Fiche de Méthodologie
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Fiche de Méthodologie
Dr Thomas DIATTA
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I Principe - II Exceptions ;
I Notion textuelle - II Interprétation jurisprudentielle
Lors de l’examen, vous n’aurez pas le temps de rédiger tous vos développements au brouillon,
seuls l’introduction et le plan doivent être travaillés au brouillon.
L’introduction est un moment clé, elle doit séduire votre, donc il faut lui donner envie de
découvrir votre devoir. L’introduction doit respecter ce que l’on dénomme la technique des
trois entonnoirs :
- le premier entonnoir amène le sujet, le resitue dans son contexte juridique, donne les
définitions ;
- le deuxième entonnoir resitue le sujet dans son contexte méta-juridique, c’est à dire qu’il
convient de donner la dimension historique, sociologique, économique ou philosophique ;
- le troisième entonnoir est l’annonce de plan qui expose la problématique à laquelle le plan
doit répondre de manière très logique.
Concrètement dans l’introduction il faut respecter ces étapes :
1- Amener et poser le sujet
2- Définir les termes du sujet
3- Délimiter le sujet
4- Faire ressortir les intérêts du sujet
5- Soulever la problématique
6- Justifier du plan
7- Annoncer le plan
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I- La préparation du commentaire
La préparation du commentaire comporte quatre étapes : identification de l’article (A),
analyse (B) et appréciation de l’article (C) et élaboration du plan (D).
A- L’identification de l’article
Pour identifier l’article il faut connaître : sa date d’élaboration, son auteur et son support.
La connaissance de la date d’élaboration de l’article permet de le rapprocher d’autres textes
ou décisions, antérieurs, simultanés ou postérieurs, susceptibles d’éclairer sur le contexte de
son adoption. Cela permet aussi d’attribuer à certains mots leur véritable sens, passé et actuel,
lorsque le texte est ancien, et de comprendre les motivations de son auteur.
La connaissance de l’auteur de l’article renseigne sur son objectif et les circonstances de son
élaboration.
Le support de l’article, c’est-à-dire la loi, la réforme, le code dont il est issu permet de
connaître sa valeur et son importance. Un article issu d’une réforme d’envergure ou de fond
est plus important qu’un article issu d’une réforme de circonstance.
Attention ! Commenter un article issu d’une loi n’est pas commenter cette loi ! De même,
commenter un article issu d’un code ne doit pas vous conduire à commenter le chapitre dont il
fait partie. Après avoir déterminé le support originel de l’article, il faut penser à indiquer son
support final, s’il a été inséré dans un code, un traité… Cela peut également renseigner sur
son importance et sur l’intention de son auteur.
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B- L’analyse de l’article
C’est qui s’en suit après l’identification de l’article. Ici, il faut analyser les termes et la
structure grammaticale et logique de l’article.
Chaque terme du texte doit être défini dans son sens courant et juridique, on parle de
glose. S’il existe plusieurs sens ou un risque de confusion, on doit expliquer les termes en
recherchant l’intention de l’auteur et l’interprétation de la jurisprudence.
La structure grammaticale de l’article est utile pour élaborer le plan du commentaire.
Il faut relever les propositions principales et subordonnées, les articles définis (le / la / les) ou
indéfinis (un / une / des), les conjonctions de coordination : « et » (accumulation / énumération) ;
« ou » (indifférence / alternative).
Il ne faut pas oublier en principe que dans le langage juridique, l’indicatif vaut impératif !
La structure logique de l’article correspond au mode de raisonnement de son auteur ainsi qu’à la
méthode législative qu’il a utilisée c’est-à-dire ce qu’il a dit et comment il l’a dit. Cette
connaissance aide à la construction du plan. L’auteur peut fixer un principe, une exception, une
limite ; dresser une liste de personnes ou de situations… L’auteur peut aussi permettre, interdire,
suggérer, utiliser un modèle de référence, des notions précises ou floues, laisser une marge
d’appréciation au juge. L’analyse du texte est indispensable mais ne suffit pas. Le commentaire
d’article suppose également de l’interpréter, de l’apprécier.
C- L’appréciation de l’article
Ce travail intervient après détermination du contenu et du sens de l’article. Ici, il faut faire appel à
aux connaissances relatives au thème visé et répondre aux questions suivantes :
Pourquoi cet article a-t-il été écrit ? Pourquoi l’a-t-il été à ce moment-là ? Quelles situations,
quelles personnes ont nécessité son élaboration ? Quel était le but de son auteur ? Consacre-t-
il une évolution jurisprudentielle ou sociale ? Sanctionne-t-il une dérive des tribunaux ou des
comportements ?
2. L’article adopté
Quelle solution l’article a-t-il apporté au problème posé à son auteur ? Quel est son sens, son
apport ? L’auteur a-t-il atteint son but ? Quelles situations, quelles personnes sont effectivement
visées ?
S’agit-il d’un nouveau principe, d’une précision, d’une exception ?
Comment ont réagi la jurisprudence, la doctrine, les professionnels ? La doctrine l’a t-elle
approuvé ? Critiqué ? La jurisprudence l’a-t-elle strictement appliqué ? A-t-elle du
l’interpréter ? Y a-t-il unanimité ou divergence entre les juges ? Les professionnels l’ont-ils
strictement appliqué ? Ont-ils essayé de le contourner ? Quel est l’avenir probable du texte
(abrogation, pérennité) ?
D. - L’élaboration du plan
Comme le commentaire d’arrêt, le plan du commentaire d’article doit comporter deux parties
et quatre sous-parties de longueur et d’intérêt équivalents. Il faut, autant que possible,
s’appuyer sur la structure de l’article pour construire votre plan. Chaque sous partie doit
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correspondre à l’analyse et à l’appréciation d’un passage de l’article. Il ne faut, en aucun cas,
identifier et analyser l’article dans la première partie et l’apprécier dans la seconde.
Pour élaborer votre plan, il faut être attentif :
- à la structure typographique : phrase, alinéa, virgule…
- à la structure grammaticale : proposition principale, subordonnée(s), mots ou concepts
clés…
- à la structure logique : changement d’idée, de situation, énoncé d’un principe, d’une
exception, d’un cas particulier…
Cette structure logique, visant deux situations différentes, peut correspondre au plan
du commentaire d’article.
Lorsque l’analyse de l’article est terminée et le plan fixé, la part la plus difficile du travail a
été accomplie. La seconde étape du commentaire d’article peut être abordée : la rédaction.
A- L’introduction
Représentant le tiers du devoir, elle consiste en une présentation du sujet. Sa rédaction appelle
à respecter les étapes suivantes :
1. Annonce du thème visé par une ou deux phrases « d’attaque » ;
2. Indication de l’article à commenter : on peut le citer intégralement ou en rappeler la
substance s’il est trop long (trois ou quatre lignes) ;
3. Situation de l’article : nature du texte, extrait de tel Code, dans telle partie, date l’identité
de son auteur, la date d’élaboration et le lieu d’insertion (code, chapitre, section) ;
4. Le contexte juridique de l’article : évoquer les autres textes environnant sans les
commenter et préciser s’il s’agit d’un texte issu du Code original, ou bien s’il fait partie d’un
ajout au code (à quelle période ?).
5. La structuration de l’article qui, en général, commande le plan, sa logique interne.
6- L’idée Générale de l’article, idée maîtresse véhiculée par l’article
7. Justification et annonce du plan (seulement les deux parties, les sous-parties doivent être
annoncé dans les chapeaux).
B- Le corps du commentaire
Développer le commentaire consiste à ordonner les remarques inscrites sur le brouillon et à
les insérer dans le plan en enchaînant ses propos. Pour cela, on doit penser aux chapeaux sous
les titres de vos parties pour annoncer les sous-parties et à la transition entre les deux grandes
parties.
Les intitulés doivent être précis, de préférence courts, sans verbe conjugué et correspondre
parfaitement au contenu de la partie ou de la sous-partie. Il est d’ailleurs conseillé de
compléter les titres après avoir rédigé les sous-parties.
Dans le fond, il faut faire l’exégèse du texte : revenir physiquement en permanence sur le
texte, le saucissonner, l’exploiter. En outre, il faut commenter chaque mot, sans paraphraser :
en fait comme on l’a précédemment dit, l’interprétation doit être plus rationnelle que littérale.
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Le contexte de l’article doit être repris. Par exemple, ne pas oublier un thème central : droit du
contrat, des personnes. Enfin, il faut montrer que l’on maîtrise ce thème ; ce dernier doit être
ramené aux sources textuelles, jurisprudentielles, doctrinales.
Un dernier effort : il faut relire la copie avant de la rendre. Il serait dommage qu’un bon
travail de fond soit dévalorisé par une orthographe désastreuse ou que certains passages
effacés ne soient jamais complétés !
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1. La juridiction et la date de la décision étudiée
Repérer s’il s’agit d’un jugement ou d’un arrêt, quel tribunal ou quelle cour est
intervenu(e). Exemple : arrêt du 24 février 2014 rendu par la 1re chambre civile de la Cour
Suprême.
2. Les parties
Repérer les parties en présence (demandeur, défendeur), sans se contenter d’indiquer leur
nom, mais en les situant l’une par rapport à l’autre, c’est-à-dire en les
qualifiant juridiquement. Exemple : le demandeur est M. Diop, l’acheteur, le défendeur est
M. Sambou, le vendeur.
3. Les faits à l’origine du litige
Ils doivent être résumé, c’est-à-dire comprendre les circonstances ou les événements qui
ont donné lieu au litige, en éliminant les détails et en suivant l’ordre chronologique. Ils sont
déterminants car conditionnant la solution juridique de l’arrêt. On commence l’exposé des
faits dans l’introduction par les expressions « en l’espèce », ou « en l’occurrence ».
4. La Procédure
Il s’agit de retracer « l’histoire judiciaire » de l’affaire. Il convient de mentionner les
demandeurs et défendeurs, la solution donnée en première instance si elle est connue, et la
solution rendue par la cour d’appel lorsque vous commentez un arrêt de la Cour de Suprême.
Si vous voulez être plus léger et que la cour d’appel a adopté la même solution que les juges
de première instance, vous pouvez en venir directement à l’arrêt de la cour d’appel en
précisant qu’il est « confirmatif », ce qui s’oppose à un arrêt « infirmatif » lorsqu’il adopte
une solution différente des juges de première instance.
Attention à être très rigoureux dans l’emploi du vocabulaire de la procédure : un tribunal
rend un jugement, une cour rend un arrêt et le Conseil constitutionnel rend des décisions.
On interjette appel mais on forme un pourvoi en cassation.
5. Prétentions des parties
Il s’agit d’exposer les différents raisonnements juridiques qui ont été soutenus par les
différents acteurs au procès juridique. Attention à ne pas mélanger les discours, et à ne pas
confondre pas exemple ce que soutient le pourvoi en cassation avec ce que va énoncer l’arrêt
rendu par la Cour Suprême. Il faut absolument éviter les contresens, ce qui nécessite une
lecture très minutieuse de l’arrêt.
Si vous commentez un arrêt de la Cour Suprême, vous devez terminer cette phase par
l’exposé du raisonnement développé par le pourvoi en cassation.
6. Question de droit
Si vous avez correctement analysé le raisonnement de la décision critiqué et le
raisonnement du pourvoi, vous pourrez dégager la question de droit qui est la question des
faits de l’espèce posée en termes abstraits, que le pourvoi demande à la Cour Suprême de
résoudre.
7. Solution de la Cour
Il faut dégager la réponse donnée par la Cour Suprême en exposant soigneusement le
raisonnement par lequel elle y parvient.
Une fois que vous avez ainsi décortiqué l’arrêt, il faut rassembler les éléments de
connaissance dont vous disposez pour apprécier la solution dégagée par la Cour Suprême.
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Partie 2
Annonce du plan
Sous-partie 1
Développements
Transition
Sous-partie 2
Développements
On constate qu’il n’y a en principe pas de conclusion après la sous-partie B. Vous
pouvez cependant écrire une conclusion rapide en quelques lignes, mais elle devra concerner
la sous-partie B. Faites attention de ne pas écrire de conclusion trop générale qui reprendrait
des éléments des autres sous-parties. Gardez à l’esprit que les conclusions sont dangereuses :
les étudiants ont souvent tendance à reprendre dans leurs conclusions des éléments de la
question posée dans l’introduction… c’est une erreur fatale à ne surtout pas commettre : le
commentaire est censé avoir répondu à cette question, il se suffit donc à lui-même.
Les citations
Comme dans tout devoir juridique, il est nécessaire, dans un commentaire d’arrêt,
d’appuyer chacune de ses affirmations par un élément de fait ou de droit. Il faut considérer
que toute affirmation qui n’est pas appuyée par un élément de fait ou de droit est sans aucune
valeur : c’est comme si elle n’existait pas, puisqu’il est impossible d’en vérifier la véracité