Activités Allemande Et Germanophilie
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mer
Abstract
It was in 1 936 that Germany began officially and loudly to claim the return of its former colony. Nazi propaganda going along
with this demand was to a certain extend echoed throughout part of Cameroonians among who the prominent personalities were
members of the Native Baptist Church led by Révérend Lotin Samé.
The repression of French Administration swooped down on the whole germanophile Cameroonian community. In the meantime,
German scholars and notabilities has payed some surveying visits to Cameroon, while their compatriots living in British
Cameroon and Spanish Guinea did their Cameroonian workers some paramilitary training.
In French Cameroon, a séries of spying activities followed one another, aiming at a future armed take-over of the Reich former
colony. But germanophiles found francophiles, mainly young people, facing them as a counterbalance.
World War II brought this situation to an end, situation which the administrating power could actually be worried about.
Sah Léonard I. Activités allemandes et germanophilie au Cameroun (1936-1939). In: Revue française d'histoire d'outre-mer,
tome 69, n°255, 2e trimestre 1982. pp. 129-144;
doi : https://doi.org/10.3406/outre.1982.2358
https://www.persee.fr/doc/outre_0300-9513_1982_num_69_255_2358
ACTIVITÉS ALLEMANDES
ET GERMANOPHILIE AU CAMEROUN
(1936-1939)*
par
LÉONARD I. SAH
* Ce travail entre dans le cadre de la préparation d'une thèse d'État en histoire sur le
Cameroun dans la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945) en voie d'achèvement par
l'auteur (Université de Paris I).
Rev. franc. d'Hist. d'Outre-Mer, t. LXIX (1982), n» 255.
130 LÉONARD I. SAH
comme puissances administrantes, avaient les mains moins libres que celles des
hommes politiques et des diplomates qui intervenaient et agissaient depuis
Berlin. De puissantes associations coloniales comptant des milliers d'adhérents
furent créées. Elles s'occupaient soit de la propagande, soit des problèmes
économiques et commerciaux, ou bien regroupèrent les anciens colons. La plupart de
ces organisations étaient représentées au sein d'une centrale, la K.O.R.A.G.1.
Quant aux différents gouvernements, ils n'avaient jamais admis comme un fait
accompli la perte des colonies; mais le désir de les récupérer fut longtemps
timidement exprimé et même souvent purement et simplement refoulé à cause
de la conjoncture européenne peu favorable à l'Allemagne.
La situation changea avec l'avènement du Ille Reich. L'Allemagne nazie, en
effet, acquit une place de plus en plus prépondérante en Europe et ses dirigeants
en profitèrent, parce qu'ils avaient dorénavant les mains libres, pour développer
leur propagande coloniale. Le 7 mars 1936, jour de l'occupation de la zone
démilitarisée de la Rhénanie par les troupes allemandes, Hitler rendit officielles
ses revendications2. Le Fùhrer fut appuyé dans son action par de hauts
dignitaires nazis dont Hjalmar Schacht, directeur de la Reichsbank, ministre de
l'Économie, et le général Von Epp, gouverneur de la Bavière et responsable du
nouveau mouvement colonial réorganisé et centralisé dans la Ligue coloniale
du Reich (RJC.B.) et dans YOffice colonial du Reich (KJP.A./N.SD.A J.)3. De
gros moyens furent utilisés à partir de 1936 pour faire connaître en substance
à l'opinion allemande et internationale ces revendications et les maintenir,
souvent bruyamment, sous les feux de l'actualité.
Pourtant, c'était pat des paroles apparemment définitives qu'en août 1934
Hitler avait affirmé au journaliste anglais Ward Price que l'Allemagne «n'avait
rien à demander à l'Angleterre, des colonies moins que toute autre chose».
En rappelant cette déclaration deux ans plus tard, dans le Temps du 17 octobre
1936, Gratien Candace devait constater que les choses avaient bien changé.
Pour l'ancien sous-secrétaire d'État français aux Colonies, Hitler était encore,
en 1934, fidèle à la doctrine âuMein Kampf, selon laquelle l'avenir de
l'Allemagne était en Europe et non pas en Asie ou en Afrique ; à l'arrivée d'Hitler
au pouvoir, la propagande coloniale n'était encore le fait que de groupes sans
influence décisive sur l'opinion et surtout, ce qui est plus important, sans
intelligence dans l'état-major du parti national-socialiste. Par contre, en 1936,
le thème colonial était bruyamment exploité ; le gouvernement et le parti s'y
intéressèrent officiellement à un tel point que le Manchester Guardian put
souligner non sans humour qu'il existait maintenant tout ce qui était nécessaire
pour constituer un empire colonial, à la seule exception des colonies elles-
mêmes4. C'est donc dans ce contexte que les autorités du Reich s'activèrent
à développer une gigantesque propagande destinée à sensibiliser simultanément
les opinions nationales et internationales, y compris celle des anciens sujets
coloniaux de l'Empire alors administrés par les Anglais et les Français.
;
Guerre mondiale ; abandonnant la ville de Douala, les troupes allemandes s'étaient
effectivement repliées sur Japoma d'où elles avaient opposé aux colonnes alliées
;
une vive résistance ; avant de décrocher et de se replier sur Edéa, elles avaient
fait sauter les ponts sur la Dimbaba et la Sanaga24. Des Allemands nostalgiques
pouvaient avoir à cœur de visiter ce lieu historique chargé de tant de souvenirs,
mais cette hypothèse était loin de satisfaire les autorités coloniales, qui
les visiteurs d'avoir l'esprit plus malveillant et de se livrer à
prélude à une prochaine action militaire.
De son côté, le sergent chargé de la responsabilité du poste de la Dibamba
fut rapidement conduit à constater la vulnérabilité de la position. Dans son
compte rendu du 1 1 décembre 1937, il rapporta une visite plutôt insolite qu'il
avait reçue la veille et qui est révélatrice du climat de méfiance qui se développait
alors :
J'ai l'honneur de rendre compte que le 10 décembre 1937 l'automobile
n° 2835-C s'arrête au bac à 18 h 50, en provenance de Douala. Son chauffeur
en descend, s'approche d'un groupe de miliciens parmi lesquels je me trouvais
et voici le dialogue qui s'est déroulé entre lui et moi :
- Sans s'adresser directement à quiconque, qui est-ce qui couche ici demande-
t-il ?
- Que faut -il, monsieur à votre service, lui demandai-je ?
- Ha! s'exclama-t-il, j'ignorais que vous êtes sergent Puis il précisa la question
suivante : sont-ce les hommes du poste de la plantation Schuller qui sont venus
ici, ou bien, vos miliciens occupent -ils à la fois et le poste et le bac ?
- Oui, lui répondis-je, le fait étant évident.
- Avez-vous également du monde à Japoma, reprit-il ?
- Nous avons du monde partout, repris-je.
- Avez-vous des mitrailleuses ? continua-t-il.
- Nous avons tout ce qui est nécessaire, répondis-je.
- En cas d'attaque, pensez-vous que vos hommes marcheront ?
- Je répondis affirmativement, en ajoutant que mes hommes sont de bons
guerriers.
- Y a-t-il un officier qui commande tous ces postes ? demanda-t-il.
- Vous connaissez mon colonel, lui répondis-[je].
Puis mon curieux interlocuteur pris [sic] congé de moi, me disant qu'il habite
à 30 kilomètres du bac, vers Edéa. J'ai su par la suite qu'il s'occupe d'une
plantation de caoutchouc, commençant à 4 kilomètres du bac, dit -on.
La Dibamba, le 11 décembre 1937.
Le sergent-chef Goldery2*.
D'après le compte rendu, le chauffeur qui sera identifié comme étant «un
Européen nommé Chalmot de la plantation allemande Sanaga» recherchait des
informations fort précises : l'effectif des miliciens et leur aptitude au combat ;
la qualité du commandement et de l'encadrement. Il faut aussi souligner l'heure
tardive (18 h 50) à laquelle la visite eut lieu.
Les autorités françaises réagirent en se préparant activement à faire face à
une entreprise militaire de réoccupation ; mais elles laissèrent percer une anxiété
certaine, car les Allemands comptaient dans la population camerounaise un
ACTIVITÉS PRO-ALLEMANDES AU CAMEROUN 137
CONCLUSION
NOTES
N. B. — Sigles utilisés :
S.H.A.T. : Service Historique Armée de Terre, Vincennes.
A.N.S.O.M. : Archives Nationales, Section Outre-Mer, Paris.
A.N.Y. : Archives Nationales, Yaoundé.
A.P.A. : Affaires Politiques et Administratives.
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SUMMARY
It was in 1 936 that Germany began officially and loudly to claim the return
of its former colony. Nazi propaganda going along with this demand was to a
certain extend echoed throughout part of Cameroonians among who the
personalities were members of the Native Baptist Church led by Révérend
Lotin Samé.
The repression of French Administration swooped down on the whole
germanophile Cameroonian community. In the meantime, German scholars
and notabilities has payed some surveying visits to Cameroon, while their com-
patriots living in British Cameroon and Spanish Guinea did their Cameroonian
workers some paramilitary training.
In French Cameroon, a séries of spying activities followed one another, aiming
at a future armed take-over of the Reich former colony. But germanophiles
found francophiles, mainly young people, facing them as a counterbalance.
World War II brought this situation to an end, situation which the adminis-
trating power could actually be worried about.