MA201.

Méthode des éléments finis (2012-2013) 1

Patrick Ciarlet (email : patrick.ciarlet@ensta-paristech.fr)

(Les exercices et/ou questions optionnels sont signalés par un ⋄)

Séance 1 : Outils et manipulations élémentaires

Exercice 1 Formules d’intégration par parties
Soit Ω un ouvert borné de R3 , dont la frontière ∂Ω est “régulière”. On note n la normale
unitaire extérieure à la frontière.
1. Etablir par le calcul l’équivalence entre les formules (1) et (2)
Z Z
∂v ∂u
(u + v) dΩ = uvni dΓ (1 ≤ i ≤ 3), ∀u, v ∈ C ∞ (Ω̄) ; (1)
Ω ∂xi ∂xi ∂Ω
Z Z
(u div v + ∇u · v) dΩ = u(v · n) dΓ, ∀u ∈ C ∞ (Ω̄), ∀v ∈ C ∞ (Ω̄)3 . (2)
Ω ∂Ω

2. Soient u et v deux éléments de C ∞ (Ω̄)3 . Etablir par le calcul la formule

Z Z
(u · rot v − rot u · v) dΩ = (u × n) · v dΓ.
Ω ∂Ω

Exercice 2 Exemples d’éléments de H 1

1. Les fonctions définies respectivement par :
 
1 sur ]0, 1[ a sur ]0, 1[
v(x) = , w(x) = , ⋄ z(x) = xp , p ∈ R \ {0},
2 − x sur ]1, 2[ b sur ]1, 2[
appartiennent-elles à H 1 (]0, 2[) ?
2. Soit Ω un ouvert borné de RN : on le partitionne en Ω̄ = Ω̄1 ∪ Ω̄2 , où Ω1 et Ω2
sont deux ouverts disjoints. On considère v ∈ C 0 (Ω̄), telle que v|Ωi ∈ C 1 (Ω̄i ), pour
i = 1, 2. Calculer ∇v au sens faible et en déduire que v ∈ H 1 (Ω).
Exercice 3 Théorème de trace
1. Soient H un espace vectoriel normé réel et V un sous-espace vectoriel de H, tels
que V soit dense dans H. Soit ℓ une application linéaire de V dans R, pour laquelle
il existe une constante Cℓ > 0 telle que, pour tout v ∈ V , on ait |ℓ(v)| ≤ Cℓ kvkH .
Montrer que l’on peut prolonger par continuité de façon unique ℓ en une application
ℓ̃ linéaire et continue de H dans R.
2. Soit l’application trace γ⋆
γ⋆ : C 1 ([0, 1]) → R
v 7→ v(0).
Montrer qu’il existe une constante C > 0 telle que
∀v ∈ C 1 ([0, 1]), |v(0)| ≤ C kvkH 1 (]0,1[) .
Que peut-on en déduire ?
3. ⋄ γ⋆ est-elle continue de L2 (]0, 1[) dans R ?
Z x
Indication : pour la question 2., on pourra écrire v(0) = v(x) − v ′ (t) dt.
0
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Exercice 4 Solutions classiques du Laplacien

Soit Ω un ouvert borné de R3 , dont la frontière ∂Ω est “régulière”. On considère le
problème aux limites
Trouver u telle que
u − ∆u = f dans Ω
(
∂u . (3)
=g sur ∂Ω
∂n
Ci-dessus, f et g sont continues respectivement sur Ω̄ et ∂Ω.
1. On suppose que la solution u appartient à C 2 (Ω) ∩ C 1 (Ω̄) : c’est une solution dite
“classique”. Enoncer la formulation variationnelle (FV3) associée à (3), et posée
dans l’espace C 1 (Ω̄).
2. Par un calcul direct, établir l’unicité de la solution de la formulation variationnelle
(FV3).
3. Que pensez-vous de l’existence d’une solution de (FV3) ? En identifiant la forme
bilinéaire de (FV3) à un produit scalaire, dans quel espace fonctionnel faudrait-il se
placer pour obtenir un problème bien posé, c’est-à-dire pour garantir l’existence et
l’unicité de la solution ?
Exercice 5 ⋄ Dérivation au sens des distributions
Soit Ω un ouvert quelconque de RN : on appelle H −1 (Ω) l’espace des formes linéaires et
continues sur H01 (Ω).
1. Soit I un intervalle ouvert de R. On note v un élément de L2 (I) : établir que sa
dérivée au sens des distributions appartient à H −1 (I). Vérifier que l’application qui
à v associe v ′ est continue de L2 (I) dans H −1 (I).
2. Soit Ω un ouvert de RN . On note v un élément de L2 (Ω) : établir que sa ième dérivée
partielle au sens des distributions appartient à H −1 (Ω). Vérifier que l’application
qui à v associe ∂i v est continue de L2 (Ω) dans H −1(Ω).
3. Soit Ω un ouvert de R3 . On note v un élément de L2 (Ω)3 : à quels espaces appar-
tiennent respectivement sa divergence et son rotationnel au sens des distributions ?
Exercice 6 ⋄ Prolongement et restriction
Soit Ω un ouvert borné de RN , de frontière ∂Ω “régulière”. On note n la normale unitaire
extérieure à la frontière.
1. On décompose Ω en Ω̄ = Ω̄1 ∪Ω̄2 , où Ω1 et Ω2 sont deux ouverts disjoints de frontières
“régulières”, et on appelle Σ l’interface (ouverte) entre Ω1 et Ω2 . Soit v ∈ L2 (Ω) :
on note vi la restriction de v à Ωi , pour i = 1, 2. On suppose que
– vi ∈ H 1(Ωi ), pour i = 1, 2 ;
– γ1 v1 = γ2 v2 sur Σ.
Montrer que v ∈ H 1 (Ω).
2. Prolongement. Soit v ∈ H01 (Ω), que l’on prolonge par 0 à RN \ Ω̄. on note ṽ son
prolongement. Montrer que ṽ ∈ H 1 (RN ).
3. Restriction. Soit v ∈ H 1 (Ω), et ṽ son prolongement par 0 à RN \ Ω̄. Montrer que
si ṽ ∈ H 1 (RN ), alors v ∈ H01 (Ω). On pourra utiliser le résultat ci-dessous :
Z
2
Soit λ ∈ L (∂Ω) telle que λ(φ · n)dΓ = 0, ∀φ ∈ D(RN )N , alors λ = 0.
∂Ω
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Séance 2 : Formulations variationnelles

Dans la suite, Ω est un ouvert borné de R3 , dont la frontière ∂Ω est “régulière”. On note
n la normale unitaire extérieure à la frontière.

Exercice 7 Problème avec condition aux limites de Fourier

On considère le problème aux limites
Trouver u ∈ H 1 (Ω) telle que

u − ∆u = f dans Ω
(
∂u . (4)
+ λ u = g sur ∂Ω
∂n
avec λ ≥ 0, f ∈ L2 (Ω) et g ∈ L2 (∂Ω).
1. Construire la formulation variationnelle (FV4) associée à (4).
2. Prouver l’unicité de la solution de (FV4). ⋄ Que se passe-t-il si λ < 0 ?
3. Etablir l’équivalence entre les problèmes (4) et (FV4).

Exercice 8 Diffusion de la chaleur

On considère le problème aux limites
Trouver u ∈ H 1 (Ω) telle que

−div (k∇u) = f dans Ω
. (5)
u=0 sur ∂Ω

avec f ∈ L2 (Ω), k ∈ L∞ (Ω) et k(x) ≥ kmin > 0 presque pour tout x dans Ω.
1. Construire la formulation variationnelle (FV5) associée à (5).
2. Prouver l’unicité de la solution de (FV5).
3. Etablir l’équivalence entre les problèmes (5) et (FV5).

Exercice 9 ⋄ Coefficients discontinus

On décompose Ω en Ω̄ = Ω̄1 ∪ Ω̄2 , où Ω1 et Ω2 sont deux ouverts disjoints de frontières
“régulières”, et on appelle Σ l’interface entre Ω1 et Ω2 : on suppose que Σ ∩ ∂Ω = ∅ et
∂Ω ⊂ ∂Ω2 . Soient κ1 , κ2 ∈ R strictement positives. On note κ la fonction définie par
κ|Ωi = κi , pour i = 1, 2. Soit enfin g ∈ L2 (Σ). On résout le problème variationnel (P)
Trouver u ∈ H01 (Ω) telle que
Z Z
κ∇u · ∇v dΩ = gv dΣ, ∀v ∈ H01 (Ω).
Ω Σ

Interpréter le problème (P) en termes d’équations aux dérivées partielles dans Ω1 et Ω2 , de

conditions aux limites et de condition sur l’interface Σ (pour cette dernière, on raisonnera
“formellement”).
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Exercice 10 ⋄ Equations de Maxwell

On étudie le système des équations de Maxwell, composé des lois d’Ampère et de Faraday.
Si on note ǫ la permittivité électrique, et µ la perméabilité magnétique, il s’écrit
Trouver E, H tels que
∂E
ǫ − rot H = −J dans Ω, t > 0 (6)
∂t
∂H
µ + rot E = 0 dans Ω, t > 0 (7)
∂t
E×n=0 sur ∂Ω, t > 0 (8)
E(t = 0, ·) = E 0 , H(t = 0, ·) = H 0 dans Ω. (9)

Ci-dessus, (E, H) est le champ électromagnétique, J la densité de courant et (E 0 , H 0 )

l’état initial du champ. E, H et J sont des fonctions du temps t et de la variable d’espace
x = (x1 , x2 , x3 )t , et E 0 et H 0 sont des fonctions de x.
Enfin, (8) sont des conditions aux limites, et (9) des conditions initiales.

I. Modélisation (régime stationnaire)

En régime stationnaire (en temps ”long”), on suppose que E, H et J sont des fonctions
périodiques du temps, de pulsation ω > 0. Par exemple :
     
E(t, x) = R e(x)e−ıωt , H(t, x) = R h(x)e−ıωt , J (t, x) = R j(x)e−ıωt .

où les fonctions e et h sont des fonctions à valeurs complexes.

1. Ecrire le système de Maxwell stationnaire.
2. Eliminer le champ h du système stationnaire : soit (Pe) le problème obtenu.
3. Eliminer le champ e du système stationnaire : soit (Ph) le problème obtenu.

II. Formulations variationnelles

On introduit les espaces fonctionnels suivants à valeurs complexes :

H(rot , Ω) = {v ∈ L2 (Ω)3 tel que rot v ∈ L2 (Ω)3 },

H0 (rot , Ω) = {v ∈ H(rot , Ω) tel que v × n|∂Ω = 0}.

Ci-dessus, le rotationnel est pris au sens des distributions.

On rappelle la formule de Stokes (démontrée dans l’Exercice 1 du TD1),
Z Z
∞ 3
∀u, v ∈ C (Ω̄) , (u · rot v − rot u · v) dΩ = (u × n) · v dΓ.
Ω ∂Ω

1. Proposer une généralisation si u et v appartiennent à H(rot , Ω) et si u ou v ap-

partient à H0 (rot , Ω).
2. A quel espace fonctionnel e appartient-il ? A quel espace fonctionnel h appartient-il ?
3. Ecrire la formulation variationnelle (F Ve) pour le problème (Pe).
4. Etablir l’équivalence entre (F Ve) et (Pe).
5. Faire de même pour le problème en h.
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Séance 3 : Coercivité et propriétés de H 1

Exercice 11 Etude élémentaire de la coercivité

Soit V un espace de Hilbert réel, et a une forme bilinéaire et continue sur V × V .
On dit que a est définie-positive si ∀v ∈ V \ {0}, a(v, v) > 0.
On dit que a est coercive si ∃α > 0 tel que ∀v ∈ V , a(v, v) ≥ α||v||2V .
1. En dimension finie. Si V = RN , établir que a définie-positive équivaut à a coercive.
2. En dimension infinie. Que se passe-t-il si V est de dimension infinie ?

Exercice 12 Inégalités de Poincaré sur ]0, 1[

1. Etablir l’inégalité : il existe une constante C1 > 0 telle que

∀v ∈ H 1 (]0, 1[), kvkL2 (]0,1[) ≤ C1 {kv ′ kL2 (]0,1[) + |v(0)|}.

2. Que devient cette inégalité dans H01 (]0, 1[) ?

3. Etablir l’inégalité : il existe une constante C2 > 0 telle que

∀v ∈ H 1 (]0, 1[), kvkL2 (]0,1[) ≤ C2 kv ′ kL2 (]0,1[) + |m(v)| ,



Z 1
avec m(v) = v(y) dy la moyenne de v.
0
4. Donner des exemples de sous-espaces de H 1 (]0, 1[), pour lesquels la semi-norme H 1

| · |1 : v 7→ kv ′ kL2 (]0,1[)

est une norme, équivalente à k · kH 1 ]0,1[ .

Exercice 13 Inégalités de Poincaré dans RN

Soit Ω un ouvert borné et connexe de RN , dont la frontière ∂Ω est “régulière”.
1. On note Γ une partie de ∂Ω de mesure non-nulle.
Montrer qu’il existe une constante C1 telle que

∀v ∈ H 1 (Ω), kvkL2 (Ω) ≤ C1 k∇vkL2 (Ω)N + kγΓ vkL2 (Γ) ,



où γΓ est l’application trace γΓ : H 1 (Ω) → L2 (Γ).

2. Montrer qu’il existe une constante C2 telle que

∀v ∈ H 1 (Ω), kvkL2 (Ω) ≤ C2 k∇vkL2 (Ω)N + |m(v)| ,



R
v dΩ
avec m(v) = RΩ la moyenne de v.
Ω
dΩ
3. ⋄ Soit L : H 1 (Ω) → R linéaire et continue. A quelle condition sur L peut-on prouver
qu’il existe une constante C3 telle que

∀v ∈ H 1 (Ω), kvkL2 (Ω) ≤ C3 k∇vkL2 (Ω)N + |L(v)| .


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4. Donner des exemples de sous-espaces de H 1 (Ω), pour lesquels la semi-norme H 1

| · |1 : v 7→ k∇vkL2 (Ω)N

est une norme, équivalente à k · kH 1 (Ω) .

Indication : on pourra raisonner par l’absurde pour les questions 1., 2. et 3., à l’aide du
théorème de Rellich.

Exercice 14 Résolution du Laplacien

Soit Ω un ouvert borné et connexe de RN , dont la frontière ∂Ω est “régulière”.
On considère le problème aux limites
Trouver u ∈ H 1 (Ω) telle que

−∆u = f dans Ω
. (10)
condition aux limites sur ∂Ω

Ci-dessus, f ∈ L2 (Ω). Quant à la condition aux limites sur ∂Ω, on a le choix entre :

Dirichlet (homogène) : u=0 (11)

∂u
Fourier (λ > 0, g ∈ L2 (∂Ω)) : +λu = g (12)
∂n
∂u
Neumann (g ∈ L2 (∂Ω)) : = g. (13)
∂n
Dans quel(s) cas les exercices précédents permettent-ils de prouver que le problème est
bien posé ?