Introduct Thermo Vuibert

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Jean-Luc Godet-Lartigaud

écoles d’ingénieurs capes et agrégation


licence sciences de la matière
Jean-Luc Godet-Lartigaud licence

licence professionnelle
Introduction à la
sciences de la matière
licence professionnelle
écoles d’ingénieurs

de physique
thermodynamique capes et agrégation
de physique

Introduction à la
Cet ouvrage est une introduction à la thermodynamique physique,
dite « classique » et à l’étude des machines thermiques. Il s’adresse
principalement aux étudiants en Licence et Licence professionnelle de

Introduction à la thermodynamique
Sciences de la matière, aux élèves des écoles d’ingénieurs et aux candidats

thermodynamique
aux concours de l’enseignement.
Des exercices corrigés viennent en appui de chaque chapitre abordé.

Cours et exercices corrigés


Sommaire
1. Pression et température 8. Machines thermiques :
2. Travail et transfert thermique principes et machines à gaz
3. Des lois de Fourier à la thermique 9. Transitions de phase des corps purs
4. Outils conceptuels de la thermodynamique 10. Machines thermiques : machines à vapeur

• Cours complet
5. Premier principe de la thermodynamique 11. Corrigés des exercices
12. Annexes
6. Second principe de la thermodynamique

• Exercices d’application
7. Développements formels des deux principes

Jean-Luc Godet-Lartigaud est maître de conférences à l’université d’Angers. Membre du laboratoire


de photonique d’Angers (LPhiA), il est également chercheur associé au Centre François Viète de
• Tous les corrigés détaillés
l’université de Nantes.

ISBN 978-2-311-40081-6
www.VUIBERT.fr

9 782311 400816

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Table des matières

Introduction v

1 Pression et Température 1
1.1 Introduction : des grandeurs pour scruter l’état de la matière . . . . . 1
1.2 La Pression, paramètre mécanique macroscopique . . . . . . . . . . . . 1
1.3 La Température, grandeur thermique macroscopique . . . . . . . . . . 10
1.4 Exercices sur la pression et la température . . . . . . . . . . . . . . . . 18

2 Travail et Transfert thermique 21


2.1 Introduction : deux modes de transfert d’énergie . . . . . . . . . . . . 21
2.2 Le Travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.3 Le Transfert thermique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.4 Exercices sur le travail et le transfert thermique . . . . . . . . . . . . . 38

3 Des lois de Fourier à la Thermique 41


3.1 Introduction : observation empirique et mathématisation . . . . . . . . 41
3.2 La Loi de Fourier de la conduction thermique . . . . . . . . . . . . . . 42
3.3 L’équation aux dérivées partielles de la température (EDPT) . . . . . 45
3.4 Résistance thermique et coefficient de transmission thermique . . . . . 49
3.5 Application des lois de Fourier à la Thermique . . . . . . . . . . . . . 53
3.6 Exercices de thermique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

4 Outils conceptuels de la Thermodynamique 63


4.1 Introduction : des outils abstraits pour analyser le concret . . . . . . . 63
4.2 Une Science des systèmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
4.3 Transformations d’un système . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
4.4 Fonctions et différentielles à plusieurs variables . . . . . . . . . . . . . 74
4.5 Exercices sur les outils de la thermodynamique . . . . . . . . . . . . . 80

5 Premier principe de la Thermodynamique 83


5.1 Introduction : de la convertibilité à la conservation . . . . . . . . . . . 83
5.2 Le Principe de conservation de l’énergie . . . . . . . . . . . . . . . . . 85

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ii Table des matières

5.3 Expressions différentielles du premier principe . . . . . . . . . . . . . . 89


5.4 Application à l’étude de transformations simples . . . . . . . . . . . . 94
5.5 Exercices sur le premier principe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97

6 Second principe de la thermodynamique 101


6.1 Introduction : La Révolution carnotiste . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
6.2 Une fonction mathématique de l’irréversibilité . . . . . . . . . . . . . . 103
6.3 (Ir)réversibilité des transformations thermomécaniques . . . . . . . . . 109
6.4 Calcul de la fonction d’état entropie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
6.5 Exercices sur le second principe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126

7 Développements formels des deux principes 131


7.1 Introduction : la nécessaire mathématisation des principes . . . . . . . 131
7.2 Coefficients thermiques et thermoélastiques . . . . . . . . . . . . . . . 132
7.3 Potentiels thermodynamiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
7.4 Exercices sur les conséquences des deux principes . . . . . . . . . . . . 155

8 Machines thermiques : principes et machines à gaz 157


8.1 Introduction : les moteurs, géniteurs de la thermodynamique . . . . . 157
8.2 Principe des cycles dithermes et cycle de Carnot . . . . . . . . . . . . 158
8.3 Cycles des moteurs à gaz à combustion externe et des récepteurs cor-
respondants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164
8.4 Cycles dithermes réels à combustion interne . . . . . . . . . . . . . . . 168
8.5 Exercices sur les cycles moteurs et récepteurs . . . . . . . . . . . . . . 175

9 Transitions de phase des corps purs 181


9.1 Généralités sur les transitions de phase . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181
9.2 Diagrammes de phases d’un corps pur . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186
9.3 À l’origine des transitions de phase, les interactions . . . . . . . . . . . 198
9.4 Exercices sur les transitions de phase . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203

10 Machines thermiques : machines à vapeur 205


10.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 205
10.2 Moteurs à vapeur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 206
10.3 Cycles réfrigérants et pompes à chaleur . . . . . . . . . . . . . . . . . 210
10.4 Exercices sur les machines à vapeur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213

11 Corrigés des exercices 217


11.1 Pression et Température . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 217
11.2 Travail et transfert thermique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220
11.3 Des lois de Fourier à la Thermique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 223
11.4 Outils conceptuels de la Thermodynamique . . . . . . . . . . . . . . . 226
11.5 Premier principe de la Thermodynamique . . . . . . . . . . . . . . . . 230
11.6 Second principe de la Thermodynamique . . . . . . . . . . . . . . . . . 234

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Table des matières iii

11.7 Développements formels des deux principes . . . . . . . . . . . . . . . 240


11.8 Machines thermiques : principes et machines à gaz . . . . . . . . . . . 242
11.9 Transitions de phase des corps purs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 248
11.10 Machines thermiques : machines à vapeur . . . . . . . . . . . . . . . . 251

12 Annexes 255

Index 277

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Introduction

La thermodynamique peut déconcerter celles et ceux qui l’abordent pour la première


fois. Il faut d’abord reconnaître que le traitement mathématique des problèmes y
nécessite une bonne connaissance des fonctions à plusieurs variables et de leurs déri-
vées partielles, des différentielles et de leurs procédés d’intégration. À l’inverse, leur
méconnaissance peut rapidement conduire à de graves erreurs, surtout lorsqu’elle se
combine avec une mauvaise interprétation des concepts. Or, c’est justement dans la
compréhension des concepts que gisent les principales difficultés.

À l’opposé de la mécanique du point matériel où le nombre de corps à étudier


est très limité, la thermodynamique est une science du macroscopique, manipulant
de vastes ensembles de molécules, aux frontières parfois arbitraires et mouvantes,
sous le nom commode mais abscons de « systèmes ». Elle requiert donc une analyse
complète et circonstanciée des systèmes et des relations qu’ils entretiennent avec tout
ce qui leur est extérieur. C’est la première difficulté à surmonter. Surtout, pour étudier
les transformations de ces systèmes, mécaniques et thermiques, voire chimiques ou
électromagnétiques, elle a recours à deux concepts qui, s’ils ont investi le vocabulaire
courant, n’en restent pas moins très abstraits : « l’énergie » et « l’entropie ». On
peut ressentir les effets de la pression ou de la température qui interviennent dans
l’énergie et l’entropie, mais ces dernières, quant à elles, n’ont rien de sensible. Que la
définition moderne de l’énergie et celle de l’entropie datent seulement du milieu du xixe
siècle suffit à montrer que ces grandeurs physiques sont le résultat d’un long travail de
maturation chez les scientifiques. Aujourd’hui pourtant, dans la compréhension que
les humains ont du monde et de son évolution, l’énergie et l’entropie jouent un rôle
crucial. C’est qu’elles sont associées aux deux lois fondamentales de la nature.

La première loi, nommée « premier principe de la thermodynamique », af-


firme que, par delà les transformations que peut subir la nature, « quelque chose » se
conserve dans le temps. Ce quelque chose, dont la dimension physique est le produit
d’une masse par le carré d’une vitesse, soit le produit d’une force par une distance, est
ce que William Thomson (1824-1907), Lord Kelvin après 1892, proposa de nommer
« énergie ». Ce vieux mot d’origine grecque, Aristote (384-322) l’employait déjà,
Galilée (1564-1642) l’utilisa à l’occasion, et d’autres mécaniciens après lui, dans des

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vi Introduction

sens différents, quoique voisins. Avec la thermodynamique, il acquiert une signification


physique universelle et devient même le concept central de toute la physique.

Alors que la première loi est de conservation, la seconde est d’évolution. Par une
coïncidence qui n’en est pas tout à fait une, ce second principe de la thermody-
namique fut mathématisé en 1865 par Rudolf Clausius (1822-1888), une poignée
d’années après la parution de De l’Origine des espèces par Charles Darwin et un an
avant qu’Ernst Haeckel n’invente le mot « écologie ». La conscience que le monde
est complexe, qu’il n’est pas immuable mais évolue de façon parfois irrémédiable
en fonction des interactions entre ses composants fit alors irruption dans toutes les
sciences de la nature. Cette irruption, qui permit à la connaissance humaine de fran-
chir un nouveau seuil dans son développement, ne faisait pourtant qu’enregister des
faits d’expérience quotidienne. Car, de façon naturelle et spontanée, la plupart des
transformations naturelles ne se produisent que dans un seul sens : elles sont dites
« irréversibles ». Ainsi la chaleur peut-elle circuler d’un corps chaud vers un corps
froid mais jamais du froid vers le chaud, du moins de façon spontanée. Ainsi un gaz
occupe-t-il naturellement le plus grand volume possible et ne se concentre-t-il jamais
en un point tout en laissant vide le reste de l’espace libre, du moins sans qu’on l’y
contraigne. À l’inverse, les transformations, dites « réversibles », pouvant se produire
dans deux sens opposés sans que cela coûte un travail supplémentaire, font figure
d’exception ; souvent, elles dessinent davantage un idéal qu’une réalité observable ;
c’est notamment ce que serait la trajectoire d’un point matériel si tous les phénomènes
dissipatifs associés aux forces de frottement pouvaient être négligés. Clausius incarna
dans une fonction mathématique, « l’entropie », l’intrusion de l’irréversibilité dans
la science théorique. Au-delà du mot, forgé à partir du grec par Clausius lui-même,
c’est une loi tendancielle de la nature qui est ainsi déterminée. Tel système, soumis à
telles conditions, a tendance à évoluer vers tel état d’équilibre, à se conformer de telle
manière ; c’est la loi d’évolution de l’entropie qui le dit. Cela ne signifie d’ailleurs pas
qu’il atteindra l’état d’équilibre attendu s’il n’est pas isolé du reste de l’univers, ce
monde extérieur pouvant éventuellement contrarier la tendance naturelle du système à
évoluer. L’entropie donne avant tout un sens au temps qui passe, à la fois une direction
et une signification. L’entropie est la « flèche du temps ».

Si l’on en était resté à ce stade de définition macroscopique, l’entropie et même


l’énergie n’auraient pas dépassé celui d’outils mathématiques transposant le seul
constat de faits naturels. Cependant, dès 1872, Ludwig Boltzmann (1844-1906) put
expliquer le second principe pour un gaz théorique, le gaz parfait, à partir de la théorie
cinétique de ce gaz. Celle-ci repose à la fois sur les lois d’Isaac Newton (1642-1727)
appliquées à ses molécules et sur les outils statistiques, en particulier sur la notion de
valeur moyenne. Boltzmann établit en outre une équation qui lui permit de démontrer
que l’évolution de l’entropie posée par le second principe traduit la tendance du gaz à
se réfugier dans son état le plus probable, celui du désordre maximal. Si son travail
s’attacha essentiellement au modèle très simplifié d’un gaz, il a évidemment acquis

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Introduction vii

une portée bien plus générale. Contesté au départ, il s’est vu d’une certaine façon
confirmé à la fin du xxe siècle par les travaux sur le chaos moléculaire. L’origine
des concepts macroscopiques peut donc être cherchée à l’échelle microscopique, en
combinant les outils de la mécanique, classique ou encore mieux, quantique, et ceux
des mathématiques statistiques. De conserve avec la thermodynamique, la physique
statistique est aujourd’hui requise dans toute la physique du solide et des fluides.

De surcroît, il existe aujourd’hui des outils bien plus développés que ceux fournis
par la science du xixe siècle. La thermodynamique « classique » de Thomson et Clau-
sius est celle des états d’équilibre, fondée sur l’existence d’états d’équilibre initial
et final pour le système étudié. Les deux principes permettent en effet de déterminer
l’état final à partir de la connaissance de l’état initial et des transferts d’énergie qui
se sont produits au cours de la transformation. Cependant, ils ne disent rien de la
dynamique de celle-ci et, pour beaucoup de systèmes physiques complexes, l’équilibre
n’est en réalité jamais atteint. Il faut dans ces cas complexes, comme la météorologie
ou la physique de l’atmosphère – et plus largement de la biosphère – s’appuyer sur
la physique des phénomènes de transport et avoir recours à une thermodynamique
des états hors d’équilibre où chaque système est composé de multiples sous-systèmes
échangeant de l’énergie.

Pourtant, en dépit d’un contenu théorique et mathématique qui ne cesse de se


complexifier, la thermodynamique a de nombreuses applications pratiques simples.
Historiquement, elle est née avec la première révolution industrielle et ses « machines
thermiques ». Bien comprendre le fonctionnement des machines à vapeur ou à gaz
afin de pouvoir les améliorer fut le mot d’ordre de beaucoup d’ingénieurs du xixe siècle.
Celui qui est aujourd’hui considéré comme le fondateur de la thermodynamique, Sadi
Carnot (1796-1832), était lui-même un jeune ingénieur, ancien élève de Polytechnique.
Fils du grand mathématicien et acteur politique Lazare Carnot (1753-1823), il avait
été élevé à bonne école. Mais ses Réflexions sur la puissance motrice du feu de 1824,
qui contiennent un premier énoncé, historique, du second principe et déterminent
le rendement optimal d’une machine thermique cyclique, se voulaient à destination
des ingénieurs souvent autodidactes de son époque. Elles comportaient très peu de
formules mathématiques, ce qui en limita paradoxalement la diffusion dans les milieux
scientifiques. Il fallut attendre les années postérieures à 1834 et à leur transposition
sous forme plus mathématique par un autre polytechnicien, Émile Clapeyron (1799-
1864), pour que ceux qui allaient porter la thermodynamique sur les fonts baptismaux,
Thomson (qui lui donna son nom) et Clausius en particulier, puissent en prendre
connaissance et assimiler son contenu révolutionnaire. Dans l’intervalle, les Réflexions
avaient déjà influencé maints ingénieurs concepteurs de machines thermiques. À la fin
du xixe siècle, un Rudolf Diesel (1858-1913) cherchait encore à réaliser une machine
dont le rendement atteindrait celui de Carnot. S’il échoua à réaliser un cycle de Carnot,
du moins réussit-il à concevoir un moteur promis à un long avenir.

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viii Introduction

Les machines thermiques sont donc un chapitre pratique important de la thermo-


dynamique. Ce que l’on nomme la « thermique » en est un autre. Aujourd’hui, la
dissipation des énergies libres fossiles de la planète entraîne à la fois un épuisement
de ces ressources naturelles et, à cause de la libération dans l’atmosphère de dioxyde
de carbone et de méthane qui l’accompagne, un réchauffement climatique rapide aux
effets potentiellement dévastateurs. Plus encore que pour le développement des énergies
renouvelables, la thermodynamique doit être sollicitée pour l’isolation thermique ou
l’accumulation de « chaud » ou de « froid » afin de réduire la consommation d’énergies
utilisables à des fins de chauffage ou réfrigération (ce qui ne résout pas tout, et notam-
ment pas le choix qui a été fait d’un développement sans frein des moyens de transport,
grands consommateurs d’énergies carbonées). Les travaux d’un des précurseurs de
la thermodynamique, Jean-Baptiste Joseph Fourier (1768-1830), sont à cet égard
précieux. En effet, la « loi de Fourier » et l’équation aux dérivées partielles de la
température que ce mathématicien nomma « équation de la chaleur » peuvent être
déclinées sous forme de recettes simplifiées ou de logiciels aisément utilisables par les
praticiens de la thermique.

Dans cet ouvrage, issu des notes de cours donnés à des niveaux universitaires variés
(années de licence, licence professionnelle, préparations de concours d’enseignement)
à l’Université d’Angers, nourri par d’autres ouvrages et aussi une réflexion person-
nelle en histoire des sciences, les concepts fondamentaux et la logique globale de la
thermodynamique physique sont abordés par déterminations successives. Chacune
de ces déterminations est appuyée sur des exercices et, autant que possible, par des
exemples d’application pratique. Cependant, si la théorie cinétique des gaz parfaits est
abordée à plusieurs reprises, l’ouvrage porte essentiellement sur la thermodynamique
macroscopique des états d’équilibre et la thermique. La thermodynamique « classique »
étudiée ici présente par elle-même suffisamment de difficultés pour qu’il faille laisser à
d’autres ouvrages le soin d’ouvrir la voie vers la physique statistique, la thermochimie
ou la thermodynamique des états hors d’équilibre.

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CHAPITRE 1

Pression et Température

1.1 Introduction : des grandeurs pour scruter l’état de la matière


Pour décrire un système thermodynamique, deux grandeurs physiques macroscopiques
sont indispensables : la pression et la température. La première, que l’on note
habituellement p ou P , est un paramètre mécanique. La seconde est un paramètre
thermique et est notée T ou t selon que l’on considère la température thermodynamique
(ou absolue) ou la température d’usage quotidien (en degrés Celsius ou Fahrenheit).
Leur apparition remonte à la Renaissance, au xviie siècle, alors que la physique devient
une science quantitative, reposant sur des mesures et non plus sur des approches
qualitatives ou métaphysiques. Elle est étroitement associée à deux instruments inventés
à cette époque, le baromètre et le thermomètre. L’étymologie grecque du nom de
ces deux instruments donne des indications sur leur contexte expérimental initial : en
grec ancien, báros signifie pesanteur, thermos, chaleur et metron, mesure. Les travaux
d’Evangelista Torricelli (1608-1647) et de Blaise Pascal (1623-1662) portaient en effet
sur les pressions atmosphérique et hydrostatique liées à la gravitation terrestre. Les
nombreux inventeurs de thermomètres voulaient « mesurer les degrés de chaleur ou de
froidure qui sont en l’air » – selon l’expression de Jean Leurechon qui forgea le mot
thermomètre en 1624 – ou dans le corps humain. Quant aux termes de pression et
de température, ils ne sont que les transpositions latines de ces notions de pesanteur
(pressio) et de « degré de chaleur » (temperatura).

1.2 La Pression, paramètre mécanique macroscopique


1.2.1 Définition générale
En mécanique classique, la force est un vecteur F~ qui s’applique en un point. Cepen-
dant, la notion de point est une abstraction mathématique. Cette abstraction reste
pertinente pour le poids d’un corps ; tout se passe comme si ce poids s’appliquait
en son centre de gravité. Elle l’est beaucoup moins lorsque la force est de contact.
La force est alors appliquée à la surface du corps et son effet, la pression p, est plus

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2 Chapitre 1. Pression et Température

ou moins grand selon que cette force est plus ou moins normale à cette surface. En
particulier, une force parallèle à une surface n’exerce aucune pression sur celle-ci.
Considérons un élément de surface d’un corps quelconque. Si, à défaut d’être
ponctuelle, cette aire est infiniment petite, elle est assimilable à un vecteur différentiel
dA~ = ~n dA, où dA est le module de cet élément et ~n est un vecteur unitaire (sans
dimension) qui lui est perpendiculaire.

Figure 1.1. Élément de surface de module dA et de vecteur normal unitaire ~


n.

La pression p due à la force dF~ appliquée à la surface quasi ponctuelle dA ~ est


donnée par l’équation (1.1), où θ est l’angle que fait la force avec la normale à la
surface. La pression est donc le module dF⊥ /dA de la composante normale à la surface
(⊥) de la force surfacique dF~ /dA.

dF~ dF
p= · ~n = |cos θ| (1.1)

dA dA

Il importe de souligner que la pression est un paramètre de contrainte extérieure


au corps auquel elle s’applique. Elle n’est pas liée à la quantité de matière contenue
dans ce corps. C’est un paramètre intensif à la différence des paramètres dits
extensifs, proportionnels comme le volume à la quantité de matière (si on réunit deux
systèmes identiques, un paramètre extensif double, alors qu’un paramètre intensif reste
inchangé).

Dans le système international d’unités (SI), l’unité de mesure de la force est le


newton (N) tandis que l’élément de surface y est exprimé en mètres carrés (m2 ).
On en dérive directement l’unité de mesure de la pression, le pascal (Pa), dont
le nom a été choisi en l’honneur de Pascal et de ses travaux sur l’hydrostatique et
la pression atmosphérique.
1 Pa = 1 N m−2 (1.2)
Un pascal correspond à une pression très faible mais c’est l’unité cohérente dans le
SI. En météorologie, on utilise plutôt les hectopascals (hPa) : 1 hPa = 100 Pa.

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1.2 La Pression, paramètre mécanique macroscopique 3

D’autres unités de pression sont utilisées ou le furent dans le passé, qui ne sont
pas des unités SI ou dérivées du SI : l’atmosphère, le bar (de même étymologie que
baromètre) et le torr (en hommage à Torricelli) sont les plus connues.
• Une atmosphère (1 atm) vaut 1, 01325 105 Pa (valeur standard).
• Un bar (1 bar) vaut 105 Pa ; millibar (mbar) est synonyme d’hectopascal.
• Un torr (1 Torr) correspond à une élévation d’un millimètre de mercure dans un
baromètre à mercure ; 1 Torr = 133, 322 Pa.

Voir l’exercice 1.1.

1.2.2 La pression atmosphérique


La gravitation est une force qui s’exerce sur toutes les particules. Elle permet d’expliquer
la formation dans l’univers d’amas gazeux, puis d’étoiles et de planètes. Sur Terre, elle
définit le concept de verticalité. Tout corps ressent par contact le poids de la matière
qui se situe « au-dessus » de lui. Ainsi, la pression atmosphérique est-elle un effet du
poids de l’atmosphère située au dessus du point considéré.
Le module de la pression atmosphérique p0 s’exerçant sur une surface « horizontale »
correspond au poids de l’air situé dans le cylindre « vertical » ayant pour base la
surface considérée. Au niveau des océans à la latitude de Paris, elle a en moyenne la
valeur d’une atmosphère standard.
p0 = 1 atm = 1, 01325105 Pa = 1013, 25 hPa
Plus un corps s’élève, plus cette pression décroît car, au dessus de lui, la hauteur de
l’atmosphère (et donc son poids) diminue. C’est ce qu’observa Florin Périer en 1648.
Suivant les instructions de son beau frère Blaise Pascal, il mesura sur son baromètre
de Torricelli que la pression diminuait au fur et à mesure qu’il gravissait les pentes du
Puy de Dôme. De cette expérience cruciale, Pascal put déduire l’existence du vide,
nécessairement sans poids, par delà l’atmosphère. 1 Une expérience similaire peut être
faite en descendant jusqu’aux rivages de la mer morte, situés à plus de 400 m au
dessous du niveau des océans. Néanmoins, dans ce cas, la pression augmente.
Dans la troposphère (jusqu’à une dizaine de kilomètres d’altitude) la pression atmo-
sphérique est approximativement donnée par une formule analytique semi-empirique,
la formule internationale du nivellement barométrique,
 z x
p(z) = p0 1 − , (1.3)
H
où H = 44331 m, z est l’altitude (en mètres) et x = 5, 255.

Voir l’exercice 1.2.

1 Cf. Pascal, Récit de la grande expérience de l’équilibre des liqueurs, Paris, Charles Savreux, 1648.

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4 Chapitre 1. Pression et Température

1.2.3 Le Chaos moléculaire

En réalité, la pression atmosphérique ne s’applique pas uniquement suivant la verticale


et vers le centre de la Terre (orientation des forces de gravitation). Tout corps plongé
dans l’air subit des forces pressantes normales en tout point à sa surface. La gravitation
est donc responsable du module de la pression (qui est une fonction de la hauteur d’air
au dessus du corps), mais pas de l’orientation des forces pressantes.

Figure 1.2. Corps plongé dans un fluide et soumis à des forces pressantes normales à sa surface.

L’explication physique de ce phénomène doit être recherchée au niveau microsco-


pique. C’est Daniel Bernoulli (1700-1782) qui, en 1738 dans son ouvrage Hydrodynamica,
posa les fondements de ce qui est connu aujourd’hui comme la théorie cinétique des gaz.
Dans un fluide, et plus particulièrement dans un gaz (le mot est dérivé du grec chaos),
les molécules sont animées de mouvements désordonnés. Elles « rebondissent » les unes
sur les autres. Dans le cas d’un gaz, où les énergies d’interaction moléculaire sont faibles
relativement aux énergies cinétiques, les molécules ont tendance à s’éloigner les unes
des autres, à la manière des boules de billard après qu’on les a choquées. La gravitation
contrarie cette tendance qu’ont les gaz à occuper le plus grand volume possible ; en
attirant les molécules vers le centre de la Terre, elle les confine dans un volume fini.
La distance moyenne entre les molécules d’un gaz confiné à une pression donnée reste
constante, ainsi que la densité de molécules (c’est-à-dire le rapport N/V du nombre
N de molécules du gaz au volume V qu’elles occupent). En état d’impesanteur, un tel
effet n’est possible que si on enferme le gaz dans un volume clos.
Lorsqu’un corps est plongé dans un gaz, les molécules peuvent « rebondir » sur ses
parois. Il en résulte une pression dont on conçoit qu’elle va être fonction de la densité
locale du gaz ; plus grand est le nombre de molécules qui viennent frapper la paroi,
plus grande va être la pression du gaz. Si le volume du corps en contact avec le gaz
reste constant, c’est que la pression à la surface de ce corps équilibre celle du gaz ; s’il
diminue ou augmente, c’est que cette pression de surface est inférieure ou supérieure à
la pression du gaz.

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1.2 La Pression, paramètre mécanique macroscopique 5

1.2.4 Pression d’un gaz parfait monoatomique


Afin de pouvoir analyser de façon relativement simple les rebonds des molécules sur
la paroi d’un corps liquide ou solide plongé dans un gaz, il est pratique d’utiliser le
modèle du gaz parfait. Les molécules du gaz parfait sont supposées ne pas interagir
entre elles à distance. Ce gaz idéal est une approximation raisonnable d’un gaz réel
si celui-ci n’est pas trop dense. Les molécules sont alors, en moyenne, très éloignées
les unes des autres et leurs énergies d’interaction à distance négligeables devant leurs
énergies cinétiques.
Les molécules d’un gaz parfait monoatomique sont assimilables à de minuscules
sphères dures qui rebondiraient de façon élastique lorsqu’elles s’entrechoquent ou
viennent heurter la surface d’un corps. Sur une paroi, la réflexion de ces molécules
est spéculaire (comme un rayon lumineux sur un miroir, ou une boule de billard sur
un bord de table). La conservation de la quantité de mouvement globale du système
« corps + molécule » impose alors que la paroi reçoive à chaque choc une impulsion
dans une direction qui lui soit perpendiculaire.

Figure 1.3. Rebond élastique d’une molécule sur une paroi rigide.

Dans les conventions de notation de la Figure 1.3, cette impulsion est égale à
−2mvx~ex , où m est la masse de la molécule, vx la composante de sa vitesse suivant
l’axe des x perpendiculaire à la paroi, et ~ex le vecteur unitaire de cet axe. La quantité
de mouvement totale communiquée par les molécules (i) de masse m venant heurter la
surface pendant une unité de temps δt correspond à la force exercée par les molécules
sur cette surface (le rapport d’une impulsion à un temps étant une force).

X 2mvx(i)
F~ = − ~ex (1.4)
i
∆t

Le nombre de molécules (i) venant heurter la paroi étant en relation directe avec la
densité de molécules, le rapport du nombre de molécules N au volume V qu’elles
occupent, on conçoit que cette modélisation de chaos moléculaire permet à la fois de
relier le module de la force surfacique (et donc de la pression) à la gravitation (plus

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6 Chapitre 1. Pression et Température

la hauteur de fluide au-dessus de la surface est grande, plus grande est la densité du
fluide) et d’expliquer pourquoi les forces pressantes s’appliquent perpendiculairement à
la surface d’un corps plongé dans un gaz. Le calcul de théorie cinétique du gaz parfait
monoatomique détaillé en annexe A permet en outre de montrer que la pression de ce
gaz est directement proportionnelle à la valeur moyenne u2 du carré v 2 de la vitesse
d’un atome quelconque.
1N
p= mu2 (1.5)
3V
Ce résultat établit un lien direct entre la pression du gaz parfait monoatomique, sa
densité (N/V ) et l’énergie cinétique moyenne (Ec = 12 mu2 ) d’un atome de ce gaz.

2N
p= Ec (1.6)
3V
Bien sûr, ce résultat est plus compliqué dans le cas d’un gaz réel, où les molécules
interagissent à distance, quand bien même les énergies d’interaction restent généra-
lement faibles devant les énergies cinétiques des molécules gazeuses. Cependant, il
permet d’ores et déjà de comprendre que la pression est un effet d’essence mécanique
du chaos moléculaire.

Voir l’exercice 1.3.

1.2.5 Pression hydrostatique


Les forces pressantes qui agissent sur les parois d’un corps solide plongé dans un
liquide résultent à la fois des énergies cinétiques et d’interaction des molécules du
liquide. Leur analyse microscopique est donc assez complexe. Cependant, à l’échelle
macroscopique, le calcul de la pression est beaucoup plus simple que dans le cas d’un
gaz. En effet, en comparaison des gaz, les liquides, comme les solides, sont très peu
compressibles : leurs volumes varient relativement peu lorsque leur pression augmente
ou diminue. Par conséquent, à la différence notable des gaz, leurs masses volumiques
restent sensiblement constantes avec la pression.
Dans le cas idéal d’un liquide incompressible, dont le volume resterait strictement
constant quelle que soit la pression, la pression en un point serait directement fonction
de la hauteur du liquide situé au dessus de ce point. 2 À une profondeur h, la pression
serait due à la fois à la pression atmosphérique au-dessus du liquide et au poids de
liquide situé au-dessus, ainsi que l’illustre la Figure 1.4.

2 Cf. Pascal et son Traité de l’équilibre des liqueurs (éd. posthume, Paris, Desprez, 1663) : « les liqueurs
pèsent suivant leur hauteur ».

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Jean-Luc Godet-Lartigaud

écoles d’ingénieurs capes et agrégation


licence sciences de la matière
Jean-Luc Godet-Lartigaud licence

licence professionnelle
Introduction à la
sciences de la matière
licence professionnelle
écoles d’ingénieurs

de physique
thermodynamique capes et agrégation
de physique

Introduction à la
Cet ouvrage est une introduction à la thermodynamique physique,
dite « classique » et à l’étude des machines thermiques. Il s’adresse
principalement aux étudiants en Licence et Licence professionnelle de

Introduction à la thermodynamique
Sciences de la matière, aux élèves des écoles d’ingénieurs et aux candidats

thermodynamique
aux concours de l’enseignement.
Des exercices corrigés viennent en appui de chaque chapitre abordé.

Cours et exercices corrigés


Sommaire
1. Pression et température 8. Machines thermiques :
2. Travail et transfert thermique principes et machines à gaz
3. Des lois de Fourier à la thermique 9. Transitions de phase des corps purs
4. Outils conceptuels de la thermodynamique 10. Machines thermiques : machines à vapeur

• Cours complet
5. Premier principe de la thermodynamique 11. Corrigés des exercices
12. Annexes
6. Second principe de la thermodynamique

• Exercices d’application
7. Développements formels des deux principes

Jean-Luc Godet-Lartigaud est maître de conférences à l’université d’Angers. Membre du laboratoire


de photonique d’Angers (LPhiA), il est également chercheur associé au Centre François Viète de
• Tous les corrigés détaillés
l’université de Nantes.

ISBN 978-2-311-40081-6
www.VUIBERT.fr

9 782311 400816

IntroThermoDynamique.indd 1 04/08/15 15:12

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