Réception de La Novela de Mi Vida en France
Réception de La Novela de Mi Vida en France
Réception de La Novela de Mi Vida en France
CAROLINE LEPAGE
(AVEC LA COLLABORATION DE DIANA GIL HERRERO ET D'ÉLODIE PEETERS)
U N I V E R S I T É P A R I S N A N T E R R E – UR É T U D E S R O M A N E S /
CRIIA / HLH
c.lepage@parisnanterre.fr
J’aime tout particulièrement tous les passages consacrés à ces soirées débor-
dantes d’amitié, d’amour, arrosées de rhum et nourries des plats savoureux de
Josefina (sur le blog La livrophage, 2014).
Nul meilleur guide que Leonardo Padura et ses enquêtes policières pour
découvrir les recoins les plus secrets de la vie cubaine, et c’est avec l’inspecteur
Mario Conde qu’il faut absolument visiter le Barrio Chino de La Havane (Pierre
Laye, Pensée sur la planète, 2016).
6. Une très enviable réputation, en effet, et, surtout, au début des années
2000 déjà, une voie confortablement tracée pour satisfaire un public désor-
mais captif. Sauf que Padura l’a dit lui-même : « Au début, l'unité de style et
de structure des romans de Mario Conde me convenait, mais à partir d'un
moment, c'est devenu une prison » (Padura – Paranagua, 2014).
7. Sensation d’enfermement, donc…, ambition légitime de se renouveler
et d’élargir ses horizons. Un défi pour soi-même en tant qu’écrivain et un
pari risqué vis-à-vis de son lectorat pour un auteur entré dans le monde des
lettres avec une série à succès, a fortiori dans un sous-genre aussi « popu-
laire » que le roman policier, et ayant fait des lectrices et des lecteurs
adeptes.
8. Car que pouvait-il y avoir ensuite, en soi et alors qu’on quittait le pro-
tagoniste de la tétralogie arrivé au terme de son supposé dessillement sur la
réalité cubaine, enfermé chez lui à double tour, désormais bien décidé à
faire la sourde oreille aux fracas d’un monde en pleine destruction et à
écrire, enfin, une histoire « escuálida » et « conmovedora » ancrée dans ce
fameux passé parfait et autocentré ?
9. Voici comment se termine L’Automne à Cuba :
Et le Conde écrivait, confiant que cette histoire de policier, de jeune homme
blessé, de gamin qui avait voulu être un grand joueur de base-ball et était tombé
amoureux d’une femme qui avait dix ans de plus que lui, d’un type acharné à
réécrire l’histoire, d’une femme belle, mince mais avec des fesses de pierre, d’un
écrivain que son environnement avait transformé en pute, et de toute une géné-
ration cachée, pourrait être tellement dépouillée et émouvante que même le
désastre de ce jour d’octobre et de tous les autres jours de l’année, ne pourraient
vaincre l’acte magique consistant à extraire de son cerveau cette chronologie de
douleur et d’amour, vécue à une époque tellement lointaine que la mémoire
essayait de la dessiner avec des traits plus doux, jusqu’à la faire paraître presque
bucolique. Plus que parfait : oui, c’est ainsi qu’il l’intitulerait, se dit-il, et un
autre bruit assourdissant, provenant de la rue, avertit l’écrivain que la destruc-
tion se poursuivait, mais il se contenta de changer de feuille pour commencer un
nouveau paragraphe, car la fin du monde était proche mais toujours pas là : il
restait la mémoire (Padura, 1999 ; 233) (c’est nous qui soulignons).
14. Certains avis ont été extrêmement positifs sur le roman : « Vers la fin,
on se surprend à le reposer pour ne pas le terminer trop tôt, pour rester
encore un peu sous le frémissement des palmes » (Stefek, Amazon, 2012) ;
15. D’autres moins.
16. Sur le site de la Fnac, Annie, par exemple, ne s’est guère montrée
enthousiaste : « Trop fouilli, je n'ai pas accroché. J'ai pourtant pris beau-
coup de plaisir à lire ses autres romans » (2013).
17. Sur Sens Critique, Henri Mesquida Jr avoue :
C'est bien trop long. Et finalement je me suis ennuyé, peut-être parce que
cette triple histoire tournant autour de la création de l'identité cubaine m'a sem-
blé trop… cubaine et que je n'ai pas pu y trouver d'universalité. J'ai fini par avoir
l'impression de lire une anecdote et par perdre l'intérêt (2015).
28. Ce que l’on peut mettre en contraste avec le regard qu’Heredia porte
sur sa ville au moment de son ultime retour dans l’île :
Le soir commençait à peine à tomber et, pour passer le temps, je déambulai
dans la ville que je trouvai fort changée. […] En proie à l’incertitude, je dépassai
l’enceinte de la ville et là où s’était jadis élevée la maison de Madame Anne-Ma-
rie, je ne trouvai qu’un sinistre terrain vague à côté de ce qui était le début d’une
longue promenade en construction qui porterait le nom de Tacón. Désarmé par
l’absence des derniers vestiges de cet endroit vers lequel je m’étais toujours
acheminé comme vers un sanctuaire, je pris une quelconque direction et à
quelques pâtés de maisons je trouvai la structure déjà construite du nouveau
théâtre que le capitaine général avait fait édifier et qui, comme la promenade,
porterait aussi son nom. La ville que je connaissais si bien commençait à échap-
per à mes vieilles références, à me voler mes nostalgies et à me prévenir de ma
condition : je venais d’ailleurs et j’étais presque un étranger dans mon propre
pays (Padura, 2003 ; 323-324).
Cependant, il est une œuvre dans laquelle n’apparaît pas el Conde mais qui se
trouve traversée par la ligne conductrice de la vérité, intitulée La novela de mi
vida et publiée en 2002 […] (2015).
38. Elena Zayas décrit ce qui, à ce titre, rapproche tous ces personnages, à
savoir le trait commun d’une profonde mélancolie et d’un tenace désen-
chantement à l’égard des idéaux, de la Révolution entre autres ou, plus
exactement, de la Révolution comme symptôme le plus visible et le plus
extrême des illusions perdues de la jeunesse :
le personnage de Mario Conde se réfugie dans ses souvenirs d'une époque
idéalisée, non seulement parce qu’elle correspond à sa jeunesse, mais aussi au
rêve, en grande partie concrétisé dans les premières années, d’une société issue
du mouvement révolutionnaire où tout semblait encore possible […] Ce précé-
dent thématique dans l’œuvre de L. Padura va s'épanouir dans son roman La
novela de mi vida, où cette problématique de l'imbrication de deux territoires
rêvés se développe au point d’offrir une des lectures possibles du
roman (2020b ; 2).
39. Raison pour laquelle, selon Benoît Coquil, aussi bien Conde que Terry,
se retirent dans la littérature et dans l’hétérotopie de la bibliothèque comme
sanctuaire (Coquil, 2020 ; 11).
40. Et, sans doute le plus important : l’écriture. Comme le signale Cécile
Marchand : « y es de notar que como le pasó al héroe recurrente de las otras
novelas de Padura, Mario Conde, Terry vuelve a escribir en un momento
bisagra para él » (2020 ; 5).
41. Il faut ajouter la co-présence du thème de l’exil, que l’on trouve à la
fois dans la tétralogie (prioritairement dans Électre à La Havane) et, évi-
demment, dans Le Palmier et l’étoile, car comme l’explique Paula García
Talaván : « En cuanto al tema del exilio, cabe decir que es recurrente tanto
en la prosa literaria de Padura como en la periodística » (2021 ; 2).
42. À tout cela on pourrait ajouter une forme de continuité diégétique
extrêmement subtile et très intéressante, car, concrètement, Le Palmier et
l’étoile rapporte ce qui se passe dans la Cuba d’immédiatement après la
scène de clôture de L’Automne à Cuba : Terry revient dans l’île en 1998,
c’est-à-dire la date à laquelle Padura achève l’écriture de L’Automne à
Cuba. Et, plus encore, la date où il se plonge très précisément dans ce
qu’évoquait Conde comme seul temps et comme seule espace possibles
dans les dernières lignes de la tétralogie : ce qu’il « restait », à savoir « la
mémoire » (« il restait la mémoire » [Padura, 1999 ; 233]) – la mémoire du
protagoniste, des membres de sa génération et, encore plus globalement, du
peuple cubain. Avec, dans la ligne Fernando Terry un retour-quête-enquête
sur la jeunesse des enfants de la Révolution, et, surtout, dans les lignes José
mémoire » ?
Pourquoi, in fine, avoir différé à l’étape Les Brumes du passé, publié en
2006, que Conde y revienne ? Fallait-il un processus de métamorphose(s)
du protagoniste padurien idéal – ce que l’on a désigné sous l’étiquette
d’archétype – dans Le Palmier et l’étoile pour que cela devienne possible
depuis la perspective du premier protagoniste dans une autre version,
une sorte de Conde 2 ? Et alors quelle(s) métamorphose(s) ?
S’agissait-il « seulement » que l’auteur se libère de l’emprise de son
personnage par trop limité dans le périmètre de son champ d’action et,
surtout, de sa réception tétralogique ? Ou alors s’agissait-il, tout
simplement, que Conde commence à acquérir / afficher des nouvelles
compétences, notamment dans le domaine de l’Histoire littéraire (c’est
sans doute aussi à cela qu’a servi l’étape intermédiaire de Adiós
Hemingway) ? On pourrait alors considérer le Conde de Les Brumes du
passé et des volumes suivants, comme la mixtion du Conde de la
tétralogie et de Terry, avec un protagoniste, cette fois expérimenté aussi
en tant que chasseur et vendeur de livres anciens et d’Histoire littéraire…
et, dans le même temps, authentiquement cubain et de plus en plus
« attachant » ; Padura se défaisant au passage des velléités des pénibles
(en référence, entre autres, aux nombreuses récurrences du termes
« elucubraciones » présentes dans le roman pour évoquer les souvenirs,
pensées, hypothèses et autre réflexions de Terry) enquêteurs-
exilés / exilés-enquêteurs de retour dans l’île avec des comptes à exiger et
des comptes à régler. À ce titre, Fernando Terry aurait subtilement et très
habilement préparé l'ultime mue et l’ultime justification d’un Conde
mieux équipé, certes, mais aussi et surtout, débarrassé de sa tout de
même problématique identité de représentant des forces de l’ordre. On se
souvient que le Lieutenant a été amplement valorisé dans son rôle de
super flic, le plus efficace de tous et l’un des plus convaincus, malgré qu’il
en ait, de l’indispensabilité de son travail, un efficace rouage du régime,
considérant, par exemple, anodin / banal de solliciter le représentant
d’un CDR (Comité de Défense de la Révolution) pour obtenir des
informations utiles sur un témoin et son entourage. Conde 1 était
encombrant… bien moins fréquentable, sans doute, que Conde 2, que
Conde 3, que Conde 4, etc. Des Conde 2, Conde 3, Conde 4 aptes à
projeter une lumière avantageuse et décapante / décontaminante sur
La novela de mi vida de Leonardo Padura est écrite en padurien, selon une stratégie qui,
défiant les langues et variétés de langues réelles en relation, à savoir l’espagnol
“standard”, le parler cubain et l’anglais nord-américain, institue une autre langue que
nous avons désignée en tant que « polylangue intérieure » pour faire ressortir sa
dimension hétéropique, affective et nostalgique » (2021 ; 16-17).
50. Nous avons estimé, pour notre part, qu’il y avait là un objectif didac-
tique, « pour la démonstration sous-jacente que tout change sans véritable-
ment changer, sans véritablement savoir/pouvoir/vouloir changer »
(Lepage, 2020c ; 3).
51. Ce que l’on comprend en lisant les explications données par Padura au
sujet du difficile processus d’écriture qu’a représenté Le Palmier et l’étoile :
[…] el manuscrito crecía, crecía y amenazaba con tener 1500 páginas por lo
menos. Entonces decidí detenerme y revisar mis intenciones y… fue ese el
momento en que escribí la novela breve Adiós, Hemingway, y encontré la clave
de la solución de la estructura de La novela de mi vida: cada línea, cada
momento debía tener su propia entidad en todos los sentidos, incluso en la lon-
gitud de los capítulos, que solo debía responder a las necesidades dramáticas
propias. El resto era el ensamblaje de esas líneas para que se consiguiera el
efecto que yo buscaba, o sea, que el pasado y el presente estuvieran como mirán -
dose en un espejo, complementándose uno en el otro [...] (Padura – Ponce,
2020 ; §10).
2021 ; 7-8] dans La novela de mi vida, tout au moins dans l’instance nar-
rative assumée par José María Heredia » (c’est nous qui soulignons), Clara
Dauler doit recourir à l’argument que :
La présence d’une « Noticia histórica » à la fin du livre, ainsi que la mention
de spécialistes de la littérature et de la franc-maçonnerie cubaine dans la note
préliminaire, « Agradecimientos », garantissent la véridicité des faits rapportés
dans la fiction. Ces éléments font partie intégrante du paratexte et contri-
buent à nouer le pacte de lecture du roman historique (2021 ; 9) (c’est nous qui
soulignons).
63. Sur la même ligne, Fabrice Parisot écrit qu’avec Le Palmier et l’étoile,
Padura s’engage : « dans la voie du roman historique, puisque l’un des
trois récits qui structurent l’ensemble est consacré au grand poète roman-
tique cubain du XIXe siècle José María Heredia » (Parisot, 2021a) (c’est
nous qui soulignons).
64. D’où il semble ressortir que cette attribution générique à la famille du
roman historique reposerait surtout, en bonne partie, 1) d’une part, sur des
éléments du péritexte, qui, tout bien considéré, ne sont jamais que des
déclarations d’intentions – nul besoin de s’attarder sur ce que vaut ou ne
vaut pas la parole de l’instance auctoriale sur ses propres textes, d’aucunes
et d’aucuns considérant qu’il y a là une donnée parmi d’autres à prendre en
compte, ou pas, dans l’équation de l’analyse textuelle –, et certainement pas
le lieu où s’établit le « pacte de lecture » du texte (sans doute est-il néces-
saire de ré-établir des frontières entre livre, instance du livre, et texte, ins-
tances du texte)… 2) et, d’autre part, sur la ligne Heredia 8, c’est-à-dire 22
« chapitres » sections sur les 61 que comprend le roman, avec, en sus, le
paradoxe de rattacher le plus étroitement la ligne Heredia, en réalité pure-
ment fictive puisque ce manuscrit des mémoires n’a jamais existé, à l’ingré-
dient Histoire / accréditation historique dans la fiction.
8 Il n’est pas inutile de rappeler ce que Padura a expliqué à Néstor Ponce à propos de la
différence qu’il y a entre l’élaboration de la ligne narrative Heredia et des deux autres :
« Lo que hice fue preparar una cronología de los hechos de la vida de Heredia y de los
acontecimientos importantes de la época con alguna relación con el poeta y con mis
intereses conceptuales. Después incluso pude publicar esa cronología, que me sirvió para
la escritura de la línea argumental del siglo XIX, porque las otras dos (principios y finales
del XX) empecé a escribirlas como siempre hago: con un vislumbre de adónde quiero
llegar, pero solo descubriendo cómo en el mismo proceso de la escritura » (Padura –
Ponce, in Ponce, 2020b ; 39).
• alors que c’est finalement en tant que roman historique que l’auteur le
présente dans les « remerciements », où l’on fait explicitement mention
de :
Nourri de faits historiques vérifiables et s’appuyant même textuellement sur
des lettres et des documents personnels, le roman de la vie du poète Heredia,
narré à la première personne, doit cependant être considéré comme une œuvre
de fiction. L’existence réelle du poète, tout comme celle des personnages qui
l’entourent – de Domingo Del Monte, Varela, Saco, Tanco au capitaine Tacón et
au caudillo mexicain Santa Anna, ou ses deux grands amours, Lola Junco et
Jacoba Yáñez – sont ici présentées à partir d’un discours fictionnel qui tisse
librement la trame où se croisent les péripéties historiques et romanesques.
Ainsi, tout ce qui est évoqué par Heredia est arrivé, a dû arriver ou pu arriver
dans la réalité, mais tout est toujours vu et reflété à travers le prisme roma-
nesque dans une perspective contemporaine (Padura, 2003 ; 389).
a pesar de ser una obra de ficción, está construida sobre la base de un sólido
y minucioso trabajo de documentación en torno a la vida y obra del poeta
cubano José María Heredia y sobre el ambiente cultural y político de la primera
mitad del siglo XIX en Cuba. Es más, el trabajo de investigación que precede la
escritura de esta novela es tan extenso y exhaustivo que le sirve al autor para dar
forma posteriormente al ensayo José María Heredia. La patria y la vida (García
Talaván, 2021 ; 2)
69. De fait, cette étiquette de roman historique est reprise par Sabrina
Wajntraub, implicitement entérinée quand elle écrit : « […] le septième
roman de Padura Fuentes signe […] le remplacement du roman policier par
un premier roman historique, Mario Conde cédant momentanément sa
place au personnage historique, José Maria Heredia » (2020a ; 4).
70. Elena Zayas, elle, estime :
si se puede calificar La novela de mi vida de histórica es, en un primer nivel
de lectura, porque el título y una de sus tres líneas narrativas se refiere a la vida
de José María Heredia […] En la segunda línea, aparecen personajes de ficción,
anclados siempre en la historia del último tercio del siglo XX (Zayas, 2020b ; 1).
71. Plus encore, c’est quasiment comme un roman historique parfait que
Michèle Guicharnaud-Tollis semble avoir lu Le Palmier et l’étoile :
Pour le bonheur du lecteur, réalité historique et fiction romanesque se
confondent : elles s'entremêlent, se répondant et se reflétant chacune dans le
miroir de l’autre, et à chaque « héros » elles redonnent son humanité et sa
vérité, en somme sa réalité. Une réalité chatoyante et multiple (2021 ; 24).
76. Cela soulève n’en soulève pas moins quantité d’interrogations sur les
raccourcis et simplifications que suppose / exige de rendre un portrait de
personnage historique et brosser un tableau à la fois diégétiquement
attrayant, didactiquement clair et discursivement signifiant / rentable.
81. Avec cette conclusion qui, justement, laisse, à notre avis, bien des
brèches dans le raisonnement :
Ahora bien, cabe destacar que esta lista de críticas al régimen no se establece
en ningún momento bajo la forma de un discurso pamfletario anti-castrista sino
que, por el contrario, alterna con otros elementos positivos (la educación, el fin
de la explotación imperialista, la resistencia ante las medidas coercitivas de los
Estados Unidos, una forma de vivir inmutable a pesar de los contratiempos).
Podríamos afirmar que el autor nos presenta un listado de situaciones, de
hechos, y que deja carta blanca al lector para que se forme una opinión (Ponce,
2020b ; 87).
82. En réalité, ladite opinion aurait, pour se forger sur les bonnes bases,
un très solide tuteur : l’équation des Histoires qui établirait de fait, « natu-
rellement », l’équation des discours.
83. Pour beaucoup de critiques en tant qu’« historique », la ligne José
María Heredia a, en effet, en priorité pour vocation de déployer un discours
critique à l’égard des différents régimes autoritaires qui auront jalonné
l’Histoire cubaine, tout juste cela se ferait-il, pour la période castriste, par
contournements et allusions, « au détour des recherches que mène le per-
sonnage [Terry] » (Marchand, 2015 ; §1), parce que « sous ce premier
niveau critique, politiquement acceptable aujourd’hui, se profilent en creux,
dans le reste du roman, [des] éléments beaucoup plus subversifs relatifs à
Cuba, que retrouve et découvre Fernando Terry » (Marchand, 2015 ; §1).
84. Cécile Marchand écrit encore :
L’auteur […] utilise subtilement son retour et sa quête de vérité pour dévoiler
d’autres vérités sur la réalité politique cubaine, au passage. La recherche des
documents d’Heredia et celle du traître qui l’a dénoncé, croit-il, font diversion en
permettant à Leonardo Padura de brosser un tableau des difficultés socio-écono-
miques du pays et de revenir sur le contrôle des intellectuels. La présentation de
cette réalité, de cette vérité, s’opère posément, sans diatribe, mais la simplicité
du discours confère une authenticité et une crédibilité majeure à la vision de
Cuba, offerte par le détour de la fiction (Marchand, 2005 ; §10).
87. Idem pour Clara Dauler : « […] les péripéties du personnage fictif Fer-
nando Terry, fondées sur l’exode de Mariel de 1980, dénoncent les répres-
sions perpétrées par le régime castriste à l’encontre de ses oppo-
sants » (2020 ; 7).
88. Idem pour Raúl Caplán :
el poder es constantemente anonimizado, y esto se consigue a través de
varias estrategias. La primera de ellas es el uso de una tercera persona del plural
extremadamente lábil (2020 ; 7) ;
89. Idem pour Philippe Lançon pour qui Padura écrit « drapant ses
paroles dans des silences dont sont faits, sinon les rêves avortés, du moins
les phrases dissimulées » (Lançon, 2003).
90. Argument dont la pierre angulaire est, d’une part, la fameuse « lecture
oblique du présent cubain » (Zayas, 2020b ; 9) ; d’autre part, la fonction
que Padura affirme vouloir attribuer et ne pas attribuer à la littérature, la
place qu’il veut et ne veut pas accorder à la politique dans la littérature :
[…] además de denunciar la adicción que provoca el poder, ilustra lo que
Padura defiende siempre: que la literatura no tiene por qué estar al servicio de
una ideología, pero sí atenerse a algunos valores primordiales y, para los escri -
tores, lo primero es la libertad de expresión (Zayas, 2020a ; 21).
93. Certes, mais à ceci près que pour admettre cet argument que ce qui
n’est pas dit dans la ligne Fernando Terry se déverse naturellement et entiè-
rement depuis la ligne José María Heredia, 1) par tout un système de
canaux creusés dans la diégèse ; 2) par une subtile composition croisée via
des jeux de miroir et 3) par un savant maillage intertextuel, il faut tout de
même partir du principe qu’il y a, effectivement, duplication entre la ligne
José María Heredia et la ligne Fernando Terry, au-delà d’un habillage et de
détails circonstanciels.
94. Or, est-ce réellement le cas ?
95. C’est ce que semble nous inviter à comprendre le titre même du
roman, comme l’a analysé, par exemple, Néstor Ponce :
El posesivo «mi» antepuesto a «novela» nos dirige naturalmente al sujeto
JMH, pero también al otro protagonista del libro, el sujeto Terry, quien muchas
veces compara su existencia a la del poeta. En ese sentido, es «La novela de
“nuestra” vida» (Ponce, 2020b ; 50).
96. Pour Cécile Marchand : « La diégèse première qui constitue l’incipit
est consacrée au retour de Fernando Terry à Cuba, en 1998 » et à « “un rap-
port spéculaire” en établissant des parallèles dans les trajectoires de Fer-
nando et d’Heredia, à des époques différentes » (2015).
97. Le premier point de jonction est évidemment l’exil 10, vu dans les deux
cas comme une prison11, comme le résultat d’un « châtiment » (Gimbert,
10 « El exilio es el elemento más concreto del paralelismo entre las experiencias vitales de
Heredia y Fernando » (Zayas, 2020a ; 14).
11 « la vision de l’exil que Padura nous propose dans Le palmier et l’étoile est celle d’un
univers carcéral dans lequel le Cubain survit, séparé de son île par une mer qui
emprisonne encore davantage ceux qui ont dû la traverser » (Gimbert, 2011 ; 164).
100. Nous avons pour notre part écrit : « “Affinités poétiques” […] sont
d’autant plus manifestes et porteuses de sens qu’elles se cristallisent sur la
ville, La Havane en premier » (Lepage, 2020c ; 12).
101. Selon Elena Zayas encore : « La Habana es además uno de los muchos
elementos que vinculan a Heredia con el otro protagonista de la novela:
Fernando Terry » (2020a ; 9).
102. Ce que confirme Nelly Le Naour, pour qui : « La Havane en tant que
dénominateur commun permet d’unir Heredia à Terry par-delà les
époques » (Le Naour, 2020 ; 1). Nelly Le Naour a étroitement analysé la
place et le rôle de cette ville dans Le Palmier et l’étoile, son fort caractère
unificateur et même agglomérant pour les personnages et, au-delà, pour
tout le personnel du roman padurien, discours compris, un territoire-pay-
sage littéralement personnifié qui s’impose, dans des proportions plus ou
moins grandes selon la ligne narrative concernée :
• « un lieu de pouvoir et un espace social » (2020 ; 2). À propos de La
Havane du XIXe siècle, Le Naour écrit : « […] la description de la ville aux
12 « […] ne plus penser au retour que pour mourir ou se suicider, telles sont les
conséquences d’un exil destructeur à bien des égards » (Gimbert, 2011 ; 168).
13 « […] le pays natal restait un lieu d’existence par l’entremise de la mémoire, le pays
retrouvé devient un nouveau lieu d’errance » (Gimbert, 2011 ; 171).
106. Effectivement, le texte ne ménage pas ses efforts pour poser et mon-
trer, parfois à grands et gros traits épais (par exemple l’épisode initial de
l’homme sur le voilier alors que Terry est de retour sur le Malecón après
dix-huit ans d’absence), les gémellations entre les deux personnages.
107. Mais se pose ici une question décisive : cela a-t-il réellement pour but
de créer une concordance entre les deux hommes, et, à travers eux, de tout
le reste, ou, au contraire, de mieux faire mesurer l’écart qui les sépare, alors
qu’en théorie, il avait justement tout pour être identiques, plus exactement
alors qu’en théorie, Terry avait pourtant tout pour être identique à Heredia.
108. Concernant, par exemple, « l’anecdote » très didactiquement signi-
fiante du voilier, tandis que Paula García Talaván estime :
No obstante, a pesar de sus diferentes circunstancias, la condición compar-
tida de exiliados sometidos a juicio por una autoridad injusta y manipuladora es
suficiente para que Terry se sienta identificado con Heredia, su modelo literario,
y para que Padura decida materializar esta identificación mediante el encuentro
especular de ambos personajes hacia el final de la novela, cuando Heredia, en el
barco que lo aleja definitivamente de la patria, y Terry, sentado en el Malecón
frente al mar que marca la distancia entre el dentro y el fuera de la isla, cruzan
sus miradas […] (2021 ; 6),
Alors que le contraire se produit pour Terry, « Ce n’est pas le cas chez
Terry, pour qui l’exil de dix-huit ans marque une rupture profonde. Le
sentiment d’étrangeté perdure, jamais compensé » (Le Naour, 2020 ; 13).
Des interrogations qui jettent une lumière intéressante sur les
affirmations de Jacinta Cremades, pour qui Le Palmier et l’étoile offre
« une vaste méditation sur l’exil » (2016) et de Philippe Laçon, qui y voit
« une méditation sur la culture et l’histoire politique cubaine » basée sur
« une double malédiction [qui] se répète : celle de la trahison et de
l’exil » (2003).
Faut-il en déduire, finalement, tout court, qu’il y a un « vrai » bon Cubain
– et à notre avis, cela ne rend l’œuvre que plus intéressante encore – cela
peut, finalement, être vu et interprété comme un simple effet du texte, en
somme une performance (en lien avec ladite « complexité dans les straté-
gies narratives et discursives ») dans les miroirs de laquelle projeter un seul
et même point de vue, une seule et même voix (en lien avec lesdits « la poly-
phonie et le dialogisme ») et un seul genre, celui, en effet, de l’auto-fic-
tion / de la fiction autobiographique.
112. Finalement, pour comprendre pleinement le pourquoi et le comment
de la présence de l’Histoire dans le roman, on en revient à la théorie d’un
Padura autofictionnalisé dans tous ces personnages et toutes ses histoires
pour jouer et se rejouer, dans tous les décors possibles, sa scène primitive
fétiche et, en l’occurrence, cette fois, pour l’intégrer à la fois dans la réalité
collective et dans sa propre trajectoire personnelle.
113. À ce sujet, il nous semble utile de rappeler ce qu’explique Fabrice Pari-
sot :
En 2020, lors du Salon International Carlos Fuentes de la Foire du Livre de
Guadalajara tenu à Mexico, à l’occasion de la remise de la médaille Carlos
Fuentes en reconnaissance de son œuvre, Leonardo Padura Fuentes devait expli-
quer s’être engagé dans la voie du roman historique pour essayer de comprendre
la nature intime de son pays, les clés d’une appartenance, mais aussi pour mieux
se comprendre lui-même ; car il avait conscience qu’entre les mains d’un roman-
cier, l’Histoire pouvait être utilisée pour révéler depuis un angle intime, drama-
tique, subjectif même, l’existence d’un vaste processus visible dans et à travers
l’Histoire, d’une façon viscérale, que la science historique ne permet pas tou-
jours d’appréhender […] (2021b ; 1)
114. Pas étonnant, d’ailleurs qu’on lise, toujours dans l’article de Fabrice
Parisot :
Le romancier a rapporté deux anecdotes qui ont motivé l’écriture de ce
roman. La première, en 2020, à l’occasion du discours inaugural de ce même
Salon […], dans lequel il devait raconter que c’est la découverte d’un lien gastro-
nomique, le quimbombo, partagé avec le poète romantique José Maria Heredia,
qui lui a donné l’idée de faire d’abord des recherches sur ce fondateur de la litté-
rature cubaine, puis de lui consacrer un roman : « Encontrar a través de un ele-
mento representativo de la culinaria cubana un nexo entre el fundador Heredia,
muerto en México poco después de concretado su breve regreso a Cuba, y mi
propia persona, casi dos siglos después, fue un hallazgo esencial a la hora de
122. Clara Dauler : « […] la fiction de Leonardo Padura intègre les méca-
nismes du roman noir (Vanoncini, 2002) pour remonter le temps du XX e au
XIXe siècles, afin de poser au lecteur des questions existentielles sur la réa-
lité cubaine » (2021 ; 9).
123. Julie Malaure : « À la croisée de l'Histoire et du polar, Le Palmier et
l'étoile tourne autour de la disparition du poète José Maria de Here-
dia » (2015).
124. Philippe Lançon, lui, se montre encore plus catégorique ; à ses yeux,
purement et simplement, Le Palmier et l’étoile « n’est pas un roman histo-
rique, mais une méditation sur la culture et l'histoire politique
cubaine » (2003).
125. Quant à Padura, il a lui-même affirmé, dans un entretien de 2020 avec
Néstor Ponce : « Digo que no es una novela histórica porque la figura de
Heredia y su época están reflejadas desde una óptica contemporánea y
responden a fines diría que filosóficos también contemporáneos »
(Padura – Ponce, 2020 ; §6).
126. Outre qu’il est intéressant de voir comment l’auto-glose padurienne se
déploie / évolue au fil du temps, dans de constantes rétro-lectures qui
posent autant de rétro-écritures (avec des romans dont le sens se démulti-
plient depuis un seul et même texte) et qui rendent l’œuvre éminemment
riche là où tant d’autres sont platement statiques, on pourra se demander si
regarder l’Histoire depuis et pour ici et maintenant n’est pas, précisément,
le capital génétique et la raison d’être du roman historique, y compris dans
sa définition la plus traditionnelle / conventionnelle ? Est-il vraisemblable
d’envisager qu’un romancier puisse écrire sur l’Histoire exclusivement dans
le but de renseigner sur l’Histoire ? L’Histoire n’est-elle pas plutôt toujours
l’un de ces miroirs facilement générateurs de défamiliarisations/d’étrangéï-
sations dans lesquels projeter le présent afin de le regarder et le faire regar-
der autrement ? Pourquoi, donc, avoir besoin de prendre de la distance à
l’égard de la catégorisation « roman historique » ?
127. Pour apporter des éléments de réponse, il faut remarquer que Padura
se montre coutumier de ce que l’on appellera la dénégation générique : il ne
faudrait pas lire les romans de la tétralogie comme des romans policiers au
sens littéral du terme (« no escribo novelas policiacas-policiacas, sino falsas
novelas policiacas » [Padura – Parisot, 2021b ; 2]) et il ne faudrait donc pas
non plus lire Le Palmier et l’étoile comme un roman historique au sens lit-
téral du terme : « […] yo no escribo […] novelas históricas-históricas, sino
novelas que utilizan la historia » (Padura – Parisot, 2021a ; 2).
128. La question étant de savoir quel est l’intérêt de ce refus de l’étique-
tage ? Pose ? Coquetterie ? Arrogance ? C’est en réalité beaucoup plus et
bien plus porteur.
129. À Fabrice Parisot, Padura a déclaré : « mi visión de lo genérico es muy
heterodoxa y eso me da una gran libertad a la hora de escri-
bir » (Padura – Parisot, 2021a ; 2).
130. Une grande liberté, en effet, au moment de combiner les outils de
toute une série de modalités de la narration, le roman historique, mais aussi
le roman policier ici, pour plus d’efficacité dans l’installation et dans le
déploiement de la diégèse, et également, surtout, une grande liberté au
moment d’être comptable du discours qui découle du texte… Car, rappe-
lons-le à toutes fins utiles : le genre n’est pas qu’une « forme » creuse, un
strict emballage, ou juste une fioriture pour faire joli – est-il besoin de le
rappeler ? –, c’est-à-dire pas seulement une machine à produire « pragma-
tiquement » du récit séduisant depuis des « efectos dramáticos ». Il s’agit
également, à travers le pacte de lecture que tel ou tel rattachement architex-
tuel scelle suivant des critères parfois très précis, un horizon d’attentes, qui,
selon les cas, peut y compris devenir un horizon d’exigences côté destina-
taire – en particulier s’agissant du roman noir, qu’il ne faudrait pas envisa-
ger à la légère comme un sous-genre parmi d’autres au sein des familles de
la littérature criminelle.
131. C’est cette seconde grande étiquette associée à Le Palmier et l’étoile à
laquelle nous allons donc nous intéresser ici, avec d’autant plus de curiosité
que Padura, donc, l’écarte tout en ayant recours au sous-genre (pour une
analyse détaillée de la reprise des mécanismes du roman noir chez Padura,
on se reportera aux pages très complètes écrites à ce sujet par Renée-Clé-
mentine Lucien (2020 ; 97-103).
132. Le roman noir, a fortiori suivant le schéma que pratique Padura dans
Le Palmier et l’étoile, à savoir une enquête menée dans le présent et dans le
passé, depuis non pas la voie et les instances conventionnelles (en l’occur-
rence la police), mais depuis un amateur situé à la marge / dans la margina-
lité pour découvrir et révéler ce que le système n’est pas en mesure ou se
§14), et que, finalement, « lo artístico debe estar por encima de esas
condensaciones » (Padura – Ponce, 2020 ; §14).
133. Reste à déterminer jusqu’à quel point le « pragmatisme » formel peut
prendre sur le pas sur la morale et l’éthique du contenu s’agissant de roman
noir.
134. Car, Le Palmier et l’étoile étant bel et bien identifié sous cette éti-
quette, même ponctuellement (cela concerne surtout la ligne Fernando
Terry), même périphériquement, impossible de ne pas se demander, même
ponctuellement, même périphériquement ce qui relève en effet du roman
noir – pourquoi ? – et ce qui n’en relève pas – pourquoi ?
135. Si l’on s’en tient à une description volontairement simplifiée du sous-
genre, comprendre à ses fameux trois piliers structurels (dimension identi-
taire, réalisme et dénonciation), on pourra se poser une série de questions :
• quelle identité cubaine construit une enquête très œdipienne – le
coupable se révélant finalement être l’enquêteur lui-même – qui s’appuie
sur la délimitation d’une frontière et d’une territorialisation distincte
entre Cubains de l’intérieur et Cubains de l’extérieur ?
• Dans une telle configuration, le complément « informatif » et « affectif »
des lignes José de Jesús Heredia et José María Heredia ne fait-il pas
office de support argumentatif pour enfoncer le clou avec une supposée
caution culturelle et historique ?
• Quelle extension et quelle portée pour un réalisme bâti à travers une
enquête menée depuis le point de qui, jadis, ne voyait guère au-delà de sa
carrière naissante d’universitaire et de ses conquêtes féminines – passant
notamment à côté du drame vécu par Enrique – et de qui, aujourd’hui,
est perdu dans de sempiternelles « elucubraciones », égoïstement rongé
par la rancœur et obsédé par des chimères (la recherche du manuscrit
d’Heredia) ?
• La réduction et la décrédibilisation / délégitimation du point de vue ne
constituent-elles pas une sérieuse entrave au processus « politique » que
suppose une enquête de roman noir ?
• Pour ce qui est de la dénonciation, elle est certes bien présente (la
surveillance, les brimades, les violences, l’isolement, etc. ne sont pas
passées sous silence) ; pour Paula García Talaván : « C’est justement sa
136. Quelques mots pour conclure notre dialogue avec la critique fran-
çaise / en France de Le Palmier et l’étoile. Ce roman nous semble, précisé-
ment à travers ses indéniables qualités, représentatif de la manière très par-
ticulière, et tout à fait singulière, dont, chez Padura, l’œuvre, d’une part,
génère et réinvente en permanence, obsessionnellement, les critères de sa
propre réception, d’autre part, complémentairement, trace avec un soin
extrême, à la fois dans les micro et dans les macro structures, le périmètre
de sa propre interprétation (qui, pour variée et contradictoire qu’elle
paraisse, tourne finalement autour d’un commode consensus) depuis un jeu
diabolique, y compris dans le recours à un apparemment limpide et banal
didactisme, avec les codes qui régissent habituellement la « relation » entre
auteur et lecteur… In fine, pour cette raison même, cela rend d’autant plus
nécessaire, selon nous, de trouver les outils susceptibles de permettre de
bâtir la nouvelle Histoire de la littérature (puisque, Padura, parmi d’autres,
juge cela indispensable) non pas depuis les seules injonctions et séductions
des auteurs, mais aussi depuis les exigences et, peut-être aussi (pourquoi
pas ?), les soumissions consenties – comprendre non soutirées – des lec-
teurs. Ne serait-ce que pour éviter que l’écrivain-historien redresseur de
torts soit juge et partie.
Bibliographie
___, Mort d'un Chinois à La Havane [2001], traduction René Solis, Paris,
Métailié, 2018.
___, Les brumes du passé, traduction Elena Zayas, Paris, Métailié, 2006.
GIMBERT Anne, « De l’île à l’exil ou l’inexorable exil de soi dans Le palmier
et l’étoile de Leonardo Padura », Cahiers de la Méditerranée, 82, 2011. En
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https://pierrebayle.typepad.com/pensees_sur_la_planete/2016/03/la-
queue-du-serpent.html
___, « La tétralogie des “Quatre saisons” par le filtre de son paratexte et de
ses incipit : stratégie padurienne du pacte de lecture », Líneas, n° 6,
Leonardo Padura Fuentes faiseur / défaiseur de vérités (eds. Caroline
Lepage, Renée-Clémentine Lucien), Pau, Université de Pau et des Pays de
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https://www.lemonde.fr/livres/article/2014/10/23/leonardo-padura-
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http://crisol.parisnanterre.fr/index.php/crisol/article/view/270/287
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