SNIA 2017 Complet
SNIA 2017 Complet
SNIA 2017 Complet
d’Immigration
et d’Asile
RAPPORT 2017
www.marocainsdumonde.gov.ma
« … L’Afrique, pour Nous, n’est pas un objectif, c’est plutôt une
vocation au service du citoyen africain, où qu’il soit.
Préface.......................................................... 7
Acronymes.................................................... 9
Introduction................................................ 11
Programmes transverses.................................................. 95
Abdelkrim BENOUTIQ
Ministre délégué auprès du ministre des
Affaires étrangères et de la Coopération
internationale, chargé des Marocains
résidant à l’étranger et des Affaires de
la migration
Introduction
L’approche qui a été suivie par le Maroc durant les trois premières années
de la nouvelle politique migratoire a été d’agir concomitamment sur trois
plans – régularisation des migrants en situation irrégulière, ouverture des
droits et intégration des migrants et des réfugiés dans les services publics,
et mise à niveau des cadres légal et institutionnel.
Le Maroc a ainsi, en moins de 3 mois après l’annonce de la nouvelle politique
migratoire, mis en place une opération exceptionnelle de régularisation des
migrants en situation irrégulière. 3 000 fonctionnaires ont été mobilisés
pendant un an entre 2014 et 2015 afin de traiter les 27 649 demandes de
régularisation et de préparer la délivrance des titres de séjours pour 23 096
personnes régularisées.
Cette opération de régularisation a été mise en place en consultation
avec la société civile, qui était représentée au niveau des commissions
locales, ainsi qu’au sein de la Commission nationale de recours. Celle-
ci, présidée par le Conseil national des droits de l’homme (CNDH), a
permis l’assouplissement des critères de régularisation et la régularisation
P 25
Santé, logement, assistance sociale et
humanitaire
P 50
Programmes transverses
P 95
Education, culture, jeunesse et loisirs
2- « Les migrants subsahariens au Maroc : enjeux d’une migration de résidence », Fouzi Mourji, Jean-Noël
Ferrié, Saadia Radi, Mehdi Alioua, Université internationale de Rabat, en coopération avec la Fondation
Konrad Adenauer, 2016
migration au titre de l’année 2016, pour un budget total de 2 640 000 DH.
De plus, plus de 40 activités culturelles dans 10 villes ont été réalisées par
des associations dans le cadre de la deuxième édition de la Semaine des
migrants qui s’est tenue du 14 au 19 décembre 2016. De la même manière,
les activités organisées autour de la Journée mondiale du réfugié du 18 au
23 juin 2017 ont permis de sensibiliser le public, par des manifestations
artistiques et éducatives, sur la situation des réfugiés, la diversité culturelle
et le vivre ensemble. A cette occasion, l’association marocaine des petits
débrouillards a formé, avec le soutien de la GIZ, 16 formateurs de 8
associations aux questions du vivre ensemble et de l’inter-culturalité selon
une approche ludique pour conduire des activités de sensibilisation dans
les écoles.
Un ensemble de festivals ont par ailleurs été soutenus par le ministère et
ses partenaires, comme la 10ème édition du Festival Rabat-Africa « Nuits
culturelles africaines » organisé par la FOO en octobre 2016 avec le
soutien du HCR, le festival Timizart organisé à Tiznit avec le soutien de
la GIZ en juillet 2017, ou le Festival Maroc – Cœur d’Afrique organisé
avec le soutien du ministère qui a permis l’organisation d’une vingtaine
d’évènements pendant la semaine des migrants.
Enfin, 1 063 migrants et réfugiés adultes ont bénéficié de cours de langue
arabe et française dans le cadre des appels à projet du ministère chargé
des Affaires de la migration en 2016. Des cours de darija ont de surcroît
été dispensés à la FOO au profit de 25 réfugiés et demandeurs d’asile,
et des cours de français à l’Institut culturel français et à l’association Art
Lina (35 personnes). Un cursus de langue marocaine est enfin en cours
d’élaboration à Tanger avec le soutien de la GIZ.
3. Résultats et contraintes
L’année 2016-2017 a vu le prolongement des efforts des pouvoirs publics
et de leurs partenaires nationaux et internationaux en faveur de l’éducation
des enfants migrants et réfugiés et de la promotion de la diversité culturelle.
En particulier, les opérations de sensibilisation ont permis de scolariser près
de 850 enfants, et près de 800 enfants ont bénéficié de cours de soutien
a) Intégration des enfants des jeunes immigrés et réfugiés dans les colo-
nies de vacances et voyages organisés du ministère de la Jeunesse et des
sports (Action 2.1)
Des efforts ont ainsi été faits afin d’étendre la couverture du programme
national des colonies de vacances. En février 2017, le ministère de
la Jeunesse et des sports a, à l’occasion du lancement du programme
national « Vacances pour tous » annoncé une généralisation de l’offre à
l’attention des enfants d’immigrés résidant au Maroc ainsi que pour les
enfants aux besoins spécifiques, et l’organisation de colonies de vacances
« internationales », africaines et arabes.
Par ailleurs, le ministère de la Jeunesse et des sports a intégré, en
collaboration avec l’association FASED-Maroc, des immigrés au cycle
de formation des moniteurs de colonies de vacances de la session de
printemps 2017 afin de leur permettre d’acquérir le diplôme de moniteur
de colonies et de participer à leur encadrement. 8 migrants ont participé
à cette formation.
Signe de l’accroissement des efforts de sensibilisation, les associations
soutenues par le ministère délégué chargé des Affaires de la migration
ont permis cette année de dépasser les 500 enfants immigrés et réfugiés
dans le programme national de colonies de vacances, dont plus de 100
réfugiés.
500
400
300
200
100
0
2013 2014 2015 2016 2017 2018
Des activités sportives ont été organisées tout au long de l’année afin
d’intégrer les immigrés et les réfugiés et de promouvoir le vivre ensemble.
Près de 10 tournois de football interculturels ont ainsi été organisés
durant la Semaine des migrants du 14 au 20 décembre 2017. Un tournoi
de football a par ailleurs été organisé à l’occasion de la Journée mondiale
du réfugié du 18 au 23 juin 2017 entre huit équipes mixtes de Marocains
et de réfugiés de différentes villes du Maroc.
D’autres activités sportives interculturelles ont été organisées par
la direction provinciale du ministère de la Jeunesse et des sports à
Casablanca à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la
femme qui a eu lieu du 8 au 29 mars 2017.
De nombreux migrants ont par ailleurs participé à la troisième édition
du programme national Abtal Al-Hay (champions de quartier) qui a vu
la participation de plus de 70 000 jeunes à des tournois de football
et de street basket afin de promouvoir la participation des jeunes des
milieux urbains et ruraux aux activités sportives. Une équipe de migrants
Consultations
générales:
9 385
3. Résultats et contraintes
Au niveau du programme santé, plusieurs avancées ont été réalisées
et des efforts considérables ont été entrepris depuis le lancement de la
Stratégie nationale d’immigration et d’asile. Cependant, et afin d’assu-
rer aux immigrés un accès plus complet aux services de santé, certaines
contraintes sont encore de mise, parmi lesquelles :
¡¡ Manque de données relatives à la migration ( profil épidémiologique,
etc. )
¡¡ Insuffisance de connaissances scientifiques pour certaines catégories
vulnérables notamment les femmes et les enfants ;
¡¡ Absence d’un système d’information et de surveillance
épidémiologique pour le suivi de l’état de santé des migrants ;
¡¡ Insuffisance de la collaboration entre les différents acteurs sur le
terrain ;
¡¡ Faiblesse de la mobilisation de la société civile dans certaines
régions ;
¡¡ Retard de mise en œuvre de l’assistance médicale des migrants ;
¡¡ Manque de formation du personnel médical au niveau des structures
de santé sur la prise en charge de la population migrante ;
¡¡ Manque de statistiques sur la prise en charge sanitaire des migrants.
4. Mesures prévues pour 2017-2018 et recommandations
¡¡ Opérationnalisation du programme d’assistance médicale des
migrants ;
¡¡ Renforcement des compétences et des capacités du système national
de santé en matière de prise en charge médicale et psychosociale
spécifique des migrants ;
¡¡ Elaboration d’un module de formation complet en matière de prise
en charge médicale et psychosociale spécifique des migrants au
4% 3% 2%
3%
30%
58%
Les plus vulnérables des migrants, notamment ceux qui vivent dans une
situation administrative irrégulière, vivent souvent dans des conditions
précaires, y compris dans des groupements et campements dans les forêts
ou dans les périphéries des villes.
200 migrants ont bénéficié d’une assistance juridique via l’appel à projets
lancé par le ministère chargé des Affaires de la migration en 2016.
De son côté, le HCR gère un programme d’assistance légale pour les
réfugiés et les demandeurs d’asile, qui est mis en œuvre à travers un contrat
avec un cabinet d’avocats. Celui-ci apporte une assistance juridique et
judiciaire aux réfugiés et aux demandeurs d’asile qui en ont besoin. Cette
assistance comprend un accompagnement juridique en dépôt de plainte,
une assistance pour l’obtention de documents civils ou administratifs par
voie administrative ou judiciaire, ainsi qu’une représentation légale pour
des affaires pénales. Cette assistance a bénéficié à 114 réfugiés en 2016-
2017.
Il y a par ailleurs 6 cliniques juridiques en activité dans les universités
marocaines, et deux en création. Ces cliniques juridiques peuvent
être généralistes, comme à l’Université Mohammed V de Rabat, ou
spécialisées, comme à l’Université Hassan II de Casablanca. Elles offrent
un espace pédagogique d’apprentissage pratique pour les étudiants en
même temps qu’un soutien aux personnes ciblées dans l’accès au droit et
à la justice. Le HCR a signé des conventions de partenariat avec trois de
ces cliniques juridiques à Rabat (Université Mohammed V), Casablanca
(Université Hassan II) et Tanger (Université Abdelmalek Essaadi). Dans ce
cadre, le HCR forme les enseignants de ces universités sur la protection
internationale des réfugiés et intervient auprès des étudiants sur des
modules dédiés à cette question. Enfin, le HCR permet à des stagiaires
de ces universités de se familiariser avec le travail du HCR en matière de
détermination de statut et de protection.
l’OIM). Les assistants sociaux ont par ailleurs été mis en réseau avec les
associations locales et les représentants des services déconcentrés afin de
constituer un embryon de coordination locale sur ces questions. Enfin,
depuis fin 2016, le HCR organise conjointement ses missions de terrain
avec le ministère délégué chargé des Affaires de la migration, l’Entraide
nationale, et ses partenaires de mise en œuvre.
Un plan d’action de l’Entraide nationale sur l’intégration de la thématique
migration dans le domaine de l’assistance sociale et humanitaire est par
ailleurs en cours de préparation depuis avril 2017 en coopération avec
l’OIM.
Le HCR travaille aussi sur la sensibilisation des femmes, en organisant des
sessions d’échange et de dialogue avec les femmes réfugiées de toutes
nationalités, dans le cadre des exercices de d’identification des besoins
et de guichet unique (412 femmes concernées entre septembre 2016 et
août 2017). Le HCR organise aussi des sessions d’information et de réfé-
rencement lors de l’enregistrement des réfugiées.
Une formation sur la protection des victimes a enfin été assurée par
le HCR et ses partenaires au bénéfice de 75 membres du Groupe de
travail protection (GTP) de Oujda pour la mise en place d’un plan
d’action conjoint sur l’identification et l’accompagnement des victimes
de violences et de traite. De plus, le HCR opère pour le renforcement
des capacités des initiatives associatives (GTP Oujda et Tanger) afin
d’améliorer la prise en charge des victimes de violence basée sur le genre
et des victimes de traite et de développer un plan d’action permettant de
donner une réponse aux différents niveaux (identification, prise en charge
et solutions durables).
15 conventions ont par ailleurs été signées avec les associations dans le
cadre de l’appel à projets du ministère chargé des Marocains résidant à
l’étranger et des Affaires de la migration de 2016, permettant de toucher
2 210 bénéficiaires à travers des distributions de produits de première
nécessité et l’organisation de plusieurs campagnes sanitaires.
Formation professionnelle et
emploi
L’insertion économique est unanimement reconnue comme un élément
clé dans le processus d’intégration locale des migrants et des réfugiés du
fait qu’elle leur permet de vivre dans des conditions dignes et décentes,
d’acquérir une autonomie économique et financière, et d’interagir avec
la société d’accueil comme acteurs de la vie économique et sociale.
Le soutien à une insertion économique précoce des migrants et des
réfugiés est ainsi essentiel à la réussite du parcours d’intégration qui
reste un processus progressif et multidimensionnel. L’insertion sur le
marché du travail requiert généralement l’acquisition ou la valorisation
d’un capital humain qu’un migrant ou un réfugié n’est pas toujours en
mesure de réaliser facilement et par lui-même. Le soutien à la formation
professionnelle, la mise en place d’un processus de reconnaissance des
qualifications et des compétences, et les mesures de rapprochement entre
les migrants et le marché de l’emploi sont ainsi essentiels afin de favoriser
leur intégration, au même titre que l’ouverture des droits et de l’accès aux
services d’emploi et de formation professionnelle.
Une initiative pilote a été lancée par la GIZ entre décembre 2015 et avril
2016, en partenariat avec le ministère chargé des Marocains résidant à
l’étranger et des Affaires de la migration, et les associations AMAPPE à
Rabat et IntEnt à Casablanca, afin de renforcer les compétences des acteurs
associatifs agissant dans le domaine de l’insertion économiques, en tant que
structure d’intermédiation. Cette initiative pilote a permis de développer des
outils de bilan de compétence et d’analyse de l’employabilité des migrants
afin d’assister les associations dans l’orientation professionnelle des
migrants et des réfugiés. Un atelier de réflexion a été organisé en décembre
2016 afin de présenter les résultats de ce projet pilote. Cet atelier a été
l’occasion de réfléchir sur les dispositifs de formation professionnelle et de
validation des acquis, ainsi que sur les stratégies de recherche d’emploi et
de l’auto-emploi.
Enfin, une circulaire a été signée le 6 octobre 2015 par le ministère
de l’Emploi et des Affaires sociales et une rencontre a été organisée le
23 octobre 2015 au siège du ministère avec l’ensemble des directions
régionales afin de les encourager à sensibiliser les entreprises sur l’emploi
des migrants et des réfugiés. Un travail de coordination a par ailleurs
été entamé avec la Confédération générale des entreprises du Maroc
(CGEM) pour programmer des sessions de sensibilisation avec l’appui des
antennes régionales de la CGEM, et ce, afin de sensibiliser davantage les
entreprises sur la question de l’emploi des migrants et des réfugiés.
2. Activités menées en 2016-2017
a) Faciliter un accès équitable des immigrés réguliers et des réfugiés
à l’emploi (Actions 7.1, 7.2 et 7.3)
Suite à l’action pilote conduite au niveau de 5 agences de l’ANAPEC
dans le cadre du projet SHARAKA, l’ouverture des prestations d’aide à
la recherche d’emploi de l’ANAPEC aux migrants et aux réfugiés a été
étendue à 6 nouvelles agences (à Dakhla, Casablanca, Rabat-2 agences,
Agadir et Marrakech), et 14 conseillers en emploi ont été formés. Une
fiche d’information sur les questions les plus fréquentes (FAQs) relatives
aux prestations et dispositifs ouverts aux migrants, les critères d’éligibilité,
Ainsi que mentionné ci-dessus, 41% des migrants sub-sahariens qui ont une
activité professionnelle au Maroc exercent en profession indépendante,
et 51% d’entre eux occupaient déjà une profession indépendante dans
le pays d’origine. Le potentiel de création d’entreprise pour les migrants
et les réfugiés est donc large, même si une majorité aurait tendance à
privilégier un emploi salarié au Maroc.
Les migrants et les réfugiés au Maroc peuvent accéder au statut d’auto-
entrepreneur. Ils peuvent, par ailleurs, bénéficier de subventions
d’associations ou d’organisations internationales pour démarrer leur
entreprise. Ils ne peuvent toutefois pour l’instant bénéficier du programme
d’auto-emploi subventionné par l’Etat, qui requiert la nationalité
marocaine. En ce qui concerne l’accès à la micro-finance et l’inclusion
des migrants et des réfugiés en tant que bénéficiaires des sociétés de
micro-crédit, des discussions ont été entamées avec les acteurs concernés
pour étudier les possibilités envisageables dans ce sens.
Programmes transverses
Les programmes sectoriels de la Stratégie nationale d’immigration et
d’asile sont soutenus par quatre programmes transverses. Ceux-ci sont
destinés à créer un environnement favorable au déploiement des mesures
permettant de faciliter l’intégration socio-économique des migrants et des
réfugiés pour chacun des sept programmes sectoriels.
Le programme 8 « gestion des flux migratoires et la lutte contre la
traite des êtres humains » répond ainsi à l’objectif de mieux encadrer
la migration au Maroc selon une approche humaniste et respectueuse
des droits de l’homme et en accord avec les engagements internationaux
du Royaume. Il vise à s’assurer que celle-ci se fait dans des conditions
dignes et humaines et que des réponses sont apportées aux situations de
vulnérabilité et de détresse.
Le programme 9 « coopération et partenariats internationaux » vise à
renforcer les partenariats avec les acteurs de la coopération internationale
en matière d’immigration et d’asile en appui à la Stratégie nationale
d’immigration et d’asile. Il s’attache aussi à développer la coopération
régionale et les partenariats avec les universités et les centres de recherche
nationaux et internationaux sur les questions migratoires.
Le programme 10 « cadre règlementaire et conventionnel » a pour objet
l’harmonisation du cadre réglementaire national et conventionnel avec
les objectifs de la nouvelle politique migratoire et les engagements
internationaux du Royaume.
Le programme 11 « gouvernance et communication » apporte le cadre
institutionnel et de gouvernance de la mise en œuvre de la Stratégie
nationale d’immigration et d’asile. Il vise à assurer que l’ensemble des
acteurs a les outils nécessaires, en termes de mécanismes de gouvernance
et de coordination, de connaissance et de capacités, pour remplir leur
la mise en place d’un régime de protection sociale, ainsi que sur la mise
en place d’un mécanisme de veille juridique pour les migrants au sein du
ministère délégué. Enfin le BIT a continué son travail de plaidoyer et de
sensibilisation sur la ratification des conventions de l’OIT relatives à la
protection des travailleurs migrants.
Le Programme conjoint d’appui à la mise en œuvre de la Stratégie
nationale d’immigration et d’asile
Afin d’apporter une assistance coordonnée et ciblée aux autorités
marocaines dans le domaine migratoire, les agences des Nations Unies
ont développé un « Programme conjoint d’appui à la mise en œuvre de
la Stratégie nationale d’immigration et d’asile ». Ce programme conjoint,
signé le 9 septembre 2016 lors du 3ème anniversaire de la nouvelle
politique migratoire, conjugue les efforts et les avantages comparatifs de 8
agences (PNUD ; OIM ; UNHCR ; FNUAP ; UNESCO ; ONUSIDA ; OIT ;
ONUFEMMES), autour de six axes d’appui prioritaires – gouvernance,
éducation, assistance aux migrants et réfugiés vulnérables, insertion
professionnelle, traite des êtres humains et coopération Sud-Sud – pour
lesquels un éventail de 18 projets est proposé. Le programme conjoint
prévoit la mise en place d’une structure de gouvernance et de rapportage
commune aux différentes agences. Plusieurs autres agences (UNICEF,
ONUDC, OMS) ont fait part de leur intérêt de rejoindre l’initiative.
Des réunions ont été organisées avec Le ministère délégué chargé des
Affaires de la migration, les agences partenaires et des bailleurs de fonds
potentiels afin de sonder leur intérêt pour financer ce programme. Une
réunion du comité de pilotage a été tenue le 7 juin 2017, présidée par M. le
ministre délégué, pour acter le lancement officiel de l’initiative et discuter
des étapes futures et des orientations générales à suivre, notamment en
termes de mobilisation des ressources et de partenariats régionaux.
3. Résultats et contraintes
Le Maroc a lancé une dynamique partenariale originale et innovante qui
témoigne d’une ouverture ainsi que d’une interactivité importante avec
l’ensemble des parties concernées, que ce soit en Afrique ou en Europe.
Ces dynamiques touchent les aspects liés à la planification, la mise en
œuvre et le suivi des projets. De même, la diversité des champs de coopé-
ration ainsi que la multitude des partenaires (agences des Nations Unies,
agences de coopération internationale, relations bilatérales et multilaté-
rales avec les pays …etc.) permettent au Maroc de se positionner comme
un acteur clé dans les débats sur la gouvernance mondiale de la migration.
Plusieurs progrès sont aussi enregistrés au niveau de l’objectif spécifique
relatif à la promotion de la coopération scientifique et technique,
notamment l’augmentation des quotas des étudiants étrangers, ou
des initiatives des universités marocaines pour le renforcement de
la coopération universitaire Sud-Sud, comme dans le cas du projet
Coopération africaine des programmes internationaux pour la mobilité
« CAPITUM », conclu entre l’Université Hassan Ier de Settat, l’Université
de Carthage (Tunisie), l’Université Cheikh AntaDiop de Dakar (Sénégal),
l’Université de Toamasina (Madagascar), l’Université de Yaoundé II
(Cameroun), l’Université de Djibouti (Djibouti) et l’Université de Rouen
(France). De telles initiatives devront être déclenchées et appuyées.
4. Mesures prévues pour 2017-2018 et recommandations
Davantage de réflexion et de concertation sont néanmoins nécessaires pour
l’élaboration et la mise en place de programmes de co-développement
dans les pays d’origine, initiés par les réseaux d’associations de migrants
et appuyés par le Maroc, les pays d’origine ainsi que par les partenaires
internationaux. Pour ce faire, il est important de mettre en place des études
comparatives sur les bonnes pratiques en matière de participation des
diasporas aux efforts de développement à la fois dans les pays d’origine
et d’accueil. Dans ce sens, l’étude de l’expérience des associations des
Marocains résidant à l’étranger s’avère importante aussi qu’originale, et
pourra représenter un modèle pour de futures actions.
Le Maroc est partie, entre autres, aux Pactes internationaux relatifs aux
droits civils et politiques et aux droits économiques, sociaux et culturels
de 1966, à la Convention de Genève relative au statut des réfugiés de
1951 ainsi qu’à son protocole facultatif de 1967, à la Convention contre
la torture du 10 décembre 1984, à la Convention pour l’élimination de
toutes les formes de discrimination contre les femmes du 18 décembre
1979, à la Convention internationale relative aux droits de l’enfant du 20
novembre 1989, ainsi qu’à la Convention internationale sur la protec-
tion des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs
familles de 1990. Outre le respect des engagements internationaux du
Royaume, la Constitution de 2011 prévoit dans son article 30 que « les
étrangers jouissent des libertés fondamentales reconnues aux citoyennes
et citoyens marocains, conformément à la loi ».
Afin d’assurer l’harmonisation du cadre réglementaire national avec les
engagements internationaux du Royaume et la Constitution de 2011, le
programme « cadre réglementaire et conventionnel » vise ainsi :
¡¡ La mise à niveau du cadre règlementaire national (OSP 23), notamment
à travers l’adoption de nouvelles lois sur l’immigration, l’asile et la
traite des êtres humains (Actions 10.4, 10.5, 10.6), l’amendement du
Code du travail suite à l’adoption des nouvelles lois (Action 10.8),
l’amendement du Code électoral (10.9) et du dahir relatif au droit
d’association (Action 10.10), et la conduite d’une réflexion sur le
droit de la nationalité (Action 10.11)
¡¡ La reconnaissance du statut d’apatridie (OSP 20 et Action 10.1)
¡¡ L’alignement du cadre conventionnel national sur les standards
internationaux relatifs aux droits des travailleurs immigrés (OSP 21),
notamment par la poursuite de la réflexion sur la signature et la
ratification des conventions n°143 et n°118 de l’OIT (Action 10.2)
¡¡ La signature de conventions de sécurité sociale avec les pays d’origine
des immigrés (Action 10.3), afin de favoriser la mobilité et le retour
volontaire des immigrés (OSP 22)
journée mondiale contre la traite des êtres humains qui est célébrée le 30
juillet de chaque année. Il s’inscrit dans le cadre du programme « GLO.
ACT » mis en œuvre par l’ONUDC.
Il a permis de faire émerger, selon une approche participative avec
l’ensemble des acteurs concernés, des recommandations pratiques pour
améliorer le texte réglementaire sur la mise en place de la commission
nationale.
Un atelier de formation sur la traite des personnes (identification et
accompagnement) a aussi été organisé dans le cadre du programme
« GLO.ACT » à l’attention de 27 magistrats du 20 au 23 décembre 2016,
et deux magistrats et un cadre de l’administration centrale ont participé
à un atelier régional sur le renforcement de la coopération judiciaire
transnationale sur le trafic des migrants qui s’est tenu à Malte du 9 au 11
mai 2017. Enfin un atelier de formation spécialisé pour les acteurs de la
société civile de la région de l’Oriental a été organisé dans le cadre du
projet J/Tip de l’ONUDC (100 bénéficiaires) du 19 au 21 avril 2017.
Dans le cadre du projet TACT mis en œuvre par l’OIM, une formation a
été apportée le 27 octobre 2016 à Rabat à 25 représentants de la société
civile en matière de lutte contre la traite, notamment sur les questions
d’identification et de protection des victimes. Une présentation du
cadre conceptuel et juridique international et national de la traite des
êtres humains avait aussi été faite le 26 mai 2016 devant 23 membres
de la Chambre des représentants et de la Chambre des conseillers. Des
formations au bénéfice des Groupes de travail protection (GTP) de Oujda
et de Tanger, mis en place avec l’appui du HCR, ont été apportées par
le HCR afin de soutenir la mise en place d’un plan d’action conjoint
sur l’identification et l’accompagnement des victimes de la traite (75
bénéficiaires des OSCs).
Un groupe de travail interinstitutionnel de coordination a par ailleurs
été établi sur la traite des êtres humains. Ce groupe de travail, lancé à
l’initiative de l’OIM, regroupe les départements ministériels pertinents
(ministère délégué chargé des Affaires de la migration, ministère de la
Des initiatives ont par ailleurs été menées par l’OIM dans la région du
Souss-Massa et de l’Oriental afin de favoriser l’intégration de la migration
dans les politiques locales. Une formation inter-régionale a ainsi été
organisée à Agadir en octobre 2016 afin de renforcer les coopérations
entre les collectivités territoriales, les services déconcentrés et la société
civile en matière de gouvernance locale des données migratoires et de
réintégration. Cette formation a réuni 37 participants des deux régions,
dont des élus locaux, des responsables associatifs et des représentants des
services déconcentrés.
Un nouveau projet « INDIMAJ » a aussi été lancé dans l’Oriental afin
d’intégrer la dimension migratoire dans la planification régionale. Des
formations sur l’inter-culturalité ont été apportées afin de sensibiliser
les élus locaux de l’importance de la dimension socio-culturelle, de la
cohésion sociale et du vivre ensemble dans l’intégration des migrants.
Deux ateliers de sensibilisation des élus locaux sur santé, migration et
gouvernance locale ont par ailleurs été organisés à Oujda (17 mai 2017)
et à Nador (12-13 juillet).
Dans le cadre du projet « Méditerranean City-to-City Migration » (MC2CM),
le Réseau mondial des villes, gouvernements locaux et régionaux a
contribué, avec ses partenaires (OIM, ICMPD, etc.), à la mise place d’un
réseau de villes sur les rives nord et sud de la Méditerranée afin de favoriser
l’échange d’expertise pour une meilleure gestion des défis migratoires au
niveau local. Au niveau du Maroc la ville de Tanger a été choisie (avec
les villes de Amman, Beyrouth, Lisbonne, Lyon, Madrid, Tunis, Turin et
Vienne), pour participer aux différentes activités du réseau et notamment
aux apprentissages et échanges de bonnes pratiques thématiques entre
pairs, en lien avec l’inclusion des migrants au niveau local.
Le HCR a, pour sa part, soutenu en avril-mai 2017 la formation d’un
groupe de travail « protection » (GTP) à Tanger, modelé sur le modèle du
GTP que le HCR a mis en place en coopération avec l’OIM. Les groupes de
travail « protection » regroupent les associations actives dans le domaine
de la migration et de l’asile et apportent un espace d’échange, de partage
Une version digitale interactive de la brochure sera aussi disponible sur une
plateforme internet dédiée. L’application GSM de l’ANAPEC « Welcome
ANAPEC » développée en coopération avec le projet SHARAKA suit la
même approche et est basée sur l’idée d’une utilisation courante par les
migrants des moyens de communication modernes.
Au niveau régional, une plateforme en ligne publique « Bosla » est en
cours de développement par l’OIM. La plateforme est destinée à apporter
aux migrants et aux réfugiés une cartographie des institutions qui sont
susceptibles de leur offrir des services.
3. Résultats et contraintes
Des progrès ont été enregistrés dans la mise en place des actions et la
poursuite des objectifs spécifiques du programme 11 « Gouvernance et
communication ». Certaines actions ont été remplies (Actions 11.1 et
11.2, par exemple), d’autres ont connu des avancées notables (Action
11.11 sur les programmes de formation et de recherche, Actions 11.13
et 11.14 sur les formations sur les questions d’immigration et d’asile, et
Actions 11.15 et 11.16 sur l’information des migrants).
Quelques actions, qui sont relatives à d’autres programmes (Actions 11.5
et 11.7 sur la mise en place d’organes de coordination sur la traite et
l’asile) n’ont pas été traitées dans cette section. L’approche poursuivie
sur quelques autres actions, enfin, a été modifiée en raison de l’évolu-
tion du contexte (Actions 11.3 et 11.4 sur la mise en place d’une agence
d’intégration des immigrés ou la mise en place d’un Fonds de gestion de
l’immigration, par exemple).
Certaines contraintes ont été rencontrées dans la mise en œuvre du
programme et certaines limites ont été identifiées.
En ce qui concerne la mise en place d’un dispositif de coordination de la
SNIA, les principales limites rencontrées sont les suivantes :
¡¡ Participation inégale des départements ministériels et des autres
partenaires publics dans les comités programmes ;
Conclusion et
recommandations
De manière générale, le rapport permet de dégager plusieurs axes
prioritaires d’intervention. Ces axes sont communs à l’ensemble
des programmes, notamment sectoriels. Ils se retrouvent dans les
recommandations faites au niveau de chaque programme :
Gouvernance de la SNIA :
Le mode de fonctionnement des Comités programmes doit être revu et
leur capacité doit être renforcée. Ceux-ci ne jouent actuellement que
partiellement leur rôle et l’engagement des partenaires est inégal. Le
débat devrait être davantage axé sur les problématiques d’intégration
locale des migrants et réfugiés.
Il est par ailleurs recommandé d’assurer une coordination régulière entre
les membres des Comités programmes et les autres partenaires impliqués
dans la mise en œuvre des programmes de la SNIA, et notamment les
organisations internationales, les ONGs et les agences d’exécution des
bailleurs internationaux. Cette coordination élargie aura pour effet de
renforcer la synergie et le partage d’information et d’éviter les doublons et
les approches contradictoires. Cette coordination pourra prendre la forme
de Comités programmes élargis ou d’espaces dédiés de coordination
multi-partenaires.
Enfin, les Comités programmes devront travailler en plus grande synergie
avec les autres programmes suivant une approche intégrée.
Territorialisation de la SNIA :
La SNIA (ainsi que l’ensemble des mesures prises en faveur des migrants
et des réfugiés) reste insuffisamment connue des autorités locales, des
Des efforts doivent ainsi être mis en œuvre afin d’établir une ligne de
base claire sur la situation de ces groupes cibles dans les différents
secteurs d’intervention de la SNIA. Cette ligne de base est essentielle afin
de pouvoir définir des objectifs ciblés.
De la même manière des mécanismes de collecte d’information pour
chacun de ces groupes doivent être mis en place afin de pouvoir mesurer
le degré d’intégration de ces populations dans les services publics maro-
cains et mesurer les progrès accomplis. Enfin, des évaluations doivent
être prévues afin d’analyser l’impact des mesures mises en œuvre sur la
situation de ces groupes cibles et d’identifier les obstacles qui se posent.