Détrans, Les Cassandre de La Communauté Trans

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Fondé en 2008, le Centre d’Etudes et de Recherches Universi-

taire est un laboratoire d’idées indépendant qui s’appuie sur


l’expertise d’universitaires pour éclairer l’actualité et proposer
des solutions concrètes aux défis politiques, géopolitiques,
sociétaux, scientifiques et technologiques qui se présentent
devant nous.

Le CERU réunit et fait travailler ensemble des universitaires


issus de champs disciplinaires différents, mais partageant
des valeurs communes (promotion de l’excellence, sens de la
transmission et de l’autorité, défense de la liberté, primauté
de la personne, rejet du communautarisme,…) et un même
respect de ce que doit-être l’honnêteté scientifique.

Grâce aux tribunes de nos contributeurs dans les principaux


médias français, et à l’organisation de rencontres ouvertes au
public, le CERU est un relai d’influence permettant de faire
partager au plus grand nombre les analyses et propositions
des experts les plus légitimes dans leur domaine.

L’AUTEUR DE LA NOTE

Olivier Vial est directeur du CERU.

Ancien membre du Comité consultatif auprès du Haut Conseil de l’Edu-


cation - HCE. Diplômé d’économie et de l’Institut Français de Presse (IFP)
à Paris. Il a été élu au conseil d’administration du CNOUS. Il a également
été membre de la section des "questions économiques générales et de
la conjoncture" du Conseil économique et social. Il a publié "l’école ma-
lade de l’égalitarisme".

-2
L’ESSENTIEL

Depuis une dizaine d’années, le nombre d’enfants et de jeunes adolescents qui ont en-
trepris un changement de sexe ou de genre a explosé. Dans les pays qui ont établi des
recensements précis, les chiffres sont vertigineux : ils dépassent les 2000 %.

Quelles raisons expliquent cette augmentation ? Ces « transitions » améliorent-elles le mal-


être ressenti par ces jeunes ? Diminuent-elles réellement les risques de suicide ? Quelles
peuvent-être les conséquences des différents traitements ?

Certains finissent par regretter leur « transition », et s’engagent dans un processus difficile
de « détransition ». À partir du témoignage et des expériences de certains de ces « dé-
trans » et d’une synthèse des derniers articles scientifiques publiés sur ce sujet, cette
note du CERU tente d’éclairer ces questions.

A retenir

POURQUOI LE NOMBRE DE TRANSITIONS EXPLOSE CHEZ LES JEUNES ?

Le développement des « dysphories de genre » peut s’expliquer en partie par un phénomène


de contagion sociale et culturelle. Le rôle des médias, des pairs et des réseaux sociaux est
souligné par plusieurs auteurs.

LE NOMBRE DE PERSONNES « DÉTRANS » POURRAIT PARALLÈLEMENT AUGMENTER

Avec des groupes vingt fois plus importants qu’il y a dix ans, la rapidité et la facilité accrues
avec lesquelles certaines décisions sont prises, et la plus grande jeunesse des candidats, les
personnes qui voudront revenir sur leur transition seront plus nombreuses.

L’ENGRENAGE DE LA « TRANSITION » PRÉCOCE

Le processus de « transition précoce » agit comme un engrenage. Chaque étape entraîne la


suivante. Sans ce suivi médical, « la dysphorie de genre », chez les jeunes enfants, finit par
disparaître toute seule dans près de 80 % des cas. Ce qui n’est plus le cas quand le processus
est engagé.

LE RISQUE DE SUICIDE NE BAISSE PAS

Après une transition complète, une importante étude suédoise montre que le mal-être des
personnes trans ne diminue pas. Pire, le risque de suicides augmente légèrement la pre-
mière année suivant la fin de la transition.

Un arbitrage sérieux entre les bénéfices et les risques doit nous amener à explorer
d’autres pistes que cet engrenage irréversible de la transition hormonale et chirurgicale
pour les enfants et les jeunes mineurs et à adopter rapidement un moratoire sur l’uti-
lisation des «bloqueurs de puberté» dans le cadre d’une dysphorie de genre.

3-
GLOSSAIRE

DYSPHORIE DE GENRE
Définie au sens large comme l’inconfort ou la détresse causé(e) par une discordance entre
l’identité de genre d’une personne et son assignation sexuelle à la naissance.

DÉTRANSITIONNER

C’est le fait, pour des personnes ayant suivi une transition de genre et de sexe grâce à un trai-
tement hormonal et des opérations chirurgicales, de s’engager dans une démarche contraire,
en arrêtant leurs traitements et dans la limite de ce qui est possible en entamant de nouvelles
chirurgies pour retrouver leurs identités sexuelles de naissance. Ce sont des « détrans ».

DÉSISTER

A la différence du cas précédent, les personnes qui se désistent sont celles qui n’avaient pas
entrepris une transition complète, seulement une « transition sociale » (cf p.9). Quand, elles
décident de revenir en arrière, on dit qu’elles se désitent. Ce sont des « désiteuses ».

SOMMAIRE

UNE CROISSANCE EXPONENTIELLE DE TRANSITIONS DE GENRE CHEZ LES JEUNES


p. 6

LA DYSPHORIE DE GENRE SE PROPAGE PAR « CONTAGION » CHEZ LES JEUNES


p. 7
LE RISQUE DE REGRETTER SA TRANSITION POURRAIT LUI AUSSI PROGRESSER
TRÈS RAPIDEMENT
p. 8
TRANSITION PRÉCOCE : UN RAPPORT BÉNÉFICE/RISQUE TRÈS DÉFAVORABLE
p. 9

L’URGENCE N’EST PAS BONNE CONSEILLÈRE


p. 11

L’EFFICACITÉ POUR LIMITER LE SUICIDE N’EST PAS PROUVÉE


p. 12

CONCLUSION : LE COMBAT DE KEIRA BELL, UN APPEL À LA PRUDENCE À SUIVRE p. 13

-4
« Détrans »,
les Cassandre de la communauté transgenre

Leur avertissement face au nombre de transitions de genre qui


explose chez les jeunes.

Ils sont de plus en plus nombreux, mais peinent à se faire entendre. Les
« détrans » tentent de raconter, d’expliquer ce qui les a poussés à
faire machine arrière pour vivre à nouveau en accord avec leur sexe
biologique. Toutes leurs histoires sont singulières. Leur point commun
est d’avoir, à un moment de leur vie, exprimé une discordance entre leur
sexe biologique et leur ressenti. Une fois le diagnostic de dysphorie de
genre posé, ils ont entrepris un parcours plus ou moins long de transition
de genre (changement de nom, traitement hormonal, chirurgie). Mais,
pour eux, cette transition n’a pas fait disparaître les problèmes.
Chez certains, elle les a même aggravés. L’importance de regrets les ont
conduits à s’engager dans une « détransition » plus ou moins complète.

Ce choix de « détransitioner » ou de se « désister » n’est jamais facile. En


plus des complications médicales, il constitue souvent une source de re-
jet et d’isolement. Dans un guide publié par l’association « post-trans »1
certains témoignent : « J’ai perdu presque tous mes amis. Je n’étais plus la
Ce choix de bienvenue dans aucun endroit où il y avait des personnes trans », regrette
« détransitioner » une «  désisteuse  » de 21 ans. «  Les gens me disent toujours que je suis
ou de se transphobe » ajoute une autre. « On m’accusait constamment d’être victime
« désister » n’est de transphobie intériorisée » se plaint une femme « détrans » de 29 ans.
jamais facile.
Ces pressions, ces procès en transphobie frappent également des
En plus des
chercheurs. En 2017, James Capian, un psychothérapeute qui suivait de-
complications puis plus de dix ans des personnes trans, a décidé de s’intéresser au phé-
médicales, nomène de la « détransition ». L’Université Bath Spa a rejeté sa demande
il constitue au motif qu’elle pouvait être perçue comme « politiquement incorrecte »,
souvent une le comité d’éthique de l’établissement craignait que cela déclenche des
source de rejet polémiques sur les réseaux sociaux et nuise à la réputation de l’Univer-
et d’isolement. sité.

Quant au Dr. Lisa Littman de l’Université Brown aux USA, son étude sur
la façon dont les réseaux sociaux et les pairs influencent le fait de se
déclarer trans a déclenché de telles attaques que son université a pré-
féré retirer sa publication du site internet de l’établissement. Dans une
lettre, la doyenne du département de médecine justifie son choix pour
« répondre aux préoccupations de notre communauté, et de leur crainte que
l’étude ne soit utilisée pour discréditer nos efforts pour soutenir la jeunesse
transgenre. » 2

1 L’Association Post-trans a été fondé en 2019, par deux jeunes femmes qui après avoir suivi
un parcours de transition vers le genre masculin (prise d’hormones et mastectomies) ont entrepris
une détransition. Avec le soutien de la ville de Bruxelles, elles ont publié un guide pour accompagner
les personnes « détrans » et faire entendre leur voix.
2 L’idéologie du genre a encore frappé, par Bruno Chaouat, le Point, 15 septembre 2018.

5-
C’est également afin de ne pas risquer de discréditer le combat en faveur
de la transidentité que les « détrans » sont priés de se faire oublier. Vé-
ritables Cassandre de la communauté trans, leurs expériences mal-
heureuses pourraient pourtant servir d’avertissement et inciter à
plus de prudence au moment où les transitions de genre chez les
enfants et les jeunes adolescents se multiplient. Mais encore faut-il
les laisser s’exprimer publiquement et bien vouloir les écouter.

UNE CROISSANCE EXPONENTIELLE DE TRANSITION DE GENRE


La situation des
CHEZ LES JEUNES
enfants et adoles-
cents mérite une
Au cours des quinze dernières années, la question du genre et de la
attention particu-
trans-identité s’est considérablement démocratisée. De plus en plus de
lière. Même s’il est
sujets lui sont consacrés dans les médias, mais aussi dans les fictions (té-
difficile de mesu-
léfilms, séries …). La visibilité des personnes trans ne cesse de progresser
rer précisément le
dans de nombreux secteurs (sport, politique, influenceurs …).
nombre de ceux
qui s’inscrivent
Dans ce contexte, la situation des enfants et adolescents mérite une
dans une dé-
attention particulière. Même s’il est difficile de mesurer précisément le
marche de tran-
nombre de ceux qui s’inscrivent dans une démarche de transition de
sition de genre.
genre. Tous les chiffres tendent à prouver une explosion des de-
Tous les chiffres
mandes.
tendent à prou-
ver une explosion
Élisabeth Roudinesco, historienne et psychanalyste, estime que, dans les
des demandes.
services de pédiatrie et de psychiatrie, « six fois plus d’enfants ou d’ado-
lescents se déclarent transgenres aujourd’hui qu’il y a vingt ans »3. Fin 2020,
près de 700 enfants et adolescents sont ainsi suivis à Paris pour une
dysphorie de genre.4
> + 2 600 %
au Royaume-Uni
Au Royaume-Uni, les chiffres officiels donnent le vertige. En 2009, 97
enfants étaient orientés vers une transition médicale, en 2018, ils étaient
25195, soit une progression de 2 600 %.
> + 2 345 %
En Suède, l’incidence des diagnostics d’identité de genre chez les
en Suède
personnes de moins de 20 ans a été multipliée par 20 sur une pé-
riode de 10 ans.

Le Pr. Mickael Landen, un pionnier des questions liées à la transiden-


tité s’inquiète de ce phénomène : « dans ma thèse de 1999 sur le trans-
sexualisme, j’ai mesuré la stabilité du nombre de demandes de réassignation
sexuelle au cours des 20 premières années qui ont suivi l’entrée en vigueur
de la loi sur la réassignation sexuelle : en moyenne, 11,6 personnes par an
ont demandé une réassignation sexuelle entre 1972 et 1992. Dans les années
2010, la situation a radicalement changé. En 2018, 446 personnes ont dépo-
sé une demande de changement de sexe. Chez les jeunes (moins de 20 ans),
le changement est encore plus spectaculaire. »6
Si le fait que des personnes veuillent changer leur identité de genre
existe depuis des années, « ce qui est nouveau, c’est que 727 jeunes ont
été diagnostiqués avec un trouble de l’identité de genre en 2017, contre 31
personnes 10 ans plus tôt, soit une augmentation de 2 345 % en 10 ans.
Cette augmentation mérite réflexion, car les personnes souffrant de troubles
de l’identité sexuelle se voient proposer un traitement correcteur de genre
irréversible. »7

3 L’Opinion, 21-22 mai 2021


4 Ces enfants qui changent de sexe , Violaine des Courières, Marianne, 16 octobre 2020
5 Chiffres cités par la Haute Cour de Londres
6 Ökningen av köns­dysfori hos unga tarvar eftertanke, Pr. Mickael Landen, Läkartidningen.
2019,116:FSMH
7 op. cité
-6
Vues les difficultés et les pressions exercées par une partie des activistes
LGBT sur les chercheurs qui formulent des réserves sur ces évolutions,
les études consacrées pour tenter d’analyser cette fulgurante augmenta-
tion sont rares et les tentatives de réponses encore très partielles.

LA DYSPHORIE DE GENRE SE PROPAGE PAR «  CONTAGION  »


CHEZ LES JEUNES

La multiplication Certains ont toutefois tenté d’explorer cette question, comme le Dr. Lisa
des émissions et Littman. Elle relève que les ados, en particulier les filles8, s’identifient
des fictions consa- comme trans de plus en plus rapidement. L’exemple d’Elie, la cofon-
crés à ce sujet datrice de l’association Post-trans illustre parfaitement cette tendance
et donnant une « Je voulais aller hyper vite, pour sortir de mon état de détresse. »9 Pour elle,
image positive de comme pour beaucoup d’autres jeunes, l’accompagnement médical vers
la transition joue une transition de genre apparaît comme le seul moyen de répondre à un
un rôle important. malaise profond.

La multiplication des émissions et des fictions consacrées à ce sujet et


donnant une image positive de la transition joue un rôle important. « Des
enfants à partir de 10 ans viennent beaucoup nous voir après avoir visionné
ces émissions. Ces dernières agissent comme un révélateur »10 fait notam-
ment remarquer le Dr Agnès Condat de la Pitié Salpétrière.

Le Pr. Mickael Landen explique que chez les jeunes : une forme de
«  contagion psychologique liée à la culture  » peut exister. «  Si les
jeunes adolescents sont encouragés à réfléchir à leur identité de genre et si
on leur apprend que la dysphorie de genre est une variante normale, il n’est
pas improbable que certains jeunes orientent leur recherche d’identité vers
Cet effet de l’identité de genre. Une telle recherche peut se propager rapidement à travers
renforcement les réseaux sociaux, comme cela a été décrit pour un certain nombre d’autres
peut également phénomènes tels que la boulimie, le suicide (augmenté par le suicide de per-
être joué par les sonnes connues ou de quelqu’un que l’on connaît), le tabagisme, l’obésité et
réseaux sociaux. autres. »11

C’est également ce que montrent les travaux du Dr. Lisa Littman sur le
phénomène de « contagion sociale ». L’environnement relationnel, les
parents, mais surtout les pairs semblent jouer un rôle important dans
la prise de conscience et l’affirmation par les jeunes de leur dysphorie
de genre. Son étude a révélé que « parmi les jeunes signalés - dont 83 %
étaient désignés femmes à la naissance - plus d’un tiers avaient des groupes
d’amitié dans lesquels 50 % ou plus des jeunes ont commencé à s’identifier
comme transgenres dans un délai similaire ».

Cet effet de renforcement peut également être joué par les réseaux so-
ciaux, qui permettent à des jeunes en proie à des interrogations d’entrer
en contact avec des associations ou des militants. Le témoignage de Ta-
lia, une jeune femme « détrans », en est emblématique : «  À la puberté, je
couvrais mon corps autant que possible et j’ai développé un trouble alimen-
taire. (…) J’ai commencé à souffrir de dépression et d’anxiété et peu de temps
après, j’ai découvert la communauté trans en ligne. Celle-ci a encouragé mes
sentiments de haine envers moi-même et m’a fait croire que la transition

8 La proportion de jeunes filles voulant transitionner semblent partout augmenter. Au


Royaume-Uni, la répartition entre garçon et fille était de 50/50 en 2009. Désormais, on note une surre-
présentation des filles (de naissance) 75/20.
9 Citée in Détransition de genre, l’ultime tabou, par Alizée Vincent magazine Causette N°122,
avril 2021
10 « Ces enfants qui changent de sexe », par Violaine des Courières, Marianne 16 octobre 2020
11 Ökningen av köns­dysfori hos unga tarvar eftertanke, Pr. Mickael Landen, Läkartidningen.
2019,116:FSMH

7-
serait le remède à tous mes problèmes. J’ai donc fait mon coming out FTM
(female-to-male). J’ai été orientée vers une clinique pour adultes pour com-
mencer un traitement hormonal, jusqu’à ce que je vive un terrible épisode
dépressif et que je réalise que ma transition n’avait réglé aucun de mes pro-
blèmes. »12

LE RISQUE DE REGRETTER SA TRANSITION POURRAIT LUI AUSSI


PROGRESSER TRÈS RAPIDEMENT

Talia n’est pas la seule à avoir sombré dans une forme sérieuse de dé-
pression après sa transition. Combien de trans regrettent leur tran-
sition ? Là encore, peu d’études sont consacrées à ce phénomène
pourtant bien réel.

Dans un article consacré à la question du regret13 qui pourrait accompa-


gner les transitions de genre, le sociologue Arnaud Alessandrin, en s’ap-
puyant sur des études anciennes réalisées en 1992 par Pfafflin et Junge,
Il n’est pas dérai- minimise ce risque et l’évalue à 2 % des cas. Toutefois, reconnait-il, les
sonnable de pen- travaux de Gooren14 suggèrent que déjà à cette époque le nombre de
ser qu’avec des personnes « expérimentant un ou des regrets pourrait être bien plus impor-
groupes vingt fois tant. »
plus importants
qu’il y a dix ans, la Pour affiner ces chiffres, le Pr. Mickael Landen invite à suivre les pa-
rapidité et la facilité tients sur des périodes plus longues « car d’éventuelles réactions négatives
accrue avec les- peuvent survenir après plusieurs années. En 1998, nous avons constaté que
quelles certaines 12 personnes sur 218 avaient regretté leur changement de sexe (soit 5,5%)
décisions sont et avaient demandé à retrouver leur ancien sexe15. Il est important de noter
prises, et la plus dans ce contexte qu’il a fallu en moyenne 7,4 ans entre le changement de
grande jeunesse sexe et la demande de retour au sexe d’origine.  Il n’est donc pas possible
des candidats, de se faire une idée de la mesure dans laquelle les personnes regrettent un
les personnes qui changement de sexe avec un suivi de moins de 10 ans.»
voudront revenir
sur leur transition Si nous ne disposons pas encore du recul nécessaire pour évaluer le
seront plus nom- nombre de jeunes qui ressentent des regrets les poussant à « détransi-
breuses. tionner », il n’est pas déraisonnable de penser qu’avec des groupes vingt
fois plus importants qu’il y a dix ans, la rapidité et la facilité accrues avec
lesquelles certaines décisions sont prises, et la plus grande jeunesse des
candidats, les personnes qui voudront revenir sur leur transition seront
plus nombreuses.

La procédure de transition de genre n’étant pas sans conséquences, spé-


cialement chez les enfants et les jeunes adolescents, il convient de s’in-
terroger sur le calcul bénéfices/risques d’une telle démarche. Les
enfants et les adolescents sont-ils réellement en mesure de prendre leur
décision en étant parfaitement conscients des conséquences de leurs
choix ?

TRANSITION PRÉCOCE : UN RAPPORT BÉNÉFICE/RISQUE TRÈS


DÉFAVORABLE

La spécificité de la prise en charge de la dysphorie de genre chez les

12 Brochure réalisée par l’association Post-trans «La détransition de genre


un parcours de réconciliation avec soi-même.» Disponible sur le site de l’association
13 Arnaud Alessandrin. La notion de regret dans la clinique du changement de genre. L’évolu-
tion Psychiatrique, Elsevier, 2019, 84 (2), pp.117-284, hal-02184285
14 Gooren L. Care of Transsexual Persons. N ENGL J MED 2011, 364:1251-7
15 Landén M, Hambert G, Wålinder J, et al. Factors predictive of regret in sex reassignment. Acta
Psychiatr Scand 1998;97(4):284-9
-8
jeunes enfants et les adolescents a été établit par la WAPTH (The World
Professional Association for Transgender Health), dans un document des-
tiné aux professionnels et qui vise à définir des standards de Soins pour
la santé des personnes transsexuelles, transgenres et de genre non-
conforme. 16

Une procédure en quatre étapes est ainsi proposée. Elle s’inspire d’une
méthode expérimentée à la fin des années 90 au sein de la Dutch Gen-
der Clinic, connue désormais comme le protocole hollandais.

Première étape - la transition sociale

La première étape peut débuter dès 2 ans, selon la WAPTH. Elle repose
sur une transition sociale. L’objectif est d’accompagner le jeune enfant
Les preuves ac- qui souffre de dysphorie de genre à adopter un genre social, une identi-
tuelles sont in- té sociale (nouveau prénom, nouvelle façon de s’habiller, …) qui corres-
suffisantes pour ponde à son ressenti. On peut s’interroger sur la capacité à établir un tel
prédire les résul- diagnostic avec des enfants aussi jeunes.
tats à long-terme
de la transition En France, la pratique établie dans les hôpitaux Robert Debré et la Pitié
sociale complète Salpétrière, est plutôt d’attendre la troisième année de l’enfant. Le mi-
pendant la petite nistère de l’Éducation nationale encourage également les enseignants à
enfance. » utiliser le prénom d’usage si les parents ont donné leurs accords. Pour le
Dr Agnès Condat, de la Pitié Salpêtrière, citée par Marianne17, « l’enjeu de
ces « transitions sociales » est de prévenir les idées de suicides chez 30 à 40
% des jeunes. » Même si reconnait le Dr. Alicia Cohen, de l’hôpital Robert
Debré interrogée sur les conséquences psychiques de tels traitements,
« actuellement nous n’avons pas encore de données chiffrées sur les enfants
prépubères. »18

Même les membres de la WAPTH s’interrogent sur l’intérêt et les risques


de ce genre de mesures : « Les transitions sociales précoces (dans la petite
enfance) se produisent au sein de certaines familles avec un succès rapide.
Il s’agit d’une question controversée et des opinions divergentes existent à ce
sujet chez les professionnels. Les preuves actuelles sont insuffisantes pour
prédire les résultats à long-terme de la transition sociale complète pendant
la petite enfance. »19

Deuxième étape, l’utilisation de « bloqueurs de puberté »

Ensuite débute l’hormonothérapie. Afin d’éviter que le début de la pu-


berté et les changements physiques qui lui sont liés viennent renforcer
l’aspect masculin ou féminin du corps de l’enfant, des «  bloqueurs de
puberté » (GnRH) sont fréquemment prescrits.

16 Standards de Soins pour la santé des personnes transsexuelles, transgenres et


de genre non-conforme, The World Professional Association for Transgender Health Version 7 - 2012 -
dernière version disponible sur le site de l’organisation.
17 « Ces enfants qui changent de sexe », par Violaine des Courières, Marianne 16 octobre 2020
18 ibid
19 Standards de Soins pour la santé des personnes transsexuelles, transgenres et de genre
non-conforme, (2012), The World Professional Association for Transgender Health

9-
Ces derniers sont utilisés dès l’apparition des premiers signes de la
puberté20, qui peuvent apparaître à partir de 8 ou 9 ans.

Ce traitement est traditionnellement justifié par deux objectifs. Le pre-


« Supprimer ou
mier consiste à laisser plus de temps au pré-adolescent pour réfléchir
laisser la puber-
à son identité de genre sans subir la pression des modifications corpo-
té se produire
relles liées à la puberté. La seconde est plus « pratique ». Elle vise à fa-
ne sont pas des
ciliter la transition et notamment les futures opérations chirurgicales en
actes neutres. »
limitant le développement des caractères sexuels secondaires.

Mais, comme le souligne la WAPTH, « Supprimer ou laisser la puberté se


produire ne sont pas des actes neutres. »21

Une partie de la communauté médicale tend à minimiser les risques liés


à l’utilisation du GnRH (ralentissement de la croissance, fragilisation os-
seuse, …). Elle insiste sur le côté réversible de cette phase. En réalité,
aucune étude n’a été menée sur une période suffisamment longue pour
écarter les dangers liés à de possibles effets secondaires. Mahfouda et
Dans la pra- al. soulignent ainsi que « très peu d’études ont été menées pour examiner
tique, les l’utilité clinique de la suppression de la puberté » et qu’il « y a un manque de
données sur recherches pour informer la pratique fondée sur des preuves. »22
cette question
montrent clai- Quant à la notion de réversibilité, elle semble très contestable. Même s’il
rement que est théoriquement possible pour un jeune d’arrêter les bloqueurs de pu-
presque tous berté (PB) et de ne pas passer à la troisième étape, consistant à suivre un
les enfants/ traitement hormonal croisé (CSH), dans la pratique, les études sur cette
jeunes qui question montrent clairement que presque tous les enfants/jeunes qui
commencent commencent les « bloqueurs de puberté » passent quasiment automati-
les « bloqueurs quement aux hormones croisées.
de puberté »
passent qua- Le Dr de Vries qui dirige le Centre d’expertise sur la dysphorie de genre
siment auto- au Centre médical universitaire d’Amsterdam, aux Pays-Bas (CEGD) a
matiquement rappelé que parmi les adolescents qui ont commencé les bloqueurs de
aux hormones puberté, seulement 1,9 % ont arrêté le traitement et ne sont pas passés
croisées. au CSH.

Troisième étape, le traitement hormonal croisé

La troisième étape s’inscrit donc bien dans la continuité de l’utilisa-


tion des bloqueurs de puberté. A partir de 16 ans, c’est un traitement
Les effets se- hormonal croisé qui sera suivi par les « transitionneurs ». Ils recevront
condaires sont des hormones correspondant au sexe opposé à celui de leur naissance.
nombreux, dont Ainsi, par exemple, les jeunes filles en transition vers le genre masculin
notamment un recevront de la testostérone.
risque élevé de
stérilité, d’hy- Ces traitements ont pour objectif de faire apparaitre certains des signes
pertension, de sexuels secondaires comme la pilosité, la répartition de la masse muscu-
maladies car- laire, la changement de voix, ….
diaques,…
La prise d’hormone devra être poursuivie à vie. Les effets secondaires
sont nombreux, dont notamment un risque élevé de stérilité, d’hyperten-
sion, de maladies cardiaques,… (cf. tableau ci-après).

20 L’évolution de la puberté est mesurée sur une échelle, appelée l’échelle de Tanner, compor-
tant 5 échelons. Les bloqueurs de puberté peut être administrés dès le 2ème échelon.
21 ibid
22 Mahfouda S, Moore JK, Siafarikas A et al, Gender affirming hormones and surgeries in trans-
gender children and adolescents. Lancet Diabetes Endocrinol, 2018 ; 7(6):484-98

- 10
Quatrième étape :
la chirurgie

Enfin, la quatrième étape dé-


bute, selon les pays entre 16 et
18 ans, et s’appuie sur la chirur-
gie pour modifier de façon pé-
renne et irréversible le corps de
la personnes en transition.

Pour le patient homme-vers-


femme (mtF), les procédures
chirurgicales peuvent être les
suivantes, selon les standards
établis par WAPTH :

1. chirurgie de la poitrine et des


seins : augmentation des seins
par mammoplastie (implants,
remodelage par liposculpture) ;

2. chirurgie génitale : pénecto-


mie, orchidectomie, vaginoplas-
tie, clitoroplastie, vulvoplastie ;

3. autres chirurgies : chirurgie de


féminisation faciale, liposuccion,
remodelage, chirurgie de la voix,
réduction du cartilage thyroï-
dien, augmentation glutéale (im-
plants, liposculpture) implant capillaire et diverses procédures esthétiques.

Pour le patient femme-vers-homme (Ftm), les procédures chirurgi-


cales peuvent être les suivantes :

1. chirurgie poitrine/sein : mastectomie sous-cutanée, création d’une poi-


trine d’allure masculine ;

2. chirurgie génitale : hystérectomie, ovariectomie, reconstruction de


la partie fixe de l’urètre qui peut être combiné à une métoïdioplastie ou
une phalloplastie (en utilisant un lambeau pédiculé ou libre vascularisé),
À bien des vaginectomie, scrotoplastie, et implants testiculaires et/ou prothèse pé-
égards, chez nienne d’érection ;
l’enfant et le
jeune adolescent 3. autres chirurgies : chirurgie de la voix (rare), liposuccion, liposculpture,
la dysphorie de implants pectoraux et diverses procédures esthétiques.
genre peut être
un état L’URGENCE N’EST PAS BONNE CONSEILLÈRE
transitoire.
Ces procédures sont lourdes. Elles engendrent de nombreux effets secon-
daires et des modifications irréversibles. Pourquoi, dans ces conditions,
précipiter l’inscription des enfants mineurs dans cette démarche ?

La question est d’autant plus légitime, qu’à bien des égards, chez l’enfant
et le jeune adolescent la dysphorie de genre peut être un état transi-
toire. « La dysphorie de genre dans l’enfance ne persiste pas forcément à l’âge
adulte. Selon les études longitudinales faites chez les enfants pré-pubères (prin-
cipalement des garçons) adressés à des services spécialisés pour une évaluation
11 -
de dysphorie de genre, on n’en retrouve la persistance à l’âge adulte que
pour 6 à 23% des sujets (Cohen-Kettenis, 2001; Zucker & Bradley, 1995). Les
garçons faisant partie de ces études étaient plus souvent identifiés comme
homosexuels que comme transgenre une fois adultes (Green, 1987; Money &
Russo, 1979; Zucker & Bradley, 1995; Zuger, 1984). Des études plus récentes,
incluant également des filles, ont montré un taux de persistance à l’âge adulte
de la dysphorie entre 12 et 27% (Drummond, Bradley, Peterson-Badali, &
Zucker, 2008; Wallien & Cohen-Kettenis, 2008). »23
L’inscription pré- Chez la plupart des enfants, la dysphorie de genre va donc disparaître
coce dans un avant ou au début de la puberté. Il semble cependant qu’un diagnostic
processus de tran- trop précoce et l’inscription dans un processus de transition, avec
sition médicale notamment l’utilisation d’hormones pour bloquer la puberté em-
semble donc fonc- pêche cette résolution « spontanée ». Le Dr de Vries, précédemment
tionner comme un citée, montre bien qu’une fois la démarche enclenchée moins de 2 % des
engrenage empê- enfants interrompent le procédure de transition.
chant une résolu-
tion « spontanée » Une étude longitudinale, citée par WATPH, confirme également cela.
de la dysphorie de Parmi les 70 adolescents, suivis dans le cadre de cette étude, ayant un
genre. diagnostic de dysphorie de genre et dont la puberté a été bloquée par
un traitement hormonal, tous ont continué jusqu’à une réassignation
sexuelle, en commençant par une hormonothérapie masculinisante ou
féminisante.24

L’inscription précoce dans un processus de transition médicale semble


donc fonctionner comme un engrenage empêchant une résolution «
spontanée » de la dysphorie de genre.

L’EFFICACITÉ POUR LIMITER LE SUICIDE N’EST PAS PROUVÉE

La raison souvent avancée pour légitimer une transition précoce réside


dans la volonté de soulager le profond mal-être que ressentent les jeunes
souffrant de ce trouble et de limiter ainsi le risque de suicide.

les dernières S’il est vrai que les personnes souffrant de transidentité ont un risque
études réalisées bien plus élevé que le reste de la population d’attenter à leur vie, les
sur de grandes dernières études réalisées sur de grandes cohortes ne semblent pas
cohortes ne prouver que le processus de transition diminue le mal-être et fait
semblent pas baisser le risque de suicide.
prouver que le
processus de Dans une enquête menée sur l’ensemble de la population suédoise, Ri-
transition dimi- chard Bränström et John E. Pachankis ont mesuré l’impact de la réa-
nue le mal-être lisation d’une transition complète, c’est-à-dire, jusqu’à la réalisation des
et fait baisser le interventions chirurgicales, sur la santé mentale des personnes trans-
risque de suicide. genres. Ils se sont basés sur les organsimes des organismes de santé
suédois recensant l’utilisation de traitement médicamenteux pour la san-
té mentale et le risque d’être hospitalisé suite à une tentative de suicide.
Leur étude est parue fin 2019 dans le prestigieux American Journal of
Psychiatry.25 Elle a suscité de nombreux commentaires qui furent publiés
dans le numéro d’août 2020. Le Pr. David Curtis de l’University College
de Londres souligne que cette étude « confirme la forte association entre

23 Standards de Soins pour la santé des personnes transsexuelles, transgenres et de genre


non-conforme, (2012), The World Professional Association for Transgender Health, p.12
24 ibid
25 Richard Bränström, Ph.D., John E. Pachankis, Ph.D (2019) Reduction in Mental Health Treat-
ment Utilization Among Transgender Individuals After Gender-Affirming Surgeries: A Total Population
Study - American Journal of Psychiatry

- 12
la morbidité psychiatrique et l’expérience de l’incongruité entre l’identité
de genre et le sexe biologique. Cependant, l’étude ne démontre pas que
le traitement hormonal ou la chirurgie a un effet sur cette morbidité. Il
semble que le principal message de cet article soit que l’incidence des
problèmes de santé mentale et des tentatives de suicide soit parti-
culièrement élevée dans l’année suivant l’achèvement de la chirur-
gie d’affirmation du genre ».26

Si l’on s’intéresse aux témoignages des personnes « détrans » rassem-


blés par l’association Post-trans, on remarque que l’une des principales
sources de regrets vient justement du fait d’avoir précipité le processus
de transition. Ils auraient aimé avoir le temps d’interroger la nature et
l’origine de la dysphorie de genre qui les touchaient.

Ces témoignages « J’aurais aimé avoir une thérapie plus approfondie comme prérequis pour la
qui plaident pour transition » déclare une femme détrans de 22 ans.27
une approche
fondée sur une Une autre âgée de seulement 19 ans renchérit : « J’aurais aimé qu’on me
meilleure écoute pose des questions sur mes traumatismes avant ma transition et qu’on
et un meilleur suivi m’offre la possibilité de suivre une thérapie sur les traumatismes, parce que
psychologique sont c’est le facteur qui a joué le plus grand rôle dans mon mal être corporel. Je
rejetés par la partie pense que c’est un échec de la part des services médicaux de m’avoir permis
la plus active et la de faire une transition à un si jeune âge, alors qu’ils savaient que j’étais dans
plus militante de la un foyer violent. »28
communauté trans.
« J’aurais désespérément souhaité que mes problèmes de traumatisme et
de santé mentale soient examinés. Je n’ai suivi aucune thérapie. J’ai eu 3
rendez-vous avant de recevoir de la testostérone. Tout s’est passé si vite. Ils
m’ont retiré la poitrine sans aucune évaluation psychologique »29 se plaint
une femme détrans de 28 ans.

Malheureusement, tous ces témoignages qui plaident pour une approche


fondée sur une meilleure écoute et un meilleur suivi psychologique sont
rejetés par la partie la plus active et la plus militante de la communauté
trans. Pour ces derniers, questionner la réalité, la solidité de la nouvelle
identité de genre que veut épouser le candidat à la transition est perçu
comme une forme de violence, un déni, une remise en cause de leur
transidentité. Ils sont ainsi de plus en plus nombreux à demander un
allègement de l’accompagnement psychologique ou psychiatrique.

CONCLUSION : LE COMBAT DE KEIRA BELL, UN APPEL À LA PRU-


DENCE À SUIVRE
L’ensemble des L’ensemble des questionnements et des enjeux que nous avons tenté
questionnements de soulever dans cette note s’incarne dans l’histoire de Keira Bell. Cette
et des enjeux que jeune femme de 23 ans qui, enfant, se considérait comme un garçon
nous avons tenté de manqué, a vu son malaise s’accroître au début de l’adolescence. On dia-
soulever dans cette gnostiqua chez elle une dysphorie de genre. Elle va rapidement entamer
note s’incarne dans sa transition vers le genre masculin. À partir de l’âge de 14 ans, elle sera
l’histoire de Keira prise en charge pour cela, par la célèbre clinique « Tavistock and Port-
Bell et le procès man NHS Trust ».
qu’elle a intenté à la Après 3 rendez-vous d’une heure, l’équipe médicale avait validé son pro
clinique qui l’avait
fait « transitionner ».
26 David CURTIS, Study of Transgender Patients: ConclusionsAre Not Supported by Findings -
Am J Psychiatry 177:8, August 2020
27 Brochure réalisée par l’association Post-trans «La détransition de genre
un parcours de réconciliation avec soi-même. Disponible sur le site de l’association
28 ibid
29 ibid
13 -
jet de transition. À 14 ans, des « bloqueurs de puberté » lui furent pres-
crits, puis, à 17 ans de la testostérone.

Dès cette époque, elle n’est plus aussi sûre de sa nouvelle identité de
genre. Mais le traitement se poursuit. A 20 ans, elle subit donc une
double mastectomie.
Le 1er décembre
2020, la Haute Les doutes qu’elle avait commencé à ressentir ne font que grandir. Elle
Cour de Londres se sent à nouveau femme et décide de «  détransitionner  ». A 23 ans,
a donné rai- elle attaque la clinique pour ne pas l’avoir suffisamment prévenue des
son à Keira et risques et des effets secondaires de cette procédure.
a jugé que l’on
ne pouvait pas Au centre de ce procès devant la Haute Cour de Londres30, il y a la
considérer qu’un question plus large du consentement éclairé qu’un enfant peut être
enfant puisse en mesure de donner sur une procédure aussi lourde et complexe.
faire preuve d’un Comment un enfant peut-il réellement mesurer le sacrifice qu’il s’ap-
consentement prête à réaliser quand on lui dit que le traitement nuira à sa fertilité et à
éclairé pour de- sa vie sexuelle ? Deux notions difficiles à appréhender durant l’enfance.
mander un chan-
gement de genre. Le 1er décembre 2020, la Haute Cour de Londres a donné raison à Keira
et a jugé que l’on ne pouvait pas considérer qu’un enfant puisse faire
preuve d’un consentement éclairé pour demander un changement de
genre.

«  Un enfant de moins de 16 ans ne peut consentir à l’utilisation de médi-


caments destinés à supprimer la puberté que s’il est apte à comprendre la
nature du traitement. Il doit notamment comprendre les conséquences im-
médiates et à long terme du traitement, le peu de preuves disponibles quant
à son efficacité ou à sa finalité, le fait que la grande majorité des patients
procèdent à l’utilisation d’hormones transsexuelles et les conséquences po-
tentielles de ce traitement sur la vie de l’enfant. Il sera extrêmement difficile
pour un enfant de moins de 16 ans de comprendre et d’évaluer ces informa-
tions et de décider s’il doit consentir à l’utilisation de médicaments bloquant
Un arbitrage la puberté. Il est très peu probable qu’un enfant de 13 ans ou moins soit apte
sérieux entre les à donner son consentement à l’administration de bloqueurs de la puberté. Il
bénéfices et les est douteux qu’un enfant âgé de 14 ou 15 ans puisse comprendre et peser les
risques doit nous risques et les conséquences à long terme de l’administration de bloqueurs de
amener à explo- la puberté. » a déclaré la Cour.31
rer d’autres pistes
pour les enfants Désormais, au Royaume-Uni, il faudra l’autorisation d’un tribunal
et les jeunes pour prescrire des traitements hormonaux à des mineurs. Espérons
mineurs que cet que cette décision, ainsi que les témoignages courageux des personnes
engrenage ir- « détrans » inciteront les autorités médicales et politiques à faire preuve
réversible de la de courage, à ne pas craindre les faux procès en « transphobie » pour
transition hormo- mieux encadrer les troubles de l’identité chez les mineurs.
nale et chirurgi-
cale et à adopter Et en France, un arbitrage sérieux entre les bénéfices et les risques
rapidement un doit nous amener à explorer d’autres pistes que cet engrenage ir-
moratoire sur réversible de la transition hormonale et chirurgicale pour les en-
l’utilisation des fants et les jeunes mineurs et à adopter rapidement un moratoire
« bloqueurs de sur l’utilisation des « bloqueurs de puberté » dans le cadre d’une
puberté » dans dysphorie de genre.
le cadre d’une
dysphorie de
genre.

30 BELL VS THE TAVISTOCK AND PORTMAN NHS FOUNDATION TRUST - Royal Cour Of Justice
London - Neutral Citation Number: [2020] EWHC 3274 (Admin)
31 Ibid
- 14
CERU, Le labo d’idées universitaire
Des compétences au services des convictions
36 rue de Laborde
75008 Paris
01 78 16 40 30 - contact@ceru.fr

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