Détrans, Les Cassandre de La Communauté Trans
Détrans, Les Cassandre de La Communauté Trans
Détrans, Les Cassandre de La Communauté Trans
L’AUTEUR DE LA NOTE
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L’ESSENTIEL
Depuis une dizaine d’années, le nombre d’enfants et de jeunes adolescents qui ont en-
trepris un changement de sexe ou de genre a explosé. Dans les pays qui ont établi des
recensements précis, les chiffres sont vertigineux : ils dépassent les 2000 %.
Certains finissent par regretter leur « transition », et s’engagent dans un processus difficile
de « détransition ». À partir du témoignage et des expériences de certains de ces « dé-
trans » et d’une synthèse des derniers articles scientifiques publiés sur ce sujet, cette
note du CERU tente d’éclairer ces questions.
A retenir
Avec des groupes vingt fois plus importants qu’il y a dix ans, la rapidité et la facilité accrues
avec lesquelles certaines décisions sont prises, et la plus grande jeunesse des candidats, les
personnes qui voudront revenir sur leur transition seront plus nombreuses.
Après une transition complète, une importante étude suédoise montre que le mal-être des
personnes trans ne diminue pas. Pire, le risque de suicides augmente légèrement la pre-
mière année suivant la fin de la transition.
Un arbitrage sérieux entre les bénéfices et les risques doit nous amener à explorer
d’autres pistes que cet engrenage irréversible de la transition hormonale et chirurgicale
pour les enfants et les jeunes mineurs et à adopter rapidement un moratoire sur l’uti-
lisation des «bloqueurs de puberté» dans le cadre d’une dysphorie de genre.
3-
GLOSSAIRE
DYSPHORIE DE GENRE
Définie au sens large comme l’inconfort ou la détresse causé(e) par une discordance entre
l’identité de genre d’une personne et son assignation sexuelle à la naissance.
DÉTRANSITIONNER
C’est le fait, pour des personnes ayant suivi une transition de genre et de sexe grâce à un trai-
tement hormonal et des opérations chirurgicales, de s’engager dans une démarche contraire,
en arrêtant leurs traitements et dans la limite de ce qui est possible en entamant de nouvelles
chirurgies pour retrouver leurs identités sexuelles de naissance. Ce sont des « détrans ».
DÉSISTER
A la différence du cas précédent, les personnes qui se désistent sont celles qui n’avaient pas
entrepris une transition complète, seulement une « transition sociale » (cf p.9). Quand, elles
décident de revenir en arrière, on dit qu’elles se désitent. Ce sont des « désiteuses ».
SOMMAIRE
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« Détrans »,
les Cassandre de la communauté transgenre
Ils sont de plus en plus nombreux, mais peinent à se faire entendre. Les
« détrans » tentent de raconter, d’expliquer ce qui les a poussés à
faire machine arrière pour vivre à nouveau en accord avec leur sexe
biologique. Toutes leurs histoires sont singulières. Leur point commun
est d’avoir, à un moment de leur vie, exprimé une discordance entre leur
sexe biologique et leur ressenti. Une fois le diagnostic de dysphorie de
genre posé, ils ont entrepris un parcours plus ou moins long de transition
de genre (changement de nom, traitement hormonal, chirurgie). Mais,
pour eux, cette transition n’a pas fait disparaître les problèmes.
Chez certains, elle les a même aggravés. L’importance de regrets les ont
conduits à s’engager dans une « détransition » plus ou moins complète.
Quant au Dr. Lisa Littman de l’Université Brown aux USA, son étude sur
la façon dont les réseaux sociaux et les pairs influencent le fait de se
déclarer trans a déclenché de telles attaques que son université a pré-
féré retirer sa publication du site internet de l’établissement. Dans une
lettre, la doyenne du département de médecine justifie son choix pour
« répondre aux préoccupations de notre communauté, et de leur crainte que
l’étude ne soit utilisée pour discréditer nos efforts pour soutenir la jeunesse
transgenre. » 2
1 L’Association Post-trans a été fondé en 2019, par deux jeunes femmes qui après avoir suivi
un parcours de transition vers le genre masculin (prise d’hormones et mastectomies) ont entrepris
une détransition. Avec le soutien de la ville de Bruxelles, elles ont publié un guide pour accompagner
les personnes « détrans » et faire entendre leur voix.
2 L’idéologie du genre a encore frappé, par Bruno Chaouat, le Point, 15 septembre 2018.
5-
C’est également afin de ne pas risquer de discréditer le combat en faveur
de la transidentité que les « détrans » sont priés de se faire oublier. Vé-
ritables Cassandre de la communauté trans, leurs expériences mal-
heureuses pourraient pourtant servir d’avertissement et inciter à
plus de prudence au moment où les transitions de genre chez les
enfants et les jeunes adolescents se multiplient. Mais encore faut-il
les laisser s’exprimer publiquement et bien vouloir les écouter.
La multiplication Certains ont toutefois tenté d’explorer cette question, comme le Dr. Lisa
des émissions et Littman. Elle relève que les ados, en particulier les filles8, s’identifient
des fictions consa- comme trans de plus en plus rapidement. L’exemple d’Elie, la cofon-
crés à ce sujet datrice de l’association Post-trans illustre parfaitement cette tendance
et donnant une « Je voulais aller hyper vite, pour sortir de mon état de détresse. »9 Pour elle,
image positive de comme pour beaucoup d’autres jeunes, l’accompagnement médical vers
la transition joue une transition de genre apparaît comme le seul moyen de répondre à un
un rôle important. malaise profond.
Le Pr. Mickael Landen explique que chez les jeunes : une forme de
« contagion psychologique liée à la culture » peut exister. « Si les
jeunes adolescents sont encouragés à réfléchir à leur identité de genre et si
on leur apprend que la dysphorie de genre est une variante normale, il n’est
pas improbable que certains jeunes orientent leur recherche d’identité vers
Cet effet de l’identité de genre. Une telle recherche peut se propager rapidement à travers
renforcement les réseaux sociaux, comme cela a été décrit pour un certain nombre d’autres
peut également phénomènes tels que la boulimie, le suicide (augmenté par le suicide de per-
être joué par les sonnes connues ou de quelqu’un que l’on connaît), le tabagisme, l’obésité et
réseaux sociaux. autres. »11
C’est également ce que montrent les travaux du Dr. Lisa Littman sur le
phénomène de « contagion sociale ». L’environnement relationnel, les
parents, mais surtout les pairs semblent jouer un rôle important dans
la prise de conscience et l’affirmation par les jeunes de leur dysphorie
de genre. Son étude a révélé que « parmi les jeunes signalés - dont 83 %
étaient désignés femmes à la naissance - plus d’un tiers avaient des groupes
d’amitié dans lesquels 50 % ou plus des jeunes ont commencé à s’identifier
comme transgenres dans un délai similaire ».
Cet effet de renforcement peut également être joué par les réseaux so-
ciaux, qui permettent à des jeunes en proie à des interrogations d’entrer
en contact avec des associations ou des militants. Le témoignage de Ta-
lia, une jeune femme « détrans », en est emblématique : « À la puberté, je
couvrais mon corps autant que possible et j’ai développé un trouble alimen-
taire. (…) J’ai commencé à souffrir de dépression et d’anxiété et peu de temps
après, j’ai découvert la communauté trans en ligne. Celle-ci a encouragé mes
sentiments de haine envers moi-même et m’a fait croire que la transition
7-
serait le remède à tous mes problèmes. J’ai donc fait mon coming out FTM
(female-to-male). J’ai été orientée vers une clinique pour adultes pour com-
mencer un traitement hormonal, jusqu’à ce que je vive un terrible épisode
dépressif et que je réalise que ma transition n’avait réglé aucun de mes pro-
blèmes. »12
Talia n’est pas la seule à avoir sombré dans une forme sérieuse de dé-
pression après sa transition. Combien de trans regrettent leur tran-
sition ? Là encore, peu d’études sont consacrées à ce phénomène
pourtant bien réel.
Une procédure en quatre étapes est ainsi proposée. Elle s’inspire d’une
méthode expérimentée à la fin des années 90 au sein de la Dutch Gen-
der Clinic, connue désormais comme le protocole hollandais.
La première étape peut débuter dès 2 ans, selon la WAPTH. Elle repose
sur une transition sociale. L’objectif est d’accompagner le jeune enfant
Les preuves ac- qui souffre de dysphorie de genre à adopter un genre social, une identi-
tuelles sont in- té sociale (nouveau prénom, nouvelle façon de s’habiller, …) qui corres-
suffisantes pour ponde à son ressenti. On peut s’interroger sur la capacité à établir un tel
prédire les résul- diagnostic avec des enfants aussi jeunes.
tats à long-terme
de la transition En France, la pratique établie dans les hôpitaux Robert Debré et la Pitié
sociale complète Salpétrière, est plutôt d’attendre la troisième année de l’enfant. Le mi-
pendant la petite nistère de l’Éducation nationale encourage également les enseignants à
enfance. » utiliser le prénom d’usage si les parents ont donné leurs accords. Pour le
Dr Agnès Condat, de la Pitié Salpêtrière, citée par Marianne17, « l’enjeu de
ces « transitions sociales » est de prévenir les idées de suicides chez 30 à 40
% des jeunes. » Même si reconnait le Dr. Alicia Cohen, de l’hôpital Robert
Debré interrogée sur les conséquences psychiques de tels traitements,
« actuellement nous n’avons pas encore de données chiffrées sur les enfants
prépubères. »18
9-
Ces derniers sont utilisés dès l’apparition des premiers signes de la
puberté20, qui peuvent apparaître à partir de 8 ou 9 ans.
20 L’évolution de la puberté est mesurée sur une échelle, appelée l’échelle de Tanner, compor-
tant 5 échelons. Les bloqueurs de puberté peut être administrés dès le 2ème échelon.
21 ibid
22 Mahfouda S, Moore JK, Siafarikas A et al, Gender affirming hormones and surgeries in trans-
gender children and adolescents. Lancet Diabetes Endocrinol, 2018 ; 7(6):484-98
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Quatrième étape :
la chirurgie
La question est d’autant plus légitime, qu’à bien des égards, chez l’enfant
et le jeune adolescent la dysphorie de genre peut être un état transi-
toire. « La dysphorie de genre dans l’enfance ne persiste pas forcément à l’âge
adulte. Selon les études longitudinales faites chez les enfants pré-pubères (prin-
cipalement des garçons) adressés à des services spécialisés pour une évaluation
11 -
de dysphorie de genre, on n’en retrouve la persistance à l’âge adulte que
pour 6 à 23% des sujets (Cohen-Kettenis, 2001; Zucker & Bradley, 1995). Les
garçons faisant partie de ces études étaient plus souvent identifiés comme
homosexuels que comme transgenre une fois adultes (Green, 1987; Money &
Russo, 1979; Zucker & Bradley, 1995; Zuger, 1984). Des études plus récentes,
incluant également des filles, ont montré un taux de persistance à l’âge adulte
de la dysphorie entre 12 et 27% (Drummond, Bradley, Peterson-Badali, &
Zucker, 2008; Wallien & Cohen-Kettenis, 2008). »23
L’inscription pré- Chez la plupart des enfants, la dysphorie de genre va donc disparaître
coce dans un avant ou au début de la puberté. Il semble cependant qu’un diagnostic
processus de tran- trop précoce et l’inscription dans un processus de transition, avec
sition médicale notamment l’utilisation d’hormones pour bloquer la puberté em-
semble donc fonc- pêche cette résolution « spontanée ». Le Dr de Vries, précédemment
tionner comme un citée, montre bien qu’une fois la démarche enclenchée moins de 2 % des
engrenage empê- enfants interrompent le procédure de transition.
chant une résolu-
tion « spontanée » Une étude longitudinale, citée par WATPH, confirme également cela.
de la dysphorie de Parmi les 70 adolescents, suivis dans le cadre de cette étude, ayant un
genre. diagnostic de dysphorie de genre et dont la puberté a été bloquée par
un traitement hormonal, tous ont continué jusqu’à une réassignation
sexuelle, en commençant par une hormonothérapie masculinisante ou
féminisante.24
les dernières S’il est vrai que les personnes souffrant de transidentité ont un risque
études réalisées bien plus élevé que le reste de la population d’attenter à leur vie, les
sur de grandes dernières études réalisées sur de grandes cohortes ne semblent pas
cohortes ne prouver que le processus de transition diminue le mal-être et fait
semblent pas baisser le risque de suicide.
prouver que le
processus de Dans une enquête menée sur l’ensemble de la population suédoise, Ri-
transition dimi- chard Bränström et John E. Pachankis ont mesuré l’impact de la réa-
nue le mal-être lisation d’une transition complète, c’est-à-dire, jusqu’à la réalisation des
et fait baisser le interventions chirurgicales, sur la santé mentale des personnes trans-
risque de suicide. genres. Ils se sont basés sur les organsimes des organismes de santé
suédois recensant l’utilisation de traitement médicamenteux pour la san-
té mentale et le risque d’être hospitalisé suite à une tentative de suicide.
Leur étude est parue fin 2019 dans le prestigieux American Journal of
Psychiatry.25 Elle a suscité de nombreux commentaires qui furent publiés
dans le numéro d’août 2020. Le Pr. David Curtis de l’University College
de Londres souligne que cette étude « confirme la forte association entre
- 12
la morbidité psychiatrique et l’expérience de l’incongruité entre l’identité
de genre et le sexe biologique. Cependant, l’étude ne démontre pas que
le traitement hormonal ou la chirurgie a un effet sur cette morbidité. Il
semble que le principal message de cet article soit que l’incidence des
problèmes de santé mentale et des tentatives de suicide soit parti-
culièrement élevée dans l’année suivant l’achèvement de la chirur-
gie d’affirmation du genre ».26
Ces témoignages « J’aurais aimé avoir une thérapie plus approfondie comme prérequis pour la
qui plaident pour transition » déclare une femme détrans de 22 ans.27
une approche
fondée sur une Une autre âgée de seulement 19 ans renchérit : « J’aurais aimé qu’on me
meilleure écoute pose des questions sur mes traumatismes avant ma transition et qu’on
et un meilleur suivi m’offre la possibilité de suivre une thérapie sur les traumatismes, parce que
psychologique sont c’est le facteur qui a joué le plus grand rôle dans mon mal être corporel. Je
rejetés par la partie pense que c’est un échec de la part des services médicaux de m’avoir permis
la plus active et la de faire une transition à un si jeune âge, alors qu’ils savaient que j’étais dans
plus militante de la un foyer violent. »28
communauté trans.
« J’aurais désespérément souhaité que mes problèmes de traumatisme et
de santé mentale soient examinés. Je n’ai suivi aucune thérapie. J’ai eu 3
rendez-vous avant de recevoir de la testostérone. Tout s’est passé si vite. Ils
m’ont retiré la poitrine sans aucune évaluation psychologique »29 se plaint
une femme détrans de 28 ans.
Dès cette époque, elle n’est plus aussi sûre de sa nouvelle identité de
genre. Mais le traitement se poursuit. A 20 ans, elle subit donc une
double mastectomie.
Le 1er décembre
2020, la Haute Les doutes qu’elle avait commencé à ressentir ne font que grandir. Elle
Cour de Londres se sent à nouveau femme et décide de « détransitionner ». A 23 ans,
a donné rai- elle attaque la clinique pour ne pas l’avoir suffisamment prévenue des
son à Keira et risques et des effets secondaires de cette procédure.
a jugé que l’on
ne pouvait pas Au centre de ce procès devant la Haute Cour de Londres30, il y a la
considérer qu’un question plus large du consentement éclairé qu’un enfant peut être
enfant puisse en mesure de donner sur une procédure aussi lourde et complexe.
faire preuve d’un Comment un enfant peut-il réellement mesurer le sacrifice qu’il s’ap-
consentement prête à réaliser quand on lui dit que le traitement nuira à sa fertilité et à
éclairé pour de- sa vie sexuelle ? Deux notions difficiles à appréhender durant l’enfance.
mander un chan-
gement de genre. Le 1er décembre 2020, la Haute Cour de Londres a donné raison à Keira
et a jugé que l’on ne pouvait pas considérer qu’un enfant puisse faire
preuve d’un consentement éclairé pour demander un changement de
genre.
30 BELL VS THE TAVISTOCK AND PORTMAN NHS FOUNDATION TRUST - Royal Cour Of Justice
London - Neutral Citation Number: [2020] EWHC 3274 (Admin)
31 Ibid
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CERU, Le labo d’idées universitaire
Des compétences au services des convictions
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