Polycopie Analyse 1

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Analyse 1

Polycopié de cours pour étudiants des écoles préparatoires

Dr. Imene Meriem Mostefaoui


2

Je dédie ce travail à tout étudiant passionné qui prend du plaisir à


apprendre.

Je remercie toutes les personnes négatives qui ont voulu empêché la


diffusion de ce modeste travail, je les remercie par ce qu’ils ont alimenté
mon envie et ma volonté d’aller jusqu’au bout de moi même.
Introduction
Cet Ouvrage est conçu des programmes des classes préparatoires. Il est donc avant tout
destiné à ce public. Sauf que les étudiants des universités peuvent aussi en servir pour le
détail qui contient. Nous abordons les chapitres suivants :
— Ensemble des nombres réels,
— Suites sur R,
— Fonctions d’une variable réelle,
— Des applications de la dérivée,
— Développement limité.
Les cours sont présentés d’une façon très claire avec beaucoup d’exemples ce qui
permet aux étudiants la meilleure compréhension du programme. Dans chaque cours, nous
avons proposé des exercices d’entrainement avec solutions détaillées. Dans le chapitre 2,
nous avons abordé un exemple qui se trouve en écologie, dans prochains ouvrages l’auteur
va présenter plus d’exemples de ce genre.

Dans certaines sections, nous avons présenté des notes historiques afin de faire voya-
ger l’étudiant dans le temps et lui permettre de découvrir la progression des résultats
mathématiques dans l’histoire.
Table des matières

1 Ensemble des nombres réels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7


1.1 Nombres réels : définition générale et un peu d’histoire 7
1.1.1 Histoire des nombres irrationnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.1.2 Exemples de nombres irrationnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.1.3 Nombres algébriques, Nombres transcendants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.2 Définition axiomatique des nombres réels 11
1.3 Borne Supérieure, Borne inférieure 13
1.4 Fonction de valeur absolue 15
1.5 Généralités sur la partie entière d’un réel 17

2 Suites sur R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.1 Notions générales des suites réelles 21
2.2 Convergences des suites réelles 24
2.2.1 Quelques exemples des suites convergentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
2.2.2 Quelques exemples de suites divergentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
2.2.3 Propriétés des suites convergentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.2.4 Suites bornées sur R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
2.2.5 Sous-suites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
2.2.6 Suites adjacentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
2.3 Suites récurrentes 40

3 Fonctions d’une variable réelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45


3.1 Généralités 45
3.2 Limite d’une fonction 53
3.3 Opérations sur les limites 61
3.4 Étude de la continuité des fonctions 64
3.4.1 Prolongement par continuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
3.4.2 Théorème des valeurs intermédiaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
3.4.3 Continuité uniforme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
3.5 Fonctions dérivables 71
3.5.1 Règles de dérivation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
3.5.2 Dérivée d’ordre supérieur et formule de Leibniz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
3.5.3 Inverses des fonctions trigonométriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
3.5.4 Fonctions hyperboliques et leurs inverses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80

4 Des applications de la dérivée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83


4.1 Valeurs maximales, valeurs minimales et théorème de Rolle 83
4.2 Présentation du théorème des accroissements finis 87
4.3 Représentation de la règle de l’hôpital 91

5 Développement limité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
5.1 Formule de Taylor-Young 93
5.2 Formule de Taylor-Lagrange 95
5.3 Développement limité au voisinage d’un point 96
5.3.1 DL des fonctions usuelles au voisinage de 0 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
5.3.2 Unicité d’un DL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
5.3.3 Les principales propriétés du développement limité . . . . . . . . . . . . . . . . 99
5.4 Applications du DL 103
5.4.1 Calcul des limites au voisinage d’un point . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
5.4.2 Calcul des limites au voisinage de l’infini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
5.4.3 Position d’une courbe par rapport à sa tangente . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
5.4.4 Position du graphe d’une fonction par rapport à une asymptote . . . . 107

6 Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
Articles 111
1. Ensemble des nombres réels

Dans la vie de tous les jours, les nombres réels sont utilisés pour représenter une mesure
tels que : la distance entre deux points, le volume d’un objet, la masse d’un corps, etc. Ces
mesures dépendent du choix d’une unité, par exemple, la distance entre deux positions
est représentée par centimètre, mètre ou kilomètre. Par conséquent, les nombres réels
sont utilisés chaque jour en économie, informatique, mathématique, physique, chimie ou
ingénierie.
Dans ce chapitre, nous allons étudier les nombres réels : leur définition, l’histoire
derrière et certains propriétés dont nous en aurons besoin dans la suite, comme la notion
de maximum, minimum, borne supérieure et inférieure, etc.

1.1 Nombres réels : définition générale et un peu d’histoire


L’ensemble des nombres réels noté R contient les sous ensembles :
— Q : l’ensemble des nombres rationnels. Ce sont ceux qui peuvent s’exprimer sous
a
la forme , où a et b sont deux entiers relatifs, bien évidemment avec b 6= 0 :
b
na o
Q= , a ∈ Z, b ∈ Z∗ .
b
— R\Q : l’ensemble des nombres irrationnels. Un irrationnel est par définition un
nombre réel qui n’est pas rationnel, plus précisément, c’est un nombre qui ne peut
a
pas s’écrire sous la forme d’une fraction , avec a et b sont deux entiers relatifs.
b

1.1.1 Histoire des nombres irrationnels


Les grecs qui connaissaient les nombres rationnels sont les premiers qui ont découvert
le cas où une grandeur n’est pas toujours rationnelle. En fait, ils étaient affligés par la
longueur d de la diagonale d’un carré de côté 1 (voir Fig 1.1). La longueur d telle que
8 Chapitre 1. Ensemble des nombres réels

d 2 = 2 qui ne pouvait pas s’exprimer sous la forme d’une fraction. Ils ont donné quelques
7
approximations comme d = ou autres mais il étaient conscients que c’était qu’une valeur
5
approchée, mais pas exacte. Au quatrième siècle avant J.-C, Aristote a donné les grandes

F IGURE 1.1 – Diagonale d’un carré de côté 1



lignes d’une démonstraton concernant l’irrationalité de d. Par ailleurs, le symbole x a été
utilisé la première fois par le mathématicien Allemand Cristoff Rudolff (1500-1545). Dans
le paragraphe suivant, nous allons présenter quelques exemples de nombres rationnels les
plus connus.

1.1.2 Exemples de nombres irrationnels


1. Soit n ∈ N. Alors,


entier si n est carré parfait,
n est
irrationnel sinon.
√ √ √ √ √
En particulier, 2, 3, 5, 6, 7, . . .
2. Les nombre e et e2 sont irrationnels (démontré par L. Euler en 1737).
3. Le nombre π est irrationnel, de plus l’exponentiel et le logarithme de tout rationnel
non nul est irrationnel (démontrés par J-H Lambert en 1761).
4. Pour a, b ∈ Q∗ et r ∈ R\Q,

alors a + rb est un nombre irrationnel. Par exemple, les
√ 1+ 5
nombres 2 + 3 et 2 sont irrationnels.

Exercice d’entrainement 1 :
Démontrons que les nombres ci-dessous sont des irrationnels :

√ √ √
q q
1+ 5
2, ln(5), , 4 + 2 3 + 4 − 2 3.
2
√ √ a
1. Supposons par l’absurde que 2 est rationnel c’est à dire 2 = , avec a ∈ Z,
b
b ∈ Z∗ et a et b sont premiers entre eux. Alors,
√ a a2
2= ⇐⇒ 2 = 2
b b

⇐⇒ 2b2 = a2 .
Ceci implique que a2 est pair. Maintenant, allons démontrer la proposition suivante :

a2 est pair ⇒ a est un nombre pair. (1.1)


1.1 Nombres réels : définition générale et un peu d’histoire 9

La proposition (1.1) est de la forme p ⇒ q, pour la démontrer on peut utiliser la


contraposition, c’est à dire il suffit de prouver que q̄ ⇒ p̄. En effet, supposons que a
est impair, i.e a = 2m + 1, avec m ∈ Z, donc

a2 = 4m2 + 4m + 1 = 2(2m2 + 2m) + 1,

on en déduit que a2 est impair. Revenons à notre démonstration principale, a2 est


pair donc a est pair i.e a = 2k, avec k ∈ Z, alors

2b2 = 4k2 ⇒ b2 = 2k2

d’après ce qui précède, on a b est pair. a et b sont deux nombres pairs donc ils ne
sont√
pas premiers entre eux, ce qui contredit notre hypothèse de départ. On conclut
que 2 est un nombre irrationnel.
a
2. Supposons par l’absurde que ln(5) est rationnel c’est à dire ln(5) = , avec a ∈ Z,
b
b ∈ Z∗ et a et b sont premiers entre eux. Donc
b ln(5) = a ⇐⇒ b ln(5) = a ln e

⇐⇒ ln(5b ) = ln(ea )

⇐⇒ 5b = ea .
L’unicité de la décomposition entraîne que a = b = 0, ce qui n’est pas compatible
avec notre hypothèse de départ. √
√ 1 + 5 a
3. Supposons par l’absurde que 1+2 5 est rationnel c’est à dire = , avec a ∈ Z,

2 b
b ∈ Z et a,
√b sont premiers entre eux. Donc,
1+ 5 a √
= ⇐⇒ b(1 + 5) = 2a
2 b

⇐⇒ b + b 5 = 2a


⇐⇒ b 5 = 2a − b

√ a
⇐⇒ 5 = 2 − 1 ∈ Q.
b √
d’où la contradiction
√ (essayer de démontrer que 5 est irrationnel de la même façon
que pour 2).
4. On pose
√ √
q q
x = 4 + 2 3 + 4 − 2 3.
D’où,
2
√ √ q √ √
x = 4 + 2 3 + 4 − 2 3 + 2 (4 + 2 3)(4 − 2 3),
il vient q √
x = 8 + 2 16 − (2 3)2 =⇒ x2 = 12.
2

√ √
Ainsi, x = 2 3 ou x = −2 3. Ce qu’il fallait démontrer.
10 Chapitre 1. Ensemble des nombres réels

On peut voir 2 comme une solution de l’équation d’inconnu x suivante

x2 − 2 = 0.

D’une manière générale, soit une équation d’inconnu x de la forme

αn xn + αn−1 xn−1 + · · · + α1 x1 + α0 = 0, (1.2)

où n ∈ N et les coefficients αi ∈ Q ne sont pas tous nuls.


On se pose la question suivante : est ce que tout nombre réel peut être une solution
d’une équation de la forme (1.2) ? La réponse est non. Dans ce contexte, on va présenter la
notion des nombres algébriques et transcendants.

1.1.3 Nombres algébriques, Nombres transcendants


Le mathématicien allemand Leibniz (1646-1716) est le premier qui a remarqué qu’il
existe des nombres réels qui ne peuvent pas être une solution d’une équation de la forme
(1.2). Il les a appelés nombres transcendants.
Definition 1.1.1 Un nombre réel est dit algébrique sur Q si et seulement s’il est
solution d’une équation de la forme (1.2), avec des coefficients dans Q.

 Example 1.1 1. Soit a un nombre rationnel quelconque, alors il est solution de


l’équation
x−a = 0
qui est à coefficients dans Q. On en déduit que tout nombre rationnel est algébrique.
2. 51/3 est un nombre algébrique, car il est solution de l’équation

x3 − 5 = 0.

3. Le nombre 3 + 2 2 est algébrique, car il est solution de l’équation

x2 − 6x + 1 = 0,

1+ 5
il en est de même pour le nombre d’or Φ = qui est solution de l’équation
2
x2 − x − 1 = 0.

Proposition 1.1.1 Soient a et b deux nombres algébriques, alors


— −a est un nombre algébrique.
1
— Si a 6= 0, alors est un nombre algébrique.
a
— La somme et le produit de deux nombres algébriques est un nombre algébrique.
Definition 1.1.2 Un nombre réel est dit transcendant sur Q si et seulement s’il n’est
pas algébrique. Autrement dit, un nombre transcendant sur Q n’est solution d’aucune
équation de la forme (1.2).

 Example 1.2 Ci-dessous quelques nombres transcendants connus :


1.2 Définition axiomatique des nombres réels 11

1. Le nombre e est transcendant. Plus généralement, ea est transcendant pour tout


nombre a algébrique non nul.
2. sin(1) est un nombre transcendant. Plus généralement, sin(a) est transcendant pour
tout nombre a algébrique non nul.
3. π est un nombre transcendant.


Une information importante concerne les nombres transcendants est la suivante :


la somme de deux nombres transcendants n’est pas nécessairement un nombre transcendant.

F IGURE 1.2 – Ensemble des nombres réels

Exercice d’entrainement 2 :
√ √
1. Soit q ∈ Q+ , montrons que q est un nombre algébrique. En fait, q est solution
de l’équation à coefficients dans Q∗ suivante :
√ √
(x − q)(x + q) = 0 ⇐⇒ x2 − q = 0.

On déduit qu’il est un nombre algébrique.


2. Construisons un ensemble des nombres algébriques à partir d’un nombre algébrique
a. D’après les propriétés des nombres algébriques, on sait que si a est nombre
algébrique, alors a + a est aussi algébrique, de même pour a + a + a. Donc, on peut
proposer l’ensemble E défini comme suit

E = {na, n ∈ N}.

1.2 Définition axiomatique des nombres réels


Dans cette partie, nous présentons les axiomes des nombres réels. En fait, sur R on
peut définir deux applications :
+ : R×R → R
(x, y) 7→ x + y
12 Chapitre 1. Ensemble des nombres réels

et
× : R×R → R
(x, y) 7→ x × y.
Nous avons les axiomes suivantes, pour x, y et z des nombres réels quelconques :
1. x + (y + z) = (x + y) + z (l’addition est associative),
2. x + y = y + x, (l’addition est commutative)
3. il existe 0 ∈ R, pour lequel on a pour tout x réel x + 0 = x,
4. pour chaque élément x, il existe −x s’appelle son inverse vérifiant x + (−x) = 0,
5. x × (y × z) = (x × y) × z (le produit est associatif),
6. x × y = y × x, (le produit est commutatif)
7. il existe 1 ∈ R pour lequel on a pour tout x réel 1 × x = x, 
1 1
8. pour chaque élément x 6= 0, il existe satisfaisant à x × = 1,
x x
9. x × (y + z) = x × y + x × z (le produit est distributif sur l’addition).

Exercice d’entrainement 3 :
À partir des axiomes sur R, montrons que x × 0 = 0 pour tout x ∈ R. En utilisant les
axiomes ci-dessous pour des nombres réels x, y et z :


 x + (−x) = 0,




 1 × x = x,

x + 0 = x,








x × (y + z) = x × y + x × z,

il vient que
x × 0 = x × (0 + 0) = x × 0 + x × 0.
Il en résulte,

x × 0 + (−x)0 = x × 0 + x × 0 + (−x)0

= x × 0 + (x + (−x)) × 0

0 = x × 0 + 0,

c’est à dire x × 0 = 0. Ce qui achève la preuve.


Maintenant, nous citons quelques propriétés sur les nombres réels nécessaires pour la
suite. Soient α, β et γ des nombres réels quelconques, alors les trois propriétés suivantes
sont vérifiées :
— α ≤ α,
— si α ≤ β et β ≤ α, alors α = β ,
— si α ≤ β et β ≤ γ, alors α ≤ γ.
De plus, on sait que pour deux nombres réels quelconques a et b, il y’a deux possibilités :
soit a ≤ b ou bien b ≤ a. Ces propriétés sont celles d’une relation d’ordre totale. Dans
1.3 Borne Supérieure, Borne inférieure 13

ce cas, on dit que R est un ensemble ordonné par ≤. Grâce à la relation d’ordre ≤, on
peut parler de la notion de sup et inf d’un ensemble donné. Nous précisons que les mêmes
propriétés resteront valables dans Q.

1.3 Borne Supérieure, Borne inférieure


Definition 1.3.1 Soit A un sous-ensemble de R. Soient M et m deux nombres réels.
On dit que M est un majorant de A dans R si pour tout x ∈ A, on aura x ≤ M.
En revanche, m est dit minorant de A dans R si pour tout x ∈ A, on aura m ≤ x.

D’après cette définition, on peut facilement déduire qu’un majorant ou un minorant d’un
ensemble donné peut ne pas appartenir à ceci. Par ailleurs, un ensemble peut avoir plusieurs
majorants et minorants.

11 √
 Example 1.3 1. Soit A = [−1, 1[, alors les nombres 1, et 3 sont des ma-
√2
11 √
jorants de A, car pour tout x ∈ [−1, 1[, on a x ≤ 1, x ≤ et x ≤ 3. Ensuite,
√ 2
5 √
− et − 2 sont des minorants de A dans R, puisque pour tout x ∈ [−1, 1[, on a
2 √
5 √
x≥− et x ≥ − 2.
2 h √ h h √ h
2. Les nombres −3, 2 sont des minorants de l’intervalle 2, 5 car pour tout x ∈ 2, 5 ,
x ≥ 2 et x ≥ −3.
3. Les ensembles Z, Q et R n’ont ni majorants, ni minorants. En effet, il n’existe pas un
nombre rationnel ou irrationnel qui est plus grand ou plus petit que tous les nombres
de Z, de même pour Q et R.
4. Soit A ⊂ Q défini par n √ o
B= x∈Q : x≤ 2 .

2 est un majorant de B.


Auparavant, nous avons noté que les majorants ou les minorants d’un ensemble s’ils
existent ne sont pas nécessairement uniques. Dans ce contexte, on se pose la question
suivante : est ce que l’ensemble de tous les majorants d’un ensemble A admet un plus petit
élément ? La réponse est oui dans certains cas et non dans d’autres cas.
On peut se poser la même question sur l’existence de plus grand des minorants et la
réponse restera la même : oui dans certains cas et non dans d’autres cas.

R On cherche le plus petit des majorants et non pas le plus grand étant donné que si M
est un majorant de l’ensemble A alors tout M 0 plus grand que M est aussi un majorant
de A. Ainsi il est intéressant de chercher le plus petit élément de l’ensemble des
majorant de A, cet ensemble contient nécessairement l’intervalle [M, +∞[.

Definition 1.3.2 Soit A une partie de R différente de l’ensemble vide.


— Si l’ensemble des majorants de A admet un plus petit élément, alors cet élément
s’appelle borne supérieure de A et on note sup A.
14 Chapitre 1. Ensemble des nombres réels

— Si l’ensemble des minorants de A admet un plus grand élément, alors cet élément
s’appelle borne inférieure de A et on note inf A.
De plus, nous avons l’unicité de sup A et inf A, dans le cas où ils existent.
 Example 1.4 1. Les ensembles Z et Q n’admettent ni borne supérieure, ni borne
inférieure, car nous l’avons déjà précisé ils n’admettent pas de minorants et majorants.
Cependant, inf N = 0.
2. Soient A = ]−1, 1[, B = [−1, 1]. Alors, on a
sup A = sup B = 1 et inf A = inf B = −1.
   
1 ∗ 1 1 1 1
3. Soit l’ensemble A = , n ∈ N = 1, , , , , . . . . Alors,
n 2 3 4 5
sup A = 1 et inf A = 0.
√ √
4. Soit l’ensemble B = x ∈ Q, x2 ≤ 3 = [− 3, 3] ∩ Q. Alors,


√ √
sup B = 3 et inf B = − 3.


R Si on prend l’ensemble A = [0, 1[, alors sup A = 1. Soit η = 1 − 10−10 qui est un
nombre très proche de 1 appartenant à A, de plus on peut trouver un x dans A entre
1 − 10−10 et 1. De même, on peut trouver un y ∈ A compris entre x et 1, ainsi de suite.
Cette propriété est celle de borne supérieure.

Dans les exemples précédents, nous avons donné sup A et inf A sans démonstration mathé-
matique. Le théorème suivant nous offre une définition plus théorique du sup et inf.
Theorem 1.3.1 Soit A une partie non vide de R.
— sup A est l’unique réel tel que

∀ε > 0, ∃ x ∈ A : sup A − ε < x < sup A.

— inf A est l’unique réel tel que

∀ε > 0, ∃ x ∈ A : inf A < x < inf A + ε.

Exercice d’entrainement 4 :
Soit l’ensemble A = [−2, 2[, démontrons que sup A = 2 et inf A = −1. Soit ε > 0
suffisamment petit, est ce qu’il existe x ∈ A tel que
2 − ε < x < 2,
il suffit de prendre x = 2 − ε2 ∈ [−2, 2[. D’autre part, est ce qu’il existe x ∈ A tel que
−2 < x < −2 + ε,
il suffit de choisir x = −2 + ε2 ∈ [−2, 2[. D’où le résultat.
Le théorème suivant nous montre le lien entre la borne supérieure et le plus grand
élément d’un ensemble.
1.4 Fonction de valeur absolue 15
Definition 1.3.3 — Si le sup A existe et appartient à A, on dit que c’est un maximum
de A et on le note max A.
— Si l’inf A existe et appartient à A, on dit que c’est un minimum de A et on le note
min A.
 Example 1.5 1. Soit l’intervalle I =] − 1, 1], alors

max I = sup I = 1.

2. Soit l’ensemble C ⊂ Q défini par

C = {x ∈ Q : ex ≤ 2} .

C’est à dire C est l’ensemble des nombres rationnels tels que leurs exponentielles
soient plus petits que 2. Comme x 7→ ln x est une fonction croissante alors
C = {x ∈ Q : x ≤ ln 2}

= ]−∞, ln 2] ∩ Q.
sup C = ln 2 est irrationnel, donc max C n’existe pas. inf C n’existe pas, alors min C
n’existe pas non plus.


Ici, nous présentons la définition d’un ensemble borné sur R.


Definition 1.3.4 Soit A une partie de R, A est dite bornée si et seulement si

∃ M, m ∈ R, ∀x ∈ A : m ≤ x ≤ M.
Maintenant, nous énonçons les axiomes suivantes
— Axiome 1 : Toute partie non vide majorée de R admet une borne supérieure.
— Axiome 2 : Toute partie non vide minorée de R admet une borne inférieure.
— Axiome 3 : Toute partie non vide bornée de R admet une borne supérieure et une
borne inférieure.

1.4 Fonction de valeur absolue


La valeur absolue d’un nombre x, notée |x| est définie par

x si x ≥ 0
|x| =
−x si x < 0

on peut voir la valeur absolue comme une fonction x 7→ |x|. Elle est aussi définie par
l’expression √
x2 = |x|.
Dans les prochains chapitres, nous aurons besoin des propriétés ci-dessous. Soient a et b
deux nombres réels
— |a| ≥ 0,
— |a| = 0 ⇐⇒ a = 0,
— |ab| = |a||b|,
16 Chapitre 1. Ensemble des nombres réels

F IGURE 1.3 – Représentation graphique de la fonction x 7→ |x|

a |a|
— b 6= 0, = ,

b |b|
n
— |a| = |a |,n

— Inégalité triangulaire
||a| − |b|| ≤ |a − b| ≤ |a| + |b|.

— Soit un réel ς > 0, alors


|a| ≤ ς ⇔ −ς ≤ a ≤ ς .

Exercice d’entrainement 5 :
Soit la fonction f (x) = |x − 3| + |x + 3|.
1. Étudier f , ceci en écrivant f sans la valeur absolue et en faisant une présentation
graphique. En fait,

−x + 3, x ∈] − ∞, 3],
|x − 3| =
x − 3, x ∈ [3, +∞[,

en outre 
−x − 3, x ∈] − ∞, −3],
|x + 3| =
x + 3, x ∈ [−3, +∞[,
il vient donc 
 −2x, x ∈] − ∞, −3],
f (x) = 6, x ∈] − 3, 3[,
2x, x ∈ [3, +∞[.

Pour la présentation graphique voir Fig 1.4.


1.5 Généralités sur la partie entière d’un réel 17

Résoudre sur R l’équation |u − 3| + |u + 3| = 12. Nous utilisons la propriété |a| =


2. √
a2 pour tout réel a. Ceci donne q q
|u − 3| + |u + 3| = 12 ⇐⇒ (u − 3)2 + (u + 3)2 = 12
q
2 2
⇐⇒ (u − 3) + (u + 3) + 2 (u2 − 9)2 = 144
q
2
⇐⇒ 2u + 18 + 2 (u2 − 9)2 = 144
q
⇐⇒ (u2 − 9)2 = 63 − u2

⇐⇒ (u2 − 9)2 = (63 − u2 )2 .


Ainsi, il existe deux solutions u = −6 ou u = 6.
3. En déduire la solution de l’équation
√ √
| x + 2 − 3| + | x + 2 + 3| = 12.

D’après la question précédente, il suffit de chercher x tel que x + 2 = 6 car la
racine est toujours positive. Donc,

x + 2 = 36 ⇒ x = 34.

f y

18

15

12

x
-24 -21 -18 -15 -12 -9 -6 -3 0 3 6 9 12 15 18 21 24 27

F IGURE 1.4 – Représentation graphique de : f (x) = |x − 3| + |x + 3|.

1.5 Généralités sur la partie entière d’un réel


18 Chapitre 1. Ensemble des nombres réels
Definition 1.5.1 Soit x un réel. Il existe un nombre relatif unique n vérifiant

n ≤ x < n + 1.

On appelle n partie entière de x et on note E(x) = n ou [x] = n. En outre,

[x] ≤ x ≤ [x] + 1.

R [x] est le plus grand nombre relatif plus petit que x.


 
3
 Example 1.6 1. = 1 car
2
3
1≤ < 2.
2
2. [π] = 3, en fait
3 ≤ π < 4.
Sauf que, −4 ≤ −π < −3, donc [−π] = −4.


Afin de mieux comprendre la notion de partie entière d’un réel, l’exercice suivant est
proposé.

Exercice d’entrainement 6 :
Allons démontrer que pour tout réel x, on a

[x + 1] = [x] + 1.

Pour ce faire, nous utilisons la définition des parties entières de [x] et [x + 1]

[x] ≤ x ≤ [x] + 1 (1.3)

[x + 1] ≤ x + 1 ≤ [x + 1] + 1 (1.4)

De (1.3) et (1.4), on obtient

[x] + 1 ≤ x + 1 ≤ [x] + 2 =⇒ [x] + 1 ≤ [x + 1]

et
[x + 1] − 1 ≤ x ≤ [x + 1] =⇒ [x + 1] − 1 ≤ [x].
On conclut que [x + 1] = [x] + 1.

Questions de cours :
Regardons si les propositions suivantes sont vraies ou fausses en justifiant les réponses.
1. La somme (respectivement le produit) de deux nombres rationnels est nécessairement
un rationnel.
1.5 Généralités sur la partie entière d’un réel 19

2. La somme (respectivement le produit) de deux nombres irrationnels est forcement


un irrationnel.
3. La somme d’un nombre rationnel et d’un autre irrationnel est un irrationnel.
4. Si α et β sont deux irrationnels, alors α β est un irrationnel.
5. Pour toute fonction f : R → R bornée, l’ensemble

{x ∈ R : f (x) ≤ 1}

admet une borne supérieure sur R.

Solution :
α λ
1. Vraie. En fait, soient ∈ Q et ∈ Q, alors
β µ

α λ αµ +λβ
+ = ∈ Q.
β µ βµ

αλ αλ
= ∈ Q.
βµ βµ
√ √
2. Fausse. Soit le contre exemple 3, − 3 ∈ R \ Q, alors que
√ √
3 − 3 = 0 ∈ Q.
√  √  √
3 × − 3 = − 9 = −3 ∈ Q.
3. Vraie. En fait, si r est un irrationnel, d’après une propriétés présentée dans ce cours,
alors pour tout a, b ∈ Q∗ , ar + b est un irrationnel. Donc, il suffit de prendre a = 1
pour obtenir le résultat.
4. Fausse. Un contre exemple pour α = e ∈ R \ Q et β = ln 3 ∈ R \ Q, on a

α β = eln 3 = 3 ∈ Q.

5. Fausse. Si on considère la fonction f (x) = sin x, alors

∀ x ∈ R : f (x) = sin x ≤ 1.

Par conséquent,
{x ∈ R : f (x) ≤ 1} = R
qui n’admet pas une borne supérieure.
2. Suites sur R

Dans ce chapitre, nous allons étudier les suites réelles et leurs propriétés. En fait, un
ingénieur est sensé connaitre parfaitement les suites étant donné qu’elles sont largement
utilisées dans l’analyse numérique, la modélisation et dans divers domaines. À la fin de
ce chapitre, nous présenterons des exemples de suites utilisées dans la modélisation de
quelques phénomènes biologiques.

2.1 Notions générales des suites réelles


Formellement, on peut définir une suite réelle comme une liste de nombres réels
présentée dans un ordre bien défini :

a0 , a1 , a2 , a3 , . . . , an , . . .

a0 est le terme de la suite qui correspond à n = 0, a1 est le terme pour n = 1 et en général


an est le nième terme. Nous ne traitons que des suites infinies, donc chaque terme an est
forcement suivi par an+1 .
Théoriquement, une suite est définie par une fonction sur l’ensemble N telle que pour
chaque entier naturel n, elle associe une valeur réelle an (voir Fig 2.1, 2.2, 2.3).
Une suite est notée par (an )n∈N ou (an )n≥0 (si u0 est bien définie). Pour la décrire,
deux façons sont possibles :
1. Terme général : c’est à dire par la formule du nième terme. Notons que n ne doit
pas forcément prendre 0 comme première valeur. Regardons les exemples suivants :
n
(a) (an )n≥0 , avec an = ,
n+1
1
(b) (bn )n≥1 , où bn = ,
n 

(c) (cn )n≥0 , tel que cn = sin ,
4
22 Chapitre 2. Suites sur R

1
F IGURE 2.1 – an =
n

a2

a1 a3 a9

a0 a4 a8

a5 a7

a6

 nπ 
F IGURE 2.2 – an = sin
4
2.1 Notions générales des suites réelles 23
an

12

11

10

a9
9

a8
8

a7
7

a6
6

a5
5

a4
4

a3
3
a2
a1
2

n
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

n3 + 1
F IGURE 2.3 – an =
n2

en
dn = √
(d) (dn )n≥4 , avec .
n−3
2. Par récurrence : cette manière de définir une suite ne nécessite pas de connaitre la
formule du terme générale an mais juste une relation de récurrence entre ses termes.
Par exemple, soit la suite de Fibonacci qui est très connue définie comme suit

f1 = f2 = 1
fn = fn−1 + fn−2 , n ≥ 3
c’est à dire chaque terme (à partir du troisième) est la somme des deux termes qui
le précèdent. Cette suite date du 13 ème siècle lorsque le mathématicien italien
Fibonacci a étudié la croissance d’une population des lapins. Un autre exemple

u1 = 1, u2 = 3
√ .
un = un−1 + un−2 , n ≥ 3

1
R Nous remarquons dans la Figure 2.1 que plus n croit an = devient petit. D’autre
n
n3 + 1
part, dans la figure 2.3 que plus n croit an = devient grand. Dans ce contexte,
n2
nous allons donner les définitions des suites croissantes et décroissantes.

Definition 2.1.1 Une suite (an )n est dite croissante lorsque an ≤ an+1 pour tout n, c’est
à dire
a0 ≤ a1 ≤ a2 ≤ a3 ≤ · · · .
Une suite (an )n est dite décroissante si an ≥ an+1 pour tout n, c’est à dire

a0 ≥ a1 ≥ a2 ≥ a3 ≥ · · · .
24 Chapitre 2. Suites sur R

Une suite est dite monotone si elle est soit croissante ou bien décroissante.
3
 Example 2.1 Montrons que la suite (an )n telle que an = est décroissante. Étant
n+7
donné que
3 3
an+1 − an = −
n+8 n+7
−3
= < 0 pour tout n.
(n + 7)(n + 8)

n
 Example 2.2 Soit la suite (an )n avec an = , montrons qu’elle est décroissante.
2
n +1
Comme
n+1 n
an+1 − an = −
(n + 1)2 + 1 n2 + 1
(n + 1)(n2 + 1) − n (n + 1)2 + 1

=
((n + 1)2 + 1) (n2 + 1)
−n2 − n + 1
= <0
((n + 1)2 + 1) (n2 + 1)
vu que pour tout n ≥ 1, on a n2 + n > 1. 

2.2 Convergences des suites réelles


La figure 2.4 montre que les termes de la suite (an )n s’approchent de 1 lorsque n
devient grand. En fait,
1
1 − an =
n+1
peut être rendu aussi petit que l’on veut en choisissant n suffisamment grand, c’est à dire

lim an = 1.
n→∞

D’une manière générale


lim an = l
n→∞
signifie que an tend vers l lorsque n devient grand.
Definition 2.2.1 On dit qu’une suite (an )n admet une limite l, avec l est un nombre réel
et on note
lim an = l
n→∞
lorsque les termes an peuvent être rendus aussi proches de l que l’on veut en prenant n
suffisamment grand.
Si la limite lim an existe on dit que la suite converge ou qu’elle est convergente.
n→∞
Une suite quand elle n’est pas convergente, elle s’appelle divergente.
2.2 Convergences des suites réelles 25
2 an

1
a6 a7 a8
a4 a5
a3
a2

a1

a0 n
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

n
F IGURE 2.4 – an =
n+1

R Si une suite converge, alors certainement sa limite est unique. Donc une suite qui
admet deux limites ou plus est divergente. Par exemple, la suite an = (−1)n possède
−1 et 1 comme limites, elle est divergente.

2.2.1 Quelques exemples des suites convergentes


5n2 5
 Example 2.3 La suite définie par son terme général an = converge vers l =
2
2n + 1 2
(voir Fig 2.5). Vu que,
5n2 5n2 5
lim = lim = .
n→∞ 2n2 + 1 n→∞ 2n2 2


ln n
 Example 2.4 La suite définie par son terme général bn = + 1 converge vers l = 1
n
(voir Fig 2.5). Du moment que
   
ln n ln n
lim + 1 = lim + 1 = 1.
n→∞ n n→∞ n

 Example 2.5 Soit la suite dont le terme général est cn = e−n + 1, elle converge vers
l = 1 (voir Fig 2.5). Comme
  
lim e−n + 1 = lim e−n + 1 = 1.
n→∞ n→∞


26 Chapitre 2. Suites sur R

n
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

5n2 ln n
F IGURE 2.5 – an = 2
, bn = + 1, cn = e−n + 1
2n + 1 n

2.2.2 Quelques exemples de suites divergentes


n2
 Example 2.6 Soit la suite du terme général un = , elle diverge vers ∞ (voir Fig
3n + 1
2.6), car
n2
lim = = ∞.
n→∞ 3n + 1


n
 Example 2.7 Soit la suite dont le terme général est vn = 1 + (−1) . Nous avons deux
valeurs possibles des termes de cette suites :

2, si n est pair
vn =
0, si n est impair
donc cette suite ne s’approche d’aucun élément à l’infini (voir Fig 2.6). Par conséquent,
lim (1 + (−1)n ) n’existe pas. Autrement dit, {vn } est divergente. 
n→∞

 Example 2.8 Soit la suite du terme général wn = n cos(nπ). cos(nπ) oscillent et prend
des valeurs dans l’intervalle [−1, 1] jusqu’à l’infini, donc elle n’admet pas une limite.
Ensuite, lim n = ∞, ce qui donne lim wn = ∞, c’est à dire cette suite diverge vers ∞. Dans
n→∞ n→∞
la fig 2.7, on peut voir que la fonction f (x) = x cos(xπ) tend vers l’infini quand x est grand.


Dans les exemples précédents, le calcul de la limite était évident, mais ce n’est pas
toujours le cas. Parfois, nous avons besoin de faire des estimations et appliquer la règle des
gendarmes ou de Sandwich :
Proposition 2.2.1 Soient (an )n , (bn )n et (cn )n des suites réelles, si pour tout n ∈ N on
avons
an ≤ bn ≤ cn
et
lim an = lim cn = l,
n→+∞ n→+∞
2.2 Convergences des suites réelles 27

n
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

n2
F IGURE 2.6 – Exemples de suites divergentes : un = et vn = 1 + (−1)n
3n + 1

15

10

x
0
f 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16

-5

-10

-15

F IGURE 2.7 – Présentation graphique de f (x) = x cos(xπ)


28 Chapitre 2. Suites sur R

alors certainement
lim bn = l.
n→+∞
 Example 2.9 Allons regarder la convergence de (un )n tel que
√ √ √ √
[ 2] + [2 2] + [3 2] + · · · + [n 2]
un = .
n2
D’après la définition de partie entière on a
√ √ √ √ √ √ √ √ √ n(n + 1)
[ 2] + [2 2] + [3 2] + · · · + [n 2] ≤ 2 + 2 2 + 3 2 + · · · + n 2 = 2 .
2
En revanche,
√ √ √ √ √ √ √ √ √ n(n + 1)
[ 2]+[2 2]+[3 2]+· · ·+[n 2] ≥ 2−1+2 2−1+3 2−1+· · ·+n 2−1 = 2 −n.
2
Par conséquent,
√ n(n + 1) 1 √ n(n + 1)
2 2
− ≤ un ≤ 2 .
2n n 2n2
Enfin, en appliquant la règle des gendarmes on conclut que

2
lim un = .
n→+∞ 2


La définition que nous avons présenter sur la convergence n’est pas précise. Maintenant,
nous présentons une définition plus théorique.
Definition 2.2.2 Soit (an )n une suite réelle, on dit que (an )n converge vers l et on note

lim an = l
n→+∞

si pour tout ε > 0, il existe un nombre N(ε) ∈ N associé à ε > 0 satisfaisant

∀ n ≥ N(ε) : |an − l| < ε.

En symboles mathématiques la convergence est équivalente à

∀ ε > 0, ∃ N(ε) ∈ N, ∀ n ≥ N(ε) : |an − l| < ε. (2.1)

Cette définition veut dire que (an )n est convergente vers l si on peut rendre la différence
|an − l| aussi petite que l’on veut pour n suffisamment grand.
1
 Example 2.10 Montrons que lim = 0. En effet, soit ε > 0, alors
n→+∞ n

1
< ε ⇐⇒ n > 1 ,
n ε
 
1
donc il suffit de choisir N(ε) = + 1, dans ce cas on a
ε
 
1
∀ ε > 0, ∃ N(ε) = + 1 ∈ N, ∀ n ≥ N(ε) : |un − 0| < ε.
ε

2.2 Convergences des suites réelles 29

Maintenant, si on veut montrer que lim an = ∞, on utilise la définition suivante :


n→+∞

Definition 2.2.3 Soit (an )n une suite réelle, on dit que

lim an = ∞
n→+∞

si pour tout réel M > 0, il existe un nombre correspondant N ∈ N tel que

∀ n ≥ N : |an | > M.

En symboles mathématiques la divergence vers l’infini est équivalente à

∀ M > 0, ∃ N ∈ N, ∀ n ≥ N : |an | > M. (2.2)

 Example 2.11 Démontrons que lim n2 = +∞. En fait, soit M > 0, alors
n→+∞

|n2 | > M ⇐⇒ n > M,
h√ i
donc il suffit de choisir N = M + 1 ce qui implique que
h√ i
∀ M > 0, ∃ N = M + 1 ∈ N, ∀ n ≥ N : |n2 | > M.

2.2.3 Propriétés des suites convergentes


Dans le tableau suivant, nous présentons quelques lois des limites de suites conver-
gentes. Soient (αn )n et (βn )n des suites convergentes et c une constante réelle.

Opération Limite
Somme lim (αn + βn ) = lim αn + lim βn
n→∞ n→∞ n→∞
Différence lim (αn − βn ) = lim αn − lim βn
n→∞ n→∞ n→∞
Multiplication par une constante lim (cαn ) = c lim αn
n→∞ n→∞
  
Produit lim (αn βn ) = lim αn lim βn
n→∞ n→∞ n→∞
αn n→∞ lim α n
Quotient lim = , si lim βn 6= 0
n→∞ βn lim βn n→∞
n→∞ p
Puissance lim αnp = lim αn , an > 0 et p > 0
n→∞ n→∞
Valeur absolue lim |αn | = 0 ⇔ lim αn = 0
n→∞ n→∞  
f continue en l lim αn = l ⇒ lim f (αn ) = f lim αn = f (l)
n→∞ n→∞ n→∞

Tableau 1 : Lois des limites pour les suites convergentes

La dernière propriété assure que si on applique une fonction continue à une suite conver-
gente, la suite qui résulte est aussi convergente.
30 Chapitre 2. Suites sur R

 Example 2.12 Soit la suite (an )n , avec


 15
cos2 n

an = + 32 .
n3
En utilisant la propriété de puissance (voir Tableau 2.2.3) pour
cos2 n
bn = + 32 > 0
n3
1
et p = > 0, on obtient
5
 2  15   2  15
cos n cos n
lim 3
+ 32 = lim 3
+ 32 = (32)1/5 = 2.
n→∞ n n→∞ n


(−1)n n
 Example 2.13 Calculons la limite lim si elle existe.
n→∞ n3 + 2
(−1)n n

lim 3
= lim n = 0.
n→∞ n + 2 n→∞ n3 + 2

Par conséquent, en raison de la propriété de la valeur absolue (voir Tableau 2.2.3),


(−1)n n
lim = 0.
n→∞ n3 + 2


 Example 2.14 Soit la suite (an )n tel que


 
2nπ
an = tan .
12n + 1
Notons,
2nπ
bn = ,
12n + 1
alors
π
lim bn =
.
n→∞ 6
π
Comme la fonction tan x est continue au point , on applique la propriété de continuité
6
(Voir Tableau 2.2.3), on obtient

2nπ
 π  √
lim tan = tan = 3.
n→∞ 12n + 1 6


R La somme de deux suites divergentes n’est pas forcément divergente, comme par
exemple les suites an = n et bn = 2 − n qui divergent or leur somme converge.
Néanmoins, la somme de deux suites l’une convergente et l’autre divergente diverge.
Ceci parait très logique et ne nécessite pas une démonstration.
2.2 Convergences des suites réelles 31

2.2.4 Suites bornées sur R


Les suites réelles bornées ont des propriétés spéciales que nous allons découvrir dans
cette section.
Definition 2.2.4 Une suite (an )n est bornée supérieurement (majorée) s’il existe un
nombre réel M tel que
an ≤ M pour tout n.
D’autre part, elle est dite bornée inférieurement (minorée) s’il existe un nombre réel
m tel que
an ≥ m pour tout n.
Si elle est majorée et minorée, alors (an )n est bornée.

 Example 2.15 La suite du terme général an = en est minorée mais pas majorée, car

en ≥ 0 et lim en = +∞.
n→+∞

Néanmoins, la suite du terme général bn = −en est majorée par −1 mais pas minorée. 
 n
1
 Example 2.16 Les suites définies par les termes an = sin n et bn = 1 − sont
2
bornées, puisque
 n
1
−1 ≤ sin n ≤ 1 et 0 ≤ 1 − ≤ 1, pour tout n.
2


Une suite quand elle est bornée, elle n’est pas nécessairement convergente, par exemple
la suite du terme général an = (−1)n elle satisfait −1 ≤ an ≤ 1 mais elle est divergente.
D’autre part, une suite monotone n’est pas nécessairement convergente comme an = 2n
qui est croissante mais divergente. Néanmoins, une suite lorsque elle est à la fois crois-
sante et majorée elle est forcement convergente ; on peut accepter ceci logiquement sans
n
démonstration, par exemple dans Fig 2.3 la suite an = est majorée et elle croît, donc
n+1
ses termes vont automatiquement s’approcher d’un nombre réel fixe. De même, toute suite
décroissante et minorée est convergente.
Theorem 2.2.2 — Une suite réelle lorsqu’elle est croissante et majorée est certaine-
ment convergente.
— En revanche, Une suite quand elle est décroissante et minorée est forcement
convergente.

Exercice d’entrainement 1 :
Soit la suite dont le terme général est
1 1 1
an = 1 + + + · · · + − ln(n)
2 3 n
1. Montrons que pour tout n
1 1 1
ln(n + 1) ≤ 1 + + + · · · + ≤ ln(n) + 1.
2 3 n
32 Chapitre 2. Suites sur R

pour n = 1 on a
ln(2) ≤ 1 ≤ ln(1) + 1
donc c’est vraie. Supposons par récurrence que
1 1 1
ln(n + 1) ≤ 1 + + + · · · + ≤ ln(n) + 1
2 3 n
et vérifions que
1 1 1 1
ln(n + 2) ≤ 1 + + + · · · + + ≤ ln(n + 1) + 1.
2 3 n n+1
L’hypothèse de la récurrence donne
1 1 1 1 1 1
ln(n + 1) + ≤ 1+ + +···+ + ≤ ln(n) + 1 + .
n+1 2 3 n n+1 n+1
D’après les Fig 2.8 et Fig 2.9 on peut voir clairement que

f (x) ≥ g(x)

et
h(x) ≤ m(x)
pour tout x réel. D’où le résultat.
2. Montrons que (an )n est une suite décroissante et positive. Pour ce faire, calculons
an+1 − an :
1
an+1 − an = − ln(n + 1) + ln(n) ≤ 0
n+1
on peut voir facilement que la fonction
1
x 7→ − ln(x + 1) + ln(x)
x+1
est négative (voir Fig 2.10). De plus, d’après la question précédente il vient

an ≤ ln(n + 1) − ln(n) ≤ 0.

3. Conclure. Comme (an )n est décroissante et minorée, alors elle est convergente.
Dans ce qui suit nous présentons la notion d’une suite de Cauchy. Augustin Louis Cau-
chy (1789-1857) est un mathématicien français, un académicien et professeur à l’école
polytechnique de Paris. Ce mathématicien a vu les suites convergentes sur R d’une façon
différente et intéressante :
Definition 2.2.5 Une suite réelle (an )n est dite de Cauchy si et seulement si

∀ ε > 0, ∃ N ∈ N, ∀ p, q ≥ N : |u p − uq | < ε. (2.3)

Un théorème s’impose directement après cette définition qui dit qu’une suite convergente
est nécessairement une suite de Cauchy et vice-versa.
2.2 Convergences des suites réelles 33

1
F IGURE 2.8 – Présentation graphique des fonctions f (x) = ln(x + 1) + x+1 et g(x) =
ln(x + 2)

1
F IGURE 2.9 – Présentation graphique des fonctions h(x) = ln(x) + 1 + x+1 et m(x) =
ln(x + 1) + 1
34 Chapitre 2. Suites sur R

1
F IGURE 2.10 – Présentation graphique de la fonction x 7→ x+1 − ln(x + 1) + ln(x)

Theorem 2.2.3 Une suite (an )n réelle converge si et seulement si elle est de Cauchy.

Généralement dans la pratique ce théorème est utilisé pour démontrer qu’une suite n’est
pas convergente, alors tout simplement il suffit de démontrer qu’elle n’est pas de Cauchy.
 Example 2.17 Montrons que la suite suivante n’est pas convergente
1 1 1
an = 1 + √ + √ + · · · + √ .
2 3 n
Montrons qu’elle n’est pas de Cauchy. Soit ε > 0, pour p = n et q = 2n on a
   
1 1 1 1 1 1 1 1
|a p − aq | = 1 + √ + √ + · · · + √ − 1 + √ + √ + · · · + √ + √ +···+ √
2 3 n 2 3 n n+1 2n
1 1 1
= √ +√ +···+ √
n+1 n+2 2n

1 1 1 n 1
≥ √ + √ +···+ √ = √ ≥ √ .
2n 2n 2n 2 2
Cela implique que si on choisit ε = 1/3, nous allons pas trouver N ∈ N pour lequel on a
pour tout p et q plus grand que N : |u p − uq | < 1/3. Ce qui achève la démonstration. 

2.2.5 Sous-suites
(−1)n 1
Soit (an )n une suite du terme général an = √ . Si n est pair, alors an = √ , sinon
n n
−1
si n est impair, on aura an = √ . Plus précisément,
n
 1

 a2n = √ ,

 2n

 1
 u2n+1 = √
 .
2n + 1
2.2 Convergences des suites réelles 35

Considérons deux applications σ : N → N et ρ : N → N, avec

σ (n) = 2n, ρ(n) = 2n + 1.

Ces deux applications sont strictement croissantes. En fait,

σ (n + 1) = 2(n + 1)
> 2n = σ (n).

De plus,

ρ(n + 1) = 2(n + 1) + 1
= 2n + 1 + 2 = ρ(n) + 2
> ρ(n).

On note par αn = uσ (n) et βn = uρ(n) , alors (αn )n et (βn )n sont appelées sous-suites de

un

n
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14

-1

1 −1
F IGURE 2.11 – Sous-Suites : u2n = √ et u2n+1 = √
2n 2n + 1

(an )n .
Definition 2.2.6 Soit (an )n une suite et σ : N → N une application strictement crois-
sante. La suite du terme général αn = aσ (n) est dite sous-suite de (an )n .

Soit la question suivante : une sous-suite d’une suite divergente pourrait être convergente ?
La réponse est oui. Justement quand une suite est divergente, on regarde la possibilité
d’existence de sous-suites convergentes telles que leurs limites s’appellent valeurs d’adhé-
rence.
1  nπ 
Par exemple, la suite définie par un = 2 + sin est divergente, car la limite
n  2
1  nπ
n’existe pas. En effet, 2 tend vers 0 et sin n’admet pas de limite. Maintenant, on
n 2
36 Chapitre 2. Suites sur R

va chercher les valeurs d’adhérence de cette suite, dans le cas où elles existent. Les sept
premières valeurs de (un )n sont (voir le graphe dans Fig 2.12)

u0 = 0, u1 = 1, u2 = 0, u3 = −1, u4 = 0, u5 = 1, u6 = 0, u7 = −1.
1
Donc, on remarque que pour les indices pairs u2n = et pour ceux qui sont impairs,
4n2
f(x)

x
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20

-1

 xπ 
F IGURE 2.12 – Présentation graphique de f (x) = sin
2
1
on a u2n+1 = + (−1)n . Le cas des indices impairs est aussi divisé en deux cas
(2n + 1)2
possibles  1
 + 1 si n = 2k,
 (2n + 1)2


u2n+1 =

 1

 − 1 si n = 2k + 1.
(2n + 1)2
En remplaçant n par 2k et 2k + 1, on obtient
1 1
u4k+1 = + 1, u4k+3 = − 1.
(4k + 1)2 (4k + 3)2
Enfin, on considère les trois applications σ1 : N → N, σ2 : N → N et σ3 : N → N, telles
que
σ1 (n) = 2n, σ2 (n) = 4n + 1, σ3 (n) = 4n + 3.
Enfin, les valeurs d’adhérence de (un )n sont

{−1, 0, 1}.

Dans la notion des sous-suites, il existe un résultat important présenté dans le théorème
suivant.
2.2 Convergences des suites réelles 37

Theorem 2.2.4 Soit (an )n une suite réelle. Soit l ∈ R, alors lim un = l si et seulement
n→∞
si toute suite extraite de (an )n converge vers l.

On sait que si p et q sont des propositions mathématiques, on a

(p ⇔ q) ⇔ ( p̄ ⇔ q̄).

D’après la théorème précédent, on peut déduire que si une suite admet au moins deux
sous-suites convergentes vers deux limites différentes, alors cette suite est divergente.
 Example 2.18 Soit la suite (an )n tel que

(−1)n 2n3
an = .
n3 + 2n2 + 1

2n3
On remarque que pour les n pairs an = sont positifs et ils sont représentés
n3 + 2n2 + 1
2n3
dans Fig 2.13 en couleur rouge. Pour les n impairs an = − 3 sont négatifs et ils
n + 2n2 + 1
sont présentés en couleur verte dans Fig 2.13. Ainsi, considérons les sous-suites :

2(2n)3 16n3
un = a2n = = ⇒ lim un = 2
(2n)3 + 2(2n)2 + 1 8n3 + 8n + 1 n→∞

et
2(2n + 3)3
vn = a2n+1 = − ⇒ lim vn = −2.
(2n + 3)3 + 2(2n + 3)2 + 1 n→∞

Donc, nous avons deux sous suites (un )n et (vn )n extraites de la suite (an )n qui convergent
vers deux valeurs différentes. D’après le théorème précédent, la suite (an )n est divergente.


Maintenant, on va énoncer un théorème utile sur les sous-suites de Bolzano-Weierstrass


(1830) qui dit que dans le cas d’une suite bornée, on peut toujours en extraire une sous-suite
convergente.
Theorem 2.2.5 D’une suite de nombres réels, on peut toujours en extraire une sous-suite
qui converge.

 Example 2.19 La suite du terme générale

n2 cos n
an =
n2 + 1
est divergente comme
n2
lim =1
n→∞ n2 + 1

x2 cos πx
et lim cos πn n’existe pas. Graphiquement, on peut tracer la fonction f (x) =
n→∞ x2 + 1
pour apercevoir le comportement de la suite (an )n , pour les n grands (voir Fig 2.14).
38 Chapitre 2. Suites sur R
an

n
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14

-1

-2

(−1)n 2n3
F IGURE 2.13 – Suite an =
n3 + 2n2 + 1

On peut vérifier facilement que pour tout n ∈ N,

−1 ≤ an ≤ 1.

Donc, cette suite est bornée. Grâce au théorème de Bolzano-Weierstrass, on est sûr de
l’existence d’une sous-suite convergente de (an )n . Considérons par exemple l’application
ρ : N → N, tel que ρ(n) = 2n qui est strictement croissante. Par conséquent,

(2n)2 cos (2πn) 4n2


un = aρ(n) = = ⇒ lim un = 1.
(2n)2 + 1 4n2 + 1 n→∞

f(x)
1

x
o 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22

-1

x2 cos πx
F IGURE 2.14 – Présentation graphique de f (x) =
x2 + 1
2.2 Convergences des suites réelles 39

2.2.6 Suites adjacentes


Soient deux suites réelles (an )n et (bn )n , on dit qu’elles sont adjacentes si les deux
conditions suivantes sont satisfaites
— l’une des deux suites est croissante et l’autre est décroissante,
— la suite an − bn converge vers 0.
 Example 2.20 Soient les suites définies pour tout n ∈ N∗ par

n n 1
an = , bn = + .
3(n + 3) 3(n + 3) n
D’une part, on a
 
1 n+1 n 1
an+1 − an = − = > 0.
3 n+4 n+3 (n + 3)(n + 4)

Ce qui implique que (an )n est croissante. D’autre part,


   
n+1 1 n 1
bn+1 − bn = + − +
3(n + 4) n + 1 3(n + 3) n
1 1
= −
(n + 3)(n + 4) n(n + 1)
−6n + 7
= < 0.
n(n + 1)(n + 3)(n + 4)
donc, (bn )n est décroissante. Enfin,
−1
lim (an − bn ) = lim = 0.
n→∞ n→∞ n

En conclusion, les suites (an )n et (bn )n sont adjacentes. 

Exercice d’entrainement 2 :
Soient les suites
1 1 1 1
un = 1 + + +···+ , vn = e + .
2! 3! n! n!
1. Montrons que (un)n est croissante et que (vn )n est décroissante.
  Du moment que 
1 1 1 1 1 1 1
un+1 − un = 1+ + +···+ + − 1+ + +···+
2! 3! n! (n + 1)! 2! 3! n!
1
= >0
(n + 1)!
et    
1 1
vn+1 − vn = e+ − e+
(n + 1)! n!
n
= − < 0.
(n + 1)!
40 Chapitre 2. Suites sur R

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20

F IGURE 2.15 – Suites adjacentes (an )n et (bn )n

2. Si on sait que
 
1 1 1
lim 1 + + + · · · + = e,
n→+∞ 2! 3! n!
déterminons la limite de lim (un − vn ). On a
n→+∞  
1 1 1 1
lim (un − vn ) = lim 1 + + + · · · + − e −
n→+∞ n→+∞ 2! 3! n! n!
   
1 1 1 1
= lim 1 + + + · · · + − lim e +
n→+∞ 2! 3! n! n→+∞ n!

= e − e = 0.
On en déduit que les suites (un )n et (vn )n sont adjacentes.

2.3 Suites récurrentes


Dans cette partie, on s’intéresse à l’étude des suites récurrentes de la forme

un+1 = f (un ),
(2.4)
u0 ou u1 est le premier terme

où f est une fonction continue sur D ⊂ R et u0 ∈ D. Étant donné que l’étudiant préfère
toujours la pratique, alors la meilleure façon de présenter les suites récurrentes est de
le faire à travers des exemples, ici, nous avons choisi certains qui apparaissent dans la
biologie.
 Example 2.21 Soit une population de bactéries qui se reproduisent suivant la suite
2.3 Suites récurrentes 41

récurrente :

1
 bn+1 = 4 bn (1 − bn ), n ∈ N



(2.5)

 1
 b0 =

2
bn est la concentration des bactéries après n jours. Allons étudier cette suite.
1. Montrons que pour tout n ∈ N, bn ≤ 1. Tout d’abord on a b0 ≤ 1 supposons que
bn ≤ 1 et montrons que bn+1 ≤ 1 :
1
bn+1 = bn (1 − bn )
4
1 1
= bn − b2n
4 4
1
≤ bn ≤ 1.
4
2. Maintenant, vérifions que pour tout n ∈ N, bn ≥ 0. C’est vraie pour n = 0. Supposons
que bn ≥ 0 et montrons bn+1 ≥ 0. Comme bn ≤ 1, alors
1
bn+1 = bn (1 − bn ) ≥ 0.
4
3. Allons établir que pour tout n ∈ N on a
3
|bn+1 − bn | ≤ |bn − bn−1 |.
4
En effet,
1 1
|bn+1 − bn | = bn (1 − bn ) − bn−1 (1 − bn−1 )
4 4

1 1 2 2

= (bn − bn−1 ) − (bn − bn−1 )
4 4

1 1
= (bn − bn−1 ) − (bn − bn−1 )(bn + bn−1 )

4 4
1 1
≤ |bn − bn−1 | + |bn − bn−1 ||bn + bn−1 |
4 4
1 1
≤ |bn − bn−1 | + (|bn | + |bn−1 |) |bn − bn−1 |
4 4
 
1 1
≤ + |bn − bn−1 |.
4 2
D’où le résultat désiré.
4. A partir de ce qui précède, montrons que (bn )n est une suite de Cauchy. On peut
vérifier facilement grâce à la question précédente que pour tout n ∈ N, on a
 n
3
|bn+1 − bn | ≤ |b1 − b0 |.
4
42 Chapitre 2. Suites sur R

Soient ε > 0, p = n + m et q = n pour n et m des naturels arbitrairement fixés. Alors


|b p − bq | = |bn+m − bn |

= |bn+m − bn+m−1 + bn+m−1 − bn+m−2 + bn+m−2 − bn+m−3 + · · · + bn+1 − bn |

≤ |bn+m − bn+m−1 | + |bn+m−1 − bn+m−2 | + |bn+m−2 − bn+m−3 | + · · · + |bn+1 − bn |

 n+m−1  n+m−2  n
3 3 3
≤ |b1 − b0 | + |b1 − b0 | + · · · + |b1 − b0 |
4 4 4
 2n−1  2n−2  n
3 3 3
≤ |b1 − b0 | + |b1 − b0 | + · · · + |b1 − b0 |, car 3/4 < 1
4 4 4
 n  2  m !
3 3 3 3
≤ 1+ + +···+ |b1 − b0 |
4 4 4 4
 n m+1
3 1 − 34
≤ 2
4 1 − 34
 n
3
≤ 8 ,
4
alors pour
 εsuffisamment petit
 iln vient
n
3 3 ε
8 < ε ⇐⇒ <
4 4 8
 
3 ε 
⇐⇒ n ln < ln
4 8

ln ε8
⇐⇒ n > .
ln 34
Ainsi, il suffirait de prendre
" #
ln ε8 3 ε
N= 3
 + 1, car < 1, < 1.
ln 4 4 8

Ce qui fallait démontrer.


5. Allons déterminer la limite de (bn )n . Puisque (bn )n est une suite de Cauchy, alors
forcement elle est convergente et elle admet une unique limite qu’on note ici η, donc

1 1
lim bn+1 = lim bn (1 − bn ) ⇐⇒ η = η(1 − η)
n→+∞ n→+∞ 4 4
Par conséquent, il existe deux possibilités soit η = 0 ou bien η = −3. Puisque
0 ≤ bn ≤ 1, alors
lim bn = 0.
n→+∞

2.3 Suites récurrentes 43

 Example 2.22 Cet exemple représente la modélisation d’un problème en écologie. Plus
précisément, on s’intéresse à modéliser l’aquaculture de saumon. La Norvège est le plus
grand pays productif du saumon atlantique. Ce type de poisson a une phase en eau douce
et une autre en eau de mer durant son cycle de vie. L’aquaculture se fait dans des bassins
comme dans Fig 2.16. On souhaite élever des poissons dans un bassin. Sachant que leur

F IGURE 2.16 – Aquaculture du saumons norvégien

nombre initial est p0 = 100, nous calculons l’évolution de la population des poissons
chaque jour. Mathématiquement, on peut modéliser ceci en utilisant la suite récurrente :

bpn
pn+1 = ,

a + pn
 p = 100
0

Où pn représente la taille de la population des poissons après n jours. a et b sont des


constantes strictement positives qui dépendent de l’environnement et les espèces de pois-
sons. On suppose que a < b.
bx
1. Soit la fonction h(x) = , alors son domaine de définition est D = R \ {−2}.
a+x
Montrons qu’elle est croissante. La dérivée de h est donnée par
ab
h0 (x) = >0 sur D.
(x + a2 )
2. Étudions la monotonie de (pn )n . Puisque h est croissante la différence p1 − p0
détermine la nature de suite (croissante ou décroissante). En fait,
— si p1 − p0 ≥ 0, alors supposons par récurrence que pn − pn−1 ≥ 0 et montrons
que pn+1 − pn ≥ 0. On a
pn+1 − pn = h(pn ) − h(pn−1 ) ≥ 0
du moment que h est croissante et pn ≥ pn−1 .
— si p1 − p0 ≤ 0, alors supposons par récurrence que pn − pn−1 ≤ 0 et montrons
que pn+1 − pn ≤ 0. On a
pn+1 − pn = h(pn ) − h(pn−1 ) ≤ 0
car h est croissante et pn ≤ pn−1 .
44 Chapitre 2. Suites sur R

Dans notre cas, on a


100b 100(b − a) − 10000 100
p1 − p0 = − 100 = = (b − a − 100).
100 + a 100 + a 100 + a
Il en résulte deux cas :
— Si b − a ≥ 100 : (pn )n est croissante, c’est à dire la production du poisson
augmente.
— Sinon si b − a < 100 : (pn )n est décroissante i.e la production du poisson
diminue.
3. Déterminons dans les deux cas précédents la limite de (pn )n . On résout l’équation
h(η) = η :
h(η) = l ⇐⇒ η 2 − (b − a)η = 0.
Il existe deux solutions de cette équation : η1 = 0 et η2 = b − a. Cela implique que
si (pn )n converge, sa limite est nécessairement 0 ou bien b − a. Si b − a ≥ 100, on
peut montrer par récurrence que pour tout n, pn ≤ b − a. Par ailleurs, si b − a < 100,
on peut montrer par récurrence que pour tout n, pn ≥ 0. On conclut que
— Si b − a ≥ 100, alors (pn )n est croissante majorée donc convergente et sa limite
est
lim pn = b − a.
n→∞
— Si (b − a ≤ 100), alors (pn )n est décroissante minorée donc convergente et sa
limite est
lim pn = 0.
n→∞
Comme travail personnel, afin de fixer plus les idées, l’étudiant est vivement invité de
refaire l’exemple précédent pour a ≥ b. 

On termine le chapitre par un schéma explicatif voir la Fig 2.17.

F IGURE 2.17 – Suites réelles convergentes


3. Fonctions d’une variable réelle

Dans ce chapitre, nous allons étudier les fonctions, leurs présentations graphiques, des
façons de les transformer et de les composer. Nous abordons la notion de limite d’une
fonction en un point ou à l’infini. Cette notion est employée pour regarder la continuité et
la dérivabilité d’une fonction en un point.

3.1 Généralités
Une fonction réelle f est une règle qui associe à chaque élément x d’un ensemble
E ⊂ R au plus un élément, noté f (x), d’un ensemble F ⊂ R

f : E → F.

On dit que f (x) est l’image de x par la fonction f . L’ensemble des x appartenant à E pour
lesquels il existe une image f (x) est dit domaine de définition de f et on note D f .
Une fonction peut être présentée par deux façons :
— Numériquement : en présentant un tableau de valeurs.
— Algébriquement : en la définissant par une formule explicite, par exemple

f :R → R
2x3
x 7→ f (x) =
x2 − 9
le domaine de définition de f est l’ensemble des x ∈ R pour lesquels f (x) est bien
définie, c’est à dire le dénominateur est non nul

x2 − 9 6= 0 ⇐⇒ (x 6= 3 et x 6= −3)

donc, D f = R \ {−3, 3}.


46 Chapitre 3. Fonctions d’une variable réelle

Une fonction est visualisée par son graphique. Le graphe de f définie sur D f est l’ensemble
des couples :
{(x, f (x)), x ∈ D f }.
Par exemple, Fig 3.1 représente le graphe de la fonction f définie ci-dessus.

2x3
F IGURE 3.1 – Graphique de f (x) =
x2 − 9

Fonctions définies par morceaux


Les fonctions définies par morceaux sont celles qui sont définies par différentes for-
mules selon des parties de son domaine de définition.
 Example 3.1 Soit la fonction f définie par
 1
 8 − x3 si x ≤ 2
f (x) = .
 √ 2
x + 1 si x>2


La valeur absolue est aussi un exemple d’une fonction définie par morceaux, la partie
entière aussi.

Fonctions paires, Fonctions impaires


Une fonction f , de domaine de définition D f , satisfait
1. ∀ x ∈ D f , alors −x ∈ D f aussi,
3.1 Généralités 47

2. ∀ x ∈ D f : f (−x) = f (x).
s’appelle paire, son graphe est symétrique par rapport à l’axe OY (voir la fonction en
couleur verte dans la Fig 3.2).
En revanche, une fonction f , de domaine de définition D f , vérifiant
1. ∀ x ∈ D f , alors −x ∈ D f aussi,
2. ∀ x ∈ D f : f (−x) = − f (x).
est dite impaire, son graphe est symétrique par rapport à (0, 0) (voir la fonction en couleur
rouge dans Fig 3.2).

-1

-2

-3

-4

-5

-6

F IGURE 3.2 – Graphique d’une fonction paire et d’autre impaire

2
ex
 Example 3.2 Soit f (x) = , elle est paire sur R car
x4 + 1
2
e(−x) x2
f (−x) = = = f (x).
(−x)4 + 1 x4 + 1


x2 cos x
 Example 3.3 g(x) = , elle est paire sur R car
sin2 x + 1
(−x)2 cos(−x) x2 cos x
g(−x) = = = g(x).
sin2 (−x) + 1 sin2 x + 1

x
 Example 3.4 Soit h(x) = √ , elle est impaire sur R car
x2 + 3
(−x) x
h(−x) = p = −√ = −h(x).
(−x)2 + 3 x2 + 3

48 Chapitre 3. Fonctions d’une variable réelle

 Example 3.5 m(x) = x|x| est impaire sur R car

m(−x) = (−x)| − x| = −x|x| = −m(x).

Néanmoins, certaines fonctions ne sont ni paires ni impaires, comme par exemple

x+1
i(x) = ,
x2 + 1

en fait
(−x) + 1 −x + 1
i(−x) = =
(−x)2 + 1 x2 + 1
qui est différente de i(x) et de −i(x) sur R.

Fonctions bornées
Une fonction f est dite majorée quand il existe un M ∈ R pour lequel f satisfait à

f (x) ≤ M, pour tout x ∈ D f .

En revanche, la fonction f est dite minorée lorsqu’il existe un m ∈ R vérifiant

f (x) ≥ m, pour tout x ∈ D f .

Une fonction qui est à la fois majorée et minorée est dite bornée. Autrement dit, une
fonction est bornée s’il existe un nombre réel K > 0 vérifiant

| f (x)| ≤ K

pour chaque x ∈ D f .
2
 Example 3.6 La fonction f (x) = 2 est bornée car
x +1

2
0≤ ≤ 2, ∀ x ∈ R.
x2 + 1


 Example 3.7 Les fonctions g(x) = sin x et h(x) = cos x sont bornées puisque

−1 ≤ sin x ≤ 1 et − 1 ≤ cos x ≤ 1, ∀ x ∈ R.

 Example 3.8 La fonction x 7→ ln x n’est pas bornée, car quand x s’approche de 0, ln x


tend vers −∞, de plus pour x assez grand ln x tend vers l’infini ; ce qui implique qu’elle
n’est ni majorée ni minorée. 
3.1 Généralités 49

Fonctions périodiques
Une fonction réelle f est dite périodique s’il existe un réel T > 0 pour lequel nous
avons ces deux points
1. pour chaque x ∈ R, 
x ∈ Df ⇒ x+T ∈ Df
2. et pour tout x ∈ D f ,
f (x + T ) = f (x).
Si T est le plus petit nombre vérifiant ces conditions, alors on dit que f est T -périodique.
 Example 3.9 Regardons si la fonction
x 7→ f (x) = cos (3x + 7)
est périodique. Le domaine de définition de f est R. Cherchons T > 0 pour lequel on a
cos (3(x + T ) + 7) = cos (3x + 7),
en fait
cos (3(x + T ) + 7) = cos (3x + 7) ⇐⇒ cos (3x + 3T + 7) = cos (3x + 7)

⇐⇒ cos (3x + 7 + 3T ) = cos (3x + 7)

⇐⇒ 3x + 7 + 3T = 3x + 7 + 2kπ, k∈Z

2kπ
=⇒ 3T = 2kπ ⇒ T = .
3
La période d’une fonction est la plus petite valeur strictement positive. Donc, la période

est T = . 
3
 Example 3.10 On regarde si
 
3 3π
x 7→ g(x) = sin √ x
2
est une fonction périodique. Le domaine de définition de g est R. Cherchons T > 0 pour
lequel    
3 3π 3 3π
sin √ (x + T ) = sin √ x ,
2 2
en fait
       
3 3π 3 3π 3π 3π 3π
sin √ (x + T ) = sin √ x ⇐⇒ sin √ x + √ T = sin √ x
2 2 2 2 2
3π 3π 3π
⇐⇒ √ x + √ T = √ x + 2kπ
2 2 2

2 2k
=⇒ T = .
3

2 2
Ce qui implique que cette fonction est périodique de période T = . 
3
50 Chapitre 3. Fonctions d’une variable réelle

Exercice d’entrainement 1 :
Représentons graphiquement les fonctions suivantes sur R :
1. f est périodique de période T = 4. En plus, f est impaire avec

x si x ∈ [0, 1]
f (x) =
−x + 2 si x ∈ ]1, 2[

2. g est périodique de période T = 2. En outre, g est paire avec

si x ∈ 0, 21
  
 2
g(x) =
−4x + 4 si x ∈ 12 , 1
  

3. Une fonction h qui est paire de période T = 8 (il existe une infinité de fonctions
comme ça).
4. m est périodique de période T = 2 avec m(x) = arccos x sur [−1, 1[.

(a) Graphique de f (b) Graphique de g

 πx 
(c) Graphique de x 7→ 4 cos (une proposition) (d) Graphique de m
4

F IGURE 3.3 – Représentation graphique des fonctions f , g, h et m

Fonctions croissantes et décroissantes


Une fonction f est dite croissante (strictement croissante) sur un intervalle I lors-
qu’elle vérifie
f (x1 ) ≤ f (x2 ) ( f (x1 ) < f (x2 )),
3.1 Généralités 51

pour chaque x1 ≤ x2 (x1 < x2 ) dans I.


En revanche, une fonction f est dite décroissante (strictement décroissante) sur un
intervalle I si elle satisfait à

f (x1 ) ≥ f (x2 ) ( f (x1 ) > f (x2 ))

toute fois que x1 ≤ x2 (x1 < x2 ) dans I.


Fig 3.4 illustre la croissance d’une fonction f sur l’intervalle [a, b] et sa décroissance
sur [c, d].

F IGURE 3.4 – Représentation de la croissance d’une fonction

Catalogue de fonctions essentielles


Dans le tableau qui suit, un catalogue des fonctions essentielles est présenté.

Fonction Forme
Linéaire f (x) = αx + β , α, β ∈ R
Quadratique P(x) = αx2 + β x + γ, α, β , γ ∈ R
Polynomiale P(x) = αn xn + αn−1 xn−1 + · · · + α2 x2 + α1 x + α0 , avec α0 , α1 , . . . αn ∈ R
Puissance f (x) = xα , où α ∈ R (voir la figure 4 (a)-(b))
R(x)
Rationnelle f (x) = , où R et S sont des polynômes
S(x)
Algébrique Sa formule ne comporte que les opérations +, −, ×, ÷ et puissance sur des polynômes
Exponentielle f (x) = ax , où a ∈ R∗+ (voir la figure 5 (b))
Logarithme f (x) = loga x, où a ∈ R∗+ , la fonction réciproque de x 7→ ax (voir la figure 5 (a))
52 Chapitre 3. Fonctions d’une variable réelle
8

4
4

2
2

-10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 10 12

-2 0 2 4 6 8 10 12 14

-2

-2

-4

-6 -4

1
(a) Fonctions de la forme f (x) = xn , n ∈ N∗ (b) Fonctions de la forme f (x) = x n , n ∈ N∗

F IGURE 3.5 – Quelques fonctions puissances


10

2 8

2 4

-6 -4 -2 0 2 4 6 8 10

l mh g

(a) Fonctions de la forme f (x) = logn x, n ∈ N∗ (b) Fonctions de la forme f (x) = ax , n ∈ R∗+

F IGURE 3.6 – Quelques fonctions logarithmes et exponentielles

Composition de fonctions
On peut accoupler deux fonctions réelles g et h par l’addition, la soustraction, la
multiplication et la division, pour former de nouvelles fonctions :
g g(x)
(g+h)(x) = g(x)+h(x), (g−h)(x) = g(x)−h(x), (gh)(x) = g(x)h(x), (x) = .
h h(x)
De plus, soit η ∈ R, on peut définir la fonction
(ηg) (x) = ηg(x).
Il existe une autre façon d’accoupler deux fonctions g et h pour en obtenir une nouvelle.
Il s’agit de calculer pour x ∈ Dh : h(x), ensuite si h(x) ∈ Dg , on calcule g(h(x)). Cette
opération s’appelle la composition de g et h.
Soient deux fonctions g et h la composée de g et h est la fonction notée g ◦ h définie par
(g ◦ h)(x) = g(h(x)).
 Example 3.11 Soient les fonctions

x2
f (x) = sin3 |x|, g(x) = .
x2 + 1
3.2 Limite d’une fonction 53

Déterminer f ◦ g et g ◦ f . D’abord, D f = Dg = R. Soit, x ∈ R, alors il vient


( f ◦ g)(x) = f (g(x))

x2
 
= f
x2 + 1
 2 
3 x

= sin 2
x + 1
 2 
3 x
= sin 2
.
x +1
Ensuite,
sin6 |x|
g( f (x)) = g(sin |x|) = .
sin6 |x| + 1
On peut déduire qu’en général, f ◦ g 6= g ◦ f . 

3.2 Limite d’une fonction


Dans cette partie, nous allons apprendre comment calculer la limite d’une fonction
dans différentes situations. Nous avons choisi de commencer par l’étude d’un exemple
représentatif. Dans Fig 3.7, nous présentons le graphique de f (x) = x2 − x − 2. On peut voir
y

x
-5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8

-1

-2

F IGURE 3.7 – Présentation qui montre l’idée de la limite de : f (x) = x2 − x − 2 autour du


point x = 3

clairement que si x s’approche de 3 (à gauche et à droite), les valeurs de f (x) s’approchent


de 4. Il parait qu’on peut rendre f (x) aussi proche que l’on veut de 4 en choisissant x
54 Chapitre 3. Fonctions d’une variable réelle

suffisamment près de 3. En fait, soit ε > 0 un réel assez petit, déterminons un nombre
η(ε) > 0 (dépendant de ε) pour lequel nous avons pour tout x ∈ D f tel que |x − 3| < η :

| f (x) − 4| < ε.

| f (x) − 4| < ε ⇔ |x2 − x − 6| < ε


⇔ −ε
 < x2 − x − 6 < ε
 x2 − x − 6 < ε
⇔ et
−ε < x2 − x − 6

 2
 x −x−6−ε < 0
⇔ et
 2
x −x−6+ε > 0
Pour déterminer x, il faudrait les racines de

x2 − x − 6 − ε = 0 et x2 − x − 6 + ε = 0.

La première équation admet comme solutions


√ √
1 − 25 + ε 1 + 25 + ε
a= , b= .
2 2
En outre, la deuxième équation admet deux solutions
√ √
0 1 − 25 − ε 0 1 + 25 − ε
a = , b = .
2 2
Il est évident que a < a0 < 0 < b0 < b. Ce tableau montre le signe de P = x2 − x − 6 − ε et

Q = x2 − x − 6 + ε. On déduit que x2 − x − 6 − ε < 0 et x2 − x − 6 + ε > 0, si

a < x < a0 ou b0 < x < b ⇐⇒ a − 3 < x − 3 < a0 − 3 ou b0 − 3 < x − 3 < b − 3.

Ici, il suffit de déterminer un η > 0, on peut prendre l’intervalle


√ √
1 + 25 − ε 1 + 25 + ε
−3 < x−3 < − 3.
2 2
3.2 Limite d’une fonction 55

C’est à dire √ √
−5 + 25 − ε −5 + 25 + ε
< x−3 < .
2 2
Donc, on peut choisir un intervalle inclus dans ce dernier
√ √
−5 + 25 − ε 5 − 25 − ε
< x−3 < .
2 2

5 − 25 − ε
Il suffit de prendre η(ε) = > 0 pour avoir
2
|x − 3| < η(ε) ⇒ | f (x) − 4| < ε.

Après cet exemple, nous présentons la définition de la limite d’une fonction en un


point.
Definition 3.2.1 Soit f une fonction dont le domaine de définition est D f et soit a ∈ D f
ou a soit un point d’extrémités de D f . On dit que la limite de f (x) quand x tend vers a
est L ∈ R et on écrit
lim f (x) = L
x→a
lorsque
∀ε > 0, ∃ η(ε) > 0 : |x − a| < η(ε) ⇒ | f (x) − L| < ε.

 Example 3.12 Démontrons que

lim (4x − 5) = 11.


x→4

Soit ε > 0, on cherche η(ε) > 0 pour lequel

|x − 4| < η(ε) ⇒ | f (x) − 11| < ε.

En fait,
| f (x) − 11| = |(4x − 5) − 11| = |4x − 16| = 4|x − 4| < ε.
ε
Par conséquent, il suffirait de prendre η(ε) = . 
4
Maintenant, on regarde la limite d’une fonction quand x tend vers +∞ ou −∞.
Definition 3.2.2 Soit f une fonction dont le domaine de définition D f contient un
intervalle de la forme ]a, +∞[ ou ] − ∞, b[, pour a, b ∈ R. On dit que

lim f (x) = L
x→+∞

lorsque
∀ε > 0, ∃ B(ε) > 0 : x > B(ε) ⇒ | f (x) − L| < ε.
En outre, on dit que
lim f (x) = L
x→−∞
lorsque
∀ε > 0, ∃ B(ε) > 0 : x < −B(ε) ⇒ | f (x) − L| < ε.
56 Chapitre 3. Fonctions d’une variable réelle

 Example 3.13 Démontrer que

1
lim = 0.
x→∞ x2 + 1

Soit ε > 0 suffisamment petit, on cherche B(ε) > 0 vérifiant



1
|x| > B(ε) ⇒ 2
< ε.
x + 1

Etant donné que,



1 2 1
x2 + 1 < ε ⇐⇒ x + 1 > ε

1
⇐⇒ x2 > −1
ε
r
1
⇐⇒ x > − 1.
ε
r
1
Donc, il suffit de prendre B(ε) = − 1. 
ε
Maintenant, on passe à un cas où la limite en un point n’existe pas. La fonction de Heaviside
H définie par 
0 si x < 0
H(x) = .
1 si x ≥ 0
Si x s’approche de 0 par la gauche, H(x) est près de 0. Tandis que, si x s’approche de 0
par la droite, H(x) est proche de 1 (voir Fig 3.8). Cela veut dire qu’il n’y’a pas une valeur
unique vers laquelle H(x) s’approche lorsque x tend vers 0. Ainsi, lim H(x) n’existe pas.
x→0
Dans ce contexte, on définit la limite à droite et à gauche d’une fonction f en un point

F IGURE 3.8 – La fonction de Heaviside


3.2 Limite d’une fonction 57

a ∈ R. Lorsque x s’approche de a par la gauche (c’est à dire x tend vers a et x < a), f (x)
s’approche de L1 . En revanche, lorsque x est près de a par la droite (c’est à dire x tend vers
a et x > a), on a f (x) s’approche de L2 et on note

lim f (x) = L1 , lim f (x) = L2 .


x→a− x→a+

Si L1 6= L2 la limite n’existe pas au point a.


Definition 3.2.3 Soit f une fonction dont le domaine de définition est D f et soit a ∈ D f
ou a soit un point d’extrémités de D f :
— lim f (x) = L1 si
x→a−

∀ε > 0, ∃ η(ε) > 0, ∀ x ∈ D f , x < a : |x − a| < η(ε) ⇒ | f (x) − L1 | < ε.

— lim f (x) = L2 si
x→a+

∀ε > 0, ∃ η(ε) > 0, ∀ x ∈ D f , x > a : |x − a| < η(ε) ⇒ | f (x) − L2 | < ε.

 Example 3.14 Soit la fonction h définie par

1

 x + 1 si x > 2

h(x) = 2 .

−x + 1 si x ≤ 2

Établir que lim h(x) = 2 et lim h(x) = −1 (voir Fig 3.9). Soit ε > 0, cherchons η(ε)
x→2+ x→2−

y
5

x
-3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7

-1

-2

F IGURE 3.9 – Représentation graphique de la limite à gauche et à droite de f au point 2

pour lequel
∀ x ∈ Dh , x < 2 : |x − 2| < η(ε) ⇒ |h(x) − (−1)| < ε.
Comme x < 2, on a

|h(x) − (−1)| = |−x + 1 + 1| = | − x + 2| = |x − 2|.


58 Chapitre 3. Fonctions d’une variable réelle

On déduit qu’il suffit de prendre η(ε) = ε. Ce qui implique que lim h(x) = −1.
x→2−
Par ailleurs, déterminons η 0 (ε) pour lequel

∀ x ∈ Dh , x > 2 : |x − 2| < η 0 (ε) ⇒ |h(x) − (2)| < ε.

Puisque x > 2, alors



1 1 1
|h(x) − 2| = x + 1 − 2 = x − 1 = |x − 2|.

2 2 2

Ainsi, il suffit de prendre η 0 (ε) = 2ε. On déduit que lim h(x) = 2. 


x→2+

Theorem 3.2.1 On dit que f admet une limite en a si et seulement si elle admet une
limite à gauche et à droite en a égales.

1
F IGURE 3.10 – Représentation graphique de la limite à gauche et à droite de au point 0
x
1
Maintenant, regardons le graphique de la fonction x 7→ dont le domaine de définition
x
∗ 1
est R , dans Fig 3.10. On remarque que prend des grandes valeurs positives lorsque
x
1
x > 0 s’approche de 0. En revanche, est proche de −∞ lorsque x < 0 s’approchant de 0.
x
1
Il parait qu’on peut rendre aussi grand que l’on veut en prenant x suffisamment petit.
x
1
Mathématiquement, ceci revient à dire que la limite de tend vers l’infini lorsque x tend
x
vers 0 et note
1
lim = ∞.
x→0 x
3.2 Limite d’une fonction 59

Nous présentons ci-dessous la définition théorique de la limite infinie en un point fi-


nie.
Definition 3.2.4 Soit f une fonction dont le domaine de définition est D f et soit a ∈
/ Df .
On dit que lim f (x) = ∞ lorsque
x→a

∀A > 0, ∃ η > 0, ∀ x ∈ D f : |x − a| < η ⇒ | f (x)| > A.

 Example 3.15 Essayons d’appliquer cette définition pour démontrer théoriquement que

1
lim = ∞.
x→0 x

1
Tout d’abord, le domaine de définition de la fonction f (x) = est D f = R∗ . Soit A > 0,
x
déterminons η > 0 pour lequel on a

∀x ∈ D f : |x| < η ⇒ | f (x)| > A.

En effet,
1 1
| f (x)| > A ⇔ > A ⇔ |x| < .
x A
1
Ainsi, il suffit de prendre η =
. 
A
 Example 3.16 Démontrons que

lim (ln x) = ∞.
x→0

Le domaine de définition de la fonction g(x) = ln x est Dg = R∗+ . Soit A > 0, déterminons


η > 0 pour lequel on a
∀x ∈ Dg : |x| < η ⇒ |g(x)| > A.
En fait,

|g(x)| > A ⇔ |ln x| > A


⇔ (ln x < −A ou ln x > A)
 
−A A
⇔ x < e ou x > e

Comme x ∈ R∗+ , on a
   
−e−A < x < e−A ou x > eA ⇔ |x| < e−A ou x > eA .

Alors, on peut choisir η = e−A . 

Le dernier cas concerne la limite infinie d’une fonction à l’infinie et on note

lim f (x) = ∞.
x→∞

Ci-dessous la définition théorique d’une telle limite.


60 Chapitre 3. Fonctions d’une variable réelle
Definition 3.2.5 Soit f une fonction dont le domaine de définition est D f contenant un
intervalle de la forme ] − ∞, a] ou [a, +∞[. On dit que

lim f (x) = ∞
x→+∞

si
∀A > 0, ∃ B > 0, ∀ x ∈ D f : x > B ⇒ | f (x)| > A.
En outre,
lim f (x) = ∞
x→−∞
si
∀A > 0, ∃ B > 0, ∀ x ∈ D f : x < −B ⇒ | f (x)| > A.

Afin de fixer les idées, voici un exemple.


 Example 3.17 Allons démontrer la limite suivante

lim x3 = ∞.
x→∞

En effet, soit A assez grand alors

F IGURE 3.11 – Représentation graphique de f (x) = x3

| f (x)| > A ⇔ x3 > A


x3 < −A ou x3 > A


 1 1

⇔ x < −A ou x > A .
3 3

1
⇔ |x| > A 3 .
1
Par conséquent, on peut choisir B = A 3 . Ce qui achève la preuve. 

On résume toutes les définitions des limites que nous avons vues dans cette partie.
Soient a, L, l1 , l2 ∈ R
3.3 Opérations sur les limites 61

Limite Définition
lim f (x) = L ∀ε > 0, ∃ η(ε) > 0, ∀x ∈ D f : |x − a| < η(ε) ⇒ | f (x) − L| < ε
x→a
lim f (x) = L ∀ε > 0, ∃ A > 0, ∀x ∈ D f : |x| > A ⇒ | f (x) − L| < ε
x→∞
lim f (x) = L1 ∀ε > 0, ∃ η(ε) > 0, ∀ x ∈ D f , x < a : |x − a| < η(ε) ⇒ | f (x) − L1 | < ε
x→a−
lim f (x) = L2 ∀ε > 0, ∃ η(ε) > 0, ∀ x ∈ D f , x > a : |x − a| < η(ε) ⇒ | f (x) − L2 | < ε
x→a+
lim f (x) = ∞ ∀A > 0, ∃ η > 0, ∀ x ∈ D f : |x − a| < η ⇒ | f (x)| > A
x→a
lim f (x) = ∞ ∀A > 0, ∃ B > 0, ∀ x ∈ D f : |x| > B ⇒ | f (x)| > A
x→∞

3.3 Opérations sur les limites


Il existe des règles sur les limites qui facilitent beaucoup le calcul, elles s’appellent lois
algébriques des limites. Pour la meilleure assimilation nous les présentons dans le tableau
qui suit. Soient g et h des fonctions et a ∈ R. Si les limites

lim g(x) et lim h(x)


x→a x→a

existent, alors nous avons

Loi Limite
Somme lim (g(x) + h(x)) = lim g(x) + lim h(x)
x→a x→a x→a
Différence lim (g(x) − h(x)) = lim g(x) − lim h(x)
x→a x→a  x→a
 
Produit lim (g(x) · h(x)) = lim g(x) · lim h(x)
x→a x→a x→a
  lim g(x)
g(x)
Quotient lim = x→a , si lim h(x) 6= 0
x→a h(x) lim h(x) x→a
x→a
Multiplication par une constante lim (cg(x)) = c lim g(x), avec c est une constante
x→a x→a n
n
Puissance lim (g(x)) = lim h(x) , avec n ∈ N
x→a x→a
1
 1
n
Racine lim (g(x)) n = lim g(x) , avec n ∈ N. Si n est pair, lim g(x) ≥ 0
x→a x→a x→a

Lois algébriques des limites

On va terminer la partie des limites de fonctions par la présentation des deux théorèmes
ci-dessous qui donnent deux autres propriétés des limites, en plus de ce que nous avons
cité au tableau précédent.
Theorem 3.3.1 Soient g et h deux fonctions et a ∈ R. Si g(x) ≤ h(x) pour x ∈ [a −
η, a + η], avec x 6= a et η > 0 (c’est à dire dans un voisinage de a) et si les limites

lim g(x) et lim h(x)


x→a x→a
62 Chapitre 3. Fonctions d’une variable réelle

existent, alors forcement on a

lim g(x) ≤ lim h(x).


x→a x→a

La règle des gendarmes qui a déjà été présentée dans le chapitre des suites, resterait
toujours très utile pour le calcul des limites de fonctions.
Theorem 3.3.2 Soient f , g et h trois fonctions réelles. Si

f (x) ≤ g(x) ≤ h(x)

pour x ∈ [a − η, a + η] et x 6= a, avec η > 0 (c’est à dire dans un voisinage de a) et si

lim f (x) = lim h(x) = L


x→a x→a

alors
lim g(x) = L.
x→a

 Example 3.18 En appliquant la règle des gendarmes, montrons que


 
x 12
lim (e − 1) sin 3 = 0.
x→0 x

On remarque qu’on ne peut pas utiliser la règle de limite du produit, car la limite suivante
 
1
lim sin 3
x→0 x

n’existe pas, donc on fait appel à la règle des gendarmes. En fait, pour tout x 6= 0 on a
 
1
−1 ≤ sin 3 ≤ 1.
x

Or, l’inégalité précédente reste vraie lorsqu’elle est multipliée par une quantité positive
comme suit  
2 2 1
x x
−(e − 1) ≤ (e − 1) sin ≤ (ex − 1)2 .
x
De plus,
lim (ex − 1)2 = 0.
x→0

Ainsi, grâce à la règle des gendarmes, on aboutit au résultat demandé. 

Theorem 3.3.3 Le produit d’une fonction qui tend vers 0 par une fonction bornée est
une fonction qui tend vers 0.

Un exercice pourrait être très efficace pour tester les connaissance acquises dans cette
partie.
3.3 Opérations sur les limites 63

Exercice d’entrainement 2 :
En utilisant les définitions théoriques, établissons les limites :
1. lim (x2 + 3) = 4,
x→1
1
2. lim = 0,
x→∞ ln(x2 )
3. lim ln(x3 ) = ∞,
x→+∞

Solution :
1. Utilisons la définition de la limite finie en un point fini :

∀ε > 0, ∃ η(ε) > 0, ∀x ∈ D f : |x − 1| < η(ε) ⇒ | f (x) − 4| < ε.

On a
|x2 + 3 − 4| = |x2 − 1| < ε ⇐⇒ −ε < x2 − 1 < ε
⇐⇒ 1 − ε < x2 < 1 + ε
√ √
⇐⇒ 1−ε < x < 1+ε
√ √
⇐⇒ 1−ε −1 < x−1 < ε +1−1
√ √ √
⇐= 1−ε −1 < x−1 < 1− 1−ε < ε +1−1

⇐⇒ |x√ − 1| < 1 − 1 − ε.
Ainsi, il suffit de choisir η(ε) = 1 − 1 − ε, pour tout ε > 0 assez petit.
2. Utilisons la définition de la limite finie à l’infini :

∀ε > 0, ∃ η(ε) > 0, ∀x ∈ D f : |x| > η(ε) ⇒ | f (x) − L| < ε.

On a
1 2 1
ln(x2 ) < ε ⇐⇒ ln(x ) > ε

1
⇐⇒ x2 > e ε

1
⇐⇒ |x| > e 2ε .
1
Alors, pour un choix de η(ε) = e 2ε et pour tout ε > 0 suffisamment petit, la démons-
tration s’achève toute seule.
3. Utiliser la définition

∀A > 0, ∃ B > 0, ∀ x ∈ D f : |x| > B ⇒ | f (x)| > A.

On a
| ln(x3 )| > A ⇐⇒ x3 > eA

A
⇐⇒ |x| > e 3 .
A
Donc, il suffit de choisir B = e 3 , pour tout A > 0 suffisamment grand.
64 Chapitre 3. Fonctions d’une variable réelle

3.4 Étude de la continuité des fonctions


Au 17 ème siècle la continuité d’une fonction n’a pas été définie comme aujourd’hui.
En fait, le mathématicien suisse Euler (1707-1783) avait décrit la fonction continue comme
étant une fonction qui n’est pas définie par morceaux. La définition utilisée aujourd’hui est
donnée la première fois par Barnard Bolzano (1781-1848).
Dans la section précédente, nous avons vu que dans certains cas on a

lim f (x) = f (a).


x→a

Une telle fonction est dit continue au point a (voir Fig 3.12).
Definition 3.4.1 Pour qu’une fonction f soit continue au point a il faut que les trois
points suivants soient vérifiés :
1. a ∈ D f ,
2. lim f (x) existe,
x→a
3. lim f (x) = f (a).
x→a
Si l’une de ces trois conditions n’est pas vérifiée, on dit que f est discontinue en a.

F IGURE 3.12 – Représentation graphique de la continuité de f au point a

Théoriquement, la définition de continuité d’une fonction en un point a est basée sur le fait
qu’on peut rendre f (x) aussi proche que l’on souhaite de f (a) en prenant x d’une manière
suffisante proche de a. Voici l’interprétation mathématique de cette définition :
Definition 3.4.2 Soit f une fonction définie sur D f et soit a ∈ D f . On dit que f est
continue au point a dans l’unique cas où f satisfait à

∀ε > 0, ∃ η > 0, ∀ x ∈ D f : |x − a| < η ⇒ | f (x) − f (a)| < ε.


3.4 Étude de la continuité des fonctions 65

 Example 3.19 Montrons que x 7→ |x| est continue au point 2. En fait, on utilise les
propriétés de la valeur absolue il vient

||x| − |2|| ≤ |x − 2| < ε

donc il suffit de choisir η = ε. 

Le théorème ci-dessous concerne la continuité d’une fonction sur un intervalle.


Theorem 3.4.1 Une fonction réelle f est continue sur un intervalle donné si elle l’est
en chaque point de cet intervalle.

 Example 3.20 Toutes les fonctions suivantes sont continues sur leurs domaines de
définition :
polynomiales rationnelles
racines trigonométriques
exponentielles logarithmes
les fonctions trigonométriques sont celles que le radian sert d’unité de mesure. Par exemple,
les fonctions x 7→ sin x, x 7→ cos x, x 7→ tan x . . . 

F IGURE 3.13 – Représentation graphique de quelques fonctions trigonométriques

Deux théorèmes très utiles qui donnent la continuité de certaines fonctions complexes, il
suffit qu’elles soient composées de fonctions élémentaires continues.
Theorem 3.4.2 Soient g et h des fonctions continues sur un intervalle I de R et c une
constante réelle, alors les fonctions suivantes sont continues sur I :

1) g + h 2) g − h 3) cg

g
4) gh 5) , pour tout x ∈ I, avec h(x) 6= 0
h
66 Chapitre 3. Fonctions d’une variable réelle

Theorem 3.4.3 Si h est continue en a et g est continue en h(a), alors forcément g ◦ h


est continue en a, de plus on a

lim g(h(x)) = g(h(a)).


x→a

 Example 3.21 La fonction f (x) = ln (2 + sin x) est continue sur R. En fait, sin x est
définie et continue sur R, car elle est trigonométrique, en outre
−1 ≤ sin x ≤ 1 ⇒ 1 ≤ 2 + sin x ≤ 3,
ce qui implique que, ln (2 + sin x) est bien définie pour tout x ∈ R.
On peut voir f comme f (x) = g(h(x)), avec
g(x) = ln x, h(x) = sin x + 2.
On conclut que f est continue étant donné qu’elle est la composée de g et h telles que h et
g sont continues. 

Maintenant, allons découvrir la discontinuité en un point.


 Example 3.22 Soit la fonction f qui a pour expression

 x + 2 si x < 0
f (x) = ex si 0 ≤ x ≤ 1
2 − x si x > 1

il est clair que les points où f peut avoir des discontinuités ce sont x = 0 et x = 1. En fait,
on a
lim f (x) = 2 6= lim e0 = 1
x→0− x→0+
donc f est discontinue en x = 0. Par ailleurs,
lim f (x) = e 6= lim f (x) = 1
x→1− x→1+
on en déduit la discontinuité de f en x = 1. 

Dans ce contexte, on note que les fonctions définies par morceaux ne sont pas nécessai-
rement discontinues mais elles peuvent être continues, comme par exemple la fonction g
définie par  5
x si x < 1
g(x) = 1
x 5 si x ≤ 1
(A le vérifier à titre d’exercice).
Ici, nous présentons les définitions de la continuité à gauche et à droite d’un point.

Definition 3.4.3 Soit f une fonction définie sur D f et soit a ∈ D f . On dit que f est
continue au point a à droite dans l’unique cas où f satisfait à

∀ε > 0, ∃ η > 0, ∀ x ∈ D f : 0 < x − a < η ⇒ | f (x) − f (a)| < ε.

En revanche, f est continue au point a à gauche si et seulement si f vérifie

∀ε > 0, ∃ η > 0, ∀ x ∈ D f : 0 < a − x < η ⇒ | f (x) − f (a)| < ε.


3.4 Étude de la continuité des fonctions 67

Enfin, f est continue en a si et seulement si elle est continue à droite et à gauche en a.

3.4.1 Prolongement par continuité


Certaines fonctions réelles ne sont pas définies en des points mais admettent des limites
en ceux-ci. Cela parait étrange mais ça existe des cas pareils. Par exemple, la fonction
 
1
f (x) = x sin
x

qui est définie sur R∗ , or sa limite en zéro existe. Puisque, au voisinage de 0


 
1
−1 ≤ sin ≤ 1.
x

Donc, si x > 0
 
1
−x ≤ x sin ≤ x. (3.1)
x

Sinon si x < 0, on a
 
1
x ≤ x sin ≤ −x. (3.2)
x

Des (3.1) et (3.2) en appliquant la règle des gendarmes, on obtient

lim f (x) = lim f (x) = 0.


x→0+ x→0−

Fig 3.14 (a) montre une présentation graphique de f . Dans Fig 3.14 (b), on peut voir

(a) Graphe sur R (b) Un zoom au voisinage de zéro

 
1
F IGURE 3.14 – Représentation graphique de la fonction f (x) = x sin
x

qu’au voisinage de 0 la fonction tend vers 0. Dans ce cas, on dit que f est prolongeable par
continuité au point x = 0.
68 Chapitre 3. Fonctions d’une variable réelle
Definition 3.4.4 Soit I un intervalle de R et x0 ∈ R. Soit de plus f une fonction continue
et bien définie sur I \ {x0 }. Si
lim f (x) = l
x→x0

existe, alors on dit que f est prolongeable par continuité en x0 . On définit son prolon-
gement sur I comme étant une fonction f˜ :

˜f (x) = f (x) si x 6= x0
l si x = x0

 Example 3.23 Soit la fonction


3

g(x) = e (4−x2 )2

Son domaine de définition est Dg = R \ {−2, 2}. Calculons les limites de g aux points
x = −2 et x = 2. On peut facilement obtenir
3 3
− −
lim e (4−x2 )2 = lim e (4−x2 )2 = 0.
x→2 x→−2

Donc, g est prolongeable par continuité sur R et son prolongement est


 3
 e− (4−x2 )2 si x ∈ R \ {−2, 2}

g̃(x) = 0 si x = 2

0 si x = −2

3.4.2 Théorème des valeurs intermédiaires


Une fonction quand elle est continue sur un intervalle fermé borné de la forme [a, b],
avec a, b ∈ R, elle possède des propriétés particulières et intéressantes sur cet intervalle.
Le théorème qui suit est un résultat très évident et simple à comprendre.
Theorem 3.4.4 Supposons que f soit une fonction continue sur un intervalle fermé
borné [a, b]. Alors, la fonction f est nécessairement bornée sur [a, b].

Ce théorème est tellement logique qu’il nécessite pas la présentation d’une démonstration.
Par ailleurs, il existe une autre propriété importante des fonctions continues sur un
intervalle fermé borné c’est le théorème des valeurs intermédiaires.
L’idée de ce théorème est que lorsqu’une fonction f est continue sur un intervalle
[a, b] elle passe nécessairement par toutes les valeurs entre f (a) et f (b). On énonce le
théorème.
Theorem 3.4.5 Supposons que f soit continue sur un intervalle fermé borné [a, b] et
soit M un nombre strictement compris entre f (a) et f (b) :

f (a) < M < f (b)

ou
f (b) < M < f (a).
3.4 Étude de la continuité des fonctions 69

F IGURE 3.15 – Illustration graphique du théorème des valeurs intermédiaires

Ainsi, il existe c ∈]a, b[ pour lequel f (c) = M.


Fig 3.15 illustre le théorème des valeurs intermédiaires. En fait, on remarque que M et
L sont comprise strictement entre f (a) et f (b), comme f est continue sur [a, b], il y’a
forcement une intersection de f avec toutes les droite y = M, où M est strictement comprise
entre f (a) et f (b).
Le théorème des valeurs intermédiaires a des applications très intéressantes. Grâce à ce
théorème on peut montrer l’existence de solutions des équations de la forme f (x) = 0, où
f est une fonction continue. Dans l’exemple suivant on peut voir ceci.
 Example 3.24 Montrer qu’il existe une solution de l’équation

4x3 − 6x2 + 3x − 2 = 0

comprise entre 1 et 2. Pour ce faire, considérons la fonction

f (x) = 4x3 − 6x2 + 3x − 2,

on calcule f (1) et f (2). En fait,

f (1) = −1 < 0 et f (2) = 12 > 0.

Ainsi, d’après le théorème des valeurs intermédiaires, du moment que f est continue sur
[1, 2] et que 0 est une valeur intermédiaire de f , alors il existe un c ∈]1, 2[ tel que f (c) = 0.


Exercice d’entrainement 3 :
Faisons appel au théorème des valeurs intermédiaires et montrons que l’équation

x sin x + cos x − x2 = 0
70 Chapitre 3. Fonctions d’une variable réelle

admet une solution positive et une autre négative. On considère la fonction


f (x) = x sin x + cos x − x2
qui est continue et définie sur R. De plus, on a,
f (0) = 1 > 0,
f (π) = −1 − π 2 < 0,
f (−π) = 1 − π 2 < 0.
Par conséquent, il existe a ∈]0, π[ tel que f (a) = 0 et b ∈] − π, 0[ tel que f (b) = 0. D’où
le résultat.
Nous terminons cette partie par la notion de continuité uniforme sur un intervalle.

3.4.3 Continuité uniforme


Jusqu’à présent nous avons vu la continuité ponctuelle d’une fonction sur un intervalle
I. Plus précisément, la continuité en chaque point a ∈ I. On rappelle que la continuité
d’une fonction f sur un intervalle I est équivalente à
∀a ∈ I, ∀ε > 0, ∃ η > 0, ∀ x ∈ D f : |x − a| < η ⇒ | f (x) − f (a)| < ε.
Dans cette définition, le nombre η dépend de ε et il peut dépendre aussi de a. Dans le cas
où le nombre η est indépendant de a la continuité devient uniforme sur I.
Definition 3.4.5 Soit f une fonction dont le domaine de définition contient un intervalle
I de R. On dit que f est uniformément continue sur I dans le cas où

∀ε > 0, ∃ η > 0, ∀ x, y ∈ I : |x − y| < η ⇒ | f (x) − f (y)| < ε.

 Example 3.25 Montrons que la fonction f (x) = x3 est uniformément continue sur [0, 2].
Soit ε > 0 et x, y ∈ [0, 2], on a
|x3 − y3 | = |(x − y)(x2 + xy + y2 )|

= |x − y||x2 + xy + y2 |

= (x2 + xy + y2 )|x − y|

≤ (22 + (2)(2) + 22 )|x − y|.


Ce qui implique que
ε
|x3 − y3 | ≤ 12|x − y| < ε ⇒ |x − y| < .
12
ε
Il suffirait de prendre η = qui ne dépend pas de x ni y. 
12
2
 Example 3.26 En revanche, la fonction x 7→ x n’est pas uniformément continue sur R,

cela veut dire en langage des quantificateurs :


∃ε > 0, ∀ η > 0, ∃ x, y ∈ R : |x − y| < η et |x2 − y2 | > ε.
3.5 Fonctions dérivables 71
η
Pour ε < 1 très petit, x ∈ R et y = x + il vient que
2
η
|x − y| = < η

2
et  2
1
|x2 − y2 | = x2 − x + = ηx + η 2 .


1
Si on choisit x = , il découle
η
|x2 − y2 | = |1 + η 2 | > ε,

d’où la conclusion. 

Un autre exemple est proposé.


 Example 3.27 La fonction g(x) = |x| est uniformément continue sur R. En effet, une
propriété de la valeur absolue assure que pour tout x, y ∈ R on a

||x| − |y|| ≤ |x − y|,

donc il suffit de choisir η = ε qui ne dépend pas de x ni y. 

On termine cette partie de continuité par le théorème de Heine démontré par Eduard
Heine en 1872 qui est très utile.
Theorem 3.4.6 Toute fonction continue sur un intervalle fermé borné [a, b] est continue
uniformément sur [a, b].

Généralement démontrer la continuité uniforme sur I est une chose compliquée, sauf que
le théorème de Heine l’obtient directement quand il s’agit d’un intervalle fermé borné.

3.5 Fonctions dérivables


Dans Fig 3.16, la droite en couleur rouge s’appelle la tangente de la fonction f au
point (x0 , f (x0 )). C’est la droite qui passe par le point (x0 , f (x0 )) et de pente m définie par
f (x) − f (x0 ) f (x0 + h) − f (x0 )
m = lim = lim
x→x0 x − x0 h→0 h
si cette limite existe, mais si elle n’existe pas la droite tangente n’existe pas non plus.
On appelle m la dérivée de f au point x = x0 et on dit, dans ce cas, que f est dérivable
au point x0 , on note la dérivée de f au point x = x0 par f 0 (x0 ).
Definition 3.5.1 Soit f une fonction réelle et soit un intervalle I ⊂ D f . On dit que f est
dérivable sur I si elle l’est en chaque x ∈ I, plus précisément, si la limite

f (x + h) − f (x)
lim (3.3)
h→0 h
existe pour tout x ∈ I, on la note par f 0 (x).
72 Chapitre 3. Fonctions d’une variable réelle

F IGURE 3.16 – Illustration graphique de la droite tangente de f au point (x0 , f (x0 ))

Maintenant, si à tout nombre x ∈ D f pour lequel la limite (3.3) existe, nous associons
le nombre f 0 (x), de ce fait pouvons considérer f 0 comme une nouvelle fonction appelée
dérivée de f .
 Example 3.28 Calculons la dérivée de la fonction f (x) = x2 sur R.
f (x + h) − f (x)
f 0 (x) = lim
h→0 h
(x + h)2 − x2
= lim
h→0 h
2xh + h2
= lim
h→0 h

= lim (2x + h)
h→0

= 2x.


On peut constater que cette méthode de calculer f 0 (x) ne marche pas lorsque qu’il s’agit
d’une fonction de forme plus compliquée. C’est pourquoi il est nécessaire d’apprendre des
techniques de calcul plus pratiques. Dans la section qui suit, nous allons voir des règles
pour calculer f 0 (x).

3.5.1 Règles de dérivation


Ici, nous allons présenter des règles de dérivation qui nous permettent de calculer les
dérivées des fonctions polynomiales, rationnelles, exponentielles et logarithmiques. En
3.5 Fonctions dérivables 73

outre, les dérivées des fonctions trigonométriques et leurs réciproques seront représentées.
Les tableaux suivants résument ces règles.

Fonction Dérivée
f (x) = c, c ∈ R f 0 (x) = 0
f (x) = xa , a ∈ R f 0 (x) = axa−1
f (x) = ex f 0 (x) = ex
f (x) = sin x f 0 (x) = cos x
f (x) = cos x f 0 (x) = − sin x
f (x) = ax , a > 0 f 0 (x) = ax ln a
1
f (x) = loga x, a > 0 f 0 (x) =
x ln a
Catalogue des dérivées de fonctions essentielles

Loi Dérivée
Somme (g + h)0 = g0 + h0
Différence (g − h)0 = g0 − h0
Produit (gh)0 = g0 h + h0 g
 g 0 hg0 − h0 g
Quotient =
h 0 0
h2
Multiplication par une constante (cg) = cg , avec c est une constante
Composition (g ◦ h)0 (x) = h0 (x) · g0 (h(x))

La règle de dérivation des fonctions composées nous permet de déduire d’autres règles qui
facilitent encore plus le calcul, elles sont présentées dans le tableau ci-dessous.

Fonction Dérivation
Puissance [(h(x))a ]0 = ah0 (x) · (h(x))a−1
h0 (x)
Logarithme [ln(h(x))]0 =
h(x)
h(x) 0 0
exponentielle (e ) = h (x) · eh(x)
Sinus [sin(h(x))]0 = h0 (x) · cos(h(x))
Cosinus [cos(h(x))]0 = −h0 (x) · sin(h(x))
Nous proposons ci-dessous un exemple.
 Example 3.29 Calculons la dérivée de
3 (x3 +x2 −5)
x 7→ ecos .

Cette fonction est de la forme e f (x) , avec f (x) = cos3 (x3 + x2 − 5). En outre,

f (x) = cos3 (x3 + x2 − 5) = (g(x))3 ,


g(x) = cos(x3 + x2 − 5)
qui elle aussi est de la forme
g(x) = cos(h(x)),
74 Chapitre 3. Fonctions d’une variable réelle

avec h(x) = x3 + x2 − 5. Ce qui implique que la dérivée prend la forme :


f 0 (x)e f (x) = 3g0 (x)(g(x))2 e f (x)
= −3h0 (x) sin(h(x))(g(x))2 e f (x)
3 (x3 +x2 −5).
= −3(3x2 + 2x) sin(x3 + x2 − 5) cos2 (x3 + x2 − 5)ecos


On peut démontrer certaines limites connues en utilisant la définition de dérivée. Par


sin x
exemple, pour démontrer que lim = 1, on peut la réécrire comme suit
x→0 x
sin x − 0 sin x − sin 0
lim = lim
x→0 x − 0 x→0 x−0
étant donné que (sin x)0 = cos x, alors il vient
sin x − sin 0
lim = cos 0 = 1.
x→0 x−0
D’ailleurs, on peut utiliser le même raisonnement pour démontrer que
ex − 1
lim =1
x→0 x
(l’étudiant est invité à le faire à titre d’exercice).

3.5.2 Dérivée d’ordre supérieur et formule de Leibniz


Dans le paragraphe précédent, nous avons vu que si f est une fonction dérivable sur
un intervalle I de R, alors sa dérivée est une fonction notée f 0 . Maintenant, si f 0 est aussi
dérivable sur I, sa dérivée s’appelle dérivée seconde de f , on la note par f 00 .
D’une manière générale, la dérivée n ème ou la dérivée d’ordre n, notée f (n) , est la
fonction obtenue après avoir effectué n dérivation successives, bien sûr à condition que la
dérivation est possible.
Par exemple, calculons la dérivée d’ordre n de la fonction x 7→ sin x. En fait,
(sin x)0 = cos x

(sin x)00 = (cos x)0 = − sin x

(sin x)000 = (− sin x)0 = − cos x.


On en déduit,
(sin x)(4) = sin x, (sin x)(5) = − cos x · · ·
Nous généralisons le résultat, pour tout n ∈ N∗ :
(sin x)(3n−2) = cos x,

(sin x)(3n−1) = − sin x,

(sin x)(3n) = − cos x.


La proposition qui suit présente la formule de Leibniz qui permet de calculer la n ème
dérivée d’un produit de deux fonctions. Celle-ci est présentée dans la proposition suivante.
3.5 Fonctions dérivables 75

Proposition 3.5.1 Soient f et g des fonctions qu’on peut dériver n fois et on dit qu’elles
sont n fois dérivables sur un intervalle I ⊂ R. Ainsi, la fonction f g est aussi n fois dérivable
et sa dérivée est donnée par la formule de Leibniz suivante
n n
( f g)(n) = ∑ Cnk f (k)g(n−k) = ∑ Cnk f (n−k)g(k), (3.4)
k=0 k=0
avec
n!
Cnk =
k!(n − k)!
et par convention f (0) = f .
 Example 3.30 Soit la fonction h(x) = xn ex pour n un entier naturel. Appliquons la
formule de Leibniz :
n
∑ Cnk f (k)g(n−k)
k=0
avec f (x) = xn et g(x) = ex . Donc,
n
n!
h(n) (x) = ex xn ∑ n(n − 1) · · · (n − k + 1)
k=0 xk k!(n − k)!
n
(n − k + 1)2 (n − k + 2)2 · · · (n − 1)2 n2
= ex xn ∑ .
k=0 xk k!


Voici un exercice d’entrainement pour tester les connaissances.

Exercice d’entrainement 4 :
1. Soit f une fonction dérivable en a où a > 0, exprimer la limite suivante
f (x) − f (a)
lim
x→a ln x − ln a
en fonction de f 0 (a). En effet,
f (x) − f (a) f (x) − f (a) x − a
lim = lim
x→a ln x − ln a x→a x−a ln x − ln a
  
f (x) − f (a) x−a
= lim lim
x→a x−a x→a ln x − ln a
  
f (x) − f (a) x−a
= lim lim
x→a x−a x→a ln x − ln a

f 0 (a)
= .
a
2. Étudions la dérivée de g une fonction définie par
  
1
 sin x sin si x 6= 0,


x
g(x) =


0 si x = 0.

76 Chapitre 3. Fonctions d’une variable réelle

Pour x 6= 0, un calcul direct nous emmène à


   
0 1 sin x 1
g (x) = cos x sin − 2 cos .
x x x
Au point 0 la dérivée n’existe pas. En effet,
f (x) − f (0)
f 0 (0) = lim
x→0 x−0

sin x sin 1x

= lim
x→0 x
qui n’admet pas de limite étant donné que
 
1
lim sin
x→0 x
n’existe pas comme cette fonction oscille au voisinage de zéro.
3. Exprimer la limite suivante √
sin x − 22
lim
x→ π4 x − π4
comme dérivée, ensuite calculer sa valeur. Allons y
1 π

sin x − 2 sin x − sin 4
limπ π = limπ
x→ 4 x − 4 x→ 6 x − π4
π 
= cos
4

2
= .
2
 x n 1
4. Démontrer que lim 1 + = ex , pour tout x > 0. On pose a = , par conséquent
 n→∞ n n
x n 1
lim 1 + = lim (1 + ax) a
n→∞ n a→0
 
1
= lim exp ln (1 + ax)
a→0 a
 
x ln (1 + ax)
= lim exp
a→0 ax
  
ln (1 + ax)
= exp x lim = ex .
a→0 ax
Maintenant, on va mettre la lumière sur de nouvelles fonctions qui sont les inverses des
fonctions trigonométriques.
On rappelle un résultat en algèbre qui dit que si f : E → F est une application bijective,
alors elle est inversible et son inverse f −1 : F → E telle que
( f −1 ◦ f )(x) = x, ∀x ∈ E
et
( f ◦ f −1 )(y) = y, ∀y ∈ F.
On rappelle aussi que si une fonction est continue et strictement monotone sur un intervalle
I, elle est inversible sur cet intervalle.
3.5 Fonctions dérivables 77

3.5.3 Inverses des fonctions trigonométriques


Dans Fig 3.17-(a), on peut voir que la restriction de sin x suivante
 
sin : − π2 , π2 −→ [−1, 1]
x 7−→ sin x

est continue et strictement monotone, donc bijective. La fonction réciproque de cette


restriction est appelée fonction arcsinus et notée arcsin ou sin−1 :
 
arcsin : [−1, 1] −→ − π2 , π2
x 7−→ arcsin x

vérifiant h π πi
∀x ∈ [−1, 1] : arcsin x = y ⇐⇒ sin y = x, avec y ∈ − , .
2 2
 -(b)). Plus précisément, pour un x ∈ [−1, 1], arcsin x représente l’angle
(Voir Fig 3.17
y ∈ − π2 , π2 pour lequel sin y = x. Par exemple,

1 π
arcsin =
2 6
et √
2 π
arcsin = .
2 4
D’autre part, la restriction de cos x

cos : [0, π] −→ [−1, 1]


x 7−→ cos x

est bijective, sa fonction inverse est appelée arc cosinus et notée arccos :

arccos : [−1, 1] −→ [0, π]


x 7−→ arccos x

(voir Fig 3.17 -(c) et (d)). De la même manière que pour arcsin, on a

∀x ∈ [−1, 1] : arccos x = y ⇔ cos y = x, avec y ∈ [0, π] .


1 π
Par exemple, arccos = .
2 3
Enfin, la restriction de x 7→ tan x suivante
 
tan : − π2 , π2 −→ R
x 7−→ sin x

est bijective et sa fonction inverse est appelée arc tangente et elle est notée par arctan
(voir Fig 3.17-(e) et (f)). De plus, on a
i π πh
∀x ∈ R : arctan x = y ⇔ tan y = x, avec y ∈ − , .
2 2
π
Par exemple, arctan 1 = .
4
78 Chapitre 3. Fonctions d’une variable réelle

Les fonctions arcsin, arccos et arctan admettent des dérivées définies par les expressions
suivantes
1
(arcsin x)0 = √ x ∈] − 1, 1[,
1 − x2
1
(arccos x)0 = − √ x ∈] − 1, 1[,
1 − x2
1
(arctan x)0 = x ∈ R.
1 + x2
En règle générale, si une fonction f est bijective et dérivable sur un intervalle I ⊂ R, alors

h π πi
(a) Graphique de x 7→ sin x sur − , (b) Graphique de x 7→ arcsin x sur [−1, 1]
2 2

(c) Graphique de x 7→ cos x sur [0, π] (d) Graphique de x 7→ arccos x sur [−1, 1]

i π πh
(e) Graphique de x 7→ tan x sur − , (f) Graphique de x 7→ arctan x sur ] − ∞, +∞[
2 2

F IGURE 3.17 – Représentation graphique des fonctions trigonométrique et leurs inverses


3.5 Fonctions dérivables 79

sa fonction réciproque est dérivable et sa dérivée est donnée par cette expression
1
( f −1 )0 (x) = ,
f 0 ( f −1 (x))
pour tout x ∈ I, avec f 0 ( f −1 (x)) 6= 0.
 Example 3.31 En utilisant la règle de dérivation des fonctions composées et de fonction

arc sinus déterminons la dérivée de


f (x) = arctan ln(x2 + 1) .


Clairement f (x) = g(h(x)), avec


h(x) = ln(x2 + 1)
et
g(x) = arctan x.
Il en résulte que
f 0 (x) = h0 (x)g0 (h(x))

0 1
= ln(x2 + 1) ·
1 + (ln(x2 + 1))2
2x
= .
(x2 + 1) [1 + (ln(x2 + 1))2 ]

p
 Example 3.32 Calculons par deux méthodes la dérivée de la fonction x 7→ x2 + 1.
Tout d’abord, en utilisant la dérivation des fonctions composées on obtient
p (x2 + 1)0 x
( x2 + 1)0 = √ =√ .
2 x2 + 1 x2 + 1

D’autre part, on peut voir la fonction x 7→ x comme la réciproque de f (x) = x2 sur
l’intervalle [0, ∞) (voir Fig 3.18). Ainsi, il s’agit de calculer la dérivée de f −1 (g(x)), avec
g(x) = x2 + 1. Par conséquent,
0
f −1 (g(x)) = g0 (x)( f −1 )0 (g(x))
et
1 1
( f −1 )0 (x) = = √ ,
f 0 ( f −1 (x)) 2 x
d’où
1 1
( f −1 )0 (g(x)) = p = √ .
2 g(x) 2 x2 + 1
Finalement, p x
( x2 + 1)0 = g0 (x)( f −1 )0 (g(x)) = √ .
x2 + 1


Un autre type de fonctions qui apparaissent largement dans la pratique sont les fonctions
hyperboliques.
80 Chapitre 3. Fonctions d’une variable réelle


F IGURE 3.18 – Illustration graphique de x 7→ x et x 7→ x2

3.5.4 Fonctions hyperboliques et leurs inverses


Le sinus hyperbolique (sinh), le cosinus hyperbolique (cosh) et la tangente hyperbolique
(tanh) sont définies par les expressions suivantes
ex − e−x
sinh x = ,
2

ex + e−x
cosh x = ,
2

sinh x ex − e−x
tanh x = = x .
cosh e + e−x
Les représentations graphiques de ces fonctions sont données dans Fig 3.19.
La fonction sinus hyperbolique est continue strictement croissante sur R, donc bijective.
Ainsi, elle admet une fonction inverse notée arg sinh ou

sinh−1 : R −→ R

donnée par l’expression p


arg sinh(x) = ln(x + 1 + x2 ).
En outre, sa dérivée est définie comme suit
 p 0 1
(arg sinh(x))0 = ln(x + 1 + x2 ) = √ .
1 + x2
La fonction cosinus hyperbolique est continue strictement croissante sur [0, +∞[, donc
bijective. Elle admet une fonction inverse notée arg cosh ou

cosh−1 : [1, +∞[−→ [0, +∞[

donnée par l’expression p


arg cosh(x) = ln(x + x2 − 1).
3.5 Fonctions dérivables 81

F IGURE 3.19 – Représentions graphiques de sinh x, cosh x et tanh x

Ensuite, sa dérivée est définie par


 p 0 1
(arg cosh(x))0 = ln(x + x2 − 1) = √ .
x2 − 1
Finalement, la fonction tangente hyperbolique est continue strictement croissante sur
] − 1, 1[, donc forcément bijective. Elle admet une fonction inverse notée arg tanh ou

tanh−1 :] − 1, 1[−→] − 1, 1[

donnée par l’expression  


1 1+x
arg tanh(x) = ln .
2 1−x
Sa dérivée est comme suit
  0
0 1 1+x 1
(arg tanh(x)) = ln = .
2 1−x 1 − x2

Questions de cours
Regarder si les propositions suivantes sont vraies ou fausses en justifiant les réponses.
1. La droite x = −1 coupe le graphe d’une fonction au plus une fois.
2. Toute fonction périodique est soit paire ou impaire.
3. Si une fonction est périodique et continue sur R, alors elle est bornée.
4. Toute fonction réelle est croissante
 ou décroissante
 sur R.
2x 4 2x 4
5. lim − lim = lim − .
x→2 x − 2 x→2 x − 2 x→2 x − 2 x−2
6. Du moment que f et g sont des fonctions continues sur R, alors automatiquement

lim ( f (x)g(x)) = f (2)g(2).


x→2

7. Si f est continue en a, alors elle est dérivable en a a.


82 Chapitre 3. Fonctions d’une variable réelle

Solution :
1. Vraie. Car si x = 1 coupe le graphique en deux points cela veut dire que x = 1 admet
deux images par la fonction f ce qui contredit la définition d’une fonction.
2. Fausse. On considère par exemple la fonction

f (x) = sin x + 1

qui est périodique, mais elle n’est ni paire ni impaire, puisque

f (−x) = sin(−x) + 1 = − sin x + 1.

3. Vraie. Car si f est continue et périodique de période T , en plus elle est définie sur
l’ensemble R tout entier, alors sur [0, T ] elle est nécessairement bornée, c’est à dire
il existe M > 0 tel que
∀x ∈ [0, T ] : | f (x)| ≤ M.
De plus, tout x ∈ R on peut l’écrire comme x = y + mT , avec y ∈ [0, T ] et m ∈ Z.
Étant donné que f est périodique, alors

| f (x)| = | f (y + mT )| = | f (y)| ≤ M.

4. Fausse. Comme contre exemple, nous proposons la fonction


1
x 7→
x4 + 1
qui est croissante sur ] − ∞, 0] et décroissante sur ]0, ∞[.
5. Fausse. En fait, la limite de la différence est égale à la différence des limites, dans le
cas où ces limites sont finies ce qui n’est pas le cas ici.
6. Vraie. Car si f et g sont continues sur R, alors f g est aussi continue sur R.
Il en résulte que, la limite de f g en x = 2 est égale à ( f g)(2) = f (2)g(2).
7. Fausse. Par exemple, la fonction de valeur absolue

x 7→ |x|

qui est continue en 0, sauf qu’elle n’est pas dérivable en 0.


4. Des applications de la dérivée

Dans le chapitre précédent, nous avons appris les règles de dérivation de tous les types
de fonctions. Ainsi, nous sommes en mesure d’étudier des applications de la dérivée.
Le calcul de la dérivée est largement utilisé dans les problèmes d’optimisation. En fait,
l’optimisation est une branche mathématique qui consiste à trouver la meilleure façon,
autrement dit la façon optimale, de faire quelque chose. A titre d’exemples, nous proposons
ces deux problèmes :
Problème 1 Dans un usine, pour fabriquer des boites de conserve on a besoin de savoir
quelles sont les dimensions optimales d’une boite qui minimise son coût de fabri-
cation. Plus précisément, on doit choisir les meilleurs dimensions d’une boite à
conserve afin de minimiser son coût.
Problème 2 Le prix de sucre blanc aux états unis entre 1993 et 2003 est donné par une
fonction de la forme :

S(t) = −at 5 + bt 4 − ct 3 + dt 2 − f t + g,

où a, b, c, d, f , g sont des nombres réels strictement positifs fixés et t représente le


temps en année. En quelle année le sucre est moins cher ? et quand est ce qu’il soit
le plus cher ?
Pour résoudre ces problèmes on peut les ramener à la détermination des valeurs maximales
ou minimales d’une fonction. Au cours de ce chapitre, nous allons appliquer la dérivée
pour connaitre le maximum et le minimum d’une fonction.

4.1 Valeurs maximales, valeurs minimales et théorème de Rolle


Nous commençons par définir c’est quoi un maximum et un minimum d’une fonction
sur un intervalle I.
84 Chapitre 4. Des applications de la dérivée

(a) Maximum global de f sur D (b) Minimum global de f sur D

F IGURE 4.1 – Maximum et minimum global d’une fonction sur son domaine de défi-
nition

Definition 4.1.1 Soit f une fonction définie sur D, soit a ∈ D, on dit que f (a) est le :
1. maximum de f sur D, si pour chaque x ∈ D, nous avons f (x) ≤ f (a), on note

f (a) = max f (x),


x∈I

2. minimum de f sur D, si pour chaque x ∈ D, nous aurons f (x) ≥ f (a) et on note

f (a) = min f (x).


x∈I

Dans Fig 4.1-(a), f (a) est le maximum de f sur son domaine de définition, c’est à dire la
plus grande valeur que f atteint. De façon similaire, Fig 4.1-(b) montre le minimum de f
qui est la plus petite valeur que f atteint.

R Une autre appellation du maximum est maximum global. De même, le minimum


s’appelle aussi minimum global.

Cependant, on parle d’un minimum local lorsque ce minimum le soit seulement dans un
voisinage d’un point, de même un maximum local est celui qui est la plus grande valeur
d’une fonction au voisinage d’un point.
Fig 4.2 illustre ceci, la fonction atteint des minimums locaux aux points a, c, e et g
et des maximums locaux aux points b, d, f et h. Mathématiquement, les définitions de
minimum local et de maximum local sont données comme suit.
Definition 4.1.2 Soit f une fonction définie sur D, soit a ∈ D, on dit que f (a) est un :
1. maximum local de f sur D, s’il existe δ > 0 pour lequel chaque x ∈ D vérifie

|x − a| < δ ⇒ f (x) ≤ f (a),

2. minimum local de f sur D, s’il existe δ > 0 pour lequel chaque x ∈ D satisfait à

|x − a| < δ ⇒ f (x) ≥ f (a).


4.1 Valeurs maximales, valeurs minimales et théorème de Rolle 85

F IGURE 4.2 – Minimums, maximums locaux

Dans Fig 4.2, on peut voir certains minimums locaux de f aux points x = a, x = c, x = e et
x = g, et certains maximums locaux aux points x = b, x = d, x = f et x = h.
On remarque que les tangentes de f aux points a, b et c sont parallèles à l’axe des x.
Rappelons que la pente d’une tangente en un point est donnée par la dérivée en ce point et
comme les tangentes aux points a, b et c sont horizontales, alors la dérivée en ces points
est nulle. Le théorème de Fermat confirme ceci.
Theorem 4.1.1 Si f admet un maximum ou un minimum local en a, et de plus elle est
dérivable en a, alors forcément f 0 (a) = 0.

Le théorème de Fermat est une implication, donc si f 0 (a) = 0 on ne peut pas dire que f
atteint un minimum ou maximum local en a.
Par exemple, la fonction f (x) = x3 , on a f 0 (0) = 0, or f (0) n’est ni minimum local ni
maximum local de f (voir Fig 4.4-(a)).
D’autre part, une fonction peut admettre un maximum ou un maximum local en un
point sans qu’elle soit dérivable en ce point. Comme par exemple, f (x) = |x| qui n’est pas
dérivable en 0 mais atteint un minimum en 0 (voir Fig 4.4-(b)).
Maintenant, considérons une fonction continue sur un intervalle fermé borné [a, b]
et supposons qu’elle soit dérivable sur ]a, b[, si f (a) = f (b), alors logiquement on a ces
possibilités :
— f est constante sur [a, b]
— ou bien f remonte après descend, autrement dit elle admet un maximum sur [a, b]
— sinon f descend ensuite remontre, c’est à dire elle admet un minimum sur [a, b],
— enfin, f remonte et descend plusieurs fois, donc elle admet plus qu’un minimum et
maximum locaux.
Dans les cas précédents, la fonction f peut être constante ou bien elle admet au mois un
minimum ou un maximum local. De plus, puisque f est supposée dérivable sur ]a, b[ et
en raison du théorème de Fermat certainement il existe c ∈ ]a, b[ vérifiant f 0 (c) = 0. Ainsi,
86 Chapitre 4. Des applications de la dérivée

F IGURE 4.3 – Illustration du théorème de Fermat

(a) f 0 (0) = 0 mais, f n’admet (b) f (0) est un minimum de f ,


ni maximum ni minimum en 0 mais f 0 (0) n’existe pas

F IGURE 4.4 – Quelques cas où les conditions d’application du théorème de Fermat


ne sont pas vérifiées

nous énonçons le théorème de Rolle.


Theorem 4.1.2 Soit f une fonction continue sur un intervalle fermé borné [a, b] de plus
elle est dérivable sur ]a, b[ telle que f (a) = f (b). Alors assurément il existe c ∈ ]a, b[
satisfaisant à f 0 (c) = 0.

 Example 4.1 Montrons que la dérivée de

P(x) = 5x4 − 4x3 + x2 − 2x + 1


4.2 Présentation du théorème des accroissements finis 87

s’annule au moins une fois sur ]0, 1[. En fait, P(0) = P(1) = 1, donc d’après le théorème
de Rolle il existe au moins c ∈]0, 1[ tel que P0 (c) = 0. 

 Example 4.2 Soit la fonction

sin x + cos x
f (x) = .
1 + sin2 x

Montrons que pour tout a ∈ R il existe un c ∈]a, a + 2π[ pour lequel f 0 (c) = 0. En effet,
pour chaque a ∈ R nous avons

sin(a + 2π) + cos(a + 2π) sin a + cos a


f (a + 2π) = = .
1 + sin2 (a + 2π) 1 + sin2 a

Ainsi, grâce au théorème de Rolle il existe un c ∈]a, a + 2π[ pour lequel f 0 (c) = 0. 

4.2 Présentation du théorème des accroissements finis


Allons considérer une fonction f continue sur [a, b] et dérivable sur ]a, b[. Donc, la
fonction G définie par l’expression

f (b) − f (a)
G(x) = f (x) − (x − a)
b−a

est elle même continue sur [a, b] et en plus dérivable sur ]a, b[. Par ailleurs,

f (b) − f (a)
G(a) = f (a) − (a − a) = f (a)
b−a
et
f (b) − f (a)
G(b) = f (b) − (b − a) = f (a).
b−a
En raison du théorème de Rolle, il existe un c ∈]a, b[ pour lequel G0 (c) = 0, ce équivalent à

f (b) − f (a) f (b) − f (a)


f 0 (c) − = 0 ⇔ f 0 (c) = .
b−a b−a

Ce raisonnement est une démonstration du théorème des accroissements finis.


Le théorème des accroissement finis a été énoncé la première fois par Joseph-Louis
Lagrange (1736-1813), né en Italie. Il est un mathématicien, mécanicien et astronome. Il
a contribué énormément à la théorie des nombres, au calcul de variations et en mécanique
des fluides il a introduit le concept du potentiel de vitesse en 1781.
Theorem 4.2.1 Supposons qu’une fonction f soit continue sur un intervalle fermé
borné [a, b] et de plus elle est dérivable sur ]a, b[. Par conséquent, il existe c ∈ ]a, b[ tel
que
f (a) − f (b)
f 0 (c) = .
b−a
88 Chapitre 4. Des applications de la dérivée

La droite qui passe par les points (a, f (a)) et (b, f (b)) est définie par l’équation

f (a) − f (b) f (b)a − f (a)b


y= x+ .
a−b a−b
donc sa pente est
f (a) − f (b)
.
a−b
Ainsi, le théorème des accroissements finis s’explique par le fait qu’il existe un c ∈]a, b[
pour lequel la tangente de f au point (c, f (c)) a la même pente que la droite qui passe
par les points (a, f (a)) et (b, f (b)) (voir Fig 4.5). Dans ce qui suit, nous traitons deux

F IGURE 4.5 – Illustration du théorème des accroissements finis

exemples qui sont des applications du théorème des accroissements finis.


 Example 4.3 En faisant appel au théorème des accroissements finis, montrons que pour
tout t > 0 :
t
arctant > .
t2 + 1
Considérons la fonction f (x) = arctan x qui est continue et dérivable sur R, en particulier
sur chaque intervalle de la forme [0,t], avec t > 0. Le théorème des accroissements finis
implique qu’il existe c ∈]0,t[ satisfait à

f (t) − f (0)
f 0 (c) =
t −0
ce qui implique que
1 arctant − arctan 0 arctant
= = .
1 + c2 t −0 t
4.2 Présentation du théorème des accroissements finis 89

De plus, 0 < c < t donne


1 < c2 + 1 < t 2 + 1
d’où
1 1
2
< < 1.
1+t 1 + c2
Étant donné que
arctant 1
= .
t 1 + c2
On obtient
1 arctant
< <1
1 + t2 t
c’est à dire
t
arctant > .
1 + t2
D’où le résultat voulu. 

 Example 4.4 En utilisant le théorème des accroissements finis, établissons que pour
chaque x > 0 :
1 1
< ln(x + 1) − ln(x) < .
x+1 x
En effet, soit la fonction f (x) = ln x qui est continue et dérivable sur R∗+ , en particulier sur
chaque intervalle de la forme [x, x + 1], avec x > 0. Le théorème des accroissements finis
implique qu’il existe c ∈]x, x + 1[ satisfaisant à

f (x + 1) − f (x) 1
f 0 (c) = ⇒ = ln(x + 1) − ln(x).
x+1−x c
Par ailleurs, vu que x < c < x + 1 il vient

1 1 1
< < .
1+x c x
Comme
1
ln(x + 1) − ln(x) = ,
c
on déduit que pour tout x > 0

1 1
< ln(x + 1) − ln(x) < .
x+1 x


Parmi les applications très intéressantes du théorème des accroissements finis est
l’étude de la croissance ou décroissance d’une fonction sur un intervalle.
Theorem 4.2.2 Supposons qu’une fonction f soit dérivable sur un intervalle I. Alors :
— si f 0 (x) > 0 pour chaque x ∈ I, f est strictement croissante sur I,
— en revanche si f 0 (x) < 0 pour chaque x ∈ I, f est strictement décroissante sur I.
90 Chapitre 4. Des applications de la dérivée

Démonstration. Soient x1 , x2 ∈ I tel que x1 < x2 . En appliquant le théorème des accroisse-


ments finis sur [x1 , x2 ], il existe certainement un c ∈]x1 , x2 [ pour lequel on a
f (x2 ) − f (x1 )
f 0 (c) = ⇒ f (x2 ) − f (x1 ) = f 0 (c)(x2 − x1 ).
x2 − x1
Comme x2 − x1 > 0, alors si f 0 (x) > 0 sur I, on déduit que

f (x2 ) − f (x1 ) > 0,

d’où la croissance de f sur I. En revanche, si f 0 (x) < 0 sur I, on obtient

f (x2 ) − f (x1 ) < 0,

ce qui implique la décroissance de f sur I. 


 Example 4.5 Démontrons que tan x > x pour tout x ∈]0, π/2[. On peut considérer la
fonction
f (x) = tan x − x.
La dérivée de f est donnée par
1
f 0 (x) = −1
cos2 x
1 − cos2 x
=
cos2 x

sin2 x
=
cos2 x
qui est strictement positive sur x ∈]0, π/2[. Ainsi, f (x) > f (0) donne

tan x − x > tan 0 − 0 = 0.

D’où le résultat. 

 Example 4.6 Établissons par récurrence que pour chaque x ≥ 0 et n ∈ N :

x2 x3 xn
ex ≥ 1 + x + + +···+ .
2! 3! n!
Considérons la fonction
x2 x3 xn
fn (x) = ex − 1 − x − − −···− .
2! 3! n!
Donc, il suffit d’établir que fn (x) ≥ 0 pour tout x ≥ 0. Étant donné que pour n = 0, on a

f0 (x) = ex − 1,

d’où f00 (x) = ex > 0, pour tout x ≥ 0. Supposons par récurrence que fn (x) ≥ 0 et montrons
que fn+1 (x) ≥ 0.
x2 x3 xn xn+1
fn+1 (x) = ex − 1 − x − − −···− − .
2! 3! n! (n + 1)!
4.3 Représentation de la règle de l’hôpital 91

La dérivée de fn+1 s’obtient comme suit

0 x x2 xn−1 xn
fn+1 (x) = ex − 1 − 2 −3 −···−n − (n + 1)
2! 3! n! (n + 1)!
x2 x3 xn
= ex − 1 − x − − −···−
2! 3! n!

= fn (x) ≥ 0.

Ce qu’il fallait démontrer. 

4.3 Représentation de la règle de l’hôpital


Lorsqu’une limite
α(x)
lim
x→a β (x)

0
admet une forme indéterminée du type . Si α et β sont des fonctions dérivables au
0
voisinage de a, alors
α(x) α 0 (x)
lim = lim 0
x→a β (x) x→a β (x)

ce qui pourrait enlever la forme indéterminée. Cette technique s’obtient à partir de la règle
de l’hôpital :

Theorem 4.3.1 Soient f et g deux fonctions dérivables avec g0 (x) 6= 0 au voisinage de


a (sauf peut être en a). Si la limite

f (x)
lim
x→a g(x)

0 ∞ f 0 (x)
est une forme indéterminée du type ou , alors si la limite lim 0 existe ou elle
0 ∞ x→a g (x)
est infinie, on a
f (x) f 0 (x)
lim = lim 0 .
x→a g(x) x→a g (x)

La règle de l’hôpitale reste vraie si au lieu de x → a nous avons x → a+ ou x → a− . Aussi,


elle vraie dans le cas où x → ∞, il suffit que les conditions nécessaires soient vérifiées. Par
sin x
exemple pour la limite connue lim = 1 on a dans Fig 4.6.
x→0 x
92 Chapitre 4. Des applications de la dérivée

F IGURE 4.6 – Illustration règle de l’hôpital


5. Développement limité

Les fonctions polynômiales sont les plus faciles à manipuler et à étudier. Dans la
physique, on cherche à approximer une fonction par un polynôme au voisinage d’un
point qui nous intéresse. Cette opération s’appelle développement limité d’une fonction au
voisinage d’un point qui consiste à écrire la fonction en question sous la forme de la somme
d’un polynôme et d’un reste négligeable au voisinage du point considéré. Ce chapitre est
consacré à l’étude de développement limité des fonctions avec quelques applications à la
fin.

5.1 Formule de Taylor-Young


La formule de Taylor-Young permet d’écrire une fonction au voisinage d’un point
sous la forme d’une somme d’un polynôme et d’un reste. Mais avant toute chose nous
présentons la définition d’une fonction de classe C n qui est nécessaire au cours de ce
chapitre.
Definition 5.1.1 Soient I un intervalle ouvert de R et f une fonction réelle f : I → R :
— Lorsque f est continue, on dit qu’elle est de classe C 0 .
— Si f et f 0 sont continues sur I, on dit que f est de classe C 1 .
— Si f est continue, en outre si f 0 et f 00 existent et elles sont continues sur I, on dit
que f est de classe C 2 .
— En général, pour n ∈ N∗ , on dit que f est de classe C n si elle est n fois dérivable
et la n ème dérivée f (n) est continue sur I.
— A la fin, on dit que f est de classe C ∞ lorsqu’elle est infiniment dérivable.

Énonçons le théorème Taylor-Young suivant :


Theorem 5.1.1 Soit f : I → R une fonction de classe C n et soit a ∈ I. Ainsi pour
94 Chapitre 5. Développement limité

chaque x ∈ I nous avons

f 00 (a) f (n) (a)


f (x) = f (a) + f 0 (a)(x − a) + (x − a)2 + · · · + (x − a)n + (x − a)n ε(x).
2! n!
(5.1)

c’est à dire
n
f (k) (a)
f (x) = ∑ (x − a)k + (x − a)n ε(x),
k!
|k=0
| {z }
{z } Rn (x)
Tn (x)

avec ε(x) tend vers 0 quand x tend vers a.

Tn (x) s’appelle la partie polynomiale ou régulière de Taylor. Rn (x) est le reste de Taylor.
On appelle (5.1) la formule de Taylor-Young de f à l’ordre n au point a.
 Example 5.1 Soient f (x) = ln(1 + x) et I =] − 1, +∞[. La fonction f est de classe C ∞
sur I. Déterminons la formule de Taylor-Young de f à l’ordre n au point x = 0. Vu que,
f (0) = ln(1) = 0,

1
f 0 (x) = =⇒ f 0 (0) = 1 = 0!,
1+x
1
f 00 (x) = − =⇒ f 00 (0) = −1 = −1!,
(1 + x)2

2
f (3) (x) = 3
=⇒ f (3) (0) = 2 = 2!,
(1 + x)

6
f (4) (x) = − =⇒ f (4) (0) = −6 = −3!,
(1 + x)4

24
f (5) (x) = 5
=⇒ f (3) (0) = 24 = 4!.
(1 + x)
En généralisant ceci, on obtient
(n) (n − 1)!(−1)n−1
f (x) = n
=⇒ f (n) (0) = (−1)n−1 (n − 1)!.
(1 + x)
Par conséquent, la formule de Taylor est donnée par
n
(x − 0)k
ln(1 + x) = ∑ (−1)k−1(k − 1)! k!
+ (x − 0)n ε(x)
k=1
n
xk
= ∑ (−1)k−1 k
+ xn ε(x)
k=1

x2 x3 x4 xn
+ − + · · · + (−1)n−1 + xn ε(x),
= x−
2 3 4 n
avec ε(x) −→ 0 quand x −→ 0. 
5.2 Formule de Taylor-Lagrange 95

5.2 Formule de Taylor-Lagrange


Le reste de cette formule est différent à celui de la formule de Taylor-Young. Ci-dessous
le théorème de Taylor-Lagrange

Theorem 5.2.1 Considérons une fonction f : I → R de classe C n+1 et soit a, x ∈ I.


Ainsi, il existe forcément un c ∈ I entre a et x vérifiant

f 00 (a) f (n) (a) f (n+1) (a)


f (x) = f (a) + f 0 (a)(x − a) + (x − a)2 + · · · + (x − a)n + (x − a)n+1 .
2! n! (n + 1)!
(5.2)

c’est à dire
n
f (k) (a) f (n+1) (a)
f (x) = ∑ (x − a)k + (x − a)n+1 .
k=0 k! (n + 1)!
| {z } | {z }
Tn (x) Rn (x)

 Example 5.2 Soit la fonction f (x) = sin x, elle est définie et de classe C ∞ sur R. Allons
déterminer le développement de Taylor-Lagrange de f au point 0, alors
f (0) = sin(0) = 0,

f 0 (x) = cos x =⇒ f 0 (0) = 1,

f 00 (x) = − sin x =⇒ f 00 (0) = 0,

f (3) (x) = − cos x =⇒ f (3) (0) = −1,

f (4) (x) = sin x =⇒ f (4) (0) = 1,

f (5) (x) = cos x =⇒ f (5) (0) = 1,

f (6) (x) = − sin x =⇒ f (6) (0) = 0.


On remarque que
f (2k+1) (x) = (−1)k cos x =⇒ f (2k+1) (0) = (−1)k ,

f (2k) (x) = (−1)k sin x =⇒ f (2k) (0) = 0.


Il en résulte que si n = 2m, alors
m−1
(−1)k 2k+1 (−1)m cos c 2m+1
sin x = ∑ x + x
k=0 (2k + 1)! (2m + 1)!
sinon si n = 2m + 1, on a
m
(−1)k (−1)m+1 sin c 2m+2
sin x = ∑ (2k + 1)! x2k+1 + (2m + 2)!
x ,
k=0
avec c est un réel compris entre 0 et x. 
96 Chapitre 5. Développement limité

 Example 5.3 Allons refaire l’exemple de logarithme pour la formule de Lagrange. La


partie polynomiale reste la même mais le reste change.

f (n+1) (c) n+1


Rn (x) = x
(n + 1)!
n!(−1)n xn+1
=
(1 + c)n+1 (n + 1)!
(−1)n xn+1
= .
(1 + c)n+1 (n + 1)


R La formule de Taylor-Young et celle de Taylor-Lagrange ont la même partie po-


lynomiale, mais les restes sont différents. En fait, la formule de Taylor-Young ne
donne pas une information sur le reste à part qu’il tend vers 0 quand x tend vers a, or
la formule Taylor-Lagrange offre un encadrement du reste. Par ailleurs, la formule
de Taylor-Young exige que f soit de classe C n quand il s’agit d’un développement
d’ordre n, mais celle de Taylor-Lagrange nécessite que f soit de classe C n+1 .

Maintenant soient T1 (x), T2 (x), T3 (x) et T4 (x) les polynômes de Taylor associés à la
fonction f (x) = ln(1 + x) au voisinage de 0 :

T1 (x) = x,

x2
T2 (x) = x − ,
2

x2 x3
T3 (x) = x − + ,
2 3

x2 x3 x4
T4 (x) = x − + − .
2 3 4
Dans Fig 5.1, on remarque qu’au voisinage de 0 plus n est grand plus le polynôme de
Taylor s’approche de f . Cela veut dire que l’ordre élevé de polynôme de Taylor donne une
meilleure approximation de f au voisinage du point considéré.

5.3 Développement limité au voisinage d’un point


Soit I un intervalle ouvert de R et f : I −→ R une fonction.
Definition 5.3.1 Soit a ∈ I et n ∈ N. On dit que f admet un développement limité (DL)
au point a à l’ordre n dans le cas où il existe c0 , c1 , c2 , . . . cn et une fonction ε : I −→ R
qui pour chaque x ∈ I satisfait à

f (x) = c0 + c1 (x − a) + c2 (x − a)2 + · · · + cn (x − a)n + (x − a)n ε(x),


| {z } | {z }
Tn (x) Rn (x)
5.3 Développement limité au voisinage d’un point 97

F IGURE 5.1 – Graphique de f (x) = ln(1 + x) au voisinage de 0 et les quatre premiers


polynômes de Taylor

avec ε(x) −→ 0 lorsque x −→ 0.


f (k) (a)
Les formules de Taylor nous permettent d’obtenir un DL en posant ck = .
k!
Du moment que f soit de classe C n sur I, alors le DL qui vient de la formule de
Taylor-Young est donné par
f 00 (a) f (n) (a) f (n+1) (a)
f (x) = f (a) + f 0 (a)(x − a) + (x − a)2 + · · · + (x − a)n + (x − a)n+1 .
2! n! (n + 1)!

R Si a = 0 la formule de Taylor s’appelle développement de Maclaurin.

 Example 5.4 Déterminons DL de f (x) = cos x au voisinage de π/2 à l’ordre n = 5. En


effet, π  π 
f = cos = 0,
2 2
π  π 
0 0
f (x) = − sin x =⇒ f = − sin = −1,
2 2
00 π
 
00
f (x) = − cos x =⇒ f = 0,
2
π 
f (3) (x) = sin x =⇒ f (3) = 1,
2
π 
f (4) (x) = cos x =⇒ f (4) = 0,
2
π 
f (5) (x) = − sin x =⇒ f (5) = −1.
2
π
Ainsi, le DL de f au voisinage de à l’ordre 5 est comme suit
2
3 5 
 π x − π2 x − π2 π 5
cos x = − x − + − + x− ε(x),
2 3! 5! 2
98 Chapitre 5. Développement limité

avec ε(x) −→ 0 lorsque x −→ π2 . 

5.3.1 DL des fonctions usuelles au voisinage de 0


Ci-dessous un catalogue de DL au voisinage de 0 des fonctions les plus utilisées.

x x2 x3 xn
e = 1 + + + + · · · + + xn ε(x)
x
1! 2! 3! n!

x2 x4 x2n
cos x = 1 − + − · · · + (−1)n + x2n+1 ε(x)
2! 4! (2n)!

x x3 x5 x2n+1
sin x = − + − · · · + (−1)n + x2n+2 ε(x)
1! 3! 5! (2n + 1)!

x2 x3 x4 xn
ln(1 + x) = x − + − + · · · + (−1)n−1 + xn ε(x)
2 3 4 n!
α(α − 1) 2 α(α − 1)(α − 2) 3 α(α − 1) · · · (α − n + 1) n
(1 + x)α = 1 + αx + x + x +···+ x + xn ε(x)
2! 3! n
√ x 1 1·3 3 1 · 3 · 5 · (2n − 3) n
1 + x = 1 + − x2 + 3 x + · · · + (−1)n−1 x + xn ε(x)
2 8 2 · 3! 2n · n!
1
= 1 − x + x2 − x3 + · · · + (−1)n xn + xn ε(x)
1+x
1
= 1 + x + x2 + x3 + xn + xn ε(x)
1+x

x2 x4 x2n
cosh x = 1 + + +···+ + x2n+1 ε(x)
2! 4! (2n)!

x x3 x5 x2n+1
sinh x = + + +···+ + x2n+2 ε(x)
1! 3! 5! (2n + 1)!

5.3.2 Unicité d’un DL


Dans cette partie, nous allons démontrer que si une fonction f : I −→ R, où I est un
intervalle ouvert de R, admet un DL au voisinage d’un point a ∈ I, alors nécessairement
ce DL est unique. Supposons par l’absurde que f admet deux DL au point a donnés par
les formules suivantes
f (x) = c0 + c1 (x − a) + c2 (x − a)2 + · · · + cn (x − a)n + (x − a)n ε1 (x),

f (x) = d0 + d1 (x − a) + d2 (x − a)2 + · · · + dn (x − a)n + (x − a)n ε2 (x),

avec ci et di sont des réels pour i = 0, . . . , n et

ε1 (x) −→ 0, ε2 (x) −→ 0
5.3 Développement limité au voisinage d’un point 99

lorsque x −→ a. Ce qui implique que

(c0 − d0 ) +(c1 − d1 )(x − a) + · · · + (cn − dn )(x − a)n + (x − a)n (ε1 (x) − ε2 (x)) = 0. (5.3)

On remplace x = a dans (5.3), on obtient c0 = d0 . Après avoir diviser l’égalité (5.3) par
(x − a), on obtient

(c1 − d1 ) + (c2 − d2 )(x − a) + · · · + (cn − dn )(x − a)n−1 + (x − a)n−1 (ε1 (x) − ε2 (x)) = 0.

En prenant x = a dans l’équation précédente, on déduit que c1 = d1 . D’une façon similaire


on obtient
c2 = d2 , c3 = d3 , . . . , cn−1 = dn−1 .
Enfin,
(cn − dn ) + (ε1 (x) − ε2 (x)) = 0
pour tout x ∈ I. Par passage à la limite quand x −→ a, on obtient cn = dn . Ainsi,

ε1 (x) − ε2 (x) = 0, ∀ x ∈ I

ceci implique que ε1 = ε2 . Ce qui achève notre démonstration.

5.3.3 Les principales propriétés du développement limité


Dans cette section, on va présenter les propriétés nécessaires à connaitre pour le DL au
voisinage de 0.

Somme et produit
Soient les fonctions m : I −→ R et l : I −→ R, où I est un intervalle ouvert de R qui
ont des DL au point 0 d’ordre n donnés par

m(x) = α0 + α1 x + α2 x2 + · · · + αn xn + xn ε1 (x),

l(x) = β0 + β1 x + β2 x2 + · · · + βn xn + xn ε2 (x),

avec ε1 (x) −→ 0, ε2 (x) −→ 0 quand x −→ 0. Alors, la fonction m + l possède un DL au


point 0 d’ordre n donné par l’expression :

(m + l)(x) = (α0 + β0 ) + (α1 + β1 )x + (α2 + β2 )x2 + · · · + (αn + βn )xn + xn (ε1 (x) + ε2 (x))
| {z }
ε(x)

et il est clair que ε(x) −→ 0 quand x −→ 0.


D’autre part, la fonction m × l possède un DL à l’ordre n au voisinage de 0 donné par

(m × l) = Tn (x) + xn ε(x)


Tn (x) = (α0 + α1 x + α2 x2 + · · · + αn xn )(β0 + β1 x + β2 x2 + · · · + βn xn )
ceci en prenant uniquement les coefficients des monômes de degré ≤ n, le reste des termes
on l’introduit dans le reste ε(x) qui tend vers 0 quand x tend vers 0.
100 Chapitre 5. Développement limité

 Example 5.5 Déterminons le DL de la fonction f (x) = ex sin x à l’ordre 5 au point 0.


On commence par écrire le DL des fonctions ex et sin x à l’ordre 5 au voisinage de 0 :
x x2 x3 x4 x5
ex = 1 + + + + + + x5 ε1 (x)
1! 2! 3! 4! 5!

x x3 x5
sin x = − + + x5 ε2 (x)
1! 3! 5!
où ε1 (x) −→ 0, ε2 (x) −→ 0 quand x −→ 0. Il en résulte que
x x2 x3 x4 x5 x x3 x5
  
x
e sin x = 1+ + + + + − + + x5 ε3 (x)
1! 2! 3! 4! 5! 1! 3! 5!
x3 x5 x4 x3 x5 x4 x5
= x − + + x − + − + + + x5 ε4 (x)
2
3! 5! 3! 2 12 3! 4!
x3 x5
2
= x + x + − + x5 ε4 (x),
3 24
avec ε4 (x) −→ 0 lorsque x −→ 0. 

 Example 5.6 Déterminons le DL de g(x) = (1 + ln(1 + x))3 à l’ordre 4 au voisinage de


0. Avant toute chose on sait que
x2 x3 x4
1 + ln(1 + x) = 1 + x − + − + x4 ε1 (x).
2 3 4
En outre,
(1 + ln(1 + x))2 = (1 + ln(1 + x))(1 + ln(1 + x))

x2 x3 x4 x2 x3 x4
  
= 1+x− + − 1+x− + − + x4 ε2 (x)
2 3 4 2 3 4
x2 x3 x4 x3 x4 x2 x3 x4 x3
= 1+x− + − + x + x2 − + − − + +
2 3 4 2 3 2 2 4 3
x4 x4
+ − + x4 ε3 (x)
3 4
x3 5x4
= 1 + 2x − + + x4 ε3 (x).
3 12
En conclusion,
(1 + ln(1 + x))3 = (1 + ln(1 + x))(1 + ln(1 + x))2

x2 x3 x4 x3 5x4
  
= 1+x− + − 1 + 2x − + + x4 ε4 (x)
2 3 4 3 12
x3 5x4 x4 x2 x3 2x4 x4
= 1 + 2x − + + x + 2x2 − − − x3 + + − + x4 ε5 (x)
3 12 3 2 3 3 4
3x2 x4
= 1 + 3x + − x3 + + x4 ε5 (x).
2 2
5.3 Développement limité au voisinage d’un point 101

Composition
Soient les fonctions m et l qui ont des DL au point 0 d’ordre n donnés par

m(x) = α0 + β1 x + α2 x2 + · · · + αn xn +xn ε1 (x),


| {z }
C(x)

l(x) = β0 + β1 x + β2 x2 + · · · + βn xn +xn ε2 (x),


| {z }
D(x)

avec ε1 (x) −→ 0, ε2 (x) −→ 0 quand x −→ 0. Si l(0) = 0 c’est à dire β0 = 0, alors m ◦ l


possède un DL au point 0 à l’ordre n comme suit

(m ◦ l)(x) = Tn (x) + xn ε(x)

où Tn (x) = C(D(x)) en prenant uniquement les coefficients des monômes de degré ≤ n, le


reste des termes on les met dans le reste ε(x) qui tend vers 0 quand x tend vers 0.

R La condition l(0) = 0 est nécessaire, car quand x −→ 0 si l(0) 6= 0, alors on peut pas
parler du DL au voisinage de 0 de m(l(x)).

Regardons l’exemple suivant :


p
 Example 5.7 Déterminons le DL de la fonction h(x) = 1 + sinh(x) au voisinage de 0
à l’ordre 3 si c’est possible. Du moment que sinh(0) = 0, donc la composition est faisable
et on a
x3
sinh x = x + +x3 ε1 (x). ε1 (x) −→ 0, x −→ 0.
| {z3!}
u
Ensuite,
√ u u2 u3
1 + u = 1 + − + + x3 ε2 (x). ε1 (x) −→ 0, x −→ 0.
2 8 16
2
On calcule u et u : 3
2
x3

2
u = x+ = x2 + x3 ε3 (x)
3!
et
x3 2
 
3 2
u = uu = x + x = x3 + ε4 (x).
3!
On déduit que
x3
 
x+
p 3! x2 x3
1 + sinh(x) = 1 + − + + x3 ε(x)
2 8 16
x x2 7x3
= 1+ − + + x3 ε(x),
2 8 48
avec ε(x) −→ 0 lorsque x −→ 0. 
102 Chapitre 5. Développement limité

Quotient

Soient m et l deux fonctions dont les DL au voisinage de 0 à l’ordre n sont donnés par
les expressions suivantes :

m(x) = P(x) + xn ε1 (x),

l(x) = Q(x) + xn ε2 (x),

où P et Q sont les parties polynomiales des DL de m et l, respectivement. Ainsi, la fonction


m(x)
possède un DL au voisinage de 0 à l’ordre n défini par
l(x)

m(x)
= R(x) + xn ε(x),
l(x)

sachant que le polynôme R(x) s’obtient en effectuant la division de P par Q suivant les
puissances croissantes jusqu’à l’ordre n.
sin x
 Example 5.8 Faisons le DL de tan x = au voisinage de 0 à l’ordre 5.
cos x

x3 x5 x2 x4
x − + 1− +
6 120 2 24
x3 x5 x3 2x5
−x + − x+ +
2 24 3 15
x3 x5
+ −
3 30
x3 x5
− +
3 6
2x5
+
15
2x5

15
0 + x5 ε(x).

Vu que c’est un DL à l’ordre 5, alors on néglige tous les termes qui ont des degrés ≥ 6 et
on les met dans le reste. Donc

x3 2x5
tan x = x + − + x5 ε(x).
3 15

sinh x
 Example 5.9 Déterminons le DL de la fonction tanh x = au voisinage de 0 à
cosh x
5.4 Applications du DL 103

l’ordre 5.
x3 x5 x2 x4
x + + 1+ +
6 120 2 24
x3 x5 x3 2x5
−x − − x− +
2 24 3 15
x3 x5
− −
3 30
x3 x5
+ +
3 6
2x5
15
2x5

15
0 + x5 ε(x).

Du moment que c’est un DL d’ordre 5 on va négliger tous les termes qui ont des degrés
≥ 6 et on les introduit dans le reste. Par conséquent,

x3 2x5
tanh x = x − + + x5 ε(x).
3 15


R Toutes les propriétés que nous avons vu dans cette partie on peut les appliquer pour un
DL au voisinage d’un point a quelconque, il suffit de faire le changement de variables
y = x − a.

5.4 Applications du DL
On commence cette partie par une citation d’Albert Einstein symbole d’intelligence,
de savoir et de génie, est un physicien d’origine allemande qui a marqué le 20ème siècle.
La citation est la suivante :
La théorie, c’est quand on sait tout et que rien ne fonctionne. La pratique, c’est quand tout
fonctionne et que personne ne sait pourquoi. Ici, nous avons réuni théorie et pratique :
Rien ne fonctionne... et personne ne sait pourquoi !
Dans la suite, nous présentons des applications intéressantes de DL.

5.4.1 Calcul des limites au voisinage d’un point


Le DL au voisinage d’un point est très efficace pour le calcul d’une limite dans ce
point, dans le cas où nous avons une forme indéterminée. En fait, si f admet un DL au
voisinage de a donné par

f (x) = α0 + α1 (x − a) + α2 (x − a)2 + · · · + αn (x − a)n + (x − a)n ε(x),

avec ε(x) −→ 0 lorsque x −→ a. Alors,

lim f (x) = α0 .
x→a
104 Chapitre 5. Développement limité

 Example 5.10 Calculons


sin x − x cos x
lim .
x→0 tan x − tanh x

Nous avons une forme indéterminée 00 . On fait un DL de numérateur et de dénominateur


au voisinage de 0 à l’ordre 3 comme suit

x x3 x2
   
3 3
sin x − x cos x = − + x ε1 (x) − x 1 − + x ε2 (x)
1! 3! 2!

x3 x3
   
3 3
tan x − tanh x = x + + x ε3 (x) − x − + x ε4 (x) ,
3 3

avec ε1 (x), ε2 (x), ε3 (x) et ε4 (x) vont tendre vers 0 chaque fois que x s’approche de 0. Par
conséquent,
x3 1
sin x − x cos x + x3 ε5 (x) + ε5 (x)
= 2x33 = 32 .
tan x − tanh x + x3 ε6 (x) 3 + ε 6 (x)
3
On conclut que
sin x − x cos x 1
lim = .
x→0 tan x − tanh x 2


R Il n’existe pas une règle générale pour choisir l’ordre du DL quand il s’agit de calcul
d’une limite. Ceci dépend d’une limite à une autre et l’étudiant est invité à faire
beaucoup d’exercice afin de maitriser toutes les situations possibles.

 Example 5.11 Calculons la limite suivante en utilisant le DL :


2
ex − cos x
lim .
x→0 x2
2
On fait un DL à l’ordre 4 au voisinage de 0 de la fonction ex − cos x :

x4 x2 x4
   
x2 2 4 4
e − cos x = 1 + x + + x ε1 (x) − 1 + − + + x ε2 (x)
2 2 4!
3x2 11x4
= + + x4 ε3 (x).
2 24
On en déduit que
2
ex − cos x 3 11x2
= + + x2 ε3 (x),
x2 2 24
ce qui entraîne
2
ex − cos x 3
lim = .
x→0 x2 2

5.4 Applications du DL 105

5.4.2 Calcul des limites au voisinage de l’infini


On commence ce paragraphe par définir c’est quoi le DL d’une fonction au voisinage de
l’infinie. Soit f une fonction de classe C n définie sur un intervalle de la forme I =]x0 , +∞[.
On dit que f possède un DL à l’ordre n en +∞ dans le cas où ça existe des réels α0 , α1 ,
α2 , ...,αn pour lesquels
 
α1 α2 αn 1 1
f (x) = α0 + + 2 +···+ n + nε ,
x x x x x
 
1
avec ε −→ 0 lorsque x −→ +∞.
x
En faisant un changement de variable y = 1/x, alors lorsque x −→ +∞ on aura y −→ 0.
Donc, la fonction f (x) = g(y) est de classe C n au voisinage de 0 et g a un DL au voisinage
de 0 à l’ordre n
g(y) = α0 + α1 y + α2 y2 + · · · + αn yn + yn ε(y),
où ε(y) −→ 0 quand y −→ 0.
 
1
 Example 5.12 Faisons le DL à l’infini de la fonction f (x) = ln 1+ à l’ordre n. On
x
1
pose y = . Par définition
x
y2 y3 y4 yn
ln(1 + y) = y − + − + · · · + (−1)n−1 + yn ε(y),
2 3 4 n!
avec ε(y) −→ 0 lorsque y −→ 0. D’où
   
1 1 1 1 1 n−1 1 1 1
ln 1 + = − 2 + 3 − 4 + · · · + (−1) + ε ,
x x 2x 3x 4x n!xn xn x
 
1
avec ε −→ 0 lorsque x −→ +∞. 
x
Dans l’exercice suivant nous utilisons le DL à l’infini pour calculer une limite.

Exercice d’entrainement 1 :
Calculons la limite suivante
1 x
 
lim 1 + .
x→+∞ x
Tout d’abord on pose

1 x
    
1
f (x) = 1 + = exp x ln 1 + .
x x

On fait le changement de variable y = 1/x, alors x = 1/y et y −→ 0+ lorsque x −→ +∞.


Donc,     
1 ln [1 + y]
f (x) = exp x ln 1 + = exp .
x y
106 Chapitre 5. Développement limité

De plus,
y2 y3
ln [1 + y] = y − + + y3 ε1 (y),
2 3
il vient
ln [1 + y] y y2
= 1 − + + y2 ε1 (y).
y 2 3
Il en résulte que

y y2
     
ln [1 + y] 2 ln [1 + y]
exp = exp 1 − + + y ε1 (y) =⇒ lim exp = e.
y 2 3 y→0 y
En conclusion,
1 x
 
lim 1 + = e.
x→+∞ x

5.4.3 Position d’une courbe par rapport à sa tangente


Soit f : I −→ R une fonction qui possède un DL au point a :

f (k) (a)
f (x) = f (a) + f 0 (a)(x − a) + (x − a)k + (x − a)k ε(x),
k!
avec ε(x) −→ 0 lorsque x −→ a. f (k) (a) 6= 0 tel que k ∈ {2, 3, . . .} est le premier entier
naturel à partir de 2 pour lequel f (k) (a) 6= 0. L’équation de la droite tangente de f au point
a s’écrit
y = f 0 (a)(x − a) + f (a),
c’est à dire la position de f par rapport à sa tangente en a est obtenue par

f (k) (a)
f (x) − y = (x − a)k + (x − a)k ε(x)
k!
le signe de f (x) − y découle du signe de f (k) (a)(x − a)k :
— lorsque f (x) − y > 0, ainsi le graphe de f est au dessus de la tangente.
— En revanche, quand f (x) − y < 0, alors le graphe de f est au dessous de la tangente.
— Sinon si (x − a)k change de signe lorsque x < a à x > a, on dit que a est un point
d’inflexion.
 Example 5.13 Soit la fonction

x(1 + cos x) − 3 tan x


f (x) = .
2x − sin x − 2 tan x
Déterminons la position de f par rapport à sa tangente en 0. On a
   
x2 2 ε (x) − 3 x + x3 + x3 ε (x)
x(1 + cos x) − 3 tan x x 1 + 1 − 2! + x 1 3 2
=    
2x − sin x − 2 tan x 2x − x x3 3 x3
− + x ε (x) − 2 x + + x ε (x) 3
1! 3! 3 3 4

3
−x − 3x2 + x3 ε5 (x)
= 3 ,
−x − x2 + x3 ε6 (x)
5.4 Applications du DL 107

après division suivant les puissances croissantes de numérateur par le dénominateur, nous
obtenons
f (x) = 1 + x2 + x2 ε(x) =⇒ f (x) − y = x2 + x2 ε(x),

c’est à dire le graphe de f est au dessus de la tangente (voir Fig 5.2). 

x(1 + cos x) − 3 tan x


F IGURE 5.2 – Graphique de f (x) = et sa position par rapport à la
2x − sin x − 2 tan x
tangente au point 0

5.4.4 Position du graphe d’une fonction par rapport à une asymptote


On commence cette partie par définir c’est quoi une asymptote oblique d’une fonction
f.
Definition 5.4.1 Considérons une fonction f définie sur un intervalle de la forme
]x0 , +∞[ ou ] − ∞, x0 [. On dit qu’une droite d’équation y = ax + b est une asymptote
oblique de f lorsque
lim ( f (x) − ax − b) = 0.
x→∞
En outre, si y = ax + b est une asymptote oblique de f , alors on a

f (x)
lim = a,
x→∞ x

lim ( f (x) − ax) = b.


x→∞
108 Chapitre 5. Développement limité

La méthode pour déterminer la position de f par rapport à son asymptote oblique est basée
f (x)
sur le DL de au voisinage de ∞. En fait,
x
f (x) a1 ak 1
= a0 + + k + k ε(1/x),
x x x x
pour k ≥ 2 tel que ak 6= 0. Dans ce cas,

f (x)
lim = a0 ,
x→∞ x

lim ( f (x) − a0 x) = a1 ,
x→∞

donc l’asymptote oblique est d’équation y = a0 x + a1 et la position de f par rapport à


ak
l’asymptote est donnée par le signe de k .
x
1
p
 Example 5.14 Soit la fonction f (x) = e x x2 − 1. On a
r r
f (x) 1
p 1 x 2 −1 1 1
= e x x2 − 1 = e x = e x 1 − .
x x2 x2
On pose y = 1/x, alors lorsque y −→ 0+ , x −→ +∞. C’est à dire,
f (x) p
= ey 1 − y2
x
y2 y2
  
2 2
= 1 + y + + y ε1 (y) 1 − + y ε2 (y)
2 2
y3
= 1+y− + y3 ε(y)
3
1 1 1
= 1 + − 3 + 3 ε(1/x).
x 3x x
Donc, a0 = 1 et a1 = 1, c’est à dire l’équation de l’asymptote oblique est y = x + 1 et la
1
position du graphe de f par rapport à cette asymptote est obtenue par le signe de − 3 qui
3x
est négatif au voisinage de +∞. On conclut que le graphe de f est au dessous de y = x + 1
à +∞ (voir Fig 5.3). 
5.4 Applications du DL 109

1
p
F IGURE 5.3 – Graphique de f (x) = e x x2 − 1 et sa position par rapport à la tangente au
point 0
6. Bibliographie

L’auteur a utilisé les références citées ci-dessous.

Cours
Pascal Lainé, Nombres réels.
Jean-Louis Rouget, Valeurs absolues. Partie entière. Inégalités.
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Bernard Ycart, Développements limités. Université Joseph Fourier, Grenoble.

Livres
Gilles Costantini, Analyse : cours exercices corrigés, , de boeck, Bruxelles.
Messirdi Bekkai, Messirdi Sofiane, Messirdi Sanaa : Mathématiques Supérieures : Ana-
lyse 1 - Cours et exercices corrigés. Éditions Pages Bleues Internationales, 2020. ISBN
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Stewart, Analyse : concepts et contextes : Fonction d’une seule variable, de boeck,
Bruxelles.

Liens
https ://www.tweedcoasttutoring.com.au/understanding-maths-works-important-process/
https ://www.pourlascience.fr/sd/logique/la-suite-de-fibonacci-et-ses-suites-9757.php
https ://portal.fgv.br/en/news/experts-assess-prospects-and-challenges-future-fgvs-school-
applied-mathematics
https ://pt.slideshare.net/imigrantpunk/conceptos-bsicos-biologa
112 Chapitre 6. Bibliographie

https ://www.thecurrent.org/feature/2013/02/20/
https ://www.shutterstock.com/fr/video/clip-21567829-4k-teacher-writing-math-formulas-
on-blackboard
https ://www.frenchweb.fr/derives-du-management-les-managers-manquent-ils-de-courage/339875

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