FORGEVILLE
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Dans le cas, les étudiants sont mis en situation en prenant le rôle du Directeur Général et de
son équipe ; ils doivent définir les objectifs et les modalités de la démarche de changement à
engager, en intégrant une stratégie de ressources humaines adaptée.
A. Contexte général
Les organismes publics ont la particularité de reposer sur une dyarchie d’acteurs politiques et
d’acteurs administratifs, le duo « élu-fonctionnaire » constituant un facteur essentiel de toute
gouvernance publique. Au sein des collectivités territoriales, et en particulier la mairie, la
proximité entre ces deux catégories d’acteurs est très importante, et les choix stratégiques et
managériaux impliquent nécessairement tant les responsables politiques que les responsables
dits « administratifs ». Dans une ville de taille moyenne, ces derniers sont notamment le
Directeur Général des services et des Directeurs Généraux adjoints.
A Forgeville, le maire précédent, M. Meyer était un homme particulièrement
charismatique, qui décidait souvent seul. Les organes collectifs de décision des élus (conseil
municipal et bureau municipal) étaient en réalité des chambres d’enregistrement. L’opposition
était peu nombreuse et, étant divisée au conseil municipal, elle n’avait guère de poids.
Le DGS (Directeur Général des Services), M. Degemon, était lui aussi présent à forgeville
depuis 12 ans. Aux yeux de tous il était le seul à être écouté par le maire. Il avait constitué
autour de lui une équipe de direction solide au départ mais qui s’est progressivement affaiblie
d’année en année. Monsieur Degemon réunissait chaque semaine pendant une heure une
trentaine de cadres, les autres membres de la Direction Générale et les chefs services à qui il
donnait directement des informations et des consignes.
La fonction financière pourtant cruciale, était peu soutenue par le directeur général adjoint
concerné, monsieur Firmanter. Quant au DGS (Directeur Général des Services), Monsieur
Teller, un ingénieur chevronné placé à la tête des plus nombreux effectifs et chargés des
budgets les plus importants, il avait le sentiment de n’être pas suffisamment appuyé dans la
volonté de « tenir ses troupes ».
On lui avait proposé beaucoup de choix qui ne l’avait pas convaincu. Il croulait sous des
demandes d’interventions techniques quotidiennes et sous les nombreux projets à monter, tout
en n’ayant pas les moyens humains et surtout financiers nécessaires.
La Direction des Ressources Humaines, Madame Hugane, partageait le même sentiment
que Monsieur Teller, le DGST. Elle se battait pour défendre une certaine orthodoxie dans la
gestion, le respect des textes, la maîtrise et l’évolution de la masse salariale mais les décisions
du maire lui était fréquemment imposée, les bonnes comme les contestables, sauf le DGS
parvenait à éviter ce travers. Elle considérait que le laxisme, la démagogie et l’électoralisme
l’emportait trop souvent et que la collectivité suivait une pente néfaste.
Le maire à pris, à l’approche des élections municipales, deux décisions managériales lourdes
de conséquences :
D. Climat social
E. La situation financière
Sur le plan financier, la ville avait autrefois bénéficié d’atouts, notamment sur le plan de la
taxe professionnelle. Depuis, les dépenses de fonctionnement en euro par habitants, triées par
les dépenses de personnel, étaient devenues supérieur à 15% aux dépenses moyennes des
villes comparables. Les taux des impôts locaux sur les ménages (impôts qui ajoutés à la taxe
professionnelle constituent le premier poste de recettes de fonctionnement) étaient eux aussi
supérieurs de 15% aux taux moyens nationaux comparables.
La plus part des actions non obligatoires et innovantes mises en œuvre par la commune
étaient financées par l’Etat, la région, le département et plusieurs organismes mais la charge
restante à financer par la ville devenait insupportable (les investissements sont fortement
subventionnés mais les dépenses de fonctionnement induites ne le sont que rarement et
marginalement). C’était le prix à payer de la « chasse aux subventions ».
L’épargne nette étant très faible du fait du niveau élevé des dépenses courantes et du poids
important du service de la dette, l’investissement était peu élevé et concentré sur les
opérations nouvelles : le patrimoine existant (écoles, gymnases, voiries…) était en train de se
dégrader sauf dans la zone urbaine sensible. Les classes moyennes qui habitent dans les autres
quartiers commençaient à gronder. Des élus s’interrogeaient…
Les mécanismes habituels d’alerte des services préfectoraux, des services du trésor public
ou de la chambre régionale des comptes, étaient devenus inopérants : la notoriété du maire, sa
proximité politique avec le gouvernement et son habileté à mettre en avant la situation sociale
des habitants, avaient rendu inactifs les représentants locaux de l’Etat pourtant inquiets. En
réalité, des mesures auraient dû être prises mais elles se seraient traduites par une hausse
supplémentaire des impôts locaux et la remise en cause de déclinaisons locales des politiques
d’Etat mise en œuvre par la commune, avec un certain succès sur le terrain et dans la presse
nationale.
Le maire tenta alors de desserrer l’étau financier en créant une communauté
d’agglomération bénéficiant de l’instauration de la taxe professionnelle unique, avec des
communes plus petites mais dont l’une d’entre elle comptait un établissement exceptionnel
qui lui apportait des recettes considérables. Le préfet y était favorable, car il avait reçu des
directives favorables en ce sens et il savait que le développement de l’intercommunalité était
plus difficile en île de France qu’en province.
Avant même la prise de décision impopulaire, mais dans ce contexte confus de problématique,
les élections municipales se passent beaucoup moins bien que prévu pour les élus en place. Le
crédit politique du maire, dont la liste se trouve réélue de justesse, est largement entamé.
Des évènements politiques nationaux et l’application des règles sur le non-cumul des
mandats obligent le maire, M. Meyer, à passer la main. Un nouveau maire, M. Noupoli, est
élu par le conseil municipal. Il est bien moins charismatique et nettement plus gestionnaire
que son prédécesseur.
Le DGCS « historique », M. Degemon, ayant décidé son départ en retraite, un nouveau
directeur générale des services est recruté. Il s’agit de M. Newman. C’est un cadre qui arrive
d’une autre collectivité mais qui a exercé dans le passé à Forgeville. Il y revient en bénéficiant
d’un a priori favorable tant auprès des élus que des cadres et agents. M. Newman met
rapidement à jour les difficultés financières, qui s’avèrent plus graves que ce qui avait été
annoncé jusqu’alors.
Cette situation (rencontrée par quelques dizaines de communes en France sur 37000…)
place toujours les élus devant un vrai dilemme même lorsqu’elle fait suite à une alternance
politique. Au cas d’espèce, c’est encore plus difficile qu’à Forgeville, il s’agit d’une équipe
municipale reconduite (dont fait partie l’ancien maire) qui fait face à son propre héritage et
aux conséquences de ses décisions…
Un peu plus tard, la loi de finances supprime le dispositif financier relatif aux emplois
aidés. La ville compte 112 salariés en exercice (sur les 150 prévus au maximum) sur ces
emplois privés de financement à court terme. L’Etat demande également aux collectivités
locales une harmonisation nationale sur le temps de travail et exige l’adoption d’une
délibération de leur organe délibérant pour confirmer tout avantage acquis à titre collectif qui
sera dérogatoire au régime légal. L’Etat offre enfin aux maires de nouvelles possibilités
d’octroyer des primes aux fonctionnaires territoriaux qui étaient en retard sur leurs collègues
de la fonction publique de l’Etat. Là également, une délibération publique du conseil
municipal est obligatoire pour augmenter ces primes. Sur ces deux derniers sujets, un avis
préalable du comité technique paritaire dans lequel siègent les représentants du personnel, est
requis.
Questions
Vous êtes l’équipe de direction de Forgeville. L’un de vous est le DGS, M. Newman ; il
anime le travail et repartit les rôles.
Votre mission est de définir la stratégie de redressement de Forgeville pour les 4
prochaines années, ainsi que les modalités du processus de changement à engager.
Cela peut comprendre notamment :
1) Un diagnostic succinct de Forgeville, en terme de « forces / faiblesse / menaces /
opportunités »
4) La définition des premières actions concrètes à enclencher, et des grands thèmes d’action
ultérieurs…