PSEUDOHERMAPHRODISME

Pseudohermaphrodisme : qualité d’un individu présentant des discordances entre son sexe
génétique, son sexe gonadique, son sexe génital (tractus génital) et son sexe
phénotypique. Le « pseudohermaphrodisme mâle» caractérise l’individu par la
présence de testicules et une ou plusieurs caractéristiques femelles et inversement pour
le « pseudohermaphrodisme femelle». Lorsque les gonades sont indifférenciées, on
qualifiera de mâles les individus avec un appareil génital externe mâle et femelles les
individus avec un appareil génital externe femelle.

Epidémiologie
ETIOLOGIE ET PATHOGENIE:
o Le cas le plus connu est l’intervention du gène motte. On parle aussi d’inversion
sexuelle.

La mutation PIS (polled intersex syndrome) touche à la fois les mâles et les
femelles mais seules les femelles subissent une inversion sexuelle.

Il s’agit d’une délétion affectant l’expression de deux gènes PISRT1 et
FOXL2 permettant la différenciation ovarienne.

La transmission de cette pathologie est récessive.
o Une mutation génétique sur le chromosome Y ou l’absence d’une séquence de gène
pourrait être à l’origine d’un manque de masculinisation de l’animal notamment
concernant les attributs sexuels secondaires (ce qui entraîne la présence d’une vulve
et d’un vagin)
o Une déficience en hormone antimüllérienne ou en récepteur de cette hormone a été
suspectée dans un cas de bouc à pseudohermaphrodisme mâle.

PREVALENCE-INCIDENCE :
o L’inversion sexuelle mettant en cause le gène PIS n’est pas rare dans certains
troupeaux où l’absence de corne est recherchée.

Symptômes et altérations comportementales

o Le « pseudohermaphrodisme mâle» chez les caprins

Malgré son âge adulte, aucune chaleur n’est détectée sur les individus
identifiés à la naissance comme femelle.

La présence de testicules produisant des hormones mâles a pour
conséquences une libido et un comportement de mâle en présence de
femelles en chaleur ou de boucs entiers.
o Les femelles pseudohermaphrodites (gonade indifférenciée et appareil génital
externe femelle) ne présentent pas non plus d’oestrus, mais n’ont pas
nécessairement de comportement mâle du fait de la non-différenciation de leurs
gonades.
 Lésions et altérations morphologiques
o Tableau 1 : Le « pseudohermaphrodisme mâle » chez les caprins
Identification sexuelle à la naissance
Mâle Femelle
aspect d’une femelle masculinisée,
Morphologie

présence d’un scrotum présence de cornes,

générale

présence de tissu mammaire possible présence d’une barbiche,

mamelle juvénile
Appareil Penis de petite taille voire absence vulve en position normale
génital
externe Hypospadias chez certains clitoris proéminent

Appareil Urètre anormal, faible développement Le vagin est de petite taille (de l’ordre
génital
Voire cornes utérines de 3cm), aucun utérus n’est détectable
interne
Les testicules sont accompagnés d’un
épididyme d’histologie normale, d’un
vas deferens sans lumière. Le
parenchyme testiculaire est semblable
gonades Présence de testicules aux testicules hypoplasiques, constitué
de tubes séminifères immatures et
atrophiés avec des cellules de Sertoli
mais aucune cellule germinale. Le tissu
interstitiel est abondant.
Sexe
60, XX 60, XX
génétique
o Dans le cas du bouc pseudohermaphrodite, il y avait aussi présence de testicules.
Ces dernières étaient en position abdominale (le motif de consultation était la
cryptorchidie). Cet animal était exempt de scrotum, mais possédait un fourreau et
un pénis de taille normale. Ses testicules étaient hypoplasiques, deux épididymes
rudimentaires étaient présents ainsi qu’un utérus bicornes. Le pénis observait une
courbure sigmoïde normale, les glandes vésiculaires et bulbourétrales étaient en
position normale. Cet animal était génétiquement mâle (60, XY)
o Il n’est pas rare de trouver des femelles pseudohermaphrodites, elles n’ont de mâle
qu’un clitoris de grande taille, mais lors de l’autopsie ou du passage à l’abattoir, on
retrouve des gonades indifférenciées de très petite taille en position abdominale
dans la zone classique de localisation des ovaires.
o Cas particuliers des individus « motte » :

le caractère « absence de corne » est étroitement associé à un autre, relatif
aux capacités de reproduction, et qui s'exprime sous différents aspects:
• intersexualité,
• formes variées de stérilité chez les mâles,
• décalage du sex-ratio en faveur des mâles,
• surfécondité de certaines femelles

Le gène p ("polled") présente deux allèles :
• pis+ récessif (allèle sauvage) gouverne la présence de cornes
• pis- dominant (allèle muté) gouverne l'absence de cornes.

Tableau 2 : récapitulatif sur les individus motte
Formules Génotypes
chromosomiques PIS +/+ PIS +/- PIS-/-
Mâles Mâles mottes Mâles mottes fertiles plus prolifiques
cornus fertiles plus que les mâles PIS +/+ et +/-
fertiles prolifiques que
XY Mâles atteints d’obstruction de
les mâles PIS l’épididyme partielle (fertiles) ou
+/+
totale (stériles) due à une faible
différenciation.
Femelles Femelles mottes Animaux mottes tous stériles inversés
cornues fertiles plus sexuels : la moitié des cas sont mâles
XX fertiles prolifiques que XX sans ambiguïté l’autre moitié sont
les mâles PIS des mâles XX avec ambiguïté génitale
+/+ externe

Chez les foetus femelles inversées sexuellement (PIS(-/-)) l'expression de

CYP19 (gène de l'aromatase) est dès 36j post coït (36jpc) plus faible que
chez les femelles témoins (PIS(+/+) ou (+/-)). A 40jpc, les ovaires
présomptifs des femelles PIS(-/-) présentent déjà des différences
significatives par rapport aux témoins marquées par une réduction du
cortex ovarien et un développement des cordons séminifères.

Il a été montré que la présence d'hormone anti müllérienne dans une
gonade XX au moment où les cellules germinales devraient entrer en
méiose est responsable de leur dégénérescence. Ici la mutation PIS(-/-)
entraîne une production d'AMH par les cellules précurseurs de sertoli qui
se différencient dans les cordons séminifères de cette gonade inversée donc
la mort des cellules germinales femelles.
o Dans les cas de gynécomastie, les trayons des mâles sont plus larges que la normale,
les quartiers mammaires sont développés souvent de manière asymétrique et
produisent du lait.

Diagnostic
DIAGNOSTIC CLINIQUE
o La présence d’un clitoris proéminant voire péniforme est un indice d’intersexualité
chez la femelle.
o L’absence de corne chez une femelle infertile oriente fortement en faveur d’un
diagnostic de pseudohermaphrodisme
DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
o Tableau 3 : taux plasmatiques en testostérone
Freemartin Hermaphrodite Pseudohermaphrodisme mâle
Identification Mâle
Femelle femelle Ambiguë femelle
initiale (rarissime)
Ovotestis ou
Gonades testicule Testicule + ovaire OU
testicule
possibles (ovaire chez ovotestis
les caprins)
XX
Mutation d'un
Mosaïcisme
Sexe gène du
sanguin
génétique chromosome X
Chimérisme XX XY
généralement ou
sexuel
trouvé Présence de
(XX/XY)
séquences du
chromosome Y
indice de Au moins un Mâle 2 Parents motte
Aucun
présumption frère jumeau cryptorchide (caprin)
Caprin stérile
Pas d'oestrus
clinique de Risque de Pas d'oestrus
Attitude Très variable
l'individu tumeur Attitude mâle
mâle
testiculaire
Orifice génital
de position
Vulve
variable entre
particularités Physionomie plus ou ∅ scrotum Absence de
la mamelle, le
anatomiques mâle moins utérus corne (caprin)
scrotum
normale
éventuel et
l'anus

Conduite à tenir
o Les animaux confirmés comme intersexués doivent être écartés de la reproduction.

Prophylaxie
o Le cas le plus simple à gérer, est d’éviter l’accouplement de deux caprins motte afin
d’éluder le risque de réversion sexuelle.

Bibliographie

Cf fiche « intersexualité »