Les Critères D
Les Critères D
Les Critères D
LA GÉNÉRALISATION DE
L’IPE EN 2025, IL EST TEMPS
DE S’Y PRÉPARER- PAR
ABDESLAM SEDDIKI
La généralisation de l’indemnité pour perte d’emploi
(IPE) à toutes les personnes qui disposent d’un
emploi stable constitue l’un des quatre piliers de la
généralisation de la protection sociale telle qu’elle a
été définie par la loi-cadre n° 09-21. IL est à rappeler
qu’il s’agit d’un vaste et ambitieux chantier qualifié,
à juste titre, de révolutionnaire eu égard à ses
retombées sur le tissu socio-économique du pays et à
ses effets sur la vie des travailleurs.
Il se déroule en quatre étapes : la première étape porte sur la
généralisation de l’assurance maladie obligatoire au cours des
deux années 2021-2022 au profit de 22 millions de personnes ;
la deuxième étape porte sur l’extension des allocations
familiales en 2023 et 2024 en ciblant 7 millions d’enfants en
âge de scolarité; la troisième consiste à élargir la base des
adhérents aux régimes de retraie pour inclure environ 5
millions de personnes qui exercent un emploi et qui ne
bénéficient d’aucune pension à l’horizon 2025 ; la quatrième
et dernière étape consiste à généraliser l’IPE durant l’année
2025 pour couvrir toute personne exerçant un emploi stable.
Pour qui ?
Cette indemnité concerne les salariés du secteur privé déclarés,
notamment à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS).
A quelles conditions ?
Pour pouvoir en bénéficier, le salarié devra être inscrit à l'Agence
nationale de promotion de l'emploi et des compétences (Anapec)
et l'en informer dans un délai de 60 jours après avoir perdu son
emploi indépendamment de sa volonté.
Conditions
Les demandeurs de l’indemnité pour perte d’emploi doivent remplir
plusieurs conditions. Pour rappel, ce dispositif qui a été mis en place
pour la première fois en 2014 garantit au bénéficiaire une
indemnisation pour une période de 6 mois, égale à 70% du salaire de
référence, c’est-à-dire la moyenne des salaires mensuels déclarés au
cours des 36 derniers mois précédant la perte d’emploi. Cela dit, le
montant de l’indemnisation ne peut pas dépasser dans tout les cas le
SMIC en vigueur. Il faut préciser que la période d’indemnisation est
considérée comme une période d’assurance qui ouvre le droit à une
couverture médicale, les allocations indemnités familiales.
La même période est également prise en compte dans le calcul de la
pension de retraite.
A noter que le salarié doit être inscrit comme demandeur d’emploi
auprès de l’Agence nationale pour la promotion de l’emploi et des
compétences (ANAPEC) et qu’il soit victime d’un licenciement abusif.
Scénarios
Une étude commandée en 2018 avait fixé trois scénarios de réforme
pour l’IPE.
Le premier retient une hypothèse de 780 jours de déclarations dans
les 36 mois précédant la date de perte d’emploi. Ce scénario prévoit
d’atteindre 58.553 bénéficiaires à l’horizon 2027.
Le deuxième scénario étudié prend comme hypothèse 212 jours de
déclarations sur les 12 mois avant la perte d’emploi et 636 jours de
déclarations dans les 36 mois précédents. Selon ce scénario, le
nombre des bénéficiaires s’élèvera à terme à 68.611.
Enfin, le troisième scénario prévoit 182 jours de déclarations dans les
12 derniers mois et 546 jours de déclarations dans les 36 mois
précédents, avec 70.605 bénéficiaires prévus.
A noter enfin qu’au départ, l’IPE avait été dotée d’un fonds
d’amorçage de 500 millions de dirhams.
de la période 2018-2027.
L’analyse de cet impacte consiste à alléger les conditions
déclarations.
Réforme paramétrique
Pourquoi l'indemnité
chômage au Maroc est-elle
inadéquate ?
Le Conseil économique, social et
environnemental (CESE) a rendu son avis sur
l’indemnité pour perte d’emploi (IPE). Dans un
rapport de 47 pages, il pointe plusieurs limites de
cette indemnité qui ne profite pas aux Marocains,
et estime que ce modèle a été fait pour des
salariés touchant 4000 dirhams et moins.
Alors que la Chambre des conseillers a saisi l’institution
dirigée par Ahmed Reda Chami sur l’IPE, le CESE a rendu
son avis, qui témoigne de l’inadéquation de ce mécanisme
qui figure dans le Code du Travail depuis 2004 et qui n’a
été mis en place qu’en 2015.
Selon les éléments mis en lumière par le CESE, ce
mécanisme n’a finalement profité qu’à un nombre très
limité de personnes, puisqu’il s’est montré inaccessible
pour plus de la moitié des salariés concernés, c’est à dire
ceux qui l’ont demandé.
Alors que depuis sa mise en place, l’objectif affiché était
d’avoir 30.000 bénéficiaires par an, en réalité, depuis sa
création, l’IDE n’a été octroyée qu’à 77 826 personnes. En
2019 par exemple, sur les 32 633 salariés ayant déposé
une demande seuls 15 036 salariés ont pu en bénéficier.
Le CESE estime que cette indemnisation est pénalisée par
3 éléments centraux, notamment des conditions
d’éligibilité très restrictives, des niveaux de prestations
insuffisants et une source de financement insuffisante et
surtout inéquitable.
Dans une étude sur le système de l’IPE réalisée suite à une saisine de la
Chambre des Conseillers, le CESE précise que ce système
d’indemnisation-chômage devra comprendre un régime assurantiel
couplé à un régime d’assistance, arrimés à un dispositif actif d’aide au
retour à l’emploi.