Droit C
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Semestre : S 3
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Table des matières
Introduction ............................................................................................................................................. 4
PARTIE I. LE DROIT OBJECTIF ......................................................................................................... 7
Chapitre 1. La règle de droit .................................................................................................................... 9
Section 1. Les caractères de la règle de droit ...................................................................................... 9
1.1. Le caractère obligatoire de la règle juridique ...................................................................... 9
1.2. Le caractère général et abstrait de la règle juridique ......................................................... 11
1.3. Le caractère coercitif de la règle juridique : la sanction étatique ...................................... 12
Section 2. La règle de droit et les autres règles de conduite sociale.................................................. 14
2.1. La règle de droit et les règles de morale ................................................................................. 14
2.2. La règle de droit et les commandements religieux ................................................................. 16
2.3. La règle de droit et les règles de bienséance ou de convenance ............................................. 18
Chapitre 2. La classification des branches de droit ............................................................................... 19
Section 1. Classification relative au contenu de la règle de droit ...................................................... 19
1.1. Les règles de fond.............................................................................................................. 19
1.2. Les règles de forme ........................................................................................................... 19
Section 2. Classification relative à la force obligatoire de la règle de droit ...................................... 19
2.1. Les règles impératives ............................................................................................................ 20
2.2. Les règles supplétives ............................................................................................................. 20
2.3. Les divergences entre les règles impératives et les règles supplétives ................................... 20
Section 3. Critère relatif à la nature des relations juridiques (droit public et droit privé) ................. 22
3.1. La distinction entre droit public et droit privé ........................................................................ 23
3.2. Les matières relevant du droit privé ....................................................................................... 24
3.3. Les matières relevant du droit public ..................................................................................... 27
3.4. Les matières mixtes ................................................................................................................ 28
Chapitre 3 : Les sources de la règle de droit. ........................................................................................ 30
Section 1 : Les sources directes écrites : les textes ........................................................................... 30
1.1. La hiérarchie des normes ................................................................................................... 30
1.2. Les différents textes du droit marocain ............................................................................. 31
1.3. L’application des textes ..................................................................................................... 36
1.4. Le cas spécifique du droit musulman ................................................................................ 39
Section 2. Les sources non écrites : La jurisprudence et la doctrine ................................................. 48
2.1. La jurisprudence ................................................................................................................ 48
2.2. La doctrine ......................................................................................................................... 49
2
PARTIE II : LES DROITS SUBJECTIFS ............................................................................................ 50
Chapitre 1. Les titulaires des droits subjectifs ....................................................................................... 50
Section 1. Les personnes physiques .................................................................................................. 50
1.1. La personnalité juridique des personnes physiques ........................................................... 51
1.2. L’identification des personnes physiques .......................................................................... 52
Section 2: Les personnes morales...................................................................................................... 54
2.1. La notion de personne morale ................................................................................................ 54
2.2. Le statut juridique des personnes morales ......................................................................... 56
Chapitre 2. Les Sources du Droit Subjectif ........................................................................................... 58
Section 1 : Les actes juridiques ......................................................................................................... 59
Section 2. Les faits juridiques ........................................................................................................... 60
Chapitre 3. L’objet des droits subjectifs ................................................................................................ 61
Section 1. La distinction des droits patrimoniaux et des droits extra patrimoniaux .......................... 61
Section 2. Les biens corporels et les biens incorporels ..................................................................... 64
Section 3. Classification des choses .................................................................................................. 64
Section 4. La distinction des meubles et des immeubles ................................................................... 65
3
Introduction
L’homme est, par sa nature, social. En principe, il n’est jamais isolé mais il est
fait pour vivre en société. Il est porté à organiser sa vie avec les autres hommes.
Donc, il appartenait à une communauté humaine ou à un état. Autrement dit,
l’homme fait partie d’une société qui nécessite des relations entre ses membres
et des principes qui déterminent et protègent ses relations.
Qu'est-ce que le droit? Quelles sont les branches, les classifications et les
sources de droit ? Pourquoi doit-on s'instruire en droit et développer nos
connaissances et nos habilités juridiques? …etc. Ce sont normalement les
questions qui doivent vous préoccuper à ce début de ce cours.
Après avoir obtenu vos baccalauréats, vous avez choisi d’entreprendre des
études en économie et gestion et vous avez des cours de droit dans votre
cheminement académique en licence fondamentale. De même, vous venez
d’approcher la discipline de l’économie et gestion mais aussi d’étudier des
modules de droit, pourquoi? Quelle est l’utilité de ces modules dans votre
parcours universitaire en économie et en gestion?
L’étude du droit par des économistes et des gestionnaires comme vous est sans
nul doute une richesse de l’analyse économique. Le droit intervient dans le
domaine économique pour rétablir un minimum d’ordre, d’honnêteté et de
sécurité et ce, par la réglementation de la vie économique. Donc, le droit joue un
rôle essentiel dans la planification et la gestion de l’économie nationale.
L’organisation de cette économie nationale se réalise à l’aide d’instruments
juridiques tels que les lois, décrets, ordonnances. Par exemple, les règles
juridiques apparaissent dans l’activité des entreprises. En vertu des dispositions
juridiques, nous précisons le cadre juridique concernant la création des
entreprises.
4
Il parait clair que vous avez tous quelques idées vagues de ce qu’est le droit. La
majorité des humains pensent, sans doute, que le droit est particulièrement lié à
la contrainte et à la sanction. Ils croient que la signification de droit est limitée à
ce qui ordonne et ce qui interdit. Or, le sens du droit est beaucoup plus large que
cela. Il constitue un vaste champ de connaissance et de pratique juridique.
Partout, il y a du droit. Le droit régit la vie en société. Il surgit dans tous les
rapports humains et sociaux (rapports entre les époux, rapports entre les parents
et les enfants, rapports économiques, rapports des individus avec l’État, rapports
des États entre eux, etc.).
Autrement dit, la discipline du droit n’est pas liée seulement aux litiges et aux
poursuites. Le droit est omniprésent dans notre vie quotidienne. Cette présence
nécessite la connaissance de ses origines et de sa raison d’être. C’est ainsi que ce
cours d’Introduction à l’étude de droit consiste à donner une vue d’ensemble de
la règle juridique et des notions de base de droit. Il s’agit principalement d’un
éclairage dans le système juridique marocain actuel.
De plus, le droit, en tant que science juridique, a aussi son langage, son
vocabulaire ou sa terminologie. Certainement, il emprunte du langage habituel
son vocabulaire mais le sens en est parfois différent, plus large ou plus restreint.
Les mots ont aussi parfois deux sens. Prenant par exemple le mot "droit". Dans
un premier sens, il y a le droit qui vise l'ensemble des règles juridiques, ce qu'on
appelle "le droit objectif" et qui peut être traduit par le mot « Qânûn » en arabe,
« Law » en anglais. Dans un second sens, on entend par droit l'ensemble des
prérogatives, avantages et privilèges reconnues aux personnes dans leurs
rapports avec autrui sous la protection de l’état, on parle alors du "droit
subjectif" qui équivaut au terme arabe Haq et au terme anglais Right. Parmi les
5
droits subjectifs, nous citons, à titre d’exemple, le droit à la vie, le droit de vote,
le droit de propriété, etc.
Le droit recouvre, donc, deux ensembles distincts qui diffèrent fortement, même
qu'ils se situent en relation. Donc, le présent cours d'Introduction à l’étude du
droit suppose d'étudier d'une part le droit objectif et, d'autre part, le droit
subjectif.
Nous allons traiter, tout au long de ce semestre, les aspects essentiels et les
notions fondamentales relativement à l’étude du droit marocain. Rappelons qu’il
s’agit seulement d’une introduction à l’étude de droit. C’est pourquoi, nous
visons fournir un portrait de la discipline du droit marocain. Le contenu de ce
cours est divisé en deux parties portant respectivement sur le droit objectif (la
règle de droit, les grandes branches de droit positif, les sources du droit), les
droits subjectifs (Les personnes : les titulaires ou les sujets de droit, la
classification des droits subjectifs [les droits patrimoniaux الحقوق الماليةainsi
que les droits extra-patrimoniaux ] الحقوق غير الماليةet aussi les sources des droits
subjectifs). Ce sont ces deux parties qui feront principalement l’objet des
séances dispensées tout au long de ce semestre.
6
PARTIE I. LE DROIT OBJECTIF
Après avoir dégagé les définitions de la notion de droit et expliqué le rôle et la
fonction de droit dans la société, il s’agit maintenant de commencer la première
partie de ce cours qui porte sur le droit objectif en examinant la règle de droit,
les grandes branches de droit positif et les sources du droit.
Ainsi, il est essentiel de noter que ces règles qui déterminent ces relations
humaines et sociales sont indispensables pour protéger les libertés individuelles
et pour éviter la généralisation de la « loi de la jungle », du plus fort ou du plus
influent, etc. L’ensemble de ces règles juridiques « apparaissent avant tout
comme des règles de conduite qui sont absolument nécessaires : sans elles, la vie
en société serait inconvenable »4.
De plus, il ressort de ces définitions que les règles qui forment le droit objectif
sont générales et impersonnelles. C’est-à-dire, elles ne s’adressent pas à une
personne en particulier. Elles s’appliquent, sans distinction, à toute personne et
de la même manière sur un espace donné. Un tel caractère ainsi que d’autres
seront étudiés de manière détaillée en traitant la règle de droit.
1
Layachi Messaoudi et Abdallah Ounnir, Introduction à l’étude du droit et au droit marocain, Fès, Sofapress,
1998, p. 14.
2
Mohammed Jalal Essaid, Introduction à l’étude du droit, Rabat, collection connaissances, 2000, p. 35.
3
Abdelaziz Squalli, Introduction à l’étude du droit marocain, 4e édition, 1995, p. 25.
4
Mohammed Jalal Essaid, op. cit, p. 35.
7
Vu l’importance de droit objectif et les difficultés qui soulève, nous allons lui
consacrer tout une partie afin que cette essentielle notion soit bien comprise.
Nous abordons, en premier lieu, la règle de droit à travers sa définition, ses
caractéristiques, ses buts, ses fondements et sa distinction des autres règles de
conduite sociale. En second lieu, nous exposons les sources du droit. Cette
section vise à déterminer et analyser les sources de la règle de droit marocain en
traitant celles qui sont officielles ou écrite et celles qui sont non officielles ou
facultatives.
8
Chapitre 1. La règle de droit
D’une manière générale, la règle de droit est un mode d’organisation sociale.
Elle est destinée à gouverner la vie en société. Elle est considérée comme une
règle de conduite sociale, à côté d’autres comme la morale, la religion.
Autrement dit, les rapports sociaux ne sont pas déterminés uniquement par les
règles juridiques mais ils sont aussi régis par d’autres commandements et
principalement ceux qui dépendent de la religion et de la morale. À titre
d’exemple, les crimes comme l’homicide ou le vol sont condamnés par le droit,
la morale ou la religion.
Pour distinguer ces règles, nous soulignons que la règle de droit est
habituellement une règle de conduite sociale dont le respect est assuré par
l’autorité publique. La règle religieuse constitue un commandement prescrit par
la religion, alors que la règle morale est une norme qui établit une opposition
entre le bien et le mal.
C’est ainsi que ce constat nous conduit à préciser dans une première section les
caractères de la règle de droit. Dans une seconde section, nous essayons de
comparer la règle de droit par rapport aux autres règles de conduite. Enfin, la
troisième section sera consacrée à la classification de la règle de droit.
Tel que précisé plus haut, la règle de droit est habituellement une règle de
conduite sociale dont la sanction est assurée par l’autorité publique. C’est une
règle juridique qui réunit un certain nombre de caractères permettant de la
distinguer des autres règles de conduite qui relèvent de la conscience des
individus à savoir, les règles morales ou religieuses.
9
dans le besoin) ou une abstention (interdiction de voler, de tuer, etc.). C’est une
règle juridique qui émane essentiellement de l’état. Autrement dit, la règle de
droit est une règle élaborée par l’autorité publique qui l’impose à tous les
membres de la société et assure son respect et son application. À ce propos,
Abdelaziz Squalli affirme que « l’existence de la contrainte étatique (sanction)
est une garantie du respect de la règle de droit, puisque seul l’état détient le
monopole de cette contrainte. C’est l’état qui organise la société et par
conséquent qui édites les règles de droit »6.
C’est une règle qui présente une force obligatoire plus élevée puisqu’elle
s’impose de manière absolue à tous et, ni les individus ni les juridictions ne
peuvent écarter son application. Par exemple, le fait de porter atteinte à la vie
d’autrui est une infraction incriminée par le code pénal. C’est une règle
impérative auquel chacun doit se soumettre et personne ne peut échapper à son
application. Donc, celui qui ne respecte pas cette règle tombe dans l’illégalité et
des poursuites seront engagées à son égard afin de lui appliquer la sanction
prévue. C’est ainsi que les règles impératives sont considérées comme des règles
d’ordre public parce qu’elles traduisent les principes fondamentaux de notre
société et elles sont nécessaires au maintien de l’ordre public.
6
Abdelaziz Squalli, op. cit, p. 11-12.
7
Abdelaziz Squalli, op. cit, p. 12.
10
Aussi, dans un contrat de vente, les parties peuvent préciser le moment de
paiement et de livraison. Dans ce cas, le législateur ne fait qu'interpréter la
volonté probable des futurs contractants. Il suppose que ces personnes ont voulu
telle ou telle chose, à moins qu'elles n’aient manifestées une volonté en sens
contraire8.
La règle de droit est une règle générale et abstraite. C’est-à-dire, elle est
impersonnelle. Elle ne s’adresse pas à une telle ou telle personne en particulier
et ne traite pas spécifiquement son cas. Elle s’adresse à tous les individus qui
remplissent ses formalités et ses conditions. À titre d’exemple, l’article 209 du
code de la famille fixe l’âge de la majorité légale à dix-huit années grégoriennes
révolues. Cette disposition constitue une règle générale et abstraite parce qu’elle
s’adresse à toute personne (homme ou femme) en la considérant, à l’âge de 18
ans, apte juridiquement à exercer ses droits et ses obligations à moins qu’un
motif quelconque établi ne lui limite ou ne lui fasse perdre cette capacité (voir
l’article 210 du code de la famille). Donc, la généralité et l’abstraction de la
règle de droit signifient que celle-ci est impersonnelle. Elle « ne s’adresse pas à
une personne déterminée individuellement, mais à toutes les personnes qui
remplissent les conditions d’application de cette règle. En d’autres termes, cela
signifie que la loi est la même pour tous »9. Nous citons, par exemple, l’article
77 du code des droits et obligations marocain qui édicte que tout fait quelconque
de l'homme qui, sans l'autorité de la loi, cause sciemment et volontairement à
autrui un dommage matériel ou moral, oblige son auteur à réparer ledit
dommage, lorsqu'il est établi que ce fait en est la cause directe. Cette disposition
constitue une règle générale et abstraite qui ne concerne pas un dommage
déterminé spécifiquement, mais tout dommage qui peut être causé par un fait
quelconque de l’homme.
8
Mohammed Jalal Essaid, op. cit, p. 47.
9
Abdelaziz Squalli, op. cit, p. 16-17.
11
1.3. Le caractère coercitif de la règle juridique : la sanction étatique
La règle de droit est aussi caractérisée par un autre élément essentiel à savoir la
contrainte étatique. Tel que précisé plus haut, la règle de droit est, en principe,
une règle obligatoire qui doit être respectée par tous les individus au sein de la
société. Pour garantir ce caractère obligatoire, le recours aux sanctions étatiques
s’impose. Seule la puissance publique qui est habilitée à faire respecter la règle
de droit. Autrement dit, c’est l’autorité publique qui a le monopole de la
contrainte étatique et ce, par l’instauration d’une série de sanctions qui
garantissent le respect des règles de droit.
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Les crimes : Ils sont considérés comme les infractions les plus grave. C’est une
catégorie d’infraction qui couvre les actes portant une atteinte grave à l’ordre
social qu’on ne peut réparer que par une peine de mort ou une longue reclusion
tel que mentionnée dans l’article 16 du code pénal qui dispose que : « Les peines
criminelles principales sont :
1° La mort;
2° La réclusion perpétuelle;
3° La réclusion à temps pour une durée de cinq à trente ans;
4° La résidence forcée;
5° La dégradation civique.»
Les délits : Ils sont considères comme des infractions moins graves par rapport
aux crimes. Ce sont des infractions qui causent des atteintes dont leur gravité
n’est pas exceptionnelle, mais suffisante pour que la peine d’emprisonnement
soit encore tenue. Les sanctions encourues sont hybrides c’est-à-dire les peines
dont le minimum se rattachent à une peine de police et le maximum à une peine
correctionnelle. Ces sanctions sont mentionnées dans l’article 111 du code
pénal :
« L'infraction que la loi punit d'une peine d'emprisonnement dont elle fixe le
maximum à plus de deux ans est un délit correctionnel;
L'infraction que la loi punit d'une peine d'emprisonnement dont elle fixe le
maximum à deux ans ou moins de deux ans, ou d'une amende de plus de 200
dirhams est un délit de police ».
Les contraventions : Il s’agit d’une catégorie qui regroupe les infractions les
moins graves. Elles sont punies selon l’article 18 du code pénal qui stipule :
« Les peines contraventionnelles principales sont :
1 - La détention de moins d'un mois ;
2 - L'amende de 30 dirhams à 1.200 dirhams».
En résumé, nous pouvons conclure que, selon la majorité des auteurs, la règle de
droit est une règle juridique à la fois générale, obligatoire et réprimée par la
puissance étatique. C’est principalement ce dernier caractère qui la distingue de
toutes les autres règles de conduite sociale (religieuse, morale ou de bienséance).
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Section 2. La règle de droit et les autres règles de conduite sociale
Tel que précisé plus haut, la règle de droit est intimement liée à la société
puisqu’elle est destinée à gouverner la vie en société. Elle est considérée comme
une règle de conduite sociale, à côté d’autres comme la morale et la religion. En
fait, afin de mieux cerner le sens de cette règle de droit, il parait essentiel de la
distinguer des autres règles de conduite sociale puisque ces dernières contribuent
aussi comme la règle de droit dans la règlementation de la société.
2.1.1. Les points communs entre la règle de droit et les règles de morale
Premièrement, les règles de droit et celle de morale sont des règles de conduite
sociale qui organisent les comportements des individus dans la société. Elles ont
en communs des buts semblables comme la justice, la paix publique, la stabilité
sociale, etc.
Deuxièmement, les règles de droit et celles de morale déterminent les droits des
individus ainsi que leurs obligations vis-à-vis eux même ou à l’égard de la
société.
Troisièmement, les règles de droit et celles de morale ont aussi en commun des
caractères semblables. Elles sont considérées comme des règles générales et
abstraites. Elles s’adressent, en principe, à toutes les personnes de la société.
Enfin, les règles de droit et celles de morale sont des règles obligatoires.
Cependant, la contrainte en droit est matérielle alors qu’elle est liée à la
conscience et à l’indignation de la société pour la règle morale.
2.1.2. Les points de divergences entre la règle de droit et les règles de morale
Même s’il existe des points communs entre la règle de droit et les règles de
morale, leurs divergences sont diverses en réalité. Ces divergences peuvent être
14
liées aux éléments suivants : la contrainte, la finalité, l’intention et la
formulation.
Du point de vue finalité : Comme nous l’avons mentionné plus haut, la règle de
droit est conçue pour atteindre un but social, réaliste et opportun. Elle vise
principalement la protection de l’ordre public au sein de la société. C’est une
finalité axiale qui a pour objet la réalisation de la stabilité sociale. Par ailleurs,
les règles de morale sont des valeurs suprêmes qu’une société veut atteindre et
qui s’imposent à la conscience individuelle et collective. Ce sont des règles
idéales et individuelles qui visent conduire l’homme vers la perfection. C’est
pourquoi, contrairement aux règles de droit qui considèrent l’homme normal
comme modèle, les règles de morale visent l’homme parfait comme modèle.
Du point de vue formulation : Comme vous le savez bien, les règles de droit
est un ensemble de dispositions que le législateur indique dans le cadre d’un
texte précis et clair. Par exemple, la règle pénale doit être écrite clairement et
sans ambigüité afin que le citoyen soit informé efficacement sur les infractions
et les peines. Elle doit définir clairement et précisément les éléments constitutifs
de l’infraction et de sa sanction. Par contre, les règles de morale se symbolisent
par les faits sanctionnées dans les consciences des individus et leurs sentiments.
15
2.2. La règle de droit et les commandements religieux
2.2.1. Les points communs entre la règle de droit et les règles de religion
En réalité, les règles de droit et celles de religion constituent, tous les deux, des
règles de conduite sociale qui organisent les rapports humains et sociaux dans
une société. C’est pour cela, elles ont en communs des buts et des normes
semblables.
Du point de vue buts : Les règles de droit et de religion ont en commun des
buts semblables comme la justice, la paix publique, la stabilité sociale, etc. Elles
visent, tous les deux, l’organisation de la vie en société soit au niveau civil
(contrat, obligations, vente, etc.) ou au niveau pénal (interdiction de tuer ou de
voler, etc.). Cependant, la réglementation de ces rapports sociaux par les règles
de droit est différente aux règles de religion. Par exemple, les règles de droit et
de religion interdisent l’ivresse sauf que la religion l’interdit catégoriquement
alors que le droit ne sanctionne que la personne trouvée en état d’ivresse
publique et manifeste10.
10
Voir l’article 4 du Décret royal n° 724-66 du 11 chaabane 1387 (14 novembre 1967) portant loi, relatif à la
répression de l’ivresse publique (B.O. n° 2873 du 22 novembre 1967, p. 1346).
16
valeurs de justice, d'égalité et de coexistence harmonieuse dans la vie commune,
que prône l’Islam11.
2.2.2. Les points de divergences entre la règle de droit et les règles de religion
Après avoir présenté des points communs entre la règle de droit et les règles de
religion, nous allons aborder leurs divergences qui reposent sur la source, la
contrainte, la finalité et le champ d’application.
Du point de vue source : tel que précisé plus haut, le Coran constitue la source
principale de la règle religieuse. Il représente pour les musulmans la parole
divine transmise par l’archange Gabriel au messager de Dieu, Mohammad,
exprimée en langue arabe et contenant la vérité. Ceci explique que la source des
prescriptions ou des règles divines soit Dieu, exalté soit-Il. Autrement dit, le
législateur suprême est Dieu. C’est Lui qui est la source des prescriptions,
qu’elles soient énoncées explicitement dans les textes révélés à ses prophètes, et
notamment à Mohammad ou que les juristes musulmans les ont extrait ou les ont
déduit par analogie. Cependant, la règle de droit a été élaborée par le pouvoir
législatif. Elle est produite par l’être humain qui est susceptible de tomber dans
l’erreur par oubli, par faute, par désires ou par d’autres circonstances qui
peuvent l’écarter de la justice et de la légalité. C’est pour cela que la règle de
droit reste imparfaite et change selon l’évolution sociale, politique et
économique de la société.
Du point de vue finalité : Les règles de religion visent deux buts : spirituel et
matériel. Elles constituent, pour l’homme, un équilibre entre ces deux finalités.
C’est pourquoi, elles s’intéressent à son comportement interne et externe. C’est
dire que les règles de religion concernent les actions et les intentions des
individus. Cependant, la règle de droit s’intéresse aux comportements qui se
matérialisent par des actes objectivement constatables à part quelques
exceptions qui se résument dans des circonstances aggravantes ou atténuantes
liées à une infraction (préméditation, Guet-Apens).
11
Voir l’article 400 du code de la famille.
17
Du point de vue champ d’application : la règle de religion s’intéresse
principalement aux intentions des individus. La religion appelle à l’amour et
écarte les mauvais sentiments. Par ailleurs, la règle de droit s’intéresse en
premier lieu au respect de l’ordre public et à la stabilité de la société. Donc, la
règle de religion est plus générale que celle de droit. La première régit tous ce
qui est en relation avec la religion et la vie, alors que la règle de droit gouverne
la vie en société en organisant les rapports humains et sociaux.
Les règles de convenance sont des principes et des règles de conduite que les
gens prennent l’habitude de suivre dans leurs rapports quotidiens. Ce sont des
règles qui jouent un rôle important dans les relations sociales. Il s’agit, par
exemple, du salut, des félicitations, des condoléances, des visites, etc. Ce sont
des règles similaires avec celles de droit au niveau du critère de généralité et
d’abstraction. Cependant, les règles de convenance se distinguent de celles de
droit sur les plans suivants : source, finalité et sanction.
18
Chapitre 2. La classification des branches de droit
L’étude des branches de droit constitue une identification ou, de préférence, une
exploration de cette discipline juridique. C’est-à-dire, le droit est un gros arbre
composé de plusieurs branches. Chaque branche joue un rôle essentiel dans le
système juridique qui, par lequel, elle conserve son identité, sa spécificité et sa
tangibilité. C’est ainsi que le droit répond à une classification fondée sur le
contenu, la force obligatoire ainsi que la nature des relations juridiques.
Les règles fondamentales ou de fond sont les règles qui déterminent les droits et
les obligations des individus dans leurs rapports juridiques. À titre d’exemple,
les règles de fond relatives au droit pénal qui précisent les catégories des
infractions, leurs éléments constitutifs et leurs sanctions. Ainsi, nous citons
l’exemple des règles de fond relatives au droit civil qui identifient les droits et
les obligations du vendeur et de l’acheteur dans un contrat de vente. Un autre
exemple des règles de fond relatives au droit constitutionnel peut être invoqué. Il
s’agit des règles qui concernent l’organisation des pouvoirs.
Tel que précisé plus haut, le caractère obligatoire de la règle de droit n’est pas
uniforme. C’est-à-dire, il ne se présente pas toujours sous la même force
obligatoire parce ce qu’il existe des règles qui s’imposent de manière plus
impérative que d’autres. C’est la raison pour laquelle les règles de droit peuvent
être divisées, selon leur force obligatoire, en règles impératives et supplétives.
19
2.1. Les règles impératives
Ce sont les règles qui présentent une force obligatoire plus élevée puisqu’elles
s’imposent de manière absolue à tous et ni les individus ni les juridictions ne
peuvent écarter leur application. Par exemple, le fait de porter atteinte à la vie
d’autrui est une infraction incriminée par le code pénal. Ce sont des règles
impératives auxquelles chacun doit se soumettre et personne ne peut échapper à
leur application. Donc, celui qui ne respecte pas cette règle tombe dans
l’illégalité et des poursuites seront engagées à son égard afin de lui appliquer la
sanction prévue. C’est ainsi que les règles impératives sont considérées comme
des règles d’ordre public parce qu’elles traduisent les principes fondamentaux de
notre société et elles sont nécessaires au maintien de l’ordre public.
2.3. Les divergences entre les règles impératives et les règles supplétives
20
lorsqu’elle est exprimée avec une sanction pénale14. Cependant, la règle est
considérée supplétive lorsque sa formulation comprend des termes qui précisent
la possibilité de se mettre d’accord pour exprimer une volonté contraire. À ce
propos, le législateur n’utilise pas des termes qui visent des ordres, des
interdictions, etc., mais plutôt des termes qui vont dans le sens de la possibilité
de s’accorder sur une volonté contraire à la règle de droit comme par exemple
« sauf convention contraire » ou « sauf si le contrat en dispose autrement »15,
etc.
Par ailleurs, la relation des règles du droit privé avec l’ordre public est restreinte.
C’est une relation qui se diffère d’une discipline de droit privé à l’autre et ce,
selon leur importance. Par exemple, les règles qui régissent les relations
14
Parmi les exemples des règles impératives, nous citons les articles suivants :
Article 59 : Est nulle l'obligation qui a pour objet une chose ou un fait impossible, physiquement ou en vertu de
la loi.
Article 870 : Entre musulmans, la stipulation d'intérêts est nulle et rend nul le contrat, soit qu'elle soit expresse,
soit qu'elle prenne la forme d'un présent ou autre avantage fait au prêteur ou à toute autre personne interposée.
15
Parmi les exemples des règles supplétives, nous nous référons aux articles suivants :
Article 502 : La délivrance doit se faire au lieu où la chose vendue se trouvait au moment du contrat, s'il n'en a
été autrement convenu.
Article 622 : Les dépens et loyaux coûts du contrat se partagent de droit entre les copermutants, sauf les
stipulations des parties.
16
En parcourant la littérature, nous constatons que la définition de l’ordre public est complexe. C’est pourquoi
nous essayons de déduire que l’ordre public est fondé sur l’intérêt général politique, social, économique ou
culturel. Ainsi, les bonnes mœurs font partie des fondements d’ordre public. Elles représentent les règles morales
qu’une société impose et veut atteindre afin d’assurer sa continuité. C’est pour cela, il est interdit de les écarter
par des accords individuels.
21
familiales comme l’aptitude, le mariage, l’état civil, etc., sont considérées
d’ordre public. Donc, elles sont qualifiées des règles impératives. Cependant, la
notion d’ordre public reste limitée en droit civil parce que cette discipline
règlemente les relations et les intérêts individuels. C’est le principe de la liberté
contractuelle qui constitue la base de ces relations. C’est pourquoi ce sont les
règles supplétives qui dominent afin d’encourager les affaires et les relations
personnelles. Cependant, il est à noter qu’il existe des règles impératives en droit
civil. Ce sont des règles qui conditionnent et limitent cette liberté contractuelle
surtout si elles visent l’organisation et la stabilité dans la société. Nous citons, à
titre d’exemple, les règles liés à la publicité des actions foncières, la
prescription, droit de propriété, etc.
Ainsi, les règles qui régissent l’organisation judiciaire sont d’ordre public. Ce
sont des règles impératives parce qu’elles s’imposent de manière absolue à tous
et ni les individus ni les juridictions ne peuvent écarter leur application. Par
exemple, les individus ne peuvent pas porter leur litige à un tribunal
incompétent juridiquement. Aussi, le plaignant ne peut pas déposer les preuves
devant la juridiction sans respecter la procédure judiciaire édictée par la loi, etc.
C’est la même chose pour le droit international privé. La majorité de ces règles
sont impératives car elles sont d’ordre public comme la nationalité, le droit
applicable, etc. Ce sont des règles liées à la souveraineté et à l’intérêt général.
La classification des règles de droit peut être repartie selon la nature des
relations juridiques en règles de droit privé et de droit public. La distinction
entre ces deux branches de droit remonte au droit romain. En principe, le droit
privé régit toutes les relations entre les personnes privées, qu’elles soient
physiques ou morales. Le droit public régit les rapports juridiques concernant
l’état et ses agents. Il s’applique aussi aux relations entre les personnes
publiques entres-elles, et entre les personnes privées et les personnes publiques.
Le droit privé est l’ensemble des règles qui gouvernent les rapports des
particuliers entre eux ou avec les collectivités privées telles que les sociétés ou
les associations. C’est le droit civil et le DOC (Dahir portant Code des
Obligations et des Contrats) qui constitue l’essentiel de ces règles. Le droit privé
ne s’intéresse qu’aux rapports des personnes privées entre elles. C’est le cas des
questions relatives à ce que l’on appelle le statut personnel, familial et
successoral comme la réglementation des mariages, la liquidation des
successions. Il en va de même des questions qui relèvent du droit des contrats et
des obligations : la vente, le contrat de bail ou contrat de location. Toutes ces
situations engendrent des rapports de droit qui mettent en cause les particuliers
entre eux.
Au vu de ces définitions, quels sont dès lors les critères distinctifs qui président
à la différentiation de ces deux branches du droit? Notons trois séries de
différences d’ordre technique entre le droit public et privé :
23
critère a été critiqué et reste défectueux parce que les règles de droit public ne
sont pas tous impératives et le droit privé englobe des règles supplétives mais
aussi impératives.
Après avoir défini le droit privé et le droit public et développer les critères de
distinction entre ces deux branches de droit, nous étudions, dans cette séance, les
matières relevant des droit privé et public.
Comme nous l’avons mentionné lors de la séance précédente, le droit privé est
l’ensemble des règles juridiques qui organisent les rapports entre personnes
privées. Il a pour objet de gouverner les rapports entre les particuliers (mariage,
héritage, contrats). Le droit privé recouvre donc l’ensemble des règles qui
régissent les rapports entre les personnes physiques ou morales privées (sociétés,
associations). Le droit privé se subdivise en plusieurs disciplines ou branches :
a- Le droit civil :
24
propriété, les droits de créance, etc. Enfin, le droit civil concerne bien
évidemment l’un des domaines les plus vastes du droit civil : le droit des
obligations et des contrats.
b- Le droit commercial :
c- Le droit social :
C’est la branche du droit privé qui gouverne les relations privées internationales,
c'est-à-dire à chaque fois que dans une relation privée, elle existe un lien
25
d’extranéité. On lui rattache l’étude des questions suivantes : la nationalité, la
condition des étrangers, les conflits des lois et les conflits des juridictions.
Dans cette perspective, les subdivisions des branches du droit privé ne cessent
de se développer. C’est ainsi que d’autres disciplines relèvent du droit privé,
principalement le droit des affaires. Une branche de droit qui vous intéresse en
tant que économistes et gestionnaires. Lorsqu’on parle des affaires, on se réfère,
généralement, à certaine catégorie d’activités qui peuvent être industrielle et
commerciale. Ce sont des activités liées à « la production, à la transformation, à
l’importation, à la circulation ou à la conservation des produits. Le droit des
affaires intervient pour réglementer ce genre d’activité. C’est pourquoi, certains
auteurs qualifient le droit des affaires en tant que droit de la vie économique »17.
Le droit des affaires regroupe un ensemble des règles juridiques qui relèvent du
droit privé. Ils occupent une place importante parmi les différentes branches du
droit privé. Dans un sens large, le droit des affaires est un ensemble de règles
juridiques qui régissent l’entreprise commerciale et son environnement. Vu la
diversité des acteurs et des rapports qui entourent l’entreprise commerciale, le
droit des affaires peut être considéré comme un droit composite parce qu’il fait
recours à d’autres disciplines juridiques. Dans cette perspective, le droit des
affaires s’appuie sur les dispositions de droit civil, de droit commercial et de
droit des sociétés.
Donc, le droit des affaires marocain englobe le Code des obligations et des
contrats18, le Code de commerce marocain19, la loi relative aux sociétés
commerciales20 et la loi sur les sociétés anonymes21. Ceci explique clairement la
17
Hassania Cherkaoui, Droit des affaires: l’entreprise commerciale, Casablaanca, 2003, p. 13.
18
Dahir du 9 Ramadan 1331 (12 septembre 1913) formant Code des obligations et des contrats, Bulletin officiel
du Maroc, 12 septembre 1913, no 46, p. 78-172.
19
Dahir no 1-96-83 du 15 Rabii I 1417 (1er aout 1996) portant promulgation de la loi no 15-95 formant Code de
commerce, Bulletin officiel du Maroc, 3 octobre 1996, no 4418, p. 569-634.
20
Dahir n° 1-11-39 du 29 Joumada II 1432 (2 juin 2011) portant promulgation de la loi n° 24-10 modifiant et
complétant la loi n° 5-96 sur la société en nom collectif, la société en commandite simple, la société en
commandite par actions, la société à responsabilité limitée et la société en participation, Bulletin officiel du
Maroc, 30 juin 2011, n° 5956 bis, p. 1775-1776.
26
largeur du domaine du droit des affaires qui englobe le droit commercial, le droit
des sociétés, le droit des entreprises en difficulté, le droit bancaire, le droit de la
concurrence, le droit de la consommation, etc. Cette largeur du droit des affaires
se justifie par l’ampleur de l’économie moderne qui dépasse un commerçant
ordinaire et isolé vers des groupements commerciaux qui s’illustrent dans les
grandes sociétés commerciales dont leur rôle et leur impact sont prépondérant
dans l’économie marocaine actuelle.
Tel que précisé lors de la séance précédente, le droit public est l’ensemble des
règles qui régissent les rapports juridiques dans lesquels interviennent l’état ou
des collectivités publiques (régions, provinces, préfectures et communes) ou
l’un de ses démembrements ou de ses divisions. Autrement dit, le droit public
est constitué par l’ensemble des règles régissant les rapports de droit dont
lesquels interviennent des personnes morales de droit public (État, collectivités
publiques). Donc, le droit public a pour objet l’organisation même de cet État et
des collectivités publiques et gouvernent leurs rapports avec les particuliers. Le
droit public se subdivise aussi en plusieurs disciplines ou branches :
a- Le droit constitutionnel :
C’est une branche du droit public interne qui consiste à régir le fonctionnement
des institutions (assemblées élu et gouvernement) ainsi que le fonctionnement de
la justice. Elle a pour objet l’organisation de l’État et le fonctionnement des
institutions politiques. Autrement dit, il détermine les règles relatives à la forme
de l’État, à la constitution des gouvernements et des pouvoirs publics. Il fixe les
compétences des organes de l’État que sont le pouvoir législatif, exécutif et
judiciaire.
b- Le droit administratif :
C’est la branche du droit public qui englobe l’ensemble des règles définissant le
droit et les obligations du gouvernement et de l’appareil administratif.
Autrement dit, le droit administratif réglemente l’organisation des collectivités
publiques et des services publics (enseignement, énergie ou transport), ainsi que
leurs rapports avec les particuliers.
21
Dahir n° 1-96-124 du 14 Rabii II 1417 (30 août 1996) portant promulgation de la loi n° 17-95 relative aux
sociétés anonymes, modifié et complété par le Dahir n°1-08-18 du 17 Joumada I (23 mai 2008) portant
promulgation de la loi n°20-05, Bulletin officiel du Maroc, n° 5640, 19 juin 2008, p. 384.
27
c- Le droit de finance publique :
Le droit international public est l’ensemble des règles juridiques qui régissent
les rapports entre États d’une part et entre les États et les organisations
internationales d’autre part, aussi bien en temps de paix qu’en période de guerre
ou de neutralité.
Les matières mixtes en droit, dites les droit mixtes, visent toute discipline de
droit qui accomplit une combinaison de règles du droit public et du droit privé.
Elles relèvent des droits mixtes parce qu’elles réalisent une combinaison
relevant, pour les unes du droit public, et pour les autres du droit privé. Il s’agit
essentiellement :
Le droit pénal, appelé aussi le droit criminel est un droit mixte. Il faut distinguer:
– Le droit pénal général qui comprend les règles générales s’appliquant à toutes
les infractions et leurs sanctions ainsi qu’aux conditions de la responsabilité
pénale.
– Le droit pénal spécial qui traite des règles qui régissent chacune des
infractions en particuliers.
– Procédure pénale qui concerne l’organisation, déroulement et jugement du
procès pénal.
Le droit pénal est classiquement rattaché au droit privé et enseigné dans les
facultés par des professeurs de droit privé. En effet, le droit pénal est une
matière de droit public si l’on prend en compte l’objet même du droit pénal
puisque destiné à déterminer les agissements contraires à l’ordre social à établir
et à organiser la répression de ces infractions.
28
En revanche, il est une matière de droit privé si l’on considère la technique
utilisée par le droit pénal. C’est que de nombreuses règles de droit pénal
constituent la garantie et la sanction des droits reconnus aux particuliers et que
l’on appelle les droits subjectifs.
L’un des buts essentiels de la loi pénale consiste précisément à protéger les
biens et l’intégrité des personnes (en réprimant le délit de vol, le droit pénal
défend le droit de propriété). Le droit pénal se préoccupe tout autant de la
sauvegarde des droits et libertés de l’individu poursuivi, présumé innocent tant
qu’un jugement définitif n’aura pas constaté sa culpabilité. Il s’agit de garantir
les droits de la défense, en permettant à l’accusé de se défendre librement, de
faire appel à un avocat. De plus, ce sont les mêmes juridictions (Tribunal de
première instance et Cour d’appel) qui rendent à la fois la justice pénale et
civile. Le droit pénal a donc une nature mixte.
Le caractère mixte de cette discipline s’explique par le fait que les dispositions
concernant l’organisation et le fonctionnement des tribunaux relèvent du droit
public, alors que les dispositions qui organisent l’action en justice se rattachent
au droit privé.
Aussi, il est essentiel de rappeler que la règle de droit répond à une classification
qui peut être fondée sur le contenu, la force obligatoire ainsi que la nature des
relations juridiques. En se basant sur le contenu, la règle de droit peut être soit
une règle de forme soit une règle de fond. Cependant, si on se réfère au critère
29
de la force obligatoire de la règle de droit, nous constatons qu’il existe des règles
impératives et d’autres supplétives. Par ailleurs, la classification classique de la
règle de droit en droit privé et droit public est fondée sur la nature des relations
juridiques. D’où les disciplines ou les matières de droit privé et celles de droit
public.
Pour bien cerner les règles de droit objectif, il faut remonter aussi aux sources
du droit. Ces sources consistent l’ensemble des mécanismes par lesquels se
produisent les règles de droit. Toute règle de droit s’établit à partir d’une source
matérielle et objective qui forme son objet. L’étude de ces sources fera l’objet
des séances prochaines.
Parler des sources du droit revient à s’interroger sur comment on crée le droit.
En général, les sources de droit sont nombreuses car on y intègre tout ce qui peut
entrainer la création d’une nouvelle règle de droit ou seulement donner un sens
nouveau à une règle de droit déjà existante. Les textes constituent certainement
la source la plus importante, mais il ne faut surtout pas oublier la coutume, le
rôle de la jurisprudence et l’apport du droit international.
La théorie selon laquelle les normes de droit dans un pays sont ordonnées les
unes par rapport aux autres revient à l’école de Vienne essentiellement à Hans
Kelsen et Adolf Merkel. Selon les juristes de cette école les normes juridiques
sont hiérarchisées les unes par rapport aux autres. Cette hiérarchie est clairement
établie de sorte qu’elle peut être représentée sous forme de pyramide. Au
sommet se trouvent les normes supérieures, les normes inférieures apparaissent
au fur et à mesure que l’on descend vers la base. Ce système hiérarchique repose
sur un principe fondamental c’est que toute norme juridique est nécessairement
basée sur une autre norme juridique qui lui est hiérarchiquement supérieure.
Donc la norme qui se trouve au sommet de la pyramide constitue la base des
30
normes qui se trouvent à l’étage inférieur et celle-ci constituent à leur tour la
base des normes qui se trouvent au-dessous et ainsi de suite. Cet agencement
repose sur l’idée que chaque norme inférieure doit en principe être conforme à
toutes les normes supérieures.
1.2.1. La constitution
Les constitutions telles que nous les connaissons aujourd’hui sont apparues à la
fin du 18ème siècle aux USA, en Pologne, en France et au fur et à mesure que
les États se dotaient de constitutions s’est imposée l’idée comme quoi un État
devrait avoir un texte fondamental dans lequel sont précisées les règles, les
procédures et les principes qui régissent les relations entre les pouvoirs et entre
ceux-ci et les citoyens.
31
c'est-à-dire les relations entre les pouvoirs d’une part et les relations entre les
gouvernants et les gouvernés d’autre part.
32
environnemental ; titre XII : de la bonne gouvernance ; titre XIII : de la révision
de la constitution ; titre XIV : dispositions transitoires et finales.
Selon l’article 175 aucune révision ne peut porter sur les dispositions relatives à
la religion musulmane, sur la forme monarchique de l’Etat, sur le choix
démocratique de la nation, ou les acquis en matière de libertés et droits
fondamentaux.
1- Les différentes sortes de lois : selon la constitution les lois peuvent être soit
organiques soit ordinaires.
a- Les lois organiques sont des lois adoptées par le parlement (donc ce sont des
lois au sens formel du terme) mais elles présentent deux particularités :
33
- elles sont adoptées sur un renvoi d’une disposition constitutionnelle. De ce fait
les lois organiques complètent et précisent la constitution ;
- leur adoption suit une procédure particulière prévue à l’article 85 de la
constitution et qui consiste en : discussion 10 jours après le dépôt du projet ou
de la proposition de la loi organique, approbation obligatoire de la cour
constitutionnelle avant promulgation.
Les lois organiques sont supérieures aux lois ordinaires qui doivent leur être
conformes. Donc les lois organiques sont des lois formelles mais issues de la
constitution et sont légèrement supérieures aux lois ordinaires.
b- Les lois ordinaires : sont des lois adoptées par le parlement dans les domaines
qui lui sont expressément dévolus par l’article 71 de la constitution. Les lois
ordinaires ne complètent pas une disposition constitutionnelle et leur procédé
d’élaboration est normal.
3- La promulgation de la loi : est faite par le Roi dans les 30 jours qui suivent sa
transmission au gouvernement après adoption par le parlement (art 50). La
promulgation est faite par dahir, la date de la promulgation est la date de la loi.
Selon l’article 132 de la constitution les lois ordinaires avant leur promulgation
peuvent être déférées à la cour constitutionnelle par le Roi, le chef du
gouvernement, le président de la chambre des représentants, le président de la
34
chambre des conseillers, ou par le 1/5 des membres de la chambre des
représentants ou 40 membres de la chambre des conseillers. La cour
constitutionnelle statue dans un délai d’un mois sauf urgence, ce délai est alors
ramené à 8 jours sur demande du gouvernement. La saisine de la cour
constitutionnelle suspend le délai de promulgation. La promulgation rend la loi
exécutoire mais elle ne devient applicable qu’à la suite de sa publication. La
promulgation est donc l’acte par lequel le chef de l’Etat atteste de l’existence de
la loi et donne l’ordre aux autorités publiques d’observer et de faire observer
cette loi.
1.2.3. Le règlement
35
3- Les arrêtés des ministres : peuvent être des sources de droit mais les
circulaires, les instructions ministérielles ne sont pas des sources de droit.
Pour les règlements on ne parle pas de promulgation. L’authentification des
règlements se fait par la pratique du contreseing. Ainsi l’article 90 de la
constitution précise que les actes règlementaires du chef du gouvernement sont
contresignés par les ministres chargés de leur exécution.
A remarquer que les domaines de la loi et du règlement sont distincts, mais le
gouvernement peut prendre par décrets des mesures qui sont du domaine de la
loi. Deux cas de figure se présentent : soit le parlement par une loi d’habilitation
autorise le gouvernement pendant un délai déterminé et pour un objectif
déterminé à intervenir dans le domaine de la loi (art 70 de la constitution), soit
en cas d’urgence et dans l’intervalle des sessions, le gouvernement peut après
consultation des commissions concernées prendre des décrets lois qui doivent
être soumis à la ratification du parlement durant la session ordinaire suivante.
(art 81 de la constitution.
Il s’agit de savoir quand une loi entre en vigueur et quand elle cesse ses effets.
1- L’entrée en vigueur de la loi : l’entrée en vigueur veut dire que la loi est
opposable aux citoyens. ( à remarquer que la loi après la promulgation devient
exécutoire c'est-à-dire obligatoire et applicable pour les agents de
l’administration). Généralement l’entrée en vigueur de la loi est tributaire de la
publication du texte de loi au Bulletin officiel et ce selon le principe « Nul n’est
censé ignorer la loi ». Ce principe ne signifie pas que tout le monde doit
connaitre la loi mais il signifie que personne ne peut invoquer son ignorance de
la loi pour écarter son application. Mais le législateur n’est pas tenu de ces
délais. Plusieurs situations peuvent se présenter. Ainsi le législateur peut lui-
même fixer la date de la mise en application de la loi. De même il peut préciser
que l’entrée en vigueur de la loi sera retardée jusqu’à l’adoption des décrets
d’application.
2- L’abrogation des lois : Les lois ont vocation à s’appliquer d’une manière
permanente. Elles demeurent en vigueur tant qu’elles n’ont pas été abrogées.
Mais il arrive que des lois soient prises pour une durée déterminée comme les
lois fiscales. L’abrogation n’est pas une annulation qui veut dire la disparition
36
totalement du système juridique pour le passé, le présent et le futur.
L’abrogation concerne seulement l’avenir.
a- La portée du principe : dire que la loi n’est pas rétroactive veut dire
qu’elle ne peut s’appliquer à des faits qui ont été accomplis avant son adoption.
37
Ainsi par exemple une loi qui incrimine le harcèlement sexuel ne peut
s’appliquer à un tel comportement avant son entrée en vigueur parce qu’il n’était
pas une infraction. Le principe se justifie par le fait que la prévisibilité de la loi
est une condition de la sécurité juridique. En effet, les particuliers ne peuvent
avoir confiance dans la loi si les relations juridiques établies sous l’empire d’une
loi peuvent être remis en cause d’un jour au lendemain par l’intervention d’une
loi nouvelle. La non rétroactivité porte ensuite sur les situations juridiques nées
sous l’empire d’une loi et qui ont déjà épuisé tous leurs effets. Tel est le cas d’un
couple marié en 1987 et divorcé en 1997, il ne peut réclamer qu’on lui applique
les règles du divorce prévues par le nouveau code de la famille.
En troisième lieu le principe de non rétroactivité porte sur les effets passés des
situations juridiques en cours c'est-à-dire une situation qui n’a pas épuisé tous
ses effets.
b- Les exceptions au principe : trois exceptions sont prévues qui sont : • Les
lois interprétatives : ce sont des lois qui ont pour objet d’interpréter les
dispositions d’une loi considérées non précises ; • Les lois de procédures : le but
étant de préserver l’unité de la procédure sur le territoire national ; • Les lois
pénales plus douces.
38
1.3.3. L’application des textes dans l’espace
Il s’agit du problème des conflits des lois dans l’espace. Il revient ici de
déterminer l’espace dans lequel s’appliquent les lois marocaines. A l’évidence
les lois marocaines s’appliquent au Maroc ; en réalité les choses sont plus
complexes car le développement des relations internationales et la mobilité des
personnes et des biens ont eu pour conséquence l’accroissement des situations
qui ont un caractère international, on dit qui ont un élément d’extranéité et qui
peuvent être régies par des lois d’origine différentes. C’est ce que nous
appelons le conflit des lois dans l’espace. Le juge pour résoudre ce conflit
applique ce que nous appelons les règles de conflit qui ont un caractère national
en ce sens que chaque pays détermine ses règles de conflits.
Les règles de conflits peuvent être soit des règles qui retiennent la territorialité
de la loi, soit des règles qui retiennent la personnalité de la loi, soit des règles
qui appliquent la loi d’autonomie.
Ainsi, généralement on admet que le droit public et le droit pénal sont soumis au
principe de la territorialité vu la souveraineté des Etats. Donc au Maroc on
applique le droit pénal marocain, le droit constitutionnel marocain ou encore le
droit fiscal marocain.
Pour ce qui est des contrats on distingue entre les règles de forme et le contenu
du contrat. Pour les règles de forme on respecte le principe de territorialité et on
observe les règles du lieu du contrat. Par contre pour les conditions de fond on
observe la loi d’autonomie car on considère que les parties sont libres de
soumettre leur contrat et leurs effets à la loi de leur choix.
Le droit marocain accorde une place importante droit musulman en tant que
source traditionnelle de la règle de Droit. Nous procèderons d’abord à l’examen
des fondements du droit musulman, avant de préciser la place qu’il occupe en
tant que source fondamentale du droit marocain.
39
1.4.1 Les fondements du droit musulman
Les sources du droit musulman sont nombreuses. Les plus importantes qui ne
font pas l’objet de divergences doctrinales sont de deux ordres : les sources
originelles (le Coran et la Sunna) et les sources dérivées (l’Idjmaa et le quiyas).
1- Le Coran
Le Coran est la parole de Dieu révélée au prophète (Muhammad )ملسو هيلع هللا ىلص, dont le
texte écrit nous a été rapporté par des témoignages multiples22.
En tant que source suprême du droit musulman, le Coran constitue un
ensemble indissociable de principes de foi et de règles de vie politico-sociale.
Les dispositions coraniques peuvent être distinguées selon leur degré de
généralité, leur sens et leur caractère obligatoire.
En ce qui concerne leur degré de généralité, les dispositions légales divines sont
de deux types : les Ahkams et les principes généraux.
- Les Ahkams sont des règles qui interviennent pour résoudre un problème
particulier.
- Les principes généraux sont des règles qui peuvent être adaptées à toutes
les époques et servir comme source de législation.
Selon leur sens, les dispositions du Coran sont de deux sortes : certaines et
présomptives.
- Les règles certaines sont celles dont le sens est clair et ne peut donner
lieu qu’a une seule interprétation.
A titre d’exemple : « Dieu vous commande, dans le partage de vos bien, de
donner au fils male la portion de deux filles » (verset 11de Sourate annisae)النساء.
Cette catégorie de règles ne peut faire l’objet d’aucun ijtihad de la part des
jurisconsultes.
- Les lois présomptives : à l’opposé des règles certaines, ce type de lois
peut être interprété par les jurisconsultes.
22
Cf. A. Harsi « Introduction au droit public musulman » ; 2ème édition info-print ; Fès 2007 ; p.100.
40
c- le caractère obligatoire des dispositions coraniques
Pour ce qui est de leur portée, les règles coraniques certaines sont de cinq
types (correspondant à cinq qualifications différentes des actes humains) :
obligatoires, recommandées, prohibées, conseillées ou tolérées.
2- La Sunna
Alors que l’Idjamaa résulte du travail collectif des Ulémas, le Qiyas est issu
d’initiatives individuelles.
1- L’Idjmaa
L’Idjmaa signifie l’accord unanime des Ulémas d’une même époque sur l’une
des questions de la religion ou plus généralement sur une question déterminée23.
Cette source est reconnue par le Coran qui stipule : « si vous-même ne savez
pas, interrogez ceux qui savent » (Verset 7 de Sourate al anbiaa)األنبياء.
2- Le Qiyas :
Le Qiyas ou raisonnement par analogie est une méthode selon laquelle une règle
posée par un texte (verset coranique, hadith, solution d’Idjmaa) se trouve
appliquée à des cas non compris dans ses termes mais commandés par la même
raison.
Dans un pays comme le Maroc, où la religion n’est pas séparée de l’État, les
principes traditionnels du droit musulman sont-ils des sources du droit
actuellement en vigueur au Maroc ?
Il est incontestable que les principes du droit musulman font partie intégrante
du droit marocain, c’est une source fondamentale de notre droit.
23
Cf. A. Harsi « Introduction au droit public musulman », op.cit. p. 102.
41
L’attachement du Maroc à l’Islam est affirmé, par la Constitution du 1 er juillet
2011. Celle-ci, comme d’ailleurs les précédentes, après avoir précisé, dans son
préambule, que le Royaume du Maroc, est un État musulman, énonce, dans son
article 3, que « l’islam est religion de l’État qui garantit à tous le libre exercice
des cultes ».
Les règles adoptées dans ses différentes disciplines sont intimement liées aux
préceptes religieux, qui représentent l'identité collective de la société
musulmane.
Il serait difficile de les remplacer par des règles positives sans porter atteinte à
l'ordre religieux et social. C’est dans ce contexte que s’inscrivent, les hautes
directives et conseils éclairés, émis par SM le Roi pour la bonne préparation du
Code de la Famille25.
A -Le dahir : le dahir est le nom donné au Maroc aux textes juridiques
émanant du Roi. En effet selon l’article 41 de la constitution « le Roi exerce par
24
C’est particulièrement en matière successorale (dévolution successorale) que la prédominance du
droit musulman sur le droit positif est plus explicite. A titre d’exemple : la part héréditaire de la
jeune fille vaut la moitié de la part réservé à son frère. De même les droits successoraux de la mère,
à la suite du décès de l’un de ses enfants, sont souvent inférieurs à ceux du père.
25
En effet, tel qu’énoncé au préambule du code de la famille du 3 février 2003, Le Souverain a d’un
côtéexhorté les membres de la Commissionchargé d’élaborer le projet de ce code à s'en tenir
scrupuleusement aux prescriptions légales et de garder constamment à l'esprit les véritables
desseins et finalités de l'Islam généreux et tolérant ». Sa Majesté a d’autre part insisté sur la
nécessité de « se prévaloir de l'effort jurisprudentiel de l'Ijtihad, en tenant compte de l'esprit de
l'époque, des impératifs de l'évolution et des engagements souscrits par le Royaume en matière de
droits de l'Homme tels qu'ils sont reconnus universellement ».
26
M. J. Essaid, « introduction à l'étude du droit », op. cit., p. 101.
42
dahirs les prérogatives religieuses inhérentes à l’institution d’Imarat Al
Mouminine. » De même selon l’article 42 « Le Roi exerce ces missions par
dahirs en vertu des pouvoirs qui lui sont expressément dévolus par la présente
constitution. » En effet selon la constitution le Roi remplit un double rôle : il est
Amir El Mouminine et il est chef de l’Etat. En tant qu’AmirElMouminine le Roi
agit, par dahir, de manière exclusive dans le domaine religieux. En tant que chef
d’Etat le Roi a des missions qu’il remplit par dahir. Le dahir donc est la forme
que prennent les actes royaux.Une question se pose est de se voir si les actes du
Roi peuvent être attaqués en justice c'est-à-dire peut on annuler un dahir ? Dans
deux arrêts : l’arrêt Ronda de 1960 et l’arrêt société agricole Abdelaziz la
chambre administrative de la cour suprême a jugé que les actes pris par le Roi en
matière administrative échappent au recours en annulation pou excès de pouvoir.
Donc les dahirs du Roi ne peuvent être remis en cause.
Ils ne peuvent le faire que si leur État adopte une norme d’incorporation qui rend
applicable en tant que disposition de droit interne le contenu des règles
internationales.
43
dans le respect de son identité nationale immuable, et dès la publication de ces
conventions, la primauté sur le droit interne du pays, et harmoniser en
conséquence les dispositions pertinentes de sa législation nationale. » Parler de
primauté veut dire que le Maroc procède à une hiérarchisation entre le droit
interne et le droit international qui sont donc intégrés dans un ordre juridique
unique. Le Maroc en conséquence adhère à l’école moniste et le droit
international est une source de droit au Maroc. Est-ce que cela veut dire que les
particuliers peuvent se prévaloir de la norme internationale devant le juge et
quelle attitude va avoir celui-ci en cas de contradiction entre la norme
internationale et la norme interne ? La réponse à cette question appelle deux
remarques. La première c’est que la primauté n’est pas l’effet direct ; la
deuxième c’est que la constitution dans l’article 110 précise que « les magistrats
de siège ne sont astreints qu’à la seule application de la loi. Les décisions de
justice sont rendues sur le seul fondement de l’application impartiale de la loi.
La coutume est l'une des sources les plus importantes de la règle de droit. Cette
importance découle de la spécificité de la coutume : procédant directement et
spontanément des détails de la vie sociale, c'est-à-dire de l'opinion collective.
En effet, les règles coutumières sont issues des pratiques et des comportements
quotidiens des particuliers qui ont convenu de leur validité de et de leur
caractère obligatoire.
I- définition de la coutume
La coutume est une règle de conduite « qui découle d'une pratique ancienne,
d'un usage qui s'est prolongé dans le temps et qui devient à certaines conditions
une règle de droit27».
Il faut cependant préciser que tout usage, tout comportement habituel dans la vie
sociale ne peut être considéré comme une coutume. Il en est ainsi, de la pratique
du pourboire, ou encore de l’usage confraternel qui veut qu’un médecin qui
apporte des soins à son collègue médecin, ou aux membres de sa famille,
n’exige pas d’honoraires28.
Pour qu’il y ait coutume, il faut que deux éléments soient réunis : un élément
matériel et un élément psychologique.
Au même titre que la règle de droit, l'usage coutumier vise non pas tant les
personnes en elles-mêmes mais les situations dans lesquelles elles se trouvent,
c'est-à-dire toute personne se trouvant dans des situations précises soumises à la
règle en question.
45
B- la notoriété de la règle coutumière29
29
L’art. 476 du DOC précise que celui qui invoque l’usage doit en justifier l’existence. Cet usage doit
être général dominant et ne doit pas être contraire à l’ordre public et aux bonnes mœurs ».
30
Cf. J. L. Aubert, « introduction au droit et thèmes fondamentaux du droit civil » ; op. cit. , p.109.
46
A- La loi renvoie directement à la coutume
Ce renvoi peut être soit express soit tacite. À titre d’exemple l’art. 642 du DOC
stipule que : « Le locateur est tenu de payer les impôts et charges afférentes à la
chose louée, sauf stipulation ou usage contraire ». C’est le cas également de
l’article 2 du code de commerce qui énonce que : « il est statué en matière
commerciale conformément aux lois, coutumes et usages du commerce, ou au
droit civil dans la mesure où il ne contredit pas les principes fondamentaux du
droit commercial ».
On constate dans ces divers exemples, une véritable délégation de pouvoirs que
le législateur consent à la coutume. Par conséquent, il est normal que celle-ci
puisse avoir la même force obligatoire que la loi.
Un exemple souvent cité dans le passé, était l’usage pour la femme mariée de
prendre le nom de son mari.
47
Pourtant, en dépit de leur rareté, il existe des cas ou la coutume va à l’encontre
de la loi. A titre d’exemple l’ignorance de la loi, lorsqu’elle est collective, peut
être prise en considération et finalement l’emporter sur la loi. C’est ce qui ce
traduit par l’adage Error communis facit jus : l’erreur commune crée le droit.
Au demeurant, « la coutume peut être considérée comme une source du droit
marocain actuel dans les limites que nous venons de tracer ».
2.1. La jurisprudence
Dans les pays du Common law la jurisprudence constitue une véritable source
du droit, lorsque toutes ou une majorité des décisions qui se sont succédées
interprètent de la même manière les règles du droit. Il y a jurisprudence quand il
y a similitude des solutions sur un problème juridique donné. Le juge anglais est
obligé de suivre la solution dégagée par un autre juge, notamment lorsqu’il
appartient à une juridiction supérieure.
-D’une part, le juge est lié par la loi, il a vocation non pas de créer la règle de
droit, mais d’appliquer, et éventuellement d’interpréter une règle conçue et
élaborée par le législateur.
-D’autre part, contrairement aux juges anglo-saxons, un juge marocain n'est pas
lié par les décisions qu'ont pu rendre ses collègues, il n'y a pas de précédents
judiciaires.
Dans ce cadre, Carbonnier disait :"La résistance à la loi est illégitime, celle à la
jurisprudence ne l'est pas!".
Les jugements ne sont, donc, pas des règles de droit. La jurisprudence qui en
résulte ne constitue pas une source directe de droit, et encore moins une force
obligatoire.
48
Cependant, face à une lacune de la loi, le juge est conduit à créer le droit.
L’article 290 du code pénal dispose que : tout magistrat ou tout fonctionnaire
public investi d'attributions juridictionnelles ne peut refuser de rendre la justice
même en cas de silence ou d'obscurité de la loi.
La Jurisprudence devient alors source indirecte de droit, dans tous les cas où un
juge est confronté à une carence de la loi. Ce dernier va se contenter de donner
une solution d'équité c'est à dire une solution qui n'est pas assimilable à une
règle de droit, mais qui n'est applicable que dans le cas considéré.
2.2. La doctrine
49
PARTIE II : LES DROITS SUBJECTIFS
Les droits subjectifs sont des prérogatives reconnues aux sujets de droit par le
droit objectif - c’est-à-dire par les règles de droit-, et sanctionnées par lui.
Le droit subjectif a ainsi comme titulaire un sujet de droit auquel il confère une
certaine liberté, une faculté, un pouvoir, en un mot, un droit. Cependant, cette
prérogative est placée sous l’égide du droit objectif qui la consacre et la protège,
mais peut aussi la limiter (chapitre I).
Le droit subjectif est toute prérogative dont une personne est titulaire en vertu du
droit objectif. Par conséquent, les personnes sont des sujets de droits. Elles
sont titulaires de droits subjectifs.
Selon le vocabulaire juridique Capitant, est une personne celui (ou celle) « qui
jouit de la personnalité juridique ». Par ailleurs, la personnalité juridique se
définit comme l’aptitude à participer au commerce juridique (= à la vie
économique et sociale). De façon plus précise, elle se définit comme l’aptitude à
être titulaire de droits subjectifs (exemple: devenir propriétaire, intenter une
action en justice) et débiteur d’obligations (exemple: exécuter un contrat signé,
payer des impôts, indemniser une victime).
L’aptitude à être sujet de droits est d’abord conférée aux hommes ou personnes
physiques (section 1), mais elle est aussi attribuée à des groupements considérés
comme des sujets de droits distincts des membres qui les composent, notamment
les personnes morales (section 2).
Parmi l’ensemble des créatures vivantes, seuls les hommes sont sujets de droit.
Tout être humain est sujet de droit par principe. De ce fait, la personnalité
juridique est reconnue à tout être humain, quel que soit son âge et ses capacités
physiques ou intellectuelles.
50
Dans un premier temps on examinera comment cette personnalité est reconnue
avant de dégager les éléments qui permettent d’identifier les personnes à savoir,
l’état, le nom, le domicile et la nationalité.
L’absence correspond à l’état d’une personne dont on ignore si elle est en vie,
alors qu’aucun événement particulier ne fait présumer le décès. C’est le cas où
une personne ne réapparait plus à son domicile, sans donner aucune nouvelle.
On ne peut plus prouver son existence mais on ne peut pas prouver non plus sa
mort. Dans ce cas, il appartient au tribunal de fixer la période au terme de
51
laquelle il rendra le jugement déclaratif du décès et ce, après enquête et
investigation, par tous les moyens possibles, des autorités compétentes pour la
recherche des personnes disparues (article 227 alinéa 2 du code de la famille).
En principe, l’individu peut jouir de tous ses droits et les exercer librement. Il
est pleinement capable. La capacité est l’aptitude d’une personne à être
titulaire de droits (capacité de jouissance) et à les exercer (capacité
d’exercice).
Certes, le principe est celui de la pleine capacité mais il y fait exception lorsque
la loi édicte des incapacités qui entrainent une limitation soit à la jouissance, soit
à l’exercice des droits. Ainsi, l’étendue de la personnalité se voit limitée par
une incapacité.
52
retranscrits dans les actes d’état civil et qui constituent le statut personnel de
l’individu, ce que l’on appelle son état.
Une personne physique s’insère tout abord dans la société internationale par sa
nationalité. Cette dernière rattache politiquement et juridiquement la personne à
un pays. Elle lui confère des droits (ex: droit de vote, droit d’éligibilité, etc.) et
des devoirs (respecter les principes fondamentaux du Royaume, payer des
impôts etc.).
Une personne physique est identifiée par le nom de famille servant à désigner
cette personne dans sa vie sociale et juridique, dans l’exercice de ses droits et
l’accomplissement de ses devoirs. L’attribution du nom de famille découle
essentiellement des règles relatives à la filiation et au mariage.
Une personne physique est identifiée par son domicile. Il correspond au lieu où
la personne est présumée présente pour l’exercice de ses droits et devoirs, ce qui
le distingue de la résidence (le lieu où la personne se trouve effectivement à un
moment déterminé) et de l’habitation (lieu de séjour occasionnel). Il permet de
situer une personne dans l’espace, de la rattacher juridiquement à un lieu fixe
déterminé. Il détermine le lieu d’accomplissement de certains actes et la
compétence territoriale des juridictions.
L'état civil est le régime consistant à consigner et à authentifier les faits civils
fondamentaux relatifs aux personnes. Il contient ainsi l’ensemble des éléments
qui identifient un individu ainsi que tous les éléments qui marquent sa vie tels
que la naissance, le décès, le mariage et le divorce. Tous ces éléments
concourent à individualiser chaque personne dans la société. Ils déterminent sa
condition civile.
53
est assuré au Maroc par le bureau d’état civil crée dans chaque commune du
Royaume. Les actes de l’état civil sont des instruments d’indentification civile.
Ce sont des éléments de publicité et des moyens de preuve.
Au même titre que les personnes physiques, les personnes morales jouissent de
la personnalité juridique et disposent de droits et d’obligations.
Le parallélisme avec la personne physique est évident mais leur différence de
nature entraine des différences de régime. Aussi convient-il de préciser la notion
de personne morale avant d’examiner son régime juridique.
On s’est aperçu depuis fort longtemps que, pour réaliser des opérations de
grande envergure, il était nécessaire de constituer des groupements de personnes
mettant en commun leur activité et leurs ressources.
55
(Habous public), soit en réservant la jouissance à une ou plusieurs personnes
déterminées (Habous de famille).
La fondation laïque est aussi une masse de biens dotée de la personnalité
morale en raison de son affectation à un but désintéressé comme la création des
hôpitaux, des universités, des prix littéraires et universitaires etc. la qualité de la
personne morale permettra à la fondation de réaliser sa mission et sa finalité.
Les groupements de personnes: de très nombreux groupements sont
constitués de personnes privées et poursuivent des fins d’intérêt privé. Il s’agit
notamment:
Des sociétés commerciales: les sociétés sont des groupements à but
lucratif. Elles résultent d’un contrat par lequel plusieurs personnes conviennent
de mettre quelque chose en commun, en vue de partager le bénéfice ou de
profiter de l’économie qui pourra en résulter.
Il existe diverses formes possibles pour une société commerciale.
Certaines sont des sociétés de personnes, ainsi dénommées parce que la
considération de la personne des associés y est essentielle à divers niveaux (les
associés sont personnellement et solidairement responsables du passif social; le
décès d’un seul associé entraine en principe la dissolution de la société et les
parts ne sont pas librement cessibles). Tel est le cas de la société en nom
collectif et la société en commandite simple.
Bien différentes sont les sociétés de capitaux ou par actions dont la société
anonyme est le meilleur exemple. Elle se distingue des sociétés de personnes
par le fait que les associés ne sont pas tenus personnellement responsables des
dettes de la société mais seulement à concurrence de leurs apports représentés
par des actions; ces actions sont librement cessibles.
Des associations: une association est un groupement composé de
sociétaires poursuivant des buts charitables ou culturels ou politiques, etc., sans
aucune idée de recherche et de partage des bénéfices.
Des groupements d’intérêt économique : ce groupement doté de la
personnalité morale a pour objectif de réunir des personnes physiques ou
morales afin de développer leur activité. Servant de cadre à des actions
communes d’industriels, ils permettent à ceux-ci de réaliser des économies dans
le développement de leur production. Ces avantages, confortés par un statut
fiscal privilégié, fait que la formule des GIE connait un certain succès.
Les personnes morales ont un statut juridique distinct de celui des personnes
physiques. Contrairement à ces dernières, l’apparition et la disparition des
personnes morales n’obéissent pas à des phénomènes naturels. Elles nécessitent
l’accomplissement d’actes volontaires et de formalités.
56
La personne morale acquérant une personnalité indépendante des personnes qui
l’on créé, est doté d’attributs qui lui sont propres.
Il s’ensuit que la personne morale est titulaire d’un patrimoine propre (le
patrimoine se compose d’un actif, ensemble des biens et des droits et d’un
passif entendu comme un ensemble d’obligations, notamment des dettes et des
créances).
Ainsi, les actifs sont distincts: les membres n’ayant aucun droit réel sur les biens
du groupement. Les associés possèdent en revanche un droit d’une nature
particulière sur le patrimoine social considéré dans son ensemble. Ce droit porte
le nom d’action dans les sociétés de capitaux et de parts dans les sociétés de
personnes. De même, les passifs, les dettes sont généralement distincts: le
créancier d’un membre de la personne morale, n’est pas le créancier de celle-ci.
57
En vertu du principe de spécialité, la capacité de jouissance des personnes
morales est limitée à l’activité pour laquelle elles ont été créées. Les personnes
morales ne peuvent donc accomplir que des actes juridiques correspondant à
leur objet.
La personne morale est identifiée dans la vie juridique par son nom (raison ou
dénomination sociale d’une société, titre d’une association). Le choix du nom
par les fondateurs est libre, changeable et cessible et constitue un élément du
fonds de commerce des sociétés commerciales. En revanche, il est également
protégé contre les usurpations (action en concurrence déloyale en cas de risque
de confusion).
Les personnes morales ont un domicile propre appelé siège social,
rattaché, comme celui des personnes physiques, au lieu de leur principal
établissement qui ne doit pas être fictif et correspondre au siège réel de la vie
juridique du groupement, c’est-à-dire au lieu où se trouvent ses organes de
direction. La détermination du siège social a des intérêts pratiques considérables
spécialement en matière de procédure (la compétence territoriale pour connaitre
d’un litige appartient en règle générale au tribunal du domicile du défendeur).
Toute personne morale a une nationalité. Elle dépend en règle générale du siège
social. Une personne morale dont le siège social est au Maroc est donc en
principe marocaine et soumise à ce titre à la loi marocaine.
De ce fait, l’acte juridique est une manifestation de volonté dont l’objet est de
créer des effets juridiques. C’est la volonté de la personne qui est à l’origine des
droits subjectifs qui vont naitre des actes juridiques ; à ce titre, les contrats sont
une manifestation de volonté de deux personnes en vue de produire des effets
juridiques. Par ailleurs, le fait juridique peut être soit une action d’une personne
qui va engendrer des conséquences juridiques qui sont déterminées par la loi tel
58
que les conséquences qui résultent d’un accident de voiture ; il en résulte une
responsabilité civile Soit une situation de fait comme la naissance.
Les actes juridiques sont des manifestations de volonté émises en vue de créer
des droits et des obligations et ce dans les conditions fixés par le droit objectif.
C’est un acte accompli volontairement en vue de de produire des effets
juridiques comme la conclusion d’un contrat de location, de vente…il existe
plusieurs catégories d’actes juridiques.
59
Les Actes à titre gratuit : est par lequel une personne accorde un avantage
à une autre personne sans contrepartie ou échange, comme le contrat de
donation.
..........en fonction des effets de l’acte :
Les contrats commutatifs : les effets qu’il produit sont certains dès sa
conclusion.
Les contrats aléatoires : les avantages et pertes des contrats dépendent
d’un événement indépendant de la volonté des parties tels que les contrats
d’assurance.
………….en fonction du rédacteur de l’acte :
Les actes authentiques : sont obtenu par un officier public qui a droit
d’instrumenter dans le lieu ou l’acte est rédigé et sous réserve de de respecter les
modalités requises par la loi. En Droit Marocain, il existe deux types d’actes
authentiques :
Actes notariés : sont des actes rédigés et signés par les notaires
avec une date certaine tels que les actes de ventes et achats, donations …
Actes adulaires : sont rédigés et signés par des Adouls comme
des actes de mariage, d’indivision ….
Les Actes sous signature privé ou sous seing privé : sont des actes rédigés
et
signés par les parties à l’acte ou par un tiers avec l’intervention d’un officier
public, comme les contrats d’assurance.
60
Il s’agit de faits qui se produisent indépendamment de la volonté humaine, et qui
produisent des conséquences juridiques que la personne n’a pas recherchée.
Souvent on y assimile la naissance à laquelle la loi attache des effets de droit. La
force majeure constitue un fait involontaire qui doit être * un évènement
extérieur à la volonté des individus, * imprévisible et * insurmontable. Ainsi, un
fait involontaire constitue une cause d’exonération de responsabilité.
A côté de la classification de base des droits subjectifs qui distingue entre les
droits patrimoniaux et les droits extra-patrimoniaux (§1), les droits patrimoniaux
eux-mêmes peuvent être sériés en droits réels, droits personnels ou de créance et
droits intellectuels (§2).
Les critères de distinction entre les deux types de droits tiennent à une
évaluation pécuniaire des droits considérés.
Ainsi, les droits patrimoniaux font partie du patrimoine du sujet de droit.
Constitués de biens évaluables en argent (droit de propriété et droit de créance),
ils ont une valeur d'échange et sont de ce fait cessibles, transmissibles aux
héritiers, saisissables par les créanciers, et prescriptibles (se perdent par le non-
usage).
A l’opposé des droits patrimoniaux, les droits extra –patrimoniaux, sont hors
du patrimoine du sujet auquel ils sont rattachés, comme ils n’ont pas de valeur
pécuniaire.
Trois catégories de droits extra-patrimoniaux peuvent être identifiées :
Les droits civils et politiques du citoyen : participation aux élections
comme électeur ou candidat, liberté de circuler, liberté d’expression, liberté
d’association…
61
Les droits de la personnalité, c'est à dire l'ensemble des attributs que
la loi reconnaît à tout être humain, droit à la vie, à l'intégrité corporelle, au nom,
à l'honneur, à la vie privée...
Les droits dits " de famille " ; entre époux : droit et devoir de
fidélité, d'assistance et de cohabitation ; entre parents et enfants : droit et devoir
de garde, de surveillance et d'éducation…
Ces droits sont incessibles, intransmissibles aux héritiers, insaisissables par les
créanciers, et imprescriptibles.
§2 : Les différents droits patrimoniaux
Les droits patrimoniaux peuvent être regroupés en trois catégories : les droit
réels (A), les droits personnels ou de créance (B) et les droits intellectuels (C)
(également appelées propriétés incorporelles).
A- Les droits réels :
Le droit réel est un droit portant sur une chose. Il confère à son titulaire un
certain nombre de prérogatives directes, immédiates et opposables à tous (sans
l'entremise d'une autre personne). Énumérés de façon limitative par le législateur
ses droits sont répartis entre principaux et accessoires.
31
Le droit de propriété comporte trois prérogatives : le droit d’user de la chose, le droit d’en percevoir
les fruits, le droit d’en disposer. Certains droits réels ne confèrent à leur titulaire qu’une partie de
ces attributs : on les qualifie de démembrements du droit de propriété (ex : droit de servitude et
droit d’usufruit).
32
Article 8 : Sont immeubles par l'objet auxquels ils s'appliquent :
a) Les droits réels immobiliers, savoir : 1° la propriété des biens immeubles ; 2° l'usufruit des mêmes
biens ; 3° les habous ; 4° les droits d'usage et d'habitation ; 5° l'emphytéose ; 6° le droit de superficie
; 7° l'antichrèse ; 8° les servitudes et les services fonciers ; 9° les privilèges et hypothèques ; 10° les
droits coutumiers musulmans tels que gza, istidjar, guelza, zina, houa.
b) Les actions qui tendent à revendiquer un immeuble.
62
« On les appelle ainsi les sûretés réelles, par opposition aux sûretés personnelles,
représentées par une caution ou plusieurs débiteurs solidaires 33». C’est le cas
essentiellement de l’hypothèque et du gage.
L'hypothèque est une garantie que prend un prêteur sur un bien
immobilier pour lequel il a consenti un crédit. L'hypothèque permet
au créancier de faire saisir le bien afin qu'il soit procédé à une vente
en justice pour être payé sur le prix au cas où son propriétaire ne
paierait pas les sommes qu'il doit rembourser.
Une hypothèque peut être conventionnelle, légale ou judiciaire. Dans tous les
cas, elle confère à son titulaire :
un droit de préférence : en cas de vente suite à une saisie immobilière, le
créancier sera payé, en priorité, sur le prix de vente ;
un droit de suite : il pourra faire saisir le bien même s'il a été revendu
depuis à un tiers.
Le gage est un contrat par lequel une personne remet à son
créancier un objet mobilier ou une valeur pour assurer l'exécution
de ses engagements, par exemple le remboursement d'un prêt
d'argent. Le contrat se forme par la remise de l'objet sur lequel porte
le gage.
B- Les droits personnels ou de créance
Si le droit réel porte sur une chose, le droit personnel ou de créance lie deux
personnes. Il se définit, ainsi, comme le droit subjectif qu'a une personne,
appelée créancier, d'exiger d'une autre personne, le débiteur, une certaine
prestation.
Il peut exiger de cette personne de donner quelque chose, de faire ou de ne pas
faire quelque chose
Exemple : le remboursement d’un prêt, la livraison d’une marchandise, la
réalisation d’un ouvrage ou d’un travail quelconque. Dans certains cas,
l’exécution de l’obligation peut consister en une simple abstention.
33
Cf. M. J. Essaid « Introduction à l’étude du droit », op. cit. p. 452.
63
Ils se distinguent :
- aussi bien des droits réels du fait qu’ils ne portent pas sur des objets
matériels mais sur des choses incorporelles;
- que des droits personnels, puisqu’ils sont opposables à tous et ne s’exercent
pas contre une personne déterminée.
Le droit des biens est la matière qui étudie les relations juridiques dont l'origine
ou l'objet se rapporte aux biens. Il s'intéresse aux relations entre personnes et
biens34.
La classification dans ce cadre des biens en biens corporels et biens incorporels
est très ancienne, elle remonte au droit romain.
- les biens corporels : sont tous les biens objet de droits qui ont une existence
matérielle : un immeuble ou un objet mobilier quelconque.
- les biens incorporels : ce sont des biens qui ont une valeur économique, mais
qui n’ont pas d’existence matérielle : propriété littéraire et artistique, fonds de
commerce.
Vu leur diversité, les choses font l’objet de plusieurs classifications 35. Nous en
retiendrons les plus importantes, à savoir :
- La distinction des choses consomptibles et des choses non
consomptibles ;
- et la distinction des choses fongibles et des choses non fongibles.
34
Les biens sont un ensemble qui comporte tant des choses matérielles (voiture) que des choses
immatérielles (droit d'auteur) des choses meubles (action de société) que des choses immeubles
(appartement) voir infra section 4.
35
Les choses peuvent être classifiées en : Les choses appropriées et les choses non appropriées; Les
choses fongibles et non fongibles ; Les choses consomptibles et non consomptibles ; Les choses
frugifères et non frugifères.
64
C’est les cas des denrées alimentaires, les combustibles, le Kleenex, l’argent
dans la mesure où il n’a pas fait l’objet d’un placement.
-Les choses non consomptibles :
Les choses non consomptibles sont celles qui, après plusieurs usages, conservent
l’essentiel de leur nature propre, de leur forme et de leur emploi initiaux.
Il s’agit à titre d’exemple : des propriétés immobilières, des meubles, des
véhicules, des objets quelconques et divers
Seules les choses non consomptibles36 peuvent faire l’objet d’un contrat
de louage ou d’un prêt à usage. Dans ce cas le prêteur en reste propriétaire et
l’emprunteur doit lui rendre la même chose (prêt à usage ou commodat).
§2 : Choses fongibles et choses non fongibles :
- les choses fongibles ou choses de genre sont toutes celles qui sont
interchangeables, c’est-à-dire, qui peuvent être mises à la place les unes des
autres. Comme on peut les compter, les mesurer, et les peser.
A titre d’exemple : les billets de banque, les céréales, les œufs…
-Les choses non fongibles ou corps certains, ont toutes une individualité
propre ne permettant pas de les remplacer parfaitement.
Tel par exemple, un terrain sis au n°6 de la rue X de la ville Y, un véhicule
immatriculé X. (La femme à l’ombrelle de Claude Monnet).
En vertu de l’article 516 du code Napoléon «Tous les biens sont meubles ou
immeubles ».
L’absence d’une telle affirmation ainsi que des définitions des
meubles et des immeubles au niveau du droit marocain, est compensée par un
inventaire des différentes catégories de biens meubles et immeubles.
La distinction des biens meubles et immeubles est fondée, au Maroc
comme en France, sur un critère physique : si la notion d’immeuble désigne
36
Les choses consomptibles peuvent toutefois faire l’objet d’un prêt de consommation.
65
la terre et tout ce qui y est fixé, le terme meuble s’applique normalement à
tous les autres objets.
§1 : Les immeubles
La notion d’immeuble désigne la terre et tout ce qui y est fixé. Elle se rapporte
aux biens insusceptibles de déplacement regroupés par le législateur en trois
catégories (art. 5 du code foncier du 2 juin 1915).
- les immeubles par nature ;
-les immeubles par destination ;
-et les immeubles par l’objet auquel ils s’appliquent.
A- les immeubles par nature
Les biens immobiliers sont répartis selon l’art. 6 du code foncier en
deux catégories :
1- les biens immeubles par nature
Il s’agit aussi bien des fonds de terre et des bâtiments (constructions),
que des machines et ouvrages fixés ou posés sur maçonnerie ou sur piliers
incorporés à un bâtiment ou au sol.
2- les biens réputés immeubles par leur nature
Cette catégorie englobe les récoltes pendantes par les racines et les
fruits des arbres non cueillis, les coupes de bois, taillis et futaies non
abattues.
B- les biens immeubles par destination :
Ce sont des biens meubles corporels affectés au service d’un immeuble
par nature et qui en deviennent les accessoires37. Cette destination peut être
agricole (animaux et matériels), industrielle ou commerciale (outils,
machines, équipements…), ou encore purement civile (accessoires mobiliers
d’une maison : portes, volets, fenêtres, appareils sanitaires…; meubles
attachés à perpétuelle demeure : boiseries, glaces ou autres ornements).
Dans ce sens, l’article 7 du Dahir de 1915 dispose que sont réputés
immeubles par leur destination, les objets que le propriétaire d’un fonds y a
placés pour le service et l’exploitation de ce fonds.
Il en est de même de tous les objets mobiliers que le propriétaire a
attachés au fonds à perpétuelle demeure.
C- Les immeubles par l’objet auquel ils s’appliquent
Cette appellation comprend deux grandes catégories d’immeubles :
37
Trois conditions sont nécessaires pour que le meuble devienne immeuble par destination.
1- la volonté du propriétaire de l’immeuble par nature de créer un lien de rattachement entre le
meuble et
l’immeuble.
2- le meuble doit appartenir au propriétaire de l’immeuble par nature.
3- le meuble doit être destiné à l’immeuble.
66
- d’une part, les droits réels immobiliers, comme la propriété des biens
immeubles, l’usufruit des mêmes biens, les servitudes et les services fonciers
ou les privilèges et les hypothèques38.
- et d’autre part, les actions qui tendent à revendiquer un immeuble,
appelés actions immobilières.
L’importance que le législateur attache aux immeubles ne couvre pas les
biens meubles qui ne sont définis par aucun texte
§ 2 : Les meubles
En l’absence d’une définition légale des biens meubles, on peut dire que
tout bien qui n’est pas immeuble est meuble.
Le législateur marocain, reconnaît, toutefois, l’existence de deux
catégories de biens meubles : les meubles par nature et les meubles par
anticipation.
A ces deux catégories le législateur français ajoute une troisième,
concernant les meubles par détermination de la loi.
A- Les meubles par nature
Il s’agit des objets mobiles ou qui peuvent être déplacés, mais qui ne sont
pas liés à un immeuble, comme les animaux, les récoltes coupées, les véhicules,
etc.
Le critère adopté pour leur détermination est l’absence de fixité.
B- Les meubles par anticipation
Considérée comme une pure fiction juridique, cette catégorie comprend
les biens immobiliers destinés à devenir meuble du fait qu’ils vont être séparés
de l’immeuble auquel ils sont attachés.
A titre d’exemple, les différents matériaux d’un bâtiment qui sera démoli,
les arbres qui feront l’objet d’une coupe, les matériaux à extraire d’une carrière.
C- Les meubles par détermination de la loi
L’article 592 du code civil français réunit dans cette catégorie tous les
droits qui portent sur les meubles. Il s’agit à titre d’exemple créances et des
actions de sociétés ainsi que tous les droits de propriété intellectuelle, le fonds
de commerce et tous les droits réels relatifs aux meubles.
38
Il s’agit comme le précise l’article 8 du code foncier : de la propriété et l’usufruit des biens
immeubles, des habous, des droits d’usage et d’habitation ; de l’emphytéose, du droit de superficie,
de l’antichrèse, des droits coutumiers musulmans, tel que : Gza, istidjar, guelza, zina, houa.
67
68