Finance Islamique II
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Enseignant : EKONDO
Finance islamique II : (15 heures) ; Principales techniques de financement islamique
PLAN DU COURS
INTRODUCTION GENERALE
REFERENCES BIBIOGRAPHIQUES
- T. Adrian, H.S. Shin [2008] : Liquidity, Monetary Policy, and Financial Cycles,
Current Issues in Economics and Finance, Federal Reserve Bank of New York,
January/February 2008, 14(1).
- R. K, Aggarwal, T. Yousef [2000] : Islamic bank and investment financing, Journal of
money, credit and banking, vol 32, n°1, fev 2000, pp. 93-120.
- H. Ahmed [2002] : Incentive-compatible Profit-sharing Contracts: A Theoretical
Treatment,” in Iqbal and Llewellyn, eds., Islamic Banking and Finance: New
Perspectives on Profit-sharing and Risk, Cheltenham, U.K: Edward Elgar, pp. 40-54
- S. M. Ahmad [1947] : Economics of Islam, Lahore, Sh. M. Ashraf.
- J.P. Allegret, B. Courbis B, P. Dulbecco [2003] : Intermédiation et stabilité financière
dans les économies émergentes, Revue Française d’Economie, n°4, vol. XVII, p. 213-242.
Khoutem Ben Jedidia: L’intermédiation financière participative des banques islamiques
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- F. Allen [1990] : The market for information and the origin of financial intermediation,
Journal of Financial Intermediation, n°1, pp. 3-30
- F. Allen, A.M. Santomero [1998] : The Theory of Financial Intermediation, Journal of
Banking and Finance, vol 25, n°2, p. 271-294.
- F. Allen, A.M. Santomero [2001] : What do Financial Intermediaries do?, Journal of
Banking and Finance, vol 21, n°11-12, p. 1461-1486.
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INTRODUCTION GENERALE
La finance islamique s’appuie sur un modèle d’intermédiation bancaire à taux zéro. C’est par
conséquent une finance dite libre d’intérêt. Elle nécessite en outre l’adossement de toutes les
transactions à un actif tangible tout en étant fondée sur le partage des profits et des pertes. Elle
regroupe toutes les techniques qui permettent de mettre des fonds à la disposition d’un agent
économique pour répondre à ses besoins à court ou à long terme, sans violer l’interdiction
absolue de recevoir une rémunération sous forme d’intérêts, ni les autres principes
fondamentaux édictés par le droit musulman. Ces autres principes sont :
L'interdiction de la Riba: Il est interdit de tirer un avantage d'un prêt si cet avantage
n'est pas justifié.
L'interdiction du Gharar et du Maysir: Avec l'interdiction du Gharar, la spéculation
pure, notamment celle qui porte sur les produits dérivés et la vente à découvert est
interdite. De plus, l'interdiction du Maysir correspond à l'interdiction de l'incertitude
dans les transactions, avec pour finalité de financer l'économie réelle au lieu
d'encourager la spéculation.
La prohibition de certains secteurs: Les secteurs allant à l'encontre de la morale
islamique sont interdits (Alcool, élevage porcin, pornographie etc).
Le partage des profits et des pertes: Lors d'une relation emprunteur/prêteur, le risque et
les gains sont partagés équitablement. On parle de finance participative. Si
l'emprunteur échoue, sans faire de faute majeure, le prêteur se doit de partager les
pertes avec son client.
Le lien avec l'économie réelle: Le trade ne se fait que si un lien existe avec un actif
réel et non avec des actifs purement financiers.
Cette finance née au VIIe siècle après J.-C. est ancestrale dans ses principes, mais a connu un
renouveau au XXe siècle grâce à un certain nombre d’innovations. Développée à l’origine
pour répondre aux besoins d’une communauté musulmane qui se sentait exclue du système
financier conventionnel jugé contraire aux principes de l’islam, elle est depuis les années
2000 l’objet de toutes les attentions. En effet, la finance islamique véhicule des principes
moraux et éthiques universels, et ouvre des perspectives à tous les opérateurs. Par ailleurs, elle
a semblé mieux résister aux turbulences qui ont secoué le secteur financier conventionnel en
2007-2008 et a continué d’afficher un taux de croissance à deux chiffres après la crise des
subprimes.
Le périmètre de la finance islamique couvre les activités historiques d’un marché financier.
Les banques y jouent un rôle important et leur intermédiation reste prédominante dans la
collecte de l’épargne et le financement des projets. L’appel public à l’épargne passe par le
marché des sukuk alors que le marché monétaire est encore embryonnaire. L’épargne des
particuliers est de plus en plus captée par une offre croissante de fonds d’investissement
islamiques et par le développement de benchmarks sous forme d’indices islamiques.
La littérature sur la finance islamique est rare et parfois peu accessible. Les travaux existants
se positionnent souvent du point de vue religieux ou juridique alors que les problématiques
financières, elles, restent peu explorées. En outre, la technicité des opérations financières
islamiques rend celles-ci difficilement intelligibles. Ce cours a pour ambition de dresser une
image compréhensible de cette finance et de répondre aux questionnements d’ordre financier
à son sujet. Il tente de familiariser l’étudiant avec ce modèle qui est appelé à devenir l’un des
éléments clés du système économique contemporain.
Avec une approche résolument financière, ce cours pose sans détour les questions
fondamentales qui préoccupent les étudiants de banque et fiance concernant cette nouvelle
finance : que recouvre l’expression« finance islamique » ? Qu’est-ce qui distingue une
banque islamique d’une banque conventionnelle ? Quels sont les principales techniques de
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financement de la finance islamique ? Telles sont quelques-unes des questions qui sont
abordées dans ce cours.
Le cheminement proposé est de faire ressortir tout d’abord la notion d’intermédiation de la
finance islamique tout en faisant la description des banques islamiques, fer de lance du
système financier islamique, sont au centre de cette industrie financière. Par la suite nous
devrons décrire chacune des techniques principales de la finance islamique et enfin exposer
les apports potentiels de la finance islamiques et les techniques de financement islamique aux
problèmes économiques et sociaux.
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Il faudrait aussi noté qu’après avoir dépassé la faillite de certaines banques islamiques en
Egypte, le développement des institutions financières islamiques s’est relancé dans les années
90. Ce développement est inhérent d’abord, au regain de la vitalité de la religion musulmane
conduisant à une forte demande de services financiers conformes à la sharia et ensuite, à la
volonté d’attirer les investisseurs musulmans motivant des banques occidentales à ouvrir des
fenêtres, voire des filiales islamiques. Plus récemment, les évènements du 11 septembre 2001
ont entraîné le rapatriement des fonds placés aux Etats-Unis vers les pays musulmans.
Actuellement, si on exclut le Soudan et l’Iran dont les systèmes financiers sont islamisés, les
banques islamiques cohabitent avec les banques conventionnelles dans les autres pays. Le
Royaume-Uni est aujourd'hui le leader du développement de la finance islamique en
occident...
Au Cameroun Le 20 février 2015, Afriland First Bank banque camerounaise a officiellement
ouvert une agence dédiée à la finance islamique, avec le concours de la Société internationale
de développement du secteur privé (SID), filiale de la Banque islamique de développement
(BID). Pour la première année de fonctionnement de cette agence spécialisée, Afriland First
Bank ambitionnait de collecter environ 3 milliards de francs Cfa, comptant sur les 20% de la
population camerounaise d’obédience musulmane.
Le 27 février 2016 La filiale au Cameroun du groupe bancaire panafricain Ecobank propose
désormais à ses clients le «compte d’épargne Mudaraba», qui obéit aux exigences de la
finance islamique, a annoncé l’institution bancaire dans une réclame. Ecobank Cameroun
rejoint ainsi sur ce segment Afriland First Bank, établissement de crédit à capitaux
majoritairement camerounais, qui s’est lancé dans la finance islamique depuis plusieurs
années, à travers le compte de dépôt islamique (CDI).Pour information, plus de 500
institutions bancaires opèrent dans la finance islamique dans le monde. Cette finance
spécialisée revendique des actifs cumulés dépassant 1000 milliards de dollars, soit plus de
550 000 milliards de francs Cfa.
b. Définition La banque islamique
Une banque islamique est une institution qui reçoit des dépôts et mène toutes les activités
bancaires à l’exception de l’opération de prêt et d’emprunt à intérêt. Le passif est constitué
par l’ensemble des fonds mobilisés selon la formule de mudaraba ou de wakala (agent). Elle
accepte, aussi, des dépôts à vue qui sont considérés comme des prêts sans intérêt des clients
envers la banque, et de ce fait, ils sont garantis. L’actif se constitue par les fonds avancés sur
la base de partage des profits et des pertes ou bien sur la base d’un endettement conforme aux
principes de la Shariah. Elle joue le rôle d’un manager d’investissement vis-à-vis des
déposants dont les fonds appartiennent à la catégorie des dépôts d’investissement. En sus de
cela, la participation en capital ainsi que le financement de l’actif circulant (stock de
marchandise) et de l’actif fixe constitue une partie intégrale des opérations de la banque
islamique. La banque islamique partage ses gains nets avec ses déposants au prorata de la date
et du montant de chaque dépôt. Les déposants doivent être informés en amont de la formule
de partage des profits avec la banque.
TAF DEFINR wakala mudaraba SUKUK
c. Le fonctionnement des opérations bancaires
La banque islamique, comme toute autre banque, est une institution dont la principale activité
est la mobilisation de fonds auprès des agents excédentaires (épargnants) et l’offre de ces
fonds aux agents déficitaires (entreprise, hommes d’affaires). C’est une société par actions où
les actionnaires fournissent le capital initial. Elle est gérée par ces mêmes actionnaires à
travers leurs représentants au conseil d’administration. Alors que la banque traditionnelle
utilise le taux d’intérêt pour la mobilisation de fonds auprès des agents excédentaires et l’offre
de financement aux agents déficitaires, la banque islamique accomplie ces mêmes fonctions
en utilisant plusieurs modes de financement compatibles avec la Shariah. S’agissant de la
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mobilisation des ressources, elle utilise le contrat mudaraba et wakala avec les déposants.
Dans le premier contrat, le revenu net de la banque est partagé entre les actionnaires et les
titulaires des dépôts d’investissement selon un ratio de partage prédéterminé. En cas de perte,
celle-ci est supportée par toutes les parties en proportion du capital investi. Concernant les
dépôts d’investissement, ils peuvent l’objet d’un compte commun (pool funds) ou d’un
compte particulier où chaque dépôt est destiné pour le financement d’un projet bien
spécifique. En plus de cela, nous avons les comptes courants qui ne sont autres qu’un prêt
sans intérêt pour la banque. La banque garantie le montant nominal mais ne paie aucun profit
sur ces comptes. Elle est autorisée à utiliser ces fonds mais à ses risques et périls. Quant à
l’emploi des ressources collectées, la banque utilise un certain nombre d’instruments
financiers, sans-intérêt, destinés à assurer le financement des agents déficitaires. Une variété
de ces modes de financement est aujourd’hui disponible.
2. Les ressources et les emplois des banques islamiques
a. Les ressources
Au-delà du capital généralement élevé et du patrimoine net, les ressources des banques
islamiques sont constituées des dépôts des clients :
- Les dépôts à vue servent à financer les opérations de l’échange et les paiements. Leurs
valeurs nominales sont garanties par la banque. Les titulaires de ces dépôts ne reçoivent ni
bénéfices, ni revenus mais ils doivent payer des frais liés à l’administration de ces comptes.
- Les comptes d’épargne sont gérés selon le principe de wadia. La banque a l’autorisation des
déposants d’utiliser ces fonds aux propres risques bancaires. Elle peut payer des revenus
positifs aux déposants sous forme de hiba (don) selon sa propre profitabilité. Ainsi, la banque
garantit la valeur nominale de ces dépôts sans toutefois garantir leurs rendements.
- Les comptes d’investissement constituent la principale source de dépôts pour la banque
islamique. Ils sont gérés selon le principe de la mudaraba. La banque agit comme un manager
des fonds des clients en les utilisant pour financer un ensemble de projets. Les déposants ne
sont assurés ni de la valeur nominale de ces dépôts, ni d’aucun rendement prédéterminé.
Ainsi, la rémunération dépend du montant total déposé, de la durée des dépôts, des résultats
des investissements effectués, etc.
- Les comptes de Zakat (aumône) et les comptes du service social où sont versés
respectivement les sommes dues à l’obligation de la Zakat et les dons servant à financer des
services sociaux. La banque administre l’usage de ces fonds.
Il ressort trois relations entre les banques islamiques et leurs déposants:
Des relations de dettes où la banque garantit le montant principal des dépôts ;
Des relations agent-principal où la banque partage les profits et les pertes avec ses déposants
(le déposant est un partenaire et non un créancier) ;
Des relations de services administratifs lorsque la banque fournit des services administratifs et
des informations. Ainsi, la banque islamique joue deux rôles : un rôle fiduciaire et un rôle
d’agence.
b. Les emplois
Les emplois des banques islamiques sont diversifiés, ce sont des techniques de financement
spécifiques. Les différents financements bancaires offerts peuvent être classés en
financement de partage (sharing financing) grâce à la Mudaraba et la Musharaka qui
représentent environ 11% et 12% des actifs des banques islamiques respectivement ; en
financements des opérations de vente (sale financing) tels que la Murabaha, le bai Salam,
l’istisn’a et en financements de location (lease financing) grâce à l’Ijara et ijara wa iktina. En
outre, d’autres financements sont basés sur un principe social et humain, tels que ceux liés à
l’allocation des fonds de Zakat.
Comme nous venons de constater les banques islamiques sont le noyau dur de la finance
islamique. La Banque Islamique est donc un moteur pour l'économie et doit donc participer
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activement à la création de la valeur ajoutée. Elle ne doit pas se cantonner à un rôle de loueur
d'argent! C’est là toute la différence avec la finance conventionnelle qui n'a pour seul objectif
la Rentabilité et la diminution de l'exposition Risques Une Banque islamique doit
obligatoirement prendre une part plus ou moins active dans les projets financés, elle doit
participer aux projets ! Ces pourquoi elles sont aussi appelées parfois Banque Participative.
La finance islamique est un compartiment de la finance éthique. Elle respecte donc un certain
nombre de règles qui seront ensuite audité par un comité indépendant appelé le charia board.
La banque islamique comme la banque conventionnelle joue donc un rôle d’intermédiaire.
Section 2 intermédiation de la banque islamique
1. L’intermédiation bancaire
a. Notion de l’intermédiation financière
La fonction de l'intermédiation financière est l'opération qui consiste à mettre en contact des
agents non financiers ayant une capacité de financement appelés prêteurs avec d'autres agents
non financiers ayant un besoin de financement appelés emprunteurs, afin de réaliser
l'équilibre épargne-investissement.
En effet « l'intermédiation vise à faire coïncider les choix de portefeuilles des deux types des
agents non financiers, les emprunteurs et les prêteurs et ceci par le biais d'un organisme
appelé intermédiaire financier qui a pour fonction de recueillir des fonds des agents à
excèdent de ressources et les transforment auprès des agents à déficit de financement.
-Les agents à déficit de financement remettent en échange de la monnaie perçue sous forme
d'emprunt ou d'avance, des reconnaissances des dettes, ou titres de la dette primaire (valeurs
mobilières, hypothèques, cautions, etc....).
-Les prêteurs initiaux (déposants, épargnants) reçoivent des intermédiaires financiers
monétaires ou non monétaires des rémunérations (taux d'intérêt) ou des titres de la dette
secondaire (livret d'épargne, carnet de pot, bon de caisse, valeur de SICAV).
L'intermédiation financière comporte deux aspects : intermédiation de marché et
intermédiation de bilan :
L'intermédiation de marché est assurée par les entreprises d'investissement, «personnes
morales, autres que les Établissements de crédit, qui ont pour profession habituelle et
principale de fournir des services d’investissement ». Les activités principales de
l'intermédiaire de marché sont la transmission et l’exécution d’ordres portant sur les
instruments financiers (actions et autres titres).
Les banques commerciales assurent l'essentiel de l'intermédiation de bilan. Elles
accordent des crédits aux agents à besoin de financement à partir de leurs ressources
propres et des dépôts collectés auprès des agents à capacité de financement. Les dépôts
reçus et les crédits octroyés sont inscrits dans le bilan de la banque, les dépôts comme
dettes et les crédits comme créances.
Le profit de l'intermédiaire financier est constitué par la différence entre les deux types de
titres.
b. Spécificité de l’intermédiation bancaire
On parle d'intermédiation bancaire pour désigner la fonction remplie par les banques comme
intermédiaires financiers. Elle consiste à collecter les disponibilités sous forme d'épargne et
de dépôts auprès des agents économiques et à accorder des crédits.
Pour pouvoir exercer sa principale activité, à savoir la distribution du crédit et la création de la
monnaie, la banque commerciale a besoin à collecter des ressources qui prennent souvent la
forme de dépôts à vue et à terme, de compte d'épargne et de bon de caisse et les certificats de
dépôt.
Les comptes à vue : constituent des ressources « gratuites » c'est-à-dire non rémunérée par
des intérêts mais génèrent un coût de réseaux et de gestion des moyens de paiement.
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Les comptes à terme, les bons de caisses et les certificats de dépôts : sont des ressources
théoriquement stables, mais en réalités, souvent volatiles lors des arrivées d'échéances et
surtout coûteuses (taux proche de celui du marché monétaire) car elles sont concurrencées par
les sociétés d'investissement à capital variable (SICAV) et les fonds communs de placement
monétaire (FCP) ou de trésorerie.
Les comptes d'épargne (livret, épargne-logement) : sont des ressources à vue mais
structurellement stables et peu rémunérées.
Les banques commerciales jouent un rôle majeur dans la distribution de crédit à l'économie.
Deux types de financement bancaire sont à distinguer : le financement non monétaire et le
financement monétaire.
Le financement non monétaire : lorsqu’une banque distribue des crédits en puisant
dans une épargne préalablement collectée, elle réalise une simple transformation
financière et prête de la monnaie qu'on lui a confiée. Ce type de financement, lié à des
ressources préexistantes, est qualifié de financement non monétaire.
Le financement monétaire : lorsqu’une banque accorde un crédit sans épargne
préalable, elle crée de la monnaie scripturale : dans ce cas, elle inscrit au crédit du
bénéficiaire la somme demandée. Ce type de financement qui est une spécificité de
l'activité bancaire, est qualifiée de financement monétaire. Lorsque le client de la
banque rembourse son crédit, il y a destruction de la monnaie scripturale. Les banques
voient donc successivement la monnaie qu'elles créent augmenter ou diminuer en
fonction des opérations de création et de remboursement.
Cependant, la création monétaire opérée par les banques est régulée par la banque centrale
(BEAC) pour éviter une augmentation excessive de la quantité de monnaie dans l'économie.
2. L’intermédiation financière des banques islamiques
L’intermédiation bancaire est la situation dans laquelle la banque collecte des ressources
auprès de ceux qui ont des excédents c’est-à-dire ceux qui ont des capacités de financement
au profit de ceux qui ont des déficits, soit des besoins de financement. On parle
d’intermédiation dans la mesure où la créance détenue par les agents à excédent (sur compte
bancaire ou livrets) est différente de la dette des agents à déficit (par crédit bancaire). Dans la
plupart des cas, les banques accordent des crédits aux entreprises et aux ménages en collectant
des ressources sous forme de dépôts sur des comptes chèques et comptes d’épargne.
Etant donné les spécificités de la mobilisation des fonds et des financements offerts par la
banque islamique, l’intermédiation financière islamique présente des caractéristiques
distinctes.
Principalement, l’intermédiation des banques islamiques est rigide et compartimentée.
Chaque type de dépôts est affecté à une catégorie donnée de financements
D’abord, les comptes d’épargne servent à des financements de nature commerciale tels que la
Mourabahah, l’Ijarah, le Bay‘ Salam.
C’est une intermédiation non basée sur le principe de partage des profits et des pertes. Elle
englobe des formes de financements exempts du taux d’intérêt mais qui remplissent des
fonctions similaires à celles des banques conventionnelles. Ensuite, les comptes de Zakat et
les comptes du service social permettent de financer des activités de soutien aux agents en
nécessité, aux associations au but non lucratif, etc. Il s’agit d’une intermédiation sociale et
caritative qui n’adhère pas aux principes purement économiques. Enfin, les comptes
d’investissement gérés selon le principe de Moudarabah servent à des financements de projets
productifs à long terme (Moudarabah et Moucharakah).
Une telle intermédiation est basée sur le principe de partage de profits et des pertes du côté
des dépôts et du côté des financements.
Cette intermédiation participative paraît constituer la spécificité des banques islamiques en
matière d’intermédiation. En fait, elle ne se limite pas à de simples relations prêteurs-
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emprunteurs, mais elle développe une double relation d’agence entre la banque et le déposant
d’une part et la banque et l’entrepreneur d’autre part. Dans cet esprit, la banque islamique
joue un rôle essentiel de débouchés d’épargne et de concepteur d’investissement tout en étant
un partenaire.
Les banques islamiques doivent proposer des tarifs compétitifs pour faire face à la concurrence des
banques classiques qui existent depuis beaucoup plus longtemps et qui sont souvent de très grande
taille ce qui leur permet de baisser leurs coûts. Les services des banques islamiques sont plus chers
lorsque l’Etat impose des impôts et taxes inadaptés aux financements islamiques. Dans la plupart des
pays, la réforme de la fiscalité est une condition préliminaire au développement de la finance
islamique.
Si le client de la banque islamique est incapable de payer certaines échéances à temps, la Charia
n’autorise pas la banque à lui ajouter des pénalités de retard. Pour éviter les abus, la banque doit
pouvoir pénaliser les clients de mauvaise foi, et certaines banques imposent des pénalités de retards
sous certaines conditions. En principe, la banque ne doit pas garder ces
Les techniques de financements islamiques utilisées de nos jours, appelés Musharaka, Salam,
Murabaha (voir ch.2.2) ne datent pas d’aujourd’hui. Effectivement, toutes les techniques de
financement sont inspirées de la vie du prophète Mohammed, de ses dires et de ses actes, et
datent donc du 7ème siècle après J.-C (Kahf et Khan, 1989, p. 4-6).
Section 1 Les instruments de financement achat/vente (commerciales)
a. Al Mourabaha
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Le Mourabaha est un contrat de vente entre une banque islamique et un client de la banque.
Le client donne l’ordre à la banque d’acquérir pour son compte un actif et s’engage dans un
contrat à racheter le bien au prix de revient avec une marge de bénéfice revenant à la banque.
Cette marge est déterminée à la suite de négociations entre la banque et le client donneur
d’ordre. Le calcul de cette marge se fait sur la base de la même formule de calcul que le taux
d’intérêt. Le contrat de Mourabaha ne porte que sur des actifs existant au moment de la
signature du contrat. Le Mourabaha fait intervenir la banque sur deux terrains, d’abord elle
identifie et signe un contrat d’achat avec le fournisseur et en suite signe un contrat de vente
avec son client (le donneur d’ordre).
Après la signature du contrat, la banque se charge de toutes les opérations liées à l’acquisition
et au transfert du bien au donneur d’ordre. Après la livraison, le bien devient la propriété
exclusive du donneur d’ordre. Ce dernier à la possibilité de payer comptant le bien après la
livraison ou opter pour un paiement différé. Dans ce dernier cas, le paiement peut être sous
forme de loyers avec un échéancier bien défini que le client doit s’engager à respecter. Cette
modalité de paiement amène certains auteurs a affirmé que le Mourabaha est identique au prêt
à intérêt, parce que ces loyers comprennent la marge de profit de la banque et peuvent être
considérés comme des intérêts versés par le client. En guise de réponse les théoriciens de la
finance islamique affirment que la différence entre ces deux opérations est que le prêt à intérêt
classique ne concerne que l’argent alors que le Mourabaha ne porte que sur des actifs réels. Le
Mourabaha peut être très utile aux PME, qui à cause de leur faiblesse sur le plan financier et
commercial ont des difficultés à accéder à certains marchés contrairement aux grandes
entreprises. Pour les PME le Mourabaha pourrait être un excellent moyen pour importer des
marchandises, des matières premières ou des équipements et outils industriels.
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En résumé, la Mourabaha est une vente qui peut, au jour d’aujourd’hui, prendre trois formes :
Mourabah : la banque achète un actif corporel et le vend au client, lequel souhaite posséder
l’actif en question.
Tawarruq : la banque achète une matière première auprès d’un courtier puis la vend au client
qui ne souhaite pas la garder et la revend à un autre courtier pour obtenir des liquidités.
Bai al Inah : la banque vend son actif au client (à crédit), lequel le revend immédiatement à la
banque (au comptant) et obtient en retour la somme souhaitée. Le bai al Inah n’implique que
deux parties, alors le Tawarruq en implique davantage.
La Mourabaha pourrait être utilisée pour financer l’achat d’un actif qui existe déjà – une
voiture, un bâtiment, une machine, etc. Pour financer un actif qui n’existe pas encore (des
produits agricoles qui doivent être cultivés ou des immeubles en construction, par exemple),
ce sont le Salam ou l’Istisna qui sont utilisés.
b. Al Istisnaa
L’Istisna est une opération semblable au Mourabaha, mais ici le contrat porte sur un bien qui
doit être fabriqué ou construit. Exemple : ENEO a besoin d’un modèle spécifique de turbine,
elle s’adresse à la banque islamique avec laquelle elle signe un contrat d’Istisna. La banque
islamique contacte à son tour le fabricant et se charge de payer toutes les charges liées à la
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c. Al Salam
La vente Salam obéi aux mêmes règles que le contrat d’Istisna, mais dans le contrat de vente
Salam les paiements sont exigés d’avance. En d’autres termes le client doit libérer une partie
ou la totalité des fonds avant que la banque ne passe la commande du bien objet du contrat.
L’avantage de cette opération c’est que le client se met d’une certaine manière à l’abri des
risques de taux et de change que la banque devra assumer le cas échéant en libérant les fonds
d’avance.
d. Al Ijara
L’équivalent de l’opération de leasing ou de crédit-bail dans la finance islamique est l’Ijara.
La différence ici n’est qu’une question de terminologie et elle est aussi liée au fait que les
banques islamiques ne financent pas les actifs en rapport avec des activités prohibées par la
Sharia’a
On entend par Ijara, tout contrat selon lequel un établissement de crédit met, à titre locatif, un
bien meuble ou immeuble, identifié et propriété de cet établissement, à la disposition d’un
client pour un usage autorisé par la loi.
Dans le contrat d’Ijara le client choisit lui-même le bien en question, négocie le prix avec le
fournisseur et ensuite informe la banque, à laquelle il donne mandat pour l’acquisition du
bien. Cette opération met donc en rapport trois parties : le client, la banque et le fournisseur.
Dans une opération d’Ijara, le matériel demeure la propriété de la banque pendant toute la
durée du contrat. Le contrat d’Ijara ne concerne que les biens durables et répondant à un
standard défini par la banque. Les actifs comme les licences d’exploitation de ressources
naturelles (pétrole, minéraux…), les brevets, les droits d’auteur n’entrent pas dans le cadre de
contrat d’Ijara.
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Pour jouir d’un contrat d’Ijara, le client (locataire) doit fournir un certain nombre de
documents qui feront l’objet d’une analyse de la part de la banque. Ce sont : la demande
d’acquisition du bien sous Ijara, une facture proforma, les états financiers des trois dernières
années.
Le contrat d’Ijara doit contenir des clauses précisant : la nature de l’opération, le bien,
l’engagement du client à louer le bien, le montant des loyers, les modalités de son paiement et
les dates des échéances, les divers frais et les cas ou conditions de résiliation du contrat et de
son renouvellement.
Dans cette opération, les loyers sont déterminés d’accords partis entre l’institution de crédit
islamique et le locataire. Les loyers sont en général fixés en fonction des moyens du locataire,
ainsi on distingue deux type de barème : un barème linéaire et un barème dégressif.
Pendant toute la durée d’un contrat d’Ijara, le locataire est seul responsable du bien, raison
pour laquelle il est souvent sollicité directement ou indirectement pour l’assurance.
Le contrat d’Ijara nécessite aussi des garanties qui peuvent être des sûretés réelles ou
personnelles, souvent c’est le bien objet du leasing qui constitue la garantie.
L’Ijara est un contrat synallagmatique et sa durée est irrévocable. Les causes pouvant mettre
fin au contrat d’Ijara sont : le non-paiement des loyers, la sous location, la cession ou la mise
en gage du bien, l’asymétrie de l’information…
Si le locataire ne respecte pas ses engagements, il devra restituer le bien à la banque et verser
les loyers restants en guise d’indemnisation. Les banques islamiques sont beaucoup plus
souples concernant les garanties dans les contrats d’Ijara que les banques classiques dans les
contrats de crédit-bail.
En effet les banques islamiques sont en principe plus sensibles aux difficultés d’ordre
économiques et financières auxquelles peuvent être confrontés les locataires et qui sont
indépendant de ces derniers. En général dans ces cas, les banques islamiques accordent un
délai supplémentaire pour permettre aux locataires d’améliorer leur position de trésorerie.
A la fin du contrat, le locataire peut renouveler le contrat, dans ce cas les loyers seront
inférieurs à ceux du premier contrat. Il peut aussi décider de restituer le bien et mettre fin au
contrat d’Ijara ou simplement convenir avec la banque pour un transfert de propriété en
achetant le bien. Dans ce dernier cas en principe la banque ne demande qu’une somme
symbolique puisqu’elle est déjà rentrée dans ses fonds.
L’Ijara ou le crédit-bail est un mode de financement qui peut permettre aux particuliers et aux
entreprises d’obtenir des équipements ou des immobilisations qu’ils ne peuvent acheter
directement. Ce type de financement doit être privilégié par les PME à cause des avantages du
système des amortissements et du fait que les loyers payés sont considérés comme des
charges sur le plan comptable.
Le contrat d’Ijara est aussi utilisé dans la conception des obligations islamiques (Sukuk) où
les loyers représentent les coupons et le bien l’actif sous-jacent.
e. Ijara Wa iktina ou location-vente
L’Ijara wa iktina est un contrat de crédit-bail au même titre que l’Ijara cité ci-dessus, la seule
différence est que le locataire s’engage dès le départ à racheter le bien à la fin du contrat.
Dans cette opération, les loyers payés servent à la fois de rémunération à la banque mais aussi
de marge bénéficiaire. La banque islamique ouvre au nom du locataire un compte
d’investissement dans lequel seront versés les loyers et ce compte fait l’objet d’une
rémunération de la part de la banque au profit du client (locataire).
Section 2 Les instruments participatifs et les instruments des institutions
non bancaires
1. Les instruments participatifs
Contrairement aux contrats de vente et de bail qui supposent un échange, la troisième
catégorie d’instruments implique la mise en commun d’actifs. Il s’agit de contrats basés sur le
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Finance islamique II : (15 heures) ; Principales techniques de financement islamique
partenariat au titre desquels la banque islamique investit des capitaux pour devenir partenaire
du client. Les produits participatifs sont dont des produits où l’investisseur et l’entrepreneur
prennent tous les deux parts au projet financé dans le but de dégager un profit. Pour la banque,
le rendement dépend des résultats du client. Dans cette catégorie, on trouve la Moucharaka et
la Moudaraba.
a. Al Moudaraba
Au titre d’un contrat de Moudaraba, seule la banque (Rab al maal ou bailleur de fonds)
apporte des capitaux alors que le client (Moudarib ou entrepreneur) gère le projet. La banque
n’est pas habilitée à intervenir dans la gestion quotidienne du projet. Les éventuels profits sont
partagés, alors que la banque (Rab al maal unique) assume les pertes (monétaires). Le client
ne perçoit pas de salaire, et s’il ne réalise pas de profit, le temps et les efforts consacrés à
l’opération sont perdus.
Dans cette opération, la banque est le seul pourvoyeur de fonds tandis que le ou les
promoteurs n’apportent que de l’industrie et/ou leur savoir-faire. Cependant, il peut arriver
que l’on demande à l’entrepreneur de participer au capital dans le but de pousser ce dernier à
s’impliquer davantage dans le projet.
Dans une opération de Moudaraba, la responsabilité de la bonne conduite et la gestion du
projet reposent sur les épaules de l’entrepreneur (Moudarib). La banque évite de s’immiscer
dans la gestion du projet sauf si l’entrepreneur le souhaite. Toutefois dans la pratique, la
banque désigne un ou plusieurs experts chargés de suivre le déroulement du projet grâce au
plan de développement présenté par le promoteur. L’entrepreneur doit coopérer pleinement
avec ces experts et ces derniers doivent être associés à toute modification stratégique ou
changement susceptible d’influencer les résultats. Le promoteur a donc le feu vert tant qu’il
suit la ligne de conduite stipulée dans le contrat de Moudaraba.
Les fonds de Moudaraba sont accordés après une analyse des dossiers de demande présentés
par les intéressés. Le choix porte d’abord sur les projets qui ont une rentabilité prévisionnelle
très élevée (atteignant 25 %) et présentant moins de risques. A cela il faut ajouter la faisabilité
du projet, le coût des investissements, la compétence de l’entrepreneur, ses expériences en la
matière, sa moralité, sa motivation…
En général dans une opération de Moudaraba, la banque fournit 75 % à 95 % des fonds et cela
par tranches selon la planification indiquée dans le contrat.
Concernant les bénéfices, une clé de répartition est fixée suite aux négociations entre les deux
parties. La rémunération de la banque varie entre 40 % et 55 % des bénéfices nets. En cas de
faillite, la banque supporte les pertes financières et le promoteur ne subira que des coûts
d’opportunité c’est-à-dire son temps et ses efforts. Cependant si la faillite est due à une
négligence ou une faute de gestion de l’entrepreneur, celui-ci devra assumer sa part de
responsabilité.
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Finance islamique II : (15 heures) ; Principales techniques de financement islamique
b. Al Moucharaka
Le Mousharaka est un contrat de financement qui part du même principe que la Moudaraba,
seulement ici on est dans le cas d’une association qui ressemble souvent à une société de fait.
Le Mousharaka est un contrat de partenariat entre deux ou plusieurs parties en général entre
une institution financière et un ou groupe d’entrepreneurs où chaque partie doit réaliser un
apport soit en numéraire ou en nature. Les associations par Mousharaka peuvent revêtir la
forme d’une société anonyme et jouir de tous les droits en tant que telle. Dans cette opération
toutes les parties prenantes sont associées à la gestion du projet sauf en cas de refus de l’une
d’elles d’y prendre part. La rémunération des associés est basée sur les bénéfices et le partage
se faire au prorata des apports. De même les pertes sont supportées par chaque associé en
fonction de sa participation. Aussi les associés sont rémunérés pour les fonctions qu’ils
assument dans la conduite du projet et cela indépendamment de la répartition générale des
bénéfices.
On distingue plusieurs types de Mousharaka, mais à notre niveau nous ne parlerons que du
Mousharaka de durée indéterminée et de Mousharaka dégressif.
Le contrat de Mousharaka de durée indéterminée est une prise de participation pure et simple
de la banque dans une société et elle demeure actionnaire tant que le projet fonction
normalement.
Le contrat de Mousharaka dégressif est un prêt participatif où le remboursement se fait selon
un plan défini dans le contrat. A l’échéance, la banque cède ses parts à l’entrepreneur et se
retire complètement du projet au bénéfice de ce dernier. Un contrat de Mousharaka respect
dans toutes ses lignes les règles du droit contractuel et islamique et est soumis aux mêmes
conditions que le contrat de Moudaraba. Le Mousharaka peut s’appliquer aux activités du
commerce, de l’industrie et de l’agriculture. Les banques islamiques du Soudan utilisent cette
technique de financement dans le milieu agricole, elles fournissent aux paysans tous les outils,
les semences, les engrais, le carburant… A la vente des récoltes les fermiers empochent 30 %
et les 70 % restant sont répartis entre la banque et le cultivateur selon les termes du contrat.
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Finance islamique II : (15 heures) ; Principales techniques de financement islamique
Les obligations sont essentiellement des dettes contractuelles alors que les Soukouk ne
le sont pas.
Les détenteurs de Soukouk sont habilités à partager les profits générés par la vente
et/ou la liquidation des actifs sous-jacents.
Les détenteurs d’obligation ne participent pas aux pertes alors que les détenteurs de
Soukouk partagent les pertes.
Quand les Soukouk représentent eux-mêmes des dettes, ils ne sont plus négociables.
Explication : Une société X possède des biens A et B. Une société Y possède des biens C et D. Ces biens
doivent respecter la morale islamique et peuvent être de diverses natures (immeubles, crédit-bail, etc.).Les deux
sociétés (X et Y) effectuent un transfert fiduciaire de leurs biens à un fiduciaire. A ce titre, le fiduciaire possède
les biens des deux sociétés.
Le fiduciaire émet des titres de créances (les Sukuks) auprès d’investisseurs. Les investisseurs touchent des
coupons, fonctions des bénéfices réalisés par les biens A, B, C et D.
b. L’assurance Takaful
Les premiers concepts de l’assurance islamique, ou «Takaful», remonte au 7ème siècle et
qu’aujourd’hui plus de 33 pays dans le monde l’ont adopté». Contrairement à ceux qui
soutiennent que l’assurance est prohibé par l’islam, le concept a des références islamiques, en
effet «toutes les actions préservant la foi, la vie, l’intellect, la postérité et la propriété font
partie de «Maslaha», donc de la Charia». Ainsi, les marchands de La Mecque avaient un
fonds d’assistance aux victimes de désastres naturels ou pour les mésaventures des caravanes
(Daman Khatar Al-tariq). Une sorte de garantie/caution pour couvrir les pertes durant les
voyages des caravanes des commerçants. Ainsi, le concept «Takaful», dérivé de la racine
Kafala» (garantie), avait pour objectif d’octroyer une assistance mutuelle sous forme
d’indemnités si un sinistre devait toucher un membre.
Takaful est donc un concept d’assurance basé sur la coopération et la protection et sur l’aide
réciproque entre les participants. Il est fondé également sur la mutualisation des risques,
l’absence d’intérêt (interdiction du riba), le partage des profits et des pertes (Moudharaba), la
délégation de gestion par contrat d’agence (Wakala) et l’interdiction des investissements
illicites (Haram). Dans l’assurance Takaful, on différencie les fonds des actionnaires et des
sociétaires. Les actionnaires ne doivent ni profiter, ni avoir de perte sur les opérations
d’assurance. Afin de contourner l’interdiction liée à la prise excessive de risque (Al Gharar) et
au paiement et réception d’intérêt (riba), la prime prend la forme d’une donation à la
communauté des assurés pour leur intérêt mutuel. Ces donations doivent couvrir l’ensemble
des charges techniques et les frais de gestion. L’opérateur n’est qu’un manager des
contributions de la communauté des sociétaires et doit calculer toutes les charges
d’exploitation et les faire supporter par le fonds. La compagnie Takaful s’engage à
redistribuer les bénéfices à ses sociétaires. Il y a deux options acceptables : distribuer à tous,
sans exception, ou distribuer à ceux qui n’ont pas eu de sinistres (similaire à un bonus). Les
actionnaires ne peuvent pas percevoir une partie du bénéfice technique. En cas de perte, ils
doivent avancer un prêt sans intérêt au fonds des sociétaires, remboursable sur les profits
techniques futurs. L’assurance Takaful est different de l’assurance conventionnelle. En effet
si l’assurance conventionnelle partage le même objectif de protection des assurés, il contient
cependant des éléments prohibés en islam dans son mode opératoire». En clair, le Takaful,
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Finance islamique II : (15 heures) ; Principales techniques de financement islamique
fondé sur la Charia s’oppose à trois interdits : le Gharar (incertitudes), le Riba (intérêt) et le
Maysir (hasard). Autant d’éléments qui invalident le contrat d’assurance conventionnel pour
la Charia. Ce faisant, le Takaful doit être conforme avec les principes de l’islam.
Le Takaful est perçu comme une assurance coopérative, où ses membres versent une certaine
somme dans un fonds commun. Le but de ce système n’est pas le bénéfice mais la garantie du
principe de «se porter assistance l’un à l’autre».
Concrètement, le schéma de fonctionnement du Takaful est celui d’un système dans lequel
des personnes (participants) formant un groupe contribuent mutuellement à un fonds commun
(fons Takaful) dans l’objectif de s’octroyer une assistance mutuelle sous forme d’indemnités
si un sinistre devait toucher un membre. Et dans ce cadre, toute transaction nécessite un
contrat «Tabarru’» (donation). Avec ce contrat, le membre renonce à une somme de sa
contribution sous forme de donation (et non une prime) qu’il accepte de verser au fonds de
Takaful. Cette donation vise l’indemnisation mutuelle des participants en cas de perte ou de
dommage défini pour ce montant convenu dans le plan Takaful. Ainsi, «le contrat Tabarru’,
pilier du système Takaful supprime le gharar (incertitude)».
Sur le plan pratique, l’assurance islamique Takaful fait intervenir deux participants :
l’Opérateur Takaful et le groupe de Participants (preneurs d’assurances). Il n’y a plus de
relations assureurs-assurés mais entre Opérateurs et Participants. Ainsi, les assureurs
s’assurent mutuellement et l’Opérateur agit pour le compte des assurés en gérant le Takaful
(gestion des souscriptions, contributions Takaful, paiement des sinistres, gestion du
portefeuille d’investissement des fonds, gestion technique, etc.).
Conclusion
Chaque opération de financement fait l’objet d’un contrat entre la banque et l’emprunteur. A
travers ces opérations, les objectifs de la banque islamique sont clairs: Faire participer les
individus dépourvus de moyen de financement dans le circuit de production, en leur offrant le
moyen de jouer un rôle actif dans le circuit, et par conséquent stimuler les secteurs sociaux
inactifs.
Concrétiser l’idée à travers laquelle, seul le travail et l’effort humain méritent une récompense
matérielle et par conséquent, la suppression de l’idée d’après laquelle le capital est le moyen
unique de revenu. Activer le financement des investissements, et assurer la promotion de
l’économie de pays musulmans.
La banque islamique prend soin d’étudier avec précision la solidité des différents projets. Elle
se doit également de mobiliser ses possibilités techniques et administratives au profit des
clients, afin de leurs assurer un maximum de chance de réussir.
De même, pour se protéger contre les risques de défaut de paiement et de changement d’avis
des clients, les banques islamiques exigent des garanties qui en principe doivent être en
fonction des moyens du client. La banque peut aussi prendre le bien vendu comme gage, tout
dépend des termes du contrat. La banque centrale du Liban par exemple conseille les banques
islamiques a exigé un apport personnel du client (« hamech al jiddiya ») qui ne doit pas être
inférieur à 15 % du montant total du contrat. En cas de défaut de paiement lié à la mauvaise
foi du client, la banque peut appliquer des pénalités mais aussi exiger un dédommagement
selon un taux fixé dans le contrat.
D’après une étude publiée par Ernst & Young, les banques de détail constituent le principal
véhicule de l’industrie financière islamique puisqu’elles gèrent 74% des actifs financiers
islamiques, contre 10% pour les émetteurs de « Sukuk » 10% pour les banques
d’investissement, 5% pour les fonds d’investissement et 1% à peine pour les compagnies de «
Takaful ». A ces differentes techniques il faut ajouter les financements sociaux sont liés à
l’allocation des fonds de Zakat appliquée aux fonds propres de la banque ou encore aux
dépôts sur l’ordre du client. Ils sont redistribués aux agents en nécessité.
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Finance islamique II : (15 heures) ; Principales techniques de financement islamique
Par ailleurs, les banques offrent d’autres services bancaires rémunérés tels que les opérations
de change au comptant, la location de coffres, l’offre des consultations et des expertises
financières et surtout le management de la richesse des clients…
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Finance islamique II : (15 heures) ; Principales techniques de financement islamique
Il faut noter qu’au Cameroun on définit les PME comme les entreprises ayant un effectif
permanent entre 21 et 100 individus et dont le chiffre d’affaires annuel hors taxe est
supérieure à 100 millions et n’excède pas un milliard de FCFA. Cette catégorie d’entreprises
représente aujourd’hui, selon les statistiques fournies par l’Institut National de la Statistique
(INS), plus de 90% du tissu économique national camerounais, pour une participation dans le
produit intérieur brut évaluée à 34%. La contribution des PME dans l’économie est plus de
FCFA 3 000 Milliards. L'apport des PME dans la croissance économique des pays en
développement montre l'importance de ce type d'entreprise. La production des PME améliore
la valeur ajoutée nationale et participe ainsi à l'accroissement du PIB qui évolue au
Cameroun. De même, le payement des impôts par les PME améliore les recettes fiscales de
l'Etat, et les activités des PME favorisent la création de nombreux emplois.
1. Les avantages et inconvénients du financement islamique pour les
PME
a. Quelques avantages des financements islamiques pour les PME
Les financements islamiques offrent beaucoup d’avantages aux PME surtout à cause du
caractère plus social des banques islamiques par rapport à la plupart des banques. En général,
les banques islamiques tiennent compte des éléments indépendants des actions et de la volonté
de l’entrepreneur et qui peuvent influencer les résultats provoquant ainsi des perturbations
dans le remboursement des prêts. Dans ces cas les banques islamiques ont souvent l’habitude
de rallonger les délais de remboursement. L’absence de taux d’intérêt constitue aussi un
avantage pour les PME car en lieu et place de l’intérêt les banques islamiques optent pour un
partage des profits mais aussi des pertes. Ce partage ne concerne que les résultats après
déduction de toutes les charges y compris la rémunération de l’exploitant. En plus la clé de
répartition n’est pas imposée par la banque mais plutôt déterminée par négociation entre les
parties prenantes. Dans les financements islamiques les banques assument autant de risques
que leurs clients dans les projets et cela à cause du principe selon lequel c’est celui qui est à
même d’assumer les risques qui doit le faire. Les banques islamiques agissent ainsi sauf si les
pertes sont dues à des fautes de gestion de l’entrepreneur (négligence, mauvaise foi…). Aussi
la nature de certaines opérations financières islamiques peut être d’un grand intérêt pour les
PME. Comme nous l’avons vu, les opérations de Moudaraba, Mousharaka ou Mourabaha
peuvent être très utiles aux PME. Les financements islamiques peuvent être aussi utiles aux
entrepreneurs débutants ou ceux qui veulent exploiter de nouveaux marchés et cela grâce aux
instruments de participation comme le Moudaraba et le Mousharaka. Ainsi les promoteurs
grâce à un partenariat reposant sur un partage de risques et des profits pourront réaliser leurs
projets. Et aussi les opérations d’Ijara, d’Istisna et de Salam sont des instruments très adaptés
au financement du haut du bilan que les PME peuvent facilement intégrer dans leur plan
d’investissement. Au niveau des garanties, les banques islamiques demandent souvent
presque les mêmes que les banques classiques. Mais au niveau des banques islamiques ces
garanties peuvent être allégées ou même abandonnées au profit de la réputation du promoteur,
de l’impact social du projet et la qualité des relations entre l’entrepreneur et la banque.
b. Quelques inconvénients des financements islamiques pour les PME
Le premier des inconvénients liés aux financements islamiques est que les banques islamiques
refusent de financer les activités dont la licéité du point de vue de la Sharia’a n’est pas
prouvée. Certains projets doivent obtenir l’approbation du comité de Sharia’a pour bénéficier
du financement des banques islamiques. Il peut arriver que l’activité financée soit « halal »
mais engendre indirectement ou directement une autre activité qui ne respecte pas la Sharia’a.
Tout ceci fait que les montages financiers comprenant une part islamique sont très difficiles à
mettre en œuvre, nécessitant souvent l’intervention de spécialistes du droit islamique et des
financements islamiques. Ce qui peut avoir pour conséquence une augmentation du coût final
du projet. Dans le cadre de financement de projets les banques islamiques exigent souvent la
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Finance islamique II : (15 heures) ; Principales techniques de financement islamique
Ce qui a une conséquence sur la rentabilité financière que l’on ne peut négliger.
2. Les avantages et inconvénients pour les banques islamiques
a. Quelques avantages pour les banques islamiques
En concentrant une partie de leurs activités sur les PME, les banques islamiques diversifient
leur clientèle et agrandissent leur part de marché. Même si elles enregistrent moins de recettes
avec les PME qu’avec les grandes entreprises, les banques islamiques peuvent compter sur
l’effet d’échelle induit par l’importance du nombre des PME pour s’en sortir. Dans le cadre
des opérations de financement par participation, les banques islamiques enregistrent souvent
des résultats supérieurs à ceux des opérations de crédit classiques. Les banques islamiques
étant rémunérées à partir des profits réalisés voient donc leurs recettes augmenter au fur et à
mesure que la rentabilité du projet financé s’améliore. Alors que les recettes du crédit
classique sont souvent fixes et ne varient qu’avec le taux de base bancaire si seulement cela
est précisé dans le contrat. Etant donné que la plupart de leurs financements ne portent que sur
des actifs réels, les banques islamiques règlent de manière partielle leurs problèmes de
garanties car les actifs financés constituent en même temps les sûretés (Ijara, Istisna…).
b. Quelques inconvénients pour les banques islamiques
Les banques islamiques dans beaucoup de leurs opérations de financement rencontrent de
nombreuses difficultés. Ces difficultés sont liées soit à la nature de leurs opérations de
financement ou aux principes même de la finance islamique. Dans le cas des opérations de
participation comme le Mousharaka et le Moudaraba, les banques islamiques prennent des
risques que les banques classiques refusent de prendre. En posant comme condition de leur
rémunération la réalisant de profits grâce à l’activité financée, les banques islamiques non
seulement s’exposent aux aléas de la vie économique, aux risques de défaut de paiement et
sont souvent victimes d’asymétrie de l’information de la part de leurs clients. En jetant un
coup d’œil dans les rapports annuels de certaines banques islamique, on remarque un montant
des créances en souffrance qui est très élevé. Même si l’on ne peut attribuer la totalité de ces
comptes aux PME/PMI, il faut reconnaître qu’elles y ont une part qui n’est pas négligeable.
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Finance islamique II : (15 heures) ; Principales techniques de financement islamique
Aussi sur le plan fiscal, ressortent de ces opérations des problèmes qui ont tendance à minorer
les gains des banques islamiques. La marge sur les actifs vendus dans les opérations de
Mourabaha et les bénéfices des opérations de participation ne sont souvent pas considérés par
les administrations fiscales comme des produits financiers au même titre que l’intérêt
classique, donc ces profits subissent l’impôt sur les revenus.
De même la TVA et les taxes d’enregistrement sur certains produits comme l’Ijara et le
Mourabaha entrainent une augmentation du coût de ces produits. Ce qui est un obstacle pour
ces produits sur le plan de la compétitivité par rapport aux produits financiers classiques.
Selon les principes de la finance islamique, les banques islamiques doivent prendre, dans les
opérations de financement au moins autant de risques que leurs clients. Elles ne peuvent donc
transférer la majeure partie des risques sur les clients comme peuvent le faire les banques
classiques. Et aussi en cas de retard de paiement de la part de leurs clients, les banques
islamiques par principe peuvent difficilement appliquer des pénalités de retard par crainte de
se voir pratiquer le Riba. Par peur de pratiquer également le « Gharar » (la spéculation
financière), les banques islamiques n’ont pas recours aux instruments de couverture comme le
swap, les options… Ce qui a pour conséquence une exposition aux risques de taux et de
change dans les opérations au niveau international.
CONCLUSION
La finance islamique est fondée sur les principes de la loi islamique qui imposent justice,
équité et transparence. La finance islamique se distingue des pratiques financières
conventionnelles par une conception différente de la valeur du capital et du travail. Ainsi, ces
pratiques mettent en avant l'éthique et la morale et puisent leurs sources dans la révélation
divine et dans la sunna (« tradition prophétique ») tout en s'inspirant des pratiques
économiques et financières à l'époque du prophète Mahomet. La finance islamique, en accord
avec le droit musulman selon de nombreux jurisconsultes et théologiens, est notamment
fondée sur l'interdiction de l'intérêt et la responsabilité sociale de l'investissement. Elle lie
plus étroitement la rentabilité financière d'un investissement avec les résultats du projet
concret associé. L’islam interdit les transactions tant civiles que commerciales faisant recours
à l'intérêt (ribâ) ou à la spéculation (maysir).
Dans une analyse objective, loin de tout autre calcul idéologique ou politique, l’économie
islamique en général et la finance islamique en particulier pourraient apporter, entre autres
alternatives, des solutions à certains problèmes économiques mis en relief en Afrique dans
son contexte post révolutionnaire. Ceci est valable, non seulement pour le Cameroun, mais
également pour les autres pays souffrant des mêmes problèmes: chômage, dégradation du
pouvoir d’achat, problèmes liés au développement et à l’infrastructure…
Aujourd’hui la finance islamique après trente années présente un taux de croissance très élevé
presque partout dans le monde entier. En effet la finance islamique se chiffre à 700 milliards
de dollars sur le marché mondial en 2008, à 1300 milliards en 2011 et a 1540 milliards de
dollars en 2012. Cette croissance est la preuve que l’efficacité de la finance islamique n’est
plus une question à l’ordre du jour. Malgré cette croissance, la finance islamique fait encore
face à de nombreux obstacles qui constituent pour elle un véritable frein à son évolution dans
la plupart des pays. Ce sont des obstacles liés à la réglementation bancaire, à la fiscalité, à sa
connotation religieuse et à une répartition des risques au niveau des banques islamiques qui
laisse encore à désirer. En Afrique, la finance islamique est encore à ses balbutiements même
si on note de plus en plus l’ouverture de banques islamiques dans la plupart des pays. On
constate aussi que les banques islamiques son très peu connues même dans les pays dont la
population est à majorité musulmane. On a l’impression que les banques islamiques sont plus
repliées sur elles-mêmes par rapport aux banques classiques. Pourtant les banques islamiques
peuvent jouer un rôle très important dans la croissance économique des Etats en s’investissant
davantage aux cotés des PME/PMI. Les banques islamiques dans les pays de la zone CEMAC
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Finance islamique II : (15 heures) ; Principales techniques de financement islamique
et UEMOA, doivent profiter des dérogations qui leur sont offertes sur le plan de la
réglementation bancaire pour amplifier leur coopération avec les PME. En effet les PME
traversent une situation économique très difficile aujourd’hui, donc toutes les sources de
financement doivent être exploité par ces dernières y compris les financements islamiques,
qui d’ailleurs bien qu’un peu compliqués offrent beaucoup d’avantages.
Ces opérations incluent différents contrats connus dans le droit musulman comme les contrats
de participations (Moucharakah et Moudarabah).
touche ainsi des loyers réguliers, la deuxième personne prête son argent et perçoit une
rémunération sous forme d’intérêt. Par conséquent, chacune de ces deux formes de revenu
représente une rémunération sur la somme d’argent utilisée; pourquoi donc interdire la
deuxième forme?!
Le risque de concentration dans les banques islamiques Le risque de concentration peut se définir
comme l’exposition excessive à un secteur particulier, à une région géographique donnée, à un type
d’activité bien spécifique, à un mode de financement déterminé… Cet investissement excessif peut
engendrer des pertes significatives pour l’investisseur en cas de crise touchant le secteur en
question, le marché ou la zone géographique choisis. Afin de diminuer l’effet de ce risque, les
banques optent pour la diversification en répartissant leurs portefeuilles entre plusieurs secteurs,
plusieurs marchés dans différentes zones géographiques, en assurant une panoplie d’activités…
Plusieurs.
Avantages des techniques de partage des pertes et profits (PPP) Selon Al-Jarhi et Iqbal (2002),
l’utilisation des contrats de partage des pertes et des profits apporte plusieurs avantages : -
L’affectation des ressources financières sur la base du principe de partage des pertes et des profits
donne plus d’importance à la rentabilité des projets, alors que celle basée sur l’intérêt ne s’intéresse
qu’à la solvabilité des débiteurs. On peut s’attendre donc à ce qu’une affectation faite sur la base de
la rentabilité soit beaucoup plus efficace que celle qui se fait sur la base de l’intérêt.
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Finance islamique II : (15 heures) ; Principales techniques de financement islamique
- Un système basé sur la participation aux bénéfices est beaucoup plus stable qu’un système basé sur
le calcul d’un intérêt fixe sur le capital. Dans ce dernier système, la banque est obligée de payer un
montant fixe sur les comptes de dépôts, indépendamment de leur destinée, même si les conditions
économiques se détériorent. Dans l’autre système en revanche, les revenus payés sur les obligations
de la banque dépendent directement du résultat global de son portefeuille d’investissement. Par
conséquent, le coût du capital s’ajustera automatiquement en s’adaptant aux changements des
conditions de production. En outre, tout choc affectant le passif du bilan de ces banques sera
automatiquement amorti. Cette flexibilité, non seulement prévient l’échec des entreprises en quête
de financement, mais elle assure une certaine harmonie entre les cash flow de l’entreprise et le
remboursement de ses dettes, ce qui constitue un facteur de stabilité du système financier. - La
richesse est créée en fonction des opportunités d’investissement au niveau du secteur réel de
l’économie ; les facteurs réels liés à la production des biens et des services (en contraste avec les
facteurs financiers) deviennent les principaux éléments de formation des taux de rendement du
secteur financier. - La transformation du système de l’intérêt en un système basé sur l’assomption
solidaire des pertes et des profits aide à la réalisation des objectifs de la croissance économique, car
il aboutit à une augmentation de l’offre de capitaux à risque ; cela encourage donc les entrepreneurs
à investir dans le domaine de la production du fait que les bailleurs de fonds prennent leur part de
risque.
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