Grandes Classes Des Matériaux - Partie A - Pr. MOUSSA

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MODULE : LES GRANDES CLASSES DES MATERIAUX

ELEMENT : LES MATERIAUX INORGANIQUES

NOTES DE COURS
SMC 6

2020 – 2021
PLAN :

INTRODUCTION GENERALE

PARTIE A :
GENERALITES SUR LES MATERIAUX
CHAPITRE I : LES DIFFERENTES CLASSES DE MATERIAUX
CHAPITRE II : LIAISONS ET EMPILEMENTS ATOMIQUES
CHAPITRE III : LES CONSTANTES D’ELASTICITE

PARTIE B :
TRAITEMENTS THERMIQUES DES METAUX
CHAPITRE IV : LE DIAGRAMME DE PHASE FER – CARBONE
CHAPITRE V : TRAITEMENTS THERMIQUES

PARTIE C :
PROCEDES METALLURGIQUES
CHAPITRE VI : ELABORATION DE LA FONTE ET DES ACIERS
CHAPITRE VII : ELABORATION DE L’ALUMINIUM
INTRODUCTION GENERALE

Les matériaux ont de tout temps défini le niveau de développement de notre civilisation.
L’âge de pierre, du bronze, du fer, ont marqué les premiers pas de l’humanité. Actuellement, ils
sont omniprésents dans notre quotidien. Il n'est pas de structures, d'infrastructures sans matériaux. Il
n'est pas de transport ni de production d'énergie sans matériaux. Ils occupent une place
fondamentale dans l'activité économique mondiale et sont également l'objet d'une attention
particulière de la part des acteurs scientifiques qui n'ont de cesse de les améliorer, de les adapter et
de les optimiser pour répondre aux exigences technologiques, environnementales et sociétales
croissantes.

Un matériau est tout produit (naturel ou artificiel) qui peut être utilisé pour fabriquer des objets.
C’est aussi toute substance, ou matière pouvant être mise en forme. Il peut être:
✓ D’origine naturelle comme :
• les minéraux extraits du sol
• les matières organiques d’origine végétale (bois, coton, lin…) ou d’origine animale (laine,
corne…)
✓ D’origine artificielle : ils n’existent pas dans la nature ; il faut donc un travail humain pour créer
de nouveaux matériaux. C’est ce qu’on appelle les matériaux de synthèse :
• les métaux que l’on extrait à partir des minéraux (cuivre, zinc, argent, aluminium,....)
• les alliages qui sont des mélanges de plusieurs métaux (bronze, laiton, …)
• les plastiques que l’on crée à partir d’éléments naturels comme le bois, le charbon et le pétrole...
(PVC, caoutchouc, polystyrène, polyamide, nylon…).

Les Sciences des Matériaux est la discipline consacrée à l’étude des relations entre la microstructure
des matériaux (nature des liaisons chimiques et organisation à l’échelle atomique) et leurs
propriétés physiques (optiques, magnétiques, électriques,....) et mécaniques.

Enfin, l’utilisation des matériaux doit prendre en compte plusieurs aspects tels que leur
disponibilité, leur coût, leur facilité de mise en forme et leur compatibilité avec l’environnement.
PARTIE A
GENERALITES SUR LES MATERIAUX
CHAPITRE I

LES DIFFERENTES CLASSES DE MATERIAUX

Les matériaux peuvent être classés, selon leur nature en quatre familles principales (fig. 1) :

a- Métaux et alliages métalliques

b- polymères

c- Céramiques et verres

d- Matériaux composites qui sont en fait des combinaisons de matériaux de différentes familles.

Figure 1- Les différentes classes des matériaux

Ce classement repose en grande partie sur deux critères :

- La nature de la liaison chimique entre les atomes qui constituent le matériau, et

- le type de l’arrangement de ces atomes dans l’espace (empilement).

Ce chapitre est consacré à une brève présentation des principales caractéristiques de chaque
famille
I- Métaux et alliages métalliques
Par définition, un métal est un corps :
- qui conduit l’électricité et la chaleur,
- qui est malléable (par martelage, il peut donner des feuilles minces),
- qui est ductile (il peut être étiré), et,
- qui a un aspect brillant (possède un éclat lumineux).
Ces caractéristiques sont les conséquences de la nature de la liaison métallique et du type
d’empilement compact ou semi-compact adopté par les métaux (Cf. Chapitre II).
A l’état naturel, les métaux sont présents dans les minerais, souvent sous une forme combinée
(oxydes, sulfures, carbonates,...). En effet, les éléments métalliques s’ionisent facilement car ils
possèdent des électrons sur la couche externe, faiblement liés au noyau. Leur utilisation nécessite
donc leur extraction et purification à l’aide de procédés métallurgiques appropriés (Cf. partie C du
cours).
A l’échelle industrielle, les métaux sont plus souvent utilisés sous la forme d’alliages métalliques
(association de métaux), qu’à l’état pur. Les alliages les plus exploités sont :
- les alliages à base de fer : Ces alliages (aciers et fontes) ont un rôle capital sur le plan
technologique. Ils constituent près de 90 % en masse de la production mondiale de matériaux
métalliques, avec 1,86 milliard de tonnes en 2020.
Plusieurs facteurs expliquent cette importance : les alliages ferreux se prêtent facilement à une
production en masse, ils sont bon marché et on peut les acquérir sous des formes très variées grâce à
la diversité des traitements thermiques et des éléments d’addition. L’acier est un alliage de fer
renfermant au maximum 2,1 % en masse de carbone. La fonte contient, quant à elle, de 2,1 à 6,69
% en masse de carbone.
- les alliages non-ferreux : Ils ne représentent que 10 % des matériaux métalliques utilisés dans
l’industrie. Leur importance réside dans certaines de leurs propriétés spécifiques : masse volumique
faible, propriétés électriques, résistance à la corrosion et à l’oxydation, mise en œuvre aisée. Les
plus utilisés sont les alliages à base d’aluminium avec une production mondiale d’environ 65
millions de tonnes en 2018. Leurs avantages l’emportent dans certaines applications, malgré leur
coût de revient plus élevé.

II- Les polymères


Les polymères sont généralement des solides organiques macromoléculaires. Ils sont obtenus par
l’assemblage d’unités fondamentales de base : les monomères. Ils peuvent exister à l’état naturel (le
latex,...) ou bien être obtenus par synthèse.
Les monomères possèdent une double liaison covalente (C = C), celle-ci peut s’ouvrir pour devenir
sous la forme –C-C-, à laquelle d’autres monomères peuvent se lier. C’est le processus de
polymérisation.
Exemple : le polyéthylène est obtenu par la polymérisation de l’éthylène C2H4 (fig. 2):

Figure 2 : Séquence de polymérisation du polyéthylène


Les macromolécules à squelette covalent ainsi formées, sont liées entre elles par des liaisons
secondaires (faibles), de Van der Walls ou hydrogène.
Plusieurs variétés de matériaux polymères qui se distinguent par leurs propriétés sont utilisées :
polymères thermoplastiques (recyclables), thermodurcissables (non recyclables), élastomères,... Ces
propriétés dépendent notamment du type de monomère d’origine, de la nature de l’assemblage des
chaînes et du degré de polymérisation.
D’une manière générale, les propriétés des polymères sont liées à l’existence des liaisons faibles et
à leur microstructure :
- ils ont une faible densité car l’empilement atomique n’est pas compact,
- ils ont une faible résistance à la déformation et donc sont faciles à mettre en forme,
- ils sont isolants et à basse température de fusion,
- ils présentent une bonne résistance à la corrosion.

III- Les céramiques et verres


Le mot « céramique » a été longtemps associé aux produits de la terre cuite, aux porcelaines,... En
réalité, cette famille englobe tous les matériaux à liaisons iono-covalentes, soit d’origine naturelle
(les roches,...), soit synthétiques, composés de l’association d’éléments métalliques et non
métalliques (oxydes, carbures, nitrures).
D’une manière générale, les céramiques ont des structures moins denses que celles des métaux
(l’empilement des atomes est moins compact). Toutefois, les liaisons fortes ioniques et covalentes
leur confèrent une très bonne tenue en température (réfractérité) et une grande rigidité. Ce sont des
matériaux isolants électriques et thermiques, durs, résistants à l’usure, à haut point de fusion et qui
présentent une bonne résistance à la corrosion.
Ces différentes caractéristiques offrent aux céramiques un large champ d’applications industrielles,
notamment :
- comme outils de coupe pour l’usinage des produits métalliques (fontes, aciers, superalliages,...)
- en médecine, comme implants ou prothèses dentaires ou osseuses (alumines Al2O3, apatites
(phosphate de calcium),...).
- dans l’industrie automobile : leur utilisation a pour buts d’améliorer l’isolation thermique, la
résistance à l’usure par frottement et d’alléger les pièces en mouvement.
- ...

IV- Les composites


Un matériau composite est un matériau qui associe deux ou plusieurs matériaux différents qui
appartiennent parfois à deux familles distinctes, pour obtenir une combinaison de propriétés qui tire
avantage de chacun. C’est aussi un mélange de deux matériaux (ou plus) de base, distincts à
l'échelle macroscopique, ayant des propriétés physiques et mécaniques différentes. Ce mélange est
effectué de manière à avoir des propriétés optimales, différentes et en général supérieures à celles
de chacun des constituants.
Ces matériaux ont un large champ d’application dans de nombreux secteurs : l’industrie automobile,
l’aéronautique, le bâtiment,...
Les constituants sélectionnés peuvent améliorer les propriétés suivantes : rigidité, résistance
thermomécanique, tenue à la fatigue, résistance à la corrosion, étanchéité, tenue aux chocs, au feu,
isolations thermique et électrique, allègement des structures,...
Parmi les matériaux composites que nous rencontrons dans notre vie quotidienne, on peut citer :
- les bétons armés, composés de ciment, de sable, de caillasse, d’eau et de barres métalliques,
- les vitres blindées, composées de verre renforcé de fils métalliques,
- les pneumatiques (roues de véhicules), composés de caoutchouc (polymère) et de fils
métalliques.
CHAPITRE II
LIAISONS CHIMIQUES ET EMPILEMENTS ATOMIQUES

INTRODUCTION
Le comportement d’un matériau exprime sa réaction à une sollicitation extérieure. On définit une
propriété du matériau comme une évaluation (une mesure) de son comportement à l’aide d’une
technique expérimentale appropriée.
On distingue trois types de propriétés :
- les propriétés mécaniques qui reflètent la réponse d’un matériau sous l’action de forces,
- les propriétés physiques qui caractérisent le comportement d’un matériau soumis à l’action de la
chaleur, de champs électriques ou magnétiques ou de la lumière, et,
- les propriétés chimiques caractéristiques du comportement des matériaux soumis à l’action
d’agents plus ou moins agressifs.
Pour mieux caractériser les matériaux, il est nécessaire de les observer à l’échelle atomique. Deux
facteurs ont un effet important à cette échelle :
(i) : la nature des forces qui relient les atomes entre eux (liaisons interatomiques), et,
(ii) : la façon dont les atomes sont arrangés dans l’espace (empilement atomique).

A- LES LIAISONS CHIMIQUES


La formation d’ensembles polyatomiques stables dits molécules implique que les atomes s’unissent
pour former des entités plus stables énergétiquement. La liaison chimique est un concept qui permet
d’expliquer la cohésion de la matière et par la suite son influence sur les propriétés des matériaux. Il
existe cinq types de liaison : la liaison ionique, covalente, métallique, de van der Waals et
hydrogène. La liaison chimique est le résultat de l’union des couches électroniques externes des
atomes qui constitue la molécule. On distingue :
- les liaisons fortes : ioniques, covalentes et métalliques qui se désagrègent (sont détruites) à des
températures allant de 1000 à 5000 K, et,
- les liaisons secondaires : liaisons de Van der Waals et liaisons hydrogène qui sont relativement
faibles car elles se désagrègent entre 100 et 500 K.
A I- Les liaisons fortes :
La cohésion des céramiques et des métaux est due à des liaisons fortes : ioniques, covalentes et
métalliques.

a- la liaison ionique
C’est une liaison d’origine électrostatique entre anions et cations. Elle est responsable de la
cohésion de céramiques de type oxyde tels que Al2O3 ou MgO.

L’expression de l’énergie de liaison U en fonction de la distance r entre ions de signes opposés est :

Avec : - ϵ0, la permittivité du vide

- Ui, le travail nécessaire pour la formation des ions isolés.


Dans le cas simple de NaCl, on a
Ui = 5,14 eV - 4,02 eV = 1,12 eV
5,14eV est le travail nécessaire pour « arracher » un e- de la couche externe d’un atome de Na et
4,02 eV, le travail nécessaire pour « placer » un e- sur la couche externe d’un atome de Cl. L’allure
de la courbe U = f(r) est représentée sur la figure 1.
Figure 1 : Evolution de l’énergie de liaison en fonction de la distance interatomique
La liaison ionique est stable quand U < 0. Le maximum de stabilité correspond à la distance
d’équilibre r0. La liaison ionique n’est pas dirigée : un cation Na+ est fortement lié à 6 proches
anions voisins (coordinence 6), mais également, moins fortement, à d’autres Cl- plus éloignés.

b- La liaison covalente
Ce type de liaison est responsable de la cohésion des céramiques telles que le carbone diamant, le
silicium, le germanium, de types carbures ou nitrures (SiC, B4C, Si3N4,...) du verre, ainsi que de
certains métaux réfractaires (à haut point de fusion) tels que W, Mo, Ta,... On retrouve ce type de
liaison également dans les polymères (elle lie les atomes de carbone le long des chaînes
polymériques.
L’énergie d’une liaison covalente (figure 2), est décrite par l’équation empirique :

Avec UA, la composante attractive et UR, la composante répulsive


Figure 2 : Evolution de l’énergie en fonction de la distance interatomique

Cette liaison est le résultat d’un recouvrement d’orbitales électroniques atomiques avec mise en
commun d’électrons pour donner naissance à de nouvelles orbitales moléculaires.
Dans le diamant, par exemple, le C est hybridé sp3 : Un atome C est lié à 4 atomes C situés aux
sommets d’un tétraèdre. Le degré élevé de symétrie de ces orbitales rend la liaison covalente très
directionnelle : selon le type d’orbitales mises en jeu, elle présente de nombreuses sortes de
directions privilégiées qui déterminent à leur tour l’architecture de la molécule de base et le type
d’empilement des atomes dans les cristaux.
L’absence de porteurs de charges (électrons) à l’état libre explique que les composés covalents
soient des isolants électriques.

c- La liaison métallique
Elle est responsable de la cohésion de la plupart des métaux et des alliages. C’est le résultat de la
mise en commun des électrons d’énergie élevée des atomes du métal (e- des couches externes) qui
forment un ensemble (un gaz d’électrons) plus ou moins libre (figure 3). Ce gaz d’e- assure la
liaison dans l’édifice métallique, il n’est pas rattaché à un atome donné, ce qui explique les
conductivités électriques et thermiques élevées des métaux et alliages. Cette liaison n’est pas
directionnelle, par conséquent, les atomes métalliques ont tendance à adopter un empilement
compact ou semi-compact.
Figure 3 : Modèle de liaison métallique

A II- Les liaisons secondaires:


Leur énergie est plus faible que celle des liaisons que nous venons de passer en revue, mais leur
importance est primordiale. Ce sont les liaisons ou ponts hydrogène et les liaisons de Van der
Walls.

a- La liaison hydrogène
- Elle est présente dans l’eau et lui permet d’exister à l’état solide. Sans l’existence de cette liaison,
la température d’ébullition de l’eau serait de -80 °C et il n’y aurait pas eu de vie sur terre.
- Elle est également responsable des liens entre les macromolécules de certains polymères,
notamment le polyéthylène.
La figure 4 schématise la liaison hydrogène dans l’eau.

Figure 4 : Ponts hydrogène dans l’eau


Dans la molécule d’eau H-O-H, les charges ne sont pas réparties de façon équitable, bien que la
liaison H-O soit de nature covalente. En effet, l’atome d’oxygène bien plus électronégatif que
l’hydrogène attire vers lui le doublet électronique commun. Il s’ensuit un incrément (accroissement)
de charge négative sur l’oxygène et de charge positive sur l’hydrogène. C’est ce qui permet
l’établissement de liaisons secondaires, de faible énergie entre molécules H2O voisines.

b- Les liaisons de Van der Waals


Elles correspondent à l’attraction dipolaire entre atomes ou molécules électriquement neutres. En
effet, pour certaines raisons, les charges d’un atome se déplacent à un instant donné et leur
répartition autour du noyau n’est plus symétrique. Cette distribution instantanée des charges, induit
un moment dipolaire qui, à son tour, induit un moment similaire sur un atome voisin. Les deux
dipôles ainsi formés, s’attirent (figure 5).

Figure 5 : Interaction dipôle-dipôle

L’énergie de la liaison de Van der Waals a pour expression :

Pour l’exemple, ces forces sont responsables de l’existence de l’azote liquide à -198 °C. Il
s’évapore instantanément à température ambiante sous l’effet d’une faible agitation thermique,
preuve de la faiblesse de ces forces.

AIII- Synthèse
Dans le tableau suivant, nous présentons les principales caractéristiques des liaisons passées en
revue et certaines propriétés des matériaux où elles sont présentes.
Type de liaison Covalente Ionique Métallique Hydrogène Van der Waals

LiF : 849 Na :108 Sublimation à température de fusion


Enthalpie Si : 450
NaCl : 640 Al : 330 H2O:51 Ar :7.5
d’atomisation C diamant :
MgO :1000 Fe : 414 NH3 :35 O2 :7.5
(KJ/mol) 717
CaF2 :1548 W : 849 CO2 :25

Liaison dirigée Oui Non Non Non Non

Conductivité
Faible Basse Elevée Faible Basse
électrique

Densité Faible Moyenne Elevée Elevée Elevée

Propriétés Dureté Dureté Déformabilité Faible Faible


mécaniques Fragilité fragilité plasticité résistance résistance

Température
Elevée Elevée Faible à Elevée Faible Faible
de fusion

Tableau 1 : Principales caractéristiques des liaisons interatomiques

AIV- Les forces interatomiques


L’évolution de la force d’une liaison peut être déduite de celle de l’énergie. En effet la force dérive
de l’énergie : F = (figure 6).
Figure 6 : Evolution de la force en fonction de la distance interatomique

 A la distance d’équilibre r0 qui correspond au maximum de stabilité de la liaison (U


minimale, F=0 (distance d’équilibre),
 Autour de r0, l’évolution de F en f(r) peut être considérée comme linéaire : on peut donc
considérer que la force est proportionnelle à r-r0 : F (r- ro),
 On définit ainsi la raideur d’une liaison par l’expression : et la raideur à
l’équilibre S0, par l’expression :

B- LES EMPILEMENTS ATOMIQUES


Le type d’empilement des atomes dans un matériau est le second paramètre qui impacte les
propriétés du matériau. Nous allons passer en revue les différents types d’empilements adoptés par
les atomes dans les différentes classes de matériaux.
BI- Dans les métaux
La plupart des métaux sont des matériaux cristallins qui adoptent des empilements compacts tels
que l’empilement cubique à faces centrées (ECFC), l’empilement hexagonal compact (EHC), ou
bien des empilements semi compacts : cubique centré (CC) ou cubique simple (CS). Les métaux
ont par conséquent des assemblages atomiques denses, à compacité élevée.
IMPORTANT : Il est impératif de bien maîtriser les notions de cristallographie enseignées en
S4.

BII- Dans les céramiques et verres


- Les céramiques ont une structure cristalline plus complexe que celle des métaux, car ils sont
composés d’au moins deux éléments chimiques différents. Il existe des céramiques ioniques,
composées d'un métal et d'un non-métal (par exemple: NaCl, MgO,...) et les céramiques covalentes,
composées de deux non métaux ou d'éléments purs (diamant, carbure de silicium,...). La structure
est également plus complexe car des interactions électrostatiques entraînent des contraintes
d'équilibre supplémentaires. Les sites interstitiels sont généralement occupés et les ions de signes
contraires ne doivent pas se toucher. C'est pourquoi la maille cristalline est moins compacte et par
conséquent, les céramiques sont généralement moins denses que les métaux.
IMPORTANT : la maîtrise des notions enseignées en S5, dans l’élément de module
« Cristallochimie II » est impérative.
- Les verres sont essentiellement des solides obtenus par figeage de liquide surfondu, c’est à dire
par refroidissement, par la diminution très rapide de la température. Cette opération s’appelle la
trempe. Il s’agit de figer (maintenir) les molécules, à l’état solide, dans un état désorganisé comme
à l’état liquide. Il en résulte une structure amorphe qui ne diffracte pas sous l’action des RX
(absence des raies de diffraction).
Les verres courants (d’emballage, de vitrages,...) sont des silicates non cristallins (figure 7 a), qui
contiennent d'autres oxydes alcalins (Na2O, par exemple) ou alcalinoterreux (CaO) (figure 7 b).
Leur présence modifie les propriétés, principalement, en abaissant la température de fusion du
milieu. Ces verres sont appelés verres sodiques (ajout de Na2O) ou sodo- calciques (ajout de Na2O
et de CaO).
Figure 7 (a) : empilement des atomes de la silice amorphe (vitreuse) et (b) l’ajout de
Na2O brise des liaisons dans la silice amorphe et donne naissance au verre sodique.

BIII- Dans les polymères


Nous avons défini ces matériaux comme un assemblage de macromolécules linéaires dont le
squelette est constitué d’atomes (généralement de carbone), unis par des liaisons covalentes. Cet
assemblage se fait au hasard dans le cas de nombreux polymères et aboutit à des matériaux
amorphes. Les chaînes macromoléculaires sont assemblées entre elles grâce à des interactions
faibles (de type Van der Waals), (figure 8). Par conséquent, ces matériaux sont peu denses.
Figure 8 : Dans le caoutchouc, en plus des ponts covalents occasionnels, Les groupes
moléculaires des chaines polymériques s’attirent pour former des liaisons de Van der
Waals, ce qui lie de près les chaines entre elles.
CHAPITRE III

LES CONSTANTES D’ELASTICITE

INTRODUCTION
Lorsqu'un matériau est soumis à des contraintes mécaniques externes, il subit des déformations qui
dépendent de l'intensité de ces contraintes. Si ces dernières sont très faibles, on observe
expérimentalement que les déformations sont proportionnelles aux contraintes appliquées. La
constante de proportionnalité est une grandeur élastique, caractéristique du matériau et du type de
déformation subi par celui-ci.

Ce chapitre est une initiation à la caractérisation mécanique des matériaux.

I- DEFINITIONS
1- La contrainte

Nous allons considérer le cas d’une contrainte en traction simple :


Soit une plaque de largeur l et d’épaisseur e, soumise à une force de traction . Soit S, sa section :
S= l x e. (figure 1).
Figure 1 : Plaque en traction pure

- Sur sa face supérieure, cette plaque est soumise à une force normale : ⊥ . La contrainte de

traction est alors :


Unités : F (daN : décaNewton) et S (mm2 ). Soit σ en daN/mm2
ou MPa Méga Pascals = 103 Pascals avec : 1daN/mm2 = 10 MPa

- Sur sa face inférieure, cette plaque est soumise à la même force, qui n’est plus normale. On
peut donc la décomposer en deux composantes : N (normale) et T (tangentielle). On définit alors
deux composantes de la contrainte :

- Une composante normale : ( )

- Une composante tangentielle : ( )


qui est appelée contrainte de cisaillement.

2- La déformation

Les matériaux réagissent aux contraintes en se déformant, peu ou beaucoup selon leur nature : selon
qu’ils soient rigides (céramiques, verres, aciers,...) ou souples (polymères).Prenons l’exemple d’une
plaque de longueur L et de largeur l, soumise à une contrainte de traction simple (figure 2).
Figure 2 : La déformation

Celle-ci entraîne deux déformations :

- Une déformation longitudinale due à l’allongement de la plaque,

- Une déformation latérale due à la réduction de sa largeur.

On définit ainsi un coefficient de Poisson ν, rapport entre ces deux déformations :

N. B. : la déformation ϵ est une grandeur sans dimensions.

3- Le module d’élasticité

Le module d’élasticité, ou module d’Young d’un matériau, E représente sa résistance à la


déformation élastique (analogue à celle d’un ressort). Un matériau à fort module est rigide, peu
déformable alors qu’un matériau de faible module est flexible et subit une importante déformation
lorsqu’on le soumet à une contrainte.
Le tableau 1 représente les valeurs numériques du module d’Young d’un ensemble de matériaux.
Notez l’unité de E en GPa = 106 Pa (Giga Pascals).
Matériaux E en GPa Matériaux E en GPa
Dimant 1000 Niobium et alliages 80-110
Carbure de tungstène WC 450-650 Silicium 107
Osmium 551 Zirconium et alliages 96
Cermets cobalts/Carbure de tungstène 400-530 Verre de silice et SiO2 (quartz) 94
Borures de Ti,Zr,Hf 500 Zinc et alliages 43-96
Carbure de silicium SiC 430 Or 82
Bore 441 Calcites (marbres, calcaire) 81
Tungstène 406 Aluminium 69
Alumine Al2O3 390 Alliages d’aluminium 69-79
Béryl BeO 380 Argent 76
Carbure de titane TiC 379 Verre sodique 69
Molybdène et alliages 320-365 Halogénures d’alcalin (NaCl,LiF..) 13-68
Carbures de tantale TaC . Granit 62
Carbure de niobium NbC . Etain et alliages 41-53
Nitrure de silicium Si3N4 . Béton, ciment 45-50
chrome 289 Composite fibre de verre/épxyde 35-45
Béryllium et alliage 200-289 Magnésium et alliages 41-45
Magnésie MgO 250 PRFV 7-45
Cobalt et alliages 200-248 Calcite 31
Zircone ZrO 160-241 Graphite 27
Nickel 214 Alkydes 20
Alliages de nickel 130-234 Schiste (bitumineux) 18
CFRP 70-200 Bois courants ( // aux fibres) 9-16
Fer 196 Plomb et alliages 14
Superalliage à base de fer 193-214 Glace H2O 9-10
Aciers ferrique ou faible alliés 200-207 Mélamines 6-7
Aciers inox austénitiques 190-200 Polyimides 3-5
Acier doux 196 Polysester 1-5
Fontes 170-190 Résines acryliques 1.6-3.4
Tantales et alliages 150-186 Nylon 2-4
Platine 172 PMMA 3.4
Uranium 172 Polystyrène 3-3.4
Composites bore/époxyde 125 Polycarbonate 2.6
Cuivre 124 Résines époxydes 3
Alliages de cuivre 120-150 Bois courants ( ⊥ aux fibres) 0.6-1.0
Mullite 145 Polypropylène 0.9
Zircon ZrO2 145 Polypropylène très dense 0.7
Vanadium 130 Mousse de polyéthanne 0.01-0.06
Titane 116 Polyéthylène peu dense 0.2
Alliages de titane 80-130 caoutchoucs 0.01-0.1
Palladium 124 PVC 0.003-0.01
Laitons de bronzes 103-124 Polymères expansés 0.0001-0.01

Tableau 1 : Valeurs du module d’Young de quelques matériaux

On remarque que les matériaux à fort module sont les céramiques telles que le diamant, les carbures
métalliques (SiC, B4C, WC,...), les oxydes (Al2O3, BeO,..). La plupart des métaux et alliages
métalliques occupent le milieu du tableau, alors que les polymères se caractérisent par les plus
faibles modules.
Par conséquent on peut conclure qu’il existe un rapport intime entre la valeur du module
d’élasticité d’un matériau et la nature des forces de liaisons interatomiques.
On note également que certaines céramiques telles que les verres, la calcite, le ciment,..., ont un
module de valeur moyenne. La raison est que ces matériaux ont de faibles densités et que la valeur
de E dépend fortement de cette grandeur microstructurale.

4- La loi de Hooke

Les matériaux se déforment lorsqu'ils sont soumis à une contrainte. Certains sont plus raides que
d'autres. Certains sont plus cassants ... Chaque matériau a ses limites qu'il faudra identifier. Les
matériaux ont tous, d’une manière générale, deux phases de comportement sous l'effort :

 La phase élastique : ils se comportent comme un élastique, leur déformation est


proportionnelle à l'effort et lorsque l'on relâche l'effort, le matériau revient à sa position
initiale. On parle alors d’une déformation réversible. Cette phase correspond aux très
faibles déformations.
 La phase plastique : il n'y a plus de comportement linéaire déformation-effort. Quand on
relâche l’effort, le matériau ne revient pas à son état initial. Il persiste une déformation
permanente, irréversible.

Pour le cas le plus simple d'une traction ou d'une compression sur une barre en matériau isotrope
(même comportement dans toutes les directions), la loi de Hooke exprime, à l’état élastique (très
faibles déformations), la proportionnalité entre la contrainte σ et la déformation ϵ.
Le coefficient de proportionnalité est le module d’élasticité : σ = E × ε

II- L’ESSAI DE TRACTION


On caractérise le comportement mécanique d’un matériau par l’essai de traction. Cet essai est
réalisé à l’aide d’une machine de traction universelle qui permet d’obtenir l’enregistrement d’une
courbe contrainte – déformation : σ = f(ε).

 Un matériau céramique est caractérisé par un comportement fragile : quand il est soumis
à une contrainte, il va casser sans déformation notable (ε faible). La courbe aura l’allure
décrite sur la figure 3.
Figure 3 : Courbe de traction caractéristique d’un matériau fragile.

On constate donc une évolution linéaire de la contrainte en fonction de la déformation (qui est très
faible, de l’ordre de 10-3), jusqu’à la rupture qui correspond à la contrainte à la rupture σR.

 Les matériaux métalliques (Al, Cu, ...) ou les polymères, ont un comportement différent :
lorsqu’ils sont soumis à une contrainte, ils se déforment de manière plus importante avant de
casser. Ils ont un comportement ductile. La courbe σ = f(ε) aura une allure différente
(figure 4).

Figure 4 : Courbe de traction caractéristique d’un métal

Sur cette courbe, on peut distinguer trois domaines : OA, AB et BC. L’évolution de la déformation
du matériau est représentée sur la figure 5 :
Figure 5 : Evolution de la déformation en fonction des domaines OA, AB et BC

 OA : C’est le domaine de la déformation élastique, (ϵ faible). Ce domaine est caractérisé


par le comportement linéaire de σ = f(ϵ). La pente de la droite OA représente donc le module
d’Young du matériau.
Cette faible déformation est réversible : lorsqu’on supprime la contrainte (σ revient à 0), la
déformation revient également à 0. Ce domaine s’achève à σA, la limite d’élasticité.

 AB : C’est le domaine de la déformation plastique : il n’y a plus de linéarité de σ = f(ϵ).


Les déformations enregistrées dans ce domaine sont irréversibles (permanentes) :
lorsqu’on supprime la contrainte à un niveau A’ situé entre A et B, la courbe suit le trajet en
pointillés rouges, parallèlement à OA. A contrainte nulle (σ = 0), on aboutit à ϵA’ qui
représente la déformation permanente.
Dans ce domaine, la déformation est homogène sur tout le volume du matériau. σB est la
résistance maximale à la traction du matériau.

 BC : C’est le domaine de la striction qui caractérise la ruine du matériau : La déformation


n’est plus homogène, elle est localisée généralement au centre de l’échantillon (fig. 5). Ce
domaine s’achève par la rupture de la pièce testée.

III- LA DURETE
La dureté d’un matériau caractérise sa résistance qu’il oppose à la pénétration d’un autre corps
plus dur que lui. Ainsi, la dureté du matériau sera d’autant pus grande que la pénétration du corps
sera faible. La dureté est mesurée à l’aide d’un appareil : le duromètre.
Il existe plusieurs types d’essais de dureté, qui se différentient essentiellement par la forme (la
géométrie) et la nature (diamant, acier , carbures très durs, ...) du pénétrateur.
L’un des essais les plus courants est l’essai Vickers (figure 6).
Figure 6 : Essai de dureté Vickers

Le pénétrateur (l’indenteur) a la forme d’une pyramide à base carrée, soumis à une charge P et dont
le sommet pénètre le matériau à tester.
Après l’essai, l’empreinte (la trace) sur le matériau est un carré de diagonale d (schématisée à droite
de la figure). La valeur de la dureté HV est donnée par l’expression :

Hv = 1,854 P/d2 (unité daN / mm2)

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