Sémiologie L2 Et L3
Sémiologie L2 Et L3
Sémiologie L2 Et L3
Plan
- Sémiologie néphrologique
- Les œdèmes
- L’insuffisance rénale
- Glomérulonéphrite
I - Sémiologie néphrologique
1. Troubles de la miction
Dysurie : retard à la miction, faiblesse du jet, poussée abdominale, augmentation du temps de miction
(parfois miction en 2 temps, sensation de vidange incomplète.
Pollakiurie : augmentation de la fréquence des mictions peu importante (plus de 6 mictions par jour
ou délai entre mictions de moins de 2h).
Brûlures urinaires : sensation de brulures lors des mictions
b. Polyurie
- diurèse supérieure a 40ml/ kg/24h (≠ avec pollakiurie)
- La polyurie s’associe à une polydipsie (augmentation du volume des boissons).
c. Nycturie ou polyurie nocturne se définit par une production nocturne excessive d'urine pendant le
sommeil ;
d. Pollakiurie : Trouble urinaire qui consiste en une fréquence anormalement élevée de mictions peu
abondantes.
b. Urines mousseuses :
Evoque une albuminurie abondante.
c. Pyurie :
Emission d’urines troubles et parfois malodorantes en cas d’infection urinaire.
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d. Chylurie :
Aspect laiteux en rapport avec la présence de lymphe riche en lipides dans les urines, en cas de
parasitose (filariose) bloquant le drainage lymphatique et fistulisation dans les voies urinaires.
e. Porphyrinurie :
Coloration rouge porto après exposition à la lumière du soleil évoquant une porphyrie
f. Pneumaturie :
Emission de gaz lors de la miction traduisant une fistule uro-digestive.
4. Douleurs
a. Colique néphrétique
- douleur :
o unilatérale lombaire ou du flanc,
o irradiant en bas et en dedans vers les organes génitaux externes (parfois la douleur se resume a
cette irradiation),
o évoluant par paroxysmes hyperalgiques sans position antalgique (≪ frénétique ≫),
- évoque une mise en tension des voies excrétrices par un obstacle urétéral.
b. Douleur rénale
- douleur :
o unilatérale lombaire,
o localisée sans irradiation,
o continue.
- évoque principalement une pyélonéphrite, une hémorragie intra-kystique, une thrombose artérielle ou
veineuse rénale ou une néphrite interstitielle aigue œdémateuse.
c. Douleur vésicale
- sus-pubienne souvent associée a des signes urinaires,
- principalement en rapport avec une infection urinaire basse ou un obstacle sous-vésical responsable
d’un globe vésical.
1. Poids
Le poids est un élément majeur de l’examen en néphrologie. Il doit être interprète en fonction de
plusieurs critères :
- une variation rapide de poids, en quelques jours, ne peut correspondre qu’à une modification de
l’état d’hydratation : accumulation ou perte d’eau et/ou de sodium
- une variation lente du poids peut correspondre aussi a une variation de la masse grasse
(accumulation ou perte de graisse), ou de la masse maigre (muscles).
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2. Oedèmes
Accumulation d’eau et de sodium dans l’interstitium correspondant à une hyperhydratation
extracellulaire.
Symétriques, blancs, mous, indolores, prenant le godet, se redistribuant dans les zones déclives
(aux membres inferieurs après quelques heures d’orthostatisme ou aux paupières le matin).
Peuvent être associes a :
- un épanchement des séreuses (épanchement pleural ou péricardique, ascite),
- une hypertension artérielle.
En présence d’un œdème généralise, l’évaluation étiologique sera éclairée par la recherche
systématique :
- de signes de maladie rénale (protéinurie, hématurie, insuffisance rénale, HTA),
- de signes d’insuffisance cardiaque (turgescence et reflux hépatojugulaire, dyspnée, orthopnée et râles
crépitants aux bases pulmonaires),
- d’une ascite et d’autres signes d’hypertension portale.
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- Glycosurie,
- Cétonurie.
b. Contact lombaire :
- un rein normal est non palpable,
- un contact lombaire est la perception d’une masse au palper bimanuel,
- en cas d’hydronéphrose, de polykystose rénale autosomique dominante ou de tumeur rénale.
c. Globe vésical :
- Matité à la percussion sus-pubienne,
- En cas de rétention d’urine dans la vessie.
b. Créatininémie
- son augmentation traduit une altération de fonction rénale,
- doit être interprétée en fonction de la masse musculaire, soit selon le sexe, l’âge, le poids et l’ethnie,
d. Estimation du DFG
- En pratique clinique courante la créatininémie permet d’estimer directement le DFG à l’aide de
formules :
o MDRD et CKD-EPI qui nécessite l’âge, le sexe et l’ethnie (afro-américaine ou autre) et donne un
résultat directement indexe pour la surface corporelle en ml/min/1,73 m2.
- La formule de Cockcroft (sexe, poids, âge) permet d’estimer la clairance de la créatinine
(approximation du DFG), donne un résultat en ml/min.
2. Urée sanguine
L’urée
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- est le produit du métabolisme azoté provenant de la dégradation des protéines par le foie
- est éliminée par le rein par filtration glomérulaire, mais est réabsorbé au niveau tubulaire
- Il est donc un marqueur peu précis de la fonction rénale.
Une diminution du taux d’urée plasmatique est observée en cas d’insuffisance hépatocellulaire.
4. Protéinurie
a. Protéinurie normale
Les valeurs normales de protéinurie sont < 0,15 g/24h, dont < 30 mg/24h d’albuminurie.
Physiologiquement, les urines contiennent des proteines :
- provenant du plasma
- et d'origine rénale (dont la protéine de Tamm-Horsfall)
La filtration glomérulaire des protéines dépend de leur taille et de leur charge.
Les protéines de faible poids moléculaires sont donc physiologiquement filtrées
mais réabsorbées par le tubule proximal.
b. Protéinuries intermittentes
Protéinurie orthostatique
- chez l'adolescent,
- doit disparaitre avant l’âge de 20 ans (bon pronostic),
- caractérisée par la disparition de la protéinurie après deux heures de clinostatisme.
Autres protéinuries intermittentes
- protéinurie d'effort,
- insuffisance cardiaque droite ou globale,
- hyperthermies importantes.
c. Protéinuries permanentes
On en distingue trois types :
- protéinuries glomérulaires : liées à une altération de la barrière de filtration glomérulaire,
- protéinuries tubulaires : diminution de la réabsorption tubulaire,
- protéinuries dites de surcharge : filtration de protéines de petit poids moléculaire contenue en trop
grande quantité dans le plasma et dépassant les capacités de réabsorption tubulaire (chaines légères
d’immunoglobulines, myoglobine après rhabdomyolyse…).
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d. Dépistage de la protéinurie : bandelette réactive
Les bandelettes réactives :
- permettent une estimation semi-quantitative de la protéinurie, mais l'interprétation doit être prudente
car dépend de la concentration des urines.
- détectent surtout l'albumine.
- sont parfois prises en défaut :
o possibles faux positifs : hématurie macroscopique ou pyurie,
o principal faux négatif : protéinurie de chaines légères d’immunoglobulines.
- Elles sont essentiellement utilisées pour le dépistage.
5. Hématurie
a. Définition
Présence de plus de 10 hématies/mm3 (ou 104/ml) dans les urines à l’examen
cytologique urinaire.
CAUSES FREQUENTES
• Lithiase rénale (rarement vésicale)
• Infections urinaires (cystite, prostatite)
• Cancers du rein, prostatique et vésical
AUTRES CAUSES
• Traumatisme du rein ou des voies urinaires
• Polykystose rénale (complications hémorragiques intrakystiques)
• Nécrose papillaire
• Tumeurs bénignes du rein (angiomyolipome)
• Tumeurs de la voie excretrice supérieure
• Tuberculose rénale
• Infarctus rénal
• Bilharziose
Les hématuries néphrologiques sont le plus souvent dues :
- a une maladie glomérulaire :
- parfois à une néphrite interstitielle aiguë.
c. Circonstances de découverte
- Hématurie macroscopique
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- Hématurie microscopique : examen des urines par bandelette réactive ou ECBU
o au cours de l’enquête étiologique d’une hypertension artérielle, d’œdèmes des membres inférieurs,
d’une insuffisance rénale, d’une protéinurie… ;
o de façon systématique (médecine du travail).
d. Diagnostic étiologique
Arguments pour différentier une hématurie urologique et néphrologique :
- arguments cliniques pour une cause urologique :
o signes urinaires : douleurs de colique nephretique, brulures urinaires,
o caillots,
o renforcement initial (origine sous vésicale) ou terminal (origine vésicale),
o anomalie morphologique urinaire.
- Arguments pour une cause néphrologique :
o présence de cylindres ou d’hématies déformées,
o protéinurie glomérulaire.
6. Leucocyturie
a. Définition
Presence de plus de 10 leucocytes/mm3 (ou 104/ml) dans les urines à l’examen cytologique urinaire.
b. Circonstances de découverte
Réalisation d’une bandelette urinaire réactive ou d’un ECBU.
Une bandelette urinaire montrant des leucocytes et des nitrites est en faveur d’une infection urinaire,
qui doit être confirmée par un ECBU.
c. Diagnostic
- Infection urinaire : comptage significatif de bactéries a l’ECBU ( 103 unités formant colonie (UFC)
/ml).
- Leucocyturie ≪ aseptique ≫ :
o infection décapitée par une antibiothérapie,
o germes poussant sur milieux spécifiques : mycobactéries (tuberculose…), chlamydiae, mycoplasme,
levures,
o néphrites interstitielles aigues et chroniques.
II. OEDEME
II.A.DÉFINITIONS – GÉNÉRALITÉS
L’œdème est défini comme l’accumulation visible ou palpable de fluide dans le tissu interstitiel. Il est
nécessaire de différencier : les œdèmes de cause locale, par inflammation, insuffisance veineuse ou
lymphatique ; les œdèmes généralisés conséquence d’une positivité de la balance sodée et hydrique
(hyperhydratation extracellulaire). Dans les formes les plus graves, on parle d’une anasarque
(association d’œdèmes généralisés et d’épanchements des séreuses pleurales ± péritonéale [ascite] ±
péricardique).
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L’interrogatoire et l’examen clinique recherchent des signes orientant vers :
- Un obstacle veineux : thrombophlébite et ses séquelles ;
- Maladie variqueuse.
- La prise de certains médicaments : essentiellement inhibiteurs calciques de type dihydropyridine,
AINS, œstroprogestatifs, corticostéroïdes,
- Un obstacle lymphatique : cancer (pelvien ou du sein) avec envahissement ganglionnaire ; filariose.
- Une pathologie inflammatoire locale: infection cutanée type érysipèle ;
algodystrophie; piqûre d’insecte, traumatisme, allergie...
- Le myxœdème de l’hypothyroïdie n’est pas un véritable œdème, la peau étant pâle, sèche, cireuse.
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L’hypovolémie efficace secondaire à la diminution du débit cardiaque, donc du débit sanguin rénal,
stimule les systèmes antinatriurétiques responsables de la réabsorption du sodium et de l’eau. Si
l’insuffisance cardiaque est modérée, l’augmentation de la volémie qui résulte de la balance sodée et
hydrique positive peut améliorer la fonction cardiaque, en augmentant les pressions de remplissage
(relation de Frank-Starling). Lorsque l’insuffisance cardiaque est avancée, l’augmentation de la
volémie a au contraire une influence négative sur le débit cardiaque en augmentant précharge (avec
turgescence jugulaire) et postcharge.
2.4. Cirrhose hépatique
La situation d’hypovolémie efficace résulte d’une séquestration de sang dans le territoire splanchnique
en amont du foie et une diminution des résistances vasculaires périphériques et de la pression artérielle
systémique conduisant à l’activation des systèmes de réabsorption de l’eau et du sodium.
L’hyperpression dans le territoire splanchnique contribue à l’apparition de l’ascite.
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une protéinurie abondante ou hypoprotidémie évoquant la possibilité d’une hypoalbuminémie de
syndrome néphrotique ; élévation importante de la créatininémie en faveur d’une insuffisance rénale
avancée.
2.2. Complément d’interrogatoire et d’examen clinique
L’interrogatoire et l’examen clinique sont alors complétés en fonction des premiers éléments
d’orientation :
- En faveur d’une pathologie cardiaque :en plus de la turgescence jugulaire témoin de l’élévation de
la pression veineuse centrale; signes fonctionnels évocateurs d’insuffisance cardiaque gauche associée
(dyspnée d’effort ou de repos), de pathologie potentiellement responsable d’insuffisance cardiaque
(ischémie myocardique, pathologie valvulaire notamment mitrale ou aortique), de facteurs de risque
d’athérosclérose ;épanchements pleuraux, principalement à droite ; association d’un œdème
pulmonaire.
- En faveur d’une pathologie hépatique: en plus de l’ascite ; intoxication éthylique ; hépatite virale
chronique ou aiguë connue.
- En faveur d’une insuffisance rénale : en plus d’une élévation de la créatininémie témoin d’une
insuffisance rénale ; affection glomérulaire connue, hypertension artérielle ; protéinurie, hématurie
(bandelette urinaire).
- En faveur d’une hypoalbuminémie : Défaut de synthèse protéique :anorexie ou carence d’apport,
avec perte de poids et de masse musculaire, signes de Kwashiorkor (peau craquelée, décolorée,
tombant en lambeaux, cheveux roux et cassants, apathie) ; maladie digestive responsable d’une
malabsorption sévère ; maladie hépatique responsable d’une insuffisance hépatocellulaire. Perte de
protéine syndrome néphrotique connu (bandelette urinaire) ;entéropathie exsudative, affection
responsable de cachexie (cancer) ; brûlures étendues.
En faveur d’œdèmes cycliques idiopathiques: nécessité d’avoir éliminé les pathologies cardiaques,
hépatiques et rénales ; ils surviennent chez la femme en période d’activité génitale et se caractérisent
par une prise de poids rapide en quelques jours ou durant la journée de 1,5 à 2 kg ; ils sont de
localisation déclive, et souvent liés au cycle menstruel. Ils sont accompagnés d’une oligurie.
III.A. Aigue
1.Définition :
L’insuffisance rénale aiguë (IRA) est une diminution du débit de filtration glomérulaire d’apparition
rapide entraînant une urémie et des troubles hydro-électrolytiques mettant en jeu le pronostic vital à
court terme. L’IRA est liée à une altération brusque des capacités d’excrétion du rein entraînant une
rétention azotée et de nombreux troubles hydro-électrolytiques. Elle peut être anurique ou à diurèse
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conservée (diurèse > 500mL/24 h). Les signes révélateurs d’IRA sont d’apparition plus tardive :
nausées, vomissements, céphalées, diarrhées et troubles visuels.
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6. Insuffisance rénale aiguë obstructive
6.1. Étiologies
Il faut évoquer un obstacle sous-vésical dont :
●hypertrophie bénigne de prostate (HBP) ;
●prostatite ;
●cancer de la prostate ;
●sténose de l’urètre ;
●maladie du col vésical ;
●phimosis serré ;
●valves de l’urètre postérieur ;
●vessie neurologique ;
●prise d’anticholinergiques ;
●tumeur pelvienne vésicale, utérine ou rectale
Il faut également évoquer un obstacle intravésical et notamment un caillotage, une tumeur ou un
calcul.Enfin un obstacle urétéral bilatéral ou unilatéral sur rein unique, intraluminal (calcul, nécrose
papillaireaiguë), pariétal (tumeur urothéliale, tuberculose urogénitale, sténose radique, endométriose)
ou extra-pariétal est plus rare (fibrose rétropéritonéale, tumeur pelvienne localement avancée,
adénopathies lombo-aortiques compressives).
6.2. Diagnostic
Il est important de rechercher à l’anamnèse des antécédents urologiques, notamment une HBP, ainsi
que des signes fonctionnels urinaires évocateurs (hématurie, douleurs lombaires, pollakiurie et
brûlures mictionnelles [prostatite/HBP], fièvre [prostatite]). L’examen clinique sera particulièrement
vigilant sur l’existence d’un globe vésical. Les touchers pelviens sont indispensables notamment à la
recherche de : une HBP, une prostatite, un blindage pelvien, et d’une sensibilité des fosses lombaires.
Examens radiologiques :
●l’échographie des voies urinaires recherche une dilatation des cavités pyélocalicielles.
l’échographie peut être normale : ○en cas d’obstacle d’installation brutale ou récente,
○si le patient est déshydraté oligo-anurique,
○ou en présence d’une fibrose rétropéritonéale ;
●l’ASP ou TDM peuvent aider au diagnostic mais ne sont pas recommandés en première intention ;
●l’UIV ou l’uro-TDM sont contre-indiquées car l’injection de produit de contraste iodé est à
proscrire dans ce contexte.
5.1. Étiologies
Quatre grands cadres nosologiques existent
*SHU : syndrome hémolytique et urémique
*PTT : purpura thrombotique thrombopénique
*PAN : périartérite noueuse
*GNRP : glomérulonéphrite rapidement progressive
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5.2. Diagnostic
Pour le diagnostic, la réalisation d’un ECBU et d’une analyse du sédiment urinaire sont
indispensables. La suspicion d’une IRA organique doit faire réaliser une protéinurie des 24 h et une
électrophorèse des protéines urinaires.
Indications de la ponction biopsie rénale (PBR) :
●Nécrose tubulaire aiguë (NTA) écartée et d’autres causes d’IRA sont évoquées : vasculaire,
glomérulaire ou interstitielle.
●En cas de NTA persistante au-delà de 4–5 semaines.
●NTA sans cause évidente.
●Suspicion de NTIA médicamenteuse devant être écartée car le médicament est indispensable.
●Protéinurie et hématurie abondantes.
●Oligo-anurie persistante plus de 3 semaines.
1. DÉFINITION
L’insuffisance rénale chronique (IRC) est définie par la diminution irréversible du débit de filtration
glomérulaire (DFG) qui est le meilleur indicateur du fonctionnement rénal. Elle résulte soit de
l’évolution d’une maladie rénale chronique (MRC), soit de la non-récupération après une agression
rénale aigue.
Conformément à un consensus international, les MRC sont définies par l’existence depuis plus de 3
mois :
- d’une insuffisance rénale définie par un débit de filtration glomérulaire (DFG) inferieur a 60 ml/
min/1,73 m2,
- et/ou d’une anomalie rénale morphologique ou histologique à condition qu’elle soit ≪ cliniquement
significative ≫,
-et/ou d’une anomalie dans la composition du sang ou de l’urine secondaire a une atteinte rénale.
Les MRC peuvent aboutir à l’insuffisance rénale terminale (IRT) et au décès.
2. ÉPIDÉMIOLOGIE.
POPULATIONS EXPOSÉES
Quelques données sur l’insuffisance rénale terminale en France :
- sa prévalence est d’environ 1 200 patients par million d’habitants en métropole dont environ 625
traités par hémodialyse, 43 par dialyse péritonéale et 525 ayant une greffe rénale fonctionnelle.
- son incidence est d’environ 160 par million d’habitants et par an ;
- elle est 2 à 3 fois plus fréquente chez l’homme que chez la femme ;
- l’âge des nouveaux patients débutant la dialyse augmente régulièrement (âge médian 71 ans);
>> les principales causes d’insuffisances rénales terminales sont :
- néphropathies vasculaires et hypertensives (25 %),
- néphropathies diabétiques (22 %, essentiellement diabète type 2),
- glomérulonéphrites chroniques (11 %),
- néphropathies héréditaires (8 %, essentiellement polykystose rénale autosomique
dominante),
- néphropathies interstitielles chroniques (moins de 5 %),
- néphropathies diverses (10 %),
- néphropathies d’origine indéterminée (16 %).
Le risque de développer une insuffisance rénale chronique est élevé chez certains individus, ce
qui justifie un dépistage annuel dans la population a risque par l’estimation du DFG et la mesure de
l’albuminurie à partir d’un échantillon d’urine :
- hypertendus traites ou non ;
-diabétiques ;
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-âges de plus de 60 ans ;
-obèses (IMC > 30 kg/m2) ;
-ayant des infections urinaires récidivantes, des lithiases urinaires récidivantes ou un obstacle sur les
voies excrétrices ;
-ayant une diminution (congénitale ou acquise) de leur capital néphrotique ;
-exposes a des substances néphrologiques (médicaments ou toxiques) ;
-ayant des antécédents de néphropathie aigue ;
-ayant des antécédents familiaux de maladie rénale ;
-ayant une maladie auto-immune ;
-ayant des infections systémiques ;
-maladie cardio-vasculaire athéromateuse ;
- insuffisance cardiaque.
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3A Insuffisance rénale légère a modérée 45-59
3B Insuffisance rénale modérée a sévère 30-44
4 Insuffisance rénale sévère 15-29
5 Insuffisance rénale terminale < 15
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D’une manière générale, en dehors d’une rétention d’urée et de créatinine, ces fonctions sont
assurées tant que le DFG est supérieur ou égal à 60 ml/min/1,73 m2. Avec la progression de
l’IRC, les différentes fonctions s’altèrent et apparaissent :
> une hypertension artérielle et des troubles cardio-vasculaires ;
> des troubles du métabolisme phosphocalcique ;
> une acidose métabolique ;
> une anémie ;
> une hyperkaliémie ;
> une dénutrition ;
> d’autres complications sont possibles, mais elles sont tardives et ne se voient que chez des patients
pour qui le traitement de suppléance est débuté trop tard ou inefficace.
IV. GLOMERULONEPHRITE
Pour la nomenclature des lésions rénales, on utilise comme fil conducteur la lésion initiale et
prédominante de l’un des quatre éléments du parenchyme rénal :
• le glomérule ;
• les tubules ;
• le tissu interstitiel ;
• les vaisseaux.
On distingue donc :
• les néphropathies glomérulaires ;
• les néphropathies tubulaires ;
• les néphropathies interstitielles ;
• les néphropathies vasculaires.
Suivant la vitesse et la durée d’évolution de la maladie rénale, on distingue les néphropathies aiguës
des néphropathies chroniques. Avec le temps, les néphropathies tubulaires chroniques s’accompagnent
toujours d’un retentissement interstitiel et les néphropathies interstitielles chroniques s’accompagnent
toujours d’un retentissement tubulaire. On les a donc regroupées sous le nom de néphropathies tubulo-
interstitielles chroniques.
On distingue donc :
• les néphropathies glomérulaires (aiguës et chroniques) ;
• les néphropathies tubulaires aiguës ;
• les néphropathies interstitielles aiguës ;
• les néphropathies tubulo-interstitielles chroniques ;
• les néphropathies vasculaires (aiguës ou chroniques).
IV.1. Généralité
La glomérulonéphrite est une maladie suscitant un grand intérêt pour plusieurs raisons. Tout d'abord il
s'agit d'une pathologie retrouvée fréquemment dans la population pédiatrique. Malgré sa fréquence
élevée, son incidence réelle est difficile à évaluer car les cas ayant une présentation et une évolution
infraclinique sont probablement plus fréquents que les cas cliniquement manifestes (surtout dans le cas
d’une glomérulonéphrite aiguë post-infectieuse). Deuxièmement, il est important de s’intéresser à cette
maladie à cause de ses complications éventuelles, pouvant amener à une insuffisance rénale dans des
délais variables.
La glomérulonéphrite se caractérise essentiellement par des lésions glomérulaires accompagnées d’une
inflammation et se présente généralement par un syndrome néphritique. Ce dernier se manifeste par
deux signes typiques d’atteinte glomérulaire: une hématurie glomérulaire le plus souvent
macroscopique (urines «coca-cola», «bouillon sale», «thé froid») et une protéinurie variable qui est le
plus souvent inférieure à la marge néphrotique (< 200g/mol ou < 50 mg/kg/j). De plus, selon la gravité
de la glomérulonéphrite, il est possible d'observer d'autres signes aspécifiques tels que l'hypertension
artérielle, l'insuffisance rénale ou encore un syndrome œdémateux, pouvant être présents de façon
isolée ou combinée.
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IV.2. Classification
La glomérulonéphrite est une maladie complexe. Il existe plusieurs modes de classification : selon
l’étiologie, l’histopathologie, la biologie ou encore selon la clinique. La classification étiologique se
réfère au caractère primaire (étiologie inconnue) ou secondaire (associée à une maladie infectieuse,
auto-immune, ou métabolique) de la maladie. La classification pathologique se base sur l'atteinte
anatomo-histologique des différents composants du glomérule. La classification clinique, quant à elle,
tient compte du mode et de la vitesse de présentation de la glomérulonéphrite (aiguë, rapidement
progressive, chronique). Enfin, la classification biologique (retenue pour ce travail) se base sur le taux
de complément sérique (C3 et C4). Nous distinguons ainsi deux grandes catégories de
glomérulonéphrites. Celles à complément normal: néphropathie à IgA, syndrome d'Alport, maladie de
Goodpasture, hyalinose segmentaire focale et la glomérulonéphrite membraneuse. En revanche, les
glomérulonéphrites à complément abaissé comprennent la glomérulonéphrite aiguë post-infectieuse, la
glomérulonéphrite dans le cadre du lupus érythémateux disséminé et la glomérulonéphrite membrano-
proliférative. Pour rappel, le système du complément se compose d'une vingtaine de protéines qui sont
activées de façon séquentielle grâce au clivage enzymatique. Ce système peut être activé par trois
voies: la voie classique, la voie des lectines ou la voie alterne. Ces trois voies aboutissent à une
réaction
La pathogenèse des glomérulonéphrites est encore mal élucidée, du fait de plusieurs facteurs. En
premier lieu, il existe une grande variété d’éléménts déclencheurs «triggers» pouvant être endogènes
(comme par exemple un processus auto-immun) ou exogènes (infections, médicaments, etc), et de ce
fait une grande variété de mécanismes déclencheurs de la maladie. Deuxièmement, il existe aussi une
variabilité de la réponse à ces différents «triggers», ce qui repose probablement sur une certaine
prédisposition génétique. En effet, parmi les enfants atteints d’une infection de la sphère ORL par le
streptocoque du groupe A, une partie seulement va développer une glomérulonéphrite post-infectieuse.
Enfin, la réaction du rein face à la maladie inflammatoire est aussi à mettre sur le compte d'autres
atteintes non spécifiques (hypertension, protéinurie, etc) qui vont à leur tour entretenir l’inflammation
et la faire progresser malgré que le déclencheur initial ait disparu. Néanmoins, un mécanisme est
commun à la plupart des glomérulonéphrites. En effet, dans la plupart des cas, l'activation du système
immunitaire va déclencher de nombreux processus biologiques (activation du complément,
recrutement de leucocytes, libération de cytokines et facteurs de croissance) engendrant des lésions
glomérulaires diverses. Les glomérulonéphrites se caractérisent ainsi par une panoplie de mécanismes
pathologiques et immunologiques qui coexistent. Il est important de souligner que presque chaque
type de glomérulonéphrite possède ses propres caractéristiques anatomo-histo-pathologiques. Dans les
glomérulonéphrites, la réponse humorale (liée aux lymphocytes B et à la production d'anticorps) se
manifeste par le dépôt d'immunoglobulines(Ig)au niveau glomérulaire et par l'activation du
complément. En effet, le dépôt de complexes immuns est un processus actif causé par la liaison in situ
entre les anticorps et les antigènes localisés au niveau du glomérule. Ces antigènes, comme déjà
mentionné, sont de nature différente en fonction du type de glomérulonéphrite. Par exemple, il s’agit
de composants de la membrane basale glomérulaire dans la maladie de Goodpasture, d’auto-antigènes
déposés secondairement dans le glomérule dans la glomérulonéphrite lupique ou encore d’antigènes
exogènes témoignant d'une infection dans la glomérulonéphrite aiguë post-infectieuse. Les réactions
immunitaires à médiation cellulaire, quant à elles, sont moins bien comprises mais jouent néanmoins
un rôle fondamental dans la physiopathologie de la maladie. En effet, l'hypercellularité (au niveau du
compartiment glomérulaire mais aussi interstitiel) est une caractéristique commune à de nombreuses
glomérulonéphrites. Il s'agit surtout de macrophages et de lymphocytes T et leur nombre serait en
relation directe avec la sévérité clinique de la maladie. Plusieurs études ont en effet démontré que les
lymphocytes T initient et amplifient la réponse immunitaire avec un impact important sur
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l'anatomopathologie du glomérule. Il en est de même pour les macrophages qui sont capables à eux
seuls d'induire des dommages importants (de type protéinurie et prolifération mésangiale) au tissu
rénal (6) via les mécanismes classiques de l’inflammation. Le système de la coagulation joue aussi un
rôle actif: les lésions apportées aux cellules endothéliales vont activer la cascade de la coagulation ce
qui résulte en la formation de thrombi et la déposition de fibrine. Ce mécanisme favorise ainsi
l'infiltration de cellules inflammatoires, les dommages tissulaires et la formation de «croissants
glomérulaires», marqueurs histologiques de gravité. Ces différentes réponses vont ainsi activer toute
une série de processus qui vont à leur tour contribuer à l'inflammation et aux lésions glomérulaires.
En se basant sur la présentation clinique, il est possible de distinguer essentiellement trois catégories
de glomérulonéphrites: aiguës, rapidement progressives et chroniques.
Elle se présente fréquemment par l'installation soudaine d'une hématurie (le plus souvent
macroscopique). A cela s'ajoute couramment une protéinurie, une baisse du débit de filtration
glomérulaire(DFG) et une rétention hydro-sodée qui cliniquement va se traduire par la présence
d’œdèmes et d’hypertension artérielle. Comme déjà dit, chez les enfants, la cause la plus fréquente
de glomérulonéphrite aiguë est celle post-streptococcique et de manière plus générale celle post-
infectieuse. D'autres causes de glomérulonéphrite aiguë sont celles secondaires aux vasculites (purpura
d'Henoch-Schönlein, qui est une néphropathie à IgA aiguë), aux endocardites et aux shunts cardiaques.
Se manifestent par un syndrome clinique qui associe une glomérulonéphrite aiguë à une perte de la
fonction rénale sur une courte période. Ce genre de glomérulopathie reste néanmoins rare chez l'enfant
et concerne essentiellement le syndrome de Goodpasture. Malgré ces variabilités temporelles et
d’agressivité, les néphropathies glomérulaires se manifestent par des signes communs : L'hématurie,
la protéinurie, l'hypertension artérielle (est fréquente et souvent sévère lors des néphropathies
glomérulaires. Le mécanisme amenant à l'HTA est la stimulation du système rénine-angiotensine-
aldostérone avec une augmentation du volume efficace) et l'insuffisance rénale (dans le contexte des
glomérulonéphrites peut survenir selon deux mécanismes: elle peut être fonctionnelle suite à
l'hypovolémie ou alors être rénale suite aux lésions glomérulaires).
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5.2. Présence de signes extra-rénaux
L’interrogatoire recherche une altération de l’état général, la notion d’arthralgies d’allure
inflammatoire, des myalgies.
L’examen clinique peut mettre en évidence des signes cutanés tel qu’un purpura vasculaire,
une atteinte neurologique périphérique de type mono ou multinévrite, des signes
otorhinolaryngologiques, des signes pulmonaires avec dyspnée, hémoptysie, infiltrats
parenchymateux à la radiographie pulmonaire.
L’examen clinique peut aussi montrer des éléments en faveur d’une pathologie maligne telle
Qu’une adénopathie.
5.3. Place des examens de laboratoire
Après le bilan urinaire et l’évaluation de la fonction rénale, des examens biologiques sont
demandés en fonction de l’orientation diagnostique :
* Glycémie, cholesterol, triglycérides, LDL cholesterol;
* Numération formule sanguine (NFS), plaquettes, vitesse de sédimentation (VS), protéine C
réactive (CRP), électrophorèse des protéines sériques ;
* Hémocultures en cas de syndrome infectieux évolutif, uriculture, antistreptolysine (ASLO),
streptozyme test, sérologie virale (hépatites virales B et C, VIH), TPHA et VDRL ;
* Complément sérique (CH50, C3, C4), anticorps antinucléaires, anticorps anticytoplasme des
polynucléaires (ANCA), anticorps anti-membrane basale glomérulaire (Ac anti-MBG),
cryoglobulinémie.
5.4. Place des examens radiologiques
La réalisation d’une échographie rénale permet de vérifier la présence de deux reins, d’éliminer
l’existence d’un obstacle urinaire, de préciser la taille des reins.
L’échographie est souvent normale.
Des reins de grande taille (plus de 14cm) sont observés au cours des syndromes
néphrotiques de la néphropathie diabétique, de l’amylose, et de la néphropathie du VIH.
La présence de petits reins suggère une néphropathie glomérulaire chronique.
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microangiopathies (rétinopathie, neuropathie périphérique).
Cependant la biopsie rénale est indiquée chez le diabétique en cas d’insuffisance rénale
rapidement progressive, ou d’apparition brutale d’un syndrome néphrotique.
* En cas de suspicion d’amylose, le diagnostic peut être fait à la biopsie d’un organe
superficiel : rectum, gencives, glandes salivaire.
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