Memoire Ya Cor
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Memoire Ya Cor
Mémoire de maîtrise
Présenté par :
Ya Cor NDIONE
Encadreur:
Dr Mamadou DANSOKHO
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Remerciements
Je tiens tout d’abord à remercier Dr. Mamadou DANSOKHO qui a accepté d’encadrer ce
travail et qui a beaucoup contribué à sa réalisation.
J’exprime ma gratitude à toute ma famille, mes parents, mes frères et sœurs qui m’ont
toujours soutenu.
Je remercie mon amie Aminata DIOUF ainsi que tous les membres sa famille qui ont été une
deuxième famille pour moi depuis mon arrivée à Dakar.
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Sommaire
Introduction et contexte
Conclusion
Bibliographie
Annexe
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Sigles et acronymes
ANSD: Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie
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PA: Programme Agricole
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Impact des politiques agricoles sur la sécurité alimentaire au Sénégal
Introduction et contexte
La FAO, en 2006 chiffrait à 800 millions le nombre de personnes souffrant de faim à travers
le monde. Ce chiffre a très peu varié depuis la période de 1996, où les engagements ont été
pris de réduire la faim de moitié d’ici l’horizon 2015. La recrudescence de la faim dans le
monde se manifeste à travers les crises alimentaires dont le nombre, au cours des 20 dernières
années, a augmenté d’une moyenne de 15 à plus de 30 crises par an à partir de 2000.
Avec la flambée des prix des denrées alimentaires en 2007-2008 le pourcentage de population
souffrant e faim dépasse 15%, ainsi la barre du milliard d’individus est franchie (FAO 2008).
L’origine de cette flambée des prix agricoles est double : d’un côté il y a la volatilité des prix
agricoles exacerbée par la suppression progressive des instruments de régulation des marchés;
de l’autre il y a la disparition des stocks de sécurités aux États-Unis et dans l’Union
Européenne, ces stocks devant permettre de lutter contre les spéculations sur les prix
alimentaires. Il était normal, dans ce contexte particulièrement hostile qu’une infime variation
entraine l’embrasement du système. Ainsi il a suffi qu’une minime augmentation de la
demande combinée à une baisse de la production pour que les prix alimentaires flambent. Les
causes de la flambée des prix agricoles de 2008 sont donc à rechercher aussi bien du côté de
l’offre que du côté de la demande de produits alimentaires. En effet, La hausse de la demande
alimentaire due à la production de biocarburant et à la hausse de la consommation alimentaire
avec l’amélioration du niveau de vie des pays émergents a entraîné une hausse des prix des
produits agricoles. De même la baisse de la production mondiale, due à la sécheresse en
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Australie, à la flambée des prix du pétrole qui renchérit les prix des intrants, aux restrictions et
embargos à l’exportation décidés par certains pays producteurs pour garantir leur propre
sécurité alimentaire, sont des éléments essentiels dans cette flambée des prix.
Cette hausse des prix agricoles en 2008 qui était à l’origine des «émeutes de la faim»,
constitua un coup dur pour les économies de l’Afrique occidentale déjà très affaiblies. Et cela
était d’autant plus difficile pour ces pays que ceux-ci sont essentiellement agricoles et ont
toujours compté sur le développement de leur agriculture pour se garantir une satisfaction de
leur besoins alimentaires et asseoir un développement durable. La crise alimentaire actuelle
repose le débat sur l’adéquation et l’efficacité des politiques agricoles dans la lutte contre la
pauvreté et la faim dans le monde. En effet dans la genèse des politiques agricoles il était
question outre l’amélioration des revenus des producteurs de garantir aux consommateurs des
prix bas et stables donc un accès facile à l’alimentation. Dans nos sociétés modernes ce
dernier point semble souvent être oublié. Pourtant la seule légitimité à laquelle les politiques
agricoles peuvent aspirer est la satisfaction des besoins alimentaires. Cet objectif est d’autant
plus important que la sécurité alimentaire est de plus en plus perçue comme l’objectif majeur
de l’agriculture et donc de la politique agricole.
Le terme de sécurité alimentaire fut avancé pour la première fois lors de la conférence
mondiale sur l’alimentation de 1974 à la suite de la crise majeure du système alimentaire
mondial des années 70. Dans les années, 70 l’augmentation des prix du pétrole par l’OPEP
qui avait contribué à renchérir le coût de l’énergie et des autres intrants du secteur agricole
tels que les fertilisants avait été à l’origine d’une grave crise alimentaire. Dès lors la question
de la sécurité alimentaire était au cœur des débats, mais ce n’est que lors du sommet mondial
de l’alimentation de 1996, que la FAO a défini l’objectif de sécurité alimentaire comme étant
d’assurer à tous les êtres humains un accès physique et économique aux aliments de base dont
ils ont besoin pour couvrir leur besoins énergétiques et satisfaire leurs préférences
alimentaires afin de pouvoir mener une vie saine et active.
Les problèmes de sécurité alimentaire concernent un certain nombre de pays, mais se posent
de façon plus aiguë pour les pays sous développés d’Afrique subsaharienne.
Au Sénégal la plupart des enquêtes menées sur l’approvisionnement des ménages montrent
que les besoins nutritionnels d’une fraction importante de la population ne sont pas satisfaits.
En effet la demande en produits alimentaires ne cesse d’augmenter alors que l’offre ne
connaît pas une hausse significative. L’insécurité alimentaire constitue depuis longtemps un
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problème majeur pour Sénégal. Dans ce contexte il était primordial que le Sénégal, dès son
accession à l’indépendance, mette en œuvre une série de politiques macroéconomiques aux
implications diverses sur le secteur agricole et ayant pour finalité la réalisation de l’objectif de
sécurité alimentaire. Toutefois, il faut noter qu’au Sénégal comme dans beaucoup de pays du
tiers monde c’est le concept d’autosuffisance alimentaire ou céréalière qui a d’abord prévalu.
Cependant ce concept du fait des contraintes dont souffre l’agriculture sénégalaise et surtout
avec le contexte de la mondialisation actuelle, fut remplacé par le concept de sécurité. Il est
maintenant admis que les politiques agricoles sénégalaises doivent avoir comme défi majeur
la réalisation de la sécurité alimentaire du pays. Dès lors, l’analyse de l’évolution la situation
de la sécurité alimentaire sénégalaise avec l’introduction des différentes politiques agricoles
paraît intéressante.
Nous ferons siennes toutes ces approches, tout en essayant de mettre l’accent sur l’aspect
disponibilité de l’alimentation pour analyser le niveau de sécurité alimentaire du Sénégal.
Pour ce faire nous allons faire l’état des lieux du cadre théorique et conceptuel de
l’alimentation et des politiques publiques de lutte contre la faim, ensuite donner la situation de
l’agriculture et de la sécurité alimentaire au Sénégal.
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Chapitre 1:
L’alimentation et les politiques publiques de lutte
contre la faim: cadre théorique et conceptuel
Depuis plusieurs décennies, le problème de la faim dans le monde est devenu récurrent et la
satisfaction des besoins alimentaires se pose de plus en plus comme un défi lancé à
l’humanité. Toutefois il faut reconnaître que même si ce problème semble avoir pris de
l’ampleur ces derniers temps avec la pression démographique, la raréfaction des ressources
naturelles et les catastrophes naturelles, ce n’est pas un phénomène nouveau
La satisfaction des besoins alimentaires humains a toujours été une priorité et selon le
contexte et le lieu a entrainé des mesures plus moins importantes. Ainsi au niveau mondial un
certain nombre de politiques publiques sont préconisées pour lutter contre la faim. Ainsi il
existe des politiques publiques classiques proposées de lutte contre la faim. Toutefois le
problème de la faim devenant plus préoccupant dans les années 70, la FAO a défini la sécurité
alimentaire comme pouvant, si elle est atteinte, résoudre le problème de la faim dans le monde
car permettant de cerner au mieux le problème. Ainsi dans les années 70 le concept de
sécurité alimentaire est né et se donne pour vocation d’englober tous les aspects
indispensables à la maitrise et à l’éradication de la faim dans le monde.
Section l:
la spécificité du fait alimentaire dans la théorie
économique
L’alimentation étant un des besoins primaires de l’homme et la production agricole une des
premières activités à laquelle l’homme s’est livré, l’agriculture et l’alimentation ont été l’objet
de nombreux débats dans la théorie économique. On peut même dire que dans la théorie
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économique la sphère alimentaire fait l’objet d’un traitement particulier. Ainsi une certaine
spécificité est accordée au fait alimentaire et émane des différents courants de pensée. Cette
spécificité repose sur les conditions de satisfaction des besoins alimentaires des nations, sur
l’enjeu de l’indépendance alimentaire, et enfin sur les causes de la faim dans le monde.
Pour les premiers économistes, les mercantilistes, l’un des objectifs fondamentaux de toute
société est de garantir à sa population un approvisionnement alimentaire régulier et
substantiel. De même chez les auteurs libéraux à l’instar d’Adam Smith cette analyse est faite:
«aucune société ne peut être florissante et heureuse, si la majorité de ces membres est pauvre
et misérable». Les courants de pensée reconnaissent le caractère primordial de la satisfaction
des besoins alimentaires mais n’arrivent pas à trouver un consensus sur les modalités d’une
telle satisfaction.
Pour les premiers, mercantilistes, c’est l’État qui doit veiller au bon approvisionnement
alimentaire des populations ainsi qu’aux bas prix de marché. Les mercantilistes ont analysé
les produits agricoles en particulier le blé d’abord comme un bien de subsistance avant de le
considérer comme un objet de commerce. Pour garantir un prix à la portée de tous et donc une
satisfaction des besoins alimentaires, l’État doit constamment surveiller et encadrer les
marchés et même intervenir s’il y a lieu. L’État remplit cette mission par l’intermédiaire de
stocks publics qui ont pour résultat la stabilisation des prix. A cet effet Bodin propose «
d’avoir dans chaque ville un grenier public(…) on verrait jamais la cherté si grande qu’elle
soit, car outre le fait qu’on aurait provision pour les mauvaises années, on retrancherait les
monopoles des marchands de blé…». Ainsi une gestion publique des réserves de même qu’un
contrôle du commerce du blé permet d’avoir un prix juste.
Les mercantilistes proposent aussi à côté de cette intervention étatique, une réduction de la
circulation des céréales à l’extérieur de la nation et donc d’empêcher toute sortie du territoire
des produits agricoles. «La France ne fut jamais affamée c’est-à-dire qu’elle a richement de
quoi nourrir son peuple quelque mauvaise année qui survienne, pourvu que l’étranger ne vide
nos granges». Aussi le commerce extérieur n’est autorisé que si le pays est bien
approvisionné.
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De telles politiques alimentaires ne sont pas l’apanage des mercantilistes, on les retrouve
également chez Galiani, Linguet, Mably, Steuart, Bentham et Malthus (bien que ces derniers
fassent partie du courant libéral) et Boisguilbert.
Pour Boisguilbert le marché des produits alimentaires obéit à des lois spécifiques en raison
des contraintes qui pèsent sur l’offre et la demande. Sur ce marché les informations sont
souvent erronées et asymétriques de ce fait il y règne un climat de désordre et de spéculation
rendant difficile la stabilité des prix. Donc indépendamment de l’état de la récolte, le marché
produit à des prix élevés. On comprend mieux alors pourquoi Boisguilbert cautionne la mise
en place de greniers publics. Contrairement aux mercantilistes il est favorable au commerce
extérieur des aliments car il permet selon lui de réduire les effets négatifs des anticipations
auto-réalisatrices des agents économiques.
La conception de l’état nourricier à travers la mise en place de stocks prôné par les
mercantilistes, Boisguilbert, Malthus entre autres est remise en cause à partir du XVIIème
siècle par les libéraux qui proposent comme réponse aux problèmes de l’alimentation: le
marché autorégulateur et de considérer le produit alimentaire comme n’importe quelle
marchandise.
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assurée. Pierre Samuel Dupont de Nemours parle de «richesses renaissantes». Le secteur des
produits agricoles est ainsi analysé comme une génération et non une simple addition de
richesses que multiplie la terre nourricière et qui s’assimile à un véritable don gratuit de la
nature (analyse physiocrate). De plus, le caractère volumineux et périssable des biens
alimentaires les rend difficilement transportables par rapport aux autres marchandises. Ainsi
les échanges avec l’étranger ne concernent qu’une faible partie de la production nationale. Les
inquiétudes des populations face aux dangers du commerce extérieur des produits alimentaires
n’ont ainsi aucune raison d’être.
Les partisans de l’interventionnisme reviennent pour rejeter en bloc les arguments libéraux et
exigent une politique alimentaire active et volontaire. Ils mettent en avant le fait que même si
l’ajustement prix salaire est possible il exige quand même un délai assez long préjudiciable
aux populations. De plus la cupidité étant le principe, la fin et l’âme même du commerce, elle
suppose le comportement de spéculateur et d’«affamateur» des agents économiques
responsables de l’approvisionnement, alors que les besoins alimentaires ne peuvent être
différés. Enfin, les antilibéraux remettent en cause le caractère relatif du commerce extérieur
par le fait que la sortie d’une petite quantité des biens alimentaires du territoire fait évoluer
considérablement les prix.
La résolution des problèmes alimentaires a ainsi opposé les théoriciens notamment les
partisans de la libéralisation et les défenseurs de l’interventionnisme étatique. Ce débat qui
s’est poursuivi tout au long du XIXe siècle n’avait pas perdu de sa vigueur à la fin du XXe
siècle quand on songe à la manière dont sont abordés les problèmes alimentaires du tiers
monde.
La théorie économique toujours dans cette spécificité qu’elle a accordée au fait alimentaire
s’est aussi intéressée à l’objectif d’indépendance alimentaire.
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L’objectif d’indépendance alimentaire est revendiqué aussi bien chez les politiques que chez
les économistes et ceux-ci reposent leur argumentaire sur la spécificité de la production
agricole et alimentaire. La nourriture étant octroyée généreusement par la providence. Ainsi
d’après les premiers économistes un pays qui a la chance de bénéficier d’un tel avantage doit
tout faire pour le conserver. Tout pays disposant de la capacité naturelle de produire ce dont il
a besoin sans obligation d’achat à l’extérieur est tenu de le faire. Il existe également une
raison politique, en effet l’autosuffisance alimentaire permet d’éliminer la dépendance vis à
vis des pays étrangers.
Pour assurer l’objectif d’indépendance alimentaire les mercantilistes défendent la thèse selon
laquelle il faudrait limiter les échanges avec l’extérieur par des taxations élevées des produits
alimentaires à la sortie du territoire. Cette politique fut appliquée en Angleterre avec
l’application des corns laws au XVème siècle. Les politiques des Tudors et des Stuarts
autorisaient le commerce extérieur des produits alimentaires seulement en période
d’abondance et à condition que ces échanges ne conduisent pas à une hausse artificielle des
prix alimentaires. Des politiques similaires sont appliquées en France pour la même époque.
Cette politique d’interventionnisme était également défendue au XVIII et XIXème siècle par
des auteurs comme Malthus qui sont favorables à l’application des corns laws.
Les physiocrates vont défendre une solution tout à fait contraire à ceux des mercantilistes et
qui va se révéler très impopulaire. Ainsi ils affirment que le libre commerce des céréales est le
seul moyen d’assurer l’indépendance alimentaire, et à cet effet furent les précurseurs des
mesures de libéralisation des années 1763-1764.
D’après la théorie physiocrate l’agriculture est le seul pourvoyeur de richesse et tout doit être
mis en œuvre pour favoriser son indépendance. Le bien alimentaire doit répondre à un
impératif de rentabilité car n’étant plus considéré comme un simple bien de subsistance mais
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comme une marchandise qui a un prix même s’il doit également satisfaire les besoins
populaires. Le peuple réclame toujours une alimentation à bon marché sans se préoccuper des
conditions de production. Pour Quesnay il n’y a pas de contradiction entre abondance et
cherté. Il faudra concentrer les efforts sur les conditions de production, et non sur les
conditions de distributions donc favoriser l’agriculture marchande en fournissant à la terre les
capitaux nécessaires à sa productivité. Seul le bon prix est en mesure de régler les problèmes
d’approvisionnement alimentaires. «La non valeur avec l’abondance n’est point richesse, la
cherté avec pénurie est misère». Le bon prix doit permettre au fermier de se dédommager et
de récupérer ses avances ce qui l’incitera à continuer à produire et en plus grande quantité car
un résultat financier négatif n’est point encourageant. La liberté de commerce doit être totale
pour favoriser l’apparition d’un bon prix. Cette liberté de commerce loin de remettre en cause
l’objectif d’indépendance alimentaire la renforce selon les physiocrates. En effet même si le
libre échange permet un prix au producteur plus grand par la vente à l’extérieur de l’excédent,
les quantités échangées sont faibles car« plus le commerce extérieur est libre moins il ya
d’échange».
La théorie économique toujours dans cette spécificité qu’elle accorde au fait alimentaire après
s’être intéressée à la manière dont les besoins alimentaires doivent être satisfaits et aussi à
l’enjeu de l’objectif d’indépendance alimentaire s’est aussi penchée sur les causes de la faim
dans le monde.
Il existe deux grands courants d’analyse des causes de la faim dans le monde. La première est
l’œuvre de Malthus la seconde plus contemporaine est l’œuvre d’Amartya Sen.
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La première analyse est l’œuvre de Thomas Robert Malthus (1766-1834). Dans sa quête des
voies et moyens pour parvenir au bien-être de la population, Malthus a donné une réflexion
sur les relations entre population et subsistance. Ainsi dans son essai sur le principe de
population (1798), Malthus nous affirme que l’être humain comme tout être vivant n’échappe
pas une tendance naturelle qui est d’accroître son espèce plus que ne le permet la nourriture à
sa portée. En effet il affirme que «lorsque la population n’est arrêtée par aucun obstacle (…)
elle croît de période en période de manière géométrique, alors que les moyens de subsistance
dans les conditions les plus favorables à l’industrie ne peuvent croître plus rapidement que
selon une progression arithmétique» cette situation a donc pour conséquence de creuser
l’écart entre les besoins et les disponibilités alimentaires. Pour éviter les situations
catastrophiques qui en découleront nécessairement, Malthus préconise des freins préventifs à
l’accroissement de la population. Ainsi l’éducation et la raison peuvent encourager les
hommes à avoir moins d’enfants de manière à pouvoir les élever le mieux possible. Toujours
dans cette optique de freins préventifs, Malthus considère que l’avortement qui bien qu’étant
un vice pour lui est à même de limiter la population. A côté il nous préconise aussi des freins
actifs à l’accroissement de la population que sont les guerres, les famines, les maladies qui
abaissent durablement le nombre d’hommes à un niveau compatible à celui des vivres.
Malthus à travers cette thèse considère que la faim dans le monde a pour cause la
surpopulation. Cette thèse malthusienne a été la source d’inspiration de nombreuses analyses
tout comme elle fut l’objet de nombreuse controverses. Dans plusieurs rapports célèbres tels
que le rapport sur les limites de la croissance, club de Rome (1972), l’état de la planète,
rapport annuel du World Watch Institute, les analyses pessimiste de Malthus ont été reprises
pour affirmer que la croissance démographique conjuguée à la croissance des activités
humaines (agriculture industrie) sont de nature à épuiser les ressources naturelles et à menacer
l’avenir des générations futures.
Les analyses Malthusiennes ont mis en évidence, à une certaine époque, la gravité des
situations agricoles due à la surpopulation dans certaines localités. Toutefois elles ont été
démenties par les faits au cours de la seconde moitié du XXème siècle. En effet dans certaine
région du monde la croissance des produits agricoles a été plus rapide que celle des besoins
des populations.
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La deuxième analyse des causes de la faim est l’œuvre d’Amartya Sen (prix Nobel
d’économie en 1998). Sen fut l’un des plus grands contradicteurs de Malthus. Selon lui le
ratio disponibilités alimentaires/population si cher a Malthus ne suffit pas pour expliquer la
faim dans le monde. Pour illustrer son point de vue, il montre que dans plusieurs grandes
famines (Bengale, 1943, Bangladesh, 1974…), les disponibilités alimentaires par personne ne
sont pas en baisse et parfois même elles sont plus importantes que dans les périodes sans
famines. Malgré cela, tout un groupe de la population a vu ses capacités d’accès (entitlement)
à la nourriture baisser dramatiquement. Ainsi au Bengale les pêcheurs, les ouvriers, les
transporteurs subirent en 1943 une baisse de leur capacité d’accès au riz qui constitue leur
alimentation de base parce que leur pouvoir d’achat avait baissé. Cette situation peut
s’expliquer par le fait qu’en cette période de seconde guerre mondiale l’intensité de l’activité
économique à Calcutta a entraîné une augmentation des revenus ce qui est à l’origine d’une
augmentation de la demande de consommation urbaine entraînant une envolée des prix du riz.
Au Bengale donc on assiste à un paradoxe : il y a une famine dans un contexte de boom
économique. Au Bengladesh les familles paysannes furent touchées par la famine à cause des
inondations qui ont emporté leurs récoltes.
L’idée majeure qui est ressortie des travaux de Sen et qui est largement reconnue par les
instances internationales c’est que la pauvreté est la cause de la faim.
Dès lors un certain nombre de politiques publiques sont préconisées pour lutter contre la
pauvreté et partant de là contre la dans le monde.
Section 2 :
Les politiques publiques de lutte contre la faim
L’élaboration de politiques publiques de lutte contre la faim ne s’inspire pas nécessairement
des deux principaux courants d’analyse de la faim mentionnés ci-dessus. Toutefois, on peut
noter une certaine filiation entre les politiques publiques de lutte contre la faim et ces courants
d’analyse des causes de la faim. En effet rien ne justifie que la politique d’augmentation du
ratio disponibilité alimentaire/population soit incompatible avec l’analyse malthusienne des
causes de la faim et des solutions possibles. La politique d’abaissement et de stabilisation des
prix alimentaires semble elle donner comme solution à la faim celle de Sen à savoir
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Pour résoudre le problème de la faim certains pays qui souffrent de surpopulation ont mené
des politiques antinatalistes utilisées pour abaisser les taux de fécondité, ces politiques
pouvant être aussi bien incitatives que répressives. Ces pays ont aussi cherché à augmenter les
disponibilités alimentaires. Pour atteindre ce dernier objectif deux stratégies non exclusives
ont été utilisées. Il s’agissait pour la première stratégie d’augmenter la production agricole
nationale de manière à s’assurer éventuellement une autosuffisance alimentaire. Pour la
deuxième, il fallait augmenter les recettes en devises pour pouvoir importer des produits
vivriers en complément de la production nationale. Le recours à l’aide alimentaire est aussi
envisagé.
Pour accroître la production agricole nationale les gouvernements peuvent combiner tout un
arsenal de moyens. En se fondant sur l’idée qu’une augmentation de la profitabilité des
activités agricoles stimule la production agricole, de nombreux gouvernements ont eu recours
aux subventions des moyens de production (engrais chimiques, pesticides, matériels
agricoles). Toujours dans la même logique les gouvernements ont encouragé les crédits
agricoles, ils ont aussi cherché à stabiliser les prix des produits agricoles. Il s’agissait de
garantir aux producteurs locaux des prix supérieurs aux prix internationaux afin d’accroître la
production et de garantir l’autosuffisance alimentaire. Cette démarche à été appliqués surtout
par les pays développés (l’Union Européenne dans le cadre de sa Politique Agricole
Commune, PAC). Pour une plus grande disponibilité alimentaire, des investissements publics
ont été faits dans la recherche et la vulgarisation agricole mais aussi dans le développement
d’infrastructures rurales. Par ailleurs la lutte contre les pertes après récolte lors du transport et
ou le stockage est un moyen efficace d’augmentation des disponibilités alimentaires, ces
pertes pouvant atteindre jusqu’à 30% des récoltes.
Outre la production nationale les disponibilités alimentaires peuvent être renforcées per les
importations commerciales et les aides alimentaires
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Les importations de denrées alimentaires de base sont pratiquées par les pays soit par
obligation, soit par choix. Les marchés internationaux de denrées alimentaires se caractérisent
par leur très grande instabilité expliquée par le nombre insuffisant d’exportateurs et un grand
nombre d’importateurs. Ainsi cinq territoires seulement à savoir les États-Unis, le Canada,
l’Union Européenne, l’Australie l’Argentine ont assuré plus de 80% des exportations durant la
période 1997-1999, les États-Unis en assurant près de la moitié. De plus tout le négoce
international des denrées alimentaires est aux mains d’une demi-douzaine de firmes
internationales. La pratique des importations alimentaires qui représente une part importante
des dépenses en devises et de la consommation intérieure est risquée à cause du caractère
oligopolistique des marchés internationaux de denrées et de l’instabilité des prix qui en
découle.
Concernant l’aide alimentaire, l’un des premiers programmes est né aux États-Unis en 1954
dans le cadre du plan Marshall. La loi relative à cette aide (la Public Law 480) fixait comme
objectif la lutte contre la faim dans le monde mais également l’écoulement du surplus agricole
américain, de conquérir de nouveaux marchés agricoles et enfin d’asseoir une influence
politique pour lutter contre le communisme. Les pays européens quant à eux ont commencé à
adopter les programmes d’aide alimentaire à partir de 1960 une fois que leur autosuffisance a
été assurée. Actuellement plus d’une soixantaine de pays fournissent l’aide alimentaire mais
les États-Unis en assurent à eux seuls près de la moitié. Cette aide se présente le plus souvent
sous forme de dons, de ventes à prix particulièrement bas, de prêts à des taux d’intérêt faibles,
de devises pour acheter des denrées alimentaires. L’aide d’urgence en cas de catastrophe et de
guerre est devenue plus importante quantitativement que l’aide apportée dans le cadre de
projets ou programmes. Dans les pays receveurs l’aide est donnée vendue ou échangée en
contrepartie de participation en travail à de grands travaux de publics. L’aide alimentaire a été
très largement critiquée: d’abord parce que les flux sont très irréguliers et peu prévisibles. De
plus lorsque l’aide est très abondante et distribuée gratuitement aux populations elle peut
entraîner chez celles-ci la passivité et maintenir la dépendance d’autant plus que les
producteurs ne produisent plus. Dans certains cas l’aide arrive en retard ou est composée de
denrées qui ne correspondent pas aux habitudes alimentaires des pays receveurs ou encore elle
est de mauvaise qualité. Enfin l’une des plus véhémentes critiques de l’aide est qu’elle peut
être détournée par des groupes sociaux puissants; elle peut amener certains pays à ne pas
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combattre les premiers signes d’apparition de la famine pour bénéficier de plus d’aide avec
l’aggravation de la situation. Ainsi certaines famines pourraient même être fabriquées de toute
pièce (Brunel, 1997).
Comme leurs noms l’indiquent ces politiques visent un abaissement des prix alimentaires
pour rendre la nourriture accessible aux populations. Les gouvernements de certains pays
comme l’Inde, le Bengladesh pour stabiliser les prix ou les empêcher d’atteindre un certain
plafond jugé critique pour les pauvres, ont mis en place des politiques de stockage publique.
Ces politiques obéissent au schéma suivant: d’abord les organismes publics achètent les
produits alimentaires chez les producteurs locaux à des prix d’intervention ou à l’étranger;
ensuite ils procèdent au stockage dans des greniers publics et enfin quand le niveau des prix
deviendra trop élevé pour les populations défavorisées, les autorités publiques procèdent au
déstockage des aliments pour les mettre sur le marché et les vendre à un prix relativement
modéré parfois même inférieur au prix de revient compte tenu des coûts de stockage et de
transport.
Pour abaisser les prix alimentaires tout en les stabilisant de nombreux gouvernements ont fait
de sorte que le prix au producteur des aliments soient réduits. Pour cela les méthodes suivants
ont été combiné suivant les pays et les époques: prise en charge par l’État de tout ou partie du
commerce intérieur des vivres, bas prix d’achat au producteur, fixation de plafond de prix au
producteur pour le commerce non étatique, importation par l’État de vivres à bas prix tout en
surévaluant la monnaie nationale, taxation des exportations agricoles…
La critique dans de tels cas est que c’est la paysannerie qui supporte le poids des politiques en
effet ces prix agricoles sont défavorables aux producteurs et aux autres ruraux mais sont
favorables aux consommateurs urbains. C’est pourquoi ce phénomène a été qualifié de «biais
urbains» (Lipton 1977).
De nombreux pays utilisent aussi leurs ressources budgétaires pour financer des subventions à
la consommation de certains produits alimentaires. Ces subventions peuvent bénéficier à
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l’ensemble de la population ou être réservées aux plus vulnérables. L’État peut aussi ne
subventionner que des biens inférieurs ou se limiter à certaines zones défavorisées.
Il existe d’autres politiques d’accroissement des capacités d’accès à la nourriture: comme les
politiques salariales (imposition du salaire minimum), la création d’emploi ou la redistribution
des richesses (impôts, allocations revenu minimum…). Ces politiques ont été mises en place
aussi bien dans les pays en développement que dans les pays développés à l’exception des
États-Unis et sont censées garantir l’accès à une alimentation correcte entre autres besoins
essentiels.
Les politiques de réformes agraires qui consistent en une distribution des terres plus égalitaire
socialement sont aussi un bon moyen d’augmenter la capacité d’accès à une alimentation
saine aux paysans les plus mal lotis mais aussi d’augmenter le ratio des disponibilités
alimentaires/population.
Il faut reconnaître que les moyens d’assurer la couverture des besoins alimentaires sont
multiples et varient suivant les contextes, les lieux, toutefois ces dernières années un concept
nouveau s’est invité dans le paysage des politiques de lutte contre la faim. Il s’agit du concept
de sécurité alimentaire. Cette dernière parait plus complète car comprenant à la fois la
politique d’augmentation de la disponibilité alimentaire, et la politique d’abaissement et de
stabilisation des prix alimentaires.
Au même titre que l’éducation, la santé ou le logement, la sécurité alimentaire est un droit
comme l’atteste la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, paragraphe 1,
article 25 qui stipule que «toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa
santé, son bien-être et ceux de sa famille notamment par l’alimentation, le vêtement et
l’habitat».
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Le terme de sécurité alimentaire est un concept nouveau qui date des années 70. En effet
avant cette période, il était surtout question d’autosuffisance alimentaire. Cette évolution du
concept répond à un changement de contexte d’analyse de la faim d’où un passage de
l’autosuffisance à la sécurité alimentaire en passant par la souveraineté alimentaire.
La FAO définit différents piliers indispensables pour la réalisation d’une sécurité alimentaire ;
ce sont la disponibilité, la stabilité et l’accessibilité. L’analyse de la sécurité alimentaire peut
se faire à trois niveaux : le niveau national, le niveau domestique et le niveau individuel.
L’insécurité alimentaire peut se présenté sous diverses facettes elle peut être chronique tout
comme elle peut être occasionnelle. Enfin, le risque d’insécurité alimentaire est plus probable
chez certaines catégories de population.
La question alimentaire s’est nettement modifiée au cours des années avec l’évolution du
contexte mondial. En effet comme tout grand problème de développement la question
alimentaire subit l’impact de l’environnement économique et politique nationale et
internationale. En effet les rationalités et les modalités de la production de la consommation
de l’échange des biens alimentaires sont variables suivant que l’on se trouve dans le contexte
interventionniste des années 70, dans le contexte des ajustements structurels des années 80 ou
bien encore dans le contexte d’économie mondialisée actuelle.
Dans les années 70, il était évident de rapprocher la sécurité alimentaire et la sécurité
nationale de même que l’indépendance nationale de l’indépendance alimentaire. Ces
assimilations ont conduit dans les pays en développement à la mise en œuvre de politique
d’autosuffisance qui ne prenaient en compte les résultats qu’en termes de couvertures des
besoins nationaux et non en termes de coûts. L’accent était donc mis sur une production et un
stockage suffisant pour assurer l’autonomie alimentaire nationale avec des systèmes d’aide et
de subventions pour adapter offre et demande. Dans les années 70, donc l’analyse avait mis
l’accent seulement sur les aspects macroéconomiques de la question alimentaire avec une
focalisation sur les équilibres globaux basés sur l’autosuffisance nationale.
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mis sur la demande c'est-à-dire la capacité des populations à se porter acquéreur des biens
alimentaires que le système économique mondial est prêt à leur fournir. Au niveau de la
production il ne s’agit plus de produire le maximum à n’importe quel prix mais de produire le
maximum en réduisant les coûts aussi bien économiques (prix) qu’environnementaux
(pollution).
a) De l’autosuffisance alimentaire …
L’autosuffisance est avant tout une question d’offre. Les crises alimentaires, selon le cadre
conceptuel de l’autosuffisance, étaient considérées comme la conséquence de l’insuffisance
de l’offre locale d’où une focalisation sur les conditions locales de production vivrière. Le
concept d’autosuffisance alimentaire s’expliquait par la vision politico-économique du monde
de l’époque qui prônait le développement autocentré et l’indépendance alimentaire.
Cependant vers la fin des années 70, la naissance du concept de stratégie alimentaire
(souveraineté alimentaire) qui laissait aux pays le pouvoir de choisir librement les moyens
pour améliorer les situations alimentaires nationales sonna le glas du concept d’autosuffisance
alimentaire. Pour assurer la couverture des besoins alimentaires, dans chaque situation
nationale, régionale ou locale, il existe plusieurs stratégies possibles compte tenu des
contraintes locales et des « choix de société » exprimés par la population. La souveraineté
alimentaire, c’est donc la possibilité pour une population de maîtriser les choix essentiels qui
lui permettent d’assurer son alimentation. Ces choix portent sur les modes des productions
agricoles et les façons les plus appropriées de garantir un accès à la nourriture pour tous
Vers la fin des années 70 les limites du concept d’autosuffisance alimentaire apparaissaient.
Outre la naissance du concept de stratégie alimentaire, avec l’avènement de l’ajustement
structurel qui replaçait l’alimentation sur le même plan que les autres productions et qui
situait le débat sur le contexte des avantages comparatifs, la question n’était plus de se
garantir une autosuffisance alimentaire mais de s’assurer la sécurité alimentaire. Cette
dernière étant plus complète et répondant plus aux enjeux du contexte actuel.
La sécurité alimentaire est une question d’adéquation entre offre et demande. Au-delà du
contexte international qui remettait en cause le concept d’autosuffisance alimentaire, le fait est
que l’on a constaté que la faim n’était pas systématiquement ni exclusivement la conséquence
d’une insuffisance de l’offre. C’est le début de la reconnaissance que le bilan alimentaire
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Impact des politiques agricoles sur la sécurité alimentaire au Sénégal
découle de l’adéquation entre deux termes: l’offre et la demande. On admet dès lors l’absence
de liaison univoque et obligatoire entre la quantité de production locale et les crises
alimentaires. Ainsi tous les pays autosuffisants n’assurent pas la sécurité alimentaire de toute
leur population mais également des pays où il existe la sécurité alimentaire ne sont pas
nécessairement autosuffisants.
a) La disponibilité de l’alimentation
Elle suppose une adéquation entre offre et demande alimentaire. La disponibilité alimentaire
est assurée soit par la production locale soit par les importations commerciales, soit par les
aides alimentaires. Ainsi les besoins alimentaires sont couverts tant du point de vue quantitatif
que qualitatif.
b) L’accessibilité de l’alimentation
Cette dimension renvoie au pouvoir d’achat. En effet la disponibilité peut être satisfaisante
alors que certaines personnes souffrent encore de la faim. Cela est dû au fait qu’elles ne
disposent pas de suffisamment de ressources pour produire ou acheter les aliments dont ils ont
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Impact des politiques agricoles sur la sécurité alimentaire au Sénégal
c) La stabilité de l’alimentation
La disponibilité des ressources alimentaires de même que leur accessibilité doivent être
préservées de manière stable dans le temps. La nourriture doit être disponible dans le temps
(d’une période à une autre) et dans l’espace (d’une région à une autre). Il faut donc une prise
en compte des conditions futures. La sécurité alimentaire donc doit être durable. Il s’agira
d’accéder à la nourriture dans l’immédiat et dans le futur. Cela signifie qu’il faudra s’assurer
que les activités et les situations dans lesquelles se trouvent les individus puissent se
reproduire tel quel dans le futur, soit évoluer dans des états qui ne seront pas des impasses.
Il s’agira :
- de la non concurrence des autres besoins : la couverture des autres besoins vitaux tels que
le logement, l’accès à l’eau, l’habillement, les soins de santé et l’intégration sociale minimale
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Impact des politiques agricoles sur la sécurité alimentaire au Sénégal
est nécessaire sans quoi la satisfaction de ces besoins mettrait en péril les ressources destinées
à accéder à la nourriture en quantité suffisante.
Il faut donc que ces différentes conditions soient remplies pour qu’on puisse parler de sécurité
alimentaire. Cette sécurité alimentaire peut s’analyser au travers de différentes niveaux.
a) L’approche nationale
b) L’approche domestique
c) L’approche individuelle
consommation est déterminée par la demande opérée par l’individu sur les ressources
alimentaires domestiques. Cependant elle peut varier selon les revenus, les capitaux propres et
le statut dans leur foyer. En effet, il est extrêmement rare que la part individuelle de la
consommation alimentaire domestique ne soit déterminée qu’en fonction des besoins.
La sécurité alimentaire à l’un des niveaux d’analyse n’entraîne pas nécessairement une
sécurité alimentaire à d’autres niveaux d’analyses. Ainsi un pays dont l’alimentation est
insatisfaite comportera toujours des groupes de population dont l’alimentation est satisfaite et
de nombreux pays qui bénéficient de la sécurité alimentaire incluent des groupes de
population dont l’alimentation est largement insatisfaite. Un foyer dont l’alimentation est
insatisfaite peut également comporter quelques membres dont l’alimentation est satisfaite.
La figure 1 donne les principales interactions entre les différents niveaux d’analyse de la
sécurité alimentaire.
FIGURE 1: Les différents niveaux de la sécurité alimentaire
Source: Nations-Unies
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Les personnes dont l’alimentation est précaire ne se limitent pas au seul groupe dont le régime
alimentaire est insuffisant à un moment donné. Sont également concernées les personnes dont
l’accès à l’alimentation n’est pas garantie ou reste vulnérable, celles dont le régime
alimentaire court le risque d’être insuffisant.
Généralement dans un pays on s’attend à ce que les groupes suivants soient en situation de
précarité alimentaire :
— chez les ruraux : paysans sans terre non qualifiés, paysans en autosubsistance
(déficit), paysans à faible revenu (culture vivrière), paysans à faible revenu (culture de
rente), éleveurs pastoraux, habitants de zones éloignées…
— chez les urbains : travailleurs du secteur informel ou travaillant à leur compte,
chômeurs ;
— toutes catégories confondues: femmes seules chargées de famille.
L’identification de ces groupes vulnérables doit s’effectuer à partir d’informations portant sur
des variables telles que: la consommation alimentaire domestique ou le niveau des ressources.
Dans une nation une fois les groupes vulnérables identifiés, il est intéressant d’établir quelles
sont les risques qui pèsent sur leur sécurité alimentaire
Il peut s’agir de risques naturels allant des accidents climatiques tels que les sécheresses aux
épidémies. Les risques peuvent aussi provenir d’une modification de la réglementation ou des
politiques gouvernementales, de la disparition de programmes de subvention, de nouvelles
modalités d’imposition, de changement quant aux droits de propriété. L’évolution des
conditions d’échanges peut affecter les prix des biens et services plus spécifiquement destinés
aux personnes vulnérables, affecter leur opportunité d’emploi, le coût de reproduction de leur
capital ou les taux de leurs emprunts. Les modifications des droits et obligations communaux
peuvent aussi créer un risque en particulier pour les personnes vulnérables. Enfin les conflits
et l’effondrement des structures juridiques et légales peuvent provoquer un bouleversement
qui fera culbuter de très nombreux foyers dont l’alimentation était satisfaite dans une situation
d’extrême vulnérabilité.
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Certains risques sont plus probables que d’autres. Tout dépend de l’ampleur des variations
climatiques du pays, de la stabilité de l’État et des institutions sociales, de l’insertion au sein
des échanges en particulier sur les marchés qui sont historiquement sujets aux plus fortes
variations.
La définition de sécurité alimentaire qu’on a tendance à utiliser intègre les trois dimensions de
disponibilité, d’accessibilité et de stabilité. Cette dernière peut s’interpréter comme englobant
la capacité de la production alimentaire à résister aux chocs ou accidents. Plus un foyer est en
mesure d’absorber les risques plus son alimentation a des chances d’être satisfaite. Les foyers
dont l’alimentation est la plus précaire seront ceux qui ont le moins de capitaux et dont les
ressources ont le plus de probabilités de subir un accident. A cet effet Lipton, a développé le
concept d’ultra- pauvreté pour désigner tous ceux qui doivent mobiliser plus de 80% de leurs
ressources pour couvrir moins de 80% de leur besoin. En effet les foyers qui consacrent plus
de 70% de leurs revenus à l’alimentation ne disposent pratiquement d’aucune flexibilité pour
réallouer leurs ressources en cas d’accident. La détention de réserves alimentaires
domestiques ou de capitaux pourrait alors jouer un rôle essentiel pour résister à une crise
passagère. Mais dès qu’elles doivent vendre leurs moyens de production pour résoudre une
crise les unités domestiques n’ont plus de possibilité de préserver une stratégie stable. A
moins que la crise ne soit passagère, elles auront tôt ou tard un déficit alimentaire.
Le tableau I classe les différents types de ressources (capital productif, capital non productif,
capital humain, revenus et droits) tout en précisant quels sont les principaux risques.
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TABLEAU I : Risques pesant sur la sécurité alimentaire domestique
Type de ressources Types de risques
Naturel Gouvernemental Lié au marché Communal Autres
Capital productif (Terre, Pollution de l’eau, Redistribution/confiscation Modification des coûts Appropriation et perte Pertes de terres à la suite d’un
matériel, arbres, cheptel, dégradation du sol, de la terre et/ou des autres d’entretien et de d’accès aux ressources conflit
outillage, bâtiments, puits, incendie, inondation moyens de production maintenance communales
etc.)
Capital non-productif Épidémie Approvisionnement forcé Bouleversement des prix Décomposition des Pertes de terres à la suite d’un
(bijoux familiaux, Impôt sur les villages (p.ex. : chute brutale des mécanismes de répartition conflit
Maladie animale
habitations, greniers, prix des bijoux ou du (ex.: grenier villageois)
Taxe sanitaire Vols
certains animaux, épargne bétail) Inflation accélérée
monétaire)
Capital humain (force de Épidémie (ex. Sida) Baisse des dépenses Chômage Disparition des échanges Travail forcé Conscription
travail, éducation, santé) Morbidité Mortalité publiques de santé et/ou réciproques de travail. Déplacements limités
Infirmité introduction de coûts pour les Chute des salaires réels Destruction des écoles et
usagers hôpitaux durant une guerre
Restrictions aux mouvements
migratoires des travailleurs
Revenu (productions Épidémie Sécheresse Disparition des services de Chutes des prix des Interruption des circuits de
végétales et animales, et autres accidents vulgarisation, des productions commercialisation durant une
activités hors exploitation climatiques subventions aux intrants ou Crise des prix des guerre Embargo
et/ou extra-agricoles) des prix de soutien denrées alimentaires
Augmentation des impôts
Droits (crédits, dons Réduction des programmes Hausse des taux d’intérêt Remboursement des Destruction/déplacement de
contacts sociaux, sécurité nutritionnels (ex.: le verre de Modification des emprunts Rupture de la communautés villageoises par
sociales) lait en milieu scolaire) capacités d’emprunt réciprocité une guerre
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Impact des politiques agricoles sur la sécurité alimentaire au Sénégal
L’insécurité alimentaire est un risque qui se pose à chaque fois que l’une des conditions à la
satisfaction de l’alimentation se trouve dans une impasse, toutefois cette précarité de
l’alimentation peut être permanente tout comme elle peut être temporaire.
De façon courante la distinction est faite entre précarité (insécurité) chronique et précarité
(insécurité) occasionnelle. On parlera d’insécurité alimentaire chronique lorsque
l’alimentation est précaire à tout instant. La précarité alimentaire est considérée comme
occasionnelle lorsque les groupes de population souffrent d’insécurité alimentaire pendant
une période de temps donnée. Dans ce dernier cas de figure, il faudra aussi faire la distinction
entre les situations de précarité passagère et les situations de précarité cyclique ou saisonnière.
La précarité occasionnelle est passagère, lorsque les ressources des unités domestiques sont
affectées par une crise soudaine, imprévisible telle qu’une sécheresse ou une épidémie ou une
période soudaine de chômage. On parlera de précarité saisonnière lorsque dans les foyers
l’accès à l’alimentation est insuffisant à certains moments réguliers. Cette situation est
souvent liée à des saisons agricoles.
La sécurité alimentaire est un concept qui date des années 70 et suppose un accès physique et
économique des populations à une nourriture saine, suffisante et nutritive de manière à
pouvoir mener une vie saine et active (selon la dernière définition de la FAO). La faim est
devenue un problème mondial et parmi les Objectifs du Millénaire pour le Développement
adoptés par 190 pays en 2000, il ya celui de réduire la faim dans le monde de moitié d’ici
l’horizon 2015. Ces OMD sont pris dans une perspective de permettre aux pays les plus
pauvres du monde de lutter contre la faim. Les Pays les Moins Avancés (PMA) dont la plupart
sont en Afrique, (parmi 50 pays, 34 sont en Afrique) souffrent de problèmes de faim à cause
principalement des faibles performances de l’agriculture. Aujourd’hui près de 33% de la
population de l’Afrique subsaharienne soit environ 200 millions de personnes est victime de
la faim. Les crises alimentaires et les famines dont souffrent perpétuellement l’Afrique
subsahariennes sont a priori déclenchées par des inondations, des sécheresses, des invasions
ravageuses, des récessions économiques ou encore des conflits armés.
Comme solution à cette insécurité alimentaire il faut non seulement un niveau de croissance
économique élevé donc des revenus importants, mais aussi assurer l’accès à l’alimentation
aux plus vulnérables par des programmes donnant à ceux-ci des opportunités économiques
découlant de programmes de développement. Par ailleurs pour réduire la faim il faut donner la
priorité à la croissance économique dans les secteurs où les pauvres évoluent, où les facteurs
de production appartiennent aux plus démunis. Il faut également que ces secteurs engendrent
des produits consommés par ces personnes et se développent dans les régions où elles vivent.
L’agriculture remplissant tous ces critères a prouvé qu’elle était en mesure de jouer le rôle de
secteur leader dans la croissance économique, dans la lutte contre la pauvreté et donc dans la
lutte contre la faim. Il était donc normal que l’Afrique subsaharienne opte pour le
développement agricole comme solution à ses problèmes majeurs que sont la pauvreté et la
faim.
Depuis les indépendances, le Sénégal à l’instar des autres pays d’Afrique subsaharienne, a eu
à essayer un bon nombre de modèles pour permettre à l’agriculture de jouer le rôle qui lui est
assigné à savoir la réalisation de la sécurité alimentaire
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Impact des politiques agricoles sur la sécurité alimentaire au Sénégal
Chapitre 2 :
Agriculture et sécurité alimentaire au Sénégal
Les principales cultures sont les cultures vivrières (mil/sorgho, riz, mais, niébé, fonio,
manioc), les cultures industrielles (coton, arachide, canne à sucre, tomate, sésame) et les
cultures horticoles. De 2000 à 2007. Ces cultures occupent respectivement 61% 36% et 3%
des superficies mises en valeur annuellement (DAPS 2007).
36%
61%
3%
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Impact des politiques agricoles sur la sécurité alimentaire au Sénégal
Elles se subdivisent en cultures céréalières (riz mais, mil/sorgho) et autres cultures vivrières
(manioc, niébé). Les cultures céréalières occupent la place la plus importante en termes de
production agricole. Cette production céréalière se caractérise par une prédominance du mil
qui occupe la première place suivi par le sorgho, le mais le riz et le fonio, avec respectivement
45,73%, 10,25%, 23,05%, 20,88% et 0,09% des superficies céréalières (DAPS 2007).
Les cultures industrielles du Sénégal sont principalement le coton, l’arachide, la canne à sucre
et le sésame. L’arachide domine les productions industrielles et cela provient essentiellement
des spécialisations héritées de la colonisation. Ainsi la production arachidière a occupé 90%
des surfaces de culture industrielles alors que seulement 7% et 3% reviennent au coton et aux
autres cultures industrielles respectivement (DAPS2007).
Ces dernières années le sésame est entrain de gagner du terrain et cela est dû au fait qu’il fait
l’objet d’un programme spécial depuis 2003. En conséquence sa production connaît des
progressions annuelles de35, 8% pour la superficie et de 36,6% pour la production (DAPS
2007).
Pour la canne à sucre le niveau de production record qui a été atteint en 2001 à savoir 840 109
tonnes n’arrive pas à être atteint de nouveau, la production moyenne entre 2001 et 2006
n’étant que de 829 047 (DAPS 2007)
La culture maraichère se pratique dans la zone des Niayes qui est propice à la culture de
légumes du fait de son climat tempéré et de la présence d’une nappe superficielle permettant
l’accès facile à l’eau souterraine. Ainsi cette zone des Niayes contribue pour 60% à la
production maraichère nationale.
Cette brève présentation de la production agricole alimentaire au Sénégal montre que le sous
secteur de la production végétale dispose de suffisamment de potentiel pour jouer un rôle
primordial dans l’alimentation de la population et donc contribuer à la sécurité alimentaire de
la nation. Cette production agricole est marquée par la prédominance de la culture céréalière
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Impact des politiques agricoles sur la sécurité alimentaire au Sénégal
qui devrait pouvoir couvrir les besoins alimentaires des sénégalais. La plupart des politiques
agricoles s’était fixée cet objectif d’autosuffisance céréalière et partant de là une sécurité
alimentaire durable. En effet l’État a mis en œuvre un bon nombre de politiques et stratégies
1
de développement agricole pour assurer l’expansion de l’agriculture se traduisant par des
projets et programmes d’envergure accompagnés de moyens importants. Ces programmes
avaient donc comme principal objectif l’amélioration de la sécurité alimentaire au Sénégal à
travers l’augmentation de la production agricole alimentaire surtout céréalière. Le problème
de la sécurité alimentaire auquel est confronté structurellement le Sénégal sera étudié au
niveau macroéconomique à travers les principales dimensions de cette dernière que sont: la
disponibilité, l’accessibilité et la stabilité de l’alimentation. L’insécurité alimentaire étant
devenue au cours des décennies un phénomène chronique au Sénégal nous verrons comment
ont évolué l’offre et la demande céréalière au cours des cinquante dernières années où sont
intervenues différentes sortes de politiques agricoles. Il s’agira donc de voir comment s’est
comportée l’équation d’offre et de demande céréalière avec l’application des politiques
agricoles.
Section 1 :
Les politiques agricoles du Sénégal
de l’indépendance à 2008
Le Sénégal à l’instar de beaucoup de pays en développement a misé sur le développement de
son agriculture pour impulser sa croissance économique. Ainsi depuis son accession à
l’indépendance, toute une gamme de politiques et programmes ont été mis en œuvre pour
permettre à l’agriculture sénégalaise de répondre aux attentes en termes de développement
durable et de sécurité alimentaire. Ces politiques ont tout d’abord été caractérisées par une
large intervention de l’État à tous les niveaux du secteur agricole. Ainsi, des années 1960 à
1980, période du Programme Agricole (PA), l’environnement était caractérisé par une grande
implication de l’État dans le secteur agricole. Cet interventionnisme étatique prend fin dans
les années 80 avec l’avènement des programmes d’ajustement structurel imposés par les
institutions de Bretton Woods (FMI Banque Mondiale) pour «assainir» les économies de pays
en développement fortement endettés. Ces programmes n’étaient pas faits en fonction du
1
— Nouvelle Politique Agricole (1984); Programme d’ajustement du secteur agricole (1994) ; Lettre de politique de
développement agricole (1995) ; Programme d’Investissement du Secteur agricole (1998) ; Document d’orientation
stratégique (1999) ; Stratégies nationales et programmes prioritaires de sécurité alimentaire (2002).
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Impact des politiques agricoles sur la sécurité alimentaire au Sénégal
secteur agricole uniquement mais n’étaient pas sans conséquence sur ce secteur. L’ajustement
structurel marque donc le début de la fin de l’intervention dans le secteur agricole avec le
désengagement progressif de l’État dans l’administration de l’économie agricole, la
privatisation et la restructuration des entreprises publiques et parapubliques et la libéralisation
du commerce agricole. Les programmes d’ajustement structurel débutent avec le Plan de
Redressement Économique et Financier (PREF) qui se déroule de 1980 à 1984 avec pour
finalité de desserrer la contrainte financière de l’état sénégalais et remédier à ses difficultés.
Ensuite, toujours dans le cadre des ajustements structurels la Nouvelle Politique Agricole
(NPA) est intervenue de 1985 à 1994 et constitue une accélération du désengagement de l’état
se manifestant par la suppression de l’encadrement du monde rural. De 1995 à 2000, le
désengagement se concrétise davantage avec le Programme d’Ajustement Structurel du
secteur Agricole (PASA). Cependant il ne faut pas oublier que l’ajustement s’est radicalisé
avec le changement de parité du FCFA intervenu en 1994. A partir de 2000 avec l’avènement
du régime libéral au Sénégal, les politiques agricoles sont difficilement identifiables et cela
surtout du point de vue de leur nature bien que le régime en place se qualifie de libérale.
Toutefois, l’analyse de la politique agricole de cette période (2000 2008) peut se faire à
travers les programmes et politiques agricoles définis dans la Stratégie de Croissance
Accélérée (SCA) et le Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté (DSRP) qui
constituent le cadre de développement des objectifs du gouvernement dans tous les domaines
notamment le domaine agricole. Ainsi, la SCA et le DSRP ont défini des objectifs pour le
secteur agricole qui se manifeste à travers la Loi d’Orientation Agro-sylvo-Pastorale, le
PDMAS, le Plan REVA les programmes spéciaux et tout dernièrement la GOANA entre
autres.
Malgré les indépendances Sénégal n’a pas abandonné la spécialisation arachidière héritée de
la colonisation. Par conséquent, l’essentiel des soutiens à l’agriculture était orienté vers
l’arachide, principale culture, d’exportation, pendant la période post indépendance Cette
spécialisation arachidière est prônée dans un contexte de valorisation des avantages
comparatifs, ces derniers étant les conditions de la spécialisation internationale. Malgré le
soutien prioritaire dont bénéficie l’arachide, on note une légère amélioration dans la
production, vivrière surtout céréalière. En effet, l’amélioration des revenus des producteurs
découlant de la traite arachidière permet le financement de la culture vivrière, de sorte que le
soutient direct à l’arachide constitue un soutien indirect aux cultures céréalières.
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Impact des politiques agricoles sur la sécurité alimentaire au Sénégal
Les politiques et programmes définis dans le cadre du PA avaient pour objectif la protection
du prix au producteur, la fourniture de crédits et d’intrants agricoles, le contrôle du marché
des produits. Et tout cela dans un contexte d’implication totale de l’Etat dans tout le secteur
agricole. Ainsi, dans la mise en œuvre du Programme Agricole, l’Etat a été amené à créer des
sociétés pour encadrer le monde rural à travers la vulgarisation de méthodes culturales
modernes, et la diversification de la production agricole. On assiste alors à la création, au
début des indépendances de l’Office de Commercialisation Agricole (OCA) qui assurait la
distribution des intrants l’achat des récoltes et l’importation du riz. Ensuite, en 1964, les
Centres Régionaux d’Assistance au Développement (CRAD) furent créés dans le but
d’encourager la création de coopératives. Toujours dans cette dynamique d’encadrement de
l’agriculture en 1966 fut créé l’Office National de Coopération et d’Assistance pour le
Développement (ONCAD), avec pour finalité de nationaliser les fonctions de
commercialisation au sein de cet organisme qui consolidait les actions de l’OCA et des
CRAD. De même pour prodiguer des conseils techniques aux ruraux sur l’agriculture, les
Centres d’Expansion Rurale Polyvalents (CERP) furent mis sur pied. Par ailleurs, la Société
de Développement et de Vulgarisation Agricole (SODEVA) fut créée en 1968 en
remplacement de la Société d’Aide Technique et de Coopération (SATEC) créée en 1964.
Parallèlement naissent dans le cadre institutionnel du PA, la Banque Nationale de
Développement du Sénégal (BNDS) pour les problèmes relatifs au crédit, l’Institut Sénégalais
de Recherche Agricole (ISRA) pour ce qui est de la recherche agronomique.
En dépit de toutes ces institutions créées pour venir en aide au secteur agricole, le système mis
en place pendant les deux premières décennies de l’indépendance montre des signes de
faiblesses à la fin des années 70. Malgré des financements considérables et un dispositif
d’encadrement technique déployé de façon ramifiée à travers le pays les résultats du PA se
révèlent très en deçà des objectifs visés, (DIENG, 2006). Ces derniers étant l’augmentation de
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Impact des politiques agricoles sur la sécurité alimentaire au Sénégal
Le bilan du PA peut être donné suivants quatre grandes étapes marquantes dans l’évolution de
l’agriculture et de l’économie sénégalaise de 1960 à 1979.
— De 1960 à 1967: l’indépendance ne modifie pas le rôle essentiel de l’arachide dans la
l’économie sénégalaise.
— 1967-1974: on assiste à une double rupture de tendance: les surfaces agricoles deviennent
stagnantes et la production agricole se dégrade. Les exportations arachidières baissent avec la
fin du soutien français à l’arachide qui entraine que les exportations sénégalaises sont
maintenant soumises aux cours mondiaux.
Les causes du déclin agricoles sont multiples. L’une de ces causes est la dégradation des
terres avec l’extension des cultures et la disparition de la jachère. Cette situation s’explique
par la croissance démographique, la sécheresse qui a sévi au Sénégal depuis 1967 et a duré 9
ans et l’incapacité de la recherche des sociétés de développement de répondre à la
fragilisation des systèmes de production. Le déclin de l’agriculture se justifie aussi par la
baisse du prix au producteur et des revenus des paysans avec la suppression du soutien à
l’arachide et au barème des prix dont l’évolution est défavorable aux paysans.
— 1974-1977: la conjoncture devient favorable sous l’effet de la forte augmentation des prix
et des récoltes d’arachide. En conséquence le pouvoir d’achat des exportations c'est-à-dire
leur valeur déflatée par l’indice des prix implicite des importations fait plus que doubler entre
1973 et 1976.
Cette situation conjoncturelle favorable a été mise à profit pour augmenter les revenus trop
longtemps comprimés tels que la masse salariale du secteur public; le prix au producteur de
l’arachide.
— 1978-1980: On assiste à un retournement de la situation pour revenir à un contexte de
production arachidière erratique. La chute de la production agricole entraine celle du PIB.
Ainsi, les déséquilibres de l’économie sénégalaise mis en exergue par le bilan des deux
premières décennies de l’indépendance ont deux principales origines:
- le déclin de la production arachidière qui n’a pas été compensé par d’autres secteurs
dynamiques et productifs créateurs d’emplois.
- la création et la distribution des revenus obéissaient à des logiques complètement
déconnectés de la sphère production. C’est une totale distorsion entre structure de production
32
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Impact des politiques agricoles sur la sécurité alimentaire au Sénégal
Hugon (1991) résume ainsi les objectifs annoncés de l'ajustement structurel : "passer d'une
économie administrée à une économie de marché et d'une économie endettée à économie
assainie financièrement".L’ajustement structurel des années 80 s’est donc fait dans un
contexte d’incapacité des pays à payer leur dette. Dans les années 70, la conjoncture
internationale favorisait des prêts à des taux d’intérêt relativement abordables. Cependant,
dans les années 80, on assiste à un renversement de la situation. Ainsi, les effets combinés de
l’instabilité des cours mondiaux de la pression démographique, de l’urbanisation anarchique,
de la stagnation économique, de la dégradation de la balance commerciale et du service de la
dette croissant, ont conduit certains pays à des déséquilibres macroéconomiques graves.
Même si l’approche des Programmes d’Ajustement Structurel est globale le secteur agricole
est particulièrement concerné, et cela découle du fait qu’il est à l’origine de certains
déséquilibres macroéconomiques, plus particulièrement ceux relatifs à la dette (endettement
des producteurs à la suite la crise arachidière des années 60-80). De plus, le rôle joué par
l’agriculture dans le déficit commercial s’apprécie à différents niveaux: d’abord elle creuse le
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Impact des politiques agricoles sur la sécurité alimentaire au Sénégal
déficit commercial par les importations d’intrants industriels pour la production et les
importations de produits alimentaires dans le cas d’une insuffisance de l’offre alimentaire
d’un autre coté, elle constitue une capacité d’exportation d’où un rééquilibrage de la balance
commerciale. La crise économique qui a rendu nécessaire les ajustements structurels est due
en grande partie à l’échec du PA tourné vers la seule culture de l’arachide. Aussi, dans le
cadre de l’ajustement un Plan de Redressement économique et financier (PREF) est d’abord
signé avec les Institutions Financières Internationales et va durer de 1980 à 1984. Mais les
atermoiements de l’État du Sénégal dans la mise en œuvre de ce dispositif conduit à un
approfondissement de la libéralisation avec la Nouvelle Politique agricole de 1985 à 1994.
D’inspiration libérale cette politique réduit les instruments d’intervention de la puissance
publique (DAHOU, 2009). Néanmoins, les pouvoirs publics veulent garder leur marge de
manœuvre, d’où l’absence de signe de redressement ce qui conduit les bailleurs de fonds a
accentué l’ajustement d’abord par la dévaluation de 1994, ensuite par le Programme
d’Ajustement du Secteur Agricole (PASA) en 1995.
Face aux inefficiences de la NPA, le PASA fut mis en place à partir de 1995 dans la poursuite
du désengagement de l’État.
Le PASA constitue le noyau dur de la politique agricole Sénégalaise, ce qui explique
l’attention particulière qui lui est prêtée avec les différentes mesures d’ajustement dans les
différentes filières comme le montre le tableau ci après.
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Ya Cor NDIONE Mémoire de Maîtrise
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Impact des politiques agricoles sur la sécurité alimentaire au Sénégal
-la réforme des échanges par la libéralisation du commerce extérieur des produits agricoles
encore contrôlés par l’État grâce à la suppression des autorisations préalables à l’exportation
et à l’importation, la mise en place de tarifs protecteurs appropriés pour certaines denrées
essentielles, la mise en place d’un mécanisme de prix liant les prix aux producteurs aux prix
du marché mondial dans le cas de l’arachide et du coton.
-la préparation d’un programme d’investissement sur trois ans qui respecte les priorités
sectorielles claires établies en accord avec les bailleurs de fonds.
Ces grandes orientations politiques se concrétisent par des programmes, des lettres et des
déclarations de politique de développement agricole durant la période qui suit la dévaluation
du franc CFA. Cette dernière, intervenue en 1994, a eu pour effet de renchérir le prix du riz
importé et de baisser comparativement les prix des céréales locales. Mais elle a également eu
pour effet, au moins dans un premier temps, d'augmenter les prix des cultures d'exportation
comme l'arachide ou le coton. Aussi, en dépit de l'avantage qu'elle procure aux céréales
locales par rapport aux céréales importées, la dévaluation ne rompt pas le phénomène
antérieur de concurrence des cultures d'exportation, au détriment des cultures
d'approvisionnement en céréales ; ce qui se traduit par une augmentation régulière des
importations céréalières, de riz en tout premier lieu.
Après deux décennies d’ajustement structurel le bilan est plutôt mitigé. Après vingt ans de
politiques agricoles libérales il est normal de se demander en quoi le PREF et les politiques
qui lui ont succédées ont amélioré la situation agricole du Sénégal à travers la réalisation des
objectifs qui sont assignés au secteur à savoir le développement durable, la sécurité
alimentaire. Ces deux objectifs sont liés et ne peuvent être atteints que grâce à une
amélioration de la production agricole en général, la production céréalière en particulier.
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Ya Cor NDIONE Mémoire de Maîtrise
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Impact des politiques agricoles sur la sécurité alimentaire au Sénégal
Après 2000, la politique agricole sénégalaise semble avoir pris une nouvelle tournure. Les
politiques nées du Plan d’Ajustement structurel sont remises en cause par le nouveau
gouvernement et ne sont plus d’actualité. Ainsi, sur la base des potentiels de chaque filière,
des dotations en ressources physiques, humaines et techniques de chaque zone de production,
des orientations stratégiques et des axes opérationnels d’intervention sont définis. C’est ainsi
que dans le contexte de la Stratégie de Croissance accélérée (SCA) et du Document
Stratégique de réduction de la Pauvreté (DSRPII) qui déterminent l’action globale de lutte
contre la précarité depuis 2000 que l’État Sénégalais a adopté, la Loi d’Orientation Agro-
sylvo-pastorale (LOASP) .Promulguée en 2004, cette loi a pour ambition d’être le cadre de
développement de l’agriculture sénégalaise durant les 20 années qui allaient suivre. Dans
l’élaboration de cette loi, le Sénégal semble avoir fait preuve de plus d’autonomie par rapport
aux politiques des années 80-90 qui étaient mises en œuvre en fonction des principes
directeurs des institutions de Bretton Woods. L’originalité de la LOASP est donc le fait
qu’elle n’était pas imposée par une quelconque institution mais émane de la volonté des
gouvernants. Ainsi doit-on s’attendre à une plus grande implication de leur part dans la
réalisation des objectifs fixés ce qui était loin d’être le cas pour les PAS avec le faible niveau
d’appropriation des États.
La loi, fixe six objectifs stratégiques : (1) La réduction de l’impact des risques climatiques,
économiques, environnementaux et sanitaires, par la maîtrise de l’eau, la diversification des
productions, la formation des ruraux, afin d’améliorer la sécurité alimentaire de la population,
et de réaliser à terme la souveraineté alimentaire du pays; (2) L’amélioration des revenus et du
niveau de vie des populations rurales, et la mise en place d’un régime de protection sociale en
leur faveur; (3) L’amélioration du cadre et des conditions de vie en milieu rural, notamment
par l’accès aux infrastructures et aux services publics, grâce à un aménagement équilibré et
cohérent du territoire; (4) La protection de l’environnement et la gestion durable des
ressources naturelles, notamment par la connaissance et l’amélioration de la fertilité des
sols;(5) La mise en place d’un système d’incitations à l’investissement privé dans
l’agriculture et en milieu rural ; (6) L’amélioration de l’environnement et de la qualité de la
production afin que l’agriculture soit un moteur du développement industriel et artisanal, et
37
Ya Cor NDIONE Mémoire de Maîtrise
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Impact des politiques agricoles sur la sécurité alimentaire au Sénégal
pour mieux satisfaire les besoins des marchés intérieur et extérieur (sous-régional et
international).
Cette loi, malgré les objectifs ambitieux qu’elle s’est fixée, n’est pas encore appliquée pour
autant.
Au-delà de cette loi, le programme agricole après 2000 se concrétise avec quelques opérations
de relance du secteur agricole comme le plan REVA (Retour Vers l’Agriculture), le
Programme de Développement des Marchés Agricoles (PDMAS), les programmes spéciaux,
et tout dernièrement la Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et L’Abondance
(GOANA)
Le plan REVA (Retour Vers l’Agriculture) comme son nom l’indique a pour ambition de
lutter contre l’émigration clandestine et l’exode rural en favorisant le retour des ruraux vers
leurs territoires par la création d’emplois découlant de l’agriculture. Il s’agit de créer des
métiers et des emplois agricoles suffisamment rémunérateurs pour fixer les femmes et les
jeunes dans leurs terroirs. Pour cela il faudra améliorer la production et la productivité
agricoles. le plan REVA n’a toutefois pas permis d’éviter la crise alimentaire et céréalière de
2008. Il faudra cependant noter que le plan REVA ne constitue pas en tant que tel une
politique agricole, mais peut être perçu comme un programme sectoriel de lutte contre la
pauvreté, le chômage, l’émigration clandestine. Toutefois, il peut quand même s’inscrire dans
le moyen, long terme dans la dynamique de toute nouvelle politique agricole
Les programmes spéciaux: depuis 2000, Le gouvernement sénégalais semble avoir opté pour
des programmes spéciaux surtout dans le domaine céréalier avec pour but ultime la réalisation
de la sécurité alimentaire par l’autosuffisance céréalière et également par la diversification de
la production. Sur cette lancée, on note la création de programmes spéciaux relatifs aux
filières riz, maïs, manioc, sésame, bissap, tournesol.
La GOANA: initiée en 2008 par le président Abdoulaye Wade avec des objectifs très
ambitieux, elle correspond à une intégration des programmes spéciaux et du programme
national d’autosuffisance en riz. Les objectifs dans le domaine céréalier sont de produire : 3
000 000 tonnes de manioc, 2000 000 tonnes de maïs, 500 000 tonnes de riz, 1 000 000 tonnes
de mil, 500 000 tonnes de sorgho, 25 000 tonnes de fonio, 25 000 tonnes de blé (DAPS). Les
stratégies à mettre en œuvre pour la réalisation de tels objectifs sont entre autre: la maitrise de
l’eau, la reconstitution du capital semencier, la professionnalisation du secteur, la promotion
des cultures d’exportation, la modernisation et l’intensification du secteur.
Au total, l’examen historique des politiques agricoles du Sénégal laisse entrevoir que les
décennies passent mais le problème de l’agriculture sénégalaise, à savoir la non couverture
des besoins persiste.
Section 2 :
La sécurité alimentaire au Sénégal : analyse
macroéconomique
L’insécurité alimentaire dont souffre actuellement et depuis longtemps d’ailleurs, le Sénégal
se manifeste selon le document Programme National de Sécurité Alimentaire (PNSA) de 2006
par :
— une stagnation de l’offre de produits vivriers par personne en termes de Kilocalories par
jour (Kcal/jour) ;
39
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Impact des politiques agricoles sur la sécurité alimentaire au Sénégal
La précarité alimentaire au Sénégal est complexe avec des manifestations et des origines
multiples. Elle peut s’analyser au niveau macroéconomique, au niveau domestique et au
niveau individuel Dans notre étude, nous choisirons d’examiner la situation de la sécurité
alimentaire au Sénégal au niveau macroéconomique, c’est-à-dire à l’échelle de la nation à
travers les trois dimensions classique de la sécurité alimentaire. Ce choix se justifie par le fait
que nous estimons que le cadre macroéconomique constitue la sphère d’analyse la plus
appropriée à notre étude à savoir politiques agricoles et sécurité alimentaire.il s’agira donc de
voir comment se portent la disponibilité, l’accessibilité et la stabilité de l’alimentation au
Sénégal.
1) La disponibilité de l’alimentation
L’offre alimentaire au Sénégal est assurée par la production nationale, les aides alimentaires
et les importations commerciales. La production nationale se caractérise par son incapacité à
satisfaire les besoins alimentaires du Sénégal. Ceci s’explique par sa trop grande dépendance
à une pluviométrie erratique, malgré la disponibilité d’importantes ressources hydriques. En
effet, les cultures pluviales occupent 62,4% des surfaces cultivables sur un total de 2,4
millions d’hectares cultivés (DIAGNE et al, sd).
Les céréales occupent une place importante dans les besoins alimentaires des sénégalais. En
effet, elles contribuent à elles seules pour 65% en moyenne des disponibilités énergétiques,
avec une part prépondérante du riz. Cependant, le riz cultivé au Sénégal ne parvient pas à
couvrir les besoins de consommations estimés à 850 000 tonnes par an. Le niveau record
atteint par la production du riz était de 200 000 tonnes entre 2000 et 2001(FALL, 2008) soit
moins du quart des besoins. Cette insuffisance de la production de riz est comblée par des
importations qui oscillent entre 400 000 et 650 000 tonnes par an.
La couverture des besoins en protéines animales est pour beaucoup assurée par la pêche. En
effet, l’accessibilité du poisson permet de résorber de 75% le déficit en protéines d’origine
animale chez les populations défavorisées qu’elles soient urbaines ou rurales. Cependant le
problème du renouvellement des produits halieutiques devenu nécessaire à cause
l’appauvrissement des ressources halieutiques maritimes et continentales semble être une
40
Ya Cor NDIONE Mémoire de Maîtrise
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Impact des politiques agricoles sur la sécurité alimentaire au Sénégal
limite à l’offre de produits de la pêche. Toujours dans la couverture des besoins en protéines
animaux le lait également y contribue en moyenne pour 14% et constitue une source
importante de protéine.
La viande est une source de protéine et de graisse mais la disponibilité par personne par an
n’est que de 12,9 Kg, ce qui est loin d’être suffisant.
Outre l’aspect disponibilité, la sécurité alimentaire au Sénégal doit également être analysée en
termes d’accessibilité de l’alimentation.
2) L’accessibilité de l’alimentation
L’alimentation demeure un poste essentiel du budget des ménages: 53% de la dépense totale
(ESAM II). La base alimentaire est dominée par les céréales et le pain (37% du budget
alimentaire) ainsi que les légumes (12% du budget alimentaire) d’où un fort déséquilibre sur
le plan nutritionnel par rapport aux besoins. La consommation de protéines animales demeure
faible: 8,6% pour le poisson et 9% pour la viande. Les besoins nutritionnels des populations
ne sont globalement pas satisfaits spécialement à cause du faible pouvoir d’achat
L’accessibilité de l’alimentation dépend d’une part des capacités monétaires à acquérir des
denrées ainsi que des autres produits essentiels pour mener une vie saine. En effet il ne faut
pas que les revenus pour l’alimentation soient concurrencés par d’autres besoins. D’autre part
il faut l’existence dans le lieu de résidence des aliments essentiels.
seuil de pauvreté en termes de dépense alimentaire était de 3 324 f CFA par habitant et par
mois alors qu’il était de 2 247 f CFA en 1994 au Sénégal soit 32% de moins par rapport au
minimum vital pour la satisfaction des besoins calorifiques. En 2000, une extrapolation de
cette enquête à permis d’estimer l’incidence de la pauvreté des ménages à environ 53,9% des
ménages, soit une légère baisse par rapport à 1994 due certainement à une amélioration du
revenu par tête sur la période 1995-2001. Malgré cela, le revenu par tête actuel est l’un des
plus faible au monde il est de 600$ et selon les projections il faudrait 30 ans pour que ce PIB
soit doublé.
ESAM I 1994/95
ESAM II 2001/02
Incidence de la
57.1 40.2 50.1 65.2
pauvreté (%)
Écart de la
18.3 12.0 16.1 21.4
pauvreté (%)
Sévérité de la
7.9 4.7 6.9 9.4
pauvreté
EDS 2005/06
Incidence de la
50.8 32.5 38.8 61.9
pauvreté (%)
Écart de la
16.4 8.3 10.8 21.5
pauvreté (%)
Sévérité de la
7.5 3.0 4.5 10.2
pauvreté (%)
42
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Impact des politiques agricoles sur la sécurité alimentaire au Sénégal
La pauvreté est un fait au Sénégal néanmoins elle n’a pas les mêmes facettes en ville et en
campagne, elle est à caractère transitoire et réversible en ville alors qu’en campagne elle
parait plutôt chronique et structurelle. Cela montre d’une part que la répartition spatiale de la
valeur ajoutée ne se fait pas dans la logique de la répartition de la population active. En effet,
l’agriculture qui occupe plus de 70% de la population contribue pour moins de 10% au PIB.
La faiblesse de l’investissement dans l’agriculture justifiée par sa trop grande dépendance à
une pluviométrie erratique explique la pauvreté en milieu rural. Ainsi, le groupe de population
le plus vulnérable est celui qui dépend de l’agriculture pour sa survie. Cette vulnérabilité
s’explique par le manque de diversification des sources de revenus dû à une pratique
exclusive de l’agriculture.
43
Ya Cor NDIONE Mémoire de Maîtrise
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Impact des politiques agricoles sur la sécurité alimentaire au Sénégal
3) La stabilité de l’alimentation
La production alimentaire du Sénégal est irrégulière quelles que soient les périodes
considérées. Cette instabilité de la production et de l’approvisionnement alimentaire est due à
une dépendance de l’agriculture à des conditions climatiques se caractérisant par une faiblesse
de la pluviométrie et de la maitrise de l’eau. De même, l’insuffisance d’infrastructure de
stockage et de transport est une entrave à la stabilité de l’alimentation. Ce dernier cas de
figure se rencontre dans certaines zones éloignées: Saint-Louis (Ile à Morphil), qui en saison
des pluies sont coupées du reste du pays.
Section 3 :
Évolution de l’offre et de la demande céréalière
de 1960 à 2008
L’agriculture emploie plus de 70% de la population. Cependant cela ne se reflète pas en
termes de production agricole, de contribution de l’agriculture dans l’économie (7% du PIB
en 2008) et surtout en termes de satisfaction des besoins alimentaires. L’agriculture
sénégalaise est marquée par son caractère déficitaire en matière de couverture des besoins
alimentaires. L’offre de produit agroalimentaire ne parvient qu’à couvrir en moyenne que
52% de la demande. La couverture des besoins alimentaires, avec le taux de croissance de la
population (2,9%) qui dépasse largement celui de la production agricole, est de plus en plus
44
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Impact des politiques agricoles sur la sécurité alimentaire au Sénégal
difficile à satisfaire. Par conséquent, le recours aux importations est impératif. En effet, la
valeur des importations ne cesse d’augmenter et les études ont montré que leur valeur a été
multipliée par 2,5 entre 1995et 2005 passant de 610 milliards à 1 696 milliards de francs CFA
(DIEYE, 2007) soit une augmentation moyenne10.7% par an.
De même, le calcul d’indicateurs comme le taux de couverture des besoins céréaliers pour
chaque période de politique agricole permettra de voir l’évolution de la situation alimentaire
au Sénégal.
45
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Impact des politiques agricoles sur la sécurité alimentaire au Sénégal
Les politiques et programmes agricoles étudiés ci-dessus avaient pour but ultime une
amélioration de la sécurité alimentaire nationale à travers l’amélioration de la production
agricole plus particulièrement de la production céréalière. En effet la place de la production
céréalière dans la couverture des besoins alimentaires fait que l’analyse de l’offre et de la
demande céréalière permet d’appréhender la réponse de ces politiques en termes
d’amélioration de la sécurité alimentaire. L’équilibre de l’offre et de la demande céréalière est
obtenu comme dans l’équation macroéconomique fondamentale à savoir :
P+M=C+I+X
X= exportations céréalières
— les céréales ne peuvent pas être utilisées en tant que tel comme capital ;
cultivé en irriguée dans la vallée du fleuve Sénégal. Le riz pluvial lui se développe dans les
régions de Ziguinchor, Kolda et dans une moindre mesure celle de Tambacounda. Le Fonio à
reste faiblement cultivé dans les régions de Tambacounda et Kolda cependant le projet d’en
faire une culture de rente est à l’étude procurera peut être à cette culture une certaine
potentialité.
1200000
1000000
800000
Tonnes
600000
400000
200000
0
1960
1962
1964
1966
1968
1970
1972
1974
1976
1978
1980
1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
2008
Source : Élaboré par l’auteur à partir des données de la DAPS
Dans les années 80-84 (période du PREF), malgré la réorientation du soutien à l’arachide vers
la production céréalière, celle-ci n’arrive pas à décoller significativement. En effet, la
production céréalière a chuté de -5.65% durant la période.
Avec la mise en place de la NPA, c’est à dire à partir de 1985, on peut voir très clairement
que la production céréalière augmente considérablement, elle dépasse même en 1986 la barre
des 1 million de tonnes. Le taux de croissance annuelle moyenne de la production céréalière
durant cette période est de 4.28%. Il faut quand même reconnaître qu’au delà des réformes de
la NPA, les conditions climatiques favorables sont pour beaucoup dans cette croissance de la
production céréalière.
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Impact des politiques agricoles sur la sécurité alimentaire au Sénégal
Avec le PASA on note que le niveau de la production céréalière est presque le même par
rapport au niveau atteint pendant les périodes de la NPA; cependant on note une chute de la
production annuelle de 19% entre 1990 et 2007. En 1999, la production céréalière a
brutalement baissé en dessous des 600000 tonnes. On note des hausses pour les années 1993,
1995, 1999, 2003 et 2005 avec des taux de croissance respectifs de 26,8%, 12,3%, 71,9%;
84,9%, 32,1%. Globalement durant le PASA le taux de croissance annuel moyen de la
production céréalière est de 3.25%.(DAPS2008).
Entre 2000 et 2007, la production annuelle moyenne céréalière est chiffrée à 1 245 000 tonnes
et le taux de croissance annuel moyen de cette production est de -4.29% entre 2000 et 2008.
Les importations céréalières viennent combler le déficit de la production céréalière à couvrir
les besoins des populations
Les importations céréalières du Sénégal sont dominées par les riz et le blé. Le changement des
habitudes alimentaires: c’est à dire le remplacement du mil par le riz surtout à midi favorisé
par la facilité de la préparation du riz a entrainé une hausse considérable des importations
durant la période. Ainsi ces importations augmentent à un rythme soutenu d’années en années.
1400000
1200000
1000000
800000
tonnes
600000
400000
200000
0
1960
1962
1964
1966
1968
1970
1972
1974
1976
1978
1980
1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
2008
Globalement, les importations céréalières n’ont cessé de croitre de 1960 à 2008 ; Cette
croissance n’est pas de même amplitude durant toute la période.
48
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Impact des politiques agricoles sur la sécurité alimentaire au Sénégal
Les importations ont été relativement stables durant la période du Programme Agricole. A
partir des années 80, elles ont commencé à croitre régulièrement. Il en est de même dans les
années 90 et cela, malgré la dévaluation de 1994 qui avait donné un certain avantage
comparatif aux céréales locales par rapport aux céréales importées plus particulièrement le riz.
En 2003, les importations céréalières dépassent 1 million de tonnes et en 2007, elles
atteignent un niveau record 1200 000 de tonnes avec une part prépondérante de l’importation
du riz.
Au- delà des importations le déficit de l’offre nationale céréalière est comblé par les aides
alimentaires. Cependant la part des aides alimentaires dans l’offre alimentaire est de plus en
plus marginale.les aides alimentaires proviennent en général du Programme Alimentaire
Mondial (PAM) et du Japon et sont reçues par le Commissariat à la sécurité Alimentaire
(CSA).
160000
140000
120000
100000
80000
60000
40000
20000
0
1960
1962
1964
1966
1968
1970
1972
1974
1976
1978
1980
1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
2008
L’aide alimentaire bien que marginale dans l’offre céréalière du Sénégal, elle a connu pour
certaines années des hausses considérables surtout, durant la période du PREF c'est-à-dire
pour les années 1980 et 1985.
Les disponibilités céréalières du Sénégal sont constituées par la production locale qui est
prédominante, suivie des importations commerciales et enfin viennent les aides alimentaires
qui sont négligeables pour l’essentiel de la période.
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Impact des politiques agricoles sur la sécurité alimentaire au Sénégal
2000000
1800000 production
céréalières epc
1600000
1400000
1200000 importation
tonnes
céréalières
1000000
800000
totales aides
600000 alimentaires
400000 epc
200000
disponibilité
0 alimentaires
1960
1963
1966
1969
1972
1975
1978
1981
1984
1987
1990
1993
1996
1999
2002
2005
2008
Source : Élaboré par l’auteur à partir des données de la DAPS
On voit bien qu’il existe un gap important entre offre et demande céréalière celui-ci peut être
mieux appréhendé en faisant un bilan céréalier.
Le Sénégal souffre de déficit céréalier chronique et cela malgré que 90% la production
céréalière soit autoconsommée. L’insuffisance de la production perdure, bien que l’État du
Sénégal au travers de ses différents programmes se soit donné comme principal objectif la
sécurité alimentaire par le dopage de la production céréalière. Depuis plus de 20, ans le
Sénégal ne produit que la moitié de ses besoins. Le déficit est passé de 48 % à 53% entre
1995 et 2004. Le bilan céréalier ci-dessous permet de voir comment le déficit céréalier a
évolué de 1960 à 2008.
400000
300000
200000
100000
0
Tonnes
-100000
-200000
-300000
-400000
-500000
-600000
-700000
1960
1962
1964
1966
1968
1970
1972
1974
1976
1978
1980
1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
2008
Le bilan céréalier du Sénégal de 1960 à 2008 ne fait que confirmer la quasi permanence du
déficit. Ainsi, au début des années 60, le bilan céréalier montre un déficit qui va jusqu’à
moins 100 000 tonnes. Ceci est peut être du au fait qu’au début des années 60 l’État
sénégalais avait poursuivi la politique de spécialisation arachidière héritée de la colonisation
au détriment des céréales. Il faut quand même noter que les rendements tirés de la
monoculture arachidière ont permis de financer les importations céréalières. Ce qui permet
51
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Impact des politiques agricoles sur la sécurité alimentaire au Sénégal
Au début de la mise en place des Programmes d’Ajustement Structurel, il est constaté que le
bilan céréalier est excédentaire et cela pendant toute la période de 1980 à 1985, période de
mise en œuvre du PREF. Ainsi la relance de la production céréalière est effective avec le
PREF.
La crise agricole est essentiellement une crise vivrière et le déficit est chronique. L’objectif
de la sécurité alimentaire que s’était fixé le gouvernement par le dopage des cultures
céréalières au travers des différents programmes est loin d’être atteint. En 1986 le plan
céréalier de la NPA prévoyait une satisfaction des besoins céréaliers à hauteur de 80% d’ici
2000, alors que pour cette période les besoins céréaliers n’ont était couvert par la production
nationale qu’à hauteur de 59%. La lettre de politique de développement intégré au PASA
avait aussi comme objectif la réalisation de la sécurité alimentaire l’objectif étant de faire
passer le taux de couverture de 51% en 1995 à 76% en 2000. Cependant la production locale
n’a permis de couvrir que 45% des besoins. Les résultats ont été bien en deçà des espérances.
La faiblesse de l’offre agricole sénégalaise explique le déficit céréalier quasi chronique auquel
le Sénégal est confronté. Ce déficit est de l’ordre de 71 324 tonnes EPC en moyenne annuelle
de 1960 à 2008, avec un maximum de +247 620 tonnes en 1986 et un minimum de -640 770
tonnes en 2003.
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Impact des politiques agricoles sur la sécurité alimentaire au Sénégal
Cette incapacité de la production locale à couvrir les besoins céréaliers donc à assurer la
sécurité alimentaire est elle la conséquence de l’inefficience des politiques agricoles et/ ou
aux effets des changements climatiques?
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Impact des politiques agricoles sur la sécurité alimentaire au Sénégal
Conclusion
Au Sénégal l’analyse des différents programmes agricoles mis en œuvre montre qu’aucune
politique agricole n’a permis d’atteindre la sécurité alimentaire. L’organisation de
l’agriculture a été un échec. L’interventionnisme du début des années 60 tout comme le
libéralisme de l’ajustement structurel n’ont permis d’atteindre la sécurité alimentaire.
L’agriculture doit toujours relever le défi de la sécurité alimentaire. En effet, l’insécurité
alimentaire continue de sévir au Sénégal et ne semble pas être sur le point de se résorber.
Une agriculture rénovée, repositionnée disposant d’un crédit fonctionnel, et d’hommes bien
formés avec une bonne maîtrise de l’eau devrait permettre d’atteindre l’objectif de sécurité
alimentaire. La maitrise de l’eau permettra que l’agriculture soit moins tributaire des aléas
climatiques. Il faudra également vaincre l’extraversion et être moins dépendant de l’extérieur.
L’agriculture étant un secteur à risque car dépendant fortement des aléas climatiques, l’Etat
devra toujours s’engager. La politique agricole devrait donc être un tout qui par l’amélioration
de la situation alimentaire du Sénégal lui permettra d’améliorer sa situation économique. Cela
devra être possible si on se réfère aux propos d’un visionnaire du système alimentaire, Savarin
qui stipule que «La destinée des nations dépend de la manière dont elles se nourrissent»
Mais n’est ce pas plutôt l’amélioration des conditions économiques d’un pays qui entrainera
celle de sa situation alimentaire?
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Impact des politiques agricoles sur la sécurité alimentaire au Sénégal
Bibliographie
DIAGNE Abdoulaye (2002), Le Sénégal en quête d’une croissance durable, Karthala, (272p).
DIENG Alioune (2006), Impact des politiques agricoles sur l’offre céréalière au Sénégal
(229), (44p).
DIENG Alioune et GUEYE Adama (2005) Revue des politiques agricoles au Sénégal : bilan
critique des quarante dernières années de politique céréalières (25p).
DIEYE Papa Nouhine, DIA Djiby (2008), Rapport de l’étude sectorielle sur
l’agroalimentaire Enda Graf, (40p).
FALL Amadou Abdoulaye, (2008), Impact des cours mondiaux du riz sur la sécurité
alimentaire au Sénégal, (27p).
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Impact des politiques agricoles sur la sécurité alimentaire au Sénégal
GUEYE Ousmane (2006), État des lieux de la filière céréales locales au Sénégal (57P).
MBOW Thierno idrissa, Une revue critique des politiques agricoles au Sénégal (13P).
TERCIER Nicoles Stauble, SOTTAS Beat (2000), Sécurité alimentaire dilemmes constats et
controverses Amazon (267P).
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Annexe
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Bilan et taux de couverture des besoins céréaliers