Entreprenariat • Environnement • Société

Arts et traditions en RDC sont le reflet

de nos valeurs
Mots clés : La voix du Congo profond, éducation, culture, arts, ancêtres, chefs coutumiers, identité, RDC

Les scientifiques s’accordent à qualifier l’Afrique de berceau de l’humanité. Nos ancêtres ont su protéger et
gérer leur patrimoine naturel et culturel : pourquoi ne pourrions-nous pas gérer le nôtre et en faire le ciment
de notre identité culturelle ?

Auteur(s) : Alain Huart, Chantal Tombu, Alice Van der Elstraeten

Date de publication : Juin 2012

Catégorie(s) : E
 cotourisme • Services agro-environnementaux, agriculture de conservation • Construire
son avenir, éducation, santé, énergie, eau, habitat • La femme dans la société

Province(s) : K
 inshasa • Bandundu • Équateur • Province Orientale • Nord-Kivu • Sud-Kivu •
Maniema • Katanga • Kasaï-Oriental • Kasaï-Occidental • Bas-Congo

Partenaire(s) : Agence belge de Développement, CTB • Ministère de l’agriculture et du Développement

rural (RDC) • Ministère de l’éducation • WWF • Coopération allemande

Nombre de pages : 5

Identification : F-ECJ-P5-N4-S2.6-1

Nos valeurs, comme gérer, respecter, transmettre, se retrouvent dans nos arts, par exemple dans les objets ethnographiques.
C’est également le cas de l’agriculture, une longue tradition du néolithique à nos jours. Découvrez-en quelques exemples.

Arts et cultures Prenons par exemple l’image du masque. Nos arts et traditions sont
Tout le monde le connaît mais avons-nous les reflets de nos valeurs
Si le lion, la lionne et ses petits du parc conscience de son sens profond, de sa symbo-
national de Kundelungu figurent sur le billet lique ? Le masque se conçoit comme un tout : Les  chefs coutumiers sont censés détenir
de 20 Fc. Si l’éléphant figure sur le billet de costume, gestes, paroles, danse. Il sort à des leur autorité traditionnelle des esprits de
100 Fc. Si l’agriculture et les instruments de occasions précises de transition : naissance, la nature et des ancêtres. Ils utilisaient et
musique illustrent le billet de 200 Fc. Si l’ex- initiation, deuil, saison, cycle lunaire. Il soude utilisent encore des objets symboles de leur
ploitation artisanale du diamant est retracée la communauté autour d’un message codé et pouvoir comme le tabouret, la canne, le
sur le billet de 500 Fc, c’est que l’État est crée une solidarité et une responsabilité. porte-flèche… Ces ustensiles étaient chargés
conscient de ses richesses, et que notre mon- de pouvoirs magiques par le nganga. Celui-ci
naie est le fil conducteur d’une identité cultu- Le masque qui vient de la forêt, est issu d’un est quelqu’un qui a appris à soigner par les
relle et naturelle. arbre aux propriétés effectives et symbo- plantes et a été initié à certaines techniques
liques, propriétés observées et éprouvées. liées à la magie, à la divination, à la reli-
Si le bâton d’Ishango dans le parc des Virunga Le masque, enfin, lie l’homme et la nature, gion. Il assiste le chef dans sa gouvernance,
à l’Est de la RDC est le système de calcul le symbolise le passage d’un monde à l’autre. rend les objets efficaces en y intégrant des
plus ancien de l’humanité et en quelque sorte charges magiques et tente de résoudre les
la première machine à calculer mise au point Les biens fonciers, c’est-à-dire la terre, ce problèmes rencontrés par la communauté :
par l’homme, il y a déjà vingt mille ans… que nous avons de plus précieux dans notre deuil, maladie, stérilité…
pays, sont traditionnellement entérinés par
Si les chefs-d’œuvre d’Afrique centrale sont les esprits des ancêtres fondateurs et les
mis en valeur dans tous les musées interna- esprits de la nature. Le respect du rituel et
tionaux comme au musée des Arts premiers à le sens du sacré permettent aux hommes de
Paris, voulu par le président Chirac… vivre en communication avec la nature, héri-
tage exceptionnel et divinisé.
Alors nous, les enfants de RDC, devons
apprendre à connaître les richesses de notre « La terre ne nous appartient pas, elle nous
patrimoine culturel, conservé et étudié par est prêtée par nos enfants. »
nos musées et nos parcs nationaux, nos jardins A. de Saint-Exupéry
Chef teke.
botaniques, nos réserves de biosphère.

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Responsables de la communauté, les diri- Gérer, respecter, ­transmettre ; graines de plantes comestibles, le feu vital et
geants doivent lui garantir des ressources. égalité, responsabilité, le panier pour la récolte des impôts. Cette
Celles-ci proviennent de la nature et néces- ­solidarité… tradition orale met donc en scène un chef et
sitent une gestion responsable qui permet à sa soeur, héros mythiques qui furent à l’ori-
la nature de se renouveler. Ces valeurs se retrouvent dans des objets eth- gine de l’expansion de l’agriculture. Le tres-
nographiques appartenant à la collection per- sage en cascade ou cruciforme des sculptures
Aussi le chef réglementait-il la succession manente du Musée national de Lubumbashi, luba et hemba garde la trace de ce geste qui
des cultures par des rites agraires spécifiques au Katanga. Découvrons-les. assurait à la collectivité la possibilité de se
ainsi que les périodes de chasse et de pêche. nourrir à long terme. Dans l’intersection de
Les temps durant lesquels on ne pouvait ni La responsabilité d’une bonne ­gouvernance. la croix, un rectangle symbolise la forme du
chasser ni pêcher permettaient aux animaux Agir pour solidariser la communauté. paquet de semences. Les quatre directions de
de se reproduire et de grandir. Des périodes la coiffure évoquent l’univers, et leur inter-
de jachère permettaient également à la terre section, le lieu où les esprits se divisent et se
de se reposer et se fertiliser. rassemblent. D’autres coiffures, en cascade,
sont une variante de ce symbole. Ces popula-
L’initiation était une école traditionnelle tions et d’autres ont créé les grands royaumes
destinée à transmettre aux jeunes garçons et de la savane du xve au xviiie siècle.
filles pubères les règles à ne pas transgresser
(les interdits). Durant plusieurs mois, voire Aujourd’hui, ce type de coiffure est aussi
quelques années, des spécialistes encadraient associé à l’autorité politique du royaume ; il
les élèves et leur permettaient de devenir des se rapporte aux signes de la voyance, reflète
adultes responsables. Statuette janiforme kajeba, le rôle réel et symbolique de la femme,
bangubangu, Maniema. évoque les quatre directions de l’univers et le
Des cérémonies de clôture, marquées de carrefour des esprits et résume la devise des
danses, costumes masqués, chants et roule- Cette sculpture est transmise au chef lors de hommes de la mémoire, membres de l’asso-
ments de tambour marquaient la fin de cette son investiture. Elle comporte deux visages ciation secrète Mbudye : « tous pour un et un
période de transition et de métamorphose qui représentent les ancêtres féminin et mas- pour tous ». Proverbe qui, malheureusement,
physique (circoncision, scarifications…) et culin, fondateurs du lignage. Elle permet au s’oublie de plus en plus !
mentale. chef d’acquérir un don de double vue et d’en-
trer en contact avec les esprits ancestraux L’égalité des droits dans un foyer
Passé de l’état naturel à l’état culturel, afin de résoudre les problèmes rencontrés par
l’initié est responsable aux yeux de tous de la communauté.
la gestion de la nature comme source de
revenus mais aussi comme lieu de ressource- Éduquer : les secrets de l’agriculture se
ment culturel, via les symboles et les cultes transmettent.
rendus aux esprits. Des initiations secrètes
ont lieu dans certaines sociétés et responsa-
bilisent davantage l’individu, détenteur d’un
Le couvercle à proverbe ngunga, woyo, ­Bas-Congo,
savoir secret.
est en bois dur, lourd et r­ ésistant. Il doit se
­transmettre de génération en ­génération, dans la
Traditionnellement, le village des ancêtres se lignée des femmes.

trouve sous la terre, dans les forêts. De nos Généralement, ce type de couvercle est uti-
jours, on trouve encore des pans de forêts lisé lorsqu’éclate une brouille conjugale.
sacrées où sont enterrées les lignées de chefs, La femme couvre la nourriture qu’elle a pré-
Statue d’ancêtre lusingiti, hemba, Nord ­Katanga
par exemple chez les Teke. parée pour son mari avec un couvercle orné de
et Maniema.
personnages qui expriment, par les proverbes
Les mythes qui font allusion à la connaissance illustrés, les raisons de son mécontentement.
de l’agriculture sont nombreux en RDC. Dans Les  messages qu’indique le couvercle per-
certains royaumes, les mythes d’origine mettent à la femme d’exprimer à son mari
révèlent que le Dieu créateur aurait convoqué ses griefs, cela devant la communauté des
les hommes pour leur livrer le secret de l’agri- anciens. Les  motifs utilisent la symbolique
culture. Ensuite, lors des grandes migrations, du chiffre trois. Toutes les bonnes choses
les ancêtres fondateurs auraient conservé viennent par trois : un mari doit donner à
précieusement dans le secret de leurs coif- sa femme des vêtements ; une femme doit
fures les semences nécessaires aux cultures. faire la cuisine pour son mari ; ils doivent
Cimetière dans la forêt sacrée. avoir des enfants. Le  mari comprend ainsi
Le mythe originel luba rapporte que, lors des l’élément qui fait défaut et peut remédier
migrations, la soeur du chef aurait transporté au problème dénoncé. S’il n’apporte pas de
dans un espace creux sous les tresses de sa solution, la femme peut divorcer, en accord
coiffure, les éléments culturels essentiels : les avec le conseil des anciens.

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Par contre, l’homme défaillant ne pourra pas s’y rapportent dévoilent les grands secrets de Les techniques de pêche utilisées par certains
prétendre à se remarier. Les messages anec- la nature, des lois de l’univers et des forces peuples de la RDC dénotent une connaissance
dotiques du couvercle du MNL parlent d’un mystérieuses qui conduisent à la sagesse. remarquable du milieu. À certains endroits du
mari paresseux, irresponsable et incapable de Cette sculpture représente un jeune initié fleuve Congo ou le long de rivières puissantes,
nourrir sa famille. Il aurait perdu son mariage après la circoncision. Le  rouge est le sym- de grandes nasses de plus de 1,50 m de hau-
et aurait été condamné à rester célibataire à bole de la métamorphose accomplie : ce teur et 1 m de large sont posées, lestées de
vie par le conseil des Anciens. n’est plus un enfant mais un adulte respon- pierre ou maintenues par un ouvrage de bois
sable, qui détient les secrets de son patri- entrelacés, renforcés de lanières d’écorces.
L’homme initié, qui a appris le savoir des moine culturel. Le maître de l’initiation qui Autrefois, l’usage de ces nasses n’était auto-
Anciens, connaît et respecte son patrimoine transmet les connaissances possède un puis- risé par le pouvoir coutumier qu’après les
culturel sant et incontournable pouvoir qu’il libère, périodes de frai (reproduction des poissons).
capitalise, contrôle et redistribue au bénéfice
Les  rites d’initiation se différencient d’un des jeunes initiés pour la maîtrise des forces Les  pêcheurs avaient observé que certains
peuple à l’autre. Pour certains peuples, vitales cachées. La rigueur, la discipline et le poissons se rassemblent et migrent pour
l’école d’initiation, n-khanda, est liée aux respect des interdits sont indispensables pour frayer en des lieux précis. Ces endroits étaient
rites de la circoncision. Le plus souvent, les la réussite de l’initiation. En soi, l’initiation sacrés.
peuples de la savane (Tshokwe, Pende, Yaka…) est toujours comprise comme l’étape la plus Les chefs coutumiers désignaient des senti-
qui les pratiquent les font accompagner d’une dure de la vie où tout s’apprend en endurant nelles pour surveiller et protéger les frayères.
sortie de masques que portent les novices. des épreuves et des souffrances qui peuvent Seuls les poissons adultes pouvaient être
Pour d’autres peuples, l’initiation permet de parfois coûter la vie. Il faut avoir du courage pêchés. Les formats des nasses variaient de 30
devenir membre d’une association secrète et être astucieux pour les surmonter. À la fin à 150 cm, pour correspondre aux dimensions
(Luba, Lega, Kuba, Leele). Ici, les initiés sont de l’initiation, le jeune initié, qui s’est rendu de poissons adultes de toute espèce.
reconnus à partir du port d’un insigne. en brousse en tant que profane, revient au
village pour être intégré dans la vie d’adulte
en tant qu’homme culturel. FOCUS SUR L’AGRICULTURE !

La  pratique de l’agriculture en RDC, une

longue tradition, du néolithique à nos jours.

La RDC est un immense pays, quasi un conti-

nent au cœur d’un continent. C’est le troi-
sième plus grand pays d’Afrique et le 12e État
du monde par sa taille, grand comme quatre
fois la France, quatre-vingt fois la Belgique.
La RDC est donc gigantesque mais assez peu
Crâne de singe mungugundu, lega, Kivu-Maniema.
peuplée : en effet la population se concentre
sur les plateaux, dans la savane près des
Enveloppé dans un morceau de peau d’écu- fleuves et des lacs. Le nord et le centre du
reuil, aux yeux représentés par deux boutons, pays, domaines de la forêt équatoriale, sont
ce crâne fait partie des objets initiatiques. quasiment vides. Par contre, l’exode rural
Il métamorphose plusieurs symboliques dont a grossi les villes, surtout Kinshasa, dont la
Statue d’initiation kakungu, celle d’un chef ou d’un père de famille qui population équivaut à quasi la population de
komo, Sud-Kivu.
prend trop peu de soin de ses subordonnés ou la Belgique ! Les grandes agglomérations sont
de l’avenir de ses enfants. Il peut aussi repré- Kinshasa, Lubumbashi, Kisangani, Mbuji-Mayi,
Les périodes de transition que sont la nouvelle senter les éclaireurs d’une troupe d’armée. Kananga, Mbandaka, Bukavu, etc. Mais les 60 %
lune, les deuils, les rites thérapeutiques et Il  est utilisé pour responsabiliser ceux qui de la population se trouvent en zone rurale.
la fin du rituel de circoncision, lorsque les détiennent le pouvoir.
garçons pubères forment une nouvelle géné- Autrefois, les populations vivaient regroupées
ration, étaient et sont encore marquées par Les Anciens pratiquaient une gestion des en villages. Elles pratiquaient l’agriculture iti-
des danses, chants et roulements de tambour. territoires nérante sur brûlis et respectaient les temps
Pour l’initiation des jeunes garçons, on utilise de jachère ; comme il n’y avait pas de grandes
les planches initiatiques. villes, les besoins en bois de feu étaient pro-
portionnels à la densité de population et la
Elles sont ornées de figures humaines ou nature avait le temps de se renouveler. C’est
animales ou d’idéogrammes (motifs géomé- depuis que les populations ont quitté les
triques symboliques), et de couleurs (rouge, campagnes pour se regrouper dans des villes,
noire, blanche) qui relèvent d’une haute petites ou grandes, que l’environnement a
valeur symbolique et didactique pour les fortement souffert de la présence humaine.
jeunes garçons dans le camp d’initiation et Des ceintures vertes d’acacias autour de
pour la communauté. Les enseignements qui chaque agglomération et bien sûr la remise

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en état du barrage d’Inga, et l’accès à l’élec- Le masque mwanaphwo est un masque qui La  plupart de la population congolaise
tricité pour tous sont les seuls moyens actuels idéalise la beauté féminine, qui incarne une consomme les céréales sous forme de farine.
pour contrer le déboisement des savanes et ancêtre fondatrice morte très jeune et qui Ces céréales sont pilées et transformées en
des forêts. fait également allusion à la fertilité du sol. farine. Cette dernière est par la suite tamisée
avant l’usage culinaire.
Le  déboisement a des conséquences sur la
fertilité du sol, provoque des érosions et
aggrave la pauvreté. Au final, le déboisement
mène à l’instabilité et à l’analphabétisme des
familles qui seront obligées de chercher du
combustible et de l’eau de plus en plus loin.

Objets liés à la vie quotidienne et

rites agraires
Masque mwanaphwo, tshokwe, Katanga. Tamis musalu, tshokwe, Katanga.
L’agriculture est définie comme l’ensemble Il démontre combien l’agriculture est impor-
des techniques de production des plantes et tante pour l’épanouissement et le développe- De nombreuses populations de la RDC consom-
des animaux. Plus ancienne que la domesti- ment de la société. ment, froids ou chauds, l’igname, la banane
cation des animaux, celle des plantes est une plantain, la farine de manioc et des céréales
suite logique à la collecte et à la cueillette Toujours porté par un homme, associé à un transformées en pâte. Le repas se prend sou-
des plantes comestibles pratiquées pendant costume tressé orné de seins sculptés en bois, vent loin de la maison, là où les agriculteurs
tout le paléolithique. il est dansé notamment lors de rites agraires cultivent. Ce panier permet de maintenir la
Des souches sauvages ont été sélectionnées qui se déroulent avant le début de la culture nourriture chaude pendant plusieurs heures.
par l’homme et cultivées systématiquement : et après la récolte.
c’est ce phénomène culturel qui a produit des
plantes domestiques. L’agriculture s’est déve- Une partie des produits récoltés n’est pas
loppée au néolithique, lorsque les peuples se directement consommée. Elle est conservée
sont sédentarisés et organisés en premiers dans des greniers pour un usage opportun. Au
villages. Sur les territoires de la RDC se pra- Congo, la forme, la dimension et la matière
tiquent l’agriculture, l’élevage, la chasse et la première des greniers dépendent d’un produit
pêche. La majorité des populations cultive le à l’autre : maïs, arachide, manioc, sorgho,
manioc, le maïs, la canne à sucre, le bananier, millet… Les deux greniers exposés au MNL
Panier porte-manger nkukiya katu, leele,
l’arachide, le palmier, l’igname, l’ananas, le en témoignent.
­Kasaï-Occidental.
sorgho, le millet.
Pour travailler au champ, les agriculteurs se L’un en écorce d’arbre renvoie à la conser- À côte des plantes culturales qui nourrissent la
servent d’outils comme la hache, le grand vation des céréales et l’autre en osier sert à communauté, l’élevage, la chasse et la pêche
couteau, la machette, la houe, etc. Dans les conserver les arachides. ont aussi joué cette fonction noble. Les ani-
milieux traditionnels, l’agriculture a toujours maux domestiques (chien, chèvre, cochon…)
été au centre de l’économie de subsistance. et sauvages (lion, léopard, éléphant…), ainsi
que certains oiseaux (touraco, aigle, per-
L’agriculture implique également l’usage de roquet…) et poissons (poisson électrique,
certains objets de culture matérielle pour le requin, silure…) ont été adoptés comme des
transport, la transformation, la conservation animaux totémiques. Ce cas est illustré par
et la préparation des produits de consom- la planche nkanu du MNL qui montre un initié
mation. Parmi ces objets, se retrouvent les se transformant en félin.
paniers, les porte-manger, les pots, les gre-
Grenier en écorce kitula, yaka, Bandundu, et
niers, les tamis, les assiettes, les coupes. Pour
­grenier en vannerie, kasik, lunda, Katanga.
certaines populations, il s’avère essentiel
que l’agriculture soit accompagnée de rites Le plus souvent, le traitement des céréales
agraires. En ce cas, on recourt aux objets exige un triage. Le van, panier à fond plat,
comme les masques, statuettes, oracles et large, sert à vanner, et à sélectionner le bon
charmes. grain.

Il existe dans des vitrines du Musée National

de Lubumbashi (MNL) et du Musée National de
Planche nkanu, Bandundu.
Kinshasa au Mont Ngaliema des objets d’art
qui rappellent la pratique de l’agriculture. En
voici quelques exemples à travers les objets
ci-après :
Van kisaku, tshokwe, Katanga.

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Conclusion Qu’est-ce que l’identité culturelle ?

Les  recherches archéologiques en Afrique L’identité culturelle, c’est ce qu’un

centrale sont encore trop peu développées. individu a en commun avec les autres
Mais elles s’avèrent prometteuses ! C’est en membres du groupe. Par exemple une
RDC que des archéologues ont découvert deux langue, des lois, des codes, des mythes,
étonnants petits os recouverts d’encoches sys- des proverbes, des valeurs…
tématiques. Ces bâtons pourraient être des L’identité culturelle est l’affirmation
machines à calculer vieilles de 25 000 ans ! d’un noyau de valeurs persistantes et qui
Le  site archéologique se trouve à Ishango, servent de ciment entre l’individu, sa
dans les Virunga, et ces bâtons seraient la culture et les différents groupes d’appar-
plus ancienne preuve de la connaissance tenance.
mathématique par l’homme, bien avant les
Mésopotamiens et les Égyptiens.

Depuis la préhistoire et le passage d’un mode

de vie pastoral à celui de paysannat séden-
taire, les hommes se sont toujours attachés
à améliorer leurs outils de travail et leur vie
quotidienne. Des systèmes de pensée com-
plexes ont sous-tendu dans notre pays l’or-
ganisation de communautés organisées. Des
rituels ont jalonné chaque aménagement de
territoire, et l’homme a créé à partir des liens
tissés avec la nature un patrimoine culturel
exceptionnel. L’art d’Afrique centrale est
réputé et est devenu le fleuron de musées
célèbres, nos sculptures sont couvertes d’écri-
tures symboliques à déchiffrer, les systèmes
initiatiques reposent sur la sagesse d’une tra-
dition ancestrale, le patrimoine immatériel
dont nous héritons est une école de sagesse.

Les  scientifiques s’accordent, au regard

des fossiles humains trouvés, à qualifier
l’Afrique de berceau de l’humanité. Or
cette Afrique est aujourd’hui un continent
en proie à de nombreuses difficultés.

N’est-ce pas méconnaître notre histoire,

celle de l’Afrique, que d’affirmer que nous
n’avions rien inventé ? Si nos ancêtres ont
fait leur temps, ont su protéger et gérer leur
patrimoine naturel et culturel, pourquoi ne
pourrions-nous pas gérer le nôtre et en faire
notre fierté et le ciment de notre identité
culturelle ?

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