Droit Social Fiche CH3

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Fiche CH3 

Les conflits collectifs

Deux formes de conflits :


- Le litige oppose l’employeur à un salarié déterminé à propos de l’exécution du
contrat de travail, il s’agit d’un conflit individuel  peut être résolu devant le CDPH.
- Le litige oppose l’employeur à plusieurs ou à tous les salariés de l’entreprise  le
conflit devient collectif.

I : La grève

A : La définition

 Droit constitutionnellement protégé.


 « Exercice normal du droit de grève » : interdisant toute sanction ou tout licenciement
disciplinaire d’un salarié gréviste.
 L’exercice du droit de grève ne peut justifier la rupture du contrat de travail sauf faute
lourde imputable au salarié. Tout licenciement prononcé en absence de faute lourde est nul
de plein droit.
 Droit à réintégration du salarié et si pas de réintégration : minimum 6 mois de salaire.
 Le droit de grève est un droit reconnu à tout salarié. Il s’agit d’un droit individuel : le
salarié décide seul de faire grève et n’est pas soumis à la décision de la majorité, ou des
syndicats.
Il s’agit d’un droit atypique puisqu’il permet la violation des obligations contractuelles en
toute légalité. L’exercice normal du droit de grève occasionne un préjudice à l’entreprise.

Selon CC : la grève est la cessation collective et concertée du travail en vue d’appuyer des
revendications professionnelles.

Pour être valable : 4 conditions cumulatives :


1. Une cessation totale de travail : abandon du travail.
La durée de la cessation importe peu d’après CC.
 Attention : quand le mouvement désorganise l’entreprise et non plus seulement la
production, l’exercice du droit de grève devient anormal et abusif car il y a atteinte à
d’autres droits ou libertés.
 La grève tournante est interdite dans le secteur public.

2. Une décision collective.


Une partie ou la totalité du personnel doit cesser le travail : minimum 2.
Exception si seul : s’il suit un mouvement national ou s’il est le seul et unique salarié.

3. Une décision concertée : manifestation d’une volonté commune d’interrompre le


travail pour faire grève.

4. L’existence de revendications professionnelles.


D’après CC : le caractère raisonnable ou déraisonnable des revendications n’a pas à
être apprécié par le juge.
Grèves illicites : la grève de solidarité externe et la grève d’autosatisfaction.

B : Les modalités


1. Dans les services et entreprises publics :
Il en est de même pour les organismes privés assurant la gestion d’un service public.
 Certains fonctionnaires affectés à la sécurité n’ont pas le droit de grève.
 Pour les autres : le droit de grève n’est ouvert que 5j francs après le dépôt d’un
prévis motivé. Il doit indiquer le champ géographique ainsi que l’heure du début et la
durée de la grève envisagée.
 Grève tournante est interdite
 Certains fonctionnaires doivent assurer un service minimum.

2. Dans le secteur privé :


 Le moment du déclenchement importe peu, sans obligation légale de respecter un
préavis ou des formalités préalables.
Seule condition : les revendications professionnelles doivent être présentées
préalablement au déclenchement de la grève à l’employeur.

C : Les grèves licites et illicites

1. Illicites.

L’abus de droit de grève se caractérise : la désorganisation de l’entreprise et pas seulement


de la production :
La grève perlée, la grève du zèle : pas d’arrêt de l’activité.
La grève politique, la grève de solidarité externe, la grève d’autosatisfaction, la grève
d’occupation des locaux : le blocage d’accès au site, dégradations des locaux…
 Les syndicats et les grévistes sont responsables des abus commis pendant une grève.
L'employeur et les non-grévistes peuvent demander réparation devant les tribunaux.
L’employeur peut également saisir les juridictions en référé (urgence) pour demander
l’expulsion du site.

2. Licites :
 La grève surprise (sauf service public), la grève tournante (sauf service public), la grève de
solidarité externe.

II : Les effets de la grève sur le contrat de travail

A : La suspension du contrat de travail


 La grève suspend le contrat de travail mais ne le rompt pas, sauf en cas de faute lourde
du salarié.
 Les parties sont dégagées de leurs obligations principales le temps de la grève : le salarié
ne travaille pas, l’employeur n’a pas à le rémunérer.
 L'employeur peut retenir sur la paie du salarié gréviste la part du salaire correspondant à
la durée de la grève. Il ne peut pas y avoir de mention sur le bulletin de paie de l'exercice du
droit de grève. Cette retenue doit être proportionnelle sinon sanction pécuniaire interdite.

Aussi :
 Le salarié ne bénéficie plus de la protection en matière d’accidents de travail ou de
trajet ;
 Les jours de grève ne sont pas pris en compte pour le calcul des congés payés ;
 Le salarié ne percevra pas le complément patronal, s’il est malade lors de la grève.

B : La faute lourde du salarié

La faute grave perpétrée sans intention de nuire ne peut entrainer le licenciement du


gréviste.
 Dans ce cas, le licenciement est nul de plein droit car il s’agit d’un droit constitutionnel.
Le salarié a droit à être réintégré s’il le souhaite et peut obtenir une indemnisation liée au
préjudice subi (6 mois de salaire minimum).
 Le salarié licencié à tort peut saisir le juge afin d’obtenir sa réintégration qui peut être
ordonnée sous astreinte journalière.

Constitue une faute lourde : le saccage des locaux, actes de violence, séquestration, ou
encore entrave à la liberté du travail.

Attention : ne pas confondre faute lourde perpétrée pendant un mouvement licite de


grève et la participation à un mouvement illicite. Dans ce dernier cas, l’employeur
conserve son pouvoir disciplinaire et peut sanctionner le salarié comme il le souhaite. Le
droit de grève ne le protège pas !

C : Le droit au travail des salariés non-grévistes


Durant la grève, l’employeur doit fournir à ces salariés les moyens d’effectuer leur travail et
leur verser un salaire sauf si l’employeur prouve un cas de force majeur qui l’a conduit à
l’impossibilité de leur donner du travail.
 Il peut mettre ces salariés en activité partielle.

III : La réaction de l’employeur face à la grève

A : Les moyens de poursuite de l’activité

1. La réorganisation de l’entreprise.
 Si l’employeur ne peut recourir aux contrats précaires pour remplacer les grévistes, il
peut :
Procéder à une réaffectation temporaire des salariés non-grévistes, leur faire effectuer des
heures supplémentaires, recourir à la sous-traitance ou procéder à des embauches en CDI.

2. L’expulsion des grévistes.


 L’employeur a recours à la procédure de référé afin d’obtenir une ordonnance
d’expulsion des grévistes qui occupent les lieux de travail  juge du TJ compétent.
 La compétence du juge des référés repose sur la constatation de l’existence d’un trouble
manifestement illicite qu’il y a eu lieu de faire cesser.
 Le juge refusera l’expulsion s’il constate le caractère non violent de l’occupation.
 Pour prendre sa décision, il peut nommer un expert judiciaire qui va sur place et jour un
rôle de médiateur.
 Le juge si OK : prend une ordonnance d’expulsion, et si les grévistes ne partent pas, ils
commettent une faute lourde.

3. Les actions en responsabilité.


 La responsabilité civile d’un gréviste peut être engagée s’il a commis une faute lourde
personnellement et intentionnellement et si cette faute a occasionné un préjudice distinct
de celui résultant normalement de l’exercice du droit de grève.
L’action peut être exercée par l’employeur ou les salariés non-grévistes devant le CPDH.

 Mise en jeu de la responsabilité nécessite réunion de 3 éléments : Faute lourde, préjudice


indépendant de celui de la seule grève, lien de causalité.
 Certains actes commis peuvent recevoir une qualification pénale et être poursuivis en
tant que tels.

4. La réquisition.
 Seul le préfet dispose du droit de requérir les personnes en grève des entreprises privées
ou publiques.

B : Le lock out


 L’employeur, lors d’un conflit collectif peut être amené à fermer provisoirement
l’entreprise.

1. Principe :
 Lock-out : pas reconnu par la loi : donc illicite pour l’employeur de fermer
temporairement l’entreprise : volonté de ne pas payer les salaires des non-grévistes et/ou
faire pression sur les salariés grévistes pour qu’ils cessent la grève.
 Faute contractuelle qui oblige l’employeur à réparer les préjudices des salariés non-
grévistes + entrave au droit de grève.

2. Les fermetures justifiées.


- Force majeure : difficile car grève est toujours prévisible.
- L’inexécution fautive par les salariés de leurs propres obligations.
- La sécurité des personnes ou des biens.
La fermeture licite suspend le contrat de travail : l’employeur n’est pas tenu de payer les
salaires correspondant à la durée des fermetures : salariés percevront des indemnités
d’activités partielles.

IV : Les modes de règlement des conflits


Recours aux modes alternatifs de règlement des litiges (MARL ou MARC) permet de trouver
une solution à l’amiable.

A : La conciliation

 Procédure selon laquelle les parties à un conflit collectif de travail soumettent le différend
qui les oppose à une commission nationale, régionale, ou départementale de conciliation.
 La procédure légale de conciliation est facultative.
 A son issue : PV d’accord ou de désaccord total ou partiel des parties est établi.
 Si accord est trouvé : il a valeur d’accord collectif.
 En cas d’échec, conflit soumis soit à la médiation soit à l’arbitrage.

B : La médiation

 Procédure de règlement des conflits collectifs du travail dans laquelle une personnalité,
désignée en fonction de son autorité morale ou de ses compétences, soumet aux parties
des propositions de solution du différend qui les oppose, sous la forme de
recommandations.

 Procédure peut être engagée : après l’échec de la conciliation (par Ministre du Travail, le
président de la commission nationale de conciliation, à la demande d’une des 2 parties, ou
de sa propre intiative OU directement par le ministre du travail ou par le Préfet.

 Seuls les conflits collectifs d'ordre économique peuvent être envoyés à un médiateur. 


Lorsque ce dernier constate que le conflit porte sur l'interprétation ou la violation de
dispositions législatives, réglementaires ou conventionnelles, il doit recommander aux
parties de soumettre le conflit soit à la juridiction compétente pour en connaître, soit à une
procédure d'arbitrage. 
 A l'issue de la médiation, le médiateur soumet aux parties, sous forme
de recommandation motivée, des propositions en vue du règlement des points en litige,
dans un délai d'un mois à compter de la désignation, susceptible de prolongation.
 Les parties peuvent la rejeter dans un délai de 8 jours à compter de la réception de la
proposition. Ce rejet doit être motivé. Les parties qui ne l'ont pas rejetée sont liées par la
recommandation qui a valeur d’accord collectif.

C : L’arbitrage

 Les parties peuvent, d’un commun accord, décider de soumettre à une entité désignée
par elles, les conflits qui subsisteraient à l’issue d’une procédure de conciliation ou de
médiation.
 La procédure peut également être prévue dans la convention collective applicable à
l'entreprise et doit donc être mise en place.
 L’arbitre ne peut statuer sur d’autres points que ceux déterminés par le PV de non
conciliation ou par la proposition du médiateur.
 L’arbitre peut statuer en droit sur les conflits relatifs à l’interprétation et à l’exécution des
lois, règlements, conventions ou accords collectifs de travail.
 A l’issue de sa mission il rend une sentence arbitrale : produit les effets d’un accord
collectif de travail pour les parties.

D : Les procédures informelles de règlement des conflits collectifs

 Négociation entre l’employeur et les grévistes : il en résulte un document que l’on qualifie
de protocole ou accord de fin de conflit dans lequel parties définissent à quelles conditions
va s’effectuer la reprise du travail.
 Lorsqu’il est négocié et conclu par les DS : il a valeur d’accord collectif.

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