Diagramme de Fabrication de Sesames
Diagramme de Fabrication de Sesames
Diagramme de Fabrication de Sesames
Rapport d’Expertise
Octobre 2020
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Sommaire
Le sésame est une filière dont la culture est en pleine expansion dans la zone de la Sirba 1. Une
activité modeste existe actuellement pour transformer le sésame de la zone en huile, afin de faire
bénéficier la région d’une plus grande plus-value.
1
La rivière Sirba est l'un des principaux affluents du fleuve Niger qui prend sa source au Burkina Faso.
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Introduction
La production de sésame, qui était à l’origine une production de case faite par des femmes pour un
usage domestique et condimentaire, a pris de l’ampleur au fil des dernières décennies dans la zone
de la Sirba. Les superficies cultivées ont augmenté et des nouvelles variétés de meilleur rendement
et teneur en huile ont été introduites. Cela a poussé les hommes à rejoindre la culture de cette plante
oléagineuse qui autrefois était exclusivement féminine. La production dans la zone de la Sirba a
atteint, en 2012, environ 800 tonnes par année, et la production globale de la Région de Tillabéry fut
de 5 238 tonnes en 2019.2 Le rendement par hectare serait passé de 100-150 kg/ha à 500 kg/ha3.
Cependant, la quasi-totalité de cette production est revendue à des commerçants burkinabés et leurs
agents, qui exportent le produit à l’état brut. L’objectif de cette expertise est de voir comment
dynamiser la transformation et la commercialisation de l’huile de sésame locale afin de retenir une
plus grande partie de la valeur ajoutée sur le territoire du Niger.
2
Rapport d’évaluation de la campagne agricole d’hivernage 2019 et Perspectives Alimentaires 2019/2020 - Résultats
définitifs - Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage - Février 2020
3
Communication de Dr Boukary Hama, FCMN
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relayent les produits au pays voisin, rendant difficile de distinguer ces acheteurs locaux au niveau
rural, et de passer par une politique qui favorise l’exploitation locale du produit.
Les ateliers et les machines appartiennent à l’Union Sirba-Bonkaney, qui est membre de la FCMN-
Niya. Bien que le logo et le nom de la FCMN-Niya soient utilisés sur les emballages, il ne semble
pas y avoir de fonctionnement coopératif réel dans la pratique :
• Les transformatrices achètent les graines de sésame au prix de marché du moment, et selon
les mêmes modalités que tout autre acteur économique non membre de la société
coopérative. Elles sont soumises aux fluctuations des prix du marché ordinaire selon la
période de l’année où elles transforment.
• Chaque membre au niveau des villages de Tallé et de Garbey-Korou stocke son sésame à
domicile. Les magasins de l’Union à Sirba-Bonkaney ne sont exploités que pour la récolte
des champs collectifs.
• Le capital engagé pour la transformation provient des économies personnelles des
transformatrices.
• Les transformatrices, bien qu’elles contribuent aux factures d’électricité de leurs ateliers, ne
contribuent pas à l’amortissement des machines d’extraction d’huile exploitées.
• Les produits transformés deviennent la plupart du temps la propriété personnelle des
transformatrices ayant assuré leur fabrication.
• La recherche des clients est le plus souvent individuelle, et chacun fait sa distribution et sa
vente individuelle.
• Il n’y a pas une qualité standardisée pour l’huile produite, vu que différents individus
peuvent travailler par des techniques de transformation différentes.
• Toutes les qualités sont vendues sous le même label « Sirba », mais avec des
conditionnements, des modèles d’étiquettes et des contacts-provenance différents selon les
personnes.
Cela signifie qu’actuellement très peu de synergies ne sont dégagées dans l’exploitation de cette
chaîne de valeur, et la FCMN-Niya fonctionne en quelque sorte plus comme un parapluie qui donne
un nom commun à un réseau de micro-entrepreneurs individuels, que d’une mutualisation d’efforts
donnant des avantages en performance au-delà du cumul des efforts individuels des membres.
Derrière ceci semble se trouver un manque d’appréciation du rôle que doit jouer une fédération de
coopératives : certains membres considèrent plutôt la fédération comme équivalente aux ONGs,
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devant avoir comme mandat primordial d’apporter des appuis financiers, matériels et de formations
aux coopérateurs, plutôt que de les regrouper et de les organiser en une force commune. Ceci est
entre autres illustré par l’étiquette exploitée par le groupement de Tallé, qui cite la FCMN-Niya
parmi « leurs partenaires techniques et financiers », à côté d’un projet et d’une ONG.
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Bourbe est le nom donné aux éléments solides encore contenus dans le liquide
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pour des raisons économiques, afin de valoriser un produit résiduel plutôt que l’huile pure, mais ne
semble pas avoir donné le résultat voulu.
Les ateliers de travail diffèrent. Le premier atelier à Tallé est construit en tôle, et sera sûrement très
chaud à certains moments de la journée. Il combine un moulin de farine avec l’extracteur d’huile
semi-artisanal, ce qui risque des contaminations de produits croisés. Le niveau hygiénique dans la
salle est médiocre. Le sol cimenté est cassé et ne facilite pas le nettoyage.
Le deuxième atelier de Tallé contient leur presse-huile moderne. La construction est mieux faite,
mais vu que la presse-huile n’a jamais fonctionné, l’atelier est lui aussi presque inexploité. La
raison pour laquelle la presse-huile ne fonctionne pas n’est pas connue, et les contraintes de temps
ne nous ont pas permis d’examiner ce qui y faisait défaut. Est-ce le compteur ? le moteur ? ou la
machine elle-même ?
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Pour Garbey-Korou, l’atelier est propre, bien construit, son sol est carrelé et le local est de bonne
taille pour ce genre de projet.
Cependant, une seule presse y est présente : la 6YL-100 généralement utilisée pour les travaux
d’extraction. Une presse plus grande existe aussi. Selon ses spécifications, elle devrait pouvoir
travailler à double rythme que la 6YL-100. Cependant, son moteur demande une puissance de 30
kW, et le compteur de l’atelier n’en supporte que 18 kW.
Il existe aussi une presse manuelle, fonctionnant à l’aide d’un cric qui écrase les graines dans un
conteneur cylindré, et passant sous le nom de Walkia. Elle n’est pas utilisée parce que c’est
physiquement très lourd de travailler le cric à longueur de journée, et le rendement en huile n’est
que de 13 %. Cependant, cette presse donne une huile extraite à froid toute claire, sans besoin de
décantage. Elle est donc de qualité premium ou supérieure.
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Auparavant, les femmes faisaient l’extraction de l’huile par deux méthodes purement artisanales :
• La première à l’aide du mortier et du pilon, consiste à griller les graines, les piler et les
associer à de l’eau chaude, et ensuite macérer la pâte obtenue afin d’extraire l’huile. Cette
huile est extraite à chaud.
• La deuxième se fait avec une calebasse. On pile d’abord le sésame afin d’obtenir une farine
que l’on vanne afin d’écarter le son. Ensuite, on la mélange avec de l’eau tiède, et l’on
baratte la pâte obtenue jusqu’à ce qu’une quantité d’huile se sépare.
Les deux techniques sont très intensives en main d’œuvre, et leurs rendements en huile sont très
faibles. Cependant, la technique du pilon-mortier s’utilise toujours occasionnellement par le
groupement de Garbey-Korou comme un plan B lorsqu’il y a des commandes et que la presse
moderne est à l’arrêt.
Le magasin de stockage de 30 tonnes pourrait permettre de stocker la matière première pour 15
mille litres d’huile environ, (par extraction avec les presses industrielles). Cependant, bien qu’il soit
propre et équipé de palettes et d’une balance bascule, il reste carrément vide. Les membres de la
coopérative disent qu’ils n’apportent pas leurs sacs dans ce magasin dû au risque de cambriolage. Il
se peut qu’il y ait d’autres raisons qui jouent au niveau de ce faible intérêt d’exploiter l’aire de
stockage en commun, dont nous n’avons pu déceler les détails.
Le décantage se fait avec des matériels simples : des tonneaux en plastique pour contenir l’huile en
décantation et des petits matériels pour transvaser l’huile propre. Il s’agit d’être bien adroit lors de
l’action, afin de pouvoir récupérer l’huile propre sans remuer les dépôts d’en bas.
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Le conditionnement se faisait au départ dans des bouteilles en verre recyclées. Ceci fut plus tard que
les bidons en plastique ont été utilisés. Les transformatrices constatent cependant que dans les
bidons plastique, le goût de l’huile change après sept à huit mois, chose qu’elle ne constatait pas
dans les bouteilles en verre. Il semble qu’un phénomène de rancissement à lieu lors du stockage
prolongé avec ce nouvel emballage (plastique). Cependant, vu qu’elles se dépannent
occasionnellement en se servant de la technique d’extraction manuelle pilon-mortier, il faudrait
s’assurer que ce ne soit pas plutôt les lots produits par cette méthode qui se conservent mal. La
technique artisanale pilon-mortier implique l’ajout de l’eau lors de l’extraction. Or, l’eau est connue
être un catalyseur du rancissement des huiles alimentaires.
On constate que les tâches sont assez clairement réparties selon le genre : les hommes opèrent sur
les machines, les femmes s’occupent du tri, du décantage, du conditionnement et de la valorisation
des sous-produits résiduels et la confection de produits alternatifs.
L’huile est parfois transformée en produits dérivés ; plus précisément en pommade. Elle est
agréablement crémeuse, de bonne odeur et fond facilement sur la peau. En parallèle, les femmes
fabriquent aussi d’autres produits à base des graines de sésame : des biscuits à différentes saveurs
(sucre, miel, gomme arabique, citron, sel, tamarin), du luga / toffee, des graines torréfiées et la pâte
« digadige ».
5. Rendements
Les transformatrices raisonnent toujours en lots de sacs de matière première lorsqu’elles calculent
leurs volumes de production et rendements. Un sac de graines de sésame correspond à 150 mesures,
et chacune pèse environ un demi-kilogramme. Les sacs remplis pèsent donc de 75 à 80 kg,
dépendant un peu de la variété de sésame stockée et de la saison.
Le rendement en huile dépend fortement des techniques et outils d’extraction utilisés. Chaque sac
de graines donne en moyenne les rendements suivants, selon les témoignages des transformatrices :
Rendement Temps
Rendement selon d’extraction
Rendement
Machine Garbey- l’animateur de d’un sac de 75 Qualité
Tallé
Korou l’union Sirba- kg (hommes-
Bonkaney heures)
Extraction artisanale
15 à 18 L 10 L 80 h Chaud, grillé
« pilon-mortier »
Extraction artisanale
« Très faible » 160 h Froid, naturel
« calebasse »
Presse semi-artisanale 25 L 18 L 18 L 4h Chaud, grillé
Presse 6YL-100 30 L 40 L 6h Chaud, naturel
Presse à cric Walkia 10 L 40 h Froid, naturel
Des expériences sur les rendements des deux dernières presses industrielles manquaient vu que ces
dernières n’avaient pas encore pu être exploitées par l’union pour des raisons techniques. Par
conséquent, ils ont été omis du tableau.
Nous constatons des témoignages divergents sur la presse semi-artisanale qui sont, soit l’effet
d’inexactitudes dans les estimations faites par les différents membres, soit une indication que
l’équipe de Tallé arriverait à mieux maîtriser la technique d’extraction par presse semi-artisanale.
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Nous constatons aussi une différence entre les rendements actuels sur la 6YL-100 signalés par les
transformatrices de Garbey-Korou, et ceux de l’animateur de l’union, qui avait assisté aux premiers
tests faits avec la machine. Vu que cette machine a été exploitée durant plusieurs années, il est
probable que cette baisse de rendement soit liée à l’usure de la vis sans fin, qui en général se change
une fois par année lors d’usage intensif. Aussi, avant de procéder au changement de la pièce, il est
souvent possible d’aiguiser la vis sans fin une à deux fois pour prolonger sa durée de vie.
Dans la pratique, le groupement de Garbey-Kourou a dû utiliser un mélange des deux techniques
d’extraction au cours de l’année 2020. Les transformatrices ont fait huit extractions, dont cinq ont
été faites avec la presse-huile moderne 6YL-100, et trois par extraction artisanale. Elles ont signalé
que la méthode artisanale s’imposait à cause des pannes de la machine et des coupures de courant,
mais l’animateur de l’union a souligné qu’il s’agirait plutôt d’interdictions à l’exploiter jusqu’à ce
que certaines redevances pour la consommation de l’électricité soient réglées.
En faisant la moyenne pondérée de ces huit extractions, on se retrouve avec un rendement moyen de
25,5 litres d’huile par sac de sésame travaillé, ou environ 34 cl par kg de graines.
Les produits résiduels obtenus tournent autour de 40 kg tourteau5 et 3 litres de bourbe par sac de
graines transformé lors de l’usage de la presse industrielle. Par extraction semi-artisanale ou
artisanale, la quantité de tourteau est plus élevée et la bourbe ne s’obtient pas.
6. Marché
En termes de marché actuel, la clientèle est limitée. On constate que
les membres du groupement de Tallé transforment et vendent en
moyenne 25 litres d’huile par mois6. Leurs principaux clients sont
deux alimentations haut de gamme à Niamey, Haddad Khalil et
Baaklini. Ils leurs vendent les bidons à 5 000 F.CFA par litre, et ces
derniers sont revendus entre 7 500 et 8 000 F.CFA par litre.
Vu que ces deux alimentations prélèvent probablement la TVA sur le
produit, ils retiennent une marge d’environ 23 % pour leur service de
vente, ce qui n’est pas onéreux pour des supermarchés à Niamey. Ils
prennent quelques dizaines de litres par mois.
Le facteur le plus probable pour la lenteur des ventes est le prix élevé
du produit. L’huile de sésame importée n’a pas été retrouvée au
Niger, donc la comparaison la plus utile à faire en termes de prix est
avec l’huile d’olive. Cette dernière, vendue dans les mêmes
alimentations varie de 4 500 F le litre à 13 000 F, ce qui veut dire que
l’huile de sésame de la FCMN-Niya est nettement plus chère que les
qualités économiques d’huile d’olive.
Huile de sésame de Tallé en vente à Baaklini à côté d’une autre huile locale.
Ajouté à cela, il faut préciser que les emballages qui sont des bouteilles de verre de formes diverses,
à bouchons non scellés, et garnis par des étiquettes photocopiées, ne convoient pas l’image d’une
huile haut de gamme.
Au début, Haddad Kalil achetait avec les deux groupements transformant l’huile, mais n’a continué
5 Les transformatrice n’ont pas pesé les sacs de tourteau, mais déclarent que l’extraction de deux sacs de 75kg de
sésame permet de remplir un sac de 40 mesures en tourteaux. Cela devrait s’approximer à 80kg selon nos
expériences avec d’autres huiles.
6
Communication de Saadou, SG de la coopérative Wafakaye de Tallé
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ces dernières années qu’avec celui de Tallé. Le groupement de Tallé a aussi eu à exporter leur
produit sur le Togo. Il n’est pas clair si cette exportation est toujours active.
Les transformatrices de Garbey-Korou vendent plutôt leur huile aux foires et aux salons, et à
certains clients se trouvant dans les pays voisins : Burkina Faso, Nigeria, etc. Le conditionnement
est dans des bidons en plastique, très abordables à l’achat et uniformisés, mais qui convoient
l’image d’une huile populaire pour laquelle les attentes en prix seront beaucoup plus basses que le
prix actuel. La vente aux expositions se fait au nom de l’Union et concerne environ 200 litres par
année, tandis que les autres clients relèvent des affaires individuelles des transformatrices. Ce
marché fait environ 200 litres par année aussi.
Plus important, la FCMN-Niya et ses coopératives ont connu des marchés passés et des occasions
manquées : des restauratrices et des cadres urbains faisaient des achats réguliers ; une commande
d’une tonne d’huile destinée à l’export au Ghana fut enregistrée, mais manquée par incapacité de
livrer la quantité demandée. Surtout, la FCMN-Niya utilisait avant trois kiosques qui avaient
apporté des résultats intéressants : un au siège à la capitale et deux à Gotheye. Les deux derniers
vendaient environ 20 litres d’huile par semaine chacun. Le kiosque au point Bac-Farié de Gotheye
profitait particulièrement des personnes qui passaient prendre le bac lors de leurs sorties de
weekend, et celui de Gotheye ville bénéficiait de l’attraction vers deux marchés en proximité, qui
étaient actifs les lundis et jeudis.
Au niveau des villages producteurs, l’huile de sésame se consomme très peu. On l’utilise à des fins
médicinales et on la consomme lorsqu’il y a une mévente, tel qu’après une foire. Pour la
consommation quotidienne, les ruraux la considèrent trop chère et préfèrent consommer l’huile de
palme importée qui est à 1 000 F.CFA le litre dans la zone.
Bien que les consommateurs nigériens considèrent l’huile de sésame actuellement commercialisée
par la FCMN-Niya comme onéreuse, il vaut la peine de se rappeler que par rapport à d’autres
marchés au monde, ce prix n’est pas élevé. Par exemple, on note qu’aux Pays-Bas, les grandes
surfaces vendent le litre aux alentours de 7 000 F pour la qualité non bio et 16 000 F pour la qualité
bio7. Le problème de la vision onéreuse repose sur deux facteurs : le pouvoir d’achat généralement
faible des Nigériens, et le manque de prise de conscience de la population nigérienne sur la qualité
des huiles de sésame, qui sont perçues comme des huiles fines ailleurs au monde.
Au niveau des produits dérivés et résiduels, la pommade se vend bien durant la saison froide. Le
tourteau connait des bons prix, se vendant à 100 F.CFA le kg ou 5 000 F.CFA le sac. Le savon fait à
base de la bourbe se vend par contre difficilement. Ceci est lié à ses qualités techniques
insatisfaisantes.
Pour les autres produits de sésame non dérivés de la chaîne de valeur des huiles, le plus populaire
est le biscuit de sésame, qui est le seul produit à se vendre mieux que l’huile.
7
www.jumbo.com, www.ah.nl
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un prix de boutique, inclus TVA, de 3 810 F par litre. Les améliorations proposées sont les
suivantes :
• réduire le coût d’acquisition du sac de sésame de 45 000 F à 37 500 F ;
• réduire le coût des étiquettes de 200 F par paire à 50 F ;
• réduire la rémunération / le bénéfice des transformatrices de 33 000 F par sac à 25 000 F ;
• et le plus important, améliorer le rendement en huile en utilisant exclusivement la meilleure
presse, et en achetant les variétés de sésame à forte teneur en huile.
Une feuille de simulation permettant de calculer ces coûts de manière plus détaillée a été livrée à la
FCMN en format numérique.
Celle-ci révèle que la presse actuellement exploitée à Garbey-Korou, la 6YL-100, serait la meilleure
parmi les options disponibles, réservation faite pour la presse industrielle de Tallé sur laquelle peu
d’informations ont été obtenues. En effet, le 6YL-100 est plus économique que les méthodes
artisanale et semi-artisanale pour raison de son rendement d’extraction supérieur.
Ce qui est plus surprenant est qu’il n’est pas non plus évident que la grande presse-huile non
exploitée à Garbey-Korou soit plus avantageuse que la 6YL-100. En effet, en se basant sur les
références de la machine, il semblerait que son coût moindre en main d’œuvre par litre d’huile
produite (les deux opérateurs de la presse travaillent à une cadence doublée), se voit annulé par sa
consommation nettement supérieure d’électricité dans un pays où l’électricité coûte cher.
Cependant, vu que les chiffres utilisés pour ce calcul sont estimatifs, il serait intéressant de produire
un lot sur cette dernière en mesurant les rendements, et en reprenant le calcul avec des chiffres de la
vie réelle.
Au niveau de la rémunération des transformatrices, il est possible qu’elle puisse être réduite
d’avantage, tout en les laissant avec des marges très raisonnables pour leurs travaux. En effet, quand
l’extraction de l’huile se fait avec la machine moderne, la tâche la plus fastidieuse est le tri des
graines de sésame. Le décantage et le conditionnement sont des tâches peu exigeantes en main
d’œuvre. Cependant, en achetant le sésame auprès des producteurs membres de la FCMN-Niya, il
devrait être possible d’obtenir des graines sans sable ni cailloux à la base, vu que ces derniers
maîtrisent les bonnes pratiques de récolte. Ceci rendra le travail de tri très facile, et permettrait de
réduire sensiblement le coût de la main d’œuvre par litre d’huile transformé. L’impureté la plus
importante à éviter, avant de passer les graines dans la presse-huile industrielle, est le sable/petits
cailloux. Ceci parce que le sable use vite le vis sans fin.
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Recommandations
En tenant compte des objectifs initiaux posés par la FCMN-Niya, il ressort que certains choix
stratégiques devront être faits sur la manière à avancer avec la filière sésame dorénavant. Vu que le
coût de la matière première est assez élevé dans la zone, et que la matière première et la marge des
femmes transformatrices constituent les plus grandes charges de fabrication, la possibilité de réduire
le prix de l’huile est limitée sans en même temps réduire le bénéfice des membres de la FCMN-
Niya par litre d’huile produite.
De l’autre côté, une augmentation sensible des ventes permettrait de créer plus de valeur totale que
ce que fait la filière présentement. Surtout, la quantité totale de travail faite actuellement par les
transformatrices dans le processus de la fabrication de l’huile est difficile à évaluer. Le décantage et
le conditionnement ne devraient pas être des tâches si intensives. Si le tri reste trop fastidieux, alors
il faudrait peut-être regarder la possibilité d’acquérir une trieuse de graines pour économiser le
temps sur ce travail, ou ravitailler des graines plus propres à la base. Une bonne trieuse de sésame
pourrait d’ailleurs aider la vente générale de la denrée, puisque le plus grand défaut que les
consommateurs trouvent dans le sésame au Niger est généralement la présence de grains de sable.
Il faudrait donc que la FCMN-Niya et ses unions se posent les questions stratégiques
suivantes :
• À quel point pourrait-il être raisonnable de réduire les coûts des ressources humaines dans
le process de la fabrication ?
• À quel point peut-on réduire le coût d’achat de la matière première sans pour autant
appauvrir les producteurs, qu’on est justement mandaté à enrichir ?
• L’activité doit-elle continuer de se faire sous forme d’une série de micro-entreprises, ou est-
ce que la FCMN-Niya devrait tenter d’harmoniser les actions, voir même les centraliser,
afin d’en tirer les bénéfices d’une action coopérative ?
• Doit-on se contenter de transformer le sésame de la Sirba, ou serait-il stratégique d’intégrer
celui d’autres zones tels que Maradi, où les prix de marché sont plus bas ? Voir même
relocaliser la transformation vers ces zones ?
Les équipements déjà existants suffiraient pour augmenter sensiblement la production actuelle. La
presse 6YL-100 aurait probablement besoin d’un changement de la vis sans fin. À elle seule, bien
entretenue, elle devrait être capable d’assurer une production de 20 tonnes d’huile par année,
pourvu que la matière première soit disponible.
L’installation de lampes dans l’atelier d’extraction d’huiles permettrait de prolonger ses heures de
service la nuit, au cas où des productions encore plus grandes seraient demandées.
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La grande presse industrielle aurait besoin d’être ramenée à l’abri et d’être tournée un peu pour
dégager la rouille qui l’a attaquée.
La presse à cric Walkia aurait besoin d’une manche prolongée afin d’obtenir un meilleur effet de
levier. Actuellement, elle est trop lourde pour la travailler en longueur de journée.
Le décantage actuel suffit bien pour des volumes modestes, allant jusqu’à 3 ou 4 tonnes d’huile
produite par année. Lorsque ces volumes seront excédés, il sera probablement intéressant d’investir
dans une machine de filtrage.
Il n’y a actuellement pas de salle de stockage pour les produits finis. Lorsque les volumes de
production augmenteront, une telle salle s’imposera, puisque les bidons d’huile ne pourront pas être
enlevés à la minute. Aussi, il faudra qu’une salle hygiénique et dédiée soit disponible pour le
décantage et les travaux de conditionnement.
Pour la stratégie de marketing, il sera impossible de concurrencer l’huile de palme importée en
termes de prix pour l’instant. Il sera probablement très difficile de concurrencer l’huile d’arachide
aussi, sauf baisse importante du prix d’achat de la matière première du sésame et de la main
d’œuvre / bénéfice des transformatrices. Cependant, ce diagnostic montre qu’il est bel et bien
possible de concurrencer l’huile d’olive. Pour faire cela, il faudra mettre un accent particulier sur les
aspects qualité et santé de l’huile de sésame dans le marketing. Le fait que certains producteurs
cultivent leur sésame en y associant un peu d’engrais non organique pourrait être conflictuel. Si
FCMN-Niya vend ces huiles comme étant du « bio » ou de « l’organique », cela passera bien chez
les consommateurs nigériens qui cherchent de plus en plus du naturel pour sa santé. Mais il faudra
pouvoir assurer que les promesses faites sur l’emballage soient aussi la réalité du terrain.
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Pour que le dernier point marche, il faudrait que les points de vente / kiosques créés vendent plus
qu’un seul produit afin d’attirer la clientèle. Ceci pourrait se faire en incluant d’autres produits à
bonne durée de conservation produits par les membres de la FCMN-Niya, de diverses régions, dans
ce réseau de distribution. En ouvrant ce réseau à d’autres producteurs / transformateurs de produits
locaux aussi, la FCMN-Niya pourrait rendre leurs kiosques intéressants par la diversité des produits
présentés, tout en assurant une position phare à l’huile de sésame.
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Appendix A
Analyse FFOM
Forces Faiblesses
Un grand réseau. Coût de sésame relativement cher.
Une grande production de sésame. Individualisme dans les actions plutôt que l’esprit
coopératif.
Intérêt plus grand chez les membres envers les
appuis et prises en charges que l’activité
productive et commerciale.
Opportunités Menaces
Intérêt croissant aux aliments naturels, bio. Concurrence d’autres acteurs dans la filière
sésame.
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Appendix B
Figure 1 : Schéma de l’extraction de l’huile de sésame par la méthode
artisanale « mortier-pilon ».
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Figure 2 : Schéma de l’extraction de l’huile de sésame par la méthode
artisanale « calebasse ».
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Figure 3 : Schéma de l’extraction de l’huile de sésame par la méthode
industrielle.
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Figure 4 : Schéma de l’extraction de l’huile de sésame par la presse à
froid manuelle Walkia.
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