Cours de Droit Commercial (Suite)

Télécharger au format docx, pdf ou txt
Télécharger au format docx, pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 11

b- La capacité commerciale :

L’exercice du commerce requière, à raison des dangers qu’il comporte, une


capacité juridique spéciale.
La capacité commerciale est déterminée par les règles du code de la famille «
Moudawana ».
Par conséquent, les personnes se trouvant exclues des professions
commerciales sont les mineurs et les majeurs incapables.

Est considéré comme mineur quiconque n’ayant pas atteint l’âge de la


majorité : 18ans.
Un mineur peut, cependant, se trouver en état de bénéficier de la capacité
commerciale soit par l’effet d’une autorisation spéciale (L’autorisation
d’expérience de la maturité) soit par celui d’une déclaration anticipée de
majorité ;
l’une ou l’autre doivent être inscrites au registre de commerce

L’autorisation d’expérience de la maturité : L’article 226 code de la


famille dispose que le mineur doué de discernement "peut prendre possession
d’une partie de ses biens pour en assurer la gestion à titre d’essai«

Le mineur habilité ainsi à gérer une partie de ses biens, reste en principe
incapable ; mais pendant la période d’expérience, qui est généralement d'une
année renouvelable, il est considéré, à l'égard des biens qui lui sont remis et
qui sont mentionnés dans son autorisation, comme ayant pleine capacité.
Il peut même ester en justice à propos des actes de sa gestion

L’émancipation par déclaration de majorité : Cette émancipation est


réglementée par l’article 218 alinéas 3 et suivants du code de la famille qui
prévoit que le mineur qui a atteint l’âge de 16 ans, est admis à requérir son
émancipation du tribunal.
De même son représentant légal, s’il le juge apte à être émancipé, il peut en
faire la demande au tribunal.

Il résulte de l’émancipation que le mineur :


 Il prend possession de tous ses biens ;
 qu’il est entièrement affranchi de la tutelle,
 qu'il est relevé de son incapacité, ce qui revient à dire
qu’il acquière la pleine capacité pour la gestion et la
disposition de son patrimoine ;
 quant aux droits extra patrimoniaux, notamment le droit
au mariage, ils restent soumis aux textes qui les régissent.

Par ailleurs, à l’âge de 20ans, un étranger est réputé majeur pour exercer le
commerce même si sa loi nationale prévoit un âge de majorité supérieur
. A moins de 20ans, s’il est réputé majeur par sa loi nationale, un étranger ne
peut exercer le commerce qu'après autorisation du président du tribunal
(articles 15 et 16 du code de commerce).

Finalement, depuis le nouveau code de commerce, la femme mariée peut


exercer le commerce sans autorisation de son mari
Les restrictions à l’exercice du commerce
La liberté du commerce est un principe fondamental consacré par la
constitution (article 35 de la constitution 2011). Toutefois, cette liberté du
commerce est limitée par certaines restrictions.
Le non-respect de ces restrictions est puni, suivant les cas, par des sanctions
disciplinaires administratives et même, le cas échéant, pénales.
Cependant,…les opérations commerciales effectuées par le contrevenant sont
considérés valables et peuvent le soumettre aux règles du droit commercial.

On distingue les restrictions qui concernent les personnes et d'autres qui


concernent les activités.
A-Les restrictions concernant les personnes :
L’incapacité : Les actes accomplis par les incapables, mineur doué de
discernement, prodigue et du faible d’esprit, sont soumis aux dispositions
suivantes :
 Ils sont valables, s’ils lui sont pleinement profitables ;
 Ils sont nuls, s’ils lui sont préjudiciables ;

 S’ils revêtent un caractère à la fois profitable et préjudiciable, leur validité


est subordonnée à l’approbation de son représentant légal, accordée en
tenant compte de l’intérêt prépondérant de l’interdit et dans les limites des
compétences conférées à chaque représentant légal.

Les actes du mineur âgé de moins de 12ans sont nuls et de nul effet

Les incompatibilités : Le commerce est considéré comme incompatible avec


l’exercice de certaines activités notamment la fonction publique, la
profession de notaire, d’huissier, et l’appartenance à des professions libérales
(avocat, architecte, experts comptables). La méconnaissance des
incompatibilités expose le contrevenant à des sanctions pénales et
disciplinaires (radiation du bureau). Ses actes de demeurent cependant
valables.

Le législateur estime, pour différentes raisons, que certaines professions sont


incompatibles avec l’exercice du commerce :
Soit parce qu’il considère que l’exercice du commerce est contraire à la
dignité de la profession qu’ils exercent : exp. les médecins, les avocats, les
notaires, les adouls…

Soit parce qu’il estime que ceux qui occupent certaines fonctions doivent
rester indépendants : c’est-à- dire qu’ils ne doivent pas se compromettre par
les risques du commerce et ne pas se laisser distraire par la recherche du
profit ; exp. les fonctionnaires

Ces personnes ne sont pas incapables ; s’elles font des actes de commerce
malgré leur statut elles pourront être passibles de sanctions disciplinaires ou
pénales, mais leurs actes seront valables

Les déchéances : Il s’agit d’interdictions d’exercer le commerce prononcées


par les tribunaux à l’encontre de certaines personnes ayant fait preuve
d’indignité sociale ou de malhonnêteté dans les affaires (ex : escroquerie,
émission de chèque sans provision, abus de confiance, , infractions fiscales
ou douanières, etc). La déchéance concerne donc les délinquants de droit
commun, les frauduleux fiscaux, les banqueroutiers

La déchéance expose le contrevenant à des sanctions pénales, mais elles


n’altèrent pas sa capacité juridique ; les actes de commerce qu’il fait
échappent donc à la nullité.
B- Les restrictions concernant l’activité :
Certains activités sont interdites et ne peuvent pas être exercées par les
commerçants pour des raisons de protection de l’ordre public ou parce
qu’elles relèvent de prérogatives de la puissance publiques ou des ou d’un
monopole de l’Etat.
Il s’agit par exemple :

Le commerce de la fausse monnaie (article 335 Code pénal),


l’interdiction du commerce des objets et images contraires aux
mœurs (art. 59 dahir 15/11/1958 formant code de la presse), le
commerce des stupéfiants….

La recherche du pétrole et du gaz, l’exploitation et le commerce


des phosphates, le transport ferroviaire, etc.

Les autorisations :
Dans certains cas, une autorisation administrative, sous forme d’agrément ou
de licence, est nécessaire avant l’ouverture du commerce ou l’exercice de
certaines activités commerciales, par exemple :

 la vente des boissons alcoolisées (qui est soumise, suivant


le cas, à une licence ou à une autorisation) ;
 les activités cinématographiques (notamment les clubs
vidéo soumis à une autorisation du C.C.M.),
 les agences de voyages (qui doivent être autorisées par le
ministère du tourisme),
 le transport public des personnes (soumis à des agréments
du ministère du transport), etc.

Dans d’autres cas, l’existence de ces autorisations s’explique par des


exigences de la profession, par exemple l’ouverture d’une pharmacie
nécessite d’être titulaire d’un diplôme de pharmacien.
Par ailleurs, certaines activités ne peuvent être exercées que par des
personnes morales, par exemple les activités bancaires.
IV- Les obligations du commerçant :
L’acquisition de la qualité de commerçant entraine des obligations spéciales
pour les commerçants dont essentiellement l’obligation de faire une publicité
statutaire au registre de commerce et l’obligation de tenir une comptabilité
descriptive de ses affaires.
A- La publicité statutaire au registre de commerce :
La publicité a pour objet de faire connaître aux tiers l’identité du
commerçant, et son domaine d’activité. Elle a lieu au registre de commerce
par voie d’immatriculation, d‘inscriptions modificatives ou de radiations.
a- Le registre de commerce :
C’est un support de publicité destiné à faire connaître l’existence, les
caractéristiques et le devenir des établissements de commerce, en fournissant
tous renseignements par voie de copie ou d’extrait certifié des inscriptions
qui y sont portées.

Le registre du commerce est constitué par des registres locaux et un registre


central :

Registre local : est tenu par le secrétariat-greffe du tribunal de commerce


compétant (le tribunal dans le ressort duquel se situe l’établissement principal
du commerçant ou le siège de la s ociété). Le fonctionnement de ce registre
est surveillé par le président du tribunal ou par un juge désigné par lui.

Registre central : est destiné à centraliser, pour l’ensemble du royaume, les


renseignements mentionnés dans les divers registres locaux, et à en assurer la
communication par voie de certificats. Ce registre est tenu par l’Office
Marocain de la Propriété Industrielle et Commerciale.
b- Les personnes assujetties
Toute personne physique et morale (sociétés commerciales, GIE), de droit
privé ou de droit public, marocaine ou étrangère exerçant une activité
commerciale sur le territoire marocain sont tenues de se faire immatriculer au
R.C. du tribunal où est situé leur siège (article 37 du Code de Commerce).
L’immatriculation est également obligatoire lors de l’ouverture d’une
succursale ou d’une agence d’entreprise marocaine ou étrangère.
c- Les inscriptions au registre de commerce :
Ces inscriptions sont au nombre de trois :
Ces inscriptions sont au nombre de trois :

Les immatriculations : Il existe trois sortes d’immatriculations


L’immatriculation principale : Tout commerçant, personne physique ou
morale, doit se faire immatriculer au RC dans les 3 mois de l’ouverture
de l’établissement commercial ou de l’acquisition du fonds de
commerce pour les personnes physiques, de leur constitution pour les
personnes morales

un commerçant (personne physique ou personne morale) ne peut avoir qu’un


seul numéro d’immatriculation à titre principal car, l’immatriculation a un
caractère personnel, c’est-à-dire qu’elle est rattachée au commerçant, non à
son activité commerciale ou à ses établissements de commerce

. S’il est établi qu’un commerçant possède des immatriculations principales


dans plusieurs registres locaux ou dans un même registre local sous plusieurs
numéros, il peut être sanctionné et le juge peut procéder d’office aux
radiations nécessaires (Article 39 du Code de Commerce).

Les inscriptions complémentaires:


En cas d’ouverture d’un nouvel établissement se trouvant dans le
ressort du tribunal où la personne assujettie a son immatriculation
principale, il y a lieu seulement à inscription complémentaire, il ne
s’agit pas d’une immatriculation mais uniquement d’une inscription
modificative

Les immatriculations secondaires: Si le nouvel établissement se situe dans le


ressort d’un autre tribunal que celui de l’immatriculation principale, il y a
lieu à demander une immatriculation secondaire au tribunal du lieu de la
succursale ou de l’agence ou de la création de la nouvelle activité, avec
indication de l’immatriculation principale. Dans ce cas, une inscription
modificative doit également être portée au R.C. de l’immatriculation
principale
Les inscriptions modificatives
Tout changement ou modification concernant les mentions qui figurent sur le
R.C. doit faire l’objet d’une demande d’inscription modificative dans le mois
suivant le changement (articles 50 du Code de Commerce).
Les radiations
La radiation est le fait de rayer l’immatriculation du commerçant du R.C. par
exemple en cas de cessation totale de l’activité commerciale, en cas de décès
du commerçant, en cas de dissolution d’une société, etc.
Les radiations sont faites à la demande des intéressés eux-mêmes, ou opérées
d'office par ordonnance du président du tribunal
d- Les effets de l’immatriculation :
L’immatriculation au registre de commerce de commerce constitue une
présomption simple de la qualité de commerçant
Les personnes physiques immatriculées au registre du commerce sont
présumées, sauf preuve contraire, avoir la qualité de commerçant.
Pour les commerçant personnes morales, contrairement aux dispositions de
l’ancien code, l’immatriculation est une condition de fond pour l’acquisition
de la personnalité juridique.

Toute personnes assujettie est tenues de mentionner sur ses factures, lettres,
bons de commande, tarifs, prospectus et tous ses papiers de commerce
destinés aux tirs le numéro et le lieu de son immatriculation et, s’il y lieu,
celui de la déclaration sous laquelle l’agence ou la succursale a été inscrite
e- Les sanctions sur défaut d’immatriculation :
Il se voit privé de tous les droits dont bénéficient les commerçants, par
exemples : il ne peut produire ses documents comptables en justice pour faire
preuve, ni invoquer la prescription quinquennale à l’égard des non
commerçants, ni revendiquer le droit à la propriété commerciale, etc.

Il se trouve soumis à toutes les obligations des commerçants, par exemple,


quand c’est dans son intérêt, il ne peut invoquer le défaut d’immatriculation
pour se soustraire aux procédures de redressement ou de liquidation
judiciaires qui sont spéciales aux commerçants.

En outre, Les personnes assujetties à l’immatriculation ou leurs mandataires


encourent:
Une amende de 1.000dhs à 5.000dhs :
 S’ils ne remettent pas la déclaration d’immatriculation, d’inscription
complémentaire ou modificative ou de radiation, à l’expiration du
délai d’un mois à compter de la mise en demeure adressée par
l’administration (article 62 Code de Commerce) ;
 S’ils sont immatriculés à titre principal dans plusieurs registres locaux
ou dans un même registre local sous plusieurs numéros

 Une amende de 1.000dhs à 5.000dhs et une peine d’emprisonnement


d’un mois à un an :
Si l’indication inexacte en vue de l’immatriculation ou de l’inscription au
registre du commerce est donnée de mauvaise foi (article 64 du Code de
Commerce) ;
Si les indications fausses sont insérées dans les papiers de commerce de
mauvaise fois (article 66 du Code de Commerce).
A- La tenue d’une comptabilité commerciale
La tenue d’une comptabilité régulière est une obligation majeure et
caractéristique du statut de commençant. La comptabilité commerciale est
régie par la loi 9-88 à quoi le code du commerce ajoute des précisions sur son
application.

Les exigences comptables :


La loi 9-88 sur les obligations comptables des commerçants énonce un
certain nombre de principes et de règles de la tenue d’une comptabilité tel
que :
L’obligation d’établir en monnaie nationale les documents comptables - qui
sont de deux sortes : les livres comptables qui doivent être cotés et paraphé
sans frais et les états de synthèse

L’obligation de faire un inventaire des éléments actifs et passif au moins tous


les 12 mois et d’en porter la transcription dans le LI;
L’obligation de présenter les états de synthèse dans les trois mois qui suivent
la clôture de l’exercice; Ces états de synthèse doivent donner une image
fidèle du patrimoine de l’entreprise, de sa situation financière et de ses
résultats.
L’obligation de conserver les documents comptables ainsi que les pièces
justificatifs pendant dix ans ;
C- Les autres obligations du commerçant :
Dans le but d’assurer un meilleur contrôle fiscal, le code de commerce a
institué de nouvelles obligations à la charge des commerçants, il s’agit de :
 L’obligation d’ouvrir un compte dans un établissement bancaire,
pour les besoins de son commerce (article 18 du Code de
Commerce).
 Et l’obligation de payer par chèque barré ou par virement bancaire,
toute opération entre commerçants pour faits de commerce d’une
valeur supérieure à 10 000dhs.

L’inobservation de cette règle est passible d’une amende qui ne peut être
inférieure à 6% de la valeur payée autrement que par chèque ou virement
bancaire ; les deux commerçants, c’est-à-dire le créancier et le débiteur, sont
responsables solidairement du paiement de cette amende

Vous aimerez peut-être aussi

pFad - Phonifier reborn

Pfad - The Proxy pFad of © 2024 Garber Painting. All rights reserved.

Note: This service is not intended for secure transactions such as banking, social media, email, or purchasing. Use at your own risk. We assume no liability whatsoever for broken pages.


Alternative Proxies:

Alternative Proxy

pFad Proxy

pFad v3 Proxy

pFad v4 Proxy