Grandes Classes Des Matériaux - Partie A - Pr. MOUSSA
Grandes Classes Des Matériaux - Partie A - Pr. MOUSSA
Grandes Classes Des Matériaux - Partie A - Pr. MOUSSA
NOTES DE COURS
SMC 6
2020 – 2021
PLAN :
INTRODUCTION GENERALE
PARTIE A :
GENERALITES SUR LES MATERIAUX
CHAPITRE I : LES DIFFERENTES CLASSES DE MATERIAUX
CHAPITRE II : LIAISONS ET EMPILEMENTS ATOMIQUES
CHAPITRE III : LES CONSTANTES D’ELASTICITE
PARTIE B :
TRAITEMENTS THERMIQUES DES METAUX
CHAPITRE IV : LE DIAGRAMME DE PHASE FER – CARBONE
CHAPITRE V : TRAITEMENTS THERMIQUES
PARTIE C :
PROCEDES METALLURGIQUES
CHAPITRE VI : ELABORATION DE LA FONTE ET DES ACIERS
CHAPITRE VII : ELABORATION DE L’ALUMINIUM
INTRODUCTION GENERALE
Les matériaux ont de tout temps défini le niveau de développement de notre civilisation.
L’âge de pierre, du bronze, du fer, ont marqué les premiers pas de l’humanité. Actuellement, ils
sont omniprésents dans notre quotidien. Il n'est pas de structures, d'infrastructures sans matériaux. Il
n'est pas de transport ni de production d'énergie sans matériaux. Ils occupent une place
fondamentale dans l'activité économique mondiale et sont également l'objet d'une attention
particulière de la part des acteurs scientifiques qui n'ont de cesse de les améliorer, de les adapter et
de les optimiser pour répondre aux exigences technologiques, environnementales et sociétales
croissantes.
Un matériau est tout produit (naturel ou artificiel) qui peut être utilisé pour fabriquer des objets.
C’est aussi toute substance, ou matière pouvant être mise en forme. Il peut être:
✓ D’origine naturelle comme :
• les minéraux extraits du sol
• les matières organiques d’origine végétale (bois, coton, lin…) ou d’origine animale (laine,
corne…)
✓ D’origine artificielle : ils n’existent pas dans la nature ; il faut donc un travail humain pour créer
de nouveaux matériaux. C’est ce qu’on appelle les matériaux de synthèse :
• les métaux que l’on extrait à partir des minéraux (cuivre, zinc, argent, aluminium,....)
• les alliages qui sont des mélanges de plusieurs métaux (bronze, laiton, …)
• les plastiques que l’on crée à partir d’éléments naturels comme le bois, le charbon et le pétrole...
(PVC, caoutchouc, polystyrène, polyamide, nylon…).
Les Sciences des Matériaux est la discipline consacrée à l’étude des relations entre la microstructure
des matériaux (nature des liaisons chimiques et organisation à l’échelle atomique) et leurs
propriétés physiques (optiques, magnétiques, électriques,....) et mécaniques.
Enfin, l’utilisation des matériaux doit prendre en compte plusieurs aspects tels que leur
disponibilité, leur coût, leur facilité de mise en forme et leur compatibilité avec l’environnement.
PARTIE A
GENERALITES SUR LES MATERIAUX
CHAPITRE I
Les matériaux peuvent être classés, selon leur nature en quatre familles principales (fig. 1) :
b- polymères
c- Céramiques et verres
d- Matériaux composites qui sont en fait des combinaisons de matériaux de différentes familles.
Ce chapitre est consacré à une brève présentation des principales caractéristiques de chaque
famille
I- Métaux et alliages métalliques
Par définition, un métal est un corps :
- qui conduit l’électricité et la chaleur,
- qui est malléable (par martelage, il peut donner des feuilles minces),
- qui est ductile (il peut être étiré), et,
- qui a un aspect brillant (possède un éclat lumineux).
Ces caractéristiques sont les conséquences de la nature de la liaison métallique et du type
d’empilement compact ou semi-compact adopté par les métaux (Cf. Chapitre II).
A l’état naturel, les métaux sont présents dans les minerais, souvent sous une forme combinée
(oxydes, sulfures, carbonates,...). En effet, les éléments métalliques s’ionisent facilement car ils
possèdent des électrons sur la couche externe, faiblement liés au noyau. Leur utilisation nécessite
donc leur extraction et purification à l’aide de procédés métallurgiques appropriés (Cf. partie C du
cours).
A l’échelle industrielle, les métaux sont plus souvent utilisés sous la forme d’alliages métalliques
(association de métaux), qu’à l’état pur. Les alliages les plus exploités sont :
- les alliages à base de fer : Ces alliages (aciers et fontes) ont un rôle capital sur le plan
technologique. Ils constituent près de 90 % en masse de la production mondiale de matériaux
métalliques, avec 1,86 milliard de tonnes en 2020.
Plusieurs facteurs expliquent cette importance : les alliages ferreux se prêtent facilement à une
production en masse, ils sont bon marché et on peut les acquérir sous des formes très variées grâce à
la diversité des traitements thermiques et des éléments d’addition. L’acier est un alliage de fer
renfermant au maximum 2,1 % en masse de carbone. La fonte contient, quant à elle, de 2,1 à 6,69
% en masse de carbone.
- les alliages non-ferreux : Ils ne représentent que 10 % des matériaux métalliques utilisés dans
l’industrie. Leur importance réside dans certaines de leurs propriétés spécifiques : masse volumique
faible, propriétés électriques, résistance à la corrosion et à l’oxydation, mise en œuvre aisée. Les
plus utilisés sont les alliages à base d’aluminium avec une production mondiale d’environ 65
millions de tonnes en 2018. Leurs avantages l’emportent dans certaines applications, malgré leur
coût de revient plus élevé.
INTRODUCTION
Le comportement d’un matériau exprime sa réaction à une sollicitation extérieure. On définit une
propriété du matériau comme une évaluation (une mesure) de son comportement à l’aide d’une
technique expérimentale appropriée.
On distingue trois types de propriétés :
- les propriétés mécaniques qui reflètent la réponse d’un matériau sous l’action de forces,
- les propriétés physiques qui caractérisent le comportement d’un matériau soumis à l’action de la
chaleur, de champs électriques ou magnétiques ou de la lumière, et,
- les propriétés chimiques caractéristiques du comportement des matériaux soumis à l’action
d’agents plus ou moins agressifs.
Pour mieux caractériser les matériaux, il est nécessaire de les observer à l’échelle atomique. Deux
facteurs ont un effet important à cette échelle :
(i) : la nature des forces qui relient les atomes entre eux (liaisons interatomiques), et,
(ii) : la façon dont les atomes sont arrangés dans l’espace (empilement atomique).
a- la liaison ionique
C’est une liaison d’origine électrostatique entre anions et cations. Elle est responsable de la
cohésion de céramiques de type oxyde tels que Al2O3 ou MgO.
L’expression de l’énergie de liaison U en fonction de la distance r entre ions de signes opposés est :
b- La liaison covalente
Ce type de liaison est responsable de la cohésion des céramiques telles que le carbone diamant, le
silicium, le germanium, de types carbures ou nitrures (SiC, B4C, Si3N4,...) du verre, ainsi que de
certains métaux réfractaires (à haut point de fusion) tels que W, Mo, Ta,... On retrouve ce type de
liaison également dans les polymères (elle lie les atomes de carbone le long des chaînes
polymériques.
L’énergie d’une liaison covalente (figure 2), est décrite par l’équation empirique :
Cette liaison est le résultat d’un recouvrement d’orbitales électroniques atomiques avec mise en
commun d’électrons pour donner naissance à de nouvelles orbitales moléculaires.
Dans le diamant, par exemple, le C est hybridé sp3 : Un atome C est lié à 4 atomes C situés aux
sommets d’un tétraèdre. Le degré élevé de symétrie de ces orbitales rend la liaison covalente très
directionnelle : selon le type d’orbitales mises en jeu, elle présente de nombreuses sortes de
directions privilégiées qui déterminent à leur tour l’architecture de la molécule de base et le type
d’empilement des atomes dans les cristaux.
L’absence de porteurs de charges (électrons) à l’état libre explique que les composés covalents
soient des isolants électriques.
c- La liaison métallique
Elle est responsable de la cohésion de la plupart des métaux et des alliages. C’est le résultat de la
mise en commun des électrons d’énergie élevée des atomes du métal (e- des couches externes) qui
forment un ensemble (un gaz d’électrons) plus ou moins libre (figure 3). Ce gaz d’e- assure la
liaison dans l’édifice métallique, il n’est pas rattaché à un atome donné, ce qui explique les
conductivités électriques et thermiques élevées des métaux et alliages. Cette liaison n’est pas
directionnelle, par conséquent, les atomes métalliques ont tendance à adopter un empilement
compact ou semi-compact.
Figure 3 : Modèle de liaison métallique
a- La liaison hydrogène
- Elle est présente dans l’eau et lui permet d’exister à l’état solide. Sans l’existence de cette liaison,
la température d’ébullition de l’eau serait de -80 °C et il n’y aurait pas eu de vie sur terre.
- Elle est également responsable des liens entre les macromolécules de certains polymères,
notamment le polyéthylène.
La figure 4 schématise la liaison hydrogène dans l’eau.
Pour l’exemple, ces forces sont responsables de l’existence de l’azote liquide à -198 °C. Il
s’évapore instantanément à température ambiante sous l’effet d’une faible agitation thermique,
preuve de la faiblesse de ces forces.
AIII- Synthèse
Dans le tableau suivant, nous présentons les principales caractéristiques des liaisons passées en
revue et certaines propriétés des matériaux où elles sont présentes.
Type de liaison Covalente Ionique Métallique Hydrogène Van der Waals
Conductivité
Faible Basse Elevée Faible Basse
électrique
Température
Elevée Elevée Faible à Elevée Faible Faible
de fusion
INTRODUCTION
Lorsqu'un matériau est soumis à des contraintes mécaniques externes, il subit des déformations qui
dépendent de l'intensité de ces contraintes. Si ces dernières sont très faibles, on observe
expérimentalement que les déformations sont proportionnelles aux contraintes appliquées. La
constante de proportionnalité est une grandeur élastique, caractéristique du matériau et du type de
déformation subi par celui-ci.
I- DEFINITIONS
1- La contrainte
- Sur sa face supérieure, cette plaque est soumise à une force normale : ⊥ . La contrainte de
- Sur sa face inférieure, cette plaque est soumise à la même force, qui n’est plus normale. On
peut donc la décomposer en deux composantes : N (normale) et T (tangentielle). On définit alors
deux composantes de la contrainte :
2- La déformation
Les matériaux réagissent aux contraintes en se déformant, peu ou beaucoup selon leur nature : selon
qu’ils soient rigides (céramiques, verres, aciers,...) ou souples (polymères).Prenons l’exemple d’une
plaque de longueur L et de largeur l, soumise à une contrainte de traction simple (figure 2).
Figure 2 : La déformation
3- Le module d’élasticité
On remarque que les matériaux à fort module sont les céramiques telles que le diamant, les carbures
métalliques (SiC, B4C, WC,...), les oxydes (Al2O3, BeO,..). La plupart des métaux et alliages
métalliques occupent le milieu du tableau, alors que les polymères se caractérisent par les plus
faibles modules.
Par conséquent on peut conclure qu’il existe un rapport intime entre la valeur du module
d’élasticité d’un matériau et la nature des forces de liaisons interatomiques.
On note également que certaines céramiques telles que les verres, la calcite, le ciment,..., ont un
module de valeur moyenne. La raison est que ces matériaux ont de faibles densités et que la valeur
de E dépend fortement de cette grandeur microstructurale.
4- La loi de Hooke
Les matériaux se déforment lorsqu'ils sont soumis à une contrainte. Certains sont plus raides que
d'autres. Certains sont plus cassants ... Chaque matériau a ses limites qu'il faudra identifier. Les
matériaux ont tous, d’une manière générale, deux phases de comportement sous l'effort :
Pour le cas le plus simple d'une traction ou d'une compression sur une barre en matériau isotrope
(même comportement dans toutes les directions), la loi de Hooke exprime, à l’état élastique (très
faibles déformations), la proportionnalité entre la contrainte σ et la déformation ϵ.
Le coefficient de proportionnalité est le module d’élasticité : σ = E × ε
Un matériau céramique est caractérisé par un comportement fragile : quand il est soumis
à une contrainte, il va casser sans déformation notable (ε faible). La courbe aura l’allure
décrite sur la figure 3.
Figure 3 : Courbe de traction caractéristique d’un matériau fragile.
On constate donc une évolution linéaire de la contrainte en fonction de la déformation (qui est très
faible, de l’ordre de 10-3), jusqu’à la rupture qui correspond à la contrainte à la rupture σR.
Les matériaux métalliques (Al, Cu, ...) ou les polymères, ont un comportement différent :
lorsqu’ils sont soumis à une contrainte, ils se déforment de manière plus importante avant de
casser. Ils ont un comportement ductile. La courbe σ = f(ε) aura une allure différente
(figure 4).
Sur cette courbe, on peut distinguer trois domaines : OA, AB et BC. L’évolution de la déformation
du matériau est représentée sur la figure 5 :
Figure 5 : Evolution de la déformation en fonction des domaines OA, AB et BC
III- LA DURETE
La dureté d’un matériau caractérise sa résistance qu’il oppose à la pénétration d’un autre corps
plus dur que lui. Ainsi, la dureté du matériau sera d’autant pus grande que la pénétration du corps
sera faible. La dureté est mesurée à l’aide d’un appareil : le duromètre.
Il existe plusieurs types d’essais de dureté, qui se différentient essentiellement par la forme (la
géométrie) et la nature (diamant, acier , carbures très durs, ...) du pénétrateur.
L’un des essais les plus courants est l’essai Vickers (figure 6).
Figure 6 : Essai de dureté Vickers
Le pénétrateur (l’indenteur) a la forme d’une pyramide à base carrée, soumis à une charge P et dont
le sommet pénètre le matériau à tester.
Après l’essai, l’empreinte (la trace) sur le matériau est un carré de diagonale d (schématisée à droite
de la figure). La valeur de la dureté HV est donnée par l’expression :