D'Endette A Millionnaire - David Descoteaux PDF

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Avant-propos
Au Salon du livre de Trois-Rivières, en mars dernier, un homme est venu

près de moi pour s’enquérir de mon précédent livre, L’argent des autres.

Après que je lui ai expliqué que ce livre l’aiderait à comprendre comment

les politiciens et les lobbys détournent notre argent durement gagné vers

leurs poches, il m’a regardé et m’a dit: «Moi, vous savez, je préfère un livre

de finances personnelles. Parce que même si vous avez probablement raison,

ce que font les politiciens avec mes impôts, je n’ai pas de contrôle là-dessus.

Par contre, j’ai le contrôle sur l’argent qui me reste dans mes poches. Et

c’est pour ça que les ouvrages de finances m’intéressent beaucoup plus.»

Désarmé devant sa logique, je lui ai souri en disant que je comprenais très

bien. J’ai au moins eu la vivacité d’esprit d’ajouter, alors qu’il s’éloignait:

«Justement, mon prochain livre traite de finances personnelles, ne le

manquez pas!»

C’est vrai, dans le fond. On peut déplorer ad nauseam le gaspillage de

notre argent par les politiciens, il reste qu’à part voter tous les quatre ans,

nous sommes plutôt impuissants. Là où on peut se refaire, par contre, et

récupérer une partie de nos taxes, c’est en s’éduquant sur la finance et en

profitant de toutes les stratégies qui s’offrent à nous pour économiser de

l’impôt et s’enrichir.

D’ailleurs, ce livre, j’ai aussi voulu l’écrire pour moi. C’est un guide que

j’aurais aimé avoir moi-même, plus jeune. Car, comme vous le lirez dans les

pages qui suivent, commencer tôt à épargner et à prendre de bonnes

habitudes peut faire la différence entre découper les coupons d’épicerie et

devenir millionnaire!

Je savais qu’en travaillant avec Ian Sénéchal, un conseiller en sécurité

financière brillant et rigoureux, dont l’entreprise grossit à vue d’œil, j’allais

apprendre un tas de choses. Mais ce dont je ne me doutais pas, c’est que

j’allais aussi découvrir plein de trucs et d’astuces pour économiser et


m’enrichir. Des actions simples, concrètes et que l’on peut mettre en

application dans la vie de tous les jours, et à la portée de tous.

Notre but à tous les deux était simple: que ce livre de finances

personnelles soit agréable à lire, et surtout qu’il ne vous enterre pas sous un

jargon incompréhensible. Qu’il soit court, mais qu’il couvre l’ensemble de

vos besoins de base en finances. Qu’il soit destiné au néophyte, mais que

même les connaisseurs y trouvent matière à réflexion et des idées originales.

En espérant que nous ayons su relever ces défis, je vous souhaite bonne

lecture.

David Descôteaux

***

Tout d’abord, merci d’avoir acheté ce livre de finances personnelles.

Quand David m’a contacté pour me proposer cette idée, j’ai sauté sur

l’occasion. Cela faisait deux ans que je songeais à écrire un livre du genre,

mais je n’avais pas encore amorcé ce projet. Je suis extrêmement fier du

résultat et, surtout, satisfait de l’avoir écrit en collaboration avec David

Descôteaux. David, c’est l’auteur, le gars raffiné qui amène l’humour dans le

livre et qui m’a forcé, du début à la fin, à rester concentré sur notre objectif

d’écriture. D’ailleurs, pour moi, c’était souvent difficile.

En effet, notre but était de vulgariser au maximum des notions de finances

personnelles accessibles à presque tout le monde. On ne voulait pas monter

des stratégies fiscales exotiques ou même traiter de vos finances de manière

exhaustive. Pour moi, c’est là que la collaboration avec David prenait toute

son importance. J’ai fait mes études en actuariat et j’étais membre de la

Society of Actuaries à une époque. Je suis un gars de chiffres. Depuis 2011,

je travaille comme conseiller en sécurité financière auprès de

VotreConseiller.net et je suis représentant en épargne collective auprès

d’Investia Services financiers inc. Aussi, je forme de jeunes conseillers

depuis quelques années pour qu’ils deviennent ultra-compétents dans notre

secteur d’activité. J’ai donc une grande tendance à parler de finances

personnelles comme si tout était simple, voire acquis dans l’esprit de tous.

Je pense être un excellent vulgarisateur, mais David comprenait encore

mieux que moi l’importance de rendre le livre accessible.


Si tu n’as jamais investi d’argent, si tu n’as pas de maison, si tu n’as

jamais contracté d’assurances, ou même si tu n’es pas encore tout à fait

majeur, tu vas comprendre pratiquement l’entièreté de cet ouvrage, et c’est

David que tu devras remercier pour ça.

Le but de ce livre est de t’amener à te poser des questions sur ta gestion

financière. La vie va tellement vite qu’on ne prend pas vraiment toujours le

temps de réfléchir à des stratégies et avec une vision à long terme. Avec ce

livre, on ne veut pas que tu deviennes radin et que tu commences à calculer

chaque dépense. On souhaite plutôt que tu mettes en place un système qui

va te permettre de faire ton épicerie sans regarder les prix, car c’est ça, la

liberté financière.

Pourquoi seras-tu capable de ne plus regarder les prix? C’est simple. Tu

auras un fonds d’urgence bien garni, quelques liquidités dans ton compte de

banque, des cartes de crédit vides, aucune marge de crédit et un plan de

retraite planifié. De plus, ta famille ne sera pas dans le trouble si tu deviens

incapable de travailler ou si tu décèdes. Finalement, les études de tes enfants

seront financées d’avance. Autrement dit, tu atteindras ton zen financier. Tu

auras réussi à adapter ton rythme de vie à tes moyens financiers. Tu n’auras

pas besoin de prévoir un budget et de faire un suivi de tes dépenses. Tu vas

pouvoir vivre, librement, sans stress financier. Tu vas être riche!

Car être riche, ce n’est pas être millionnaire ou gagner dans les six

chiffres. Il y a des coiffeuses riches et des médecins pauvres. Être riche,

c’est simplement dépenser moins que ce que tu gagnes, tout le temps. Être

riche, c’est vivre sans stress financier, selon tes moyens. Être riche, c’est

avoir une vie familiale stable parce que tous les conflits liés à l’argent ont

été évacués de ta vie. Être riche, ce n’est pas avoir une Mercedes ou une

Tesla, mais plutôt l’automobile que l’on peut se permettre. La richesse ne

sert pas à impressionner un voisin, elle sert à vivre libre!

Ian Sénéchal

***

Avertissement

Le présent ouvrage a été rédigé en partie par Ian Sénéchal, qui est un

représentant en épargne collective inscrit auprès d’Investia Services


financiers inc. Ce document ne constitue pas une publication officielle de

cette entreprise. Les opinions (y compris les recommandations) exposées

dans cet ouvrage n’appartiennent qu’à l’auteur; elles n’ont pas été

approuvées et ne sont pas nécessairement endossées par Investia Services

financiers inc.

De plus, vous y trouverez une multitude de renseignements généraux.

Bien que tout ait été fait pour en assurer l’exactitude, les auteurs et l’éditeur

ne sauraient en aucune manière être tenus responsables des erreurs ou

omissions qui pourraient s’y trouver. Ils déclinent également toute

responsabilité quant à l’usage qui pourrait être fait de ces renseignements.

Les investisseurs doivent faire preuve de jugement et consulter un expert

financier afin de trouver des solutions qui conviennent à leur situation

personnelle.
 
1.
Le fonds d’urgence: un grand
disparu
À une certaine époque, nos grands-parents détenaient un petit sac de blé

avec de l’argent caché à l’intérieur, ou sous un matelas. C’était le bon

temps. Tout le monde avait un fonds d’urgence. Peu importe ce qui arrivait,

on était capables de se dépanner. Au fil du temps, avec l’expansion du crédit

dans les années 1980-1990, le fonds d’urgence s’est transformé

tranquillement en... carte de crédit. Aujourd’hui, très peu de gens

accumulent un fonds d’urgence.

Pourtant, l’urgence va se pointer un jour ou l’autre. Tu n’y échapperas

pas. Le toit de la maison se met à couler. Le réservoir à eau chaude rend

l’âme en plein mois de janvier à moins 37 degrés. La ?&$%* d’auto te

lâche encore! Ou pire, tu perds ton emploi. Dans ce cas, tu auras sûrement

droit à l’assurance-chômage, mais rappelle-toi: tu recevras seulement 55%

de ton salaire et la première semaine est à tes frais. Si tu es travailleur

autonome, tu dois avoir une assurance invalidité. Et dans ce cas, il y a

souvent un délai de carence de trois mois. Seras-tu capable de subsister

pendant trois mois sans t’endetter? Sans fonds d’urgence, ces dépenses

imprévues iront directement alourdir tes dettes. C’est souvent comme ça que

la spirale de l’endettement commence.

Combien, et dans quoi?

Idéalement, entre 3 000 et 10 000$ suffisent pour un fonds d’urgence. Ça

dépend de ta sécurité d’emploi. Un fonctionnaire tendra vers 3 000$, alors

qu’un travailleur autonome tendra vers 10 000 $. Tout montant supérieur est

simplement de l’overkill. Transfère plutôt l’excédent dans tes placements à

long terme.
La façon la plus simple de constituer un fonds d’urgence est d’ouvrir un

compte CELI. Le but est d’avoir une option flexible et prudente, dans

laquelle on peut piger rapidement en cas de pépin. Cette épargne ne te

rapportera souvent pas grand-chose, moins de 1%. Pourquoi? C’est simple,

tu ne veux pas prendre de risque (sécurité) et tu veux que ce soit accessible

en tout temps (liquidité). Tu ne peux pas avoir le beurre et l’argent du

beurre, donc ne t’attends pas à faire des rendements incroyables. Un fonds

d’urgence, c’est plate.

Plusieurs épargnants – notamment les jeunes dans la vingtaine ou début

trentaine – vont vouloir investir leurs quelques milliers de dollars

d’économies à la Bourse. «Moi, je pensais acheter des actions de Microsoft

pour ma retraite!» On comprend ton point. Tu es jeune et impatient, tu as

hâte de faire de l’argent avec ton argent. Par contre, lève la tête et regarde

toutes les belles années d’investissements devant toi. Prends ton mal en

patience et construis ton fonds d’urgence. Tu pourras investir ensuite dans

ce que tu veux. Le fonds d’urgence est là pour dépanner avant tout.

Un fonds pour des «petites urgences»... payantes!

Peu de gens réalisent que le fonds d’urgence peut les enrichir. L’«urgence»

ne veut pas nécessairement dire perdre ton emploi ou te retrouver du jour au

lendemain en fauteuil roulant. On peut avoir un pépin avec l’auto et devoir

débourser 700 ou 800$ d’un coup. Avec un fonds d’urgence, on paye

comptant. Sinon, on va probablement utiliser une carte de crédit, et prendre

du temps à la rembourser. Et on va payer de l’intérêt. Ce sont là des

économies que le fonds d’urgence peut générer, surtout si ta carte est à 18

ou 19% d’intérêt.

Un fonds d’urgence peut aussi te faire économiser en assurance auto ou

habitation. Avec un bon fonds d’urgence, une franchise de 500$, 1000$ ou

même 2000$ en cas de réclamation ne te fera pas peur. Ainsi, tu pourras

aller chercher des économies à long terme en prenant une assurance qui

comporte une plus grosse franchise. Calcule l’économie que tu ferais avec

une telle assurance. Voilà une forme de rendement caché pour ton fonds

d’urgence.

Un fonds d’urgence t’évitera aussi de réclamer à ton assureur de petites

sommes qui affecteront négativement ton renouvellement. Un ami a


récemment été voir un débosseleur pour son pare-chocs. Sans aucune gêne,

le garagiste lui a demandé s’il réclamait à l’assureur. Pourquoi? Parce que

s’il réclamait, la facture montait à 650$; s’il ne réclamait pas, c’était 450$.

Pourquoi cela? Parce que le garagiste sait bien que l’assureur, qui paiera la

facture, est moins regardant sur le coût, car ce dernier va se refaire en

haussant les primes de tout le monde, y compris toi. Pourquoi penses-tu que

les assurances auto coûtent aussi cher? Et pourquoi crois-tu que ton

renouvellement est parfois pénible? Si tu ne réclames pas de petits pépins à

ton assureur, calcule l’économie que tu feras lors de ton renouvellement et

ajoute-le au rendement caché de ton fonds d’urgence.

Finalement, toi qui aimes bien dire qu’on est trop assurés, as-tu pensé que

le fonds d’urgence pourrait te permettre de te libérer d’une partie de ta

couverture? Disons que ton automobile se déprécie, et vaut maintenant

autour de 4000$. Pourquoi garder une assurance auto «des deux bords»

(dommages à autrui + à son propre véhicule)? Si tu as un fonds d’urgence,

ça va être plus facile pour toi de dire: «Si je subis une perte totale,

j’achèterai une autre voiture... avec mon fonds d’urgence.» Calcule

l’économie que tu ferais avec une assurance seulement pour autrui. Voilà un

autre rendement caché de ton fonds d’urgence.

Mais surtout, rappelle-toi: Visa, MasterCard ou une marge de crédit, ce

n’est pas un fonds d’urgence.

Quand piger dans le fonds d’urgence?

Bon, c’est bien beau avoir un fonds d’urgence, mais maintenant, quand

l’utiliser? L’important ici, c’est de créer une distance, ou une barrière

psychologique, avec ton compte bancaire. En effet, chaque fois que l’on va

piger dans le fonds d’urgence, il faut ressentir un sentiment de culpabilité. Il

faut également créer un sentiment d’urgence à le renflouer. Que tu t’en

serves, par exemple, pour les cadeaux de Noël, un toit qui coule, ce n’est pas

important. Le but de ce fonds est d’avoir l’esprit en paix. On sait qu’il est là,

c’est tout ce qui compte. On le trouve important, donc on lui fait attention.

C’est tout. C’est un des éléments les plus simples des finances personnelles,

et pourtant, à peu près personne n’en possède un! Tout le monde lève le nez

sur ce mal-aimé. Mais garde une chose en tête: les gens les plus riches en

ont tous un, et en ont toujours eu un, même quand ils étaient pauvres.
Finalement, dans quoi investir votre fonds d’urgence? Voici les trois

meilleurs choix:

• Le compte à haut rendement. Ce type de compte, offert par la plupart des

banques ou banques virtuelles, a déjà généré plus de 4% par année. Mais

c’est malheureusement de l’histoire ancienne. Au début de 2017, on parle

plutôt de 0,9% environ.

• Le fonds d’obligations à court terme. Un peu plus risqué que le premier,

mais il offre un rendement espéré plus élevé (autour de 1,5%), sans

prendre de risque excessif. On peut en trouver sur la plateforme de

courtage en ligne de votre institution financière, ou à l’aide de votre

conseiller.

• Le compte bancaire courant, ou compte chèques. Certaines institutions

financières vous offrent de ne pas payer de frais de transaction dans votre

compte bancaire si vous maintenez un montant suffisant le mois durant.

On arrive parfois à des rendements estimés à 2 ou 3% avec ce type

d’entente. Informe-toi.
 
2.
Comment éviter (légalement)
de payer des impôts
On nous bombarde de hausses de taxes et de frais de toutes sortes depuis

des années (taxes scolaires, municipales, sur l’essence, sur l’électricité...).

Comme si ce n’était pas assez, on apprend presque chaque semaine dans les

médias qu’un filou se sauve avec l’argent de nos impôts, ou que des

fonctionnaires «fantômes» tablettés sont payés 130 000$ par an à se tourner

les pouces. Ça ne nous en laisse plus beaucoup pour nous!

Existe-t-il des moyens, légaux il va sans dire, pour garder un peu plus de

notre argent dans nos poches? La réponse: oui. Mais il y a des efforts à faire.

D’entrée de jeu, mettons une chose au clair: si tu veux faire de réelles

économies d’impôt, c’est par l’épargne que ça passe. À part quelques

grenailles ici et là, tu économiseras peu si tu n’apprends pas d’abord à

mettre de l’argent de côté. Si tu n’as pas de capacité d’épargne, tu te fais

tondre! Le salarié est le dindon de la farce sur le plan fiscal. Une de ses

seules échappatoires est le REER, et, malheureusement, très peu de gens

l’utilisent.

L’incontournable REER

Les cotisations que l’on fait dans un REER réduisent notre impôt à payer à

la fin de l’année. Tout ce que tu y accumules – incluant les rendements – est

exempt d’impôt tant que les fonds demeurent dans le régime. Par contre, il

faut payer de l’impôt sur les montants que l’on sort de notre REER, ce que

l’on fait généralement à la retraite.

Le plus gros avantage du REER, c’est, d’une part, la capacité de déduire

tes cotisations de ton revenu aujourd’hui (avec ton taux d’imposition élevé)

et de payer seulement des impôts sur cette somme à la retraite, lorsque tu


gagneras (et seras imposé) pas mal moins (comme on le verra plus en détail

au chapitre 4). Mais c’est aussi l’impact de faire croître tes placements

pendant vingt ou vingt-cinq ans à l’abri de l’impôt. Avec l’intérêt composé

sur trente ou trente-cinq ans, c’est magique. En fait, si les gens épargnaient

et utilisaient le REER comme il se doit, ils n’auraient pas autant

l’impression de se faire avoir par l’État. Ils regarderaient leur impôt à payer

à la fin de l’année et se diraient: «C’est pas si pire, finalement!»

Déboulonnons un mythe au sujet du REER. Plusieurs se disent: «Moi, je

ne prends pas des REER parce que quand je les sors, je paie de l’impôt,

alors ça ne vaut pas la peine.» C’est en partie vrai, mais répétons-le encore

une fois: c’est le taux d’imposition qui est important. Si, à ta retraite, tu as

un taux d’imposition de 28% sur tes revenus, et que dans ta vie active ton

taux était de 45%, eh bien tu viens de faire 17% sur le dos du

gouvernement! Ces 17% t’appartiennent. C’est de cette façon qu’il faut voir

le REER.

Le CELI

Dans un compte d’épargne libre d’impôt (CELI), contrairement au REER,

tu ne peux pas déduire les cotisations que tu fais de tes revenus imposables.

Cependant, le CELI te permet de faire fructifier tes placements à l’abri de

l’impôt.

Quiconque a de l’argent en banque qu’il n’utilise pas doit prendre un

CELI. Ne serait-ce qu’un 10$ d’impôt qu’on va économiser, pourquoi

l’envoyer au gouvernement quand on peut le mettre à l’abri de l’impôt?

Puisque, dans un CELI, tous les gains en capitaux (c’est-à-dire

l’augmentation de valeur de tes placements) sont non imposables, les plus

audacieux y trouveront leur compte. Vous voulez prendre un peu de risques,

acheter des actions d’Amazon ou de Facebook ou des titres spéculatifs? Le

CELI est l’endroit désigné. Si tu fais un gain de 100% (par exemple, tu as

déposé 31 000$ au début de l’année et ce montant est devenu 62 000 $), tout

ton profit reste dans tes poches, car ce n’est pas imposable.

Tu as déjà un compte CELI chez ton institution financière? Attention. Les

banques offrent souvent un compte d’épargne CELI qui rapporte très peu,

soit autour de 0,75%. C’est un gaspillage, quand on sait que la plupart des

placements rapportent plus. Les seules bonnes raisons d’utiliser ce type de


compte sont la constitution du fonds d’urgence ou le financement d’un

projet à court terme, mais il ne doit pas servir à l’épargne à long terme. Pour

des placements plus rentables, ouvre un second compte CELI.

Prêt à te lancer en affaires?

Si l’impôt est presque une fatalité quand tu es salarié, les travailleurs

autonomes et les entrepreneurs, eux, s’en sortent parfois mieux grâce aux

déductions. Ils peuvent, par exemple, déduire le coût de maintien de leur

bureau à domicile (une proportion du loyer ou de l’hypothèque et du

chauffage), les fournitures de bureau, le téléphone, une partie des repas dans

les restaurants, etc. Si ton emploi t’ennuie à mourir, ça vaut peut-être le

coup de te lancer à ton compte. J’en connais qui gagnent 50 000$ par année

et qui ont la possibilité de se lancer en affaires et de gagner environ 40 000$.

Ils hésitent toutefois en raison de la baisse de salaire. Mais je leur dis:

«Attends une minute! Tu as plein de dépenses déductibles possibles. Par

exemple, si tu travailles sur la route, les dépenses de ton auto seront

déductibles. Ça peut être un gros avantage.»

On peut faire le saut et devenir consultant, par exemple, et ce, peu importe

le milieu dans lequel on travaille. Tant que tu es bon dans ce que tu fais, que

tu es autodidacte, sociable et fonceur, tu peux faire le saut. Tu te trouves à

échanger une certaine sécurité d’emploi contre des économies d’impôt.

Mais ce n’est pas tout. Si tu y consacres les efforts nécessaires, sky is the

limit. Tu peux accroître énormément tes revenus si tu arrives à développer

ton marché et que les choses fonctionnent bien, car tu ne travailles plus pour

un autre.

S’incorporer: quand et pourquoi?


D’un point de vue fiscal, l’incorporation, c’est-à-dire le fait
de créer son entreprise, c’est intéressant seulement si on
veut reporter l’impôt. Si on tire un revenu annuel
d’entreprise de 250 000$, par exemple, et que l’on ne
dépense que 100 000  $ personnellement, on ne se fera
imposer que sur cette partie du revenu. On a donc plus
d’argent à placer dans la compagnie. On peut également
utiliser cet argent pour démarrer d’autres entreprises. Par le
passé, se verser un salaire ou un dividende revenait
presque au même, avec certains avantages en faveur du
second. Maintenant, avec les derniers budgets provinciaux,
ce n’est plus le cas pour les entreprises de trois employés et
moins. On a donc perdu pas mal d’avantages, car, pour
certains, le but de se payer à dividendes seulement était de
ne pas payer de cotisations aux programmes RRQ et RQAP.
Toutefois, le point à retenir ici est le suivant. La décision
d’incorporer ou non la compagnie ne doit pas être prise à la
légère. Tu dois te trouver un bon comptable ou un bon
fiscaliste qui ne prônera pas l’incorporation à tout prix. En
fait, les meilleurs de leur industrie tendent à favoriser le
travail autonome si l’économie d’impôt n’est pas suffisante.
S’ils te poussent vers l’incorporation, ils sauront te
démontrer les bienfaits dans un langage que tu
comprendras.
L’incorporation est aussi intéressante d’un point de vue
légal si on veut protéger ses actifs financiers et familiaux
d’une faillite d’entreprise. La création d’une personne
morale vient empêcher les créanciers de l’entreprise de
mettre la main sur ta maison en cas de difficultés majeures.
Gardons seulement en tête qu’il y a des frais pour
l’incorporation, et les dépenses de comptabilité sont plus
élevées pour une compagnie que pour un travailleur
autonome. Alors, assez rapidement, il faut être capable de
mettre au moins 100 000$ et plus de côté pour justifier les
frais supplémentaires, ou pour se prémunir du risque de
faillite de l’entreprise.

On se plaint beaucoup des impôts que l’on paie au Québec, mais en

s’éduquant un peu, et en y mettant les efforts, on peut en payer moins.

Cependant, une mise en garde s’impose. C’est bien beau tenter


d’économiser de l’impôt, mais ne prends pas de raccourcis. Bien des gens

sous-estiment à quel point le fisc a faim ces temps-ci. Et beaucoup s’attirent

des problèmes avec ça. Ils ne veulent pas payer pour un comptable, ou

quand ils en embauchent un, ils choisissent le moins cher. La job est un peu

douteuse, et cinq ans plus tard ils se ramassent avec un avis de cotisation,

des pénalités rétroactives et une facture de 100 000$! Bref, un bon

comptable peut non seulement t’obtenir toutes les déductions auxquelles tu

as droit, mais aussi t’éviter de recevoir la visite la plus désagréable qui soit:

celle des inspecteurs de Revenu Québec.

Le futur n’est pas rose pour le contribuable

En terminant, laisse-moi te dire une chose: de la manière dont les

gouvernements continuent à s’endetter et à gaspiller, d’autres hausses de

taxes sont à prévoir dans les années qui viennent.

Il faut s’attendre à ce que, par exemple, les taxes municipales et scolaires

continuent de croître. De plus en plus, les gouvernements équilibrent leurs

budgets sur le dos des propriétaires et leur refilent la facture. Même chose

pour Hydro-Québec. Il faut s’attendre à voir grimper notre facture

d’électricité prochainement. Tout comme les taxes sur l’essence, avec la

Bourse du carbone et autres initiatives «vertes». Les droits de scolarité aussi

vont finir par y goûter. Notre système universitaire est désuet, et il va falloir

augmenter ces droits de scolarité un jour.

Les crédits et chèques familiaux vont être de moins en moins universels.

Les riches vont payer de plus en plus, sans en retirer de bénéfices. Et

n’oubliez pas que, au Québec, on est considérés comme riches à partir d’un

revenu familial de 125 000$, du moins dans l’esprit de nos politiciens.

Enfin, le taux de cotisation au Régime de rentes du Québec (RRQ) va

continuer d’augmenter, surtout si le Québec adopte les changements

proposés par le fédéral à son propre régime. Je mets aussi un petit 2$ sur des

taxes cachées sur les primes d’assurance et les institutions financières. Les

politiciens annoncent ainsi des hausses de taxes aux méchantes institutions

financières, mais celles-ci vous les refilent. C’est une façon efficace pour les

gouvernements d’aller chercher de nouveaux revenus, car les gens ne

réalisent pas que ce sont eux qui payent en fin de compte...


Comment s’y préparer? Ce ne sera pas facile. Mais voici quelques

conseils en vrac.

• Être raisonnable sur la grosseur de la maison, et avoir deux systèmes de

chauffage, si possible, afin de ne pas être prisonnier de l’électricité (par

exemple, un combo électricité et gaz naturel).

• Magasiner sa ville d’adoption. Regarder, entre autres, le niveau

d’endettement de la municipalité et les taxes municipales et scolaires (sur

le site du gouvernement, mais aussi à travers les reportages fréquents des

médias sur le sujet).

• Accorder de l’importance à la consommation d’essence de ton prochain

véhicule.

• Utiliser des banques à faibles frais (Tangerine ou Banque Manuvie, par

exemple).

• Cotiser le plus possible au REEE (Régime enregistré d’épargne-études),

avant que le gouvernement se rende compte qu’il vous en donne beaucoup

trop...

• Éviter les automobiles trop coûteuses. En effet, le gouvernement ajoute

une taxe de luxe si la valeur du véhicule excède 40 000$, sauf si c’est une

voiture électrique.

• Avoir un mode de vie sain! Le gouvernement ne veut plus que tu fumes,

que tu boives ou que tu conduises une auto polluante ou trop rapidement.

Arrête d’avoir du fun et tu paieras moins d’impôt! Utilise des applications

comme Camarad pour éviter de tomber dans le piège des radars photo.

Bon... On ne te dit pas vraiment d’arrêter de boire, mais on se sent obligé

de souligner l’excès de taxation sur le vin au Québec.

Parents célibataires: vous êtes plus riches


que vous le pensez
Si tu gagnes entre 30 000 et 50 000 $ (ou dans ces eaux-là)
et qu’il ne t’en reste pas assez pour cotiser à un REER,
trouve une façon de cotiser quand même! Pourquoi? Parce
que le montant des crédits d’impôt et des prestations pour
enfants auquel tu as droit sera plus élevé si ton revenu
imposable est moindre. Et les cotisations REER réduisent
justement ton revenu imposable.
En fait, lorsqu’on est parent monoparental, les économies
d’impôt qu’on peut faire grâce aux prestations pour les
enfants sont vraiment étonnantes. Voici un exemple: si une
mère monoparentale gagnant 50 000$ par année réussit à
cotiser 10 000  $ à son REER, en tenant compte de
l’ensemble de son remboursement d’impôt, il est possible
que ces 10 000  $ ne lui coûtent que 1000  $ ou 2000  $.
Pourquoi? Parce que son revenu imposable diminue et
qu’elle paiera moins d’impôt, mais aussi parce que les
prestations pour enfants, comme les crédits de frais de
garde, par exemple, feront en sorte que le vrai
remboursement d’impôt sera pas mal plus élevé.
Une mère monoparentale, disons avec trois enfants et qui
investit son REER dans un fonds de travailleurs (par
exemple, celui de la CSN) qui donne 40% de crédit d’impôt
en plus, pourrait obtenir PLUS en remboursement d’impôt et
crédits supplémentaires que sa cotisation REER... Le hic: il
faut être capable de gérer ses dépenses au quotidien, afin
de dégager une marge de manœuvre pour épargner et
cotiser à son REER.
C’est un peu la même chose pour ce qui est des tarifs de
garderie pour les enfants. Eux aussi sont modulés en
fonction de tes revenus. Plus tu engraisseras ton REER,
moins cher tu paieras la garderie pour ton enfant!
Si tu trouves que tout ce qu’on vient d’expliquer est
compliqué, pose la question suivante à ton conseiller:
«Selon les courbes de Laferrière, combien me coûterait
réellement une cotisation REER de 1000$?» S’il est le
moindrement compétent, il va te trouver la réponse. Si tu
veux chercher par toi-même, tape «Courbes de Laferrière»
dans Google: tu y trouveras des références importantes
pour tout bon conseiller qui se respecte.
Aussi, on va se dire les vraies affaires. Au Canada, les
familles monoparentales ne sont pas laissées pour compte.
En effet, un parent monoparental qui gagne 34 000$ par
année et qui a trois enfants possède, dans ses poches à la
fin de l’année, 52 308  $. Son taux d’imposition réel, si on
tient compte de tous les crédits et chèques, est négatif!
Petit conseil pour certaines personnes qui endurent un
mauvais conjoint et un mauvais parent dans leur vie pour
des raisons d’insécurité financière: prenez le temps de
calculer quel serait l’état de vos finances sans ce conjoint
dans votre vie. Vous pourriez être surpris. Vous avez peut-
être les moyens de vous en débarrasser une fois pour
toutes. S’il nuit à votre stabilité familiale, ne le gardez pas
pour des raisons financières. On a utilisé le masculin ici pour
alléger le texte, mais il va sans dire que cette suggestion
s’applique tant aux femmes qu’aux hommes.

Les bizarreries de notre système fiscal, ou


comment une promotion peut être
vraiment moins intéressante que prévu
 
Ce graphique représente la courbe de Laferrière pour une
famille monoparentale de trois enfants. On se trouve à
mesurer le taux d’imposition réel sur tout revenu
additionnel d’une personne selon sa situation et son revenu,
bref, pour chaque dollar supplémentaire de revenu, combien
la personne paie en impôt et combien elle perd en
avantages gouvernementaux. En effet, la plupart des
programmes sociaux sont de moins en moins généreux plus
on avance dans l’échelle salariale.
Mise en situation
Christine travaille 40 heures par semaine à 16,34$ l’heure,
et ce, 52  semaines par année. Elle est une vraie de vraie
mère monoparentale, étant seule avec ses trois enfants. Elle
gagne donc 34 000 $ par année.
Son employeur adore Christine, elle est vaillante, et
l’entreprise la voit occuper un rôle clé dans quelques
années. Elle décide donc de lui donner une augmentation de
salaire cette année de 1,45$, ou 8,8%. C’est beaucoup plus
que l’inflation. Christine gagne donc maintenant 37 000 $.
Toutefois, avant cette augmentation de salaire, Christine
avait droit à une multitude d’aides gouvernementales. En
fait, après avoir reçu ses chèques, payé ses impôts et ses
frais de garde, il lui restait 52 308$ dans ses poches.
Maintenant, il lui reste... 52 946 $. Eh oui, 638 $ de plus par
année seulement. Cela s’explique en partie par la perte de
570 $ de l’allocation canadienne pour enfants.
Ainsi, une hausse salariale brute de 8,8% se traduit
finalement pour Christine en une hausse salariale nette de
1,87%. C’est très décevant.
L’employeur de Christine voulait la récompenser.
Toutefois, l’année suivante, Christine arrive dans son bureau
et lui demande une hausse salariale du même genre. Son
employeur lui répond qu’il ne peut pas l’augmenter de 8,8%
chaque année. Christine lui dit qu’elle comprend, mais
malgré sa belle augmentation de l’an passé, elle ne se sent
pas plus riche. En fait, la réalité, c’est que même si elle a
reçu 3000$ de plus, seulement 638 $ s’est rendu dans ses
poches. C’est ce qu’on appelle un taux marginal
d’imposition de 78%. Le seul moyen qu’elle aurait eu de
garder son argent aurait été d’investir l’augmentation de
salaire dans un REER.
Bref, le système est dur envers Christine. Il la démotive.
Elle a beau travailler plus fort, au bout du compte, ça ne lui
rapporte pas grand-chose. On entend souvent des histoires
de femmes qui occupent simultanément trois emplois pour
subvenir aux besoins de leur famille. Celles-ci auraient peut-
être avantage à s’asseoir et à sortir la calculette. Elles
pourraient découvrir que leur troisième emploi ne rapporte
que quelques dollars nets pour chaque heure travaillée... et
ça, c’est triste.
 
3.
Gérer tes finances, tes dettes et le
crédit
Ce livre ne te conseillera pas de faire un budget. Pourquoi? Parce que, de

toute façon, personne ne le respecte. C’est ennuyeux à mourir, et on a peur

que tu sautes immédiatement à la section suivante. Un budget, ça fonctionne

pour certains. Mais ces êtres supérieurs n’ont pas besoin de ce genre d’outil,

car ils sont disciplinés naturellement. Ils le font parce qu’ils aiment ça (des

gens bizarres, quoi). Toi? Quelque chose me dit que non.

Tu veux contrôler tes dépenses et gérer tes finances comme du monde? Je

vais te présenter un ami qui va grandement t’aider: le protocole d’austérité.

Le protocole d’austérité

La santé financière, c’est comme le maintien d’un poids santé. On sait tous

comment faire, et plusieurs y arrivent malgré une discipline irrégulière.

Quand ils s’empiffrent pendant les vacances de Noël et prennent cinq kilos,

ils rangent les croustilles et l’alcool et vont se défoncer au gym. Ils savent

qu’ils n’ont que quelques mois pour sculpter leur silhouette de plage. En

finances personnelles, ça devrait être pareil. Pas obligé de suivre un budget

chaque semaine pour atteindre tes buts. Il faut juste connaître les limites à

ne pas dépasser, et savoir quand réagir.

Quand tu déclencheras le protocole d’austérité, tu feras la guerre à

l’endettement d’une manière féroce. Mais avant d’établir le contenu de ce

protocole, il faut d’abord savoir quand le déclencher.

En lisant ces lignes, si tu as un solde impayé sur tes cartes de crédit qui

date de plus d’un mois, je te le dis tout de suite, tu dois déclencher le

protocole sur-le-champ. Si tu n’as pas constitué de fonds d’urgence, tu dois

déclencher le protocole. S’il y a maintenant plus de deux ans que tu n’as pas

épargné, même si tu n’as pas de dettes, tu dois déclencher le protocole.

À
À l’opposé, si tu n’as pas de dettes à fort taux d’intérêt (plus de 6%), si tu

as déjà un fonds d’urgence pour couvrir trois mois de dépenses et que,

finalement, tu réussis à épargner, pas besoin de déclencher le protocole

immédiatement. Mais sitôt que ces conditions ne sont plus respectées, tu

devras te tourner vers le protocole.

Ensemble, vous devez établir la loi martiale qui sévira sous votre toit le

temps que le protocole est activé. Ainsi, lorsque le protocole d’austérité

familial est déclenché, aucun membre de la famille ne doit:

• manger au restaurant;

• acheter un vêtement, à moins d’en remplacer un trop usé ou trop petit pour

les enfants;

• louer un film;

• aller au cinéma;

• acheter une application sur son téléphone;

• acheter de l’alcool;

• sortir dans les bars;

• s’offrir une gâterie;

• acheter des billets de loterie (c’est une dépense, en passant, pas un plan de

retraite);

•  acheter des choses inutiles dans les dépanneurs;

• voyager.

Le but ici est simple. Il faut ramener le compte bancaire en haut de la

limite imposée. Aussi, il faut instaurer une discipline absolue. Il faut aussi

que ça fasse mal: no pain, no gain. De cette façon, les membres du groupe

vont apprendre à faire plus attention naturellement.

Une fois l’objectif atteint, il est important de se récompenser en groupe.

Vous venez d’atteindre une victoire. Pourquoi pas un bon souper au

restaurant en famille?

Ensuite? Vous vivez normalement. Tant que votre compte bancaire reste

en haut de la limite, pas de souci. S’il monte trop rapidement, c’est une

bonne nouvelle. Faites descendre son niveau en investissant dans vos outils

d’épargne à long terme, comme votre REER ou votre CELI.


Justement, et l’épargne dans tout ça?

Normalement, dans vos dépenses programmées, c’est-à-dire celles qui

passent dans le compte la même journée que votre paie, vous devriez déjà

avoir prévu des prélèvements pour votre plan de retraite et les études des

enfants. Quand vous déclenchez le protocole d’austérité familial, vous

pouvez temporairement interrompre ces prélèvements pour l’épargne. En

effet, à quoi bon déposer de l’argent dans ses REER si on a été obligé de

mettre 5000$ sur une carte de crédit à 19% d’intérêt? Les dettes à taux

d’intérêt élevé sont nuisibles à votre santé financière. C’est le junk food de la

finance personnelle. Il faut savoir prioriser. Il est impossible d’épargner si

vous traînez ce genre de dettes.

Toutefois, avant de lever le protocole d’austérité et de respirer de nouveau,

assurez-vous d’avoir recommencé les prélèvements pour l’épargne à long

terme. Il faut que vous stabilisiez vos finances avec ces prélèvements, sinon

vous allez déclencher le protocole tous les six mois, et ce n’est pas le but.

Ici, allons-y avec une règle simple: vous devriez avoir un prélèvement

automatique sur votre chèque de paie d’au moins 10% de vos revenus bruts

pour bien préparer votre retraite. Moins que cela, ça ne s’appelle pas de

l’épargne à long terme. Ça s’appelle faire semblant d’épargner pour se

donner bonne conscience. On a tous déjà vu une personne de 300 livres

dans notre vie manger de la salade chaque midi. Tout le monde le sait qu’il y

a anguille sous roche. C’est la même chose avec de l’épargne à long terme

représentant moins de 10% de son salaire. C’est une grande illusion! On

appelle ça se mentir à soi-même.

Oui, mais j’ai plus de 10 000$ de prêts à fort taux

d’intérêt!

Dans un cas comme celui-là, on parle d’un protocole d’austérité à long

terme. Honnêtement, il faudra peut-être même apporter des changements

structurels à tes finances. Par exemple, vendre ton automobile ou t’en

trouver une moins chère; réduire les coûts de logement en déménageant;

modifier grandement tes habitudes de vie, par exemple, en arrêtant de fumer

ou en oubliant toute sortie au restaurant. L’heure est grave. Tu dois agir en

conséquence. Tu en as peut-être pour trois ou quatre ans avant de te sortir du


trou. Il faut prendre la situation au sérieux. On ne parle pas de malchance,

ici, on parle d’irresponsabilité financière. Il ne faut pas se mettre la tête dans

le sable. Il est encore temps d’agir, mais aucune pilule miracle ne va te

sauver. La seule recette efficace, c’est la discipline.

Écoute l’émission Qui perd gagne à la télé. Tu vas te rendre compte que

des gens avec un important surpoids ont réussi à reprendre leur vie en main.

Maintenant, réalise que, financièrement, tu es une de ces personnes...

Ta carte de crédit: à utiliser si tu es discipliné

La carte de crédit a mauvaise presse, mais on ne devrait pas oublier qu’elle

procure de réels avantages. Elle est pratique pour toutes sortes de situations

d’achat ou de location de biens. Elle peut également t’éviter de payer des

frais bancaires excessifs liés aux nombreux achats que tu ferais avec ta carte

de débit. Aussi, si tu rembourses ton solde à l’intérieur du délai permis

(généralement 21 jours), tu profites carrément d’argent prêté à 0% d’intérêt!

Si tu n’aimes pas les vilaines banques, voilà l’occasion de faire de l’argent

sur leur dos.

Les programmes de récompenses aussi ont mauvaise presse, mais quand

on sait les utiliser, ils peuvent être «payants». Certaines cartes de crédit

t’offrent présentement, en 2017, 4% de rabais sur l’essence, 2% sur

l’épicerie et la pharmacie et 1% sur le reste. C’est peut-être 500$ de

récompenses annuelles pour une famille normale, net d’impôt. Cela peut

représenter 30 heures de travail pour certaines personnes. De plus, tu peux

jumeler cette offre à une carte récompenses comme Air Miles ou Aeroplan.

Et plus tu vas dans un commerce aux marges de profit élevées (cosmétiques,

cafés ou thés spécialisés, par exemple), plus les cartes récompenses sont

intéressantes.

Bon, je ne te suggère pas nécessairement d’aller dans ces commerces.

Leur carte de fidélité est généreuse pour la simple raison que leurs marges

sont élevées. Ça veut dire que tu n’as peut-être pas le meilleur rapport

qualité-prix. Mais si tu es un adepte de ces commerces et que tu acceptes de

faire des sacrifices ailleurs dans tes finances personnelles parce que ton plan

tient la route, ne pas utiliser ces programmes serait ridicule. Tu serais alors

une machine de profitabilité pour ces compagnies.


Par contre, si tu es incapable de te contrôler avec une carte de crédit, ne

touche pas à ça. Ce sont elles qui poussent les gens à la faillite. Si, un jour,

tu paies le solde d’une carte de crédit avec une autre carte de crédit, alors là

c’est le wake-up call. Si tu n’agis pas pour corriger la situation, le syndic de

faillite le fera pour toi. Les seules personnes qui profitent réellement des

cartes de crédit, ce sont celles qui sont disciplinées. Les autres se font

exploiter par les banques. Regarde l’intérêt grandissant de ces institutions à

t’offrir plus de cartes de crédit. Tu comprendras alors que le groupe des gens

disciplinés est plutôt minoritaire. En fait, dans la vie, tu as deux choix: être

actionnaire de la banque (avec de l’épargne) ou être exploité par les

banques. À toi de décider!

Tu es enseveli sous toutes ces cartes récompenses? Utilise un portefeuille

virtuel sur ton téléphone. De plus en plus de lecteurs de codes barres

peuvent dorénavant lire une image de ton téléphone. Ça te simplifiera la vie.

Par exemple, sur Android, l’application Portefeuille UGO fait un très bon

travail.

Si tu te connais bien et que tu as choisi de ne pas utiliser de cartes de

crédit pour tes achats courants, bravo! Savoir prévenir un problème par

l’abstinence est extrêmement louable. Les ex-fumeurs se tiennent loin des

gens qui fument pour ne pas rechuter, même chose pour les alcooliques.

Pourquoi serait-ce différent en finances personnelles? Il y a un problème,

cependant. Si tu utilises beaucoup ta carte de débit, tu peux perdre le fil et

avoir des frais d’utilisation élevés. Pourquoi alors ne pas sortir d’avance, en

argent, le montant dont tu auras besoin pour tes petits achats de la semaine?

Cela pourrait faire de toi un meilleur consommateur. Quand on sort de

l’argent sonnant de ses poches, on pense plus longuement à l’utilité de la

nouvelle dépense.

Les marques et la consommation

Payer pour le prestige d’une marque de commerce est une des choses les

plus inutiles et coûteuses qui soient. Cette marque n’a de valeur que dans les

yeux de ton entourage. Si tu accordes trop d’importance à ce que pensent

ton entourage ou tes amis Facebook, voilà un aspect de ta personnalité à

travailler. Tes efforts seront grandement récompensés par un portefeuille


plus garni et des dépenses plus faciles à gérer. Tu pourras même consommer

plus si tes revenus te le permettent!

Ça ne veut pas dire que tu ne dois jamais acheter de grandes marques, ou

que tu dois te rabattre uniquement sur des copies asiatiques bon marché.

Certains produits jouissent d’une grande réputation en raison de leur qualité

exceptionnelle. Un bon chocolat belge sera toujours plus délicieux qu’une

Oh Henry. Toutefois, ce n’est pas vrai tout le temps. Sache qu’il existe

beaucoup de marques intermédiaires moins connues, mais tout aussi bien

conçues que les grandes marques. Il faut les reconnaître. Et aujourd’hui,

avec Internet, c’est facile de découvrir ces joyaux.

Le prix d’un bien repose sur plusieurs critères, dont le look, la qualité, la

rareté, l’utilité et... le prestige. Accorde le moins d’importance possible au

volet prestige et tu seras un consommateur hors pair. Les gourous du

marketing te détesteront et tu deviendras imperméable à la publicité.

Ta source d’information: Internet

L’époque du vendeur en magasin est révolue. Récemment, je magasinais un

tapis roulant pour ma femme. J’avais mon téléphone en main et je tapais

dans Google les numéros de modèle qui m’intéressaient pour lire les avis de

ceux qui avaient acheté ce produit. Un vendeur m’a abordé et m’a posé la

question habituelle: «Avez-vous besoin d’aide, monsieur?» «Non», lui ai-je

répondu. Il est parti. Il m’a regardé un temps, il a vu que j’avais trouvé deux

modèles et que j’allais d’un à l’autre. Il est donc revenu à l’attaque.

«Monsieur, ce modèle est notre plus gros vendeur.» J’ai levé les yeux de

mon téléphone et je lui ai répondu, doucement: «Désolé, tu me déranges

dans ma lecture. Quand je vais avoir pris ma décision, je vais aller te voir et

tu feras ensuite la commission la plus facile de ta vie.»

Ces gens sont payés pour te dire ce que tu veux entendre. Ils ne te

préciseront jamais que le modèle brise souvent après 300 km d’utilisation.

Mais Internet, oui. Ensemble, consommateurs, donnons nos avis sur le Web

et éliminons notre besoin de demander à un jeune bien intentionné, mais qui

connaît plus ou moins ses produits, son avis sur une décision financière

importante que nous sommes sur le point de prendre. D’ailleurs, un de mes

amis, vendeur d’automobiles, me racontait qu’il y avait beaucoup moins de


gens qu’auparavant qui entraient chez les concessionnaires. Mais lorsqu’ils

le font, les ventes sont souvent faites d’avance. L’acheteur a fait ses devoirs.

Assure-toi de faire les tiens avant de dépenser.

Une voiture neuve, c’est pour les pauvres

Au printemps, les filles sortent leurs jupes; les gars, eux, sortent leurs

chiffons pour astiquer la voiture. Après trois ou quatre printemps, bon

nombre d’entre nous commencent à rêver à leur prochaine conquête (je

parle de l’auto!). Quand on a un bon salaire, stable, on veut se payer une

voiture neuve. Après tout, on se sent riche à 30 ans.

Pour plusieurs, la définition de la richesse est basée sur le revenu ou les

actifs. De mon côté, je la base plutôt sur le comportement. En fait, voici

comment je définis la richesse: «Peu importe le revenu, tant qu’une

personne dépense moins d’argent qu’elle n’en gagne de façon récurrente,

elle peut se considérer comme riche.» Cette définition fait en sorte que je

connais des médecins pauvres et des coiffeuses riches! C’est probablement

pour cela que je l’aime.

Dans ce contexte, je suis persuadé que bon nombre d’acheteurs de

voitures neuves peuvent être qualifiés de pauvres, et que bon nombre

d’acheteurs de voitures d’occasion peuvent être qualifiés de riches. Pensez

seulement à la «bulle automobile» qui sévit au pays en ce moment. On n’a

jamais vu autant de «cassés» en Mercedes et en VUS de l’année!

Imaginez: de 2007 à 2015, la valeur des prêts automobiles a presque

doublé au pays, et totalise aujourd’hui plus de 120  milliards de dollars. De

plus, près de 40% de ces prêts ont une période d’amortissement de 84 mois

ou plus, selon l’Automobile Consumer Coalition.

Les vieux bazous ont pratiquement disparu de nos routes, et tout le

monde se promène en auto neuve... à crédit!

À mon avis, c’est le contraire qui devrait se passer. On acquiert plus

rapidement le statut de riche de la société en achetant plusieurs voitures

d’occasion, avant de finalement se gâter pour en acheter une neuve...

comptant!

Prenons l’exemple de ma Toyota Camry 2010. Une Toyota, c’est beige et

plate à conduire, je le sais. Par contre, c’est généralement bien classé en


termes de coûts d’entretien et d’assurances. Malheureusement, trop peu de

gens accordent de l’importance à ces détails.

Bref, le premier acheteur de cette Camry a probablement payé, tout

compris, environ 33 000$. Il l’a revendue en 2014 au concessionnaire pour

peut-être 13 000$. Je dis ça à peu près, car moi je l’ai payée, taxes

comprises, 16 500 $. Elle avait 60 000 km au compteur. Vous serez d’accord

avec moi que la dépense par kilomètre du premier propriétaire a été de

0,33 $ du kilomètre.

De mon côté, j’ai payé 16 500$, et elle roule encore. Je pense qu’elle va

rouler encore au moins une autre année au même rythme sans réparations

mécaniques. Bon, j’ai froissé légèrement le pare-chocs arrière et je devrai le

remplacer. Je vais probablement changer de voiture l’an prochain. Si je

voulais prendre une décision strictement financière, je la garderais deux ou

trois ans encore. Mais j’ai le goût de passer à un autre niveau l’an

prochain... dans l’occasion, une fois de plus. Pour simplifier l’exercice,

disons que je l’envoie sur le tas de roches à la fin de l’année! Elle sera alors

à 260 000 km. Cela m’aura donc coûté 0,08$ du kilomètre pour la faire

rouler. C’est quatre fois moins que le premier acheteur.

Un jour, je vais m’en acheter une neuve. Mais ce sera comptant, et parce

que je serai rendu là dans ma vie. Pas parce que le banquier me dit que je

peux me permettre de régler le paiement mensuel.


 
4.
REER ou CELI?
Voilà une des questions les plus fréquemment posées dans le monde des

finances personnelles. Un jour, les gouvernements – qui ont toujours faim –

ont décidé qu’il fallait imposer les revenus de placement. Ensuite, ils ont

créé le REER pour favoriser l’épargne-retraite. Puis, ils ont créé le CELI

pour offrir de meilleures stratégies aux Canadiens. Finalement, en rendant

tout ça compliqué, ils ont créé de la confusion et une belle occasion de vente

pour des auteurs comme nous! Ce livre vous est donc gracieusement offert

par votre bon gouvernement affamé qui est incapable de faire les choses

simplement.

Ce n’est pas pour rien que tout le monde se pose la question: REER ou

CELI? La réponse ne réside pas dans une recette simple à déterminer. Pour

utiliser un vieux cliché, chaque situation est unique et il est important de

réfléchir avant d’agir. Prendre des REER sur le coin d’une table après une

rencontre de cinq minutes, ce n’est assurément pas optimal.

Tu as un montant d’argent à investir. Avant de choisir le contenu qui

produira le rendement (fonds commun, certificat de placement garanti

[CPG], actions d’entreprises, etc.), il faut choisir le contenant. C’est-à-dire

le régime fiscal dans lequel placer cet argent: un compte REER ou un

compte CELI?

Les deux peuvent vous faire économiser de l’impôt, mais de façon

différente.

Le montant maximum que tu peux cotiser à ton CELI est limité à 5 500$

par année. Et encore plus si tu n’as pas utilisé tes droits de cotisation des

dernières années, car ceux-ci s’accumulent (voir le tableau qui suit). Les

intérêts et revenus que tu accumules sur tes placements y fructifient à l’abri

de l’impôt. Ils ne sont pas imposés à la fin de l’année. Tu peux retirer ton

argent d’un CELI en tout temps, et ce, sans pénalité. Par contre, l’argent que
tu y déposes ne réduit pas ton revenu imposable quand vient le temps de

faire ta déclaration de revenus, contrairement au REER.

 
Droits de cotisation au CELI

Année Droits de cotisation

2009 5 000$

2010 5 000$

2011 5 000$

2012 5 000$

2013 5 500$

2014 5 500$

2015 10 000$

2016 5 500$

2017 5 500$

Avec un REER, l’argent que tu y places réduit ton revenu imposable, et

donc ta facture d’impôt à payer. C’est pourquoi, règle générale, tu devrais

cotiser le maximum possible à ton REER quand tu es au summum de ta

carrière, c’est-à-dire pendant les années où tu gagnes de gros revenus. C’est

l’avantage principal du REER: te faire économiser de l’impôt quand tu en

paies beaucoup.

Par contre, le fisc t’attend dans le détour... à ta retraite. Deux choses sont

inévitables dans la vie: la mort et l’impôt. Tu paieras de l’impôt quand tu

retireras finalement tes REER, idéalement quand tu seras à la retraite. Mais

la beauté de la chose, c’est qu’à la retraite on ne gagne pas beaucoup

d’argent. Donc, on ne paie pas beaucoup d’impôt non plus. Il t’en restera

alors beaucoup plus dans tes poches que si tu avais déclaré ces revenus au

«top» de ta carrière.

 
Différences entre le REER et le CELI

Caractéristiques REER CELI

Abri fiscal (pas d’impôt sur le rendement) OUI OUI

Déduction de la cotisation (diminution du revenu OUI NON

imposable)
Imposition des retraits OUI NON

Est-ce que l’on te redonne les droits de cotisation NON OUI (l’année

après un retrait? suivante)

Accumulation (report) des droits de cotisation OUI OUI

inutilisés

Possibilité de cotiser au régime de son conjoint OUI NON

Pénalité de 1% par mois sur l’excédent si on dépasse OUI (2 000$ d’excès OUI

nos droits permis)

Impact fiscal des retraits sur le Supplément de revenu OUI NON

garanti (SRG)

Source: VotreConseiller.net

C’est de cette façon que tu dois voir le REER: c’est un des rares breaks

que te donne l’État pour payer moins d’impôt: en diminuant tes revenus

imposables quand tu gagnes beaucoup, et en les augmentant lorsque tu

gagnes peu.

Les REER et le Supplément de revenu


garanti (SRG)
À ta retraite, lorsque tu retireras des sommes de ton compte
CELI, ces retraits ne viendront pas s’ajouter à ton revenu
déclaré quand tu feras ta déclaration d’impôt, alors que ce
sera le cas pour des retraits d’un compte REER. C’est une
différence importante car, à la retraite, plus ton revenu
déclaré est bas, plus tu as droit à de l’aide du
gouvernement, par exemple le Supplément de revenu
garanti1.

Quand utiliser le REER et quand utiliser le CELI?


Difficile de répondre à cette question: tout dépend de ton taux d’imposition,

aujourd’hui et demain. Voici un exemple. Sylvie est coiffeuse. Elle travaille

fort et gagne aux alentours de 30 000$ après dépenses. Donc, son taux

d’imposition marginal est de  28% (c’est le taux auquel sera imposé chaque

dollar supplémentaire qu’elle gagnera). Elle n’a ni enfants ni maison, et elle

épargne beaucoup – environ 5000$ par année, ce qui est énorme compte

tenu de ses revenus. Elle fait attention et ne dépense pas trop.

Dans son cas, elle ne doit pas cotiser à son REER, mais plutôt à son

CELI. Pourquoi? Parce qu’en raison de ses revenus relativement faibles, elle

peut seulement économiser un maximum de 28% d’impôt sur chaque dollar

qu’elle mettrait dans un REER. C’est bien, sauf qu’à la retraite elle va

probablement gagner aussi autour de 30 000$ par année (en dollars

d’aujourd’hui) et va donc encore payer, à ce moment, 28% d’impôt sur

chaque dollar qu’elle va retirer de ses REER. Alors, où est le gain pour elle?

Il n’y en a pas.

Il y a toutefois une solution! Les revenus de Sylvie – et son taux

d’imposition – vont fluctuer avec les années. Peut-être qu’elle va travailler

plus d’heures dans les années à venir. Peut-être même qu’elle possédera son

propre salon un jour, et que ses revenus augmenteront considérablement. À

ce moment, le fisc la verra comme une vache à lait et sautera dessus à pieds

joints. Sylvie devra alors payer beaucoup plus d’impôt. C’est donc à ce

moment qu’il sera préférable pour elle de cotiser le maximum à son REER!

Car, en vertu de ses nouveaux revenus, elle sera imposée à un taux d’environ

37%. Elle fera donc de réelles économies d’impôt lorsqu’elle retirera ses

REER à la retraite, à un taux d’imposition d’environ 28% (en gardant

l’hypothèse qu’elle gagnera environ 30 000$ par année à la retraite).

Voici un exemple chiffré. Disons que Sylvie veut cotiser 5000$ au REER.

Si son revenu imposable est de 60 000$, son économie d’impôt sera

d’environ 1850 $ (37%). Si elle ne gagne que 30 000 $, son économie passe

à 1400 $ (28%). C’est 450 $ de moins en économie.

Garde en tête une chose importante: tes cotisations REER sont limitées.

Si tu les gaspilles toutes au mauvais moment (quand tes revenus sont bas),

tu ne pourras pas en mettre autant que tu veux lorsque tu gagneras un gros

salaire, c’est-à-dire au moment où ce serait le plus payant de le faire.

 
Droits de cotisation au REER

Taux de cotisation 18%

Appliqué sur les revenus de quelle année? Précédente

Cotisation maximale 26 010$

On peut accumuler les cotisations depuis quand? 1991

Âge limite pour cotiser 71 ans

Source: VotreConseiller.net

Sylvie a donc, présentement, tout avantage à placer ses épargnes dans un

CELI, à engraisser celui-ci et à faire des placements qui rapportent comme

si c’était de l’argent qu’elle faisait fructifier pour la retraite. Lorsqu’elle

gagnera un plus gros salaire – et que le gouvernement voudra en profiter –,

elle pourra transférer tout cet argent dans ses REER et faire un pied de nez à

l’impôt!

Un enfant, c’est payant!

La même stratégie s’applique lorsque Sylvie aura un enfant. Même si son

salaire ne change pas, il y a tellement de crédits d’impôt aujourd’hui liés à la

situation familiale que ça vaut la peine, pour les gens à plus faible revenu et

surtout les familles monoparentales, de prendre des REER à ce moment de

leur vie, afin de réduire leur revenu imposable et d’aller chercher plus d’aide

du gouvernement (comme on l’a vu au chapitre 2).

Le jour où elle va avoir un enfant, ou deux, ou trois, Sylvie pourra

décaisser son CELI et transférer le montant dans un REER. Elle pourra à ce

moment aller chercher des déductions d’impôt en plus d’augmenter ses

crédits d’impôt familiaux et l’aide du gouvernement. Qui a dit que ça

prenait des fiscalistes à 300$ de l’heure aux Bahamas pour tirer avantage du

système? Toi aussi, tu peux!

Un médecin résident qui cotise à des REER?

Sacrilège!
Tu es en développement de carrière et tu as espoir de gagner un gros salaire

dans quelques années? Place tes épargnes dans un CELI, et ce, pendant

plusieurs années, jusqu’à ce que tu gagnes ton salaire annuel de 150 000$,

voire plus. Et lorsque ça arrivera, tu devras redonner presque la moitié de ta

paie au gouvernement. C’est donc à ce moment que tu sortiras tes épargnes

de ton CELI pour les transférer dans un compte REER. Tu vas ainsi obtenir

de réelles économies d’impôt.

Quand je vois un médecin résident cotiser à des REER, ça me fait

halluciner! Le gars gagne 45 000$ ou 50 000$ par année, mais un jour il va

en gagner 350 000  $. J’aurais envie de lui dire: «Qu’est-ce que tu fais là à

prendre des REER et à gaspiller des droits de cotisation? Tu es bien mieux

d’attendre quelques années lorsque tu auras le gros salaire!»

Une stratégie payante

Quand ton salaire annuel fluctue beaucoup ou se situe près du palier

d’imposition suivant, cotise à un CELI plutôt qu’à un REER. Ne cours pas

de risques. Tu pourras cotiser à ton REER jusqu’à 60 jours après la fin de

l’année, quand tu sauras exactement combien d’argent tu auras gagné. Tu

pourras décider à ce moment quel est le montant optimal à cotiser pour toi.

La table d’impôt ci-dessous peut t’aider, mais sérieusement, une des raisons

pour lesquelles tu paies un conseiller, c’est pour ça. Fais-lui faire le calcul

pour toi, ça va te simplifier la vie. Eh oui, tu as bien vu. Il y a dix paliers

d’imposition différents. Pourquoi faire simple quand on peut faire

compliqué!

 
Taux d’imposition (Québec) 2017

Revenus Taux

11634 0,00%

11 635-14 889 12,53%

14 890-42 704 28,53%

42 705-45 915 32,53%

45 916-85 404 37,12%


85 405-91 830 41,12%

91 831-103 914 45,71%

103 915-142 352 47,46%

142 353-202 799 49,97%

202 800 et + 53,31%

Source: VotreConseiller.net

Si jamais ton salaire est stable et que tu ne prévois pas d’augmentation

importante dans le futur, autre que l’inflation, envisage de cotiser au REER

seulement si ton revenu dépasse 46 000$ (et que tu te retrouves au taux

marginal d’imposition de 37,12%). Si tu gagnes moins de 46 000$, cotise au

REER seulement si tu as des enfants. Sinon, opte pour le CELI.

Aussi, si tu as un salaire stable d’environ 50 000 ou 60 000$ et que tu

possèdes un bon régime de retraite, tu risques de gagner presque autant à la

retraite que pendant ta vie active, et donc de rester sensiblement au même

taux d’imposition au travail qu’à la retraite. Dans ce cas, place tes épargnes

là où c’est probablement le plus payant pour toi: en maximisant le régime

enregistré d’épargne-études de tes enfants (voir à ce sujet le chapitre

«REEE: le gouvernement se sent généreux, profites-en!»).

En résumé, pour choisir entre le REER et le CELI (ou encore le REEE), il

faut sortir de la photo instantanée de notre vie en ce moment. Il faut

regarder l’horizon à long terme, et prendre en compte notre cycle de vie au

complet. Tu prends des REER quand tu es au summum de ta carrière et que

«tu te fais plumer» au maximum par le gouvernement. En attendant que ça

arrive, accumule ton épargne dans un CELI.

 
_______________

1. Le Supplément de revenu garanti est une prestation mensuelle non imposable offerte aux

bénéficiaires de la pension de la Sécurité de la vieillesse qui ont un faible revenu et qui vivent au

Canada. Source: Gouvernement du Canada.


 
5.
Assurance-vie:
Quand? Comment? Combien?
Ah, les assurances! En avons-nous vraiment besoin? Quand? Et pour

combien? On en a toujours trop, non? Sur notre hypothèque, notre carte de

crédit, avec notre emploi, celle vendue par le beau-frère... Pour y voir plus

clair, garde une chose en tête: tes besoins en assurance-vie varient selon ton

âge et ta situation familiale. Dans bien des cas, un seul contrat peut faire

l’affaire. Tu n’es plus obligé de dire oui à l’assurance chaque fois que tu

contractes un prêt. Séparons ta vie en quatre phases, et voyons les besoins

respectifs pour chacune d’elles.

Phase 1. Aux études et célibataire

Cas classique: tu vas à l’école et tu traînes quelques dettes. Sans conjoint ni

enfant, tout ce que ton assurance doit couvrir en cas de décès, ce sont tes

frais funéraires et le remboursement de tes dettes. Sinon, ce sera ta

succession, probablement tes parents, qui va hériter des factures. Ils

pourront certes renoncer à la succession, mais ça leur coûtera 1500$, en

plus des frais funéraires. Une assurance avec couverture d’au plus 50 000$

fera l’affaire, tant et aussi longtemps que tu seras célibataire et sans

hypothèque.

Certaines personnes choisissent d’acquérir une assurance pour une

couverture allant jusqu’à 250 000$ dès cette étape de la vie. Le but est de

protéger son assurabilité, c’est-à-dire sa capacité à contracter de l’assurance

à bon prix. Tu comprends que si tu as eu un cancer ou que tu pèses 400

livres, aucun assureur ne voudra t’assurer, ou encore certains vont t’accepter

en te faisant toutefois payer la totale. Si tu achètes un contrat temporaire, ton

assurabilité est protégée pour la vie et pour le montant choisi. Un contrat

temporaire payable en dix  ans, pour un jeune en bonne santé, de 250 000$
coûte moins de 160 $ par année si celui-ci ne fume pas. C’est aussi la raison

pour laquelle certains décident de couvrir plus que leurs besoins à cet âge.

Ça ne coûte pas cher, la probabilité de décès est tellement faible.

Phase 2. En couple dans ta première maison

La journée où tu seras en couple et posséderas ta maison, il faut couvrir un

besoin d’assurance de 200 000 à 250 000$. Le raisonnement est le suivant:

tu veux que ton conjoint survivant puisse conserver la maison advenant ton

décès. Or, après ton décès, celui-ci va devenir 100% propriétaire de la

maison... mais aussi 100% propriétaire de l’hypothèque! Et devra payer les

taxes. Si, en plus de pleurer ta mort, ton conjoint devient pauvre par la suite,

pas sûr qu’il gardera un si beau souvenir de toi.

Stratégie payante: l’offre du banquier est


refusée!
Les banques profitent de la frénésie de l’achat d’une maison
pour te vendre une assurance-vie sans examen médical ou
assurance hypothécaire. Ce n’est pas une assurance
individuelle et tu ne peux pas choisir le bénéficiaire – ce
sera la banque. Si tu n’as pas d’examen médical à passer,
que tu es en bonne santé et que tu ne fumes pas, penses-tu
que tu es en train de payer le meilleur prix? Non. De plus, si
tu perds ton assurabilité en cours de route et que le
banquier sait que tu es prisonnier de son offre pour
l’hypothèque, penses-tu que tu vas pouvoir négocier le taux
d’intérêt hypothécaire comme avant? Encore non. Sépare
tes assurances de ton hypothèque. Passe des examens
médicaux et assure-toi de magasiner pour avoir le meilleur
prix.
Le prix des assurances-vie au Canada est public. Visite un
site comme www.winquote.net pour t’assurer que tu ne
paies pas trop cher.
Phase 3. Un premier enfant

Quand arrivent les enfants, le besoin d’assurance-vie change énormément.

Le but est d’utiliser l’assurance pour couvrir ton salaire, car tes enfants sont

dépendants de celui-ci. Voici un exemple. Tu gagnes 100 000$ par année.

Une fois que l’impôt s’est servi, il t’en reste environ 60 000$. Tu as des

dépenses personnelles de 10 000 $, donc il te reste environ un revenu net de

50 000  $ qui sert réellement à la famille. Avec ce montant, on fait tout: on

paie la maison, les taxes, les dettes, on investit pour la retraite, on paie les

études des enfants, etc.

Donc, si on veut couvrir ces 50 000$ de revenus, il faut se demander

pendant combien de temps ce bébé-là aura besoin de nous. La réponse est

habituellement vingt-cinq ans. Que voulez-vous, on est en 2017, les enfants

collent chez leurs parents maintenant. Donc, de quel montant de couverture

ai-je besoin pour remplacer ce revenu-là pendant vingt-cinq ans? La

réponse: environ 1 million de dollars (et ce, afin de générer 50 000$ de

revenus annuels, indexés à 2% pour se protéger de l’inflation, et avec

l’hypothèse que nos placements vont rapporter en moyenne 4%). Si, dans le

couple, une personne gagne 100 000 $ et l’autre 50 000 $, il faut idéalement

acheter une police d’assurance qui donnera, au moment du décès, 1 million

et 500 000  $ respectivement. Donc, le but n’est plus de couvrir les dettes,

mais de protéger le revenu.

Si ton conjoint décède et qu’il n’est pas couvert par une assurance-vie, il

te restera une option: Tinder, et les bars. Mais avec un enfant dans les bras,

il paraît que c’est un peu moins efficace!

Phase 4. Ensuite, et jusqu’à notre mort

À un moment donné dans notre vie, on a eu jusqu’à 1 million de dollars en

assurance-vie. On valait plus cher mort que vivant! Est-ce que l’on continue

à garder cette assurance? Non, on va se ruiner. Quand on est jeune, les

produits temporaires sont peu chers et couvrent de grands capitaux

d’assurance. Si on veut garder une assurance toute notre vie, il faut de


2
l’assurance permanente , et ça, ça coûte un bras.

À qui s’adressent ces assurances permanentes? Aux gens qui veulent et

qui peuvent laisser un héritage. C’est pourquoi on attend souvent de


connaître toute l’information. Est-ce que j’ai eu des enfants? Est-ce qu’ils

méritent un héritage? Est-ce que j’ai assez d’argent pour ma retraite? À quoi

bon laisser un héritage si on a une vie de misère après 70 ans? Bref, nul

besoin de souscrire une assurance permanente avant d’avoir 55 ans si on n’a

pas maximisé nos CELI et nos REER. Il faut seulement s’assurer d’être

assurable lorsqu’on sera rendu là. C’est pourquoi il faut posséder un contrat

temporaire transformable en tout temps avant ces décisions importantes.

Rappelle-toi que l’assurance permanente est une forme de placement. En

effet, l’assureur te demande bien plus que ton coût d’assurance quand tu es

jeune, et il place cet argent pour ne pas faire de déficit quand ton coût

d’assurance sera plus élevé et que tes genoux prendront plus de quinze

minutes à débarrer chaque matin. Ce placement sera sécuritaire, tu ne veux

pas que l’assureur fasse faillite. En effet, les assureurs-vie sont de grands

acheteurs d’obligations pour cette raison précise. Certains te diront que si tu

prends ton assurance permanente lorsque tu es jeune, elle ne te coûtera

jamais aussi peu cher. C’est vrai.

Par contre, la prime plus élevée ampute directement ton budget

d’investissement pour tes REER et CELI que tu pourrais placer en actions,

car tu as une meilleure tolérance au risque lorsque tu es jeune qu’à 55 ans.

Les économies que tu fais en achetant du temporaire plutôt que du

permanent, tu les places. Tu t’organises pour avoir une bonne réserve

d’argent pour la retraite, et si tu veux en partager un bout avec ta

progéniture, tu t’achèteras alors ta permanente à 55 ans.

Note que le traitement fiscal de l’assurance-vie au Canada est intéressant

(encore plus pour un entrepreneur qui possède une compagnie). Si tu as

maximisé tes CELI, REER et REEE, deux choses: un, tu es un super-

épargnant; deux, l’assurance-vie devient une option intéressante, même si tu

es jeune, surtout si ta tolérance au risque est moyenne ou faible. Informe-toi.

Dis-toi une chose: chaque fois qu’un assuré annule sa police permanente,

il y a un assureur qui se tape sur les cuisses. Il a récolté les primes pendant

de longues années et il ne doit rembourser qu’une maigre valeur de rachat.

Toutes les fois qu’un assuré annule une vieille police, c’est toujours pour les

mêmes raisons. La police a été mal vendue ou encore l’assuré a été

incapable de se construire une retraite décente. Les 3000$ de valeur de

rachat qu’on lui offre, malheureusement, il en a besoin. Pour l’assureur, c’est


du profit pur. Si tu achètes une police permanente, assure-toi d’avoir la

capacité de la payer toute ta vie, sinon il y a un assureur qui va t’aimer

beaucoup.

Une stratégie payante


Tu veux que je te dévoile un truc payant? Favorise les
polices temporaires tant que tu n’as pas 55 ans. Si tu veux
souscrire une police permanente avant, assure-toi que ton
plan de retraite est impeccable.

_______________

2. Qui procure une protection financière la vie durant, et dont les primes à payer ne changent pas.
 
6.
REEE: le gouvernement se sent
généreux, profites-en!
Dans un régime enregistré d’épargne-études (REEE), le gouvernement

t’aide à accumuler de l’argent pour payer les études postsecondaires de ton

enfant. Oui, tu as bien compris: le gouvernement te donne de l’argent, au

lieu de t’en prendre. Ne fais pas comme les 55% de Québécois qui passent

par-dessus cette occasion! Bien que l’on ait le meilleur programme au pays,

notre taux d’utilisation n’est qu’au quatrième rang, derrière l’Ontario, la


3
Colombie-Britannique et l’Alberta. Mince consolation: on bat le Nunavut !

Peu importe votre revenu familial, les subventions gouvernementales vous

garantissent une subvention minimum de 30% sur votre placement! Il n’y

aurait jamais eu l’épisode des carrés rouges si les gens avaient utilisé le

régime d’épargne-études... Il est également possible de recevoir des

subventions supplémentaires si le revenu de votre ménage est plus faible.

L’éducation est le plus bel ascenseur social qui existe, et le REEE est l’outil

le plus efficace mis en place par les gouvernements pour aider les

générations futures des familles moins nanties à gravir les échelons.

 
Résumé des statistiques relatives à la SCEE par province et territoire

au 31 décembre 2014

Nombre de Taux de Paiement cumulatif


Nombre d’enfants
Provinces et bénéficiaires de la participation à en SCEE (en
admissibles (âgés
territoires SCEE (âgés de 0 à la SCEE (1)÷(2) millions de dollars)
de 0 à 17 ans) (2)
17 ans) (1) (%)(3) (4)

Ontario 1 417 240 2 678 895 52,9 4 204,6

Colombie- 439 696 835 213 52,6 1 288,00

Britannique
Alberta 433 608 895 367 48,4 1 045,5

Terre-Neuve- 40 043 92 387 43,3 98,4

et-Labrador

Québec 687 900 1 521 298 45,2 1 374,8

Nouveau- 58 663 134 605 43,6 130,3

Brunswick

Nouvelle- 67 504 163 798 41,2 167,0

Écosse

Yukon 2 977 7 334 40,6 7,8

Île-du- 11 178 28 488 39,2 25,9

Prince-

Édouard

Saskatchewan 92 903 255 031 36,4 240,0

Manitoba 103 021 289 283 35,6 228,5

Territoires du 3 190 10 940 29,2 8,2

Nord-Ouest

Nunavut 685 13 235 5,2 1,7

CANADA 3 359 017* 6 925 874 48,5 8 840,3*

(SCEE: Subvention canadienne pour l’épargne-études)

* À noter que l’écart des totaux provient de ce que certains citoyens canadiens qui résident à

l’extérieur du pays bénéficient de la SCEE.

 
Au-delà de simplement profiter du gouvernement, l’autre raison d’ouvrir

un compte REEE est la suivante: tu as un enfant, et tu sais que tu vas avoir

un jour des études à payer. Tu as deux choix: le premier est d’attendre que

ton jeune s’inscrive au cégep, et payer la facture de chaque session au fur et

à mesure (et croiser les doigts pour qu’il n’y passe pas six ans). Même chose

pour l’université. Le second choix, plus intelligent, est d’étaler le coût de

tous ces paiements sur environ dix-huit ans. Surtout quand on peut, du

même coup, accumuler de l’intérêt à l’abri de l’impôt, et que les

gouvernements cotisent eux aussi.

La puissance du REEE

Le tableau de la page suivante parle de lui-même. Voici comment évolue le

REEE d’un enfant placé pour produire un rendement de 4% annuellement


(relativement conservateur) si les parents versent le montant requis chaque

année pour aller chercher la subvention maximale. Les 36 000$ cotisés

permettent de créer un fonds d’études de plus de 76 000$. Nous avons

décidé d’utiliser un rendement relativement conservateur pour ne pas que

vous pensiez que le REEE était trop beau pour être vrai. Ce n’est pas pour

rien que les Canadiens avaient déjà accumulé plus de 44 milliards de dollars

dans ces régimes en 2014!

 
Accumulation d’un REEE ouvert dès la naissance

Année Début Cotisations** Rendement* Subvention Solde

0 0$ 2 500$ 100$ 750$ 3 350$

1 3 350$ 2 500$ 234$ 750$ 6 834$

2 6 834$ 2 500$ 373$ 750$ 10 457$

3 10 457$ 2 500$ 518$ 750$ 14 226$

4 14 226$ 2 500$ 669$ 750$ 18 145$

5 18 145$ 2 500$ 826$ 750$ 22 220$

6 22 220$ 2 500$ 989$ 750$ 26 459$

7 26 459$ 2 500$ 1 158$ 750$ 30 868$

8 30 868$ 2 500$ 1 335$ 750$ 35 452$

9 35 452$ 2 500$ 1 518$ 750$ 40 220$

10 40 220$ 2 500$ 1 709$ 750$ 45 179$

11 45 179$ 2 500$ 1 907$ 750$ 50 336$

12 50 336$ 2 500$ 2 113$ 750$ 55 700$

13 55 700$ 2 500$ 2 328$ 750$ 61 278$

14 61 278$ 1 000$ 2 491$ 300$ 65 069$

15 65 069$ 0$ 2 603$ 0$ 67 672$

16 67 672$ 0$ 2 707$ 0$ 70 379$

17 70 379$ 0$ 2 815$ 0$ 73 194$

18 73 194$ 0$ 2 928$ 0$ 76 122$

Total 36 000$ 29 322$ 10 800$

Source: VotreConseiller.net
* Rendement = 4%, relativement conservateur ** On peut déposer jusqu’à 50 000$. Seulement 36

000$ donneront des subventions.

Le REEE en bref
• Le REEE permet de recevoir des subventions du
gouvernement. Tu es assuré de recevoir au moins 30% de
subventions. Exemple: si tu contribues pour 100$ chaque
mois pour ton enfant, les gouvernements versent 30 $. Les
subventions seront investies au même endroit que les
cotisations. Des subventions supplémentaires sont offertes
pour les ménages aux revenus plus modestes.
• Les subventions et le rendement obtenu sur tes
placements sont imposables à la sortie du régime
seulement. Toutefois, c’est ton enfant qui sera imposé, au
moment des études. Comme il sera pauvre et se nourrira au
beurre d’arachide à ce moment, il paiera peu ou
probablement pas d’impôt.
• Si ton enfant décide d’abandonner l’école après le
secondaire, tu perdras les subventions accumulées, mais
pas tes dépôts. Tu seras imposé sur le rendement, avec une
pénalité. C’est le côté moins reluisant du régime. Toutefois,
un bon REEE demeure ouvert pendant trente-cinq ans, ce
qui laisse amplement le temps à ton enfant de réaliser que
son groupe rock n’ira nulle part, de sortir de l’enfer de la
drogue, de revenir de son pèlerinage à Compostelle et de
retourner aux études... Un bon REEE peut également être
transféré entre frères et sœurs.

Attention aux fondations (ou régimes collectifs)

Les fondations de bourses d’études risquent d’être les premières à te

solliciter pour ouvrir un compte REEE. Ces régimes «collectifs» sont à

éviter, pour la simple raison que leur fonctionnement est très rigide
comparativement à un REEE que tu peux ouvrir à ton institution financière

ou avec ton conseiller indépendant. Dans un régime collectif, il se peut que

tu perdes des sommes importantes si un pépin te force à cesser tes


4
contributions, ou si tu veux transférer ton compte ailleurs . Garde en tête

ceci: «Un bon régime te laissera commencer, arrêter, modifier ou transférer

tes cotisations quand bon te semble.» La meilleure raison d’adhérer à un

régime et d’y rester, c’est que tu sois libre de le quitter. Si on essaie de

t’attacher, c’est qu’on sait que tu ne voudras pas rester... volontairement!

Le gros lot pour les moins nantis

Pour les familles à faible revenu (environ 45 000$ et moins), le

gouvernement fédéral est encore plus généreux. Avec le Bon d’études

canadien, le gouvernement verse 500$ à l’ouverture d’un compte REEE, et

ce, sans poser de questions! Tout ce que tu as à faire, c’est d’ouvrir un

compte. Même pas besoin d’y déposer de l’argent, l’État le fera à ta place.

Et il versera 100  $ par année dans ce compte pendant un maximum de

quinze années, ce qui fait ainsi un total de 2000  $ par enfant, sans que tu

sortes un sou de ta poche.

Tu es admissible et tu ne le savais pas? Tu te mords les doigts parce que

tes enfants sont maintenant âgés de 13, 12 et 7 ans et que tu as raté cette

belle occasion? Bonne nouvelle: tous les avantages mentionnés plus haut
er
sont rétroactifs si ton enfant est né après le 1 janvier 2004! Dans l’exemple

précédent, c’est un montant de 4300$ (1800$ +1700  $+700  $) qui

n’attendent que ta visite à la banque pour tomber du ciel... Avoue-le: juste

pour ce conseil, ça a valu la peine d’acheter ce livre, non?

Malheureusement, c’est un secret bien gardé. En 2014, seulement 32%

des jeunes Canadiens ayant pu profiter de ces subventions spéciales les ont

reçues. Si, à un moment donné de ta vie, tu ne gagnais pas beaucoup

d’argent et que tu avais des enfants à charge, vérifie ton admissibilité.

Certains disent que nos gouvernements sont là pour redistribuer la richesse,

eh bien voici une richesse qui n’attend qu’à être redistribuée, de la meilleure

façon qui soit, en plus.


Une stratégie payante: le double whammy
Si ta projection de retraite est bien planifiée, tu pourrais
arrêter de cotiser au REER temporairement pour favoriser le
REEE. Une partie de l’argent que tu as versée au REEE peut
t’être redonnée, sans impôt, car on ne taxe l’argent qu’une
seule fois au Canada (pour l’instant), et cet argent a déjà
été taxé. Tu peux ensuite t’en servir pour cotiser à ton REER.
Le même argent produira donc deux avantages fiscaux! Si
tes enfants vont à l’école, le REEE est probablement ton
régime le plus payant, mais il n’est disponible que
temporairement.

Message aux grands-parents: comme cadeau de Noël, pourquoi ne pas

offrir de cotiser au REEE de votre petit-fils ou petite-fille, au lieu de lui

acheter une bébelle à l’effigie des Minions ou de la Reine des neiges? Voilà

une bien meilleure façon de léguer une petite partie de votre héritage de

votre vivant, et de contribuer à leur cheminement scolaire.

 
_______________

3. Source: Emploi et Développement social Canada.

4. http://www.journaldemontreal.com/2016/11/13/des-frais-de-7800-pour-transferer-des-economies-

de-44-000. Voir aussi la série de billets sur les REEE de Daniel Germain, du journal Les Affaires.
 
7.
Ton premier enfant arrive:
les choses à faire, dans l’ordre
Ton conjoint et toi revenez de l’hôpital, crevés, avec votre nouveau-né dans

les bras. Vous avez à peine eu le temps d’enlever vos manteaux que... Ding,

dong! Une représentante d’une fondation veut vous ouvrir un compte REEE.

Le lendemain, votre courtier d’assurances vous appelle pour vous conseiller

de contracter une assurance permanente payable en vingt ans pour votre

enfant. Après avoir raccroché en lui disant poliment que vous souhaitez y

penser, vous apercevez, sur votre balcon arrière, un vendeur d’assurance-vie

qui agite frénétiquement des papiers devant vous. Par chance, vous aviez

verrouillé la porte-fenêtre...

Avoir un enfant, c’est être sollicité par un tas de conseillers et de

vendeurs. Ils ont peut-être les meilleures intentions du monde, mais la

plupart ont une approche bien précise: ils cherchent à vous vendre un

produit sans tenir compte nécessairement du reste de votre portrait financier.

Leur cassette est prête! Comme le discours est basé en partie sur les

émotions, leur taux de succès est généralement élevé. D’où leur insistance.

Un bon conseiller, au contraire, aura une vue d’ensemble de vos finances et

de votre situation familiale, tant pour ce qui est de vos placements que de

vos besoins d’assurances. D’ici à ce que vous en contactiez un, voici, par

ordre de priorité, les choses à faire.

1. Protéger le revenu des parents

• Ne perds pas ton emploi!

• Acheter une assurance-vie (voir la section assurance pour les montants à

couvrir et le type d’assurance). Généralement, on parle d’une couverture


d’au moins 500 000$ pour remplacer le revenu de l’adulte advenant un

décès prématuré.

• Acheter une assurance invalidité. Si tu ne peux plus travailler, il faut

prévoir un revenu.

2. Prévoir un avenant (ajout) enfant en assurance-vie

Le but d’acheter cet avenant est surtout de protéger l’assurabilité du petit.

En effet, l’assureur va souvent garantir que l’enfant pourra souscrire une

assurance-vie permanente à taux standard à l’âge de 21 ans, et ce, peu

importe son état de santé, pour une couverture allant de 100 000 à 250

000$, selon l’assureur. Autrement dit, tu offres à ton enfant la possibilité de

souscrire une assurance-vie plus tard. C’est ce que nous appelons la

protection de l’assurabilité.

Aussi, l’avenant enfant que l’on joint au contrat de l’adulte permet

d’obtenir, souvent pour moins de 100$ par année, une couverture de 10

000$ ou 20 000  $. Ce sera suffisant pour couvrir la principale dépense: les

frais funéraires.

3. Cotiser à un REEE

Ce régime est tellement généreux qu’on a fait un chapitre complet à ce sujet

(voir le chapitre précédent). Nous voyons difficilement l’intérêt pour ta

famille de passer aux points 4 et 5 si tu n’as pas utilisé tous tes droits de

cotisation au REEE.

4. Souscrire une assurance maladies graves

L’assurance maladies graves est un produit qui sert principalement à payer

les frais d’une année sabbatique d’un parent advenant une maladie grave de

l’enfant. Cela pourrait être utile, par exemple, pour couvrir les dépenses de

nombreux voyages à l’hôpital et donner le soutien nécessaire aux enfants.

Toutefois, avant de souscrire, prends le temps de bien lire les définitions des

maladies. Tu dois comprendre ce que tu achètes. Il existe certains produits

un peu plus coûteux qui te permettent un remboursement complet des

primes après quinze ou vingt ans. Autrement dit, on a couvert ton enfant, et

tout ce que ça t’aura coûté, c’est le rendement que tu n’auras pas fait en
plaçant les primes que tu as versées à l’assureur. L’assurance maladies

graves devient alors un placement garanti à 0% d’intérêt.

5. Souscrire une assurance-vie permanente payable

en vingt ans

Bon, tu as investi des billes dans les quatre premiers points et tu en veux

toujours plus pour ta progéniture. Tu pourrais contracter une assurance-vie

permanente payable en vingt ans. Mais sérieusement, après avoir comblé

tous les points précédents, ta planification de retraite, la maison, les autos,

les sorties familiales, s’il te reste encore de l’argent pour souscrire une

assurance-vie pour tes enfants, on se battra pour t’avoir comme client!

On te parle de ce cinquième point simplement parce que, trop souvent,

c’est par ce dernier que les parents commencent. Quand on voit une famille

dont le père n’a que 50 000$ d’assurance-vie, sans REEE, contracter de

l’assurance permanente pour les enfants, on a l’impression qu’il va falloir

tout recommencer à zéro lorsque la famille sera mieux conseillée.

***

Respectez l’ordre ci-dessus. Si vous ne vous rendez que partiellement au

point 3, vous serez en meilleure posture que la famille moyenne. (Par

exemple, 55% des familles au Québec n’utilisent pas le REEE.)


 
8.
Préparer ta retraite
À moins de profiter d’un fonds de pension Cadillac ou d’être un employé de

l’État, tu devras verser beaucoup d’argent dans tes REER pour tes vieux

jours. On dit souvent qu’il faut avoir accumulé un million de dollars pour

jouir d’une belle retraite. Est-ce le cas? Tout dépend de tes projets de retraite

et de ton train de vie. Mais si tu ne veux pas traîner au centre commercial

tous les jours à 65 ans, c’est le temps d’y penser.

En fait, si quelqu’un prend sa retraite aujourd’hui à 65 ans, qu’il a amassé

un million de dollars et qu’il a cotisé au maximum de la RRQ (Régime de

rentes du Québec), il vivra avec un revenu annuel indexé d’environ 70 000$

(en tenant compte de son épargne et de la RRQ). C’est une très belle

retraite. On suppose ici que sa rente de retraite (non garantie) débutera à 65

ans, se terminera à 90 ans, et que les placements généreront 4%

annuellement, en moyenne. Tu comprends qu’il y a beaucoup de «si», mais

c’est aussi ça, un plan de retraite. On dessine ce qui s’en vient en se basant

sur des hypothèses, et non sur des certitudes.

Maintenant, tu as 35 ans et tu te dis: «70 000$, ce sera beaucoup trop

pour moi, donc je n’ai pas besoin d’un million!» Attention à la valeur

temporelle de l’argent. En effet, 70 000$ aujourd’hui, ce n’est pas 70 000  $

dans trente ans! Si on suppose un taux d’inflation de 2% par année, 70

000  $ dans trente ans te permettra d’acheter le même panier de biens et

services qu’une personne qui a un revenu d’environ 39 000  $ aujourd’hui.

Autrement dit, avec un million de dollars, on sera moins riches qu’on le

pense...

Alors on fait quoi, et dans quel ordre? Une personne qui a 35 ans devant

elle pour préparer sa retraite (donc âgée d’environ 25 à 30 ans) et qui a une

bonne tolérance au risque devrait épargner entre 10 et 12% de son revenu

brut pour se construire une retraite intéressante. C’est le minimum. Tu


gagnes 50 000$ par année? Tu dois verser au moins 5000$ dans ton REER

ou dans ton régime avec ton employeur, le but étant de retirer à ta retraite

entre 50 et 70% de ton salaire durant ta vie active.

 
Ce qu’il faut économiser chaque mois pour amasser 1 000 000$ à 65 ans

Âge au début / Rendement 2,5% 5,0% 7,0%

25 ans 862$ 504$ 315$

30 ans 1 101$ 692$ 463$

35 ans 1 436$ 969$ 692$

40 ans 1 927$ 1 394$ 1 060$

45 ans 2 692$ 2 085$ 1 684$

50 ans 4 013$ 3 321$ 2 841$

Source: VotreConseiller.net On suppose que les cotisations augmentent chaque année avec l’inflation

(2%)

Commence tôt, c’est primordial

Le fait d’attendre dix ans va faire en sorte que ta retraite va te coûter deux

fois plus cher. Regarde le tableau précédent. Si tu investis dans un

placement qui te rapporte 7% par année et que tu commences à 25 ans, il

t’en coûtera 315$ par mois pour devenir millionnaire. Le montant passe à

692$ si tu attends à 35 ans pour débuter.

La magie des intérêts composés

Bon, tu as décidé de mettre en place ton plan de retraite. Super! Tu

commences par des prélèvements automatiques sur ta paie, en route vers ton

million. Au début, tu auras l’impression que ça n’avance pas, que l’objectif

sera difficile à atteindre. En effet, dans le cas d’une projection de retraite

typique, après dix ans la plupart des gens sont seulement à 8% de l’objectif!

C’est parce que l’intérêt composé n’a pas encore commencé à produire son

effet magique. Même à cinq ans de la retraite, les gens ne sont qu’à 66% de

leur objectif. Sois patient et tenace, et tu seras récompensé. Un jour, le petit

pactole que tu auras amassé travaillera plus fort que toi! En effet, 10% de
rendement sur un investissement de 10 000$, ce n’est que 1 000$, mais sur

un investissement de 500 000  $, ça rapporte 50 000  $! Regarde le tableau

qui suit. Tu comprendras que l’intérêt composé, c’est non seulement

magique, mais c’est aussi exponentiel!

Voici donc, dans le tableau de la page suivante, le cheminement d’un

fonds de retraite, au fil des ans, pour un dépôt périodique, indexé à

l’inflation seulement, débuté trente-cinq ans avant la date de la retraite.

 
Année Solde

10 ans 86 000$

15 ans 162 000$

20 ans 274 000$

25 ans 436 000$

30 ans 668 000$

35 ans 1 000 000$

Source: VotreConseiller.net

Attention toutefois aux choses suivantes:

• Les gens sous-estiment fortement leur espérance de vie. Une femme de 65

ans a 50% de chances de se rendre à 90  ans; un homme, 40%. Il faut

prévoir des décaissements au moins jusqu’à 90 ans.

• Il est hasardeux d’inclure la valeur de ta maison dans ta projection de

retraite. Si l’hypothèque est remboursée, cela t’évitera de payer un loyer.

Mais si tu vends la maison pour grossir ton fonds de retraite, tu vas devoir

commencer à payer un loyer. On n’avance pas vraiment!

• Garde cela en tête: à 25 ans, préparer ta retraite en investissant de façon

efficace (des placements 100% en actions) te coûte environ la même

chose, en argent brut, que de payer ton câble, ton téléphone et Internet.

Tout ça pour amasser un million de dollars à la retraite. Tu vois? Tu n’as

vraiment aucune excuse...


Comment répartir ton portefeuille

Selon notre âge, quelle part de risque devrait-on inclure dans notre

portefeuille? Bien sûr, tout dépend de tes objectifs personnels, mais il existe

quelques principes de base à suivre.

En finances, on veut acheter bas et vendre haut. Ce qui veut dire qu’on ne

veut jamais vendre d’actions quand les marchés s’écroulent, comme ce qui

s’est passé en 2008.

S’il te reste plus de huit ans avant ta retraite, ton portefeuille est en

accumulation, ça veut dire qu’on ne prévoit pas de décaissements à court

terme. Il faut seulement que tu ajustes ton portefeuille à ta tolérance au

risque. Tant que tu vis bien avec l’idée que tes placements peuvent baisser

de 45% en un an (ouch!), ils peuvent être 100% en actions. Si tu as mal au

cœur juste à y penser, ne t’en fais pas, un fonds équilibré peut faire le

travail. Sois juste conscient qu’en diminuant le risque tu diminues

l’espérance de rendement, et tu augmentes par le fait même le coût de ta

retraite. Les anglophones ont une superbe expression pour décrire le

phénomène: «There is no such thing as a free lunch.» Plus tu t’approches de

ta retraite, plus il faut réajuster ton portefeuille en incluant une portion plus

importante de titres sécuritaires, comme des obligations.

La meilleure chose est de se trouver un conseiller compétent. Mais si tu

n’en as ni le temps ni l’envie, il existe des produits clé en main pour ceux

qui ne veulent pas se casser la tête: des portefeuilles Cycle de vie.

L’ajustement selon l’âge et l’approche de la retraite y est automatisé, en

fonction de ta date prévue de retraite. On en trouve, entre autres, chez


5 6
Fidelity et chez BMO . De plus en plus de fonds de pension d’employeur

vous offrent aussi cette possibilité.

Finalement, tu te demandes peut-être si l’adage «payer ses dettes est

toujours le meilleur placement» est vrai en toute circonstance. Oui, sauf si

les taux d’intérêt de tes dettes sont très bas. Par exemple, si tu as une

hypothèque à 2,3%. La logique est simple: payer ses dettes, c’est faire un

«placement» qui rapporte le taux d’intérêt épargné. Un placement à 2,3%

garanti... BOF. Un placement à 7% garanti... WOW! Un placement à 19%

garanti (payer une carte de crédit)... OH MY GOD! Autrement dit, dès que

le taux d’intérêt de tes dettes excède 4%, tu les paies. Tu placeras ton argent
quand tu auras éliminé ces dettes. Et ne pense pas que tu prends du retard

sur ton plan. Honnêtement, payer une dette à taux élevé et investir de

l’argent, c’est la même chose. C’est un pas de plus vers l’enrichissement.

C’est ce qu’on vise, après tout.

Enfin, n’oublie pas l’ordre des choses: paie tes dettes à fort taux, crée-toi

un fonds d’urgence, ensuite investis à long terme. Tu paieras tes dettes à

faible taux d’ici à ce que tu aies 65 ans. Rien d’urgent... tant que les taux

sont bas.

Une stratégie payante: ne te fais pas


confiance!
Si tu penses que tu ne seras jamais assez discipliné pour
épargner pour ta retraite, garde ceci en tête. Tu n’arriveras
jamais à dépenser l’argent que tu n’as pas. Programme un
prélèvement automatique pour ton REER chaque jour de
paie. Tu n’auras même pas le temps de dépenser ton
argent, tu l’auras déjà épargné! Quand tu en viendras à
oublier ce prélèvement, augmente-le. Si tu l’as oublié, c’est
que tu as un peu de marge de manœuvre, alors serre-toi la
ceinture juste un peu plus. Dans quelques mois, tu l’auras
oublié, encore! C’est comme ça qu’on implante une
habitude. Par l’automatisation. Si tu te fais confiance pour
épargner volontairement ta prochaine cotisation REER dans
un compte à part, tu te mens probablement à toi-même.

_______________

5. http://www.fidelity.ca/cs/Satellite/fr/public/products/managed_solutions/clearpathfidelity.ca.

6. http://www.conseiller.ca/produits/un-portefeuille-cycle-de-vie-nouveau-genre-chez-bmo-20810.
 
9.
Boursicotage pour les nuls7
De plus en plus d’investisseurs sont tentés par le boursicotage, ou, si tu

préfères, le courtage en ligne. L’idée de gérer soi-même son portefeuille est

séduisante, surtout si tu as un côté autodidacte. L’information abonde sur

Internet, et des outils sophistiqués sont à ta portée sur les sites de courtage

en ligne de la plupart des institutions financières.

Mais avant d’aller plus loin, il faut faire une distinction. Gérer soi-même

l’ensemble de son portefeuille, de façon prudente et à long terme, est une

chose. «Jouer» à la Bourse en tentant de dénicher le prochain Google – le

boursicotage – en est une autre. Les deux avenues sont enrichissantes et

amusantes, et peuvent être complémentaires. On peut très bien gérer la

majeure partie de son portefeuille de façon plus pépère, voire la laisser entre

les mains de son conseiller, et en garder une petite partie pour s’initier au

boursicotage.

D’ailleurs, Gerry le boursicoteur et Ian Sénéchal sont collaborateurs à la

radio, et plusieurs clients de Ian, qui sont aussi des auditeurs de l’émission,

ont ce qu’ils appellent leur compte «Gerry» pour s’amuser et apprendre.

C’est Gerry qui a motivé ces clients à ouvrir leur compte en transmettant sa

passion à la radio. Boursicoter ainsi ne nuit aucunement à la préparation de

leur retraite.

Dans les deux cas, tu dois quand même connaître les rudiments du

courtage en ligne.

Toutes les grandes banques ont leur plateforme de courtage en ligne. Tu

peux ouvrir un compte de courtage sur Internet ou par téléphone, et il n’a

pas besoin d’être dans l’institution où tu as ton compte de banque, mais ça

demeure la solution la plus simple. Les différences entre chaque institution

sont, de toute façon, minimes. Ces plateformes contiennent une mine

d’informations et d’outils pour t’aider à faire de bons choix: études et


résumés de rapports d’analystes, états financiers d’entreprises, graphiques

d’analyse technique, etc. Les investisseurs en ligne ont aussi accès à des

cours boursiers diffusés en direct. Même si tu es «seul maître à bord», garde

en tête que des agents de service à la clientèle sont là pour répondre à tes

questions au besoin, et sont habituellement très compétents.

Un conseil: boursicote dans un compte REER ou CELI, pour éviter de

payer de l’impôt sur des gains en capitaux à la fin de l’année. Le CELI est le

véhicule idéal. Si, par exemple, après un ou deux ans tu as été chanceux

avec des placements efficaces et réussi à transformer 3000$ en 5000$, le

gain en capital que tu as fait, libre impôt, t’envoie dans le Sud une semaine!

Aussi, de cette façon, tu ne seras pas obligé de garder un registre de toutes

tes transactions pour le calcul des gains et pertes en capitaux aux fins de

l’impôt. Cela peut devenir lourd et pénible. Seule mise en garde pour le

CELI: ne transige pas trop souvent. En effet, le fisc pourrait ne pas apprécier

si tu «joues» plus de deux ou trois fois par semaine dans le CELI.

Moins cher qu’un courtier de plein exercice

L’attrait principal du courtage en ligne est le faible coût des commissions.

Celui-ci a grandement diminué depuis quelques années, et une transaction

coûte aujourd’hui souvent moins de 10$. En comparaison, un courtier de

plein exercice – qui te donne aussi des conseils et examine l’ensemble de ta

situation financière – te facturera entre 1 et 2% pour une transaction de

5000$, donc de 50 à 100  $. Toutefois, de plus en plus de conseillers

bifurquent vers un mode de rémunération à honoraires en pourcentage de

l’actif, mais ce sera toujours plus coûteux que si tu le fais seul.

Aussi, aucuns frais de transaction ne s’appliquent quand tu négocies la

plupart des fonds communs de placement – incluant les fonds négociés en

Bourse (FNB) – si ceux-ci sont offerts par l’institution chez laquelle tu

boursicotes. Il peut, par contre, y avoir des restrictions, comme conserver le

fonds au moins un mois.

Renseigne-toi sur la grille tarifaire de ton courtier en ligne. Il se peut que

tu aies des frais mensuels à payer si ton compte est inactif trop longtemps,

par exemple, ou, au contraire, tu peux obtenir des rabais si ton solde de

compte de courtage est élevé, ou encore si tu négocies beaucoup. Mais

attention sur ce dernier point: plusieurs se font prendre au jeu, et essaient


d’économiser en négociant beaucoup. Mauvaise idée. Ne va pas vendre

précipitamment une action en laquelle tu as confiance juste pour épargner

quelques sous sur tes frais de transaction.

De plus, évite de faire beaucoup de petites transactions. Un exemple:

investir à coups de 150$. Les seuls frais d’achat et de vente (généralement

10$ à l’entrée et à la sortie) vont gruger une grande part de ton rendement.

Aussi bien négocier moins souvent, mais avec un minimum de 2000  $ à

la fois.

Quand tu commences, choisis des entreprises établies. Évite les titres très

spéculatifs comme les actions cotées en cents (penny stocks), une jeune

minière ou une patente inconnue dans le Nunavut à trois cents l’action. Tu

risques d’y perdre ta chemise et de te décourager du boursicotage.

Les ordres de base à connaître

• Achat ou vente au marché. Assez évident, non? Pour ta vente ou ton achat,

tu obtiens le cours du marché au moment de l’exécution de l’ordre. Fais

attention de ne pas utiliser cet ordre pour des actions qui ne sont pas très

liquides. Autrement dit, celles pour lesquelles il y a peu d’ordres d’achat et

de vente en attente. Tu pourrais avoir une mauvaise surprise sur le coût

d’acquisition ou de vente (plus de détails à venir).

• Achat ou vente à cours limité. Tu fixes un prix d’achat ou de vente pour un

titre. L’ordre ne sera exécuté que si le cours du marché est égal ou inférieur

à ce prix dans le cas d’un achat, et égal ou supérieur dans le cas d’une

vente.

• Achat stop. Tu achètes un titre uniquement si son cours atteint un certain

seuil. Cet ordre sert à garantir l’achat d’une action lorsque celle-ci

s’enflamme.

• Vente stop. Tu vends un titre dès que son cours baisse et tombe sous un

seuil que tu as fixé. Cet ordre permet de limiter le montant d’une perte,

notamment dans le cas d’un titre qui dégringole. Par exemple, je viens

d’acheter le titre XYZ. S’il baisse de 15%, je veux le vendre

immédiatement pour limiter ma perte à 15% quoi qu’il arrive. Je place un

ordre vente stop de 15% valide pour 30 jours, et je ne m’en occupe plus.
Mon placement est sur le «pilote automatique» et je peux aller jouer au

golf l’esprit en paix!

• Ordre à validité limitée. Ton ordre n’est valable que pendant un nombre de

jours déterminé. Il est automatiquement annulé s’il n’a pas été exécuté à la

date prévue au départ.

• Vente à découvert. Tu vends des titres que tu ne possèdes pas. Par exemple,

tu crois qu’un titre s’apprête à chuter? Tu vends 1000 actions de ce titre

(que tu viens d’emprunter) en espérant qu’il chute. Quelques jours plus

tard, tu rachètes les 1000 titres au nouveau prix, et tu les redonnes à ton

courtier. Puis tu empoches la différence.

Les sources d’information de Gerry

• Yahoo Finance. Convivial, facile, et tu peux trouver un tas de

renseignements sur une compagnie en deux ou trois clics. Quel type

d’informations? Celles sur une entreprise. C’est la source la plus efficace

pour obtenir rapidement une information sur une entreprise spécifique.

• Thestreet.com. Un incontournable pour avoir des opinions sur des titres.

On y trouve plusieurs extraits de Jim Cramer, qui a une émission de télé à

CNBC, des vidéos, des entrevues avec des PDG d’entreprises, des résumés

d’analyse sur des entreprises, etc.

• CNBC. Pour les mêmes raisons que Thestreet.com, et pour avoir une

couverture complète et dynamique des marchés financiers en temps réel.

• Argent/Bourse. Pour les francophones. Auparavant appelé Webfinances, on

y trouve une foule de nouvelles liées à la Bourse et notamment aux

entreprises cotées à la Bourse de Toronto (TSX).

• Stock Master. Pour ceux qui passent leur vie sur le téléphone intelligent,

cette application, disponible sur iTunes, vous fournit une multitude

d’informations boursières au creux de votre main.

Les bons coups de Gerry


(racontés par Gerry lui-même)
Le boursicotage, c’est être curieux, toujours se poser des
questions quand tu lis les nouvelles, lire, se renseigner,
comprendre. Si tu restes assis et n’agis pas, tu ne feras pas
d’argent.
Wendy’s et la restauration rapide
On est en 2012. Wendy’s est une compagnie de burgers à
problèmes. Elle se fait manger par McDonald’s et les autres
concurrents. Ses années de gloire sont passées. C’est à ce
moment que Wendy’s se dit: «Il faut offrir quelque chose
que les autres n’ont pas. On va donc mettre l’accent sur le
service à l’auto.» Une étude faite aux États-Unis classe les
meilleurs services à l’auto dans les restaurants-minute, en
termes de rapidité. Et devinez quoi? Après quelque temps,
Wendy’s trônait au sommet. Ses efforts pour améliorer le
service à l’auto coïncidaient avec le fait que McDonald’s
offrait ses nouveaux cafés lattés (qui prennent du temps à
préparer). Wendy’s battait donc McDo par 1 minute 3
secondes par commande en moyenne. C’est énorme!
L’entreprise a publicisé ce résultat et a connu du succès par
la suite. Je suis tombé sur cette information-là, sur le fait
que Wendy’s voulait mettre l’accent sur les commandes à
l’auto, et j’ai su que c’était une bonne idée, dit Gerry. J’ai
investi à ce moment. Les années suivantes, les résultats de
Wendy’s ont été très positifs. L’action est passée de 4,25$ à
8,50 $ en un an. J’en ai profité parce que je suis curieux et
que je m’étais renseigné.
Les souliers Skechers
Autour de 2013, Skechers détenait une ligne de souliers
casual et voulait se lancer dans les espadrilles. L’entreprise
a décidé de commanditer un marathonien, Meb Keflezighi,
et le gars a ensuite gagné le marathon de Boston de 2014
avec des Skechers dans les pieds. Il n’avait pas des Adidas
ni des New Balance, il avait des Skechers! Ça a fait
connaître l’entreprise. Les coureurs, partout dans le monde,
regardent beaucoup les vêtements et aiment essayer des
espadrilles. Moi, quand je l’ai vu gagner le marathon, je me
rappelais que Skechers l’avait signé, parce que je surveillais
les nouvelles et j’ai vu ça passer. Être curieux, ça paie. J’ai
fait un gain de 80% en six mois avec ce titre, et je suis
d’ailleurs toujours actionnaire.
Les Crocs
Parfois, il faut aussi surfer sur les modes. En 2005, les gens
portaient les souliers de la compagnie Crocs pour jardiner.
Six mois plus tard, ils allaient veiller en ville avec ça dans
les pieds! Lors de son entrée en Bourse, en 2006, l’action de
Crocs était à 25$. En juin 2007: 86  $! Après un
fractionnement8, l’action a encore monté quatre mois plus
tard. Une seule action valait 150$ dix-neuf mois plus tard...
Ça a redescendu par la suite, mais il reste que, à l’intérieur
d’un délai de deux ans, tu peux multiplier par six ou sept
ton investissement, juste sur une mode. Moi, j’ai manqué le
bateau, mais mon frère a été très heureux pendant ces
deux années-là...
La Pat’Patrouille vient en aide à Gerry!
Voici un autre exemple de curiosité qui paie: moi, quand je
vais chez ma nièce, qui est âgée d’environ 5 ans, j’observe.
Je veux savoir ce que les jeunes aiment, ce qu’ils écoutent à
la télé. J’ai investi dans Spin Master, à la Bourse de Toronto,
l’an dernier. C’est une entreprise canadienne de jouets qui
se bat contre les Mattel et Hasbro de ce monde. Il y a cinq
ans, elle vendait pour 500 millions de dollars par année de
jouets. Cinq ans plus tard, les ventes atteignent le milliard.
Mais moi, j’ai choisi Spin Master pour une seule raison:
l’émission La Pat’Patrouille! Ça appartient à Spin Master, et
les enfants semblent en raffoler. Ma nièce a des enfants et
l’un d’eux m’a dit un jour: «J’écoute Pat’Patrouille, j’écoute
Pat’Patrouille!» Quand je suis arrivé chez moi, le soir, je suis
allé voir les chiffres de l’entreprise. Je voyais qu’elle avait
plein d’autres produits, que sa business allait bien. J’ai donc
investi et j’ai fait 30% sur un an avec ce placement!

L’analyse technique

Si tu t’aventures dans le boursicotage, tu vas entendre parler d’analyse

technique. En gros, ça consiste à analyser l’évolution d’un titre en Bourse en

se basant sur des graphiques, dans le but de prévoir les tendances à venir.

L’idée est de déceler la tendance générale d’une action. Ça monte? Ça

descend? C’est sur le bord de remonter? Sur le bord de redescendre? Les

graphiques peuvent t’aider à détecter si c’est le bon temps d’acheter ou de

vendre.

Certains diront qu’il s’agit d’une pseudoscience un peu ésotérique, alors

que d’autres y croient dur comme fer. Mais au-delà de ces débats, tu n’as

qu’une chose à retenir: il y a tellement d’investisseurs qui se fient à cela que

ça devient, par la force des choses, un incontournable. Des milliers de

courtiers ont des alertes qui s’activent si telle «moyenne mobile» croise une

autre «moyenne mobile». Le boursicoteur n’a donc pas trop le choix d’en

tenir compte dans son analyse, ne serait-ce qu’un tout petit peu. Quand un

million de personnes marchent dans une direction et que tu décides de

marcher dans l’autre, ça devient difficile de faire de l’argent en Bourse.

L’étude des principes de l’analyse technique dépasse le cadre de cet

ouvrage, qui se veut avant tout un guide d’introduction. Mais n’hésite pas à
9
te renseigner plus en profondeur sur cet «art» en lisant des livres ou en

assistant à des conférences comme celles que donne à l’occasion Gerry. Un

bon site pour ce type de graphiques est stockcharts.com. Avec un peu

d’étude et de pratique, tu devrais être capable, en quelques secondes, de voir

la tendance générale d’un titre sur la base d’un graphique.

Mais n’oublie pas une chose: tu peux avoir devant toi un graphique

parfait, avec toutes les courbes à la bonne place, et qui te crie: «Achète!»

Mais si deux avions foncent dans le World Trade Center, tes beaux

graphiques ne valent plus rien.

L’analyse technique, on en tient compte, mais il faut être au courant de ses

limites.
Quand je clique, il se passe quoi?

Quand tu achètes un titre, la commande part de ton ordinateur, est

acheminée au système informatique de ton courtier en ligne et ensuite à

celui de la Bourse, où le parquet est entièrement informatisé.

Une fois à la Bourse, comment cette commande parvient-elle à un

vendeur? Il y a toujours plusieurs ordres d’achat et de vente en attente dans

le système. Plusieurs investisseurs placent des ordres de vente à un prix

donné pour une durée d’un mois. Ils les modifient à l’occasion, jusqu’à ce

qu’ils rencontrent un acheteur. Des milliers de ces ordres – d’achat ou de

vente – patientent dans le système, chacun comportant un prix. Il y a

transaction quand les deux prix (acheteur et vendeur) correspondent.

Si tu envoies un ordre d’achat sur le titre de Bombardier, par exemple, ton

écran t’indique deux prix. Le prix acheteur (bid), disons de 2,50$, est celui

de l’acheteur qui est prêt à payer le plus cher pour se procurer ce titre. Et le

prix vendeur (ask), disons de 2,51$, correspond à celui du vendeur qui est

prêt à se départir de ce titre au plus bas prix. Quand tu achètes, tu paies ce

prix, soit celui du «meilleur» vendeur. Dans ce cas-ci, 2,51 $ l’action.

Mais attention! Le prix payé peut différer du prix auquel tu t’attendais.

Tout dépend du niveau d’activité sur un titre. Quand on achète au marché,

on paie le prix du meilleur vendeur. Mais si un autre acheteur tombe sur ce

vendeur avant nous, on se retrouve avec le deuxième meilleur vendeur, et

ainsi de suite. Le prix payé peut varier d’un cent ou deux par action. Tout

dépend de la liquidité du titre – le volume de transactions effectuées sur un

titre pendant la journée.

Ces faibles changements de prix n’auront pas de conséquences majeures

sur ton boursicotage si tu détiens les titres pendant un certain temps. Mais si

tu comptes acheter et vendre à quelques secondes d’intervalle, ça peut faire

une différence sur ton rendement.

Remarque que le prix peut aussi descendre. Les prix fluctuent dans les

deux sens. Tu peux payer un cent ou deux de moins que prévu. Les

fluctuations de prix dépendent aussi de la quantité d’actions (ou «lot») que

tu achètes. Par exemple, si tu veux mettre la main sur 3000 actions de Jean

Coutu, tu vas acheter un lot de 2000 à un prix donné. Mais les 1000 autres
actions feront partie d’un autre lot et au prix suivant, parmi la liste des

vendeurs les plus abordables.

Des fonds clé en main

Si tu veux gérer ton portefeuille et ne veux pas te casser la tête, si tu n’as ni

le temps ni l’envie de fouiller sur le Web et dans les prospectus des

entreprises, si tu n’as pas la patience de trouver qui était le meilleur

gestionnaire de fonds communs de l’an passé, il existe une solution

pratique: les fonds clé en main. En voici deux exemples.

Les fonds négociés en Bourse (FNB) se négocient un peu comme une

action, mais ils contiennent un panier de titres diversifiés (actions,

obligations, etc.), ce qui te permet de diversifier ton placement d’un seul

coup. Les FNB se contentent de refléter la composition d’un indice, sans

intervention humaine, donc les frais de gestion seront plus faibles que ceux

d’un fonds commun de gestion active, géré par un groupe d’humains.

Rappelez-vous aussi que plusieurs firmes de courtage direct n’imposent

aucuns frais de transaction sur les FNB maison.

Un des FNB les plus connus au Canada est le XIU. Il reproduit l’indice

TSX 60. Il se négocie de la même façon qu’une action, avec des ordres

d’achat et de vente tout au long de la journée.

Ces fonds sont simples à acheter et à vendre, sont très liquides, et ne

coûtent pas cher en frais de gestion. Cela dit, tout n’est pas rose: ne fais pas

la gaffe de négocier à tout bout de champ. Si tu achètes et vends

constamment (la plupart du temps au mauvais moment), tu vas perdre les

avantages de ce produit, notamment les faibles frais de gestion. Il faut

vraiment être un épargnant discipliné, ou qui reçoit de très bons conseils de

son conseiller, pour ne pas gaspiller cet avantage. En fait, retenez ce slogan:

ne vous occupez pas de vos affaires, et vous deviendrez riches!

Il y a eu une multiplication de ces produits depuis leur arrivée sur le

marché, ce qui fait qu’aujourd’hui on trouve toutes sortes de FNB, dont

certains qui n’ont pas les caractéristiques des FNB classiques. Par exemple,

certains sont gérés semi-activement (FNB à bêta intelligent): tu pourrais

avoir des surprises concernant les frais de gestion réels. Certains coûtent
plus cher que tu penses. Bref, l’écart entre les frais de fonds gérés

activement et ceux des FNB à bêta intelligent tend à rétrécir de plus en plus.

Attention également aux fonds à effet de levier. Ils utilisent l’emprunt

pour accroître le montant qu’ils peuvent investir dans le marché, et sont par

le fait même spéculatifs et plus risqués. Cela peut être tentant, parfois, de se

dire: «Le marché va planter très bientôt» ou «Le pétrole va sûrement bondir

demain matin après la réunion des membres de l’OPEP», etc. Mais si vous

souhaitez miser sur votre pif et acheter des fonds à effet de levier, qui vous

donnent par exemple deux fois le rendement d’un indice (et même parfois

inversé – c’est-à-dire que si le TSX baisse, par exemple, tu gagnes deux fois

ta mise), préparez-vous à la possibilité de manger vos bas. Il faut vraiment

connaître ces produits et savoir s’en servir. Sachez alors que vous n’êtes plus

en train d’investir, mais bien de spéculer.

Les fonds indiciels, quant à eux, sont semblables aux FNB. Il s’agit ici de

«gestion passive» comme les FNB, mais ils ne se négocient pas en plein

milieu de la journée. Tu ne places donc pas un ordre pour les acheter, tu les

achètes à la valeur calculée à la fin de la journée. Tu ne peux donc pas faire

d’arbitrage sur valeur liquidative (market timing) dans la journée. Les fonds

indiciels se contentent de refléter le rendement d’un indice, sans qu’un

gestionnaire ait à intervenir. C’est géré par ordinateur, rebalancé

périodiquement. Aucune analyse des états financiers des compagnies,

aucune rencontre avec la direction, aucun gestionnaire de portefeuille, aucun

analyste. Un algorithme, et le tour est joué!

Les fonds PowerShares d’Invesco sont un bon exemple de fonds indiciels.

Ils sont également offerts en version FNB.

Bâtir son propre portefeuille

Tu as un certain montant, tu veux l’investir toi-même et le faire fructifier

pour ta retraite. Où dois-tu investir? Tu mets ça dans quoi? À part le marché

boursier et les obligations, devrais-tu prendre en considération d’autres

produits? Dois-tu agir de la même façon selon que tu as 25 ans ou 45 ans?

D’abord, on devrait investir principalement en Bourse, en immobilier et

dans les obligations. Le reste (or, pétrole, bitcoin, autres ressources), c’est

un peu de l’ésotérisme, et ils vous compliqueront la vie pour rien. Si vous


voulez pousser vos connaissances en boursicotant vous-même et les étudier,

aucun problème. Mais si vous voulez simplement investir votre portefeuille

de retraite d’une manière simple, sécuritaire et rentable, restez concentré sur

les actions, les obligations et l’immobilier. Ces trois grands marchés sont

stables, diversifiés, et c’est là que l’argent se trouve.

Ensuite, il faut décider quelle portion d’actions et d’obligations détenir

dans son portefeuille. Pour ça, tout dépend de ta tolérance au risque. Ici, on

t’invite à t’informer auprès d’un planificateur financier ou d’un conseiller

pour plus de détails, mais la logique est la suivante.

• Si tu peux tolérer une baisse soudaine de 40% de ton portefeuille, vas-y

100% en actions. (Par exemple, 40% en actions américaines, 30% en

actions canadiennes et 30% en actions internationales.)

• Si tu peux tolérer seulement une baisse de 25% de ton portefeuille,

introduis 30% d’obligations. Le but des obligations n’est pas de te rendre

riche, mais de limiter l’amplitude des mouvements de ton portefeuille,

bref, de t’aider à dormir la nuit.

• Si tu peux tolérer une baisse de 20%, introduis 50% d’obligations.

• Tu ne peux pas tolérer une baisse au-delà de 10%? Ton portefeuille devrait

alors être à 80% d’obligations.

• Tu es incapable de tolérer une quelconque baisse de ton portefeuille?

Prends des certificats de placement garanti (CPG), ou va t’éduquer

financièrement, ça presse! Les pertes de ton portefeuille dont on parle ici

sont temporaires. Tout ce qui descend finit par remonter, si tu es patient.

Un mot sur les CPG

Les CPG: les mal-aimés de l’industrie. On les surnomme parfois les

«certificats de pauvreté garantie» parce que, dans bien des cas, leur

rendement ne couvre même pas la hausse de l’inflation. Mais les CPG ont

tout de même une utilité. Certains offrent d’ailleurs un meilleur rendement

que les obligations de gouvernements ces temps-ci. Plus on vieillit et qu’on

s’approche de notre mort, plus il est normal de détenir une partie de son

portefeuille dans ces produits à risque minimum. Par contre, lorsqu’on voit

des jeunes de 30 ou 40 ans en détenir pour 70% de leur portefeuille, on fait

une syncope!
Pourquoi voit-on souvent cela? Les banques et les caisses. Celles-ci

peuvent utiliser l’argent déposé dans ces CPG pour en faire des prêts

hypothécaires à plus haut rendement. La plupart du temps, on a placé votre

argent en CPG non pas pour votre bien, mais pour l’intérêt de la banque.

Pourquoi pensez-vous que ces produits vous sont offerts sans frais? Ne vous

cassez pas la tête, la banque y trouve son compte!

Quels types d’obligations détenir?

Pour la portion obligations du portefeuille, doit-on se contenter des bons du

Trésor du gouvernement, ou doit-on prendre des obligations d’entreprises?

Une suggestion: arrange-toi pour avoir 50% d’obligations corporatives, et

50% d’obligations du gouvernement, et ce, afin de diversifier ton

portefeuille. Les obligations gouvernementales sont plus sensibles aux

variations de taux d’intérêt; quant aux obligations d’entreprises, elles sont

plus sensibles à l’état général de l’économie.

Aussi, mieux vaut investir dans des fonds obligataires que de verser des

milliers de dollars en obligations d’une seule entreprise. De cette façon,

vous réduisez votre risque de perte. On recommande d’investir dans un

minimum de 100 obligations différentes (par l’entremise d’un fonds

obligataire). Sinon, votre portefeuille n’est pas assez diversifié. Les gens ont

toujours la fâcheuse habitude de penser qu’une faillite, c’est impossible.

Non, ce n’est pas impossible. C’est peut-être improbable, mais pas

impossible. Si les obligations d’un pays comme la Grèce ont déjà créé des

pertes gigantesques, pourquoi celles d’une entreprise ne pourraient-elles pas

le faire? Les obligations sont plus sécuritaires que les actions, mais elles ne

sont pas garanties.

 
_______________

7. Ce chapitre a été écrit par David Descôteaux, en collaboration avec Gerry le boursicoteur, de son

vrai nom Claude Trudel, qui est co-animateur à la radio Web de jefffillion.com, où il fait chaque

jour une chronique sur le boursicotage. Les renseignements fournis ici sont uniquement le fruit

d’expériences et de recherches personnelles, et ne doivent pas être considérés comme des conseils

financiers. Les investisseurs doivent faire preuve de jugement et consulter un expert financier afin

de trouver des solutions qui conviennent à leur situation personnelle.

8. Opération augmentant le nombre d’actions en circulation sur les marchés boursiers afin de

diminuer le cours boursier de l’action. Par exemple, lors d’un fractionnement de trois pour un,

pour chaque action détenue le titulaire recevra trois actions en échange. Source: Wikipédia.
9. Gerry recommande le classique de Stan Weinstein, Secrets pour gagner en Bourse à la hausse et à

la baisse, offert entre autres sur Amazon. https://www.amazon.ca/Secrets-Gagner-Bourse-Hausse-

Baisse/dp/2909356 027.
 
10.
Revenu Québec débarque chez toi.
Que faire?
Si tu es salarié et que tu te contentes de travailler, de recevoir ton chèque de

paie et de faire ta déclaration de revenus, tu ne risques pas trop de

t’embrouiller avec Revenu Québec. La règle de prudence: garde tes factures

si tu as droit à certaines déductions fiscales (par exemple, si ton employeur

t’offre une allocation pour auto au travail).

Aussi, si tu as le moindre doute sur ce qui est déductible d’impôt ou non

dans ton cas, ça vaut la peine de payer pour un comptable plutôt que

d’essayer d’économiser quelques dollars en cherchant quelqu’un qui fera le

travail pour le moins cher possible. Un comptable facturera de 150 à 200$

pour ta déclaration de revenus, mais il prendra le temps de regarder

l’ensemble de ta situation. Mieux vaut mieux payer 150$ maintenant que de

recevoir un avis de cotisation de 32 000  $ dans quatre mois... De plus, le

comptable fait partie d’un ordre professionnel et il possède une assurance

responsabilité. S’il fait une gaffe majeure, tu pourras le poursuivre et,

surtout, être dédommagé.

Le travailleur autonome, lui, court plus de risques. Dans son cas, c’est

toujours une question de preuves. Plusieurs personnes reçoivent la visite

d’agents du fisc et sont incapables, même s’ils sont de bonne foi, de fournir

des pièces justificatives (reçus) pour leur souper avec un client, leurs frais

d’essence ou pour une quelconque dépense admissible. Le fisc est

impitoyable: si tu n’as pas la pièce justificative, tu n’as pas droit au

remboursement de taxes ou d’impôt. Ce que tu as à faire est simple: chaque

fois, prends la facture, écris au verso avec qui tu as lunché, par exemple, et

quelle est la nature de votre relation d’affaires. De plus, on est en 2017.

Utilise des applications comme CamScanner et Dropbox pour ta tenue de

dossier. C’est cent fois plus efficace que la vieille boîte à chaussures.
Un conseil: n’exagère pas. Quelqu’un peut réussir à gonfler ses dépenses

admissibles, ou cacher une partie de ses revenus, pendant un an, deux ans,

trois ans, mais il finira par se faire prendre par le fisc. Et quand c’est le cas,

c’est remboursement, plus pénalité, plus intérêts, de manière rétroactive. La

totale, quoi! Tu dois aussi avoir un train de vie selon tes revenus. Si tu

déclares des revenus de 25 000$ depuis trente ans et que tu possèdes un

condo de 300 000$ à Mont-Tremblant payé comptant, et un voilier de 500

000 $ qui baigne dans le Vieux-Port de Montréal, mettons que tu risques de

faire sonner des cloches chez Revenu Québec. C’est incroyable le nombre de

personnes qui se font pincer ainsi. Le fisc a des yeux et des oreilles partout.

Salariés: attention à ce que vous mettez


dans vos REER!
Un travailleur salarié qui fait des placements très simples
n’a pas à craindre d’enfreindre les règles. Les occasions de
«tricheries» sont extrêmement limitées. Mais attention:
certains placements ne sont pas admissibles au REER.
Méfie-toi alors de ceux qui essaient de te convaincre de
transférer tes REER vers un placement qui va supposément
te rendre riche en quelques mois. Tu pourrais avoir une
mauvaise surprise. Le fisc pourrait regarder ton dossier et
conclure qu’il ne s’agit pas d’un placement admissible au
REER, et tu devras alors payer une facture d’impôt salée!

La visite des inspecteurs

Dans le cadre d’une vérification fiscale, procédure par laquelle le fisc

s’assure de la régularité et de la conformité du respect des lois fiscales par

un contribuable, Revenu Québec et l’Agence du revenu du Canada ont le

droit de t’appeler et de te dire: «Monsieur X, votre dossier a été sélectionné

pour une vérification concernant les années fiscales 2013, 2014 et 2015 (par

exemple). Pouvez-vous, svp, nous faire parvenir tel ou tel document?»


Si la vérification concerne ton commerce, il se peut que des agents

viennent te voir sur place. Pour un particulier, cela se fait généralement sans

visite sur place. On te demandera alors,par écrit ou par téléphone, certains

renseignements ou documents. Personne ne débarquera à l’improviste chez

toi, tu seras prévenu à l’avance – tu auras donc plus de temps pour

angoisser...

Au terme de sa vérification, le vérificateur te remettra un «projet de

cotisation», qui explique les changements proposés à ta situation et la

raison. S’ensuivra un délai (généralement de 21 jours) où tu pourras donner

ton avis ou ta version des faits, ensuite le fisc émettra un nouvel avis de
10
cotisation .

Si vous recevez le fameux coup de fil, il est conseillé de contacter votre

comptable ou un avocat fiscaliste. Plusieurs personnes ont malheureusement

déboursé des sommes importantes alors qu’elles auraient eu raison de

contester et de se défendre.

Des histoires d’horreur

Quand on découvre les moyens que Revenu Québec est prêt à utiliser pour

arriver à ses fins, et sa volonté d’acier de te rentrer dans le crâne que l’État

ne travaille pas pour toi, mais bien l’inverse, on commence à faire attention.

Les méthodes musclées et le manque de jugement de Revenu Québec font

jaser de plus en plus. On a aussi appris, il y a quelques années, que des

agents de Revenu Québec ont des quotas à atteindre.

Des histoires d’horreur, il y en a. Paul Ryan, fils de l’ancien ministre

libéral Claude Ryan, a écrit le livre Quand le fisc attaque, dans lequel il

raconte plusieurs anecdotes. J’en parle dans mon livre L’argent des autres.

Voici un extrait.

On se souvient de l’histoire de Jean-Yves Archambault, qui a reçu la

visite de deux fonctionnaires de Revenu Québec pour une histoire de TPS

et TVQ impayées. M. Archambault a fini par tout perdre, victime, au dire

même d’un juge qui a étudié le dossier, d’une multiplication d’erreurs de

Revenu Québec et de procédures abusives.

Entre autres, certains montants contestés par Revenu Québec ne

correspondaient à aucun chèque. D’autres apparaissaient deux fois dans


les livres de l’inspecteur!

Paul Ryan dit avoir vu le découragement des entrepreneurs qu’il

représente à titre d’avocat. Il raconte l’histoire de Pierre, un petit bijoutier

honnête qui s’est fait coller une facture de 250 000$. Pourquoi? Parce que

ses factures ne décrivaient pas les biens achetés avec assez de détails au

goût de l’inspecteur. Les taxes ont pourtant été payées. Mais le

gouvernement essaie d’aller chercher une deuxième fois le même montant

de TVQ, en se servant d’un point technique dans la loi!

Ou cet autre entrepreneur qui a inscrit PJC #643 comme fournisseur pour

une pharmacie Jean Coutu. PJC? Suspect! a jugé une vérificatrice de

Revenu Québec. «Qu’est-ce qui me dit que c’est un Jean Coutu? Qu’est-ce

qui me dit que ce n’est pas Plomberie Jean-Claude?» Pas de


11
remboursement de taxes !

Très important: garde toujours tes pièces justificatives et tes reçus, et

inscris-y toutes les informations nécessaires. Finalement, apprends à avoir

peur de ces vautours. Sois rebelle dans d’autres aspects de ta vie. Mais ici,

le jeu n’en vaut pas la chandelle.

 
_______________

10. À ce sujet, voir: http://avocatfisc.com/blog/verification-fiscale/.

11. David Descôteaux, L’argent des autres, Éditions Québec-Livres, 2017, p. 63-64.
 
11.
Vers qui se tourner?
Tu as lu les chapitres précédents et tu te dis: c’est décidé, je me prends en

main! Mais par où commencer? J’appelle ma banque? Un conseiller

financier indépendant? Mon représentant syndical?

Beaucoup de gens peuvent te venir en aide. Mais il faut se rappeler que

chacune de ces personnes a son lot de contraintes, et peut se trouver en

conflit d’intérêts et te vendre un produit dont tu n’as pas vraiment besoin.

Utilisons une analogie: le domaine de la restauration.

Banque niveau 1

Tu auras généralement recours à la banque niveau 1 si tu ne respectes pas un

montant minimum d’actifs, par exemple 150 000$.

C’est le McDonald’s de la finance. On parle ici des banques et caisses que

vous connaissez bien. En fait, établissons immédiatement une règle

sémantique. Le Mouvement des caisses Desjardins fonctionne de la même

façon que le réseau bancaire. Les différences entre les deux sont minimes,

rien ne sert de s’enfarger dans les fleurs du tapis.

Les avantages: simple, rapide, efficace et sécuritaire. Tu peux ouvrir un

compte en ligne rapidement et faire des dépôts à la dernière minute dans ton

REER. Tu n’auras qu’à remplir un simple questionnaire de tolérance au

risque. Les gens avec qui tu feras affaire sont rémunérés à salaire et ont des

bonis en fonction du volume de ventes qu’ils génèrent. Ils sont très bien

encadrés, leur système ne leur permet pas de prendre des risques trop

importants.

Un point négatif: on sort rarement de la recette prescrite. Le questionnaire

est construit pour que ton profil soit modéré, et la recette du portefeuille est

aussi déjà établie. Tu vas avoir un beau fonds de croissance modérée, un

revenu prudent, ou si tu as vraiment traficoté ton questionnaire, une


croissance audacieuse! Wow, l’aventurier! Mais même si tu es considéré

comme audacieux, tu vas quand même avoir 30% d’obligations dans ton

portefeuille. Pourquoi? Parce que la recette est comme ça, c’est tout. De

plus, on ne tient pas toujours compte de l’ensemble de ta situation

financière et on ne touche pas aux assurances individuelles. L’approche est

basée sur les produits. Tu prends le fonds commun ou le CPG que la banque

a choisi pour toi, et si tu veux sortir du chemin établi, tu vas sentir une

résistance. Niveau de conseil minimum. Les conseillers ont des objectifs de

vente sur certains produits, par exemple les certificats de placement garanti

(CPG), mieux connus sous le nom de certificats de pauvreté garantie.

Niveau de personnalisation des services très faible. Aussi, la banque a

souvent plus avantage à t’avoir bien endetté qu’à te savoir en bonne santé

financière. Par exemple, on ne suggère pas toujours de payer ses dettes avant

d’investir. Finalement, quand tu as la chance d’avoir un conseiller de grande

qualité, tu finis toujours par le perdre quand il passe au niveau 2!

Si tu cherches quelque chose de simple, efficace et sans risque, que tu ne

veux pas te casser la tête et que tu souhaites simplement économiser de

l’impôt en cotisant à ton REER une fois par année en février à la dernière

minute, la banque est pour toi. Garde toutefois en tête que ce type de

conseiller financier est de plus en plus remplacé par les robots conseillers

dans plusieurs pays. La vague s’en vient aussi au Canada.

Banque niveau 2

Tu auras généralement recours à la banque niveau 2 si tu dépasses un certain

niveau d’actifs, par exemple 150 000$.

C’est un chef dans un bon restaurant. Rappelle-toi que ce n’est pas le

restaurant qui cuisine, mais le chef. Il n’y a pas une banque meilleure que

l’autre, mais certains chefs sortent du lot. Ce sont eux que tu recherches.

Tu prends ce qu’il y a sur le menu, tu ne peux pas en dévier, mais la

qualité est souvent là. Il faut juste déterminer si le chef serait capable de

travailler au Subway ou au Laurie Raphaël. Tu dois trouver le bon chef pour

toi. Mais que tu choisisses l’un ou l’autre, ça te coûtera le même prix.

Tu feras affaire avec un professionnel plus compétent et plus connaissant,

qui a plus de liberté décisionnelle qu’à la banque niveau 1. Ce professionnel


est souvent un planificateur financier. C’est pourquoi il existe une barrière à

l’entrée en fonction de l’actif sous gestion, parfois de la profession ou du

revenu. Ce conseiller est aussi rémunéré à salaire et doit encore faire

beaucoup de ventes. L’ensemble des produits offerts est plus large, mais on

essaiera quand même de te vendre les produits maison. Le niveau de

compétence du conseiller peut varier. Les plus compétents peuvent rivaliser

avec les meilleurs courtiers indépendants, ils ne sont limités que par leur

gamme de produits. Par contre, ils offrent rarement un service intégré

assurance et placement. Une banque n’a pas le droit de vendre des

assurances-vie de type individuel. C’est une loi plutôt idiote, mais elle

existe. Tu auras donc besoin d’une ressource externe à la banque pour

s’occuper de ce volet.

Il existe d’excellents conseillers qui n’avaient pas l’instinct

entrepreneurial pour se lancer en affaires, mais qui sont des professionnels

très compétents. Ne magasine pas la banque, mais le professionnel. Trouve

celui qui prendra plus de quinze minutes pour travailler ton dossier, qui n’est

pas là pour faire une vente mais plutôt pour analyser ta situation. Le

problème vient souvent du fait qu’on doit avoir un montant minimum à

investir pour le trouver. Tant que l’actif minimum n’est pas atteint, on est

traité comme un numéro par la banque.

Conseiller indépendant

C’est le chef à domicile. Il va te cuisiner ce que tu veux, comme tu le veux.

Ça doit bien «cliquer» entre vous deux pour qu’un climat de confiance

s’installe et que la relation soit fructueuse. Il est beaucoup mieux rémunéré

que les conseillers dans les banques. D’ailleurs, si ses services sont de

qualité, il ne devrait pas être gêné de discuter ouvertement de sa

rémunération avec toi. La plupart du temps, celle-ci est calculée en fonction

de l’actif sous gestion. Tu dois prendre le temps de faire quelques entrevues

pour trouver le meilleur pour ta situation.

Certains de ces conseillers négocient des fonds communs de placement,

d’autres des actions ou des obligations directement en portefeuille, et

d’autres encore se contentent des produits d’assurances. Certains ont une

pratique mixte, d’autres ont le titre de planificateur financier. Avant de faire

affaire avec un conseiller indépendant, prends toujours le temps de valider


son inscription au registre de l’Autorité des marchés financiers. Ici, il n’y a

pas de techniques meilleures que d’autres. Chacun a son style ou sa

philosophie. C’est d’ailleurs cette liberté de choix qui a attiré la plupart de

ces professionnels dans le milieu du conseil indépendant. Le conseiller est

généralement propriétaire de sa clientèle. Il peut la vendre. C’est la raison

pour laquelle tu ne changeras pas souvent de conseiller et que les relations

d’affaires s’établissent en général pour une période de trente ans. Si ton

conseiller prend sa retraite ou devient invalide, il a avantage à se faire

remplacer par un collègue tout aussi compétent.

Un bon conseiller ne vend pas un produit, il vend ses conseils. Il ne veut

pas vous rentrer un produit dans la gorge, mais plutôt vous éduquer

suffisamment pour que vous deveniez apte à choisir vous-même les produits

qui répondent à vos besoins. Chaque stratégie d’investissement comporte

des avantages et des inconvénients. Un bon conseiller vous présentera les

deux côtés de la médaille pour vous aider à faire les bons choix et à prendre

les meilleures décisions.

La liberté a ses avantages. Les meilleurs conseillers ont compris que s’ils

travaillent pour enrichir leur client à long terme, c’est le moyen le plus facile

d’avoir de bons revenus. Les meilleurs n’essaient pas de gagner beaucoup

d’argent à court terme. Ils sont terrifiés à l’idée de perdre un client, et sont

conscients de l’effort requis pour en trouver un. Dans la plupart des cas, le

client n’a pas besoin d’actifs minimums pour traiter avec un conseiller

indépendant.

Par contre, l’indépendance n’est pas un gage de qualité. Puisqu’ils ont

plus de liberté et sont moins encadrés, c’est aussi parmi les courtiers

indépendants que l’on retrouve les pires «tout croches» de l’industrie.

Malheureusement, certains pensent à leurs bénéfices avant ceux du client.

D’autres sont de bons vendeurs, mais ils ne comprennent rien à la finance.

Leur liberté fait en sorte qu’ils peuvent mal diversifier votre actif. Par

exemple, vous pourriez vous retrouver avec des actions uniquement dans le

pétrole ou l’or. Finalement, certains conseillers aiment un peu trop la paie

facile qu’ils sont capables d’aller chercher avec des prêts à l’investissement

(qui permettent d’emprunter pour investir). Ils offrent ces produits à des

clients qui ne sont pas suffisamment informés des risques encourus.


Bref, tu ne peux pas utiliser les services d’un conseiller indépendant si tu

n’es pas prêt à faire les efforts pour le choisir et le surveiller. Ne sois jamais

gêné de le questionner, ça lui fera plaisir de te répondre et tu gagneras son

respect.

Représentant syndical pour fonds de travailleurs

C’est la cantine mobile. La bouffe vient à toi, tu n’as pas beaucoup de choix,

tu n’es pas trop sûr de la qualité, de la propreté, mais ça peut faire le travail

dans certains cas. Parfait si on est amateur de produits bas de gamme qui

goûtent bon (et un crédit d’impôt, ça goûte toujours bon!).

Tu es attiré par le crédit d’impôt supplémentaire pour les REER (de 25 à

40%) qu’offrent les fonds de travailleurs? Tu ressens une pression sur ton

lieu de travail pour y adhérer? Rappelle-toi simplement une chose: le

représentant syndical qui t’aborde n’est pas là pour analyser tes besoins. Il

n’est pas inscrit à l’Autorité des marchés financiers (AMF), ce n’est pas un

professionnel de la finance, et il n’est pas là pour déterminer si le produit

des fonds de travailleurs est bien adapté pour toi. Il est là pour t’aider à

remplir la paperasse. Et surtout, il ne te dira pas que c’est impossible de

transférer ton argent dans une autre institution avant ta retraite si tu es

insatisfait du rendement de ton placement. En effet, le gouvernement

t’interdit d’y sortir ton argent avant que tu sois à la retraite, ou que tu aies 65

ans.

D’ailleurs, cette prison financière est bien mal adaptée aux jeunes

travailleurs. Quand tu découvriras que ton argent est gelé dans le fonds de

travailleurs pour des dizaines d’années encore, on te dira qu’il fallait lire le

prospectus. Le seul avantage de ces fonds est le généreux crédit d’impôt. Ce

produit peut être intéressant, mais seulement si tu as plus de 50  ans. Le

crédit d’impôt supplémentaire aidera à compenser un mauvais rendement

sur quinze ans. En attendant, passe ton tour.

Do it yourself

C’est toi, comme participant à l’émission Un souper presque parfait. Tu

cuisines toi-même par essais et erreurs. Ça marche pour quelques-uns, mais

c’est une catastrophe pour d’autres. C’est réellement le mode le plus


économique de se nourrir, le choix et la qualité sont là, mais si on tente trop

de jouer au grand chef, on peut faire brûler la maison. Par chance, il y a

dans ce livre un chapitre entier sur le boursicotage pour vous aider à y tirer

votre épingle du jeu.

Ayez des doutes si votre conseiller...


• Refuse de vous dire clairement combien il va recevoir en
commissions.
• Vous dit qu’un titre boursier ou un fonds d’actions ne peut

pas perdre de valeur.


• Utilise des rendements de plus de 8% dans ses projections

de retraite.
• Demande de faire un chèque à son nom ou à sa
compagnie personnelle.
• Demande d’être payé en argent comptant.

• N’est pas inscrit à l’AMF.


• Vous laisse l’impression que ses conseils sont gratuits.
• Vous donne l’impression qu’il est capable de prédire
l’avenir.
• Commence à jouer avec les variations des devises pour

gagner plus d’argent.


• Vous offre de vous mettre sur les lignes de côté en

attendant le bon moment pour retourner sur le marché.


• Ne vous explique pas clairement combien d’argent vous

pourriez perdre à court terme avec votre investissement.


• Négocie trop souvent.

• A un discours axé sur les produits seulement. Ceux-ci sont


les meilleurs. Les autres n’y ont pas accès, etc.
En fait, pour analyser le travail de ton courtier, demande-toi
si tu serais à l’aise de le recommander à ta mère ou à ton
fils. Dans la négative, essaie d’en trouver un autre. Tu peux
avoir plus d’un conseiller. Quand tu trouveras le bon, tu vas
le savoir, et tu vas probablement lui confier tous tes
besoins.
 
12.
Quelques mythes et idées
préconçues
Je ne crois pas à ça, moi, les REER

Cette phrase, on l’entend surtout chez les 50 ans et plus! Les gens qui

affirment cela haut et fort sont généralement ceux que l’on appelle

affectueusement les polytraumatisés. Ils ont vécu toutes les baisses violentes

de la Bourse (2008, 2001, 1987...). Ils sont généralement arrivés tard au

party. Ils ont commencé à investir quelques années, voire quelques mois

seulement avant que tout s’écroule. De plus, ce n’était pas pour investir,

mais plutôt pour jouer à la Bourse, car tous leurs amis étaient devenus

riches de cette façon, mais pas eux. Derniers arrivés au party et premiers à

quitter le navire qui coule, ils n’ont presque pas obtenu de rendement à force

d’entrer et de sortir au mauvais moment. Ils n’ont pas assez cotisé, ils ont

cotisé au mauvais moment et ils ont mal cotisé. Aujourd’hui, ils n’ont pas

100 000$ de côté pour leur retraite, qui approche rapidement. Donc, non, ils

ne croient pas aux REER.

Toutefois, personne ne leur demande de croire, il suffit juste de

comprendre. Si leurs traumatismes passés les empêchent probablement

d’investir de manière efficace et d’obtenir un bon rendement, ils ont parfois

encore avantage à déposer dans leur REER pour en retirer des avantages

fiscaux. En effet, s’ils épargnent 37% d’impôt en cotisant pour en payer 28%

seulement lorsqu’ils retireront leurs billes, ce sera toujours ça de gagné.

Un CELI, ça ne rapporte pas

Les gens ont beaucoup de difficulté à différencier le régime fiscal

(contenant) de l’investissement (contenu). Le régime choisi détermine la

façon dont on va se faire taxer pour notre investissement. Il faut toutefois


savoir que tu as le droit d’investir le même produit dans un REER, un CELI,

un REEE, ou encore un compte non enregistré. Au départ, le CELI a été

utilisé par plusieurs comme un fonds d’urgence pour mettre de l’argent

disponible rapidement et investir de manière conservatrice. C’était normal,

nous n’avions droit que d’y déposer 5000$. En 2017, un adulte de 40 ans

peut y déposer 52 000$.

Ce mythe vient aussi du fait que lorsque le CELI a été créé, les banques

en offraient automatiquement un à leurs clients, mais c’était un compte

épargne à très faible taux d’intérêt. Plusieurs ont mis du temps à réaliser

qu’on pouvait y investir de plusieurs façons (actions, obligations, etc.), et

qu’on pouvait en ouvrir un autre ailleurs, et un troisième si ça nous chantait.

On utilise désormais le CELI dans le cadre d’une stratégie fiscale

beaucoup plus réfléchie, principalement pour les gens gagnant moins de 45

000$; aussi, on y investit de plus en plus pour le long terme... Et il rapporte

autant que votre REER!

La boule de cristal de ton conseiller

En finances, il est impossible de prévoir l’avenir. Ce qui est fascinant, c’est

le nombre d’articles financiers prédisant le futur. La Bourse va monter cette

année grâce à X, le Canada risque une récession pour Y... C’est normal qu’il

y ait autant d’articles de ce type, car la demande est au rendez-vous. «Que

vois-tu pour cette année dans ta boule de cristal?» Voilà une question que

les conseillers se font souvent poser. Penses-y, bien que ton conseiller soit

bien rémunéré, crois-tu sérieusement qu’il perdrait son temps avec toi s’il

avait la capacité de prédire l’avenir? Non! Il resterait confortablement assis

à la maison afin de négocier des titres sur les Bourses de la planète en

hypothéquant sa maison, son chalet... et sa belle-mère! Si c’était si facile, on

le saurait. Récompense plutôt ceux qui vulgarisent leurs connaissances, qui

expliquent bien le passé et qui te donnent du bon service tout en répondant à

tes attentes.

Vive les étoiles

Une phrase imposée par tous les services juridiques des institutions

financières peut se traduire simplement en français par ceci: «Le passé n’est
pas garant de l’avenir.» Pourtant, l’industrie est basée sur la mise en valeur

des rendements passés récents: «Regardez, M. Tremblay, si vous aviez été

mon client, vous auriez investi dans mon beau fonds 5 étoiles qui a obtenu

25% de rendement l’an passé!» L’erreur faite par le client ici est de ne pas

exiger de preuve de ce rendement pour les clients du conseiller. En effet, bon

nombre de conseillers ne distribuent que les saveurs du mois, les fameux

fonds 5 étoiles. Rien n’indique que si tu avais réellement été client, tu aurais

investi dans ce fonds... avant qu’il soit 5 étoiles! Certes, ceux-ci sont souvent

gérés par de bons gestionnaires, mais même ceux-ci ne battent pas le marché

de 20% par année, chaque année. C’est tout simplement impossible. Voilà

une bonne recette pour créer des attentes démesurées et peut-être même...

une déception.

Un REEE, c’est une prison

Malheureusement, le régime enregistré d’épargne-études s’est bâti une

mauvaise réputation dans le grand public. On le juge contraignant,

pénalisant, incompréhensible et vendu à pression. C’est déplorable, car pour

bien des familles, il est l’outil fiscal le plus puissant à leur disposition. En

réalité, seuls les régimes «collectifs» sont remplis de contraintes détaillées

dans un contrat compliqué que tu n’as sûrement pas lu. Toutefois, le REEE

offert à ta banque, à ta caisse, chez ton conseiller indépendant, ou encore

tout simplement sur ta plateforme de courtage à escompte préférée, lui, est

très flexible. Il faut juste s’assurer qu’on a un REEE individuel ou familial.

Si c’est le cas, tu pourras cotiser quand bon te semblera le montant désiré.

Tu contrôleras tes placements. Tu pourras arrêter tes cotisations sans jamais

les recommencer, et ce, sans pénalité, et tu pourras même transférer les

subventions entre les enfants d’une même famille.

C’est mon argent, donc je demande la RRQ à 60

ans

Cette phrase-là, elle est bien ancrée dans l’esprit des jeunes boomers.

Savais-tu qu’en 2014 le gouvernement du Québec a autorisé les gens à

décaisser la RRQ à partir de 60 ans, même s’ils étaient encore sur le marché

du travail? Quand un gouvernement cassé comme un clou fait une offre du


genre, le scepticisme est de mise. Il y a peu de chances qu’il te fasse un

cadeau. En fait, d’un point de vue actuariel, cette offre est empoisonnée.

L’âge normal de retraite est à 65 ans. Si tu demandes ta RRQ avant, une

pénalité s’appliquera; si tu la demandes après, un boni s’appliquera

également.

Si on connaissait d’avance notre date d’expiration, le choix serait facile à

faire. Je vais mourir à 67 ans? Je la demande à 60 ans. Je vais mourir à 85?

Je la demande à 68! En fait, quand on fait quelques calculs, on se rend

compte qu’on a avantage à prendre la RRQ tôt – et payer une pénalité –

seulement si on décède avant 73 ans. Sinon, mieux vaut attendre à 65 ans,

voire à 68 ans. N’oublie pas que la RRQ est un fonds à prestations

déterminées parfaitement indexé. C’est un meilleur régime de pension que

celui des employés de l’État.

Tu sais, à 65 ans ou à 68 ans, ce sera encore ton argent. Entre-temps, si tu

fais à ta tête, les X, les Y et les milléniaux te remercient. Grâce à tes

mauvaises décisions financières, le régime sera plus facile à remettre sur

pied. En passant, si tu ajoutes la RRQ à ton salaire, il y a de fortes chances

que ton taux d’imposition soit plus élevé sur tes chèques de RRQ au travail

qu’à la retraite. Quand je te dis qu’il ne faut jamais penser qu’un

gouvernement cassé agit pour ton bien...

La caisse de la RRQ sera vide quand ce sera mon

tour

Voilà une des plus grandes craintes des X et des Y. Ils ont l’impression

qu’ils ne recevront jamais leurs rentes de retraite de la RRQ. Les boomers

vont vider la caisse avant qu’ils reçoivent leur premier chèque. C’est faux,

c’est un mythe. Contrairement à la pension de la Sécurité de la vieillesse

(SV), la RRQ est financée à l’avance, d’où la création d’une caisse. C’est

normal que la caisse baisse au fur et à mesure que les boomers décèdent, car

une partie de la caisse a été financée par eux, pour eux. Pendant des

décennies, les politiciens ont fait la sourde oreille aux actuaires de Retraite

Québec, et à leur demande de hausser les cotisations. Mais aujourd’hui, on

les écoute.
Cependant, comme on ne les a pas écoutés pendant longtemps, les X et

les Y peuvent être sûrs d’une chose, par contre: une proportion importante

de leurs cotisations sert à financer la retraite de leurs aînés, et non pas leur

propre retraite. Il y a réellement une «taxe générationnelle» cachée dans le

régime. Personnellement, j’évalue que celle-ci représente de 30 à 40% des

cotisations versées. On pourrait s’obstiner longtemps sur les hypothèses,

mais les X et les Y obtiendraient de meilleurs résultats en plaçant l’argent

eux-mêmes.

Les fonds à prestations déterminées, c’est la

huitième merveille du monde

Tout le monde est jaloux du fonds de pension des employés de l’État, c’est

bien connu. Tout le monde devrait avoir droit à la même chose, selon

certains. Mais est-ce réellement le cas? Certes, ces fonds comportent des

avantages. Tu vas être payé jusqu’à ton décès, même s’il survient à 115 ans.

Tu ne prends aucun risque. S’il manque d’argent un jour, c’est l’employeur

qui déboursera la différence. Tu n’as pas à te soucier de l’état des marchés.

Oui, tu peux vivre une vie complète sans même savoir ce qu’est l’indice

boursier S&P 500. Le paradis!

Toutefois, si tu perds ton fonds à prestations déterminées quand tu viens

d’avoir 50 ans (comme c’est déjà arrivé à certains retraités, victimes d’une

faillite de leur entreprise, par exemple), tu vas te rendre compte qu’il aurait

été important d’en apprendre plus sur les finances personnelles quand tu

étais plus jeune.

De plus, tu ne le sais peut-être pas, mais les fonds à prestations

déterminées ne protègent pas bien ton patrimoine familial. En effet, ces

fonds peuvent valoir plus d’un million de dollars, mais en cas de décès

prématuré, seulement une portion, souvent 50% de la prestation, est

transférée à ton conjoint. Et si celui-ci décède prématurément aussi, il ne

restera que des grenailles pour tes enfants.

Quand, au contraire, tu accumules toi-même un million dans tes REER,

l’entièreté peut être transférée, grâce au testament, dans le REER de ton

conjoint. Et la totalité de tes épargnes peut ensuite être transférée à tes

enfants. Bien sûr, le gouvernement va repasser sur le corps de ton conjoint


une dernière fois à son décès, mais il devrait en rester un peu plus de la

moitié pour tes héritiers. Voilà un des avantages sous-estimés des REER sur

les fonds à prestations déterminées.

Si tu as 25 ans et que tu lis ce livre, sache que tu peux avoir mieux qu’un

fonds de pension du gouvernement si tu commences à cotiser

immédiatement plus de 10% de ton revenu brut annuel à ton REER. Si tu

attends à 40 ans, tu feras comme tout le monde, tu envieras les chanceux de

la fonction publique.

L’université, ça coûte cher

L’éducation supérieure, ça coûte cher? Pas tant que ça. Peu de gens réalisent

que le Québec et le Canada offrent un programme très efficace pour réduire

la facture de l’éducation des enfants: le REEE.

Premièrement, la seule idée de financer les études d’un enfant sur dix-huit

ans plutôt que sur trois ans est géniale. De le faire à l’abri de l’impôt, c’est

encore mieux. D’être subventionné pour le faire, wow! Avoir minimalement

30% de subventions au Québec pour chaque dollar investi? My god, tout le

monde devrait en avoir un.

Toutefois, ce n’est pas le cas. Une étude de Statistique Canada démontre

qu’environ 60% seulement des familles épargnent pour les études de leurs

enfants au Québec. De ce nombre, seulement 60% utilisent le REEE. Une

catastrophe! De plus, le taux d’utilisation augmente en fonction des revenus

des parents. Pourtant, ce sont les familles à faible revenu qui ont le plus à

gagner de ce programme, puisqu’ils reçoivent plus de subventions. Quand

les revenus sont très faibles, on peut même ouvrir un régime et recevoir des

subventions sans y contribuer. Pourtant, peu de familles à faible revenu se

servent de ces avantages. C’est pourtant le meilleur moyen d’offrir de

meilleures conditions de vie à nos enfants. C’est aberrant. Il faut éduquer

notre population financièrement afin d’éviter cela. Le Québec est dans le

peloton du milieu en termes d’épargne pour les études au Canada, même si

nous avons le programme le plus généreux au pays! Il est temps que les

cigales québécoises deviennent un peu plus fourmis, pour le bien de leurs

enfants.
Mon ami joue à la Bourse et fait de l’argent comme

de l’eau

«Jouer à la Bourse.» À elle seule, cette phrase exprime un des plus graves

problèmes de compréhension de la population. Quand tu achètes une paire

de pantalons, dis-tu: «J’ai joué au centre commercial et j’ai rapporté ces

magnifiques jeans Parasuco.» En fait, la Bourse s’apparente beaucoup à un

centre commercial. Malheureusement, les gens pensent qu’on utilise la

Bourse pour faire un coup d’argent rapide, comme au casino. Ce n’est qu’un

endroit où se rencontrent, chaque minute, des millions d’acheteurs et de

vendeurs. La seule différence avec le centre commercial, c’est que vous

pouvez être à la fois vendeur et acheteur.

Et ton ami, a-t-il gagné tant d’argent que ça? Beaucoup de gens se vantent

de leurs bons coups, mais ils oublient leurs mauvais. Peu d’entre eux

calculent leur rendement annuel.

Historiquement, la Bourse américaine a rapporté en moyenne autour de

10%. Là-dessus, on a vécu une époque de forte inflation qui ne se reproduira

peut-être pas. Alors, quand un oncle jouera au fanfaron en se vantant de ses

rendements, demande-lui son rendement annualisé sur cinq ou dix  ans. S’il

le connaît, le chiffre sera raisonnable. S’il ne le sait pas, ton oncle n’est

qu’un parieur et il devrait aller au casino plutôt que sur le parquet, ce sera

moins dangereux pour sa retraite.

J’ai eu une bonne année en Bourse, j’ai triplé mon

investissement

Un grand problème de plusieurs boursicoteurs est qu’ils n’investissent que

dans une poignée de titres, voire un seul. Un épargnant m’a déjà téléphoné

pour avoir mon opinion sur une compagnie québécoise spécialisée dans

l’exploitation de l’uranium. Il y avait investi 200 000$, soit l’entièreté de ses

REER. J’étais abasourdi. Pas parce qu’il avait investi dans ce qu’on appelle

affectueusement un penny stock (actions cotées en cents), mais plutôt parce

qu’il avait versé toutes ses économies dans les actions d’une seule

compagnie. Il pourrait tout perdre le temps d’un claquement de doigts. S’il


m’avait dit que la compagnie s’appelait McDonald’s, j’aurais eu la même

réaction. Une boulette de viande contaminée, et bye bye la retraite rêvée!

Les gens ont beaucoup de difficultés à concevoir qu’une faillite

d’entreprise est possible, ou, si tu préfères, jamais impossible. Un

portefeuille doit toujours être diversifié. Une trentaine de titres, s’il s’agit

d’un portefeuille d’actions, et une centaine pour un portefeuille

d’obligations. Certes, avec un portefeuille diversifié, tu ne tripleras jamais

ton actif sur douze mois, alors que c’est possible de le faire avec un seul

titre. Mais au bout de trente-cinq ans, tu battras n’importe quel cowboy tout

en dormant sur tes deux oreilles. Parier sur la possibilité d’être chanceux

pendant trente-cinq ans, c’est possible, mais ce n’est pas un plan. C’est un

pari.

L’immobilier, un investissement qui ne descend

jamais

Et les licornes vivent en Estrie! Les biens immobiliers sont des

investissements très sécuritaires. C’est ce qui justifie le fait que le prix

moyen des maisons ne devrait pas augmenter de beaucoup plus que

l’inflation quand le territoire d’une population n’est pas trop limité. Une

étude de l’économiste Robert Shiller indique d’ailleurs qu’aux États-Unis,

de 1890 à 2010, les prix n’ont augmenté que de 24% si l’on ne tient pas

compte de l’inflation. Voici donc un investissement sécuritaire qui te

protège bien contre l’inflation sur une longue période. Mais si la valeur de

l’investissement augmente trop rapidement sur une courte période, une

correction surviendra à un moment donné. Celle-ci peut être rapide ou lente,

mais elle surviendra.

Le prix des maisons a augmenté très rapidement au Canada depuis 2000.

C’est directement lié aux très faibles taux d’intérêt. Ce ne sera pas toujours

le cas. Les bulles se forment quand tout le monde pense que les prix ne

peuvent pas baisser. On a peut-être une bulle entre les mains, tu ne penses

pas?

Louer, c’est lancer son argent par les fenêtres


Plusieurs jeunes qui aspirent à devenir propriétaires reçoivent ce conseil:

«Plus vite tu as ta maison, plus vite tu t’enrichis et tu arrêtes de gaspiller ton

argent en payant des loyers.» Pourtant, les intérêts sur un prêt hypothécaire,

c’est une dépense. La taxe de mutation (taxe de bienvenue), c’est une

dépense. Les taxes municipales et scolaires, ce sont des dépenses. Toutes les

dépenses d’entretien d’une maison, ce sont... des dépenses. Tout comme la

facture d’électricité, l’assurance habitation. Eh oui, encore des dépenses.

Quand tu loues un appartement, toutes ces dépenses sont comprises dans

le prix du loyer. Il ne manque que le très faible profit du propriétaire.

Comme propriétaire, ta seule dépense qui n’en est pas une, c’est le

remboursement de capital sur l’hypothèque. Toutefois, prends le temps de

calculer les coûts d’une propriété par rapport à ceux de la location, et tu te

rendras compte que c’est souvent du pareil au même.

Je n’aime pas les assurances

Voilà une phrase que l’on entend chez certaines personnes. Cette réflexion

est tout à fait défendable. Quand tu achètes une maison, ça coûte cher, mais

tu as une maison. Une auto? Même chose. Une assurance? Voilà un bout de

papier qui peut te coûter pas mal plus cher que bien des objets tangibles de

ta maison qui, eux, au moins, te procurent une certaine satisfaction.

En fait, en contractant de l’assurance, tu achètes une promesse de

paiement. Un paiement que tu ne veux pas vraiment recevoir, car si toi ou ta

succession le recevez, c’est que quelque chose de pas heureux est arrivé. Tu

contractes de l’assurance parce que tu veux éliminer un risque de ta vie. Un

risque potentiellement catastrophique pour ton avenir financier. On souscrit

à une assurance-vie parce qu’on ne veut pas laisser tomber notre famille, qui

dépend de notre revenu. Ou une assurance invalidité pour protéger notre

revenu si on devient incapable de travailler jusqu’à 65 ans. On achète une

assurance automobile parce qu’on ne pourra pas racheter une autre auto

dans six mois si la première subissait une perte totale.

Quand tu contractes de l’assurance, la bonne question à te poser est la

suivante: «Je protège qui de quoi?» Bref, personne ne te demande d’aimer

les assurances, mais tu dois juste apprendre à te servir de ces bouts de

papier qui peuvent avoir leur utilité dans le futur. Et non, tu n’es pas
Superman. Tu peux devenir invalide, mourir, et en passant, tu ne conduis

pas si bien que ça!

Pas la peine de demander une augmentation, je vais

monter de tranche d’imposition et payer plus d’impôt

Voici un autre mythe répandu. Lorsque le salaire augmente et qu’il y a un

changement de tranche d’imposition, plusieurs personnes croient que c’est

le revenu total qui est imposé au nouveau taux, ce qui est complètement

FAUX.

Prenons un exemple simple. Tu gagnes 45 916$ par année et tu es à la

limite d’atteindre un nouveau palier d’imposition. Ton employeur, d’une

grandeur d’âme incomparable, décide alors d’augmenter ton salaire de 1$

par année. Tu cries à l’injustice, car cette augmentation te fera atteindre la

nouvelle tranche d’imposition supérieure, celle à 37%.

Mais attention! Seule la portion de ton salaire au-dessus de 45 916$ sera

imposée au nouveau taux (dans ce cas-ci, ton augmentation de 1$). En bas

de ce montant, tout le reste demeure inchangé. Un conseil: accepte donc


12
d’être payé à ta juste valeur, sans avoir peur de payer plus d’impôt .

Les frais de gestion sont trop élevés

On paie tous des frais de gestion quand on achète un fonds commun de

placement. Ceux-ci servent à rémunérer le conseiller qui te l’a suggéré et le

gestionnaire qui s’occupe de ce fonds.

Disons que ces frais sont de 2,3% pour un fonds d’actions. Tu trouves que

c’est trop cher? Voici ce que tu peux faire:

• Évite de traiter avec un conseiller. Tu n’auras pas ses conseils, mais tu

économiseras. Économie potentielle: 1,15%.

• Utilise la gestion passive. Ce sont les FNB, ou les fonds indiciels.

Économie potentielle: 0,75%.

• Élimine la gestion complètement, par exemple en boursicotant. Pas de

conseiller, pas de gestionnaire... pas de frais, ou presque. Économie

supplémentaire: 0,40%.
Garde seulement cela en tête: ce que tu économiseras en frais, tu le

paieras en temps. Monter un portefeuille diversifié qui produira le même

rendement qu’un gestionnaire professionnel, c’est long. Connaître tous les

régimes fiscaux et les stratégies financières mises en place par un conseiller,

ça aussi c’est long.

Si tu décides de traiter avec un conseiller et avec un gestionnaire de

portefeuille, ton seul travail sera de t’assurer que tu en as pour ton argent et

de rencontrer ton conseiller une fois par année. À toi d’établir le modèle qui

te plaira. Veux-tu tout prendre en charge, ou confier la tâche à un autre? Es-

tu prêt à payer, ou cherches-tu les économies? C’est ça, l’enjeu des frais de

gestion. Rien de plus, rien de moins.

Si je gagne le million, je quitte mon emploi

Beaucoup de personnes pensent qu’un million de dollars, c’est beaucoup

d’argent. Certaines s’imaginent gagner au loto et enfin s’acheter leur grosse

voiture de luxe pour traverser leur crise de la quarantaine. D’autres

projettent de s’acheter la cuisine de rêve pour mieux découper la pizza

commandée du resto. Pourquoi cuisiner quand on est riche?

En fait, un million de dollars, c’est probablement ce que bien des gens de

la classe moyenne ont besoin d’accumuler dans leur REER pour leur

retraite. Si quelqu’un possède un million de dollars à 65 ans, il pourra

espérer, si tout se passe bien, retirer un revenu indexé de 50 000$ par année

pendant vingt-cinq ans. Le tout à condition de réaliser un rendement moyen

de 4% par année. Si on additionne ce revenu aux rentes gouvernementales,

c’est une retraite confortable, sans plus. Donc, avant de dire Bye bye, boss si

tu gagnes le million, assure-toi d’en avoir gagné plus d’un, voire trois ou

quatre. Et encore là, il faudra rester raisonnable pour ne pas le dilapider trop

rapidement. Sinon, tu devras retourner travailler!

 
_______________

12. Pour certaines personnes, toutefois, une augmentation de salaire pourrait leur faire perdre certains

crédits gouvernementaux. Voir à ce sujet le chapitre 2.


 
Table des matières
Avant-propos
1. Le fonds d’urgence: un grand disparu
Combien, et dans quoi?

Un fonds pour des «petites urgences»... payantes!

Quand piger dans le fonds d’urgence?

2. Comment éviter (légalement) de payer des


impôts
L’incontournable REER

Le CELI

Prêt à te lancer en affaires?

Le futur n’est pas rose pour le contribuable

3. Gérer tes finances, tes dettes et le crédit


Le protocole d’austérité

Justement, et l’épargne dans tout ça?

Oui, mais j’ai plus de 10 000$ de prêts à fort taux d’intérêt!

Ta carte de crédit: à utiliser si tu es discipliné

Les marques et la consommation

Ta source d’information: Internet

Une voiture neuve, c’est pour les pauvres

4. REER ou CELI?
Quand utiliser un REER et quand utiliser le CELI?

Un enfant, c’est payant!

Un médecin résident qui cotise à des REER? Sacrilège!

Une stratégie payante

5. Assurance-vie: Quand? Comment? Combien?


Phase 1. Aux études et célibataire
Phase 2. En couple dans ta première maison

Phase 3. Un premier enfant

Phase 4. Ensuite, et jusqu’à notre mort

6. REEE: le gouvernement se sent généreux,


profites-en!
La puissance de REEE

Attention aux fondations (ou régimes collectifs)

Le gros lot pour les moins nantis

7. Ton premier enfant arrive: les choses à faire,


dans l’ordre
1. Protéger le revenu des parents

2. Prévoir un avenant (ajout) en assurance-vie

3. Cotiser à un REEE

4. Souscrire une assurance maladies graves

5. Souscrire une assurance-vie permanente payable en vingt ans

8. Préparer ta retraite
Commence tôt, c’est primordial

La magie des intérêts composés

Comment répartir ton portefeuille

9. Boursicotage pour les nuls


Moins cher qu’un courtier de plein exercice

Les ordres de base à connaître

Les sources d’information de Gerry

L’analyse technique

Quand je clique, il se passe quoi?

Des fonds clé en main

Bâtir son propre portefeuille

Un mot sur les CPG

Quels types d’obligations détenir?

10. Revenu Québec débarque chez toi. Que


faire?
La visite des inspecteurs

Des histoires d’horreur

11. Vers qui se tourner?


Banque niveau 1

Banque niveau 2

Conseiller indépendant

Représentant syndical pour fonds de travailleurs

Do it yourself

12. Quelques mythes et idées préconçues


Données de catalogage disponibles auprès de Bibliothèque et Archives nationales du Québec

 
09-07

 
Imprimé au Canada

 
© 2017, Les Éditions de l’Homme,

division du Groupe Sogides inc., filiale de Québecor Média inc.

(Montréal, Québec)

 
Tous droits réservés

Dépôt légal: 2017

Bibliothèque et Archives nationales du Québec

ISBN 978-2-7640-3547-4

 
DISTRIBUTEURS EXCLUSIFS:

Pour le Canada et les États-Unis:

MESSAGERIES ADP inc.*

Téléphone : 450-640-1237

Internet: www.messageries-adp.com

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L’Éditeur bénéficie du soutien de la Société de développement des entreprises culturelles du Québec pour son programme

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Nous remercions le Conseil des Arts du Canada de l’aide accordée à notre programme de publication.

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