Ob D2f25a Chevrillon Le Reaa
Ob D2f25a Chevrillon Le Reaa
Ob D2f25a Chevrillon Le Reaa
Ancien et Accepté *
Mesdames, mes Soeurs, Messieurs et vous tous mes Frères, nous voici
réunis dans un Temple maçonnique au siège de la Grande Loge de
France, à mon tour de vous souhaiter la bienvenue.
3!
Le tronc, c'est l'Ordre, la maçonnerie en général, dont les racines pui-
sent leurs forces dans l'antiquité, c'est-à-dire dans la Tradition Grecque
et Judéo-Chrétienne.
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A la période médiévale, les grands ouvrages de pierre étaient comman-
dés et financés par la couronne, l'église, les grands seigneurs ou les
municipalités. La main d'oeuvre était nombreuse et venait souvent de
fort loin. Du fait de leur mobilité, ces hommes de l'art devaient être
libres, d'une part en opposition aux serfs qui étaient attachés à la terre,
d'autre part, il ne leur était pas matériellement possible d'appartenir à
une corporation ou guilde comme étaient les sédentaires.
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foi, une loi» révoque l'Edit de Nantes. Nous connaissons la suite, dra-
gonnades, galères, exil. Charles 1er écrase les protestants, Cromwell
pourchasse les catholiques. Sous la pression anglicane, Jacques II, roi
catholique est chassé et doit se réfugier en France.
Deux siècles ont passé, deux siècles ensanglantés. Qu'il est loin le
temps où le «Maître d'oeuvre» dans la loge traçait des épures pour édi-
fier des cathédrales, véritables livres de pierres blanches, roses ou
jaunes suivant le matériau du pays. Livres de pierre destinés à montrer
au bon peuple «Dieu en majesté, notre Dame en bonté et Christ en
gloire».
Les chantiers sont devenus silencieux, les tours sont inachevées et les
loges de métier ont pratiquement disparu : sauf... sauf en Ecosse où
l'autorité royale fournissant du travail aux maçons permit à ceux-ci de
continuer à tenir séance en loge.
Des voyageurs anglais, de marque mais non de métier sont reçus dans
des loges d'Ecosse, suivant la coutume du lieu. De retour en Angleterre,
ils y tiennent Loge à leur tour, pour recevoir maçons et leurs amis. Ces
maçons deviennent «Accepted Masons» c'est-à-dire «Maçons Accep-
tés».
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1715 : Louis XIV : le Roi Soleil, s'est couché à l'occident éternel,
l'Europe va enfin respirer, le siècle des Lumières commence à briller.
1717 : A la Saint Jean d'Eté, quatre loges londoniennes indépendantes
les unes des autres, composées de Maçons Acceptés, décident de se
fédérer et de se réunir chaque trimestre après avoir élu comme Grand
Maître Georges Payne.
La première Obédience, la première Grande Loge est née.
1719 : Un pasteur d'origine française, qui avait suivi son père en Angle-
terre après la révocation de 1'Edit de Nantes, Jean-Théophile Désagu-
liers, succède à Georges Payne comme Grand Maître. Physicien de
renom, membre de la Royal Society de Londres, il commence à donner
du lustre à cette Grande Loge.
1721: Le Duc de Montagu, pair d'Angleterre devient à son tour Grand
Maître, entraînant avec lui des nobles lords proches de la famille royale,
des membres célèbres du monde des Arts, des Lettres et des Sciences.
La franc-maçonnerie vient d'acquérir ses quatre quartiers de noblesse et
James Anderson, pasteur écossais publie des Constitutions très libérales,
qui deviendront dans notre histoire la véritable charte de la franc-
maçonnerie.
Il est une légende qui perdure encore dans l'esprit de certains maçons
à savoir la dualité des origines de l'Ecossisme. La thèse serait que des
officiers irlandais et écossais réunis en loges régimentaires, auraient
importé en 1691 à Saint-Germain-en-Laye, une maçonnerie fidèle tant à
la fois:
au roi détrôné Jacques II Stuart, réfugié en France;
à la religion catholique, et aux anciens usages de la Confrérie.
De ces loges militaires seraient issues des loges civiles, dites «Ecos-
saises» qui auraient érigé à Paris, une Grande Loge de France, première
du nom. En réaction la Grande Loge d'Angleterre aurait constitué à son
tour des loges dites «anglaises» de tendance hanovrienne et protestante
ou déiste. C'est méconnaître l'esprit de tolérance, de fraternité, qui a été
le moteur de cette franc-maçonnerie non opérative devenue par le recru-
tement de ces Maçons Acceptés, maçonnerie spéculative.
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«Mais encore qu'au temps jadis, les maçons en chaque pays, doivent
être de la religion quelle qu'elle fut, du pays ou de la nation.
On estime pourtant aujourd'hui plus expédient, de ne les obliger qu'à
cette religion, où tous les hommes s'accordent, sauf à garder pour eux-
mêmes, leurs opinions particulières, c'est-à-dire, d'être bons et vrais, ou
hommes d'honneur et de probité, n'importe les confessions ou les
croyances qui les distinguent.
Ainsi la maçonnerie devient le Centre de l'Union, et le moyen de conci-
lier une amitié vraie, entre des personnes qui auraient dû rester sans
cesse éloignées les unes des autres».
A partir de 1728, les loges isolées sur le sol de France, prirent peu à peu
l'habitude de se placer sous la protection du grand Maître d'Angleterre
en attendant de pouvoir se constituer en Grande Loge autonome natio-
nale. Et tout comme à la Saint Jean d'Eté de 1717 à Londres, les loges
françaises firent une grande assemblée à Paris à la Saint Jean d'Hiver de
1735 et se donnèrent comme Grand Maître James Hector Mac Leane,
Baronnet d'Ecosse qui adopta les Constitutions d'Anderson.
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Duc d'Antin, la Grande Loge de France, choisit comme Grand Maître,
un prince de sang, Louis de Bourbon-Condé, Comte de Clermont, Abbé
de Saint-Germain des Près qui promulgue des «Ordonnances générales"
en 20 articles dont le 200me est ainsi rédigé : «Ayant appris que quelques
frères se présentent sous le titre de «Maîtres écossais», et revendiquent
dans certaines loges des droits et privilèges, dont il n'existe aucune
trace dans les archives et usages des loges établies sur la surface du
globe, la Grande Loge de France a décidé que ces «Maîtres écossais»
doivent être considérés par les frères, à l'égal des autres Apprentis et
Compagnons, dont ils devront porter le costume sans aucun signe de
distinction».
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Pendant de nombreuses années cette loge bordelaise joue le rôle de
«Mère Loge Ecossaise» délivrant patente pour la France et les colonies.
Elle autorise une Loge Ecossaise à Paris ainsi que dans certaines villes
de province Marseille entre autres. En 1748, les loges écossaises éta-
blissent pour leur propre compte des réglements et des constitutions ins-
tituant les Maîtres Ecossais comme les Grands Surveillants de la
Maçonnerie, et sept ans après en 1755 la Grande Loge de France finit
devant l'ampleur du phénomène dit Ecossais, par reconnaître ce degré
et ses prérogatives au sein des loges des 3 premiers degrés qu'elle admi-
nistre, sans pour autant exercer son contrôle sur les Parfaites Loges
d'Ecosse.
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par le «dogme de la prédestination», il renonce à faire carrière dans
1'Eglise Presbytérienne d'Ecosse.
Disciple de Fénelon, secrétaire de Madame Guyon, il s'oriente vers la
religion du «Pur Amour». Gouverneur du «jeune prétendant» Charles
Edouard Stuart, qui le fit Baronnet d'Ecosse et fait Chevalier de Saint-
Lazare par Louis XV, il fut initié à Londres dans la loge aristocratique
du Cor, «Horn Lodge». Prenant le contre-pied d'Anderson, les origines
de la maçonnerie ne venaient plus des bâtisseurs gothiques, mais des
Croisés.
La symbiose fut donc aisée entre les Néo Chevaliers écossais français et
les Néo Templiers allemands. L'un de ses officiers, Filley de Lernay,
établit à Berlin un chapitre dit de Clermont dont les grades furent mis au
goût Templier.
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Grand Inspecteur Grand Elu Chevalier Kadosch qui réclamait ven-
geance pour les meurtriers de Jacques de Molay, Grand Maître de
l'Ordre des Templiers. Ce grade sentait le souffre, car à travers Philippe
le Bel et le pape Clément V, on battait en brèche le pouvoir royal et la
Papauté or la France était encore une monarchie et de surcroît fille
aînée de l'Eglise, malgré son esprit gallican.
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En 1771 : Le Grand Maître de la Grande Loge de France, le Prince de
Bourbon Condé, Comte de Clermont, vient de passer à l'Orient Eternel.
Un de ses proches, le Duc de Montmorency Luxembourg, pair et pre-
mier baron chrétien du royaume prend sa succession, et constitue à par-
tir de cette Grande Loge de France une Obédience structurée et épurée
qui prit en 1773 le nom de Grand Orient de France «seule et légitime
Grande Loge» et qui se donne comme Grand Maître : le Duc de
Chartres, futur Philippe Egalité. Les Maîtres des Loges parisiennes ne
l'entendent pas de cette oreille, ils s'insurgent contre cette obédience, la
déclarant schismatique. Réunis en assemblée, ils proclament à leur tour
un Orient dit de Clermont, seul authentique Grand Orient.
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New York la première Loge de Perfection et constitue à son tour plu-
sieurs Députés Inspecteurs Généraux.
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vince, mécontentes du mépris que leur porte le Grand Orient de France
demandent au Grand Commandeur De Grasse de s'agréger à son
Suprême Conseil. Le 22 octobre 1804, se trouve constituée par la
réunion des Loges Ecossaises les 3 premiers degrés «La Grande Loge
Générale Ecossaise de France» qui se donne comme Grand Maître, un
des frères de Napoléon, Louis Napoléon, Altesse impériale et Grand
Connétable de l'Empire. En fait Louis Napoléon n'exerça jamais cette
Grande Maîtrise car l'empereur, avec son esprit centralisateur, décide
d'agréger au Grand Orient de France tous les Ecossais, qu'ils appartien-
nent à la Grande Loge Générale Ecossaise ou au Suprême Conseil.
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Vaimy, Prince d'Essling, Duc de Rivoli, Duc de Dantzig, cette noblesse
était considérée par la monarchie comme une noblesse de parvenus.
De Grasse de retour de captivité en Angleterre, rentre en France après
l'exil de l'Empereur et reprend en main le Suprême Conseil, mais dans
l'intérêt de l'ordre il remet sa charge au Duc Decazes, préfet de police
puis Ministre de Louis XVIII.
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De ce fait le Rite Ecossais Ancien et Accepté tout en étant monolithique
puisqu'il va du 1er au 3Y degré est bicéphale quant à son administration
à la Grande Loge de France, les 3 premiers degrés, au Suprême Conseil
les Hauts Grades qui vont du 4è au
Ces deux organismes : obédience (Grande Loge) et juridiction (Suprême
Conseil) sont souveraines et indépendantes, mais vivent en parfaite har-
monie pour ne pas dire en symbiose. Car si la Grande Loge de France
est née à partir du Suprême Conseil, ce dernier recrute ses membres au
sein de la Grande Loge. Chaque Frère des Hauts Grades quel que soit
son degré reste toujours un Maître en Loge sans aucune distinction par-
ticulière.
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Si la franc-maçonnerie est répartie sur toute la surface du globe, les
Rites pratiqués par les Grandes Loges ou les Grands Orients ne sont pas
forcément universels.
Le Rite Français du Grand Orient de France est très peu répandu hors de
notre hexagone.
Le Rite Ecossais Rectifié existe en France, en Belgique, en Suisse.
Le Rite d'York et d'Emulation recouvre à peu près toute la maçonnerie
anglo saxonne, y compris les Etats Unis et le Canada.
Les pays latins, Amérique du Sud comprise, sont dans la mouvance du
Rite Ecossais Ancien et Accepté pour les 3 premiers degrés.
Seul le Rite Ecossais Ancien et Accepté peut se dire pratiquement uni-
versel débutant alors au 4 degré.
Les frères qui viennent des loges symboliques sont tous à partir du 4
degré au Rite Ecossais Ancien et Accepté.
Quelque soit le pays auquel ils appartiennent ils relèvent, au niveau des
Hauts Grades, du Suprême Conseil établi dans leur pays. Ces Suprêmes
Conseils, tout en étant nationaux, souverains et indépendants, ont tous
la même structure, le même rite, les mêmes devises : Ordo ab Chao,
Deus Meumque Jus et travaillent tous à la Gloire du Grand Architecte
de l'Univers.
Ce rite est pratiquement répandu dans tous les pays d'Europe et depuis
la chute du mur de Berlin, il reprend force et vigueur dans les pays de
l'Est.
Les Suprêmes Conseils couvrent de la même façon les pays d'Amérique
Latine.
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Jusqu'à maintenant nous n'avons parlé que des frères francs-maçons,
mais qu'en est-il des femmes?
En loge opérative, les bâtisseurs de cathédrales n'employaient pas les
femmes sur les chantiers. Devenues spéculatives, les loges ont continué
cette tradition.
Nous ne sommes pas des misogynes, nous ne sommes pas contre les
femmes, mais à l'opposé de Sacha Guitry nous ne tenons pas à être tout
contre en loge.
Cette attitude peut paraître à certains d'entre vous, disons cavalière-
ment, ringarde ! C'est vrai ! Mais c'est comme ça
Ceux de ma génération ont connu à l'église les femmes à gauche, les
hommes à droite. Sitôt la puberté venue, les écoles des filles, écoles de
garçons. Lycées pour les filles, Lycées pour les garçons. Il fallait
attendre la faculté pour voir la mixité et encore peu de filles siégeaient
sur les gradins des amphithéâtres.
Aujourd'hui et c'est heureux, les femmes ont le droit de vote. Elles sont
chirurgiens, ingénieurs, PDG, officiers, commandants de bord sur des
boing ou des tankers. Elles font de la politique et occupent des postes
ministériels.
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d'Auvrevilly écrit un article féroce contre elle, intitulé «Les bas bleus».
Son indignation la détermine dans une action politique et la voilà enga-
gée pour la République et le droit des femmes. Muselée sous l'ordre
moral, elle organise des réunions clandestines, et après la chute de Mac
Mahon, elle revient au grand jour. Son salon devient le rendez-vous des
francs-maçons.
Initiée en 1882, dans une loge du Pecq, elle décide avec le Docteur
Georges Martin, de fonder une Grande Loge Mixte «Le Droit Humain».
En 1901 certaines soeurs quittent le Droit Humain, des femmes profanes
s'agrègent à elles et la Grande Loge de France leur offre la possibilité
de travailler en «Loge d'adoption», mais de nouveau les soeurs sont en
tutelle comme au l8 siècle Arrive la seconde guerre mondiale, c'est la
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présence que nous refusons toujours, mais c'est larègle, de les recevoir
en loge. C'est au fond la réponse des bergères aux bergers. Cela étant
les relations intérobédientielles sont excellentes.
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but unique est la réunion des esprits et des coeurs pour les rendre
meilleurs, et former dans la suite des temps une nation spirituelle».
Les rituels nous suggèrent pour chaque degré une conception du monde
et de la vie, un idéal et des méthodes de réalisation correspondantes
pour la construction du Temple Idéal comme nous le disons. Mais le
monde change et l'on doit s'y adapter en y réfléchissant.
Les idées ont besoin d'être semées, même si les hommes qui les sèment
ne sont compris que dans un avenir plus ou moins lointain. Notre tâche
est donc de travailler à la construction du monde par le moyen de
l'esprit. L'homme est fait de chair et d'esprit et la grande aventure
humaine ne peut et ne doit être conditionnée. Jamais période de son his-
toire n'a été à la fois aussi passionnante et aussi inquiétante que celle
que nous sommes en train de vivre.
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Il y a eu Athènes, Rome, la Renaissance, le Siècle des Lumières, mais
toutes ces civilisations étaient en vase clos. «L'homme était la mesure
de toutes choses».
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bien différent des humanistes profanes : humanisme marxiste, huma-
nisme existentialiste, héroïque ou nietzchéen, socialisme humaniste,
humanisme chrétien. Tous parlent de l'homme bien sûr, s'intéressent à
lui, mais chacun a sa résonnance, son programme, sa vérité, et au bout
du compte son ghetto.
«C'est la lutte finale Debouts les damnés de la terre Prolétaires de
tous les pays, unissez-vous En dehors de l'Eglise point de salut».
Tous veulent des matins qui chantent, mais crient anathème pour les
autres.
Le maçon est un anarchiste par sa liberté de pensée ou plutôt par son
éducation à la pensée libre. C'est le refus de tout dogmatisme, de toute
idéologie. Anarchiste peut-être mais sa devise n'est pas le vieux slogan:
«Ni Dieu ni maître». Il reconnaît un Principe créateur, sous le nom de
Grand Architecte de l'Univers, laissant à chacun au nom de la tolérance,
la liberté de concevoir ce Grand Symbole. Cette liberté est telle que le
Grand Commandeur du Suprême Conseil, Adolphe Crémieux, avait écrit
en 1875, dans la déclaration des Principes du manifeste du Convent de
Lausanne:
«Aux hommes pour qui la religion est la consolation suprême, la
maçonnerie dit : Cultivez votre religion sans obstacle, suivez les inspi-
rations de votre conscience. La franc-maçonnerie n'est pas une religion,
elle n'a pas un culte».
Anarchiste sans doute ! Mais anarchiste discipliné car du 1 au 3Y
degré il reconnaît la hiérarchie et se plie à la discipline en loge où tout
peut être dit, à condition de respecter l'autre. «La maçonnerie accueille
tout profane, quelles que soient ses opinions en politique et en religion,
dont elle n'a pas à se préoccuper pourvu qu'il soit libre et de bonnes
moeurs».
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chacun de découvrir ce quelque chose et ce n'est pas à quelques-uns de
nous imposer une explication.
Déjà en 1875, le Grand Orateur du Suprême Conseil de France, le Très
Illustre Frère Malapert rendait les idées bien claires : «Nos bras sont
ouverts pour toutes les convictions. Nous ne donnons aucune forme au
Grand Architecte de l'Univers. Nous laissons à chacun le soin d'en pen-
ser ce qu'il veut et nous n'imposons pas plus la religion de Jupiter que
celle d'Adonaï. Toutes sont égales à nos yeux».
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