicochirurgical, de
laboratoire et hospitalier. L’équipement tels que : équipement pour salle d’opération,
de diagnostic et d’urgence, radiographie, lits d’hôpitaux, incubateurs, équipement
pour morgue, microscopes, autoclaves, pipettes et tout autre équipement utilisé
dans les pharmacies, les laboratoires pathologiques, biologiques, biochimiques et
sanitaires.
Equipement éducatif, culturel et sportif. Il s’agit d’achat d’équipement de
bibliothèque et archive, de musée, éducatif tel que : meubles scolaires, fichiers,
étagères pupitres, vitrines. Equipements relatifs aux installations sportives tels qu’en
buts (foot, basket, volley, rugby), parcours du combattant, équipements de sport en
salle.
Equipements de communication :
- acquisition d’équipement téléphonique, télégraphique, fax, radio et cellulaire.
Equipement téléphonique, télégraphique, fax et radios divers. Sont exclus de cette
catégorie, la construction de lignes téléphoniques et télégraphiques qui sont
classées à l’article 15 « Construction de lignes électriques, téléphoniques et
télégraphiques ».
Equipements militaires :
- équipements militaires. Gros équipements militaires.
Contrat d’études :
- Contrats d’études et de consultations techniques. Services fournis sous forme de
contrat par des firmes, enseignants, associations ou groupes spécialisés, qui ne
sont pas liés à un temps de présence des prestataires mais à un produit fini, dans
les domaines juridiques, techniques, économiques, financiers, statistiques,
informatiques, comptables, médicaux, agronomes, vétérinaires, de génie, de
sécurité, sous forme d’actes juridiques, contrats d’études, traductions, prestations
techniques et consultations diverses. Honoraires. Ne concerne pas les cachets
d’artistes. Ne concerne pas les contrats d’entretien.
Il s’agit de :
Construction d’ouvrage et d’édifice
- Construction d’édifice, d’immeuble tel que : école, hôpital, logements sociaux,
bureaux publics, caserne, pénitencier, stade, mausolée, résidence pour
fonctionnaire et employé civil et militaire en activité de service.
- Construction d’ouvrage hydraulique, tel que : aqueduc, réservoir, barrage,
fontaine, système d’adduction, d’irrigation.
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 40
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Acquisition de terrains
- Terrains pour édifices publics ou pour activité publique, agricole ou sportive.
Acquisition de terrain devant servir à l’érection d’édifice public, ou pour usage
public, sportif et pour distribution à des producteurs agricoles.
Acquisition de bâtiments
Acquisition d’édifices publics ou de résidences pour fonctionnaires et employés.
Acquisition de bâtiment ou construction pour l’administration publique, pour ambassades
et consulats ou de logements sociaux ou de résidences pour fonctionnaires et employés,
à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
A. Le masque monétaire
Lorsqu’on compare les budgets successifs sur une longue période, on peut vite se
rendre compte, partant du cours de la monnaie, que les différents chiffres ne révèlent pas
une situation correcte des choses, la valeur de la monnaie ayant varié à plusieurs reprises.
C’est ce qu’on appelle « le phénomène global de dépréciation monétaire ». Il faut donc
procéder à la correction monétaire. Il s’agit d’exprimer les différents chiffres en monnaie
constante. Autrement dit, pour chaque année, soustraire le montant des dépenses dues
à la marge de dépréciation monétaire et ajouter à la masse due à une déflation, le montant
de déflation.
B. Perturbations techniques
- Certaines dépenses publiques ne sont pas inscrites au budget; il en est ainsi par
exemple des dépenses relatives à la sécurité nationale
- De plus, l’unité budgétaire des dépenses publiques n’est pas toujours respectée. Il
existe, en effet, une multitude de budgets (autres personnes morales publiques) :
les budgets des entreprises d’Etat). Or, on ne tient compte que des dépenses de
l’Etat, ce qui fausse la réalité.
Par ailleurs, il est évident que si l’on compare le budget d’un Etat décentralisé à
celui d’un Etat centralisé, des différences d’appréciation qui apparaîtront. D’où la nécessité
de revenir aux dépenses réelles.
Pour mieux apprécier l’importance des dépenses publiques de l’Etat, il ne suffit pas
de distinguer l’accroissement réel de l’accroissement apparent, nominal ou fictif; encore
faut-il comparer ces dépenses aux dépenses d’autres agents économiques. On constate
alors que la propension prend une large dimension, ce qui est significatif pour apprécier
l’importance de l’interventionnisme étatique dans la vie économique nationale.
Il faut noter que l’inflation des dépenses publiques à l’époque contemporaine est
due, principalement, à deux types de dépenses : les transferts sociaux et les charges de
la dette publique. En effet, depuis un certain temps, il y a des pressions sociales pour les
Gouvernants à relever les niveaux des crédits réservés à certains secteurs sociaux. Dans
notre pays, le Parlement a été amené, lors des discussions budgétaires pour l’exercice
2005, à augmenter de plus de la moitié les crédits réservés au secteur social. S’agissant
de l’évolution de la dette publique, elle a toujours été au centre des débats politiques sur
l’importance du montant y consacré, près de 25% de l’enveloppe globale des dépenses.
Notons que la solvabilité d’un Etat, c’est-à-dire sa capacité potentielle de remboursement
de sa dette sans recourir à un nouvel endettement est généralement définie par le rapport
existant entre le montant total de la dette publique (incluant les dettes de l’ensemble des
administrations publiques) et le PIB.
Concrètement, il y a lieu d’apprécier la propension des dépenses publiques à la fois
sur les bases de la comparaison par rapport à la conjoncture économique et la relativité
du phénomène.
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 43
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Si on évalue en quantité des biens et des services et qu’on compare cette fonction
avec l’ensemble de la production des biens et des services dans le pays considéré, on
constate que les dépenses publiques sont aussi un prélèvement sur les revenus
monétaires des populations. Si la production et les revenus augmentent, les dépenses
publiques ont tendance à suivre ce rythme.
2) Le volume de la population
3) L’étendue du territoire
Dans un pays peu étendu, les dépenses publiques sont davantage concentrées
dans l’espace et les effets économiques sont différents. Exemple.: les problèmes
d’infrastructures entre le Congo Démocratique et le Congo Brazzaville: l’étendue du
territoire de la République Démocratique du Congo impose plus de sacrifices aux
60.000.000 de Congolais alors qu’il pourrait en être autrement sur une étendue
représentant 7 à 10 fois la République Démocratique du Congo. Une population vivant sur
un vaste territoire ressentira moins les effets des dépenses publiques, tellement les
problèmes sont multiples.
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 44
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La dépense publique, sous toutes ses formes, fait l’objet de nombreuses critiques.
Si celles-ci sont souvent justifiées, elles tendent cependant à sous-estimer les effets
positifs que ces dépenses comportent.
Même s’il est difficile, il y a un problème qui a été posé par les classiques consistant
à ne pas accroître considérablement les dépenses publiques. On arrive finalement à une
attitude relative.
Ses détracteurs en premier lieu, les financiers classiques, soulignent toutes les
conséquences économiques négatives qu’un excès de dépenses publiques entraîne, et
ceci à 3 points de vues différents : elles pèsent sur le développement économique, ont
des effets pervers sur la formation du capital et ne contribuent pas nécessairement à la
solution des problèmes auxquels elles sont censées apporter une réponse12.
Elles peuvent, en effet, freiner la croissance en favorisant une allocation moins
productive des ressources de la collectivité. Un système monopolistique, faute de la
contrainte des coûts et de la concurrence, est toujours moins efficace qu’un système
animé par la compétition. Toute augmentation de la dépense publique risque donc
d’empêcher un emploi plus productif des ressources disponibles, c’est-à-dire de constituer
un obstacle au développement économique.
12 BOUVIER (M.), ESCLASSAN (J.C.) & LASSALE (J.P.): op. cit. 60.
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 45
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A l’inverse, les partisans d’une politique active de dépenses publiques font valoir
des arguments de sens contraire.
Les dépenses publiques permettent de soutenir la demande et elles ont un effet
contra cyclique en période de stagnation ou de régression de la demande privée,
interne ou externe. La consommation collective a une fonction de substitution et de
régulation.
La critique portant sur le caractère, par nature improductif, de ces dépenses, et
notamment des dépenses de fonctionnement, est loi d’être toujours convaincante,
car nombre de ces dépenses – par exemple, celles qui concerne la prévention sociale,
l’éducation, la santé, la recherche etc. sont, en réalité, des investissements
immatériels, indispensables pour assurer l’avenir. Le rôle productif de certains types
de dépenses publiques a été mis en évidence par les théories de la croissance
endogène. Un surplus de dépenses publiques peut, dans des secteurs stratégiques,
contribuer à améliorer la productivité des entreprises privées. Mais cette rentabilité
différée de la dépense publique est difficile à mesurer, puisqu’elle résulte d’effets
favorables qui sont exercés sur les autres agents économiques (ce qu’on appelle les
externalité).
Enfin, l’existence d’un système social avancé, même financé par des transferts, ne
constitue pas fatalement un handicap pour l’économie. Ce qui fait problème, c’est
moins la réponse publique destinée à renforcer une solidarité sociale que les
modalités d’une redistribution qui, se voulant quasi-universelle, est nécessairement
coûteuse, trop lourde à gérer, parfois inefficace ou s’accompagnant même d’effets
pervers.
On peut retenir qu’il n’y a pas une limite absolue des dépenses publiques. Il est
conseillé d’éliminer les dépenses économiquement inutiles c’est-à-dire improductives.
Il existe des dépenses publiques politiquement utiles et inutiles. Rien n’empêche
l’Etat de considérer que, politiquement, il assure l’ensemble des activités économiques.
C’est une question de choix politique à faire. Le problème de fond, c’est que dans ce débat
apparemment technique de la limite des dépenses publiques, se greffe un problème
d’idéologie politique: c’est le vieux débat entre le socialisme et le capitalisme, le socialisme
prône l’interventionnisme étatique au nom de la justice sociale, le capitalisme a pour
devise le laisser-faire. Mais, on admet aujourd’hui que l’Etat puisse intervenir. S’il ne le
fait pas directement, il exerce un contrôle.
Ceci étant, on doit s’interroger sur les causes de l’accroissement des dépenses
publiques.
Le progrès scientifique et technique a un rôle au moins égal à celui qu’il joue dans
les autres activités de l’économie nationale. L’Etat utilise comme les autres agents
économiques des instruments matériels de plus en plus sophistiqués remarquables
notamment dans les domaines militaires (défense nationale) et civil.
Au plan de la défense national : le matériel coûtant de plus en plus cher, l’Etat est
amené à dépenser plus pour acquérir ce matériel.
Même au plan civil, la sophistication de la technique utilisée, par exemple
l’informatique justifie la recherche des moyens financiers conséquents. L’Etat doit
dépenser pour s’adapter à ces nouvelles techniques. Même si l’Etat se contentait des
domaines traditionnels de ses activités, ses dépenses augmenteraient. Mais l’Etat ne se
contente pas de ce rôle.
Pour exécuter le budget, l’Etat doit posséder des ressources suffisantes. Pour cela,
il dispose principalement du produit de l’impôt qui est la principale ressource publique.
La couverture des charges publiques est la raison essentielle de l’impôt. L’impôt est le
seul procédé permettant de couvrir les dépenses des services publics qui ne peuvent être
vendus (défense nationale, administration générale ou publique).
Déterminé en fonction de la capacité contributive des citoyens et non des services
consommés, il est, en outre, en tant que prélèvement obligatoire, le procédé permettant
de faire fonctionner les services publics qui pourraient être vendus, sans que personne ne
soit privé de ces services pour des raisons d’argent. La gratuité résulte d’un choix fait par
un Etat à un moment donné et est d’ailleurs sujette à évolution (éducation, usage de la
vie publique par exemple).
2) L’interventionnisme
L’impôt est ou peut être employé pour des aides diverses, pour réduire les injustices
sociales, de façon ponctuelle (personnes âgées, titulaires de revenus modestes) ou plus
générale (nivellement des revenus ou des fortunes), voire pour assurer à tous les citoyens
un minimum de ressources (théorie de l’impôt négatif dont l’application partielle est faite
dans la législation française actuelle avec le revenu minimum d’insertion).
Le niveau des transferts de revenus, dans le budget de l’Etat notamment, témoigne
de l’importance de cette fonction.
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 51
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
Les impôts contribuent de manière variable à alimenter les recettes budgétaires de l’Etat
ou des collectivités publiques. La diversité des prélèvements a donné naissance à
différentes classifications des impôts et taxes ; les plus pertinentes sont les suivantes :
A. L’assiette de l’impôt15
C’est l’ensemble des opérations administratives qui ont pour but de rechercher et
d’évaluer la matière imposable. Ainsi, asseoir l’impôt aboutit à déterminer la base
d’imposition. Il arrive donc que le terme d’assiette soit utilisé comme un synonyme de
base imposable.
Trois méthodes peuvent être utilisées pour déterminer les bases d’imposition des
contribuables : l’évaluation indiciaire, l’évaluation forfaitaire et l’évaluation réelle, dite
« déclaration contrôlée ».
L’évaluation indiciaire
Elle consiste à évaluer les bases d’imposition d’un redevable à partir de signes
extérieurs ou indices, facilement dénombrables et difficiles à dissimuler.
Ces impôts indiciaires, dont l’application dépend de la constatation des signes
extérieurs, ne sont plus guère employés dans les systèmes fiscaux modernes. En effet,
en dépit de sa simplicité, de sa clarté et de sa facilité de mise en forme qui évite tout
risque de conflit entre le fisc et le contribuable, ce type d’impôt se révèle peu satisfaisant.
Son rendement est médiocre et, de plus, il peut être profondément injuste dans la mesure
où il n’existe généralement qu’un lien de corrélation très lâche entre le ou les signes
extérieurs retenus et la capacité contributive que l’on veut mettre en évidence.
Cependant, les indices étant par définition difficiles à dissimuler, la détermination des
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 53
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bases d’imposition par la méthode indiciaire est parfois utilisée à titre de moyen subsidiaire
ou de contrôle (imposition d’après les signes extérieurs de richesse).
L’évaluation forfaitaire
Forfait signifie étymologiquement « à pris fait ».
Le forfait fiscal n’est jamais un contrat, pas toujours un accord, mais on retrouve
dans l’évaluation forfaitaire en matière fiscale l’élément d’approximation, d’aléa, qui
caractérise tout forfait.
Le forfait fiscal est un moyen relativement simple pour évaluer les bases
d’imposition d’un contribuable. Bien qu’il tende à disparaître dans les systèmes fiscaux
modernes au profit de l’évaluation réelle, il joue encore dans notre pays un rôle non
négligeable. A titre indicatif, la plupart des commerçants et artisans sont imposés sur
base du forfait
L’évaluation forfaitaire peut être collective et objective, l’administration
répartissant entre chaque redevable les bases d’imposition (v. forfait collectif agricole).
Elle peut être individuelle et subjective, chaque contribuable débattant avec le fisc le
montant de son revenu imposable (v. forfait individuel en matière de bénéfices industriels
et commerciaux).
En France, la loi de finances pour 1999 a supprimé le forfait individuel BIC et
l’évaluation administrative des bénéfices non commerciaux qui donnaient lieu à des
procédures complexes, pour les remplacer par le régime des micro-entreprises, qui
consiste à évaluer le bénéfice imposable en appliquant simplement sur le chiffre d’affaires
ou de recettes annuelles du contribuable un abattement fixé par la loi, afin de tenir compte
de ses frais.
Cette méthode d’évaluation quasi indiciaire facilitera l’évaluation des bénéfices
des petites entreprises individuelles et permettra à l’administration de consacrer
davantage d’effectifs aux tâches de contrôle.
contrôlée, est utilisé en matière d’impôt sur le revenu, de taxes sur le chiffre d’affaires,
de droits d’enregistrement et de douane.
La déclaration contrôlée revêt l’allure d’une « confession fiscale » dont elle possède
les avantages et les inconvénients.
L’avantage fiscal est que le contribuable est mieux placé que quiconque pour
connaître le montant exact de la matière imposable (revenu, chiffre d’affaires ou capital)
qui le concerne.
En revanche, cette déclaration impose au contribuable un travail complexe qui
constitue une charge sur le plan économique et une source de tension sur le plan
psychologique. De plus, les confessions ne sont pas toujours sincères. De ce fait,
l’efficacité de la méthode déclarative dépend surtout de l’efficacité des contrôles. Cela
introduit les inégalités dans la connaissance de la matière imposable entre les catégories
de contribuables pour lesquels les contrôles sont relativement aisés (salaires, professions
réglementées ou conventionnées, propriétaires immobiliers, détenteurs de capitaux
mobiliers) et celles pour lesquelles les « recoupements » sont plus difficiles.
B. La liquidation de l’impôt 16
16 Pour plus de détails, se reporter à l’ouvrage de F. DERUEL, précité sur les Finances Publiques.
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 55
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
Impôt proportionnel
Impôt
Revenu
b) La progressivité
Technique générale
Dans l’impôt progressif, le taux lui-même varie; il est d’autant plus élevé que la
matière imposable est plus importante. Ainsi, ce n’est pas seulement la charge fiscale qui
augmente avec la matière imposable mais aussi la proportion de cette matière imposable
qui est prélevée par l’impôt.
La mise en œuvre de la progressivité suppose la fixation de seuils de matière
imposable au-delà desquels le taux s’élève; celle-ci doit donc être divisée en plusieurs
niveaux pour lesquels des taux différents sont édictés.
Ainsi définie, la progressivité peut être appliquée de deux manières:
Progressivité globale
La division de la matière imposable peut déterminer des classes de contribuables:
le taux prévu pour la catégorie où se trouve le contribuable sera alors appliqué à la totalité
de son revenu. C’est la progressivité globale.
Progressivité par tranches
La division de la matière imposable peut être conçue comme isolant les unes des
autres des tranches de revenu. Chaque taux ne s’applique alors qu’à la tranche pour
laquelle il a été prévu et l’imposition totale du contribuable est constituée par le total des
impôts calculés pour chaque tranche.
Illustration
Le calcul de l’impôt dû par un contribuable dont le revenu imposable est de
4.000.000 de Francs congolais se présente comme suit:
En réalité, le choix entre les deux formules de progressivité ne porte pas sur la
charge fiscale globale à un seuil donné (1.000.000 ou 1.600.000) mais sur la façon de
faire progresser l’impôt tout en arrivant à la même charge à un seuil donné: par exemple,
choix entre une progressivité par tranches dont les taux sont de 10%, 20%, 30%, 40%
et une progressivité globale dont les taux croîtront moins vite: 10%, 15%, 20%, 25%.
Les contribuables dont les revenus sont égaux à 1.000.000, 2.000.000, 3.000.000
ou 4.000.000 paieront ainsi le même montant d’impôt dans les deux systèmes
(respectivement 100.000, 300.000, 600.000 et 1.000.000). Mais, un défaut grave et
déterminant pèse sur la progressivité globale : le passage brutal d’un taux à un autre :
deux contribuables ayant 3.000.000 de revenu paieront également 600.000, mais deux
contribuables ayant un revenu de 3.100.000 subiront des charges différentes :
* progressivité par tranche: 100.000 + 200.000 + 300.000 = 640.000 ;
* progressivité globale: 3.100.000 à 25% = 775.000
Impôt progressif
Progressivité par tranche
Impôt
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Impôt progressif
Progressivité globale
Impôt
Z. Zone de dégressivité
- L’abattement à la base
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Impôt
Revenu
- Exonération (ou franchise) et décote
Le non-recouvrement des cotisations les plus basses, assorti d’un système de
décote, pour éviter le passage brutal de la non-imposition à l’imposition normale, présente
sur le précédent l’avantage de réserver l’exonération et la décote aux contribuables les
moins favorisés, sans que les autres en bénéficient.
décote
.
Limite Limite
d’exonération de décote
Pour les contribuables n’atteignant pas la limite d’exonération, l’impôt n’est pas mis
en recouvrement.
Pour les contribuables dépassant la limite d’exonération mais n’atteignant pas la
limite de la décote, l’impôt, calculé normalement, n’est mis en recouvrement qu’après
déduction de la décote.
Pour les contribuables dépassant la limite de décote, l’impôt est calculé et mis en
recouvrement normalement.
Le nombre de parts ici retenu correspond à une part pour chacun des parents et
½ part pour le premier enfant.
Jadis axée sur la distinction des revenus du travail et des revenus du capital, cette
personnalisation sert surtout aujourd’hui à corriger l’inégalité des contribuables devant la
fraude et à susciter l’épargne et les placements pour le financement des investissements.
C. Le recouvrement de l’impôt
1) Technique de prélèvement
A noter que les procédures de recouvrement diffèrent selon que les impôts sont
recouvrés par les comptables du trésor (appelés percepteurs) ou comptables des impôts
dépendant de la Direction Générale des Impôts.
Il faut signaler que si le contribuable ne s’exécute pas, le Comptable du Trésor doit
mettre en œuvre des procédures de recouvrement forcé, pour obtenir le règlement de
l’impôt, en usant de moyens de contrainte liés au caractère exorbitant de cette créance
publique, mais bien entendu sous le contrôle du juge lorsqu’on est dans un Etat
démocratique. Ainsi s’active le scénario de l’impôt. Il reste à appréhender le droit fiscal
général à travers l’exemple congolais actuel.
Il s’agit en fait des recettes, qui sont d’origines très variées représentant quant à
elles, toutes les recettes qui ne sont liées ni à un impôt, ni à une taxe. Elles proviennent,
par exemple, des revenus du patrimoine de l’Etat, des revenus de l’activité industrielle et
commerciale de l’Etat ou encore du produit des amendes.
Cette classification offre ainsi l’occasion aux juristes de mieux voir ce qu’est un
impôt et d’identifier ce que n’est pas un impôt, ce qui lui permettra de comprendre plus
facilement la définition de l’impôt donnée ci-avant.
On peut citer pour exemples, les revenus provenant du domaine public et privé de
l’Etat, les revenus tirés des participations de l’Etat dans le capital des entreprises publiques
et privées (dividendes), les frais de justice, les recettes administratives qui sont recouvrés
aujourd’hui par la Direction Générale des Recettes Administratives, Domaniales,
Judiciaires et de Participations (DGRAD).
A ces revenus s’ajoutent les cotisations sociales versées à la caisse nationale de
sécurité sociale.
§3. La parafiscalité
La parafiscalité est une notion floue qui a pris un grand développement ces
dernières années. Il s’agit d’une institution intermédiaire entre celle de taxe administrative
et celle de l’impôt.
On peut dire que la parafiscalité est presque un impôt sans l’être. Elle n’est
nullement une taxe administrative, celle-ci étant facultative avec contrepartie immédiate.
Elle est presque un impôt parce qu’elle est obligatoire. Sa différence d’avec l’impôt
provient du fait que les prélèvements opérés le sont au profit de certains organismes
publics ou semi-publics, économiques ou sociaux, en vue d’assurer leur financement
autonome. Il en est ainsi par exemple des cotisations obligatoires versées à l’Institut
National de Sécurité Sociale. Mais, il existe bien d’autres organismes bénéficiaires de ces
taxes: chambres professionnelles, Comités.
Par ailleurs, il n’y a pas de proportionnalité entre la redevance payée et la
contrepartie obtenue: les avantages sociaux ne sont pas donnés en fonction des
cotisations qu’on a payées, mais au besoin qu’on a.
La parafiscalité est constituée en somme par des sortes d’impôts corporatifs,
perçus au profit d’institutions publiques ou privées ayant le caractère de collectivité, elle
est analogue pour celles-ci à ce que sont les impôts locaux pour les collectivités locales.
La notion générale de parafiscalité, telle qu’on vient de l’exposer, n’est pas admise
par tous les auteurs. Un certain conflit existe entre le concept juridique de la parafiscalité,
tel que défini par les différentes lois financières et le concept économico-financier dont
nous nous sommes inspirés précédemment.
En effet, les cotisations de sécurité sociale, qui sont l’exemple type de la
parafiscalité dans le concept économico-financier, n’y rentrent pas dans la définition
juridique stricte. On peut ainsi distinguer deux catégories de ressources parafiscales : les
taxes parafiscales au sens strict et les cotisations sociales.
1° Les taxes parafiscales au sens strict. Il s’agit en fait de la notion juridique de
parafiscalité. Elles sont constituées par les ressources énumérées dans un état annexé
à la loi de finances. Cet état est une simple énumération des organismes qui ont le
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 64
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droit de percevoir des taxes parafiscales, avec indication du texte créant ces taxes, de
leur taux et de leur rendement escompté.
2° Les cotisations sociales correspondent au concept économico-financier de la
parafiscalité dont on a parlé ci-dessus.
C'est le Trésor Public qui est maître d'œuvre des opérations de trésorerie qu'il
exécute sous la responsabilité de l'Etat pour couvrir certains besoins de financement. Pour
ce faire, le Trésor dispose d'une gamme de ressources diversifiées tant par leur durée que
par leur nature. Il peut recourir soit à la technique de l'emprunt, soit à la création de la
monnaie.
Trouver les ressources nécessaires au fonctionnement régulier de l'Etat est l'une des
fonctions du Trésor. Celui-ci n'a pas de personnalité juridique distincte de celle de l'Etat.
Il s'agit d'un service de l'Etat qui a des fonctions de caissier et de banquier, mais il doit
également assurer le maintien des grands équilibres monétaires et financiers.
Son rôle est d'assurer la distribution des fonds dans l'espace et dans le temps. Il
faut s’assurer qu’à chaque point du Territoire et à chaque instant, les différents postes
comptables sont en mesure de faire face aux paiements exigés par les créanciers de l’Etat.
D’où la nécessité d’une meilleure organisation du mouvement des fonds pour
approvisionner les différentes caisses des comptables. La question est résolue dans les
pays où circule bien la monnaie scripturale. Dans notre pays, seule la réforme du système
financier et bancaire permettra de résoudre ce problème épineux.
De façon générale, le Trésor a pour mission principale d'opérer l'exécution des
encaissements et des décaissements et de veiller à l'existence de disponibilités suffisantes
pour faire face aux engagements de l'Etat. Pour cela, il bénéficie de la règle de l'unité de
caisse. Tous les fonds détenus par les comptables publics sont réunis sur un compte
courant unique auprès de la Banque centrale et sert à payer l'ensemble des dépenses de
l'Etat;
Certains organismes publics sont autorisés à procéder à des opérations de recettes
et de dépenses par l'intermédiaire des comptables du Trésor (caisse d’épargne, compte
banque). Certaines banques commerciales et la caisse d’épargne du Congo sont des
correspondants du Trésor.
La trésorerie consiste à aménager les ressources dans le temps, de façon à les faire
correspondre aux dépenses: par des emprunts, on anticipe des ressources futures pour
faire face immédiatement à des dépenses; par des épargnes, on conserve des ressources
passées pour faire face à des dépenses futures.
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 66
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Il faut préciser que le Trésor public a par ailleurs une fonction bancaire très
importante. En effet, étant donné la masse des deniers collectés par le Trésor, celui-ci a
la possibilité de les utiliser à d’autres fins que le paiement des dépenses publiques. Le
Trésor agit comme un banquier en fournissant des capitaux ou en octroyant des
avantages à des entreprises dont ils vont assurer le développement.
Par ailleurs, le Trésor a un rôle monétaire. D’abord, il détient le monopole de
l’émission des pièces métalliques ; ensuite, il crée indirectement de la monnaie, comme
d’ailleurs les banques, lorsqu’il utilise les fonds des correspondants du Trésor pour assurer
ses règlements18.
Les emprunts d’Etat sont prévus dans la loi de finances alors que ceux du trésor
ont lieu sous la seule initiative de l’administration des finances. Cette transformation
justifie le recours à l’emprunt d’Etat moderne.
L’emprunt public recouvre des caractères juridiques et économiques distincts des
autres catégories. C’est une manifestation de l’interventionnisme de l’Etat.
A. Finalité de l'emprunt
C'est le Parlement qui est l'organe de l'Etat compétent pour autoriser le recours à
l'emprunt.
L’emprunt public, à la différence de l’impôt, est un contrat; il est basé sur l’accord
du souscripteur; mais ce contrat, à la différence des contrats privés, est limité par le poids
et la position de la puissance publique.
1) Contenu du contrat
Deux composantes: - un accord de volonté ; - une contrepartie.
a) Accord de volonté
La souscription est tout à fait libre. En principe, l’Etat ne négocie pas les termes du
contrat avec chaque souscripteur. Il s’agit donc d’un contrat d’adhésion. C’est la différence
avec l’impôt. Le prélèvement n’est pour l’emprunt nullement un prix. Il en résulte des
conséquences sociales et psychologiques. Seule une certaine couche sociale participe à
l’emprunt, celle disposant d’une épargne suffisante. Malgré la démocratisation de
l’emprunt public dans de nombreux pays, ce sont les citoyens riches qui participent à
l’emprunt, et certaines couches privées et même publiques. La conséquence politique de
cette liberté est que l’épargne peut ne pas choisir de s’investir au secteur public. Les gens
ne prêtent qu’à un gouvernement en qui ils ont confiance. Une autre raison est
économique, c’est que les souscripteurs n’accordent leur épargne à l’Etat que s’ils ne
peuvent trouver mieux ailleurs d’où l’importance du taux d’intérêts. Par ailleurs, c’est le
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caractère pacifique de l’emprunt qui permet d’amortir le jeu social: l’Etat peut intervenir
dans une conjoncture de mécontentement à propos des taxes et des impôts et ainsi éviter
les tensions sociales. L’emprunt qui suppose le libre consentement peut aussi revêtir un
caractère obligatoire pour équilibrer les taxes.
b) La contrepartie
L’argent de l’emprunt n’est pas perdu comme c’est le cas pour l’impôt. Non
seulement la totalité de la somme sera remboursée sauf dans le cas de l’emprunt
perpétuel, mais le souscripteur recevra les intérêts en paiement pour les services rendus.
C’est là une autre différence avec l’impôt et les autres ressources publiques.
20Cette mobilisation se fait par le biais du marché financier dans l’un de ses compartiments appelé Bourses des valeurs. Pour plus de détails,
consultez les ouvrages de Droit financier dont notamment celui de Bakandeja wa Mpungu, précité.
21 Dictionnaire d’Economie et des Sciences sociales, 6e Edition, sous la direction de ECHAUDEMAISON (C.D), p. 477.
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1) La possibilité de l’emprunt22
Pour recourir à l’emprunt, il faut qu’il soit techniquement possible, c’est-à-dire que
l’Etat trouve des prêteurs. Cela suppose deux choses :
1° qu’il existe une épargne disponible ;
2° que cette épargne soit disposée à s’orienter vers l’emprunt public.
Le souscripteur fait une opération de placement de son capital, il faut qu’il trouve
des avantages certains en prêtant à l’Etat, ceux-ci doivent être au moins équivalents à
ceux des placements privés 24.
Deux éléments entrent en ligne de compte à cet égard : la sécurité du placement
et son apport. En matière d’emprunt public, c’est le premier élément qui est essentiel car
le souscripteur n’est pas un spéculateur. L’avantage essentiel qu’offre l’Etat, c’est la
solvabilité, donc la sécurité du placement. Mais, cette solvabilité n’est réelle que si la
valeur de la monnaie est stable. En réalité, on ne peut prêter à l’Etat que lorsqu’on a
confiance en ses dirigeants.
On peut retenir que le recours à l’emprunt n’est possible en principe que dans les
périodes de stabilité monétaire (signe de bonne conduite des affaires de l’Etat): l’inflation
ou la peur de l’inflation est un obstacle fondamental à l’émission d’emprunts. On peut y
ajouter aussi l’instabilité politique. Pour le cas qui nous concerne, l’imbroglio et la
confusion politiques pendant la longue transition politique de 1990 à mai 1997
constituaient de véritables obstacles au recours à ce procédé d’acquisition des ressources.
La situation n’a pas évolué depuis, l’insécurité liée à l’état de guerre couplée depuis
l’installation d’un gouvernement d’union nationale en application de l’Accord de Paix de
San City de décembre 2002, de querelles politiciennes, constitue encore un obstacle au
recours à l’emprunt public.
2) L’opportunité de l’emprunt
Supposons qu’il existe une épargne disponible et disposée à s’investir en fonds
publics. Convient-il de recourir de préférence à l’emprunt ou de préférence à l’impôt ? La
réponse est variable dans chaque cas concret.
Le problème est essentiellement un problème de répartition des prélèvements
publics, non pas entre générations comme le croyaient les financiers classiques, mais
entre catégories sociales et individus à l’intérieur de chaque génération. Il faut considérer
la répartition au moment de l’émission et la répartition des charges de la dette.
24 L’ensemble de ces opérations se jouent sur le marché financier à travers la bourse. Voir à cet égard:
* STRENS (A. ), Monnaie et Finances, De Boeck Université, Bruxelles, 1988
* Le DUFF (R.), Economie Financière, Dalloz, Paris, 1982
* BAKANDEJA wa MPUNGU (G.), Manuel de Droit Financier, Op. Cit.
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* La légèreté de l’emprunt
L’emprunt est un procédé plus doux que l’impôt, parce qu’il ne prive pas
définitivement le contribuable de son argent. On peut donc plus facilement demander de
très grosses sommes d’emprunt à un contribuable que de très grosses sommes d’impôts25.
L’emprunt est une opération en deux phases. L’Etat reçoit d’abord l’argent des
souscripteurs : c’est la phase de l’émission. Ensuite, il doit tenir les promesses qu’il a faites
à ces souscripteurs concernant le service des intérêts et le remboursement éventuel du
capital : c’est la phase dite du service de la dette publique. On se bornera à les décrire
successivement, sans rentrer dans les détails.
A. L’émission de l’emprunt
On l’a dit ci-avant, les émissions d’emprunt sont autorisées par la loi de finances.
En dehors de cette autorisation, c’est le pouvoir réglementaire qui est entièrement
compétent dans ce domaine.
Sur le plan technique, l’emprunt pose deux séries de problèmes aux pouvoirs
publics (gouvernement). Le premier problème concerne la détermination des conditions
faites aux souscripteurs éventuels, c’est-à-dire les avantages à consentir aux prêteurs; le
second est relatif au placement des titres.
a) L’intérêt de l’emprunt
L’intérêt / Taux d’intérêt est la rémunération du capital prêté, versé par
l’emprunteur ou prêteur ; il est fixé lors de la conclusion du contrat comme un
pourcentage du capital prêté.
Le problème du taux de l’intérêt est essentiellement un problème économique :
C’est le taux d’intérêt couramment pratiqué sur le marché financier au moment de
l’émission de l’emprunt qui détermine en pratique le taux d’intérêt de l’emprunt. Ce
problème réglé, subsiste un problème de technique financière concernant l’aménagement
du taux.
26 DUVERGER, (M.) p. 178 et 180, Précité. Sur la technique de l’emprunt, outre cet ouvrage, on consultera G. JEZE, La technique du crédit public
(cours de finances publiques professé à la faculté de Droit de Paris),1923, 1924, 1926, 1935 et 1936
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d’autre part, à l’indexation de l’emprunt sur les prix soit à le rattacher à la valeur
d’un bien peu sensible aux variations des prix. Exemple: emprunt à garantie de
change (rattachement de l’emprunt à la valeur d’une monnaie sûre telle que le
Dollar Américain ou l’Euro, emprunt à clause d’or).
Une fois déterminée les conditions de l’emprunt et les avantages consentis aux
prêteurs, il s’agit de placer les titres dans le public.
Trois procédés sont alors possibles :
* la souscription publique : Elle se fait par la campagne de publicité annonçant les
dates d’ouverture et de clôture de l’émission. Les titres peuvent être achetés dans les
guichets de l’Etat, auprès des comptables du trésor, et des PTT ou aux guichets des
établissements financiers publics ou privés (banques, institutions financières non
bancaires etc.).
* La vente directe en bourse (sur le marché boursier) 27 : Les bourses de valeurs
sont des marchés où s’achètent et se vendent les valeurs mobilières, actions et
obligations des sociétés privées et emprunts publics.
* La vente aux banques : Les banques interviennent dans la souscription publique en
prêtant ou plutôt en louant leurs guichets. Les opérations qu’elles font alors sont
seulement des opérations de commission. Mais, une intervention plus directe est
possible: des banques groupées en syndicats de banquiers achètent l’emprunt en
quelque sorte, pour le revendre à leurs clients. On dit qu’elles le « prennent ferme ».
Techniquement, cette vente de l’emprunt aux banques peut se faire de gré à gré, par
accord direct entre le Ministère des Finances et les banques ou par adjudication à la
banque la plus offrante.
Le recours aux banques, présente l’avantage de procurer à l’Etat de l’argent
immédiatement, le circuit étant court, la clientèle limitée.
Par contre, la vente des titres en bourse présente l’avantage de la discrétion, le
souscripteur ignorant si son titre est ancien ou nouveau.
27 Sur les mécanismes boursiers, se rapporter aux ouvrages spécialisés de Droit financier précités.
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B. La dette publique28
L’emprunt ne crée pas une charge pour les générations futures considérées
globalement. Mais, il crée une obligation juridique pour l’Etat de prélever les sommes
nécessaires au service de la dette (intérêts et remboursement) sur l’ensemble des
citoyens. L’emprunt ne crée pas de charges publiques, au sens précis de ce terme; mais
il entraîne des dépenses publiques de transfert et les dépenses de la dette. L’emprunt
assure le financement du solde budgétaire, c’est-à-dire du déficit budgétaire ; ce solde
représente l’excédent des charges sur les recettes, pour l’ensemble des opérations du
budget général et des comptes spéciaux du Trésor.
Ces dépenses, l’Etat va chercher naturellement à les reproduire et à les aménager
de la façon la plus commode pour lui: c’est vers cette optique de l’allégement des charges
qu’est surtout orientée la politique de la dette. Le moyen le plus direct à cet égard consiste
à diminuer le capital de la dette ; c’est ce qu’on appelle « l’amortissement ». Mais il est
possible aussi, sans toucher au capital, de diminuer les intérêts ; ce qui allège les charges
de gestion de la dette.
a) Dette et emprunt
L’emprunt et la dette sont des composantes majeures de l’histoire financière dans
beaucoup de pays. Ils représentent un enjeu cardinal pour les finances publiques. Si
pendant plusieurs décennies ils n’ont pas posé de problèmes pour notre pays, ils
constituent aujourd’hui un casse-tête pour le Gouvernement qui, tant sur le plan interne
que sur le plan international n’est plus en mesure de supporter le poids de l’endettement
consécutif aux engagements financiers non honorés vis-à-vis de ses créanciers (publics
et privés).
28 HANSMEJER (K.H.), « La dette publique comme moyen de reporter les charges sur les générations futures », Revue de science financière,
1963, pp.544 et suiv. ; M. DUVERGER : Finances publiques, précité, p. 192 à 204.
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L’Etat peut baisser le taux sans descendre au-dessous du taux du marché. D’une
manière générale, c’est la conversion forcée qui est utilisée : l’Etat donne un nouveau
taux d’intérêt inférieur, baisse unilatéralement le taux d’intérêt.
2) L’amortissement de la dette 29
a) L’amortissement obligatoire
L’Etat est obligé de rembourser l’emprunt contracté par lui à certaines dates
uniques ou échelonnées. Le remboursement à date unique est dangereux parce qu’il
provoque un décaissement massif avec risque financier pour le Trésor.
Le remboursement échelonné semble plus flexible. Il existe deux modalités de
remboursement à cet effet :
- le remboursement par annuités terminales : chaque année, l’Etat paye une partie du
capital et les intérêts échus. Il verse le principal et les avantages échus.
- Le tirage au sort : dans ce système, l’échelonnement a un caractère global. Chaque
titre est remboursé en bloc, en une seule fois.
b) L’amortissement facultatif
Deux types d’emprunts sont à distinguer :
- l’emprunt perpétuel : ici, il y a toujours possibilité d’un amortissement facultatif.
29 L’amortissement de la dette publique (travaux de l’Institut International des Finances publiques), 1939 ; voir également DUVERGER (M.): p.199.
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- l’emprunt à long terme : cette possibilité existe généralement avant la date d’échéance
fixée ; à cette date, l’Etat est obligé de rembourser, mais il peut rembourser
auparavant s’il le veut.
L’Etat procède par virement direct du capital de ses emprunts au souscripteur soit
à un rachat en bourse. L’amortissement facultatif a servi à l’invention de l’amortissement
automatique. L’Etat en rachetant les titres en bourse, rembourse les intérêts par des
emprunts.
30 C’est sur base de ce rapport que le Gouvernement de la République a décidé d’examiner en profondeur la question de la dette publique
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31 Voir à cet égard : DUVERGER (M), p. 227 à 234 ; GAUDEMET (P.M.) et MOLINIER (J.), Finances publiques, Budget et Trésor, Précité.
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Ces avances ne sont pas sans danger. Du point de vue financier, le recours aux avances
de la Banque Centrale signale la difficulté du Trésor à émettre des emprunts en quantité
suffisante et révèle une crise de confiance dans l’Etat.
Les financiers classiques déconseillaient cette technique qui, selon eux, est source
d’inflation. En effet, l’émission de billets de banque sans contrepartie augmente la masse
monétaire et contribue à l’augmentation des prix sur le marché. Cependant, ils
admettaient exceptionnellement ce procédé de financement en période de crise, lorsque
les moyens traditionnels s’avéraient insuffisants ou difficilement mobilisables
(circonstances de guerre, catastrophes naturelles).
Tout en reconnaissant les méfaits de l’émission monétaire, les financiers modernes
expliquent qu’il ne faut pas exagérer ces méfaits ; que le financement monétaire, utilisé
rationnellement (par l’affectation à des projets d’investissement, les subventions à des
entreprises en difficultés), peut constituer un moyen efficace de relance économique,
voire de croissance.
Concrètement, le trésor peut se procurer des ressources en ayant recours aux
avances de la banque centrale ; celle-ci imprime des billets de banque et les remet au
trésor, moyennant une reconnaissance de dette par celui-ci.
La création monétaire suppose l’insuffisance de toutes les autres ressources (impôt,
taxes, emprunts). Cette technique est entrée dans les mœurs, les théories financières
classiques étaient hostiles au recours à la « planche à billets » ; les théories modernes
sont plus nuancées.
32 Dans les pays non démocratiques, le peuple salarié subit sans réaction les barèmes fixés par les employeurs au risque de perdre les bonnes
grâces de ces derniers qui sont les représentants des pères Fondateurs des Etats- Nations.
33 Le 1er Gouvernement issu de la révolution du 17 mai 1997 a maintenu ces zones monétaires en attendant la concrétisation de la réforme
Les financiers modernes reconnaissent les dangers de l’émission monétaire mais ils
estiment que ce danger est conditionnel et, ce faisant, tendent à souligner ses bienfaits
principalement les avantages économiques et sociaux que l’Etat peut tirer de l’émission.
A. Les avantages financiers de la création monétaire
Ces avantages apparaissent dans les cas où tous les autres moyens s’avèrent
insuffisants. Ainsi, la création monétaire paraît plus que les emprunts un moyen camouflé
d’avoir des ressources. Mais ceci n’est qu’apparent par rapport à l’emprunt: celui-ci permet
à l’Etat de rafler ce supplément. En réalité, ces avantages ne constituent qu’un pis-aller.
Avec un peu de recul dans le temps, on peut bien mesurer les conséquences d’une
émission monétaire incontrôlée telle que vécue au Congo Démocratique au cours de deux
dernières décennies du 20e siècle : une émission monétaire sans contrepartie et dictée
par la propagande politicienne et l’achat de consciences des acteurs politiques.
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34
Notre pays a une dette extérieure évaluée à 13,9 milliards de dollars américains. Cette dette est un problème colossal
qui handicape le développement du pays en raison de l’incapacité de l’Etat à honorer ses engagements vis-à-vis des
bailleurs de fonds. La dette extérieure elle-même comprend :
- le principal : 20% de l’ardoise
- les intérêts et encours, 10%
- les pénalités pour non-respect des échéanciers, 70%.
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35 BOOTE (R.A.) et THUGGE (K.) : Allègement de la dette des pays à faible revenu. L’IPPTE, série des brochures FMI, D.C.
Washington 1999, V.2.
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36
QUITIAN : La conditionnalité au Fonds Monétaire International : Evolution des principes et des pratiques, Série des brochures
FMI Washington DC. 1981 p.1.
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1) Evolution des relations du pays avec les bailleurs de fonds39 depuis l’an 2000
Il faut rappeler que les relations économiques et financières entre notre pays et les
Institutions financières ont connu un temps de suspension entre 1994 et 2001. A la suite
des changements intervenus le 17 mai 1997, de contacts en vue de la reprise de la
coopération avec les bailleurs de fonds ont été concrétisés en 2001 par la réouverture du
bureau de représentation de la Banque Mondiale et plus tard de l’ouverture de celui du
Fonds Monétaire International.
On va donner ci-après, les résultats obtenus à l’issue des négociations conduites
par le Chef de l’Etat après le discours programme du 26 janvier 2001 lors de son
investiture à la magistrature suprême. Le rapport annuel de la Banque Centrale du Congo
donne les détails de cette évolution depuis 2002.
b) Banque Mondiale
Les arriérés de paiement de 326,0 millions de USD dus par la RDC à la Banque
Mondiale ont été apurés grâce aux ressources d’un crédit relais consenti par les quatre
pays précités. La Banque Mondiale a octroyé au pays un crédit de relance économique de
450 millions de USD dont 326,0 millions ont servi à rembourser le crédit relais.
Sur la différence, 25 millions de USD étaient destinés à appuyer les efforts du
Gouvernement dans le domaine de la restructuration du secteur minier, 15 millions à
parachever les réformes dans le secteur forestier et 84 millions à appuyer le budget de
l’Etat.
La RDC a bénéficié également d’un autre crédit de la Banque Mondiale d’un import
de 454 millions de USD, destiné à financer une partie du Programme Multisectoriel
d’Urgence, de Réhabilitation et de Reconstruction, PMURR en sigle.
d) Club de Paris
Le Gouvernement a signé, le 13 septembre 2002, un accord de restructuration des
engagements du pays avec le Club de Paris.
Au terme de cet accord, la RDC a bénéficié d’une annulation de 67% de sa dette
en valeur actuelle nette, soit 4,6 milliards de USD, conformément aux termes de Naples.
Le solde a été rééchelonné sur 40 ans, dont 16 ans de grâce pour prêts APD et sur
23 ans dont 6 ans de grâce pour les crédits commerciaux.
L’allègement accordé par chaque pays ainsi que les conditions liées au paiement
de la dette rééchelonnée devraient être déterminés aux cours des négociations bilatérales
entre la RDC et ses créanciers. Ces négociations ont été entamées au dernier trimestre
de l’année 2002.
1) L’initiative PPTE
Comme on vient de le voir, les dispositifs traditionnellement utilisés pour résoudre
les problèmes d’endettement des pays à faible revenu sont suffisamment solides pour
alléger la charge que représente la dette de nombreux PPTE et ramener à des niveaux
tenables leur endettement extérieur.
Il a été constaté que l’application des politiques économiques avisées, le recours à
toute la panoplie des dispositifs classiques de rééchelonnement, de réduction de la dette,
des apports continus des financements concessionnels ne suffiront probablement pas à
ramener l’endettement extérieur à un niveau tolérable dans un délai raisonnable. En
réponse à ce problème, le FMI et la BIRD ont conjointement proposé, puis mis en place
en septembre 1996, l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés qui vise à abaisser
à des niveaux tenables, la charge de la dette de tous les pays bénéficiaires de l’initiative40.
40 BOOTE (A.R.) et THUGGE (K. ) : Allègement de la dette des pays à faible revenu : l’initiative en faveur des pays pauvres très
endettés. Série de brochures FMI Washington D.C. 2001 p.91.
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 98
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a) Concept
L’initiative en faveur des PPTE est un cadre d’action que le FMI et la Banque
Mondiale ont élaboré en commun pour résoudre les problèmes d’endettement extérieurs
des pays pauvres très endettés. Elle est régie par les principes directeurs ci-après :
1. S’efforcer, au cas par cas, de parvenir à une situation tenable de l’endettement
global, étant entendu que la totalité de la dette du pays est prise en considération.
2. N’envisager d’agir que lorsque le pays a montré, par les antécédents qu’il a établis,
qu’il saura faire bon usage de l’aide exceptionnelle accordée.
3. Faire en sorte que les nouveaux dispositifs s’inscrivent autant que faire se peut dans
le prolongement des mécanismes existants.
4. Veiller à coordonner toute action supplémentaire au niveau de l’ensemble des
créanciers intéressés. La participation étant large et équitable.
5. S’assurer que l’action des créanciers multilatéraux préserve leur intégrité financière
et leur statut de créanciers privilégiés.
6. Veiller à ce que tout nouveau concours financier en faveur des pays endettés soit
assorti de conditions suffisamment concessionnelles 41.
Cette initiative qui s’inscrit dans le prolongement des instruments dont dispose déjà
la communauté financière internationale, a pour but de remédier de façon décisive aux
problèmes d’endettement des pays à faible revenu et de leur permettre ainsi de
s’affranchir une fois pour toutes, des rééchelonnements.
A l’échelle mondiale, 42 pays ont été retenus pour bénéficier de l’initiative PPTE dont
plusieurs Etats africains.
Tout système est une création de spécialistes. Il a son langage qu’il faut connaître
pour comprendre ce qu’il y a dans le paquet « PPTE ». Par exemple, les mots-clés sont :
élection, décision, achèvement. Ce sont les mots que nous connaissons et employons
couramment. Mais dans « PPTE », ils ont un autre emploi que celui que nous leur donnons
d’habitude. On y reviendra plus loin. Notons que la R.D.C. a accédé depuis le 23 juillet
2003 au point de décision de l’IPPTE avec à la clé l’allègement de 90% de sa dette
extérieure. Mais il importe de relever que, pour être éligible à l’initiative PPTE, le pays a
dû remplir certains prérequis dont :
- être en programme avec le FMI et la BIRD ;
- être admissible aux prêts de l’AID et au concours de FASR (facilité d’ajustement
structurel renforcé ;
- faire face au niveau d’endettement insoutenable même après la mise en œuvre des
mécanismes d’allègements de la Dette c’est-à-dire l’aide ne peut être fournie que
lorsqu’il est nécessaire de ramener la valeur actuelle nette de la dette après un
épuisement des dispositifs classiques à un niveau inférieur à 150% ;
- avoir parfaitement mis en œuvre des réformes et des saines politiques économiques
dans le cadre de la réduction de la pauvreté.
La R.D.C. devrait rembourser ses arriérés envers le FMI et la Banque Mondiale qui
ont été estimés en l’an 2000 à 280,2 millions de dollars pour la BIRD et 402 millions de
dollars pour le FMI. Soit, une équivalence de 550 millions de dollars U.S.
Le règlement de ces arriérés n’a été possible que grâce à des prêts octroyés par des
Etats actionnaires de ces institutions. Ainsi, ils prêtent les fonds nécessaires à la RDC pour
que cette dernière rembourse ses arriérés. Ensuite, pour rembourser les prêts des Etats
ayant servi au remboursement de ses arriérés dus au FMI et à la BIRD, la RDC obtient de
nouveaux prêts, cette fois octroyés par le FMI et la BIRD.
La RDC a troqué ses arriérés contre une nouvelle dette de 0,5% due au FMI et à
La BIRD. Après avoir satisfait à ces exigences, la RDC a accédé à l’initiative PPTE qui a
permis la réduction de 90% de sa dette extérieure. Ce qui ramène le stock de la dette à
moins de 2 milliards de dollars US auquel il faut évidemment ajouter les nouveaux prêts
consentis entre-temps.
b) Principaux objectifs
Cette initiative P.P.T.E a pour but de régler de façon définitive le problème de la
charge globale d’endettement des pays admissibles à en bénéficier et de ramener cette
charge à un niveau tolérable dans un délai raisonnable.
Pour la Communauté financière internationale, l’IPPTE consiste à prendre
l’engagement au moment de la prise de décision et au vu des résultats obtenus sur 3 ans,
accorder des allègements de dette suffisants pour ramener à un niveau viable la charge
de la dette des pays admis à en bénéficier. Ce qui fait que dans le cadre de l’initiative,
l’endettement extérieur des PED sera déterminé cas par cas, et s’inscrira dans une
fourchette comprise entre 200 et 205% pour le ratio VAN de la dette sur l’exportation et
de 20 à 25% sur le ratio du service de la dette. C’est-à-dire que pour qu’au travers
l’initiative PPTE, un Etat arrive à annuler sa dette, il doit la rendre soutenable.
Pour le cas spécifique de notre pays les partenaires sont invités à accorder des
allègements pouvant permettre d’atteindre ce ratio par un partage équitable du fardeau
de la dette entre les créanciers. Et ce partage du fardeau est calculé au moyen d’un ratio
appelé « Elément Commun de Réduction » (ECR) évalué en prévision du point de décision
à 79,8% du stock de la dette actuelle de chaque catégorie des créanciers42.
c) Principales caractéristiques
En dehors des six grands principes auxquels ont souscrit les conseils respectifs du
FMI et de la BIRD énoncés ci-dessus, l’initiative repose sur les principaux éléments
suivants :
1. Sont admissibles les pays qui peuvent bénéficier des concours de la FASR pour
autant qu’ils aient obtenu de bons résultats dans le cadre d’un programme
d’Ajustement soutenu par le FMI et la BIRD.
2. Les critères d’admissibilité de la dette basés sur l’analyse de viabilité de la dette
(A.V.D.). Le FMI et la BIRD recommandent conjointement au moment de la prise de
décision, les niveaux auxquels devraient se situer à la fin du processus le ratio
VAN/Exportation et le ratio service de la dette, lesquels niveaux qui seront fixés à
l’intérieur des fourchettes susmentionnées en fonction de l’AVD et compte dûment
tenu des indicateurs de vulnérabilité propres à chaque pays.
3. Le pays doit avoir respecté les critères des résultats pendant le deuxième étape pour
pouvoir bénéficier d’un soutien au titre de l’initiative. Ces critères portent notamment
sur les indicateurs macroéconomiques, le progrès accomplis en matière de réformes
structurelles essentielles et de réformes dans le domaine social.
4. Tous les créanciers intéressés sont censés participer à l’initiative43.
a) Le point de décision
Le point de décision est la date à laquelle les institutions financières internationales
décident de l’éligibilité d’un pays aux allègements de dettes prévus par l’initiative PPTE et
donc de la réduction de dette qui rendra l’endettement du pays soutenable.
Le point de décision est atteint si les mesures traditionnelles de réduction du stock
de la dette ne suffisent pas à ramener cette dernière à un niveau soutenable et après le
pays a suivi un programme du FMI pendant 3 ans et rédigé un document stratégique de
réduction de la Pauvreté (DSRP) ou du moins un document intérimaire44.
42 OGEDEP : « Département dette publique : note sur le mécanisme PPTE point de décision de la dette », Kinshasa, mars 2004.
43 BOOTE (R.A.) et THUGGE (K.), op. cit. p. 12-13
44 Dette et développement : Rapport 2003 ; la dette face à la démocratie, éd. CCFD Paris, mars, p. 14.
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Comme nous l’avons dit ci-haut, la RDC est devenue éligible formellement au
mécanisme PPTE en date du 23 juillet 2003. Cette décision émanait du FMI et de la BIRD
par le biais de leurs Conseils d’Administration. Ainsi la Communauté Internationale s’est
engagé à apporter une assistance à la R.D.C. Le pays bénéficiera de 23% d’annulation
supplémentaire pour atteindre une annulation totale de 90%.
Le point de décision a un impact sur le service de la dette Commerciale pré-date
butoir : le taux d’annulation sur cette dette passe de 67 à 90% (soit une annulation
supplémentaire de 70%). En fait, la plupart des pays créanciers de la RDC arrêtent la
facturation sur cette dette. Cela se traduit par l’arrêt de paiement sur les intérêts portant
sur les intérêts moratoires capitalisés sur la dette commerciale pré-date butoir.
Notons qu’un pays peut aussi bénéficier d’allègement de dette partiels aux points
de décision, ces allègements sont dits « intérimaires ». En proposant un D.S.R.P.
intérimaire qui représente de manière plus succincte les stratégies qui seront développées
dans le document final.
b) Le point d’achèvement
Le point d’achèvement est la date à laquelle un pays bénéficie de l’ensemble des
allègements de dette convenus dans le cadre de l’initiative PPTE.
Pour atteindre le point d’achèvement, le pays doit mettre en œuvre les stratégies
définies dans son DSRP pendant une durée minimale d’un an et le programme du FMI
pendant au moins 6 mois sans qu’il ait à remplir d’autres conditions.
La période comprise entre le point de décision et celui d’achèvement est appelée
période intérimaire. L’IPPTE renforcée ayant pour objectif d’accélérer le processus
d’annulation, assouplir le calendrier et le point d’achèvement et la période intérimaire
initialement fixée à trois ans devient flottante en fonction des critères de performances
des pays.
Il y a lieu de rappeler que l’échéance du point d’achèvement était normalement de
deux ans avec des préalables à remplir pour l’atteinte du point d’achèvement.
Le respect strict des critères de performances inscrits dans le programme
économique conclu avec les institutions financières internationales de Bretton Woods
devrait permettre aux pays concernés de tirer profit des avantages consentis. Les
conditionnalités suivantes étaient nécessaires :
l’exécution fidèle des échéances de la dette publique ;
la conclusion d’accord d’allègement de dette avec les partenaires non membres du
Club de Paris en terme comparable ;
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 102
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
pas les seules. Derrière elles et plus discrètes, figurent, en sous-œuvre, des
conditionnalités portant sur les maîtres d’œuvre. Des profils sont présentés. Parfois des
propositions sont faites. Comme on est bien servi que par soi-même, les acteurs présentés
comme « catalyseurs » sont souvent des « réactifs » qui, en fin d’opération, font corps
avec le « pôle bailleur ». Sont rejetés, évidemment, ceux-là susceptibles de faire corps
avec le « pôle pays ».
Devant ce drame du financement public, les élites devraient imaginer des réponses
aux multiples défis de l’endettement. Ces conditionnalités sont à analyser à l’aune du
renforcement du rôle de l’Etat au service de la société dont la cohésion est une condition
de survie. L’imbroglio politique, s’il se poursuit ne peut conduire qu’à une perte de
souveraineté et un affaiblissement du rôle de l’Etat. Personne, en dehors de nous-mêmes,
ne nous fraiera le chemin du salut. Il faut prendre conscience du drame de l’endettement
et s’engager à ne plus retomber dans les erreurs du passé.
L’enjeu économique du financement international de nos institutions a le visage de
la rationalité économique. L’équation posée est celle de réduire le volume de la demande
de l’emploi public et d’augmenter la demande de l’emploi du secteur privé. En d’autres
mots, dans la mesure où le financement international trouve bien des projets bancables
dans notre secteur privé, la pression de demandes d’emploi diminue, de beaucoup, sur le
secteur public. Celui-ci se dégraisse et évolue vers « peu d’Etat pour mieux d’Etat ». Bien
entendu, les projets bancables se confondent aussi avec les opérations de « privatisation
des entreprises publiques improductives ». En définitive, l’enjeu économique du
financement international de nos institutions réside dans la pression exercée sur la
modification de nos structures de production.
Le pays s’est engagé à respecter ces conditionnalités. En a-t-il les moyens et la
volonté ?
2° Les défis à relever
Le nouveau partenariat entre les bailleurs de fonds et les pays endettés est fondé
sur la bonne gouvernance. Il s’agit en réalité de la culture de résultats dans la mise en
œuvre des programmes de développement.
Ainsi, les défis à relever consistent à :
- assurer la stabilité macro-économique tout en éliminant le financement monétaire ;
- assurer une gestion transparente des finances publiques, notamment par le respect
de la procédure relative à l’exécution des dépenses publiques (Nouvelle chaîne de
dépenses) ;
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 104
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
En dehors des mécanismes et techniques développés ci-avant, les Etats sont parfois
amenés à utiliser la force pour obtenir des ressources supplémentaires.
L'histoire économique récente est assez révélatrice de cette pratique consistant à
prélever des impôts sur les territoires des Etats agressés en organisant la vente de leurs
produits du sol et du sous-sol. On peut citer en exemple le cas de l'occupation par
l'Allemagne sous Hitler des territoires français, polonais et belge et plus récemment le cas
du Koweït lors de son occupation par l'Irak en 1991 et dernièrement les cas de la guerre
menée par les Etats voisins de l’Est contre notre pays et celle menée par les USA et autres
coalisés contre l’Irak.
Deux aspects de ce phénomène qui semblent faire désormais école sont à relever
ici :
- d’une part, selon que les prélèvements sont effectués pendant la guerre ;
- d’autre part, selon qu’ils le sont après la guerre au titre de réparation des dommages
causés.
L’Etat est une personne morale. Il est un être social déterminé à se maintenir en
vie jusqu’à la fin des temps et de faire vivre le pays en paix, moyennant son assentiment.
Dans cette vocation, il a des droits et des obligations.
Toutefois, l’Etat n’a pas le droit à l’arbitraire. Il n’est pas non plus tenu à
l’impossible. Il est encadré par des lois. Il est tenu de les respecter et celles-ci le protègent.
Ces lois régissent les prélèvements fiscaux, la création monétaire et les dépenses
publiques. Visant divers équilibres, elles s’imposent à tous et dictent le comportement à
tous, y compris l’Etat.
Les dites lois sont d’autant respectées qu’elles cristallisent des équilibres sur
lesquels sont fondés des consensus qui sont le socle de la paix sociale et le ciment de la
cohésion nationale.
Ainsi :
o il n’est de taxe fiscale que prévue par la loi ; l’arbitraire n’est pas de mise ;
o il est admis que, d’une année à l’autre, les prélèvements fiscaux diminuent alors
que la richesse du pays croît. Le contraire fait problème, vivre de l’endettement
étant une expérimentation de l’agonie ;
o il est admis qu’au cours d’une période donnée, les dépenses publiques s’élèvent au
plus, à la hauteur des recettes fiscales tandis que l’inverse fait problèmes : tant au
niveau global qu’au niveau d’un programme ou d’une ligne budgétaire ;
o il est établi l’unicité de la caisse des recettes fiscales ainsi que l’unicité du centre
d’ordonnancement des paiements tandis que la multiplicité desdits organes fait
désordre, le pire étant la privatisation du fisc ;
o il est impératif, pour la comptabilité publique, de retracer le moindre flux financier
et d’avoir une structure de ventilation des flux financiers selon des critères variés :
par programme, par nature, par région, etc. Toute occultation ou toute omission
du moindre quantum financier participe à l’opacité qui fait gros problème.
Les ressources et les dépenses constituent donc les deux principaux moyens
d’actions financiers de l’Etat. Les ressources du budget général sont principalement
fiscales et doivent être recouvrées pour répondre aux missions de l’Etat. Les ressources
non-fiscales représentent environ 4% de recettes, ce qui pose un problème sérieux dans
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 108
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
la gestion financière publique. Le montant brut des recettes est toutefois amputé, pour
plus du tiers, de divers prélèvements et remboursements au profit des bénéficiaires autres
que l’Etat (entités administratives décentralisées, services administratifs d’assiette). Les
dépenses du budget général sont supérieures aux recettes et le financement de cet écart
est assuré par l’emprunt. Les marges de manœuvre budgétaire dont dispose l’Etat pour
ses dépenses devraient être limitées par la rigidité de certaines dépenses qui se
caractérisent par une inertie et une croissance spontanée. Cette propension à la dépense
devrait justifier une rationalisation des choix budgétaires.
En matière financière seule, les Etats modernes ont tous, une activité planifiée de
façon précise, l’ensemble de leurs dépenses et de leurs ressources est prévu à l’avance
pour un an en général suivant un tableau détaillé, lequel a un caractère obligatoire. Ce
programme financier est appelé « Budget ». Ce terme est tiré d’un mot anglais désignant
le « sac du trésorier » qui serait la déformation du vieux mot français « bougette »
signifiant « petit sac » 45.
Tout d’abord, il faut préciser que les lois de finances sont votées par le Parlement,
préparées et exécutées par le Gouvernement et assurent une répartition des rôles entre
les deux pouvoirs. Ensuite, l’action financière de l’Etat est soumise à des formes, encadrée
par des procédures et mise en œuvre par des acteurs politiques et administratifs souvent
tentés par le démon du détournement, l’objectif poursuivi étant d’éviter la dilapidation des
fonds publics.
D’où la mise en place des mécanismes très complexes impliquant, en dehors des
acteurs politiques, d’autres organes ou institutions alliés au Trésor : Banque Centrale,
Inspection générale des finances, Cour des Comptes.
Le budget, écrivait G. JEZE en 1922 : « est essentiellement un acte politique. Cette
formule est doublement exacte. Il constitue, en effet, la traduction financière d’une vision
politique, et il est en même temps un enjeu du pouvoir » 46.
Mais la politique, ou le jeu politique, est encadrée par le droit. Les textes constitutionnels
ou de valeur constitutionnelle fixent les compétences respectives de différents acteurs et
déterminent les procédures à suivre.
Les finances étatiques sont fondées sur une dualité que la loi n° 11/011 du 13
juillet 2011 relative aux finances publiques a réaffirmé. Alors que la loi de finances est un
texte de synthèse qui regroupe les grandes masses des ressources et des charges de
l’Etat, le budget est « constitué par l’ensemble des comptes qui décrivent toutes les
ressources et charges permanentes ». Il comprend la partie descriptive et comptable de
la loi de finances. Cette définition présente deux faiblesses : elle ne distingue pas assez
l’approche comptable et l’approche budgétaire. De plus, elle ne retient que les
composantes permanentes en dépit de l’ambiguïté de ce qualificatif. Depuis 2011 et
l’application du nouveau texte organique : la distinction est clarifiée. Le budget retrace les
ressources et charges budgétaires de l’Etat sous forme de recettes et des dépenses. Le
budget est une description des ressources et charges de l’Etat.
Par ailleurs, la continuité est assurée entre les lois de finances qui déterminent
selon l’article 175 de la constitution les ressources et charges de l’Etat et le budget qui
retrace celles de ces ressources et charges qui ont un caractère budgétaire sous forme
de « recettes » et « dépenses ». Enfin, cette loi financière sépare la logique budgétaire
fondée sur un système de caisse et la logique comptable fondée sur le système des droits
constatés.
Les finances de l’Etat apparaissent dans le budget à travers les quatre (4) phases
de l’élaboration du vote, de l’exécution et du contrôle.
Ce sont des lois qui modifient en cours d’exercice les dispositions de la loi de
finances initiales, on les appelle aussi collectifs budgétaires.
Il s’agit d’une loi adoptée par le Parlement en cas de retard du Parlement sur le
vote du budget.
Aux termes des dispositions des articles 20 et suivants de la loi relative aux finances
publiques, la première partie est ciblée sur les ressources publiques et contient
notamment :
- l’autorisation de percevoir les ressources de l’Etat et les impositions de toute nature
affectées à des personnes morales autres que l’Etat sert de contenu à l’article 1 er
de toute loi de finances initiale (art. 20) ;
- les dispositions relatives aux ressources de l’Etat qui affectent l’équilibre budgétaire
et l’évaluation de chacune des recettes budgétaires (art. 21) ;
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 112
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
Elaborés pour la plupart au XIXe siècle, les principes budgétaires permettent une
présentation transparente et intelligible des recettes et des dépenses, garantissant le
caractère démocratique des dépenses publiques. Ils sont, pour l’essentiel, communs aux
différentes administrations publiques.
Conformément à la loi relative aux finances publiques, cinq principes budgétaires
sont consacrés, auxquels peuvent s’ajouter d’autres liés à la gestion financière.
La loi de finance initiale constitue, chaque année, l’acte juridique qui autorise et
limite les moyens accordés aux différentes administrations de l’Etat. Elle est aussi
l’expression la plus complète et précise de la politique gouvernementale et le principal
instrument de sa politique économique. Son examen fournit au Parlement l’occasion de
discuter, de critiquer, voire d’infléchir l’orientation des politiques publiques. Pour toutes
ces raisons, la préparation d'un budget est un processus à la fois technique et politique
éminemment complexe qui reste le monopole du gouvernement.
L'élaboration du budget relève donc de la compétence exclusive du pouvoir exécutif:
dans la mesure où le budget constitue la traduction de la politique du Gouvernement, il
paraît légitime que celui-ci soit chargé de sa préparation, en outre, seul le Gouvernement
dispose des ressources techniques et humaines nécessaires à la mise au point du budget.
La préparation et le vote sont insérées dans des procédures réglementaires et
constitutionnelles.
C. Le Président de la République
A la faveur de l’article 77 de la Constitution, qui prévoit la collaboration entre les
deux chefs de l’exécutif, l’influence du Président de la République sur la politique
budgétaire est évidente compte tenu de la place éminente qu’occupe l’institution Président
de la République et que le Gouvernement issu des élections doit nécessairement appliquer
le programme du Président de la République élu au suffrage universel.
Ils concernent les procédés employés pour évaluer les recettes et les dépenses
inscrites dans le projet de budget.
Ceux-ci ont trait aux techniques d’évaluation des dépenses et des recettes. Il s’agit
en fait de présenter les méthodes administratives d’évaluation des recettes et des
dépenses, tâche délicate. Autrement dit, comment sont déterminés les chiffres inscrits
dans le projet de budget et sur quelles bases se fait la prévision budgétaire ? C’est poser
le problème de l’évaluation des masses budgétaires de l’Etat.
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 119
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
Dans l’ensemble, les méthodes d’évaluation des dépenses et des recettes qui ont
beaucoup évolué conservent un caractère administratif ; c’est-à-dire qu’elles se font dans
le cadre des services publics, d’après la nature des dépenses et des recettes.
Cependant, cette règle présente de grandes faiblesses. Les principales sont d'ordre
économique. La règle de la pénultième année ignore le phénomène de cycles
économiques marqué par le niveau économique selon la conjoncture. D'où son abandon
en France depuis 1938.
Concrètement, on évalue les recettes et les dépenses à partir des réalisations des
douze derniers mois connus, ce qui est facilité par les données statistiques et les études
économétriques fondées sur les perspectives économiques, à la réalisation desquelles sont
associés les experts des certaines administrations et organismes spécialisés dans les
questions économiques et financières (Secrétariat Général au Budget, Secrétariat Général
aux Finances, Direction Générale des Impôts, Office des Douanes et Accises, Direction
Générale des Recettes Administratives, Domaniales, Judiciaires et de Participation
« DGRAD », Banque Centrale, Inspection Générale des finances, Direction Générale de la
Dette Publique).
Les deux premiers mois de l’année sont consacrés par la Direction de la Préparation
et du Suivi du Budget à un exercice interne de définition des perspectives budgétaires qui
permettront à la Direction de proposer au Ministre un certain nombre de grandes options
s’inscrivant dans la politique gouvernementale. Il s’agit en fait de l’élaboration des
programmes et l’estimation des coûts par le gouvernement.
Cet avant-projet est soumis au gouvernement pour examen et approbation. En cas
d’approbation le projet du budget est élaboré suivant les orientations du gouvernement
consignées dans l’exposé des motifs.
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 122
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
Elle passe par la détermination des recettes. Dans le même temps, les prévisions
des recettes sont affinées car les perspectives économiques sont mieux connues en juillet-
août, même si celles-ci restent éminemment aléatoires.
Après examen et adoption en Conseil des Ministres, le projet est déposé dans la
seconde moitié de septembre sur le bureau de l’Assemblée Nationale.
L’analyse des différentes phases de l’élaboration du budget montre l’importance du
pouvoir exécutif en matière budgétaire, en particulier du ministre ayant dans ses
attributions le budget. Dans tous les cas, c’est le pouvoir exécutif qui détient l’exclusivité
de la préparation budgétaire.
Les prévisions des dépenses et des recettes permettent de définir une première
esquisse budgétaire permettant au directeur de la préparation et du suivi budgétaire
d'élaborer une stratégie budgétaire à soumettre au Ministre concerné au mois de mars.
En cas d'acceptation de l'ébauche par ce Ministre, une instruction y relative est diffusée.
Lorsque des modifications sont demandées, l’esquisse est soumise à une
commission pour réexamen.
47
Art. 100 de la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi n° 11/002 du 20 janvier 2011.
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 125
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
A propos des Commissions des finances, il faut préciser que leur rôle est variable
et plus ou moins important selon les pays et selon les époques. En tenant compte de la
variation dans l’espace, on distingue deux systèmes : le système anglais et le système
franco-américain. En France et aux U.S.A., le budget est d’abord discuté, parfois modifié
par la Commission avant d’être présenté au Parlement.
En Grande-Bretagne, il est discuté directement devant le Parlement entier qui se
transforme totalement en Commission des Finances. On parle dans ce cas du comité de
la chambre entière. Chaque commission des finances désigne en son sein des rapporteurs
spéciaux chargés d’étudier les budgets des différents ministères, budgets annexes et
comptes spéciaux du Trésor.
Pour la première fois, des discussions véritables ont été engagées au Parlement.
L’enveloppe globale des dépenses pour 1996 a été modifiée à la hausse par le Parlement
qui avait estimé que le gouvernement avait sous-évalué les dépenses pour satisfaire aux
recommandations des Institutions financières Internationales (Fonds monétaires
international et la Banque mondiale).
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 127
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
En définitive, c’est cette décision du Parlement qui a été adoptée par la plénière
(Loi budgétaire de l’exercice 1996). De même, l’Assemblée Constituante Parlement de
Transition a modifié à la hausse le projet de budget de l'exercice 2003, proposé à une
sanction par le dernier gouvernement avant la mise en place des Institutions issues de
l’Accord global et inclusif de Sun City en juillet 2003. Le budget a dû faire l’objet d’un
réaménagement pour tenir compte de la nouvelle donne politique. Le collectif budgétaire
soumis à la discussion au niveau de deux Chambres législatives a été adopté tel quel sans
grand débat.
Au cours de deux dernières législatures (2006 - 2011 et 2011 - 2018), le Parlement
n’a pas su user des pouvoirs importants lui conférés par le législateur pour influer sur la
gestion des finances publiques par le gouvernement.
48
Proposition reprise en Annexe III du Manuel.
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 129
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
Le régime politique congolais présente des particularités propres par rapport aux
régimes classiques (parlementaire et présidentiel).
S’agissant précisément des techniques d’affaiblissement du pouvoir budgétaire du
Parlement, l’article 126 de la Constitution du 18 février 2006 prévoit, dans ses alinéas 8
et 9, les mécanismes suivants :
- Dans le cas où l’Assemblée nationale ne se prononce pas dans les 15 jours sur
l’ouverture de crédits provisoires, les dispositions du projet prévoyant ces crédits sont
mises en vigueur par le Président de la République sur proposition du Gouvernement
délibérée en Conseil des Ministres (alinéa 8) ;
- Si, compte tenu de la procédure ci-dessus prévue, la loi de finances n’a pu être mise
en vigueur au premier jour du mois de février de l’exercice budgétaire, le Président de
la République, sur proposition du Gouvernement délibérée en Conseil des ministres,
met en exécution le projet de loi de finances, compte tenu des amendements votés
par l’Assemblée nationale (alinéa 9).
On voit bien que malgré l’affirmation du pouvoir budgétaire du Parlement, celui-ci
a une portée bien limitée.
A. Les ordonnateurs
L’ordonnateur est, selon la conception héritée du droit franco-belge, un agent
d’autorité, administrateur élu ou nommé, qui, placé à la tête d’un ministère, d’une
collectivité, d’un établissement, d’un service, est amené à exercer, en sus de ses fonctions
administratives principales, des attributions financières en recettes ou en dépenses. C’est
donc seulement en sa qualité de décideur ou de chef de service qu’il est doté de celle
d’ordonnateur ; en d’autres termes, la fonction d’ordonnateur n’est jamais que l’accessoire
d’une mission d’administration exercée à titre principal.
Le comptable est l’agent qui assume, sous l’autorité du ministre des finances, les
tâches suivantes :
1°) L’engagement est l’acte par lequel un organisme public crée ou constate à son
encontre une obligation d’où résultera une charge. C’est l’acte qui va rendre l’Etat
débiteur. L’engagement est un fait générateur de la dépense.
L’engagement n’est pas exactement un acte de décision dès lors qu’il ne se borne
pas toujours à constater une dette préexistante mais qu’il peut la créer. En dépenses,
on le sait, l’acte d’autorisation budgétaire n’ouvre qu’une simple faculté de dépenser,
sauf le cas où une dette existe préalablement.
2°) La liquidation consiste à vérifier la réalité de la dette et à arrêter le montant de
la dépense. Elle implique la vérification du service fait. La liquidation a pour effet de
rendre les dettes certaines dans leur principe et dans leur montant. Le processus de
liquidation englobe deux aspects, en premier lieu celui de la constatation ou
vérification de la dette, en second lieu, son calcul proprement dit. L’obligation de
constatation de la réalité de la dette repose sur une règle ancienne, celle du service
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 134
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
fait au terme de laquelle le paiement des dettes des organismes publics est
subordonné à l’exécution matérielle intégrale des prestations par le créancier et à
leur exécution conformément aux stipulations initiales. Ce n’est qu’ensuite que peut
intervenir la liquidation au sein strict du terme, qui consiste à calculer ou vérifier le
montant de la dette.
3°) L’ordonnancement est l’acte donnant l’ordre au comptable de payer la dépense.
Cet ordre de payer est cette fois de la compétence exclusive de l’ordonnateur.
L’ordonnancement est une phase capitale dans l’exécution des dépenses, les
créanciers ne pouvant être payés sans l’intervention de cet acte. Le principe est que
les Ordonnateurs ne sont soumis à aucun délai impératif d’exécution et disposent
d’un pouvoir discrétionnaire en la matière. Toutefois en vue d’une meilleure
protection des créanciers contre les risques excessifs d’abus, il est conseillé dans le
cadre de la mise en œuvre de la chaîne des dépenses un délai d’exécution ne pouvant
dépasser 72 heures.
La Direction Générale des Douanes et Accises recouvre diverses taxes sur les
marchandises, les produits pétroliers.
Les recettes domaniales sont recouvrées par les comptables de la direction générale
des recettes administratives, domaniales et des participations « DGRAD », en effet, le
recouvrement des condamnations pécuniaires (amendes civiles, pénales, administratives,
fiscales, frais de justice…) est réalisé par les comptables du Trésor.
Depuis le début des années 2000, les recettes de l’Etat ont sensiblement augmenté
allant de 500.000.000 de dollars américains à plus de 10.000.000.000 de dollars
américains en 2019.
De façon générale, le constat qui se dégage après analyse des données transmises
par la Banque Centrale du Congo est qu’un grand écart apparaît entre les prévisions et
les réalisations.
Pour plus de détails, voir supra titre II (Leçons à tirer du processus d’élaboration,
d’exécution et de contrôle de loi de finances publiques).
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 136
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
L'exécution des lois de finances fait l'objet d'un encadrement et d'une surveillance
approfondis de la part de différents services et corps administratifs relevant des ministères
ayant les finances et/ou le budget dans leurs attributions.
49 BOUVIER (M), ESCLASSAN (M.C.), LASSALE (J.P.) : Finances Publiques, précité, p. 409.
50 BERTONI (P) : Finances Publiques, préc. p.50.
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 137
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
Les contrôles administratifs sont des contrôles internes, réalisés a priori par certains
corps, agents ou instances spécialisées de l’Etat et portant à la fois sur les ordonnateurs
principaux ou secondaires et sur les comptables. La direction du contrôle budgétaire et la
Direction de Trésorerie exercent les contrôles internes à l’administration avant le paiement
de la dépense.
Les contrôles administratifs, variés, relèvent soit du pouvoir hiérarchique au sein
d’une même administration, soit du rôle spécial joué par le ministre des Finances et son
administration.
B. Les contrôles exercés sur les ordonnateurs par l’administration des Finances
Ces contrôles sont réalisés par le Ministre des Finances, les comptables publics et
l’Inspection Générale des Finances.
1) Le ministre ayant les Finances et/ou le Budget dans ses attributions exerce
directement en personne ou par l’intermédiaire des contrôleurs financiers, une
surveillance permanente sur les opérations d’exécution du budget effectuées par les
ministres (visa, comptabilité administrative) et même sur leur activité réglementaire
(contreseing).
S’agissant du contrôle de l’engagement, il est entendu que le contrôleur examine la
régularité des opérations d’engagement qui sont effectuées par l’Ordonnateur. Il
vérifie tous les actes qui se traduisent par une dépense immédiate ou future. Toute
proposition d’engagement doit être soumise au contrôleur avec pièces justificatives
sauf en cas d’engagement automatique pour les dépenses de personnel, pour les
effectifs existants. Il doit s’assurer de l’imputation de la dépense, de la disponibilité
des crédits, de l’exactitude de l’évolution de la dépense.
2) Les comptables vérifient, au moment de régler les dépenses et les recettes, la
régularité budgétaire des opérations qui leur sont ordonnées.
3) Le contrôle de l’Inspection Générale des Finances51
Le contrôle de l’Inspection des Finances porte sur l’ensemble du secteur public. La
fonction de contrôle, sous la forme d’audit interne est exercée par l’Inspection
Générale des Finances dont la mission consiste à auditer l’ensemble des
administrations financières ainsi que toutes les entreprises bénéficiant, à un titre ou
à un autre, d’un financement de la part de l’Etat. Le statut et surtout les missions
ainsi définies de l’Inspection Générale des finances en font tout autant un corps
d’expertise qu’un corps de contrôle traditionnel ; les méthodes du contrôle vont de
l’approche la plus classique (contrôle sur les comptables) à la plus moderne
(enquêtes et audit). Les Inspecteurs des Finances sont nommés par le Président de
la République sur proposition conjointe des Ministres des Finances et de la Fonction
Publique.
Les Inspecteurs des Finances exercent sur les ordonnateurs secondaires une
surveillance financière générale qui donne au Ministre des Finances une vue sur
l’ensemble de l’activité administrative. Pendant plus d’une décennie, soit de 1990 à 2001,
l’Inspection Générale des Finances n’a pas pu jouer son rôle. Depuis 2001, le contrôle
s’est amélioré. Le corps semble cependant avoir pris de l’âge et nécessite non seulement
un renouvellement des unités mais également un renforcement des capacités.
51 Ordonnance n°87-323 du 15/09/1987 portant création de l’Inspection Générale des Finances, telle que modifiée et complétée à
ce jour.
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 139
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Dans le schéma des contrôles de l’exécution des lois de finances, le contrôle politique
opéré par le Parlement tient en principe la première place. Ayant initialement autorisé la
mise en œuvre des opérations de recettes et de dépenses, il doit donc en suivre le
déroulement puis se prononcer sur l’exécution définitive du budget.
Sur le plan strictement juridique, le contrôle parlementaire devrait être le principal
contrôle en raison des prérogatives constitutionnelles conférées au parlement en matière
budgétaire. Dans beaucoup des pays, cette mission de contrôle est devenue presque
l’unique activité du parlement. Or, le contrôle de l’exécution du budget ne retient guerre
son attention. C’est tout d'abord grâce à ses pouvoirs généraux de contrôle que le
parlement pourrait exercer un contrôle de l’exécution du budget, en recourrant
notamment aux commissions d’enquête et de contrôle ou par l’interpellation ou la mise
en jeu de la responsabilité du gouvernement.
Par ailleurs, le vote d’une loi de finances rectificative peut être l'occasion de critiquer
l’exécution du budget.
Le Parlement peut également utiliser la procédure des questions écrites.
Enfin, le contrôle du parlement peut s’exercer à l’occasion du vote de la loi de
règlement. Le projet annuel de loi de règlement constate le montant définitif des
encaissements des recettes à des ordonnancements se rapportant à une même année;
Il ratifie en outre les ouvertures de crédits non autorisées par la loi de finances de l'année
ou une loi rectificative. Il faut noter qu’en général, le projet de loi de règlement est voté
sans discussion au fond alors qu’il aurait dû faire l’objet d’un contrôle efficace.
De façon générale, l’autorité financière du Parlement ne peut être garantie que
dans la mesure où les assemblées elles-mêmes disposent de pouvoirs de contrôle en cours
d’exécution et lorsque le budget est exécuté.
A noter que pour la préparation du Budget 2005, la Commission Economique et
financière de l’Assemblée Nationale a été associée aux Conférences budgétaires et aux
discussions sur l’esquisse et les grandes masses du projet 2005. Ce fut une première dans
l’histoire budgétaire de la République. Cette formule de dialogue permet de faciliter la
discussion budgétaire et d’anticiper sur les obstacles éventuels de la plénière. Les bailleurs
de fonds qui ont conseillé cette formule espèrent voir le Parlement jouer son rôle de
contrôle et surtout le suivi des états budgétaires.
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 140
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
Il est réalisé par la Cour des Comptes conformément aux dispositions de l’article
178 de la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée à ce jour. Elle relève de
l’Assemblée Nationale. C'est une juridiction composée en principe, des magistrats
inamovibles recrutés principalement par la voie de concours.
Ils sont définis dans les dispositions de l’article 180 de la Constitution du 18 février
2006 telle que modifiée à ce jour et des articles 24 et suivants de la loi organique. A cet
effet, la Cour des Comptes :
- juge les comptes des comptables publics principaux assignataires des recettes
ou des dépenses. Elle juge aussi les comptes que lui rendent les personnes
qu'elle a déclarées comptables de fait (Art. 25).
- veille au respect des délais de production des comptes par les comptables
publics principaux assignataires. Elle condamne à l’amende les comptables
publics principaux assignataires et les personnes qu’elle a déclarées comptables
de fait pour retard dans la production de leurs comptes. Le montant maximum
de l’amende pour retard dans la production du compte est égal à un mois de la
rémunération du comptable public concerné (Article 26).
- condamne à une amende, pour immixtion dans les fonctions de comptable
public, toute personne déclarée comptable de fait qui n’a pas fait l’objet d’une
condamnation pénale pour les mêmes opérations.
Le montant de l’amende tient compte de l’importance et de la durée de la
détention ou du maniement des fonds et valeurs, sans que ce montant puisse
excéder le total des sommes indûment détenues ou maniées (Article 27).
- vérifie sur pièces et sur place la régularité des opérations des recettes, des
dépenses, de trésorerie et de patrimoine enregistrées dans les comptabilités
publiques. Elle s’assure de la mobilisation optimale des recettes ainsi que de
l’économie, de l’efficience et de l’efficacité des crédits, fonds et valeurs gérés
par les services du pouvoir central, de la province et de l’entité territoriale
décentralisée et par toute autre personne morale de droit public ou de droit
privé soumise à son contrôle (Article 28).
- évalue les politiques, les programmes et les actions publics mis en œuvre et lui
transmis, selon le cas, par le Gouvernement ou le Gouvernement provincial,
l’organe exécutif de l’entité territoriale décentralisée ainsi que les responsables
des entreprises ou établissements publics et les organismes auxiliaires.
Cette évaluation donne lieu à des observations accompagnées de
recommandations.
A ce titre, le Gouvernement ou le Gouvernement provincial, le collège exécutif
de l’entité territoriale décentralisée et les responsables susvisés sont tenus de
lui transmettre tous les documents y afférents dès leur adoption à leur niveau
et après leur approbation par le Parlement, l’Assemblée provinciale, l’organe
délibérant local, l’assemblée générale, le conseil d’administration ou, le cas
échéant, l’autorité hiérarchique ou de tutelle. La Cour des comptes suit la mise
en œuvre de ses recommandations (Article 29).
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 142
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
L’auteur d’une faute de gestion n'est passible d'aucune sanction s'il est établi qu'il
a reçu un ordre écrit, pour autant qu’il ne soit pas manifestement illégal, de sa hiérarchie
ou d'une personne légalement habilitée à donner pareil ordre, après un rapport
circonstancié fait par lui à ce sujet.
L'ordre ou l'autorisation est joint aux pièces ayant fait l'objet du contrôle. Dans ce
cas, la responsabilité du donneur d’ordre, supérieur hiérarchique ou de la personne
légalement habilitée, se substitue à celle de son subordonné.
Aux termes de l’article 34, la Cour des comptes assiste le Parlement, l’Assemblée
provinciale, l’organe délibérant de l’entité territoriale décentralisée, le Gouvernement, le
Gouvernement provincial et l’exécutif de l’entité territoriale décentralisée dans le contrôle
de l’exécution des lois de finances, des édits budgétaires et des décisions budgétaires.
Comme on peut le constater, il s’agit d’un pouvoir est général et permanent. Les
matières à contrôler ne connaissent aucune limitation légale.
A titre indicatif, on peut citer :
Le Compte Général du Trésor
Les Comptes des Comptables Publics ;
Les Comptes des Etablissements Publics ;
Les fautes de gestion en matière de discipline budgétaire et financière ;
Les Comptes d’emploi des organismes privés bénéficiaires du concours de
l’Etat, des Entités administratives décentralisées ou de tout autre organisme
public ;
Les Comptes relatifs aux sommes dues à l’Etat au titre de prêts et de
garantie d’emprunts ;
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 145
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
3) Mécanisme de contrôle
La régularité du compte est appréciée à partir de l’examen de toutes les opérations
effectuées par le comptable et des pièces justificatives produites à l’appui de ces
opérations.
4) Résultat du contrôle
A l’issue du contrôle, la Cour peut prendre comme décision, selon les cas :
- soit un arrêt de décharge lorsque les comptes sont réguliers ;
- soit un arrêt de débet en cas d’irrégularité ; cet arrêt condamne le comptable à payer
les sommes manquantes ;
- soit un arrêt déficitaire (compte de débit).
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 147
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
Les développements précédents nous ont permis de dégager d’une part les
différents aspects du processus d’élaboration du budget de l’Etat, processus à la fois
technique et politique fort complexe (Chapitre I) ; d’autre part, on s’interrogera sur
l’efficacité des mécanismes de contrôle des finances publiques en général (Chapitre II).
Enfin, on s’attardera sur la problématique de la transparence et de la performance des
finances publiques et leur incidence sur la gestion budgétaire (chapitre III).
L’allocation des recettes entre les différents services de l’administration a pour finalité
de produire des biens qui sont mis à la disposition des ménages et des entreprises. C’est
pour dire que les produits administratifs ont une utilité collective (par opposition à l’utilité
individuelle des biens produits par les entreprises) dont l’obtention constitue l’objectif final
de l’Etat. D’où la nécessité pour le Ministre des Finances de libérer les frais de
fonctionnement. Gouverner, c’est dépenser. On peut ajouter que c’est surtout faire des
dépenses économiquement utiles.
Le budget est un acte politico-administratif opérationnel. De façon générale, tous les
Etats sont demeurés pour l'essentiel libéraux en matière économique et largement
interventionnistes dans la production et la répartition des revenus. Les objectifs poursuivis
paraissent être les suivants :
Assurer les fonctions qui ne relèvent pas du marché telles que les fonctions
régaliennes (ordre, diplomatie, défense, finances) et culturelles (recherche,
éducation) ; curieusement, certaines fonctions régaliennes n’ont pas été assurées
sous la IIe République, telles la diplomatie et l’ordre public, cette dernière fonction
ayant été assurée pour le compte et le profit de la sécurité personnelle du détenteur
du pouvoir suprême. Les fonctions culturelles ont été systématiquement rejetées et
oubliées par les pouvoirs publics ;
Assurer le bon fonctionnement de l’économie par la réglementation des marchés et
par la participation directe ou indirecte à certaines productions. A ce titre l’Etat
exerce, comme une entreprise, des fonctions marchandes (transport, agriculture,
logement) ;
Prévenir, guérir ou corriger les injustices, les inégalités et les handicaps résultant ou
non du fonctionnement de l’économie de marché en vue d’assurer entre les
ménages une répartition des revenus et des richesses conforme à une certaine
conception de la justice sociale et de la solidarité et exercer ainsi des fonctions
sociales ; santé, emploi, assistance, sécurité sociale ;
Réguler l’activité économique dans l’espace (aménagement du territoire,
environnement) et dans le temps (croissance) de manière à assurer le plein emploi
dans l’équilibre des prix et de la balance des paiements. Le Gouvernement de
Transition issu de l’Accord Global et Inclusif l’a fait dans le cadre du programme
d’urgence de réhabilitation et de reconstruction initié avec le concours des
partenaires bilatéraux et multilatéraux.
L’Etat ne vend pas la plupart des biens collectifs qu’il produit ou il les vend, ou les
fait vendre, à un prix inférieur à leur coût. Il lui faut donc se procurer les moyens financiers
nécessaires pour produire ces biens. C’est le rôle du prélèvement fiscal et des emprunts.
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 149
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
Le rôle des impôts est de transférer à l’Etat une partie des revenus des ménages et des
entreprises. Il traduit un transfert de pouvoir d’achat. La demande de biens et services de
l’Etat entrant en concurrence avec celle des ménages, des entreprises ne peut s’exercer
que sur les ressources disponibles dans l’économie. Aussi, le budget est un exercice
d’allocation de ressources rares entre des objectifs multiples, un exercice d’optimisation
sous contraintes d’une fonction d’utilité collective.
La pression fiscale, qui représente la part des recettes publiques dans le revenu
national, est une caractéristique du régime économique. Elle ne peut être fixée
arbitrairement ni varier rapidement en hausse sans faire apparaître des réactions diverses
de refus de l’impôt. Prélèvement obligatoire, l'impôt a, en effet, un coût et une utilité
spécifique qui vient grever l’utilité des objectifs qu’il permet de financer. Mais la notion
d’utilité collective demeure abstraite, controversée et non mesurable. Le niveau de la
pression budgétaire et la répartition des ressources publiques entre les objectifs de l’Etat
relève en pratique de la tradition, de l’empirisme et de l’épreuve de force.
Les recettes et les dépenses budgétaires dépendent des principaux agrégats de la
comptabilité nationale : la consommation, l'investissement, l'épargne, la production, les
revenus, la balance des paiements. Le budget dépend de la variation de ces agrégats,
c'est-à-dire de la conjoncture. Il influe également sur ces agrégats.
Les modalités de financement du solde général modifient l'impact du budget sur le
revenu. Les politiques budgétaire et monétaire sont donc étroitement liées dans
l'instrumentation conjoncturelle et dépendent étroitement de la situation du marché.
L’impact conjoncturel du budget, s'il est certain, est également complexe. Le budget
n'est pas un instrument commode de politique conjoncturelle, ce qui ne signifie pas qu'il
ne faille pas l'utiliser. Il faut seulement en connaître les limites. Lorsque des variations
de dépenses sont prévues, il faut des délais plus ou mois longs pour que l'exécution suive
la décision. Or, en matière conjoncturelle, il faut souvent agir rapidement et la lenteur de
réaction des masses budgétaires obère l'utilité du budget pour régler l'action
conjoncturelle.
En théorie, lorsque la politique économique est correctement réglée, l'économie
connaît une croissance à moyen terme assurant à la fois le plein emploi et l'équilibre.
Dans ce cas, la pression budgétaire ne peut varier que dans la mesure où varient les
paramètres de la croissance.
Les objectifs étant fixés, l'économie étant réglée dans le cadre d'une croissance
équilibrée, la pression budgétaire étant déterminée, il faut rechercher la meilleure
combinaison des moyens à mettre en œuvre. La recherche d'une meilleure rentabilité
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 150
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
des services conduit à des analyses de coût – avantage. Pour effectuer les comparaisons,
l'administration expérimente les méthodes qui permettent d'apprécier non plus la
régularité juridique de la gestion mais également sa qualité au regard de l'objectif
poursuivi afin éventuellement de le remettre en cause si nécessaire. Les nouvelles
méthodes entraînent une extension de l’horizon budgétaire et la loi budgétaire acquiert
une dimension pluriannuelle. Le budget apparaît ainsi comme un ensemble de structures
comptables et statistiques, dont certaines ont une valeur juridique et décrivent les
processus par lesquels les ressources prélevées par l’Etat sur l’économie sont
transformées en utilité collective.
les décisions annuelles initiales, le pouvoir de décider ne possède plus les mêmes
caractères qu’autrefois. Il n’est plus exclusif puisqu’il peut être délégué ou suppléé. Il n’est
plus, par ailleurs, discrétionnaire, la marge d’initiative étant réduite tant en matière de
dépenses qu’en matière de recettes. En matière de recettes, le Parlement est lié par le
projet gouvernemental et en matière de dépenses par ses décisions antérieures. Enfin, le
pouvoir de décision n’est plus incontrôlé. Il est inséré dans des disciplines de procédure
assez étroites. En outre, des autorités externes ont un droit de regard et des pouvoirs de
sanctions efficaces.
Mais surtout, la nature même du pouvoir de décision budgétaire du Parlement a
radicalement changé. En votant la loi budgétaire de l'année, le Parlement ne décide plus
comme autrefois des dépenses et des recettes que le Gouvernement serait chargé
d'exécuter. Tout d'abord, la loi budgétaire ne contient qu'une totalisation globale que le
Gouvernement précise dans des annexes explicatives. Le pouvoir de décision n'a
cependant qu'une portée formelle. En revanche, beaucoup plus important est le pouvoir
du Gouvernement d'apporter des corrections aux décisions initiales.
En d'autres termes, en votant la loi budgétaire de l'année, le Parlement adopte un
plan financier que le Gouvernement n'est pas tenu d'exécuter tel quel, mais qu'il peut au
contraire modifier par ses propres décisions. C'est dire que le pouvoir de décision du
Parlement n'est qu'un pouvoir de décision-cadre qui n'enferme pas l'action du
Gouvernement dans des limites strictes. Dans le cadre ainsi fixé, et dans la limite de ses
compétences, le Gouvernement tout à la fois décide et exécute. Les lois de finances
évoquent un peu la technique des lois-cadres. La séparation simple entre le Parlement
décidant et le Gouvernement exécutant n'a plus de raison d'être.
S'agissant des décisions modificatives en cours de gestion, le Gouvernement dispose
de compétences étendues qui restreignent d'autant la portée des décisions parlementaires
initiales.
Aussi certains auteurs ont-ils estimé et non sans raison que l'intervention
parlementaire en matière budgétaire n'aurait plus qu'une importance négligeable.
Désormais, le centre d'intérêt se situerait pour les élus, soit en aval du côté de la loi
de règlement et du contrôle a posteriori de la gestion budgétaire, soit en amont, du côté
des lois programmes.
A titre comparatif, dans la plupart des pays occidentaux, on a cherché à renforcer
le contrôle budgétaire a posteriori du Parlement. Dans les conditions de stabilité
gouvernementale, le contrôle devrait pouvoir être efficace, le Parlement pouvant
demander des comptes au Gouvernement qui a conçu et exécuté le budget. En fait, les
Parlements ne se sont guère engagés dans cette voie.
En définitive, il y a lieu de retenir que les compétences traditionnelles du Parlement
en matière de budget sont moindres qu'autrefois. Ce phénomène n'est pas propre à
l'Afrique. On le retrouve dans toutes les démocraties contemporaines. Il correspond,
d'une manière générale, à l'évolution même de la planification budgétaire et plus
largement à l'évolution de l'Etat. La prise en charge de fonction de direction et de gestion
économique a entraîné un transfert de pouvoir du Parlement au Gouvernement dont les
techniques d'intervention sont davantage adaptées aux nouveaux impératifs, en
particulier aux exigences de rapidité de la décision étatique. En politique, dit-on, l'action
prime parfois sur la réflexion.
La Constitution du 18 février 2006 a pourtant renforcé les prérogatives de deux
chambres du Parlement en matière budgétaire. Il reste à savoir, comment députés et
sénateurs pourront manier l'arme dont ils disposent pour infléchir l'action du
Gouvernement.
De façon générale, on peut retenir qu'en dépit de la dégradation de l'autorisation
parlementaire, l'intervention du pouvoir législatif conserve une importance politique non
négligeable. Le rôle budgétaire du Parlement n'a pas disparu. Il a été transformé. Le vote
des lois financières de l’année par le Parlement permet, du point de vue de l'équilibre
entre les pouvoirs, d'exercer un certain contrôle sur l'exécutif. On s'accorde généralement
sur le fait que les pouvoirs budgétaires du Parlement se sont amenuisés au fil du temps
en raison des conditions dans lesquelles ils sont exercés. De plus, le parlement n'est plus
maître du détail de la planification budgétaire. Mais les Parlementaires gardent la
possibilité de se prononcer sur les grandes orientations suivies par le Gouvernement.
Contrôler le budget ne consiste plus, pour les parlementaires, à révéler dans le détail des
actions spécifiques et les crédits afférents, c'est accepter ou refuser telle option politique
qui s'inscrit dans le texte soumis à leurs votes. La reconversion du contrôle globale exige,
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 153
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
La loi de finances de l'année ou loi budgétaire est le seul texte dont le dépôt et
l’adoption sont constitutionnellement enfermés dans des délais stricts expressément
précisés. Ces règles édictées dans un souci d’efficacité s’inscrivent dans le cadre du
parlementarisme rationalisé.
texte voté, prend des décrets de répartition des crédits par chapitres en ce qui concerne
les services votés. Cette solution est prévue par l’article 126 alinéas 6 et 8 de la
Constitution de en ces termes : « si le projet de loi de finances n’a pas été déposé en
temps utile pour être promulgué avant le début de l’exercice, le Gouvernement demande
à l’Assemblée nationale l’ouverture de crédits provisoires » (alinéa 6). « Dans le cas où
l’Assemblée ne se prononce pas dans les quinze jours sur l’ouverture de crédits
provisoires, les dispositions du projet prévoyant ces crédits sont mises en vigueur par le
Président de la République sur proposition du Gouvernement délibérée en Conseil des
ministres » (alinéa 8). En droit budgétaire français, la date limite fixée justifiant le recours
à un vote partiel d’une partie de la loi de finances est le 11 décembre ; il est exigé que le
Projet soit également soumis en urgence au Sénat ce qui n’est pas le cas en ce qui nous
concerne.
a) La première lecture
De façon générale, l’Assemblée nationale doit se prononcer dans un délai de
quarante jours.
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 155
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
3. Les votes
La première partie de la loi de finances est votée article par article. Il y a donc
autant de vote que d'article. S'agissant de la seconde partie, les évaluations de recettes
font l'objet d'un vote d'ensemble pour le budget général et d'un vote par budget annexe
et par catégorie de comptes spéciaux. Les dépenses du budget général font l'objet d'un
vote unique pour la masse des services votés, c'est à dire des dépenses incompatibles et
les mesures nouvelles sont votées par tradition, par ministère avec les titres qui s'y
rattachent.
Celles-ci sont constatées tant au niveau de recettes que de celui des dépenses.
A propos des recettes budgétaires, les résultats enregistrés au cours des dernières
années sont assez révélateurs des dérapages en matières d’exécution.
1°. Constat général : l’expérience révèle que :
- les recettes sont souvent consommées à la source par les services chargés de leur
perception ;
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 157
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
2. Recettes non-fiscales
3. Dépenses budgétaires
On sait que les dépenses ont en principe un caractère limitatif et que les crédits
peuvent faire l’objet de modification à la hausse ou à la baisse. Certes, les modifications
de crédits à la hausse devraient se faire exclusivement dans le respect de la loi financière,
cependant, certaines pratiques gouvernementales constituent des entorses au droit.
Depuis les exercices 2003, 2004 et 2005, la Cour des Comptes présente des rapports
révélant les dépassements en matière d’exécution des dépenses.
1° Constatations générales :
La pratique dans l’exécution des dépenses est caractérisée par :
- le non-respect des crédits budgétaires : Certains crédits sont exécutés en
dépassement, d’autres ne connaissent même pas un début d’exécution ;
- l’exécution des dépenses non prévues et sans aucun réaménagement du budget ;
- la violation des règles relatives à la procédure d’exécution des dépenses publiques
par l’utilisation des procédures exceptionnelles comme l’imputation directe (débit
d’office), ordre de paiement (OP), mise à disposition des fonds à justifier (MAD),
etc. ;
- la violation des règles de passation des marchés publics et le principe de service
fait avant tout paiement est systématiquement écarté.
2° Constatations spécifiques
Celles-ci concernent plusieurs catégories de dépenses :
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 159
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
a) Dépenses d’investissement :
- le décalage entre l’exécution financière et l’exécution physique, signe de
détournement des fonds ;
- le saupoudrage des crédits entre plusieurs projets sans qu’aucun des projets ne
puisse être achevé ;
- l’existence des projets fictifs financés en priorité ;
- l’exécution des dépenses d’investissement non prévues au budget.
A illustrer par des tableaux.
b) Dépenses de rémunération :
- la non maîtrise des effectifs de l’administration publique, de l’armée et des
services de sécurité ;
- les recrutements anarchiques des agents administratifs sans respect de la
procédure ni du besoin, ni du profil ;
- le reversement dans l’administration publique des militants des partis politiques
pour leur assurer un revenu ou les remercier ;
- l’injection des agents fictifs afin de détourner leur salaire.
c) Dépenses de fonctionnement
- l’utilisation des frais de fonctionnement assimilés à un prolongement de salaire
pour les gestionnaires ;
- le dépassement des crédits pour certains services et manque de frais de
fonctionnement pour d’autres.
d) Dépenses à paiement centralisé
- l’absence de répertoires fiables des bénéficiaires faisant supporter par le Trésor
Public les consommations des non ayant droit ;
- la facturation forfaitaire sans rapport avec les consommations réelles ;
- la non tenue de la comptabilité-matières pouvant permettre notamment la saisie
des consommations réelles.
e) Dette intérieure
- la surfacturation des travaux et services rendus à l’Etat ;
- le montage des faux dossiers de créances sur l’Etat ;
- l’actualisation illégale et fantaisiste de ses créances.
f) Dette extérieure
- surfacturation des projets ;
- alourdissement de la dette par des commissions de tout genre ;
- dette infernale suite à la capitalisation des intérêts ;
- gonflement de la dette suite à la faiblesse de la monnaie nationale par rapport aux
devises extérieures.
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 160
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
L’action financière de l’Etat est donc soumise à des formes, encadrée par des
procédures, et mise en œuvre par des acteurs politiques et administratifs. Elle repose
aussi sur un ensemble de mécanismes particulièrement complexes dans un système
comme le nôtre, ou public et privé sont étroitement imbriqués. Le Trésor et ses « alliés »
d’une part, la Banque centrale d’autre part, jouent au sein de ces mécanismes un rôle
prépondérant.
Quand les structures à contrôler sont simples, les opérations de contrôle sont
aisées. Lorsqu’elles sont plus complexes (notamment en raison d’un mélange des deniers
publics et privés), elles ne peuvent qu’alourdir la tâche des contrôleurs et perturber la
maîtrise du système de contrôle.
Elle peut concerner l’étendue des contrôles : jusqu’à quel point peut-on opérer des
contrôles ? Peut-on aller jusqu’à contrôler les organismes faisant appel à la générosité
publique ?
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 161
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
Elle peut concerner le moment des contrôles. En effet, un contrôle a priori, même
s’il a l’avantage d’être préventif, ne risque-t-il pas de freiner l’action de l’administration ?
Un contrôle en cours d’exécution ou un contrôle a posteriori ne risque-t-il pas de se révéler
inutile s’il intervient trop tard ?
La réflexion peut également porter sur la nature des contrôles. En effet, un contrat
administratif, interne à l’administration, risque de manquer d’impartialité alors qu’un
contrôle juridictionnel peut amener le juge à se substituer à l’ordonnateur dans ses choix.
Vers quel contrôle doit-on s’orienter ?
Pour des raisons de commodité, on s’intéressera ici plus sur les contrôles financiers
exercés par les institutions supérieures de contrôle des finances publiques et également
sur les contrôles parlementaire et juridictionnel.
A. Fondement
1° Le principe
Le principe d'un contrôle sur l'exécution des budgets publics et l'utilisation des
deniers publics est posé dans les dispositions des articles 138, 146 et 147 de la constitution
qui confèrent aux chambres législatives (l’Assemblée Nationale et le Sénat) les
prérogatives de suivre l’emploi de la contribution publique.
2° Portée
Traditionnellement, le contrôle porte en priorité sur la régularité des opérations
financières afin d'éviter les fraudes et de s’assurer de la conformité de ces opérations aux
autorisations budgétaires. Mais, les contrôles évoluent et portent de plus sur l’efficacité
de la gestion financière publique : la « performance publique ». Ainsi, les contrôles
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 162
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
Un contrôle efficace ne peut pas se concevoir sans une information valable. Cette
information dépend essentiellement de la transparence des finances publiques. Elle doit
permettre une évaluation de la performance des administrations et organismes
dépensiers.
A cet effet, la République Démocratique du Congo fait sienne la définition donnée par le
Fonds Monétaire International. Cette institution financière internationale a établi des
éléments de définition de la transparence en matière de finances publiques qui s’articulent
autour de quatre principes52 :
- des acteurs aux rôles et aux responsabilités clairement définis : la distinction doit
être claire entre secteurs public et privé et au sein du secteur public entre autorités
budgétaire, monétaire et administrative.
- l’accès du public à une information exhaustive et sincère, publiée à des intervalles
réguliers.
- des procédures de présentation, d’élaboration et d’exécution des budgets
comptablement normalisés et certifiés.
- un examen contradictoire et indépendant de l’information budgétaire.
Des éléments d’évaluation de la transparence financière de chaque Etat ont été mis
en place par le FMI. (Code de bonnes pratiques en matière de transparence des finances
publiques). Ces éléments sont nombreux et se présentent sous la forme d’un
questionnaire.
a) Moyen terme
d) Prévisions économiques
Elle doit être recherchée dans les textes se rapportant aux finances publiques
principalement dans la loi relative aux finances publiques. Dès lors, la question à se poser
est celle de savoir s’il existe des dispositions visant à assurer la transparence financière
en République Démocratique du Congo. D’une manière générale, il faut se référer aux
textes constitutionnel et législatif traitant spécialement des questions financières.
Ce rappel étant fait, il faut maintenant présenter les classifications des contrôles
financiers en République Démocratique du Congo.
Il faut partir de la loi n°11/011 du 13 juillet 2011 relative aux finances publiques.
Celle-ci a suscité une évolution caractérisée par :
- des classifications sur les finalités des contrôles : les contrôles de régularités et de
qualité sont bien distingués. Le fait que la logique des résultats l’emporte sur celle
des moyens, clôt ce débat ;
- des classifications sur les modalités des contrôles : le contrôle est un contrôle ou
concomitant ou a postériori ; le contrôle a priori est limité au maximum pour
sauvegarder la liberté du gestionnaire : il y a un rééquilibrage entre les contrôles.
- Existe-il des connexions entre les différents contrôles ? La généralisation du
contrôle de gestion doit désormais s’adresser aux autres contrôles. Ceux-ci
prendront d’autant plus de sens que l’existence au sein des administrations d’un
système de contrôle de gestion permettant le pilotage des services et la restitution
des éléments d’appréciation des résultats des politiques publiques sera
effectivement en place.
L’Inspection Générale des Finances (IGF) en tant que service d’audit supérieur du
Gouvernement, peut procéder à toute mission de contre-vérification, au second degré de
toutes les situations douanières, fiscales ou parafiscales des contribuables ou redevable
d’impôts, droits, taxes ou redevances, soit en cas de découverte d’une fraude lors de
l’exécution d’une mission de contrôle ou de contre-vérification, soit sur une réquisition des
autorités politiques et administratives, soit sur une réquisition des autorités judiciaires,
soit par une dénonciation de tiers.
53
L’ordonnance n°87-323 du 15/9/1987 (Article 2) telle que modifiée par l’Ordonnance n°91 – 018 du 6 mars 1991. Le
décret n°034-B/2003 du 18 mars 2003 et le décret n° 04/18 du 19 février 2004.
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 166
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
Conformément aux termes du décret organique, l’Inspection Générale des Finances est
organisée en six (6) brigades spécialisées :
En matière de ressources humaines, les Inspecteurs des Finances sont des cadres
de haut niveau. Cependant, un rajeunissement s’impose compte tenu de l’âge avancé de
la majorité d’entre eux.
Le statut et surtout les missions ainsi définies de l’Inspection Générale des finances
en font tout autant un corps d’expertise qu’un corps de contrôle traditionnel.
2° Contraintes et perspectives
L’Inspection Générale des Finances ne pouvait agir que sur demande expresse du
Ministre des Finances. L’approbation préalable conduisait, comme ce fut le cas en 2007,
à une véritable vacance de l’institution sur plus de six mois, faute de visa ministériel.
Les missions dévolues à l’Inspection Générale des Finances sont difficilement mises en
œuvre du fait des pesanteurs politiques et de l’inadéquation des moyens de contrôle.
Dans le cadre de ses missions, l’Inspection Générale des Finances connaît des conflits de
compétences avec la Direction Générale des Impôts en particulier sur le contrôle fiscal.
Aussi, pensons-nous que les textes doivent être suffisamment clairs pour éviter
l’interférence de qui ce soit dans la conduite des missions de l’Inspection Générale des
Finances et tout en évitant aussi que celle-ci n’abuse de ses pouvoirs. De plus, les
inspecteurs en mission rencontrent des réticences à obtenir l’information désirée. Il s’agit
notamment des difficultés des banques à établir les relevés journaliers des recettes
encaissées par Centre, de certaines informations classées sans base légale, « secret
défense ».
A l’issue de missions d’inspection, les sanctions, quand elles sont prises, retombent sur
des agents qui ont agi sous les ordres de responsables politiques et administratifs,
responsables en dernier ressort des actes posés. Les suites réservées aux conclusions des
vérifications sont souvent décevantes et frustrantes.
Les inspecteurs des finances, tout en gardant leurs titres, sont parfois nommés à des
postes de responsabilité au niveau des services et organismes publics dont ils ont vocation
naturelle à assurer le contrôle, par la pratique de mise en détachement, en contradiction
avec les dispositions de l’article 26 de l’ordonnance n°91/019 du 6 mars 1991, telles que
modifiées et complétées à ce jour, portant règlement d’administration relatif à la carrière
et aux fonctions d’inspecteurs des finances. Cette situation pourrait être source de gêne
en cas de contrôle par un inspecteur des finances desdits services et organismes.
Des capacités financières très limitées malgré l’autonomie de gestion consacrée par
le texte de création de l’institution
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 169
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
Le constat est que les budgets successifs de l’Inspection Générale des Finances ont
été exécutés au-delà de 40% de l’enveloppe. L’autonomie financière devrait permettre à
cette institution de bénéficier de souplesse dans la gestion de ses dotations, par un
déblocage périodique de ses crédits, pour lui permettre de faire face aux impératifs de sa
mission.
Les perspectives
Pour rester fidèle à la philosophie classique du contrôle supérieur de la gestion des deniers
publics et au respect des textes légaux, il faut :
La Cour des Comptes est une juridiction financière qui a pour vocation de contrôler
notamment l’emploi des deniers des personnes publiques, l'exécution de la loi de finances
et plus précisément le contrôle de la gestion des ordonnateurs et des comptables publics.
Contrairement aux autres pays francophones ayant institué des Cours de discipline
budgétaire et financière, la République Démocratique du Congo a confié cette mission à
la Cour des Comptes. En effet, le cadre juridique et institutionnel de la Cour des comptes
est précisé dans les dispositions de l’article 187. Cette disposition nous semble-t-il est
contraire au principe fondamental et constitutionnel de la séparation des pouvoirs.
La Constitution du 18 février 2006 a institué une Cour des Compte qui relève de
l’Assemblée nationale (Article 178). Elle renvoyait à une loi organique la composition,
l’organisation et le fonctionnement de cette institution (179). Celle-ci est intervenue le 13
novembre 2018.
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 170
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
« La Cour des comptes contrôle, dans les conditions fixées par la loi, la gestion des
finances de l’État, des biens publics ainsi que les comptes des provinces, des entités
territoriales décentralisées ainsi que des organismes publics. Elle publie, chaque année,
un rapport remis au Président de la République, au Parlement et au Gouvernement. Le
rapport est publié au journal officiel » (Article 180).
Il faut noter que la Cour des Comptes n’est pas une nouveauté dans le paysage
juridique congolais elle a toujours bénéficié d’une reconnaissance constitutionnelle.
Prévue dans les constitutions de la Première et de la Deuxième République, la
Cour des Comptes a vu sa composition, son organisation et son fonctionnement définis
plus tard par l’ordonnance-loi n°87-005 du 06 février 1987. Le fait pour la Juridiction de
figurer dans la Constitution, parmi les Institutions de la République, répond à l’un des
critères essentiels posés par les normes INTOSAI pour qualifier une Institution Supérieure
de Contrôle juridictionnelle des finances publiques.
La Cour est appuyée dans sa mission par des directions techniques qui disposent
de cadres de haut niveau professionnel. Outre une direction chargée des études, de la
formation, de la documentation et des archives, il existe quatre directions pour
accompagner au plan technique les différentes sections de la Cour des Comptes. Il s’agit
de : la Direction des comptes publics du Pouvoir central, la Direction de la Discipline
Budgétaire et Financière, la Direction des comptes publics des entités décentralisées et la
Direction des établissements publics.
54
Elle est subdivisée en trois sections qui peuvent être divisées en chambres :
- la section chargée des comptes des services de l’Etat et entités décentralisées ;
- la section chargée des établissements et organismes publics et mixtes ;
- la section chargée des fautes en matière de discipline budgétaire et financière.
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 171
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
Les membres de la Cour des Comptes ont la qualité de magistrats. Ils bénéficient
d’un privilège de juridiction car les infractions commises par «les membres de la Cour des
Comptes et les membres du parquet près cette Cour » sont soumises à la Cour de
Cassation en premier et dernier ressort, (art. 153 de la Constitution).
La Cour des Comptes ne dispose pas d’une autonome financière comme c’est le
cas pour l’Inspection Générale des Finances qui a pourtant moins de prérogatives en
matière de contrôle. Cette absence d’autonomie ne lui permet pas d’organiser et de mettre
en œuvre son programme de travail et d’activités. Elle est soumise au Ministre du Budget
pour le financement de ses activités.
Ce qui est évident est qu’après plus de 30 ans d’existence, le bilan de la cour des
comptes est globalement négatif au regard des missions lui dévolues par le législateur.
Elle n’a produit jusqu’à ce jour, aucun arrêt. Par ailleurs, les audits de la Cour des Comptes
ont rarement conduit à des sanctions négatives à l’endroit des gestionnaires publics. Est-
ce pour dire que les finances publiques sont bien gérées en République Démocratique du
Congo ? Notons toutefois, que la Cour des Comptes a produit de nombreux rapports
démontrant la mauvaise utilisation des deniers publics à travers ses notes d’observation.
La Cour des Comptes bénéficie donc d’un arsenal juridique à même de lui permettre
de jouer efficacement son rôle. Les prérogatives et pouvoirs conférés à la Cour sont
nombreux et variés :
l’obligation du secret professionnel n’est pas opposable aux magistrats et agents
de la Cour à l’occasion de leurs investigations (Article 19) ;
la Cour a le pouvoir d’entendre tout dirigeant ou agent des établissements
soumis à son contrôle ainsi que tous les membres des corps de contrôle qui
sont déliés du secret professionnel à l’égard de la Cour des Comptes (Article
47) ;
la Banque Centrale du Congo, en tant que caissier de l’Etat, doit tenir à la
disposition de la Cour, la situation des comptes de gestion de l’année
précédente. (Article 24 de la convention du caissier de l’Etat du 20 janvier
2004).
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 172
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
- Cependant, l’institution connaît des limites d’ordre juridique qui, à notre sens,
ne peuvent pas expliquer cette contre-performance
Un critère posé par les normes de l’INTOSAI, pour consacrer une Institution
Supérieure de Contrôle, concerne son indépendance tant à l’égard du pouvoir exécutif
que législatif. Or, l’alinéa 2 de l’article 178 de la Constitution congolaise situe en ces
termes la position de la Cour : « La Cour des comptes relève de l’Assemblée nationale ».
Même si, dans les faits, l’Assemblée ne semble exercer aucune tutelle d’aucune sorte sur
la Cour, il reste qu’apparaît ainsi formellement une évidente contradiction au principe
fondamental de la séparation des pouvoirs, à savoir qu’une autorité juridictionnelle ne
peut dépendre d’une institution parlementaire.
Ceci résulte des dispositions de l’article 178 dans son alinéa 3 : « les membres de
la Cour des comptes sont nommés, le cas échéant, relevés de leurs fonctions par le
Président de la République, après avis de l’Assemblée nationale ».
Le contrôle des comptes des opérations financières de l’Etat est assuré par les
comptables publics.
La reddition des comptes présente quelques faiblesses. Ces faiblesses sont dues
principalement au caractère non-opérationnel de la direction de la comptabilité publique.
Ici, le comptable n’assume pas toutes ses fonctions de comptable public payeur et
caissier. En général, son rôle est d’assurer la paie et le remboursement de certains frais
aux fonctionnaires de l’Etat. Pour ces paiements qui passent par lui, il ne dispose pas des
pièces justificatives qui ont été à l’origine du paiement. Il ne dispose d’aucune preuve de
la légalité et de la régularité de la dépense. Il doit seulement justifier les ressources mises
à sa disposition. Comment, dans ces conditions, le comptable public peut-il être soumis
au contrôle juridictionnel de la Cour des Comptes ? Les pièces justificatives qui ont servi
à l’établissement du titre de paiement sont en possession de l’ordonnateur. Les autres
dépenses de l’Etat, notamment celles passées avec les opérateurs économiques ne
passent pas par le comptable. Les paiements sont effectués par la Direction du Trésor et
de l’Ordonnancement par l’Ordonnateur Délégué et le Directeur du Trésor et de
l’Ordonnancement. Les pièces justificatives sont conservées au niveau de cette direction.
N’étant pas des comptables principaux, ces deux responsables ne sont pas justiciables de
la Cour des Comptes.
Le constat est que l’existence du compte de gestion est mise en question du fait
du non-respect de la séparation des fonctions d’ordonnateur et de comptable et du cumul
de ces deux fonctions par l’ordonnateur, malgré les dispositions pertinentes de la loi du
13 juillet 2011 relative aux finances publiques (article 102 – de la compétence et de la
responsabilité en matière d’exécution du budget). D’où la difficulté d’obtenir des
informations financières fiables devant permettre d’élaborer tout projet de loi de
règlement.
3. Proposition pour l’efficacité du contrôle de la cour des comptes sur les opérations
financières de l’Etat
55
A titre d’exemple, le calendrier suivant peut être proposé :
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 177
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
Il s’agit de la réalisation pour la comptabilité de l’Etat, d’un vaste chantier dans les
domaines de :
L’expérience révèle des limites dans la mise en œuvre des contrôles parlementaires tant
au niveau national que provincial.
L’article 127 de la loi du 13 juillet 2011 relative aux finances publiques est ainsi libellé :
« Le contrôle parlementaire est un contrôle politique.
Le Parlement veille, au cours de la gestion annuelle, à la bonne exécution de la loi de
finances.
Les informations qu’il demande ou les investigations sur pièces ou sur place qu’il entend
conduire, ne peuvent lui être refusées.
Il procède à l’audition des ministres et des responsables des programmes.
Le contrôle parlementaire a posteriori de l’exécution des lois de finances du pouvoir central
s’exerce lors de l’examen et du vote du projet de loi portant reddition des comptes. A
cette occasion, le Parlement prononce, s’il échet, la décharge des ordonnateurs ».
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 179
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
Ils sont déterminés par les dispositions des articles 138 et suivants de la
constitution qui peuvent conduire à la saisine des juridictions. Concernant les modalités
de contrôle, l’article 138 dispose ce qui suit :
- « la question orale ou écrite avec ou sans débat non suivie de vote ;
- La question d’actualité ;
- L’interpellation ;
- La commission d’enquête ;
- L’audition par le gouvernement.
REGIME DES SANCTIONS RELATIF A L’EXECUTION DES LOIS DE FINANCES (Loi du 13 juillet
2011)
« Article 128
Les ordonnateurs sont responsables des certifications qu’ils délivrent.
Les membres du Gouvernement encourent, en raison de l’exercice de leurs fonctions, les sanctions prévues
par la Constitution et les lois de la République, ils sont également responsables des résultats atteints par
rapport aux objectifs attachés au budget de programmes établi et exécuté sous leur autorité.
Les ordonnateurs, autres que les membres du Gouvernement, et les comptables publics encourent une
sanction qui peut être disciplinaire, civile et/ou pénale ».
« Article 129
Est passible d’une sanction pour faute de gestion au niveau du pouvoir central, toute personne :
- qui n’aura pas respecté les règles d’engagement des dépenses ;
- qui aura engagé des dépenses sans en avoir le pouvoir ou reçu délégation ;
- qui aura engagé des dépenses sans disponibilité des crédits ;
- qui aura effectué une dissimulation de nature à permettre la fausse imputation d’une dépense ;
- qui se sera procuré à soi-même ou à autrui un avantage injustifié, sous toute forme, entraînant un
préjudice pour le pouvoir central ;
- qui aura omis en méconnaissance de la loi fiscale, de remplir les obligations qu’elle impose aux fins
d’avantager indument les contribuables ;
- qui aura enfreint les règles relatives à l’exécution des recettes et des dépenses du pouvoir central
ou à la gestion des biens appartenant au pouvoir central ou qui, chargée de la tutelle ou du contrôle
des services du pouvoir central, aura donné son approbation aux décisions incriminées.
La sanction pour faute de gestion réside dans la condamnation de la personne incriminée, à une amende
dont le montant ne pourra atteindre le double du traitement ou salaire brut annuel alloué à la date de
l’infraction sans être inférieur au quart ».
Outre les sanctions énumérées ci-dessus, le fonctionnaire encourt une sanction disciplinaire, civile et/ou
pénale.
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 180
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« Article 130
Toute personne qui s’ingère dans les opérations de recettes, de dépenses ou de maniement de
valeurs sans avoir qualité pour le faire ou sans avoir le titre de comptable public, est réputée
comptable de fait. Sans préjudice des sanctions pénales ou administratives qu’elle peut encourir,
elle est soumise aux mêmes obligations et assume les mêmes responsabilités qu’un comptable
public ».
« Article 131
Sans préjudice des dispositions du code pénal, les fautes de gestion visées à l’article 129 de la
présente loi commises par les contrôleurs budgétaires, les comptables publics, les ordonnateurs
autres que les membres du Gouvernement et les responsables d’institution, sont examinées et
jugées par la Cour des Comptes.
Ce qui est évident est que malgré l’existence d’un dispositif législatif et
réglementaire pertinent, l’efficacité de ce dispositif est mise en doute du fait des pratiques
de gestion et de l’impunité constatées, les mandataires et gestionnaires publics étant
rarement mises en cause dans le cadre de leur gestion par la justice congolaise (Justice
financière).
Elle passe par l’information sur la gestion financière. L’information est en effet un
élément indispensable du contrôle. Celle-ci est destinée non seulement au parlement mais
également à la Cour des Comptes. Elle provient des diverses sources qui émettent de
différents rapports.
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 181
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
- des acteurs aux rôles et aux responsabilités clairement définis : la distinction doit
être claire entre secteurs public et privé et au sein du secteur public entre autorités
budgétaire, monétaire et administrative.
- l’accès du public à une information exhaustive et sincère, publiée à des intervalles
réguliers.
- des procédures de présentation, d’élaboration et d’exécution des budgets
comptablement normalisés et certifiées.
- Un examen contradictoire et indépendant de l’information budgétaire.
C’est toujours par l’apposition de son visa préalable que le contrôleur concrétise
son contrôle dont le domaine est envisagé de manière très large. Il ne peut être passé
outre un refus de visa du contrôleur qu’avec l’accord du Ministre des Finances et/ou du
Budget (sous la forme de l’avis conforme de ce dernier) après une discussion entre le
Ministre intéressé, le contrôleur et le Ministre des Finances et/ou du Budget quant à la
proposition d’engagement. Comme on l’a vu ci-avant, il se pose encore des problèmes
dans l’exercice du contrôle financier public.
2) Du gouvernement
Leurs rapports font rarement l’occasion d’un examen sérieux au niveau des
chambres législatives.
l’évaluer. Les seuls instruments dont il dispose sont ceux qu’il utilise dans le cadre du
contrôle de la régularité : à titre principal, les rapports de la Cour des Comptes,
insuffisamment exploités. Ainsi, des instruments d’évaluation existent mais ne permettent
pas d’évaluer correctement l’efficacité de la dépense publique alors que ce contrôle est
devenu une nécessité.
Par ailleurs, pour apprécier l’efficacité des finances publiques d’une manière plus
générale, il conviendrait de procéder à des évaluations des recettes publiques par des
simulations fiscales. Cependant, celles-ci sont rarissimes. Le parlement est donc démuni
de tout moyen pour évaluer les éventuelles réformes fiscales, la fiscalité étant une affaire
technique réservée aux spécialistes et que peu de parlementaires maîtrisent cette matière.
Deux constats sont à relever ici : la gestion et le contrôle des finances publiques
restent deux enjeux majeurs de la gouvernance publique (A) ; l’exécution budgétaire est
manifestement laxiste et exclue toute idée de performance en l’absence de sanctions à
l’égard des mandataires et gestionnaires indélicats (B).
pouvoir central, finances des provinces et des entités territoriales décentralisées qui
jouissent de l’autonomie de gestion de leurs ressources à intégrer dans le budget national.
Ce qui donne une fiscalité à triple vitesse compliquant sérieusement la gestion budgétaire.
Le cadre juridique et institutionnel fixe les attributions des ministères reste une
source potentielle de confusion et de conflits de compétence entre les ministères en
charge des finances et du budget à travers leurs administrations respectives.
Pour l’exécution des missions leur dévolues par le législateur, deux directions
participent étroitement au processus de gestion du budget de l’Etat :
De plus, les Gouverneurs des provinces sont ordonnateurs généraux des budgets
de leurs provinces. Ils délèguent en fait ce pouvoir à leurs ministres provinciaux chargés
des finances et du budget, selon la configuration du gouvernement provincial.
Cette chaîne a introduit une répartition des compétences entre les acteurs
impliqués dans la gestion des dépenses entre les gestionnaires de crédits des ministères
sectoriels, services et institutions bénéficiaires des dotations budgétaires, des sous-
gestionnaires et contrôleurs budgétaires affectés (CBA), tous deux relevant du Ministère
du Budget. Les premiers traitent des propositions d’engagement de crédits et de
liquidation des dépenses, les seconds relevant du ministère chargé des finances et de la
Banque Centrale du Congo, exécutent les opérations liées à l’ordonnancement et au
paiement des dépenses.
Le circuit informatisé est un outil efficace d’aide à l’exécution des dépenses car il
permet :
Le circuit est aussi caractérisé par une série de trois contrôles au lieu des quatre
consacrés par le droit budgétaire universel correspondant aux quatre étapes de la
dépense publique
Le circuit n’est donc pas en phase avec les instruments légaux et réglementaires
de la dépense publique
Les deux phases distinctes de la procédure de la dépense, respectivement
conduites par les gestionnaires et les ordonnateurs pour la phase administrative et par
les comptables publics pour la phase comptable, ne sont pas respectées. Le comptable
public congolais participe au processus en tant que « billeteur », intermédiaire de
paiement c’est-à-dire un agent chargé de la paie des salaires et autres avantages
pécuniaires des fonctionnaires de l’Etat. Il reçoit un document de paiement appelé
« Attestation » délivrée par l’Ordonnateur délégué du Gouvernement. Cette attestation
autorise le paiement d’une certaine somme au comptable public, avec une précision sur
la destination. Elle fait référence à un Ordre Permanent Informatisé (OPI) (numéro et
date précisés). Ce document ne précise pas l’imputation budgétaire et il n’est accompagné
d’aucune pièce justificative. Le Comptable public n’a pas accès à l’OPI ni aux pièces
justificatives. Il ne vérifie donc pas les pièces justificatives ayant occasionné
l’ordonnancement. Il n’engage donc pas sa responsabilité et n’est pas justiciable devant
la Cour des Compte dans le cadre du contrôle juridictionnel.
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 190
Cours de Finances Publiques L2 Droit, Sciences Po, Economie
L’implication effective des ministres dans la chaîne de la dépense pour valider les
visas des contrôleurs budgétaires et les ordonnancements de l’Ordonnateur
délégué leur confère des pouvoirs exorbitants
Les informations recueillies auprès des services de contrôles financiers révèlent que
30 à 40 % des dépenses régulièrement prévues dans la loi de finances initiale. Cette
exécution budgétaire à double vitesse est l’antonyme de la performance. Cette gestion
caractérisée par une sur-exécution pour certains services et une sous-exécution pour
d’autres que stigmatise régulièrement la Cour des Comptes dans ses rapports devant les
chambres législative.
Ce qui est évident est que depuis plus d’une dizaine d’années, il est constaté des
dépassements de lignes de crédits octroyées à certaines institutions de la République.
Le constat est que, l’exécution des dépenses souffre d’un contrôle budgétaire
inefficace dû au non seulement au manque de volonté politique mais également du fait
du manque de moyens matériels et autres.
Rappelons que ce sont les régies financières qui sont chargées du recouvrement
de toutes les recettes publiques.
Ainsi, pour apprécier la performance en matière de recouvrement des recettes, il faut
partir de la base juridique du circuit d’exécution pour en évaluer l’efficacité.
Le décret n° 007 du 2 février 2002 relatif au mode de paiement des dettes envers
l’Etat et ses textes d’application constituent une violation de l’ordonnance n°73/235
du 13 août portant création du cadre des comptables publics
Le comptable public mis à la disposition de la régie n’est pas impliqué dans le circuit
de la recette et ne fait qu’enregistrer les avis de crédit transmis par la Banque Centrale
du Congo (BCC). Il tient une comptabilité mensuelle à partir des avis de crédit où il fait
ressortir les statistiques concernant les montants par imputation budgétaire. Il n’a aucune
responsabilité dans le recouvrement des créances fiscales qui relève plutôt du responsable
de la division recouvrement de la régie financière concernée et des intermédiaires
financiers. Aucun de ces acteurs n’a la qualité de comptable public. Le comptable public
est marginalisé, confiné dans le rôle de recevoir les avis de crédit de la Banque Centrale
du Congo pour des fins de calcul arithmétique et de classification selon la nomenclature
des recettes.
Le système mis en place par le décret n° 007 du 2 février 2002 relatif au mode de
paiement des dettes envers l’Etat permet de réduire au maximum la manipulation des
deniers entre les mains des comptables et autres agents, ce qui diminue les risques de
perte et de détournement. Cependant, sa principale faiblesse est le fait d’éviter le contrôle
du comptable public.
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 193
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Le budget se fonde sur la logique de l’affectation. Cette logique doit être examinée
et construite sur certains paramètres ou instruments.
1. La planification stratégique
Il faut éclairer ce progrès dans la réalisation des objectifs. Les pays développés ont
un cadre macro-économique et les réalisations suivent. Dans les pays du Tiers Monde, la
situation économique est difficile et la sensibilité au choc extérieur fait que les mesures
des résultats doivent intégrer ces éléments.
A titre indicatif, si on prend pour exemple l’éducation nationale dont il faut relever
le niveau secondaire dans un délai de 10 à 15 ans, il faut donner les moyens et se poser
la question tout le temps sur ce qui a été fait et ce qui reste à faire en prenant des mesures
correctives après avoir analysé les causes ayant perturbé la réalisation du programme.
3. L’évaluation du programme
Quand les structures à contrôler sont simples, les opérations de contrôle sont
aisées. Lorsqu’elles sont plus complexes (notamment en raison d’un mélange des deniers
publics et privés), elles ne peuvent qu’alourdir la tâche des contrôleurs et perturber la
maîtrise du système de contrôle.
A. Les préalables
Le pouvoir exécutif doit avoir une connaissance parfaite des prévisions macro-
économiques et le taux de croissance au niveau mondial pour en tirer les conséquences
au plan national.
Chaque pays doit savoir qui sont ses principaux partenaires en matière
d’importation et d’exportation. C’est là que le rôle de la Banque Centrale devient
important pour fournir les données statistiques se rapportant aux relations avec ces
partenaires.
Il est à noter que le rôle du Fonds Monétaire International consiste à aider à faire
des prévisions.
A partir de ces données, les perspectives sont élaborées, c’est à ce moment que le
budget prend en compte tous ces éléments pour mettre les moyens à telle ou telle logique.
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 197
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Celle-ci doit être examinée dans son volet public et privé. S’agissant des
investissements publics, il faut s’assurer de leur rentabilité économique et financière ainsi
que leur amortissement. Quant aux investissements privés, il faut les encourager et dans
ce cas le Parlement doit jouer un rôle déterminant pour leur sécurisation, à la fois juridique
et judiciaire. D’où l’intérêt d’élaborer de bons codes de commerce, des investissements,
de douanes et des impôts.
Elaborer un budget, c’est faire un choix des priorités, c’est donc un débat qui doit
être nourri à la fois par la réflexion intellectuelle et les données statistiques.
Le budget peut être présenté en déficit. Ce déficit devant être consacré aux dépenses
d’investissement. Il nous faut prendre de bonnes habitudes budgétaires qui passent par
le respect des règles macro-économiques. Le Parlement doit être réaliste et constituer un
vrai contre-poids à l’optimisme de l’exécutif. Il est conseillé au gouvernement d’avoir une
bonne maîtrise du budget qui passe par l’amélioration de la gouvernance.
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 198
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Le soin pris pour réaliser les équilibres et pour appliquer les règles de transparence
relève de la bonne gouvernance. Celle-ci a plus de garantie d’être fructueuse lorsqu’il est
prévu, pour toute somme à encaisser ou pour tout montant à dépenser, une quotité à
affecter au contrôle en vue de s’assurer de la bonne réalisation de l’opération, d’en rendre
compte au public ainsi que de dissuader toute prédation et de réprimer toute infraction
aux règles de bonne gouvernance.
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 199
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CONCLUSION GENERALE
(Tirée de l’ouvrage de Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU, « Les finances publiques ».
Pour une meilleure gouvernance économique et financière en République Démocratique du Congo,
Bruxelles, éd. Larcier, 2006)
Les développements précédents nous ont permis d’avoir une vue d’ensemble sur
la gestion des finances publiques et de mesurer la profondeur de la crise économique et
financière qui perdure depuis plus de trois décennies. En dépit des efforts entrepris au
cours de quatre dernières années, la gestion des finances publiques a été et reste encore
à la limite de l’orthodoxie, ce qui montre la dimension de la tâche en vue d’une meilleure
gouvernance devant permettre de relever les défis du développement.
Avant de se pencher sur les pistes à explorer pour retrouver les standards
universels en matière de gestion financière, il y a lieu de cerner les contenus et les
contours de la gouvernance.
Qu’entend-on par gouvernance économique et financière pour les pays en
développement ?
La gouvernance peut être entendue comme un mode de contrôle, d’organisation
et de régulation s’exerçant au sein d’entités économiques ou géopolitiques complexes plus
ou moins étendues 56.
Rappelons que c’est à la fin des années 80 que, face aux mauvais résultats
économiques des pays en développement, les bailleurs de fonds multinationaux et en
particulier la Banque Mondiale, ont suggéré aux pays concernés de procéder à
l’ajustement de leurs politiques économiques, notamment par l’assainissement de leurs
finances publiques en vue de résoudre les problèmes de leur endettement. Un rapport de
la Banque Mondiale de 1989 soulignait que le redressement économique dans les pays en
développement nécessite un « good governance ». Depuis lors, ces bailleurs exigent des
Etats concernés d’améliorer la gestion de leurs finances publiques par une bonne
gouvernance, celle-ci devenant une conditionnalité.
Trois conceptions de la gouvernance doivent être relevées ici :
1° La « bonne gouvernance » prescrite alors aux pays en développement est
d’inspiration libérale et se traduit par la nécessité d’opter pour l’équilibre budgétaire
dans la gestion budgétaire (réforme fiscales, réduction des dépenses publiques,
suppression des subventions, libéralisation des échanges extérieurs (marchandises et
56 On distingue principalement la gouvernance globale (au niveau de l’économie mondiale), la gouvernance – pays (au niveau des
Etats-Nations) et la gouvernance – entreprise (même si d’autres niveaux ou domaine de gouvernance sont à mentionner :
gouvernance urbaine, gouvernance de l’internet.
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 200
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L’Inspection Générale des Finances (IGF) a pour mission d’auditer l’ensemble des
administrations financières ainsi que toutes les entreprises qui bénéficient, à un titre ou à
un autre, de financement de l’Etat.
2. Le Ministère du Budget
Le Ministère du Budget est chargé d’assurer l’élaboration, le suivi et le contrôle
de l’exécution du budget de l’Etat, le règlement définitif du budget de l’Etat, l’encadrement
des dépenses publiques et le contrôle de la paie.
Dans l’accomplissement de leurs tâches respectives, les Ministère des Finances et
du Budget sont appuyés par une cellule technique.
La cellule informatique interministérielle (CII) est un service interministériel mais
conjointement à la disposition du Ministère des Finances et du Ministère du Budget avec
autonomie technique et indépendante de différents services en charge de l’exécution du
budget.
3. Le Ministère du Portefeuille
Le Ministère du Portefeuille n’intervient pas dans le circuit de la dépense publique.
Son rôle, en tant qu’autorité de tutelle sur les entreprises du Portefeuille de l’Etat
(entreprises publiques et d’économie mixte) est de veiller à la rentabilité économique et
financière de ces entreprises. Il intervient dans la mobilisation des recettes de l’Etat,
principalement les dividendes attendus lorsque ces entreprises présentent des résultats
bilantaires positifs. Ce qui n’est plus le cas depuis plus d’une vingtaine d’années.
Le Conseil Supérieur du Portefeuille, cellule technique, placé sous sa
responsabilité, est chargé d’assister le gouvernement dans le suivi et le contrôle des
entreprises publiques ainsi que la gestion des participations de l’Etat dans les sociétés
d’économie mixte. Cette structure ne nous semble pas à la hauteur des attentes. Au lieu
de contribuer au redressement des entreprises du Portefeuille, le Conseil Supérieur du
Portefeuille, fonctionnant sans moyens matériel et financier, vit aux mamelles de ces
dernières en termes de collation pour les séminaires, prise en charge de ses agents pour
les missions à l’extérieur et dans le pays.
4. L’intervention du Parlement
Conformément aux dispositions constitutionnelles, le Parlement assure la mission
de contrôle du gouvernement en matière financière par le moyen du vote de la loi annuelle
des finances et des lois de règlement. La Commission Economique et Financière de
l’Assemblée Nationale est chargée d’examiner les projets de loi de nature financière et
d’interroger les membres du gouvernement et les autorités administratives sur la manière
Pr Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU 204
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dont sont gérées les finances de la République. Une fois la loi de finances définitivement
votée, il appartient au Gouvernement d’en assurer l’exécution. Les crédits ouverts par les
lois de finances sont mis à la disposition des Ministres, une mise à disposition qui se fait
par décrets de répartition pris en Conseil des Ministres.
L’autorisation parlementaire qui découle du vote de lois des finances n’est pas
figée et c’est pour deux raisons. En premier lieu, la nature des différents crédits visés
dans la loi des finances permet des variations. En second lieu, l’autorisation peut faire
l’objet de modification de la part du Gouvernement ou du Parlement dans les conditions
fixées par la loi organique. Si ces principes peuvent être maintenus, les conditions de
modification doivent être soumises à un contrôle afin d’une part de renforcer l’efficacité
de la gestion publique et d’autre part, améliorer le contrôle parlementaire. Dès lors, il faut
s’interroger sur la portée de cette autorisation. En évoquant la portée de cette
autorisation, on sous-entend que la loi de finances n’est pas une loi impérative, ce qui
pourrait constituer un paradoxe. Cependant, ces termes signifient que les dispositions
qu’elle édite sont susceptibles de variations ou d’une application souple. A condition que
l’on n’en fasse pas un usage abusif.
L’expérience au cours de deux dernières années révèle que le Parlement n’a pas
su jouer pleinement son rôle principalement en ce qui concerne les modifications
apportées par l’Exécutif dans le domaine de la gestion financière de dépenses de l’Etat.
La Cour des Comptes exerce, on l’a vu, un pouvoir général et permanent de
contrôle juridictionnel sur la gestion des finances publiques en assurant la transparence
de l’emploi des deniers publics, en éclairant le Parlement, le Gouvernement et les citoyens
sur la gestion publique. Pendant plus d’une vingtaine d’années, elle n’a pas été mise à
contribution pour assurer la transparence dans la gestion des finances publiques.
ailleurs, certaines ressources propres des budgets annexes et budgets pour ordre et les
dépenses correspondantes, ne sont pas intégrées ou consolidées dans le budget de l’Etat
et les rapports budgétaires.
Une constante est observée dans le cycle d’élaboration des budgets depuis près
d’une décennie : le non-respect du calendrier.
Parfois les prévisions budgétaires sont élaborées sans concertation avec les
ministères sectoriels. Globalement, la nature inefficace de la communication entre la
Direction de la Préparation et de Suivi Budgétaire et les ministères sectoriels dans cette
phase limitent l’implication des ministères et des administrations et conduit à la
déresponsabilisation de ces administrations dans l’exécution du budget.
B. L’exécution budgétaire :
C’est l’une des faiblesses du système de gestion des finances publiques. En effet,
depuis plus de trois décennies, les gouvernements de la République ont pris le plaisir de
ne pas se conformer à cette norme élémentaire de gestion des finances publiques. A la
demande des Institutions de Bretton Wood, le gouvernement a présenté les comptes de
2003 au mois de novembre 2004 sur pression de l’Assemblée Nationale. Mais ces comptes
n’ont pas fait l’objet de discussion au Parlement.
La responsabilité pour la reddition des comptes et l’élaboration de la loi de
règlement sont confiées à la Direction de la Reddition Générale des Comptes.
Conformément aux dispositions des articles 162 et 163 de la Constitution de la Transition
et des articles 25, 27, 44 et 45 de la loi financière de 1983, le Gouvernement a rendu
compte en 2005, de l’exécution du Budget de l’Etat du dernier exercice clos en présentant
les réalisations des recettes et l’exécution des dépenses. Dans ses observations relatives
au projet de loi portant Arrêt des Comptes et Règlement définitif du Budget de l’Etat pour
l’exercice 2003, la Cour des Comptes émet des doutes sur la fiabilité des données de la
reddition des comptes en raison de discordances entre les données de la Direction des
Comptes et celles fournies par la Direction du Trésor et de l’ordonnancement, de l’OFIDA
et de la DGRAD.
D. La gestion de la Trésorerie :
Elle est assurée par la Banque Centrale du Congo en tant que Caissier de l’Etat
sous la surveillance de la Direction du Trésor du Ministère des Finances. En matière de
dépenses, la Direction du Trésor réalise toutes les mises en paiement par le biais du
système informatisé de la chaîne de la dépense. Le Compte Général du Trésor, avec huit
sous comptes, centralise normalement toutes les opérations financières de l’Etat tant en
recettes qu’en dépenses avec les anomalies signalées dans la comptabilisation. En
définitive la Banque Centrale du Congo n’assure que la consolidation partielle des comptes
bancaires qui portent uniquement sur ceux ouverts à son siège, ce qui bien entendu
conduit à des situations nettes négatives du Compte Général du Trésor.
Les autres comptes, nombreux (plus de 700) ouverts auprès des banques
commerciales, parfois sans autorisation du Ministère des Finances, continuaient à être
opérationnels jusqu’à la dernière recommandation du Fonds Monétaire Internationale en
2004 proposant leur suppression dans le cadre de la bonne gouvernance. L’utilisation des
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fonds qui se trouvaient dans lesdits comptes n’a pas fait l’objet d’un audit et n’a pas été
intégrée dans le tableau des opérations financières de l’Etat. On peut désormais s’attendre
à une rationalisation de la gestion de ces comptes dans le cadre de la politique
d’assainissement des finances publiques.
Ils sont ou devraient être organisés par des organes ou organismes spécialisés de
l’Etat. La Direction de la comptabilité & budget (DCB) et la Direction du Trésor et de
l’ordonnancement exercent les contrôles internes à l’administration avant le paiement de
la dépense. Or, on a vu que certaines missions de la Direction de la Comptabilité sont
exercées, en matière des dépenses par la Direction de la Trésorerie. Des contrôles
internes sont aussi exercés après le paiement de la dépense par l’Inspection Général des
Finances (IGF) le service d’audit supérieur du Gouvernement sous la tutelle du Ministère
des Finances.
Le contrôle de l’inspection Générale, sous la forme d’audit interne, est exercé par
l’Inspection des Finances qui consiste à auditer l’ensemble des administrations financières
ainsi que toutes les entreprises qui bénéficient, à un titre ou un autre, de financement de
l’Etat. Il est tatillon. L’IGF ne dispose pas de programme structuré et détaillé des
vérifications ou d’audits à réaliser. Ses missions se limitent à des constats de mauvaise
gestion, non suivis pour la plupart de temps des sanctions. Ses missions sont ponctuelles
en réponse à des demandes exprimées par le Ministère des Finances ou autres. Si depuis
2004 on constate une amélioration sensible des audits réalisés par l’IGF, il reste à les
ramener aux procédures standards de la dépense. Une harmonisation des contrôles entre
le Cabinet du Ministère du Budget et celui du Ministère des Finances s’avère nécessaire.
C’est une conséquence du démembrement des attributions de Ministère des Finances
consécutif au partage du pouvoir entre les composantes politiques qui dirigent
actuellement le pays.
Par ailleurs, se pose le problème des capacités des agents de l’Inspection
Générale des Finances qu’il faut renforcer. De même qu’il est urgent de planifier le
rajeunissement du personnel pour plus d’efficacité.
F. Le contrôle juridictionnel
Celui-ci est assuré par la Cour des Comptes. Elle exerce un pouvoir général et
permanent de contrôle juridictionnel sur la gestion des finances publiques ; elle relève
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G. Le contrôle parlementaire :
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