Anneaux
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2.1 Généralités
2.1 Définition. Un anneau est un ensemble A muni de deux lois : la première s’appelle en général
l’addition et est notée + ; la deuxième s’appelle en général la multiplication et est notée (x, y) �→ xy.
On suppose que :
• Muni de l’addition A est un groupe abélien ; son élément neutre est noté en général 0 ou 0A en cas
d’ambiguı̈té ; le symétrique d’un élément x ∈ A pour + s’appelle l’opposé de x et se note −x.
• La multiplication est associative et possède un élément neutre, en général noté 1 ou 1A en cas
d’ambiguı̈té.
• La multiplication est distributive par rapport à l’addition : pour tout a, b, c ∈ A, on a a(b+c) = ab+ac
et (a + b)c = ac + bc.
Lorsque la multiplication est aussi commutative, on dit que l’anneau A est abélien ou commutatif.
2.2 Exemples. a) Munis des opérations (addition et multiplication) usuelles, les ensembles Z, Q,
R, C sont des anneaux commutatifs, ainsi que l’anneau K[X] des polynômes sur un corps (ou un
anneau) commutatif K.
b) L’ensemble des matrices carrées de taille n à coefficients dans R, muni de l’addition et de la
multiplication des matrices est un anneau non commutatif pour n � 2.
Si A et B sont deux anneaux, une application f : A → B est appelée un homomorphisme (ou mor-
phisme) d’anneaux si pour tout x, y ∈ A on a f (x + y) = f (x) + f (y) et f (xy) = f (x)f (y) et si
f (1A ) = 1B . (Remarquons qu’on a automatiquement f (0A ) = 0B ).
Soient A un anneau et x ∈ A. On définit nx pour n ∈ Z en posant
� �0x = 0, 1x = x, puis, pour tout
n ∈ N, (n + 1)x = (xn) + x ; enfin pour n négatif nx = − (−n)x . L’application n �→ nx est un
homomorphisme de groupes de (Z, +) dans (A, +).
L’élément n1A se note parfois n même lorsque ce morphisme n’est pas injectif.
On définit de même xn pour x ∈ A et n ∈ N : on pose x0 = 1A , x1 = x puis xn+1 = xn x(= xxn ).
2.3 Formule du binôme. Soient A un anneau et a, b ∈ A deux éléments permutables - i.e. tels que
ab = ba. Alors, pour tout n ∈ N, on a
n � �
�
n n
(a + b) = ak bn−k .
k
k=0
2.4 Définition. Soit A un anneau. Un élément a ∈ A est dit inversible (on dit parfois une unité de
A) s’il existe a� dans A (nécessairement unique) tel que a� a = aa� = 1A . Si a est inversible, l’élément a�
tel que a� a = aa� = 1A s’appelle l’inverse de a et se note a−1 .
2.5 Proposition. L’ensemble (noté parfois A−1 ) des éléments inversibles de A est un groupe pour la
multiplication.
2.7 Exercice. Soient A un anneau et a ∈ A. Démontrer que a est inversible si et seulement si l’appli-
cation b �→ ab est bijective de A dans A.
23
2.2 Anneaux intègres ; anneaux principaux
Dans la suite, tous les anneaux seront supposés commutatifs.
2.8 Définition. On dit qu’un anneau commutatif A est intègre si le produit de deux éléments non
nuls de A est non nul.
2.9 Division ; éléments associés. Dans un anneau commutatif intègre, on peut définir la divisibilité
comme dans Z. On dit que a divise b et on écrit a|b s’il existe c (nécessairement unique si a n’est pas
nul) tel que b = ac. Autrement dit a|b si b ∈ aA.
On dira que deux éléments a et b de A sont associés si a|b et b|a, c’est à dire s’il existe u ∈ A inversible
tel que a = ub.
A un idéal on peut encore associer une relation d’équivalence et définir un anneau quotient :
2.11 Proposition. Soient A un anneau commutatif et I un idéal dans A. La relation R définie sur A
par a R b si b − a ∈ I est une relation d’équivalence.
2.12 Définition. Soient A un anneau commutatif et I un idéal dans A. On note A/I le quotient
d’équivalence pour la relation R.
2.13 Proposition. Soient A un anneau commutatif et I un idéal dans A. L’addition et la multiplication
de A passent au quotient et définissent une structure d’anneau sur A/I.
Un idéal étant en particulier un sous-groupe, l’anneau Z est principal. Nous verrons que si K est un
corps commutatif, l’anneau K[X] des polynômes à coefficients dans K est aussi un anneau principal.
D’autres exemples d’anneaux principaux et d’anneaux intègres non principaux seront donnés plus bas.
Dans un anneau principal, la division se comporte essentiellement comme dans Z.
2.16 Théorème. Soient A un anneau principal et a, b ∈ A.
a) Il existe un élément m ∈ A tel que aA ∩ bA = mA. L’élément m est un multiple commun de a et
de b. Les multiples communs de a et b sont les multiples de m.
b) Il existe un élément d ∈ A tel que aA + bA = dA. L’élément d est un diviseur commun de a et
de b. Les diviseurs communs de a et b sont les diviseurs de d.
2.17 Définition. L’élément d de ce théorème s’appelle un plus grand commun diviseur (PGCD) de a
et b. L’élément m s’appelle un plus petit commun multiple (PPCM) de a et b.
24
Un P GCD de a et de b n’est en général pas unique : il est unique à multiplication par un élément
inversible de A près. On a fait un choix dans Z en les prenant dans N ce qui les a rendus uniques. On
fait un tel choix aussi dans K[X], mais il n’y a pas en général un choix � meilleur que les autres �.
Comme dans le cas de Z, on peut définir la notion d’éléments premiers entre eux : leurs seuls diviseurs
communs sont les éléments inversibles. Alors 1A est un PGCD, i.e. aA+bA = A. On a donc le théorème
de Bézout dans ce cadre, dont découle le théorème de Gauss :
2.18 Théorème de Bézout. Soit A un anneau principal. Soient a, b ∈ A. Alors a et b sont premiers
entre eux si et seulement s’il existe u, v ∈ A tels que au + bv = 1.
2.19 Théorème de Gauss. Soit A un anneau principal. Soient a, b, c ∈ A. Si a divise bc et est premier
à b, alors a divise c.
Le rôle des nombres premiers est ici joué par les éléments irréductibles.
2.20 Définition. Soit A un anneau intègre. Un élément a ∈ A est dit irréductible s’il n’est pas
inversible et dans toute décomposition a = bc un des deux facteurs b ou c est inversible.
2.21 Proposition. Soient A un anneau principal et a ∈ A non nul. Alors a est irréductible si et
seulement si l’anneau quotient A/aA est un corps.
Pour établir la décomposition en produit d’éléments irréductibles dans un anneau principal, la difficulté
est de démontrer que tout élément non nul et non inversible possède un diviseur irréductible, et qu’il
n’en possède qu’un nombre fini. Nous esquissons une preuve ci-dessous :
2.22 Lemme. a) Soit A un anneau principal. Toute suite croissante d’idéaux de A stationne.
b) Toute suite décroissante d’idéaux d’intersection non nulle stationne.
2.23 Théorème. Soient A un anneau principal et a ∈ A un élément non nul et non inversible.
a) Il existe un élément irréductible p ∈ A tel que p|a.
b) Il existe un ensemble fini F d’éléments irréductibles de A tels que tout élément irréductible de A
qui divise a est associé à un élément de F ; pour tout irréductible p, il existe n ∈ N tel que pn � |a.
25
2.24 Théorème. Soient A un anneau principal et a ∈ A un élément non nul et non inversible. Il existe
n
�
un entier n � 1 et des éléments irréductibles p1 , . . . , pn ∈ A tels que a = pj . Cette décomposition
j=1
n
� m
�
est unique à l’ordre des facteurs près : si a = pj = qj , alors n = m et il existe σ ∈ Sn , i.e. une
j=1 j=1
bijection σ : {1, . . . , n} → {1, . . . , n} telle que pj soit associé à qσ(j) (pour tout j).
L’anneau Z est euclidien de stathme a �→ |a|. Nous verrons plus bas que l’anneau K[X] est aussi
euclidien : l’application qui à un polynôme associe son degré est un stathme euclidien sur K[X].
2.27 Théorème. Tout anneau euclidien est principal.
Soit A un anneau euclidien ; notons v son stathme. Soit I un idéal non nul de A et a ∈ I − {0} tel
que v(a) = inf{v(x); x ∈ I − {0}}. Puisque a ∈ I, on a aA ⊂ I. Soit x un élément de I ; écrivons
x = aq + r, avec q, r ∈ A et r = 0 ou r �= 0 et v(r) < v(a). Or r = x − aq ∈ I, et on ne peut avoir r �= 0
et v(r) < v(a) par définition de a. Il vient r = 0, donc x ∈ aA. Cela prouve que I = aA.
2.28 Remarque. Dans un anneau euclidien, comme pour le cas de Z, on dispose de l’algorithme
d’Euclide qui permet de calculer en pratique le plus grand commun diviseur de deux éléments.
2.29 Exemples d’anneaux euclidiens. Soit τ ∈ C − R un entier quadratique, i.e. tel qu’il existe
a, b ∈ Z avec τ 2 + aτ + b = 0. Il est alors immédiat que l’ensemble Z + τ Z = {m + nτ ; (m, n) ∈ Z2 }
est un sous anneau - noté Z[τ ] de C. Inversement, si Z + τ Z est un anneau, alors τ 2 ∈ Z + τ Z, donc τ
est racine d’un polynôme X 2 + aX + b avec a, b ∈ Z.
Les racines du polynôme X 2 + aX + b sont τ et τ , de sorte que τ + τ = −a et τ τ = b. En particulier
τ = −a − τ ∈ Z[τ ].
Pour x ∈ Z[τ ], on a x ∈ Z[τ ], donc |x|2 = xx ∈ Z[τ ] ∩ R+ = N (et, de même, x + x ∈ Z[τ ] ∩ R = Z).
Posons v(x) = |x|2 . Nous allons voir que pour des valeurs très particulières de τ , l’anneau Z[τ ] est
euclidien de stathme v, et que dans d’autres cas, il n’est pas principal.
2.30 Proposition. Un élément x de Z[τ ] est inversible si et seulement si v(x) = 1.
26
Im(z) |Im(τ )|
Démonstration. Soit n ∈ Z l’entier le plus proche de , de sorte que |Im(z − nτ )| � . Soit
Im(τ ) 2
1
aussi m le nombre entier le plus proche de la partie réelle de z − nτ , de sorte que |Re(z − nτ − m)| � .
2
1 |Im(τ )| 1 + Im(τ )2
Posons q = m + nτ . On a |Re(z − q)| � et |Im(z − q)| � , donc |z − q| �
2
< 1.
2 2 4
√
2.32 Théorème. Si |Im(τ )| < 3, l’anneau Z[τ ] est euclidien de stathme v : x �→ |x|2 .
a
Démonstration. Soient a, b ∈ Z[τ ] − {0} ; posons z = et soit q ∈ Z[τ ] tel que |z − q| < 1. Posons
b
r = a − bq. On a a = bq + r et |r| = |b||z − q| < |b| donc v(r) < v(b).
2.33 Remarque. Sans changer l’anneau Z[τ ], on peut remplacer τ par τ , de sorte que l’on peut
supposer que Im(τ ) > 0 ; on peut aussi remplacer τ par τ + n (avec n dans Z). On peut donc supposer
que la partie réelle de τ est dans [0, 1[ ; comme τ + τ ∈ Z, on a τ + τ = 0 ou 1. Cela nous ramène à
étudier seulement le cas où τ est racine d’un polynôme
√ X 2 + b, ou X 2 − X + b (avec b ∈ N∗ ). Dans le
√ 1 + i 4b − 1
premier cas, τ = i b ; dans le deuxième τ = ·
2
Le théorème s’applique donc uniquement dans les cinq cas suivants :
� √ √ √ �
√ 1 + i 3 1 + i 7 1 + i 11
τ ∈ i, i 2, , , .
2 2 2
√
√ 1 + i 15
2.34 Exercice. On veut démontrer que pour τ = i b avec b � 3 et pour τ = , l’anneau Z[τ ]
2
n’est pas principal.
√ En utilisant les égalités :
• pour τ = i 3, on a (1 + √ τ )(1 + τ ) = 4 = 2 × 2 ;
1 + i 15
• pour τ = 2i ou τ = , on a τ τ = 4 = 2 × 2 ;
√ 2
• pour τ = i 5, on a (1 + τ )(1 + τ ) = 6 = 2 × 3 ;
√ que l’on n’a pas l’unicité dans la décomposition en éléments irréductibles. Pour b � 5, et
démontrer
τ = i b, écrire une égalité de ce style en discutant la parité de p. En déduire que Z[τ ] n’est pas
principal.
Commentaire. On peut démontrer (relativement facilement... mais cela nous mènerait trop loin) que
dans tous les autres cas, l’anneau Z[τ ] n’est pas euclidien.
√ Cependant, il y a quelques cas où Z[τ ] est
1 + i 19
quand même principal. Cela se produit pour τ = ·
2
2.35 L’équation diophantienne x2 + y 2 = z 2 . On cherche à trouver tous les triples (x, y, z) ∈ Z3
tels que x2 + y 2 = z 2 . Si (x, y, z) est une solution et k ∈ Z, alors (kx, ky, kz) est aussi une solution. On
peut donc supposer que (x, y, z) sont premiers entre eux. Si d divise x et y, alors d2 divise z 2 , donc d
divise z. On peut donc supposer que x et y sont premiers entre eux. Remarquons que x et y ne peuvent
être tous deux impairs car alors x2 ≡ y 2 ≡ 1 [4], donc z 2 ≡ 2 [4] ce qui est impossible. Donc l’un des
deux est pair et l’autre impair.
Dans
� ce cas, l’idéal �(x + iy)Z[i] + (x − iy)Z[i] de Z[i] contient (x + iy) + (x − iy) = 2x, ainsi que
i (x − iy) − (x + iy) = 2y donc il contient 2. Or il existe q ∈ Z[i] tel que (x + iy) − 2q soit égal à 1 ou
à i. Cela prouve que (x + iy) et (x − iy) sont premiers entre eux. Décomposons z 2 = (x + iy)(x − iy)
en éléments irréductibles dans Z[i] ; puisque c’est un carré, chacun figure un nombre pair de fois. Cela
prouve que x + iy est associé à un carré : il existe (a, b) ∈ Z, tels que x + iy soit associé à (a + ib)2 c’est
à dire x + iy = ±(a + ib)2 (si y est pair) ou x + iy = ±i(a + ib)2 (si x est pair). On en déduit que les
solutions sont nécessairement de la forme (k(a2 − b2 ), 2kab, k(a2 + b2 )) ou (2kab, k(a2 − b2 ), k(a2 + b2 ))
(avec a, b, k ∈ Z).
27
2.36 Proposition. On suppose que Z[τ ] est principal. Soit q un élément irréductible de Z[τ ]. Alors
deux cas sont possibles :
• il existe un nombre premier p ∈ N tel que v(q) = p ;
• il existe un nombre premier p ∈ N tel que q soit associé à p (et l’on a v(q) = p2 ).
Décomposons v(q) = qq en facteurs premiers dans Z. C’est une décomposition dans Z[τ ] qui ne peut
donc avoir que un ou deux éléments : dans le premier cas v(q) est premier ; dans le deuxième un des
facteurs p est associé à q, donc v(q) = v(p) = p2 .
Pour finir, signalons sans démonstration quels nombres premiers de N ne sont plus irréductibles dans
Z[i].
2.37 Proposition. Soit p ∈ N un nombre premier. Les assertions suivantes sont équivalentes :
(i) il existe x, y ∈ Z tels que x2 + y 2 = p ;
(ii) l’élément p ∈ Z[i] n’est pas irréductible dans Z[i] ;
(iii) −1 est un carré modulo p ;
(iv) p �≡ 3 [4].
2.4 Sous-corps
2.4.1 Caractéristique d’un corps ; sous-corps premier
Soit K un corps. Tout morphisme f d’anneaux de K dans un anneau non nul est injectif : si x ∈ K ∗ ,
alors f (x−1 )f (x) = 1, donc f (x) �= 0.
Soit K un corps et f : Z → K l’unique homomorphisme d’anneaux (défini par f (n) = n1K ). Le
noyau de f est un idéal nZ de Z. L’image f (Z) est un sous-anneau commutatif de K isomorphe à
Z/nZ. Puisque K est un corps, f (Z) est un anneau intègre, donc ou bien n est premier, ou bien f est
injective. Ce nombre n s’appelle la caractéristique de K.
• Lorsque la caractéristique p n’est pas nulle, l’image f (Z) est un sous-corps de K isomorphe à�Z/pZ.
�
˜ ˜ p
• Lorsque f est injective, on peut étendre f en un homomorphisme f : Q → K en posant f =
q
f (p)f (q)−1 pour p, q ∈ Z avec q �= 0. L’image f˜(Q) est un sous-corps de K isomorphe à Q.
• Le corps ainsi obtenu, isomorphe selon les cas à Z/pZ ou à Q est le plus petit sous-corps de K. On
l’appelle le sous-corps premier de K.
Soit A un anneau commutatif intègre non nul. On définit un corps K contenant A. Sa construction
a
est la généralisation de la construction de Q à partir de Z. Les éléments de K sont des fractions
b
où a ∈ A et b ∈ A − {0}. On peut alors dire quand deux fractions sont égales, définir l’addition et la
multiplication des fractions, et vérifier que l’on obtient ainsi un corps qui contient l’anneau A.
Pour formaliser cela, considérons la relation R sur A × (A − {0}) définie par (a, b) R (c, d) si ad = bc.
On vérifie sans peine que R est une relation d’équivalence. Notons K l’ensemble quotient. La classe
a
dans K d’un élément (a, b) ∈ A × (A − {0}) se note ·
b
On définit la somme et le produit d’éléments de K en posant pour des éléments a, b, c, d de A avec b, d
non nuls
a c ad + bc ac ac
+ = et = ·
b d bd bd bd
28
Ces opérations sont bien définies : si (a, b) R (a� , b� ) et (c, d) R (c� , d� ), alors (ad + bc, bd) R (a� d� +b� c� , b� d� )
et (ac, bd) R (a� c� , b� d� ). De plus, on a
a c a+c
+ =
d d d
ce qui permet de démontrer facilement les règles des opérations : K est bien un anneau commutatif.
a b
De plus K est un corps : l’inverse de est (pour a, b ∈ A − {0}).
b a
Le corps K s’appelle le corps de fractions de A.
a
Enfin, on plonge A dans K au moyen de l’application a �→ : cette application est un morphisme
1
injectif qui plonge l’anneau A dans K
2.38 Proposition. Pour tout corps L et tout homomorphisme injectif f : A → L, il existe un unique
homomorphisme f˜ : K(A) → L dont la restriction à A ⊂ K(A) soit f
Cela signifie que la somme, le produit, l’inverse d’éléments algébriques est algébrique.
2.40 Proposition. Le corps des nombres complexes algébriques sur Q est dénombrable.
En effet, les éléments algébriques sont les racines de polynômes à coefficients rationnels (non nuls). Or
Q étant dénombrable, l’ensemble des polynômes à coefficients rationnels est dénombrable, et chacun a
un nombre fini de racines
On déduit de ce résultat qu’il y a � bien plus � de nombres transcendants que de nombres algébriques.
On peut démontrer que les nombres e et π sont transcendants, mais ce n’est pas si facile.
2.5 Exercices
2.1 Exercice. Le groupe F∗p est cyclique. (1)
1. Soit G un groupe commutatif fini.
a) Soient a, b ∈ G. On note ka et kb leurs ordres respectifs. On suppose que ka et kb sont
premiers entre eux. Démontrer que l’ordre de ab est ka kb .
29
b) Démontrer qu’il existe n ∈ N∗ tel que {k ∈ Z; ∀x ∈ G; xk = 1} = nZ. Démontrer que n
divise le cardinal de G.
Le nombre n s’appelle l’exposant de G.
� m
c) Ecrivons n = pj j la décomposition de n en nombres premiers distincts. Démontrer que
m
pour tout j, il existe xj ∈ G d’ordre pj j .
d) En déduire qu’il existe x ∈ G d’ordre n.
2. Soit K un corps commutatif et G un sous-groupe fini à N éléments de K ∗ . Soit n son exposant.
a) Démontrer que l’équation xn = 1 a au plus n solutions dans K. En déduire que N � n.
b) Démontrer que G est cyclique.
2.3 Exercice. Le groupe (Z/nZ)∗ est-il cyclique ? Perrin, Cours d’algèbre p.24.
Cet exercice complète les précédents.
1. a) Soient G et H deux groupes commutatifs finis. Démontrer que G × H est cyclique si et
seulement si G et H sont cycliques et que leurs ordres sont premiers entre eux.
b) Quels sont les nombres n tels que ϕ(n) soit impair ?
c) Soient m et n deux nombres entiers premiers entre eux distincts de 1 et de 2. Démontrer
que (Z/nmZ)∗ n’est pas cyclique.
d) Z/8Z∗ est-il cyclique ?
2. Soient p un nombre premier distinct de 2 et n ∈ N, n � 2.
k
a) Démontrer (par récurrence) que, pour tout k ∈ N, (1 + p)p ≡ 1 + pk+1 [pk+2 ].
b) Quel est l’ordre de 1 + p dans le groupe Z/pn Z∗ ?
c) Soit a ∈ Z dont la classe dans Z/pZ engendre Z/pZ∗ , et soit x ∈ Z/pn Z∗ la classe de a.
Démontrer que l’ordre de x dans Z/pn Z∗ est un multiple de p − 1. En déduire qu’il existe
dans Z/pZ un élément d’ordre p − 1.
d) Démontrer que Z/pn Z∗ est cyclique. Démontrer que Z/2pn Z∗ est aussi cyclique.
30
3. Quels sont les entiers n tels que Z/nZ∗ soit cyclique ?
2.5 Exercice. Sous-groupes de Z[τ ]. Soit G un sous-groupe non nul de Z[τ ]. Soit α ∈ G un élément
non nul tel que v(α) soit minimal dans {v(x); x ∈ G \ {0}}. (Un tel élément existe d’après le � principe
de récurrence �- puisque v(x) ∈ N pour tout x ∈ Z[τ ]).
1. Démontrer que G ∩ Rα = Zα.
On suppose désormais que G �⊂ Rα. Soit β ∈ G \ Zα tel que v(β) soit minimal dans {v(x); x ∈
β
G \ Zα}. Quitte à remplacer β par −β, on peut supposer que Im > 0.
� � � � α
�β � � β� 1
2. Démontrer que �� �� � 1 et ��Re �� � ·
α α 2
3. Soit x ∈ G. Démontrer qu’il existe m, n ∈ Z tels que
� � � �
� x − nβ � 1 β � x − (mα + nβ) � 1
�Im � � Im et ��Re �� ·
� α � 2 α α � 2
31
� �
β �a + bx 1 �
4. Posons x = . Démontrer que �� � = 0. En déduire que
α c + dx x�
a) x et x sont racines du polynôme bX 2 + (a − d)X − c,
c d−a
b) |x|2 = − et Re x = ·
b 2b
5. Démontrer que |a − d| � b et b � −c. En déduire que 3b2 � 19, puis que b = 1.
6. En déduire que (α, τ α) est une Z-base de J et conclure.
�
√ �
1+i D
On démontre de même que pour D ∈ {19, 43, 67, 163}, l’anneau Z est principal.
2
√
√ 1 + i 15
2.7 Exercice. Démontrons que pour τ = i b avec b � 3 et pour τ = , l’anneau Z[τ ] n’est
2
pas principal.√En utilisant les égalités :
• pour τ = i 3, on a (1 + √ τ )(1 + τ ) = 4 = 2 × 2 ;
1 + i 15
• pour τ = 2i ou τ = , on a τ τ = 4 = 2 × 2 ;
√ 2
• pour τ = i 5, on a (1 + τ )(1 + τ ) = 6 = 2 × 3 ;
√ que l’on n’a pas l’unicité dans la décomposition en éléments irréductibles. Pour b � 5, et
démontrer
τ = i b, écrire une égalité de ce style en discutant la parité de p. En déduire que Z[τ ] n’est pas
principal.
2.8 Exercice. Soient L un corps commutatif et K ⊂ L un sous-corps. Remarquons que L est un espace
vectoriel sur K et que tout sous-anneau de L contenant K est un sous-K-espace vectoriel de L.
1. Soit K1 un sous-corps de L contenant K. Démontrer que tout élément algébrique sur K est
algébrique sur K1 .
2. Soit x ∈ L. Démontrer que x est algébrique sur K si et seulement s’il existe un sous-corps K1 de
L contenant K et x et qui soit un espace vectoriel de dimension finie sur K.
3. Soient K1 , K2 des sous-corps de L tels que K ⊂ K1 ⊂ K2 . Démontrer que K2 est un K-espace
vectoriel de dimension finie si et seulement si K2 est un K-espace vectoriel de dimension fi-
nie et K1 est un K-espace vectoriel de dimension finie, et que dans ce cas, on a dimK (K2 ) =
dimK1 (K2 ) dimK (K1 ).
4. Soient α, β ∈ L des éléments algébriques sur K. Soit K1 un sous-corps de L contenant K et α et
de dimension finie sur K.
a) On suppose que α �= 0. Démontrer que α−1 est algébrique sur K.
b) Démontrer qu’un élément x ∈ L est algébrique sur K si et seulement s’il est algébrique sur
K1 .
c) Démontrer que α + β et αβ sont algébriques sur K.
5. Démontrer que les éléments de L algébriques sur K forment un sous-corps de L.
32