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Chaffard Noé 1ère1
L'éloquence peut-elle s'apprendre?
l’éloquence est désignée comme étant l’art, le talent de bien parler,
de persuader et de convaincre par la parole. On peut donc se questionner sur la capacité de tous types d’individus à user de cette éloquence, il s’agit donc de maintenant déterminer si l’éloquence n’est finalement due qu’à l’inné, à un don ou alors à l’acquis, à des apprentissages. Dans un premier temps, nous déterminerons donc si, et en quoi, l’éloquence peut être considérée comme un don, avant d’ensuite argumenter le fait que celle-ci serait le produit d’un apprentissage pour finalement conclure dans une troisième partie.
L’éloquence serait effectivement un don si l’on prend en
considération le fait qu’elle est amplement due a un « amour du beau langage », au souhait de parler bien, au souhait de parler beau. De plus, cet amour peut, en plus de cela se développer comme une passion, une attirance envers les mots qui viendraient du coeur, ce qui ajouterai un sentiment de sincérité, de « vrai », ce qui supprimerai cette hypocrisie souvent associée a l’éloquence et aux sophistes comme Gorgias. De ce fait, une personne ayant eu un attrait naturel évident pour les mots dès son plus jeune âge pourrait parler avec éloquence bien plus aisément, touchant donc son public avec bien plus d’intensité, que n’importe qui d’autre à la condition d’organiser intelligemment ses paroles. Par ailleurs, nous pouvons nous appuyer sur un extrait du discours Sur l’échange d’Isocrate où il parlait de « ceux à qui la nature a donné des dispositions mois brillantes qu’aux autres ». Ainsi pouvait-on en comprendre que certaines personnes pouvaient nativement avoir des capacités évidentes dans ce domaine qu’est l’éloquence. Tentez de planter une graine d'expression orale chez une personne introvertie et vous verrez que l'apprentissage sera plus ardu que chez une personne extravertie. Certains grands penseurs de l’Antiquité parlent de « Parole divine ». En effet, dans le chapitre 2 des Confessions d’Augustin, Augustin se tourne vers Dieu en s’adressant à lui dans une prière l’implorant de lui offrir, de lui faire part, d’une éloquence nouvelle. Ainsi il recoure à Dieu par ces mots : « je vous sacrifie ma pensée et ma langue, qu’elles soient vos servantes, et donnez-moi ce que je dois vous offrir ». L’éloquence serait alors dans ce cas une matérialisation de la parole divine, et non un apprentissage, pour Augustin.
Parallèlement, si aujourd'hui la représentation concrète de
l’éloquence, la rhétorique, est souvent réduite à l'étude de quelques figures, il ne faut pas oublier qu'elle a longtemps fait l’objet d’une véritable performance physique. S'il veut être efficace, l'orateur doit en effet appuyer les effets de son discours par des mimiques et des gestes, ainsi que par une prononciation soigneusement étudiée. À cet effet, tout le corps de l'orateur est mis à contribution pour rendre sensible le message du discours. En quoi il est très proche de l'acteur qui doit rendre le texte qu'il joue, afin que son personnage soit convaincant. L'orateur doit donc aussi apprendre son discours par cœur à l'aide de moyens mnémotechniques, tout comme l'acteur doit savoir son rôle par cœur avant de se produire sur scène. L’éloquent a donc, tout comme l’acteur, besoin d’apprentissage pour arriver à mettre en œuvre un discours cohérent et captant l’attention, pour arriver à ses fins. Nous pouvons encore une fois nous référer au discours d’Isocrate, Sur l’échange, ou il nous dit encore une fois, « ceux à qui la nature a donné des dispositions mois brillantes qu’aux autres », mais cette fois-ci en ajoutant la précision « mais ceux qui l’emportent en pratique et en exercices, non seulement finissent par se dépasser eux-mêmes, mais par dépasser également ceux qui étaient naturellement doués et ont négliger de cultiver leur esprit. ». Il veut par le biais de ce discours nous signifier l’importance de l’apprentissage de l’éloquence et donc de la rhétorique. En effet, l’éloquence pourrait davantage être un savoir qui s’acquerrait par le biais de multiples apprentissages, elle serait également par ailleurs un savoir considérablement nourri par notre culture et par les expériences auxquelles nous avons pu faire face ou voir d’autres personnes y être confrontées. Ainsi une personne ayant davantage de connaissances littéraires, ou historiques par exemple, combinées à des leçons de vie qu’elle aura pu tirer tout au long de son existence, aura plus de matière pour enrichir ses discours afin de convaincre plus facilement les personnes autour de lui voire un auditoire. Par ailleurs, dans l’objectif de composer un beau discours, il semble nécessaire de savoir, et donc de faire l’apprentissage, de l’art de « choisir les vocables purs et authentiques et les mettre en valeur dans une composition », comme le dit l’auteur, plutôt que de prononcer les mots qui nous viennent a l’esprit les uns après les autres sans y mettre les formes et sans réelle logique. C'est le point de vue soutenu par le personnage Gorgias de l'oeuvre de PLATON intitulée Gorgias, il existe une technique pour persuader un auditoire indépendamment de la vérité objective du discours, car l'essentiel, d’après lui, c'est justement de persuader, de toucher la sensibilité de l'autre, En effet, Gorgias soutient que pour être un bon orateur, la priorité n'est pas la connaissance du sujet dont on parle mais plutôt de donner l'illusion que l'on maîtrise le sujet, comme il le dit dans l’extrait ; « [Tu prétends donc qu’un orateur sache donc convaincre son public , quel que soit le sujet dont il parle, sans lui donner la moindre connaissance de ce sujet, mais la persuasion] Oui, c’est tout à fait cela ». L'objectif, c'est de produire un effet sur son interlocuteur. Ceci est possible grâce au pouvoir du langage et des mots qui donnent l'illusion de connaître ce dont on parle à partir du moment ou on le nomme, Le vraisemblable « marque » davantage, a plus d'effet sur l'auditoire que le vrai. Gorgias va même jusqu'à prétendre qu'il peut davantage avoir d'effet sur son auditoire qu'un expert qui maîtriserait le sujet dont il parle. Il nous dit cependant que ce talent d’orateur n’est pas inné, au contraire, il doit s’apprendre auprès de sophistes comme lui.
On peut donc en déduire que le meilleur orateur, l’éloquent, est
celui qui a la chance de disposer de prédispositions orale et d’un intellect développé, mais aussi celui qui aura la force de développer cet intellect et qui saura améliorer ses compétences orales et linguistiques de par ses expériences de vie et son ardu travail. la réunion des deux conditions, l’inné et l’appris, dans le même individu peut faire en sorte qu’aucun autre ne pourra le surpasser, pas même le plus chanceux par nature des orateurs.